close
    • chevron_right

      Mathias Poujol-Rost ✅ · Tuesday, 15 March, 2022 - 10:09

      Contact publication

    Ukraine : la France a livré des armes à la Russie jusqu'en 2020 - Actualités - Disclose.ngo
    • chevron_right

      En Norvège, un panneau dissuade d'uriner sur la Russie voisine

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 26 August, 2021 - 16:18 · 2 minutes

    Uriner sur en direction de la Russie est passible d

    INSOLITE - Une nouvelle pancarte, posée par des inconnus, près de la frontière norvégo-russe rappelle aux touristes saisis d’une envie pressante ou aux insolents qu’il est interdit d’uriner en direction de la Russie - sous peine de se voir infliger une amende corsée.

    Rédigé en anglais, l’écriteau artisanal planté sur la berge d’une rivière qui sépare la Norvège de la Russie exhorte à “ne pas faire pipi en direction de la Russie” et est placé juste à côté d’un panneau, officiel celui-là, informant que l’endroit est sous la vidéosurveillance des gardes-frontières norvégiens.

    “L’écriteau a sans doute été installé là par des personnes bien intentionnées pour mettre en garde les gens de passage contre un comportement offensant”, a déclaré à l’AFP le commissaire norvégien des frontières, Jens-Arne Høilund, confirmant une information du site internet Barents Observer qui a publié une photo , ce jeudi 26 août.

    Les contrevenants sont passibles d’une amende de 3000 couronnes, soit environ 290 euros. “Uriner dans la nature n’est pas nécessairement offensant mais cela dépend du point de vue. Là, cela tombe sous le coup de la loi interdisant les comportements offensants à la frontière”, a expliqué Jens-Arne Høilund.

    Une règle frontalière parmi d’autres

    Populaire auprès des touristes, l’endroit se trouve sur une des rives de la Jakobselva, d’où l’on peut facilement voir le côté russe à quelques mètres de là. Une loi norvégienne dispose notamment qu’il est interdit d’avoir “une conduite offensante à la frontière à l’intention de l’État voisin concerné ou de ses autorités”.

    Selon Jens-Arne Høilund, dont les fonctions consistent à veiller au respect des accords régissant les relations de voisinage entre la Norvège et la Russie, jamais les autorités russes ne se sont plaintes de faits contre lesquels la pancarte met en garde.

    Barents Observer rappelle toutefois que quatre personnes avaient été interpellées par les garde-frontières norvégiens il y a quelques années après avoir jeté des pierres en Russie et que, l’hiver dernier, une femme filmée par les caméras a reçu une amende de 8000 couronnes pour avoir passé la main gauche de l’autre côté de la frontière. “On peut juger que c’est sévère mais nous appliquons sans faiblir les réglementations frontalières”, a fait valoir Jens-Arne Høilund.

    La Norvège garde dans l’Arctique la frontière septentrionale de l’Otan avec la Russie sur 197,7 kilomètres. Les deux pays entretiennent historiquement de bonnes relations mais celles-ci se sont crispées depuis l’invasion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014.

    À voir également sur Le HufffPost : Un météore enflamme le ciel d’Oslo

    • chevron_right

      Navalny: que deviennent les manifestants arrêtés en Russie?

      Claire Tervé · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 02:56 · 5 minutes

    RUSSIE - Que fait la Russie de ses manifestants pro-Navalny? Alors que l’opposant russe Alexeï Navalny doit se rendre ce vendredi 12 février à une nouvelle audience dans le cadre d’un procès en diffamation, qu’en est-il de ses milliers de partisans incarcérés depuis plusieurs semaines ?

    Les 23 et 31 janvier et le 2 février , des manifestations, issues d’un mouvement de protestation d’une ampleur inédite depuis plusieurs années, ont éclaté en Russie. Des milliers de personnes ont envahi les rues pour protester contre l’incarcération et le jugement d’Alexeï Navalny à son retour au pays, après cinq mois de convalescence en Allemagne où il se remettait d’un empoisonnement dont il accuse Vladimir Poutine.

