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      Bruno Le Maire et sa souveraineté à prix modique

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 12 February, 2021 - 08:30 · 5 minutes

    Par h16.

    Retroussant ses manches, non pas pour se faire vacciner mais bien pour bouter l’étranger venu jusque dans nos bras épouser nos grandes surfaces, il avait brillamment débuté l’année en refusant médiatiquement le rapprochement entre le canadien Couche-Tard et la chaîne Carrefour : afin de garantir une souveraineté totale à l’appauvrissement de notre pays, Bruno Le Maire avait fait barrage de son corps et de son ministère aux cousins d’Outre-Atlantique.

    Et ce fut un indéniable succès puisque, grâce à ses efforts déployés pour garantir la souveraineté du pays sur le plan alimentaire et celui du papier hygiénique, les actionnaires du groupe Carrefour ont héroïquement échappé à la surenchère boursière du Canadien sur leurs actions.

    La victoire fut âpre mais belle puisqu’elle aura permis au pays de conserver Carrefour, d’éviter que ce groupe ne dispose d’un peu plus de 3 milliards d’euros de capacité supplémentaire d’investissement, qu’il puisse ainsi baisser ses prix, améliorer l’expérience de ses clients et fournir de nouvelles opportunités sur le territoire.

    Ouf, la France l’a échappé belle et, grâce à la judicieuse fermeture continue et arbitraire de ses petits commerces, de ses bars, de ses restaurants, de ses coiffeurs et d’une myriade d’autres activités qualifiées de « non-essentielles » par des élus véritablement essentiels , la croissance française se targue maintenant d’un avenir radieux.

    Oui, les calculs du Bruno d’Agen de Bercy sont formels et moyennant une manutention musclée des chiffres et des statistiques, nous en arrivons à l’étonnante conclusion que nous nous en sortons « plutôt » bien : selon le ministre de ce qui reste d’économies, la croissance française devrait montrer son « immense capacité de rebond » d’ici la fin de cette année.

    Capacité de rebond qui a pour le moment essentiellement reposé sur celle de l’État à distribuer l’argent gratuit des autres, et surtout sur l’incapacité (involontaire) des administrations et des ministres à pousser leur pouvoir de nuisance à 100 % : devant le désastre de 2020 qui ne fut évité qu’aux prix de sacrifices économiques phénoménaux, d’un endettement galopant et de milliers de faillites repoussées à plus tard, on imagine sans mal que l’année 2021 ne sera que difficilement meilleure.

    Seul un arrêt total des gesticulations bureaucratiques, administratives et ministérielles pourrait donner un réel espoir d’amélioration pour nos entrepreneurs. Malheureusement, ce n’est pas le chemin que prend le guilleret Bruno, qui a d’autres idées en tête.

    En effet, le ministre n’en a pas fini avec ses vigoureux sabotages interventionnismes économiques : l’actualité est en effet pleine de ces moments cruciaux où la parole du ministre se révèle essentielle pour tout bloquer, tout désorganiser ou tout flanquer par terre (panachage possible).

    Ainsi, toujours au motif de cette souveraineté de plus en plus difficile à définir clairement mais qui semble impliquer toujours plus de petits doigts boudinés de l’État dans toujours plus d’activités du pays, Bruno a décidé d’ intervenir promptement lorsque Veolia a déposé une offre publique d’achat sur Suez.

    Vite, même si le ministre n’en a pas le pouvoir, saisissons l’Autorité indépendante des marchés financiers ! Vite, même si cela constitue une ingérence illégale, une inégalité de traitement manifeste et probablement au détriment des actionnaires concernés, interposons-nous dans cette enchère publique entre sociétés privées françaises ! Il ne faudrait pas qu’un fleuron français tombe dans l’escarcelle d’un fleuron français !

    Ainsi, c’est encore de la souveraineté qu’il s’agit lorsque Bruno se rend compte, tout à trac, que des puces électroniques viennent à manquer dans certains procédés industriels français !

    Horreur, comme les vaccins, les masques, les réactifs pour tests, les machines PCR et tant d’autres choses, le ministre s’est rendu compte que la France ne produit plus trop de choses sur son territoire devenu un simple arrêt touristique pittoresque grâce à la multiplication de politiques industrielles, fiscales et sociales parfaitement idiotes que lui et ses prédécesseurs se sont acharnés à imposer.

    Or, pour contrebalancer l’incessant interventionnisme étatique, les trouzaines de mouvements de bras et de petits coups de menton des ministres de l’Économie sur les 40 dernières années au moins, l’actuel tenant du poste propose une nouvelle couche d’interventionnisme étatique, une nouvelle brouettée de mouvements de bras et les inévitables petits coups de menton qui l’accompagnent.

    Cependant, tous ces mouvements, toute cette belle souveraineté, il va falloir les financer.

    Malheureusement, les impôts sont au plus haut (la France est au top des pays de l’OCDE) : on n’a jamais autant prélevé à tout le monde en échange de services de plus en plus minables voire contre-productifs (comme l’a illustré la crise sanitaire).

    Malheureusement, les contraintes administratives n’ont jamais été aussi fortes. Le niveau bureaucratique a atteint des niveaux véritablement ubuesques où absolument tout ce qui n’est pas interdit est taxé et décrit avec force dossiers administratifs en triplicatas et tombereaux de pièces justificatives, et ce sans même parler encore de la crise sanitaire, prétexte ultime du gouvernement à une nouvelle tempête de complications et de vexations.

    Malheureusement, le moral des Français est au plus bas et si, au contraire du rêve américain, le rêve français n’a jamais pris corps, la douceur de son art de vivre, elle, a bel et bien existé. Or, elle semble s’être évaporée quelque part entre cette arsouille de Mitterrand et ce freluquet narcissique de Macron pour être remplacée, sous le mandat de ce dernier, par une sourde colère qui monte chaque jour un peu plus.

    Les gesticulations de Bruno (et des autres ministres du reste) ne font absolument rien pour redonner espoir aux Français : on s’agite, on bricole, on se mêle de tout, on met des bâtons dans les roues et on présente la moindre tempérance, le plus petit répit dans les vexations fiscales comme « une grande mansuétude » .

    Au lieu de libérer les énergies, ces andouilles les emprisonnent ou, pire, les font fuir dans ces pays où elles peuvent s’exprimer. Au lieu de redonner du souffle à ce pays, ces ministres lui pompent l’air. Et le seul gel de dépenses fiscales qu’ils proposent, c’est un gel très proche de la vaseline.


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      Gestion de la pandémie : ce rapport que le gouvernement voudrait faire oublier

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 February, 2021 - 08:30 · 6 minutes

    par h16

    Que n’a-t-on écrit sur cette pandémie et surtout sur sa gestion par la fine équipe de responsables politiques aux commandes de l’État français ! À en croire les opinions acerbes et de fort durs jugements chez de méchants chroniqueurs, de vilains critiqueurs et de vils polémistes, de nombreuses erreurs furent commises par un gouvernement qui n’a pas été suffisamment à la hauteur.

    Cependant, il est parfois nécessaire de rétablir un peu de mesure : tout ne peut pas avoir été raté avec obstination, que diable ! Il y a forcément de nombreux aspects que notre élite au pouvoir a su réussir avec un brio digne de l’ENA ou du nuage opaque d’administrations en charge de trucs et de machins dans ce pays. Forcément.

    Et pour établir ces faits indéniables, pour relater correctement les éléments à charge et à décharge dans cette crise, une mission d’information du Parlement sur la crise du Covid-19 a été assez rapidement mandatée pour enquêter sur cette gestion de crise et en tirer les enseignements indispensables pour faire avancer le pays vers une plus grande sérénité future, dans la joie, la bonne humeur et les écouvillons normes NF.

    Presqu’un an après le début de ses travaux, cette mission était donc sur le point de rendre les premiers résultats quand, de façon totalement fortuite, elle a été discrètement dissoute entre deux cafés ce qui n’a pas manqué de déclencher un tollé dans l’Hémicycle et, facilement, deux entrefilets dans l’un ou l’autre journal de la presse subventionnée dont la hardiesse à reporter les lacérations démocratiques n’a d’égale que son budget pour les enquêtes de fond sur (au hasard) l’évaporation du régalien ou les détournements de fonds d’associations lucratives sans but à revendications sociétales louches.

    La majorité parlementaire a, évidemment, beau jeu de rappeler que cette mission était temporaire, qu’ayant rendu un rapport, elle pouvait donc s’évanouir dans l’inconscient collectif, et que non, que nenni, pas du tout mais enfin que croyez-vous là, non et non cette mission n’a pas été dissoute parce que le seul rapport produit ( un beau bébé de plus de 400 pages tout de même) est, essentiellement, une critique à l’acide sulfurique de la gestion véritablement calamiteuse de la crise par notre brochette de bras cassés gouvernementaux fine équipe de responsables politiques affûtés.

    Sans forcément éplucher les centaines de pages (pourtant édifiantes) du rapport, la simple lecture des titres de chapitres et de paragraphe en table des matières fait remonter les souvenirs de tous ces mois de printemps 2020 où les responsables politiques se succédaient aux tribunes médiatiques pour expliquer à quel point tout était contrôlé, maîtrisé, planifié et comment la France, éternelle et merveilleuse, allait s’en sortir guillerette, en deux coups de test PCR finement calibré : « préparation inadaptée » , « fort tropisme hospitalier » , « défaut de vigilance à l’égard des plus vulnérables » , les titres se suivent et offrent un joli panorama d’une accumulation difficilement croyable de tous les dysfonctionnement de l’ensemble administratif français.

    Le rapport est roboratif. On trouve de joyeuses pépites, comme « la DGS a fait le choix de ne conserver qu’une très faible quantité de masques en stock et a modifié un rapport scientifique a posteriori pour justifier sa décision » (on tripoterait presque le mauvais côté de la légalité, là), « le choix de la réquisition : une méthode contre-productive » (oh, non, sans blague ?!), « des stratégies de soins sans coordination » (c’est ballot vu le nombre d’organismes dont ce serait, a priori, la raison d’être), « embûches administratives » (allons !) et autres « pesanteurs organisationnelles » (vraiment ?!) voire des aveux truculents comme « Santé publique France : une agence contestée et débordée » , …

    Au passage, la façon dont Agnès Buzyn, alors en poste au tout début de la crise, a débuté sa gestion, est finalement bien moins sévère que ce à quoi on pourrait s’attendre. En page 30 et suivantes, on comprend assez vite que le haut de la pyramide du pouvoir était au courant assez tôt et avait compris, malgré tout, l’importance d’agir…

    Malheureusement, l’énorme patapouf étatique, même aiguillonné par la ministre, n’a pas jugé bon de s’inquiéter et lorsqu’il s’est agi de bouger un coup, son inertie naturelle de mammifère obèse l’en a durablement empêché : les petites agitations de Buzyn n’ont aboutit à peu près à rien.

    Devant ce chapelet de constats abrasifs, la majorité présidentielle n’a pas eu beaucoup de mal à faire passer le rapport pour un brûlot polémique, biaisé et partisan.

    Cependant, ce qui est décrit dans ce rapport est corroboré à la fois par les éléments de presse de l’époque (certes, c’était il y a si longtemps, facilement 10 mois, mais il devrait cependant être possible de trouver des traces historiques, des archives, n’est-ce pas !), la mémoire collective et les expériences personnelles de tout un chacun. Un fait, aussi cuisant soit-il, ne peut être qualifié de partisan.

    Mais voilà, pour le gouvernement et les députés godillots LREM sagement le doigt sur la couture, la réalité est salement partisane : elle démontre sans le moindre doute possible que les équipes au pouvoir ont été mortellement nulles, le terme « mortellement » étant adapté tant leur incompétence a coûté du temps et donc des vies par l’absence de certaines mesures simples, la protection de nos aînés dans les maisons de retraite étant ce qui saute aux yeux dans le rapport. La dissolution de la mission d’enquête et la placardisation rapide du rapport est donc logique.

    Autrement dit, en passant tout cette prose pourtant significative à l’as, LREM veut surtout faire oublier sa gestion calamiteuse en qualifiant les critiques de simple polémique politicienne, ce que le rapport n’est pas.

    Pire encore, en voulant étouffer cette commission et ce rapport, LREM évite l’indispensable prise de conscience qui devrait frapper nos dirigeants devant les lourds problèmes du pays que cette crise aura simplement mis en exergue : on peut, on devrait même, s’étendre sur les constats de suradministration, de lourdeurs bureaucratiques multiples, de décisions idiotes, arbitraires et antagonistes des myriades d’agences et autres pustules du monstre étatique qui parasitent et gangrènent la vie normale et productive du pays.

    En réalité, ces éléments ne dépendent pas de la politique du gouvernement de clowns à roulettes actuels, et pourraient à eux seuls pousser à de puissantes réformes nécessaires si ces ministres savait s’élever au-dessus de leur condition de branquignoles improvisateurs. Mais il n’en sera rien : comme une partie du rapport cuit les parties charnues de nos gouvernants, ils jetteront le bébé avec l’eau du bain, bien plus sûrement qu’en tirer profit pour tracer, enfin, une voie de sortie de l’ornière dans laquelle le pays est plongé.

    En définitive, la disparition de cette commission et de son rapport dans les limbes du non-débat garantit efficacement que les graves problèmes français, ceux qui se situent bien au-delà de ses gouvernants incompétents, à savoir sa gangrène fulgurante du formulaire Cerfa en triplicatas tamponnés, sa bousculade d’administrations inutiles se marchant les unes sur les autres, cette métastase là ne sera surtout pas ni attaquée, ni guérie.

    Ce pays est foutu.


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      La liberté mise en pièces par la peur

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 08:30 · 5 minutes

    Psycho (Copie d

    par h16

    S’il y a bien une émotion particulièrement commode pour diriger la foule, c’est bien la peur . Cela fait passer presque instantanément la grande majorité des individus en mode réflexes.

    Or, un réflexe simple lorsqu’on a peur est de simplement suivre le groupe parce qu’en moyenne, le groupe se trompe peu. Et si l’on a correctement orienté le groupe en lui faisant peur et en lui fournissant en même temps des solutions (de groupe, évidemment) qui répondent (fortuitement) à un agenda pratique pour celui qui manipule, le groupe fonce alors tête baissée vers la solution présentée, bonne ou mauvaise.

    Bien utilisée, la peur fait en effet complètement oublier la liberté aux individus : la liberté, en laissant les possibilités ouvertes, n’apporte jamais de réponse immédiate, émotionnelle, instinctive et définitive aux dangers qu’on croit percevoir. Elle est toujours une réponse argumentée, raisonnée, pondérée et ne fait pas le poids devant les réponses instantanées, toutes faites et rassurantes par leur immédiateté.

    Les adversaires de la liberté utilisent donc habilement la peur en multipliant les messages anxiogènes et les solutions toutes faites qui vont dans leur sens à eux : « La planète se réchauffe, vite, réduisons nos besoins en énergie, réduisons la population ! » ou encore « Vous allez mourir et atrocement en plus, vite barricadez-vous, ne bougez plus, taisez-vous , laissez l’État tout prendre en charge ! »

    Le besoin (pas nécessaire en réalité) de répondre vite, le caractère d’urgence (créé artificiellement) finissent par désarmer ceux qui ont l’habitude de la liberté lorsque le cadre se prête à la réflexion et à la pondération. Rapidement, les objections réfléchies sont complètement écrasées par les émotions et à la fin il ne reste plus qu’un groupe à peu près homogène d’individus qui se ruent vers les solutions proposées. Peu importe qu’elles n’ont de solution que le nom : ça marche pour diriger la foule et ça accroît sans cesse le pouvoir de ceux qui les proposent.

    Le résultat très concret peut s’observer actuellement et il n’est pas beau à voir.

    Assez rapidement, toujours en utilisant le prétexte de l’urgence et du caractère soi-disant exceptionnel, et grâce à l’intervention des médias qui, eux aussi, utilisent la peur d’autant mieux qu’elle fait vendre, a été mise en place une succession de confinements et de couvre-feux . Si leurs bénéfices sont parfaitement hypothétiques (« sans, il y aurait eu plus de morts patati patata »), les effets économiques, sociaux, politiques et même médicaux sont maintenant visibles (pas du tout hypothétiques) et catastrophiques.

    Cependant, chaque nouveau confinement accepté par la foule apeurée brise un peu plus la résistance de ceux qui étaient auparavant indépendants et qui deviennent de plus en plus soumis aux bons soins des dirigeants et de l’État à leur botte.

    De façon habile, la réduction drastique, catastrophique même, de l’activité économique sera présentée comme bénéfique pour le climat. C’est faux , mais peu importe puisqu’il s’agit, là encore, de manipuler les foules, pas de les aider.

    La suite logique a déjà été évoquée, sortie des cartons et la mise en musique ne tardera pas : la peur a fait des miracles et l’introduction d’un traçage permanent passe comme une lettre à la poste. Bien sûr, au début, on le baptisera passeport médical (pour ne pas effrayer le troupeau), puis passeport vert (qui permettra de vérifier l’adéquation comportementale avec l’agenda écologiste) puis enfin, ce sera le contrôle permanent des faits et gestes pour vérifier qu’ils sont en ligne avec la doxa officielle. Le procédé est transparent, simple, souple et cette doxa peut évoluer sans souci : le cheptel s’adaptera.

    Bien évidemment, pour éviter la dissension, on laissera se développer la censure , le déplateformage et plus efficace encore, l’auto-censure (par pression sociale, depuis les groupes de Social Justice Warrior jusqu’aux fachos antifa pour taper du récalcitrant). Est-il vraiment besoin de revenir sur les derniers mouvements au sein de Facebook, Twitler et autres pour préciser ce point ?

    L’accroissement de la pauvreté et la mise sous tutelle étatique d’un nombre croissant d’individus permet l’introduction d’ un revenu universel , magnifique étape dans l’asservissement le plus abject puisque ce principe est exactement équivalent à la distribution de nourriture « gratuite » aux animaux du zoo. On peut d’ores et déjà parier que la mise en place de ce système sera applaudie des deux mains par une proportion stupéfiante de Français.

    Parallèlement, on continuera le grignotage de la propriété privée (en France, il va à un rythme galopant ; il en ira de même partout ailleurs). Notez qu’on favorise déjà la location de tout et la possession de rien, la propriété privée étant maintenant de plus en plus ouvertement honnie, dans les médias, les discours politiques et les pensées jalouses de toujours plus d’individus.

    Dans ce cadre, l’humain et ses services deviennent atomiques, parfaitement remplaçables. Les communistes, qui nient la notion même d’individu, se réjouiront  et se feront broyer à leur tour en devenant eux-mêmes des petits rouages anonymes d’une immense machine devenue folle.

    Cette disparition de la propriété ne peut se faire sans une disparition complète de l’argent liquide anonyme . Cette disparition de toute transaction privée entraînera la disparition de toute possibilité de faire des affaires sans être fiscalisé, et surtout sans échapper au jugement permanent, à la scrutation de tous par tous : chaque transaction devenant publique, cela veut dire que chacun est jugé en permanence par tout le monde. La transparence totale que certains abrutis applaudissent des deux mains est évidemment un cauchemar abominable mais il faudra que ces abrutis la subissent pour comprendre pourquoi.

    Ça tombe bien, on y va droit.

    L’année passée nous a fourni une bien sévère leçon, celle que tous les efforts des libéraux sont vains s’ils ne parviennent pas à communiquer et amoindrir les sentiments de peur qui s’emparent de ceux qui connaissent mal la liberté.

    Pire encore : on se rend compte qu’à mesure des progrès qui nous garantissent une diminution constante des dangers réels (guerres, catastrophes naturelles et même épidémies), les individus ont de plus en plus peur , de leur ombre, du changement, des autres, des frémissements de l’actualité ou de la liberté elle-même.


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      L’État manipulateur met son index partout

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 08:30 · 5 minutes

    Maroc

    par h16

    Pour le gouvernement, une chose est claire : couvre-feu ou pas, qu’on confine un peu, moyennement ou beaucoup, ce n’est pas pour ça qu’on doit se laisser aller au vague-à-l’âme. Après un début d’année qui a vu débouler en fanfare un nouvel indice de réparabilité dont on se demandait comment les entreprises pouvaient se passer jusqu’à présent, c’est le moment de frapper fort, une nouvelle fois.

    C’est probablement mû de cette vivifiante pulsion que le gouvernement a décidé de se lancer avec gourmandise dans la création d’un nouvel index de la diversité en entreprise.

    Il faut avouer qu’il est difficile de contenir les pulsions créatrices de l’État tant, en ces périodes troubles où la société, l’économie et la politique n’ont jamais été aussi stressées : c’est un peu comme les ateliers d’après-midi pluvieux en maternelle où, pour occuper les chérubins, on les laisse tripatouiller de la pâte-à-modeler. Ici, pour calmer les tensions de l’État, on lui laisse fourrer des index partout, y compris dans les entreprises.

    Cette fois-ci, ce sera Elisabeth Moreno qui s’acquittera, comme ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, à la Diversité, à l’Égalité des chances et à la Pâte-à-modeler Inclusive et Intersectionnelle, de ce nouveau tripotage bureaucratique. Ceci était aussi prévisible qu’inévitable : comme on trimballe ce poste bouche-trou depuis Giscard et qu’il faut bien qu’il serve vaguement à quelque chose, qu’on y colle une politicienne qui veut absolument faire parler d’elle (n’y étant guère parvenu dans ses précédentes aventures), il était inévitable qu’elle s’agite de tous les côtés. Ce sera donc pâte-à-modeler (et surtout pas poterie , qu’elle abhorre apparemment).

    Le sujet de la patouille portant sur la discrimination, afin de pousser à plus de diversité dans les entreprises, qui sont des repaires quasi-exclusifs d’hommes blancs cis de plus de 40 ans, c’est bien connu, la ministricule a d’ores-et-déjà devisé un solide plan de bataille pour assurer la réussite à son atelier : pour cela, on va lancer, « dans les prochaines semaines » selon la ministre-déléguée, une « grande consultation citoyenne sur les discriminations » .

    Alors ça, voilà qui est une bonne nouvelle, tiens ! Youpi, une nouvelle consultation citoyenne !

    Après des consultations citoyennes sur le climat tagada, sur le nucléaire tagada aussi, et sur les vaccinations tsoin-tsoin, et compte-tenu de leurs résultats éblouissants, le gouvernement s’est enhardi et nous emmène à présent dans une nouvelle farandole de bonheur consultatif sur le sujet des discriminations.

    On sent déjà frémir le pays à l’évocation de ce nouvel appendice qui va fouiller les âmes du peuple pour mieux cerner le sujet des discriminations : on va choisir comme il faut un panel bien spécifique de Français qui auront le bon goût d’être aussi représentatifs que possible des agendas du pouvoir, ce qui évitera étonnement et déconfiture.

    En effet, soyons sérieux deux minutes : quelle est la probabilité de voir cette consultation citoyenne se terminer par un petit « ça ne sert à rien, il y a déjà toutes les lois qu’il faut » ou même un « cet index va encore alourdir la paperasserie administrative débile qui encombre les entreprises françaises sans aucun bénéfice palpable ni pour la société en général, ni pour ces entreprises en particulier » ?

    Aucune, bien sûr.

    En réalité, on sait avant même d’avoir consulté cette brochette de frétillants citoyens volontaires que leurs conclusions vont à la fois abonder dans le sens d’une impérieuse nécessité de ce nouveau colifichet bureaucratique, et dans l’observation que oui, assurément, la société est pourrie de méchantes discriminations qu’il faut au plus vite combattre ; d’ailleurs c’est bien simple, c’est à n’en pas douter l’une des raisons de la faible croissance en France, de son emploi anémique, de sa dette galopante et de son personnel politique bête à manger du foin. Non ?

    Dès lors, si l’on connaît déjà les résultats de cette consultation, pourquoi diable la faire et même l’envisager ? Puisque l’on sait que le petit appendice ministériel va, quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte, continuer son projet idiot, pourquoi s’enquiquiner avec cette consultation d’apparat, cet artifice démocratique ?

    Eh bien précisément pour déforcer les mécanismes démocratiques habituels : l’Assemblée nationale n’est déjà plus qu’une chambre d’enregistrement, et les quelques vagues mugissements de députés encore en vie qu’on entend rarement ne changent rien à ce sombre constat.

    Les zombiputés qui forment le gros des troupes ne font plus que voter mécaniquement ce qu’on leur dit de voter, comme en témoigne l’invraisemblable dissolution de la Commission parlementaire chargée d’étudier la gestion (ou son absence pathétique, disons plutôt) de la crise sanitaire par le gouvernement, et qui aurait probablement rendu – l’Assemblée eut-elle été encore vaguement utile – un rapport saignant devant l’enfilade d’âneries qu’on subit depuis plus d’un an.

    En fait, à chaque nouvelle consultation citoyenne, on envoie le message qu’une bande de branleurs non élus à l’avis péremptoire absolument sans intérêt vaut plus qu’une autre bande de branleurs, payés ceux-là, mais qui avaient jusqu’à présent au moins la qualité d’avoir été élus sur un programme politique, et qui auront, un jour, des comptes à rendre (au moins par les urnes).

    Ne nous leurrons pas : au final, on aura – quoi qu’il en coûte ! – un nouvel index de l’État dans les entreprises qui n’en manquaient pourtant pas. Ceci se traduira par de nouvelles contraintes et de nouvelles sanctions qui vont encore grandement améliorer la compétitivité et la réactivité de nos entreprises face à la concurrence mondiale. Et dans la foulée, on aura subi une nouvelle consultation qui aura servi, une nouvelle fois, à passer au dessus de la représentation démocratique dont, il faut le dire, tout le monde se fout maintenant ouvertement, Exécutif en premier.

    La Cinquième République n’est plus qu’une farce triste, une parodie grotesque de démocratie où une petite coterie de politiciens manipule le peuple, qu’ils tentent d’asservir toujours un peu plus.

    Et si l’on constate combien de citoyens semblent heureux de participer à cette bouffonnerie tragique, on peut conclure que ce pays est foutu.

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      Gamestop, la bourse à portée de mèmes

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 08:30 · 8 minutes

    par h16

    Intéressante histoire boursière que celle de Gamestop et dont on commence tout juste à mesurer les effets sociaux et sur les marchés : en quelques jours, l’action de ce groupe spécialisé dans la vente de consoles et de jeux vidéo physiques a explosé à la hausse, entraînant une certaine panique dans des gros fonds de placement de Wall Street…

    La courbe du prix de l’action ne laisse guère de doute : il y a eu comme un mouvement.

    Les habitués de la bourse reconnaissent sans mal ce genre de graphiques particulièrement caractéristique d’un « short squeeze » : de façon claire, des fonds d’investissement s’étaient positionnés sur cette action en pariant de coquets montants à la baisse. Malheureusement, le cours a monté et bien au-delà de la variation habituelle que ces fonds étaient capables d’encaisser.

    Pour rappel, lorsqu’on parie à la hausse, on achète une action et on attend qu’elle monte. Lorsqu’au contraire, elle baisse, on devra vendre l’action rapidement pour éviter d’accumuler les pertes. Symétriquement, lorsqu’on parie à la baisse, on vend une action et on attend qu’elle baisse. Lorsqu’au contraire, elle monte, on se retrouve à devoir acheter l’action rapidement pour éviter d’accumuler les pertes. C’est ce dernier cas qui s’est produit avec la caractéristique que si une action ne peut pas baisser en dessous de zéro, elle peut, en revanche, monter sans limite ce qui met le fonds qui l’a « shortée » dans une position rapidement délicate.

    Même si ce n’est probablement pas dans les habitudes du boursicoteur lambda, ce procédé est relativement classique tout comme l’est aussi la brusque montée (« short squeeze ») lorsqu’une position baissière ne se déroule pas comme prévu.

    Ce qui l’est moins, en revanche, ce sont les raisons qui ont présidé à ce mouvement d’une très rare violence dans les annales boursières : en l’espace d’un mois, l’action a ainsi vu son cours être multiplié par plus de 17 (et le rapport s’établit à 58 si l’on revient neuf mois en arrière).

    Une bonne histoire nécessite un protagoniste et un antagoniste : l’aventure boursière de Gamestop n’y échappe pas puisqu’au départ (et pour résumer ce qui s’étale en réalité sur plus d’un an et méritera sans doute sa propre adaptation cinématographique) on trouve d’un côté des fonds de gestion, habitués de Wall Street, et gérant des sommes importantes dans des portefeuilles variés, pour lesquels travaillent des douzaines de salariés et d’analystes. De l’autre côté, c’est un groupe (assez important) d’individus inscrits sur la plateforme Reddit, dans le forum « WallStreetBets », dans lequel on échange idées et conseils d’investissements boursiers sur un mode décidément plus proche de 4chan que des terminaux d’investissement Bloomberg.

    Ceux que vous placez dans la catégorie protagonistes ou antagonistes n’a pas d’importance : il suffit de savoir qu’il y a quelques mois, deux événements vont avoir lieu. Le premier, c’est la publication de l’analyse détaillée d’Andrew Left, le gérant de Citron Research , un fonds d’investissement, sur les actions Gamestop. Aucun doute pour lui, les cours de cette société vont continuer à baisser : spécialisée dans le jeu physique dans un monde confiné où tout passe au numérique, l’avenir semble en effet très incertain pour cette chaîne de magasin présente aussi dans l’Hexagone sous l’enseigne Micromania.

    Le second événement, c’est lorsqu’un habitué du forum WallStreetBets décide de poster sa contre-analyse de l’action : les fondamentaux de Gamestop sont bons, le marché physique du jeu vidéo est effectivement en perte de puissance pour des raisons évidentes mais il y a clairement des opportunités et la société semble vouloir les saisir. Bref, tout n’est pas dit.

    Petit-à-petit, en l’espace de quelques mois, les forumeurs, convaincus du bien-fondé de l’analyse fournie, décident d’investir en utilisant les plateformes mobiles sans frais de courtage, de plus en plus utilisées pour ce genre de paris boursiers, comme Robinhood ou Ameritrade. Le cours de l’action commence à monter doucement.

    Mi-janvier, Zerohedge , un site d’actualité essentiellement financier, note avec surprise que la valeur est beaucoup shortée et que son cours augmente pourtant.

    Les petits achats prudents des habitués de WallStreetBets redoublent : le cours commence à monter. Comme les pertes deviennent plus lourdes à supporter pour les fonds qui ont parié à la baisse, ils se retrouvent forcés à acheter à leur tour, augmentant la pression du cours à la hausse. La courbe prend maintenant des allures gaillardes.

    Malin, ZeroHedge en profite pour tenir à jour une liste de toutes ces actions elles aussi pariées à la baisse et dans la ligne de mire des fonds d’investissement : après tout, ce qui est alors en train de se produire sur Gamestop pourrait se reproduire sur d’autres actions, comme Blackberry ou AMC Theatre (une chaîne de cinémas)…

    Rapidement, c’est la ruée : alors que les cours de Gamestop continue de grimper de plus en plus vite et de plus en plus haut, d’autres valeurs se redressent, portées par les « short squeeze » que les petits porteurs, coordonnés sur Reddit, provoquent à coups d’applications mobiles de courtage rapide.

    Et c’est aussi sans surprise que ces applications s’engorgent complètement , comme les sociétés plus traditionnelles : l’action Gamestop devient, un temps, l’action la plus échangée du monde… À tel point que les plateformes en question jugent utile de fermer l’achat sur les actions concernées , puis de carrément vendre autoritairement les actions pour leur porteurs , en parfaite violation contractuelle (ce qui se terminera probablement par un procès saignant ) : apparemment, on peut démocratiser le marché boursier seulement si les petits porteurs restent les dindons de la farce. À la fin, la grosse finance de connivence doit toujours l’emporter, n’est-ce pas.

    Parallèlement, les gérants de fonds, sentant le vent du boulet, doivent continuer à liquider leurs positions , avec d’importants dommages pour certains : Melvin Capital a ainsi dû faire appel à Citadel et Point72 pour près de 3 milliards de dollars afin de couvrir ses pertes.

    À ce point, l’aventure boursière commence à la fois à faire les gros titres dans la presse (et plus seulement financière) ainsi qu’à mobiliser quelques têtes politiques qui sentent, confusément, qu’un nouveau paradigme boursier est apparu, qu’il ne leur est guère favorable et qu’en conséquence apparaît l’indispensable besoin de fourrer les doigts de l’État dedans.

    L’affaire promet encore de nombreux rebondissements : d’autres actions, d’autres marchés s’offrent aux nouvelles masses de spéculateurs organisés en groupe.

    Sans grande surprise, ces mouvements de masse sont décriés par certains habitués. Caricaturalement, les pisse-copies de CNN et consorts ne peuvent s’empêcher de voir dans ce renversement des normes établies la marque inévitable du trumpisme, ce qui donne une bonne idée du traumatisme que cause chez eux l’absence soudaine de Némésis facile à vilipender.

    Inversement pour d’autres , les forumeurs-boursicoteurs de Reddit distribuent ici des fessées à ces gérants arrogants et ces analystes financiers détachés du réel. Mieux : ce serait un retour au vrai marché, au plus près du peuple, sans intermédiaires.

    Cependant, peu de politiciens, encore moins de journalistes ou d’analystes financiers semblent comprendre qu’une partie des comportements observés provient d’un puissant désir de vengeance provoqué par leurs politiques ineptes que le peuple subit depuis des décennies ; beaucoup de ces boursicoteurs n’ont ainsi toujours pas digéré la façon inique dont ont été soldées les agapes de la crise de 2008, par exemple. Ils trouvent là l’occasion de se refaire.

    De même, combien de ces politiciens, de ces journalistes et de ces analystes ont-ils réalisé que l’argent qui servait maintenant à massacrer certains fonds était celui qui provenait directement des aspersions invraisemblables d’argent gratuit des autres ces derniers mois ? En termes d’effet indésirable des chèques de stimulus, voilà une illustration croustillante.

    Cependant, on devra modérer un peu son enthousiasme devant ce retour de bâton vigoureux tant les dérives potentielles sont inquiétantes.

    Ici, pas de doute : les boursicoteurs agissent ici pour sauver une enseigne qu’ils estiment suffisamment valable pour y mettre un peu de leur capital, et ce au détriment douloureux de certains fonds qui se trouvent rincés dans l’opération. Tout est légal, et que certains analystes, certains gérants se soient fait attraper dans leur trop grande prise de risque, tant mieux : c’est exactement à ça que sert le marché et cette foule agissante.

    Mais qui peut garantir que cette même foule, ces mêmes boursicoteurs, ne seront pas un jour appelés en renfort pour faire exactement l’inverse, à savoir parier massivement à la baisse et tenter de mettre en faillite telle ou telle entreprise dont (exemple totalement choisi au hasard) le patron aura émis un avis politiquement incorrect, aura fait un choix légitime et argumenté mais qui aura déplu à ces groupes ?

    Peut-on vraiment se réjouir de cette potentialité effrayante non pas d’une nouvelle « démocratie des marchés » – rêve humide de certains naïfs comme on en trouve des trouzaines en France – mais bien d’une pure ochlocratie, démonstration parfaite de la puissance dévastatrice de la foule lorsqu’elle pert toute rationalité ?

    Bien sûr, le marché ne doit surtout pas être limité à une élite ; et oui, évidemment, chacun doit se l’approprier, autant que possible. Cette histoire montre à quel point des individus correctement informés sont capables de déplacer (ou dissoudre ?) des montagnes, de renvoyer les « analystes » à leurs études et de filer quelques claques méritées aux politiciens et aux grands médias.

    Mais comme toute technologie, comme tout nouveau comportement, il faut prendre conscience, dès maintenant, des risques qu’ils comportent intrinsèquement.


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      France : petit atlas d’un pays vraiment pas comme les autres…

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 25 January, 2021 - 08:30 · 10 minutes

    Par h16 et Nathalie MP Meyer.

    Frappé d’un trop rare éclair de lucidité, Emmanuel Macron écrivait « La France n’est pas un pays comme les autres » au début de sa Lettre aux Français de janvier 2019. Ô combien il avait raison ! Au point qu’on en vienne souvent à le regretter…

    Pour le président de la République, il s’agissait évidemment de rendre compte de cette « exception française » qui veut que « chez nous » , le sens des injustices soit plus vif qu’ailleurs et l’exigence d’entraide et de solidarité plus forte.

    Mais quand on fait le tour de toutes les précautions, interdictions, tabous et dépenses publiques que tant de perfection signifie, on se retrouve face à un pays en perpétuel déficit, qui manque de liberté et qui accuse de nombreux retards inquiétants pour son avenir sans obtenir jamais la prospérité et la justice promises.

    Pour illustrer cette situation, voici les prémices d’un PETIT ATLAS qu’il sera toujours possible d’améliorer et de compléter par la suite, mais qui permet déjà de situer la France parmi ses pairs du monde développé et d’évaluer à quel point elle n’est décidément pas un pays comme les autres (cliquer sur les graphiques et les cartes pour les agrandir).

    Dépenses des administrations publiques

    (en % du PIB, OCDE , 2019)

    La France est le pays de l’OCDE dont l’État au sens obèse large (ministères, agences gouvernementales, collectivités territoriales et administrations de sécurité sociale) dépense le plus par rapport au PIB, et ceci depuis de nombreuses années.

    Que fait-il de tout ce « pognon de dingue « (dixit Macron) qui a atteint 1349 milliards d’euros soit presque 56 % du PIB en 2019 ?

    Mais c’est très simple, répondait Gérald Darmanin quand il était à Bercy, « on paie des professeurs, des hôpitaux, de la sécurité » .

    Disons-le autrement : on paie de très nombreux fonctionnaires qui doivent mettre en musique une myriade de politiques publiques toujours plus onéreuses, depuis le soutien à l’égalité homme-femme (« grande cause toujours » du quinquennat) jusqu’aux subventions aux énergies intermittentes.

    Mais avant ça, on paie surtout des prestations sociales (maladie, retraite) dont on a actuellement l’occasion de tester toute la pertinence avec une gestion des stocks (de masques, de lits, de matériels, de vaccins, de réfrigérateurs, etc.) et une gestion des personnels au millimètre.

    L’exception française !

    Dette publique dans l’Union européenne

    (en % du PIB, Eurostat , 1er trimestre 2020)

    Qui dit dépenses publiques dit évidemment impôts pour les financer : avec le « volontarisme » de nos édiles, cela se traduit par une augmentation croissante de la pression fiscale, pourtant déjà parmi les plus élevées du monde (45 % du PIB en 2019), qui peine malgré tout à suivre le rythme débridé des dépenses.

    D’où déficit public. Abyssal.

    À ce sujet, il faut savoir que depuis la crise de 2008, la France a eu toutes les peines du monde à se sortir de la procédure pour déficit excessif de l’Union européenne. En quelque sorte, l’obésité de l’État l’empêche de sortir du trou et après être revenu péniblement à 2,5 % du PIB en 2018, son déficit est remonté à 3 % en 2019 , soit la limite autorisée par le pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne.

    Heureusement, la crise du Covid-19 a flanqué toute orthodoxie budgétaire par la fenêtre et autorisé l’ouverture complète des sprinklers à pognon gratuit des autres, ce qui permet à la France d’ échapper ainsi à une nouvelle procédure pour déficit excessif en raison de ses efforts nanométrique pour réduire sa dette publique en 2019.

    Celle-ci atteignait en effet 98,1 % du PIB au 31 décembre 2019 et 101,2 % à la fin du premier trimestre 2020 comme on le voit sur la carte ci-dessus. Avec le « quoi qu’il en coûte » d’un côté et l’évaporation des recettes fiscales de l’autre, cette dette s’achemine vers 120 % du PIB fin 2020.

    Encore une exception française qui n’a rien de réjouissant.

    Niveau des élèves de CM1 en mathématiques
    (évaluations TIMSS , 2019)

    On a vu tout à l’heure qu’avec le pognon gratuit des autres, on payait (notamment) des professeurs. Profitons-en pour examiner les résultats fracassants de notre Éducation nationale.

    Le tableau ci-dessus donne le classement TIMSS des élèves de CM1 en mathématiques pour les pays de l’OCDE qui ont participé au massacre à l’évaluation en 2019.

    Que dire, sinon que les lauréats Singapour (625 points) et Hong Kong (602 points) n’apparaissent pas puisque qu’ils ne font pas partie de l’OCDE, et que la France se trouve une fois de plus au fond du classement ?

    Résultat isolé, constat biaisé ne tenant pas compte de l’excellence de notre système scolaire ?

    Que nenni : de test en test, de PISA en TIMSS en PIRLS, qu’il s’agisse d’élèves de CM1 ou de 4ème, et qu’il s’agisse de matières littéraires ou scientifiques, c’est la même déception , c’est le même désastre.

    Et si l’on s’attarde au faible niveau des élèves français en mathématiques et en sciences, on comprend mieux la tournure consternante de certains débats actuels à forte teneur scientifique tels que la robotisation de l’industrie, le déploiement de la 5G ou la place des cryptomonnaies.

    Nombre de robots dans l’industrie pour 10 000 employés

    ( Statista et IFR , 2019)

    Comme précédemment, il convient d’ajouter à la liste ci-dessus le score de Singapour (918), champion indiscuté de la robotisation industrielle. Et comme précédemment, on voit que la France est à la traîne en Europe. Précisons cependant que si l’on s’en tient à l’industrie automobile, notre performance est meilleure.

    Ce thème de la robotisation avait agité la campagne électorale de 2017 car l’un des candidats présidentiels les plus affûtés, Benoît Hamon pour le Parti socialiste, proposait finement d’instaurer une taxe sur les robots, celle-ci devant financer un futur revenu universel d’existence puisque, comme chaque socialiste le sait , robotisation et révolution numérique allaient supprimer 10 % à 50 % des emplois actuels : en tabassant les robots de taxes, on allait (mais si, c’est certain) avoir le beurre (des robots, mais pas trop vite) et l’argent du beurre (sous forme de revenu universel).

    Étonnamment, Benoît se fourre le doigt dans l’œil, et ce sans même rappeler que l’Allemagne est un pays hautement robotisé dont le taux de chômage est très inférieur au nôtre (3,2 % en décembre 2019 contre 8,4 % en France) : en fait, une étude récente de la banque mondiale intitulée Le travail en mutation (2019) montre que les robots sont certes en train de changer le monde du travail mais qu’ils apportent avec eux de nouveaux marchés, de nouvelles opportunités et de nouveaux emplois, exactement comme la mécanisation du tissage au XVIIIe siècle avait été porteuse de plus de prospérité que de destruction. Le travail est perpétuellement transformé par le progrès technologique, mais il ne disparaît pas, bien au contraire.

    Le chômage, c’est une autre affaire…

    Taux de chômage dans l’Union européenne

    ( Eurostat , décembre 2019)

    En décembre 2019, le taux de chômage moyen dans l’Union européenne était de 6,2 %. Plusieurs pays comparables à la France étaient même au plein emploi : Royaume-Uni (3,8 %), Allemagne et Pays-Bas (3,2 %).

    Mais « chez nous » , l’exception française joue à fond : le chômage reste accroché à un niveau élevé (8,4 %), probablement pour s’assurer que nous sommes tous un peu plus solidaires dans la misère et l’absence d’emploi que les autres pays. Bien sûr, l’arrêt total de l’économie en 2020 provoqué par les décisions gouvernementales suite à la pandémie promet une violente croissance du nombre de solidaires en 2021.

    Déploiement commercial de la 5G en Europe

    ( Ookla , 15 sept 2020 en haut puis 20 janvier 2021 en bas)

    Le 15 septembre 2020, la plupart des pays d’Europe avaient bien avancé sur le déploiement commercial de la 5G… à l’exception notable de la France, qui se contentait d’ une poignée d’expérimentations sporadiques .

    Emmanuel Macron a-t-il jeté un œil sur cette carte ? Pour la starteupe-naychone, ce n’est pas fameux et cela a peut-être poussé le Président à taper du poing sur la table : scrogneugneu, la France va prendre le tournant de la 5G et abandonner la lampe à huile et le modèle Amish des écologistes !

    Les fréquences idoines ont donc été attribuées aux quatre opérateurs Free, Orange, Bouygues et SFR cet automne et l’on voit sur la carte ci-dessous en date du 20 janvier 2021 que la France commence à s’équiper peu à peu…

    … Non sans difficultés, car cette technologie qui doit nous apporter des vitesses d’accès considérablement plus élevées qu’avec la 4G (utile pour les très grosses bases de données, la navigation en temps réel ou l’ Internet des objets ) souffre des mêmes réticences que la 4G en son temps : ne serait-elle pas dangereuse pour la santé, désastreuse pour le climat, syntonisée avec les vaccins et en lien direct avec les Illuminatis ?

    Eh bien non : un rapport de septembre 2020 commandé par le gouvernement concluait à l’instar de nombreuses autres études antérieures sur une absence de risque sanitaire, comme en témoignait l’absence de tout signalement de ce type dans les pays disposant déjà d’une 5G commerciale.

    Commerçants acceptant les cryptomonnaies en Europe

    ( coinmap.org , 20 jan. 2020)

    À l’instar de la 5G et comparée à ses voisins européens les plus directs, la France montre là-encore sa souplesse légendaire dans l’adoption des nouvelles technologies : l’usage des cryptomonnaies, mesuré ici par le nombre de commerçants les acceptant, y semble encore cantonné à une poignée de grandes villes. L’exception française joue à fond.

    Certes, la carte s’explique aussi par la densité de population. Mais il n’en reste pas moins que l’adoption des cryptomonnaies en France pâtit sans l’ombre d’un doute des politiques désastreuses que les différents gouvernements se sont empressés de pondre, Bruno Le Maire n’étant vraiment pas en reste pour enfiler âneries et contraintes bureaucratiques idiotes dont l’effet direct est de fusiller spécifiquement les entreprises françaises installées sur ce marché naissant.

    Si l’on y ajoute la fiscalité réellement confiscatoire et la méfiance voire l’allergie compulsive des pouvoirs publics à ce qui pourrait échapper à leur compréhension et à leur contrôle, on comprend pourquoi c’est plutôt la Suisse ou le Royaume-Uni qui attirent les start-ups du milieu.

    Liberté économique

    ( Heritage Foundation , Index 2020)

    L’Heritage Foundation calcule un indice de liberté économique allant de 0 (liberté la plus faible) à 100 (liberté la plus forte) à partir des 12 critères listés au bas du planisphère ci-dessus.

    Alors que la moyenne se situe à 61,6 pour les 186 pays étudiés, six pays dépassent les 80 (Singapour, Hong Kong, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suisse et l’Irlande) et la France, arborant fièrement la liberté dans sa devise mais guère au-delà, décroche un petit 66 bien serré, bien en dessous de ses grands voisins comparables comme le Royaume-Uni (79,3) et l’Allemagne (73,5) :

    Comme par hasard, l’un des scores les plus faibles qui expliquent ce 66 bien étriqué est le lamentable 4,5/100 attribué aux dépenses publiques, jugées beaucoup trop élevées. S’y ajoutent la pression fiscale et la rigidité administrative du marché du travail, deux entraves supplémentaires pesant lourdement en France.

    Des résultats désolants mais dont il n’y a malheureusement pas lieu d’être surpris.

    Conclusion

    La cartographie pourrait continuer, mais le tableau de ces « exceptions françaises » donne une image fidèle des problèmes graves dans lesquels le pays s’enfonce : à vouloir cultiver ses exceptions, le pays semble plutôt chouchouter ses erreurs et se satisfaire de ses mauvaises pioches.

    Malheureusement, rien n’indique que ni ses dirigeants, ni, plus triste encore, sa population, ne veuillent se ressaisir pour redresser le cap.

    Conclusion de h16 : Ce pays est foutu. Conclusion de Nathalie MP : Ça promet.

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      Pour 1,8 milliard de déficits, La Poste perd joyeusement vos colis

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 22 January, 2021 - 08:30 · 5 minutes

    privatisation

    Par h16.

    Dans les années 1980, il fallait bouger avec La Poste… Ce qui a probablement beaucoup fatigué la vénérable institution qui, dans les années 1990, tenta de nous vendre une confiance qu’elle avait là aussi bien du mal à gagner. Heureusement, depuis 2017, La Poste a décidé de « simplifier la vie ».

    Et par « simplifier la vie », il s’agit bien de celle de ce service public (que le monde est censé nous envier), et pas de ses clients de moins en moins nombreux qui, à la longue, interprètent probablement le dernier slogan d’une autre façon.

    Car il faut bien le noter : à mesure que les avis de passage se multiplient même dans les boîtes de clients pourtant chez eux, à mesure que la société se numérise, à mesure que le marché des colis et la logistique afférente s’ouvrent à la concurrence, les volumes traités par la poussiéreuse vénérable institution s’effondrent.

    Le terme n’est pas trop fort : déjà en 2019 , les folliculaires du journal Le Monde observaient, les yeux humides, qu’une baisse de plus de 7 % sur l’année frappait La Poste pour le volume de lettres et cartes qu’elle distribuait alors, l’obligeant à se recentrer vers le colis et ses innénarrables services financiers.

    Avec les confinements et le télétravail, l’année 2020 n’a pas été plus tendre avec La Poste qui continue donc de simplifier sa vie en réduisant encore le volume de courrier qu’elle traite : 19 % de baisse, voilà qui tend à faire réfléchir. Si c’était une autre entreprise, on serait en droit de se demander si l’abandon pur et simple de ce marché à un opérateur dédié, jeune, agile et adapté, ne serait pas une solution…

    Rassurez-vous, La Poste a – évidemment – d’autres solutions complètement différentes.

    Multiplier les services sans rapport

    D’une part, on va commencer à éparpiller du solide facteur à casquette sur toute une amusante palanquée d’activités qui n’ont absolument rien à voir avec ses occupations initiales : on appellera ça diversification, et ça permettra de transformer un facteur en polyvalent du service à la personne par la magie du langage.

    Très concrètement, il s’agit pour La Poste d’appliquer son slogan rigolo en soutenant « quoi qu’il en coûte » des emplois destinés à simplifier la vie de certains de ses clients de plus en plus variés par le truchement malin de services de plus en plus éloignés des compétences initiales de ses facteurs. Ainsi, avec un brio qu’on qualifiera pudiquement de mitigé et plutôt que d’adapter son cœur de métier aux nouvelles technologies et à une logistique efficace, La Poste, syntonisée avec la Gaïa des bobos, recycle à fond du cycliste postal à casquette : voilà qu’entre deux plis discrets, nos facteurs font passer le Code de la route , recensent la population (succès garanti dans les kartchiers émotifs), veillent sur nos ancêtres mains propres et museaux masqués en appliquant le slogan si poétique « Je veille sur mes parents à partir de 19,90 euros par mois » ou jouent les chefs de gare quand les recommandés peuvent attendre le prochain train.

    Petit-à-petit, La Poste se transforme en une nouvelle série de Martine ( Martine s’occupe des vieux , Martine s’occupe des trains , Martine recense la population , etc.) mais malgré tout, l’adéquation entre offre et demande laisse à désirer : difficile de penser à La Poste lorsqu’on a besoin d’une nounou, de passer le permis, de passer voir Mamie ou que sais-je.

    En outre, les formations du personnel aux nouveaux métiers (pluriel de rigueur) laissent déjà présager d’une excellente couverture des besoins : dans un étonnant mouvement contraire aux derniers millénaires qui ont vu la spécialisation des hommes, La Poste se lance dans le mouvement inverse. Après tout, quoi de mieux que le professionnel d’un métier donné pour faire un autre métier sans rapport ? Qui n’a jamais utilisé les services d’un plombier pour faire de l’informatique, par exemple ?

    Une gestion au cordeau

    D’autre part, quand un marché est tendu, que les parts de gâteau se réduisent, rien ne vaut une bonne gestion bien solide, bien comprise, serrée comme un café georgecloonesque : chaque sou dépensé l’est avec réflexion, chaque sou gagné est utilisé pour du productif. C’est, véritablement, le B.A.-BA de toute entreprise devant se reconvertir dans un marché rapidement changeant.

    De surcroît, lorsqu’à cette saine gestion on ajoute assez subtilement les politiques gouvernementales elles-mêmes judicieuses et à la redoutable pertinence en ces périodes de réorientation énergétique (depuis « les énergies qui fonctionnent » vers « les énergies qui intermittent »), on en vient à prendre des décisions véritablement indispensables .

    Dernier exemple en date et qui ne manque pas d’illustrer cette gestion exemplaire du Service Public Postal, et alors que l’ensemble du pays semble décidé à la fois à se passer d’électricité et à rouler au tout électrique dans d’ amusantes voiturettes de golf , évoquons rapidement l’aventure de ces centaines de voitures postales, électriques, qui ont été rapidement mises à la casse (certaines encore flambant neuves).

    Et sinon, pour les colis, paquets et lettres ?

    Eh bien désolé, mais ça ne va pas trop fort. Si, on l’a vu, les lettres, les cartes et les recommandés baissent en volumes, les colis et autres paquets concentrent actuellement un nombre important de plaintes et les histoires d’horreur postale se multiplient avec fatalité, atteignant plusieurs milliers (ou dizaines de milliers) de clients insatisfaits de leur livraison… par jour.

    Devant la gestion au cordeau, une logistique tip-top, un prix du timbre prohib-pardon étudié , et une multiplication des services annexes sans rapport, peut-on dès lors s’étonner de voir que l’entreprise publique accumule d’insolents bénéf… heu pardon déficits se soldant à 1,8 milliard d’euros, que, rassurez-vous ! l’État – c’est-à-dire vous – va prendre à sa charge .

    Alors, heureux ?

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      Détruisons l’environnement pour le protéger

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 20 January, 2021 - 08:30 · 5 minutes

    Par h16.

    On apprenait il y a quelques jours que manger de la galette des rois pouvait mettre en péril la planète en plus de déstabiliser le mix énergétique français subtilement équilibré entre les énergies moralement honteuses et les belles énergies renouvelables. Aujourd’hui, découvrons comment bousiller l’environnement pour bien le protéger.

    Et pour cela, si on relançait la production d’une voiture mythique, la 4L ?

    Ce n’est pas moi qui lance cette idée, mais bien le constructeur automobile Renault qui semble ouvert au principe de construire une nouvelle mouture de la voiture sortie au début des années 1960 : rien de tel qu’un véhicule vieux de 60 ans pour bien dynamiser le marché automobile en France.

    Ah pardon, on me fait comprendre qu’il s’agit d’une nouvelle version, entièrement électrique, de ce véhicule mythique que la marque au losange avait réussi à écouler à plus de huit millions d’exemplaires. Dans cette version du XXIe siècle, il s’agirait donc de coller un moteur électrique à la place du thermique, de moderniser un peu différents aspects, par exemple avec une meilleure qualité des aciers et du châssis dont la version d’antan avait tendance à rouiller, et de vendre tout ça pour un prix modique en attendant l’avalanche de taxes et subventions compensatoires que la République du Cerfa Frétillant ne manquera pas d’infliger.

    On ne s’étonnera pas que le constructeur puise ainsi dans un catalogue vieux de 60 ans pour tenter de trouver une recette à un succès de plus en plus lointain : Renault rejoint ici un autre constructeur français, Citroën, qui, lui aussi, pense que son pot de yaourt écrasé Ami électrique va rencontrer un franc succès.

    Au passage, ces deux constructeurs représentent bien l’élite française pour laquelle l’idée d’appliquer de vieilles recettes d’un autre siècle est devenue la dernière mode du moment : il n’est qu’à voir les propositions du gouvernement (quel que soit le domaine) pour comprendre que le curseur des têtes pensantes du pays est resté bizarrement coincé au milieu des Trente Glorieuses sans que rien ne puisse l’en déloger, même pas l’âpre réalité de terrain et les résultats jusqu’à présent mitigés (pour le dire pudiquement) qu’ils ont obtenus en s’entêtant dans les voies choisies.

    Mais baste, passons et ne boudons pas notre plaisir à imaginer des milliers, que dis-je, des millions de petits véhicules électriques aux couleurs acides tournicoter dans nos centres urbains et utiliser les dernières avancées de l’intelligence artificielle pour assister le conducteur dans son évitement systématique des dos d’âne et des cassis placés par les équipes municipales endiablées, les cycloroutes à bandes multiples et brochettes d’andouilles en lycra, des piétons et autres zozos à trottinettes motorisées qui déboulent de tous les côtés sur des avenues jonchées de détritus divers que les mairies écolos semblent affectionner.

    Difficile de ne pas s’écrier « miam ! » à l’évocation vivifiante de ces voiturettes de golf glorifiées parcourant nos centres urbains sans émettre le moindre prout de dioxyde de carbone !

    Parce que voyez-vous, ces voitures étant électriques, elles ne pollueront pas lors de leur usage. Elles pollueront atrocement lors de la fabrication et de la destruction de leurs batteries, mais on s’en fiche, ce n’est pas le sujet, ahem n’est-ce pas. Et puis pour sauver l’environnement des bobos urbains, il faut bien massacrer un petit peu l’environnement des pays en voie de développement dont proviennent les matériaux de ces batteries, que voulez-vous…

    Quant à la source d’énergie, il va de soi que ce ne sera pas du nucléaire, qui pollue méchamment, ou du gaz, qui pollue violemment, ou du charbon, qui pollue salement, mais bien de l’éolien ou du solaire qui eux ne polluent pas du tout jamais jamais circulez (en voiture électrique), il n’y a rien à voir.

    Et ça tombe bien : à mesure que se développent les voiturettes de golf glorifiées solutions douces de mobilité urbaine , on voit se multiplier les projets de production d’électricité propre, comme les fermes éoliennes et les champs de panneaux photovoltaïques.

    Propre veut dire « qui ne bousille pas l’environnement ». Et pour ne pas bousiller l’environnement, quoi de mieux que motoculter vigoureusement 10 kilomètres carrés de forêt , d’aplatir tout ça pour la modique somme d’ un milliard d’euros et d’y planter une vaste quantité de panneaux solaires aux terres rares ?

    Non, ne vous inquiétez pas : pour Horizéo, ce projet au nom tout droit issu d’un brainstorming des années 1990, tout a été largement calculé et prévu. Ainsi, la production permettra d’alimenter les habitants de l’Aquitaine, même si cette région n’en a aucun besoin ; elle exporte actuellement 25 % de sa production. Dès lors, rien de tel qu’annihiler une vaste superficie de forêt pour y planter des panneaux qui ne produiront que quelques heures par jour une électricité surnuméraire venant s’ajouter à ce surplus !

    Pour compenser, Horizéo envisage de produire de l’hydrogène avec cette électricité dont on se demande ce qu’on va bien foutre tant que les hordes de voiturettes de golf n’ont pas envahi nos villes. Hydrogène qui viendra alimenter les voitures équipées d’un moteur idoine, qui n’ont pas – ce n’est vraiment pas de chance – envahi nos villes, ni actuellement ni plus tard, la rentabilité de cette forme de stockage étant encore très théorique.

    Comme on le voit, tout se goupille à merveille en République du Verdoiement Intense : une élite au taquet nous concocte des petits véhicules rigolos aux performances anémiques et au design des sixties pour parcourir des villes de plus en plus impraticables, pendant que la production d’électricité qui les alimentera est consciencieusement sabotée à coups de projets éoliens ou photovoltaïques babylonesques dont l’impact environnemental absolument catastrophique ne sera même pas compensé par les gains microscopiques en termes de pollution que ces savonnettes à piles permettront d’envisager.

    C’est absolument prodigieux, et c’est majoritairement grâce à vos impôts. Il y a vraiment de quoi se réjouir, non ?


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      Youpi, du bon gros régalien, juste là où il faut !

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 18 January, 2021 - 08:30 · 6 minutes

    par h16

    En France, malgré les crises économiques, sanitaires ou politiques, on sait conserver le sens des priorités. Récemment, c’est dans le département de l’Isère que ce sang-froid républicain s’est le mieux illustré, avec une intervention aussi pertinente qu’indispensable des forces de l’ordre pour garantir une société apaisée et une morale sauvegardée.

    Il était temps : de dangereux retraités menaçaient d’utiliser leur droit d’expression et d’association pour réfléchir à des questions existentielles et apporter des réponses que la société réprouve.

    C’est ainsi qu’un retraité, ancien professeur de philosophie à l’Université, s’est vu placé en garde à vue avec une dizaine d’autres personnes pour soupçon de trafic de drogues. Non, il ne s’agit pas d’une resucée de Breaking Bad puisque la drogue dont il s’agit ici n’est pas de la métamphétamine mais plutôt du pentobarbital, un barbiturique interdit en France depuis 1996 dont un juge, saisi d’une enquête, soupçonne qu’il ait été fait usage pour aider certaines personnes à se suicider.

    Pour le moment, les recherches de stupéfiants n’ont rien donné, l’association – dont le professeur était un ancien responsable – ne faisant que réfléchir et militer pour le droit à l’euthanasie.

    Mais gageons qu’en mobilisant un nombre considérable d’heures de gendarmes, d’avocats, de juges et de fins enquêteurs, on parviendra à enquiquiner durablement ceux qui tentent de mettre fin à leurs jours avec des barbituriques, et qu’on les poussera plutôt à choisir des moyens d’en finir moins réprouvés par la société comme la pendaison, se jeter sous un train, se faire péter le caisson au calibre de chasse ou inhaler une bonne goulée de butane avant de faire partir en fumée le pâté de maisons environnant.

    Il faut dire qu’on n’a que ça à faire, dans le pays et dans la région : tout est très calme .

    Tenez, toujours en Isère, prenez Grenoble, tout à côté : c’est une ville fort calme, si calme, si paisible et si policée que cela permet aux forces de l’ordre de s’occuper de toutes ces petites affaires qui paraîtraient bien futiles pour les villes où délinquance, criminalité, trafics de stupéfiants et insécurité sont monnaie courante et qui, en conséquence, mobilisent la police en permanence.

    C’est une bourgade à ce point calme que j’en parle assez régulièrement dans ces colonnes : grâce aux actions décisives d’Éric Piolle, son kmaire vert en charge de saboter la ville et sa communauté, on a déjà pu voir une nette amélioration du niveau de vie des trafiquants d’armes et de drogues (et pas que du pentobarbital, hein !), une vitalité renouvelée du marché des stupéfiants régionaux, une vigueur retrouvée des guerres de gangs locaux, en parallèle d’une redéfinition complète de ce que peut être un centre-ville permettant à toute l’équipe municipale de propulser le chef-lieu de l’Isère vers le royaume envié des villes à effet donut .

    Encore une fois, les naïfs et les occasionnels de passage ici pourraient croire que j’exagère, mais la réalité a ce petit côté facétieux qui placent plutôt mes observations dans l’euphémisme. Ainsi, on découvre les palpitantes aventures de la crèche de l’Arlequin qui est fermée depuis le 5 janvier.

    Il apparaît en effet que de sympathiques commerçants en substances euphorisantes mais malencontreusement illicites occupaient aussi régulièrement qu’illégalement le bâtiment de la crèche de l’Arlequin et que, suite sans doute à un petit différend commercial ou organisationnel, nos frétillants vendeurs en étaient arrivés à menacer le personnel de la crèche qui, le lendemain, avait alors exercé son droit de retrait.

    La crèche fermée depuis lors, sa cinquantaine d’enfants et son personnel ont été habilement éparpillés par l’équipe municipale dans les crèches alentours, cette même équipe jugeant nécessaire que la tension retombe pour que tout rentre dans l’ordre.

    Pour le moment, l’idée ne semble pas avoir germé au niveau municipal que ce genre de tensions puisse être résolu par l’usage de la force légale et qu’elle mène à un petit nettoyage des environs de la crèche, pour faire bonne mesure. Un peu de procrastination, une bonne couche de bisounourserie, quelques bougies parfumées accompagnées de solides prières pour un retour au calme permettront, on s’en doute, de régler le problème avec le brio qui caractérise Piolle et son équipe .

    On a donc d’un côté les autorités légales qui s’amollissent progressivement au point de n’offrir plus aucune résistance à la pire racaille alentours, et de l’autre côté, les gangs qui usent de plus en plus d’arrogance et de violence, ces dernières se révélant largement rentables.

    De fil en aiguille, Grenoble et sa région, à force de choix vraiment fûtés dans l’emploi du régalien, vont parvenir à gentiment remonter le classement des villes les plus violentes du monde (sachant que Grenoble est déjà bien positionnée dans le classement européen ).

    Pas de doute, à la lecture de ces éléments, on ne peut que s’exclamer, goguenard, « Sacré Grenoble ! Sacré Piolle ! » et les plus optimistes d’entre nous pourrons feindre de croire que ce qui se passe à Grenoble reste à Grenoble.

    Malheureusement, il faut comprendre que cette ville est devenue, en quelques années de gouvernance écolo-boboïde gluante, un des phares nationaux indiquant la direction prise par toutes les autres villes à sa suite : Paris, Marseille, Nantes, Rennes, Lille et tant d’autres ont largement suivi la même pente de déliquescence choisie, depuis le choix de l’environnement contre les habitants notamment automobilistes , jusqu’à l’endettement plutôt qu’une gestion saine, sans oublier l’impasse sur l’insécurité, par pur calcul politique et idéologique foireux.

    Ces villes voient s’accumuler les problèmes graves (sociaux, criminels, environnementaux ou simplement d’hygiène), mais une partie de leur population, la seule à continuer coûte que coûte à s’exprimer dans les urnes après avoir écœuré et ostracisé toutes les autres, insiste pour conserver la voie choisie, dans laquelle le simple fait de réclamer des rues propres et normalement sûres revient à passer pour un extrémiste de droite.

    Ce qu’on observe en Isère est très malheureusement une parfaite illustration de la tendance générale : le régalien et la force légale ne sont plus utilisés qu’envers des citoyens sans défense et qui n’offrent aucune résistance. C’est catastrophique pour un pays de droit, ce sera en revanche parfait pour une dictature qui ne dit pas son nom.

    Le pire n’est pas certain, mais il se met en place, fait divers après fait divers.

    Français, tenez-vous prêts.


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