    Dans la foulée de ces arrestations, des images diffusées par des détenus ont commencé à apparaître sur les réseaux sociaux, dévoilant des conditions de détentions déplorables, qualifiées de “torture” par certains d’entre eux. Ces  images et témoignages datent du début du mois, mais que sont devenus ces manifestants incarcérés? Interrogée par Le HuffPost , Galia Ackerman , journaliste, auteure et spécialiste de la Russie, nous a éclairés sur la situation.

    “Il y a eu près de 11.000 manifestants pro-Navalny arrêtés pendant les manifestations, il y en a eu tellement que les prisons ont été saturées et les conditions de détention horribles”, nous explique la spécialiste. Après ces interpellations massives, l’organisation OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations, s’était en effet alarmée de traitements dégradants infligés aux manifestants. Pour preuves, des témoignages de personnes enfermées des heures dans des fourgons cellulaires et les images d’actions policières brutales ont fleuri après la manifestation du 2 décembre.

    “Des détenus du centre pour migrants de Sakharovo se plaignent des conditions de détention: ils parlent de lits en fer sans matelas et de toilettes sales, qui ne sont pratiquement pas isolées du reste de la cellule. Certaines cellules sont surpeuplées”

    Des protestataires appréhendés ont “passé la nuit dans des conditions difficiles”, a déclaré à l’AFP un responsable de l’ONG, Grigori Dournovo, expliquant que certains ont dormi par terre ou n’ont pas pu aller aux toilettes. La chaîne de télévision Dojd avait diffusé mardi 2 février une vidéo Instagram d’un manifestant: “Plus de 40 heures se sont écoulées depuis notre arrestation (...) Nous ne sommes pratiquement pas nourris. Ces neuf dernières heures, on est dans un car, obligés de rester debout”, déclarait-il. Nous endurons la torture.”

    Le blogueur russe Ilya Varlamov a publié dans un post le 4 février, repéré par nos confrères de Courrier international , des photos issues d’un canal Telegram de manifestants appelé Protest MSU. Il explique qu’à cause de prisons “surpeuplées”, certains manifestants ont été enfermés dans un centre de détention pour migrants dans la banlieue de Moscou.

    Des images filmées dans ce centre et divulguées par le média britannique The Guardian montrent des individus entassés dans les véhicules de la police pendant plusieurs heures, ou dormant à même le sol dans un couloir.

    Amnesty International dénonçait à ce sujet la privation de liberté de personnes “dont le seul crime est d’avoir participé à des rassemblements pacifiques”, et des conditions de détention qui “s’apparentent à de la torture et à de mauvais traitements”

    Deux poids, deux mesures pour les proches de Navalny

    Ces images datent des jours suivant les manifestations du 2 février. Depuis, nombreux sont ceux encore incarcérés, nous informe Galia Ackerman. “On ne connait pas le chiffre exact, mais on peut dire qu’il y a encore plusieurs centaines de manifestants pro-Navalny toujours en prison à ce jour. Évidemment une grande partie a été relâchée sous 24 à 48 heures, mais les proches d’Alexeï Navalny eux sont toujours emprisonnés”, explique-t-elle.

    Selon la spécialiste, les premiers libérés sont passés devant un juge et ont généralement reçu un avertissement. Certains ont pu écoper de quelques jours de détention, jusqu’à 15 jours, ce qui peut se décider de façon administrative avec la “justice rapide”. Ensuite, des dizaines, “on ne sait pas combien exactement”, ont subi des procédures judiciaires plus lourdes, jugés pour appels à des manifestations non autorisées et mise en danger de la sécurité publique. Ce dernier point notamment à cause de la crise sanitaire et des risques de contaminations lors des manifestations. “Ces personnes-là ont eu des peines bien réelles”, note la journaliste.

    Ensuite, elle explique que “ceux qui ont touché des représentants des forces de l’ordre, par exemple en essayant d’arracher leurs amis des mains des policiers, ont ou vont écoper de peines de prison réelles”. Ce alors même que les manifestations pro-Navalny étaient pacifiques selon Galia Ackerman. “Il n’y a pas eu de policiers blessés ou de dégradations”, assure-t-elle. Pour l’anecdote, l’auteure explique que lorsqu’un manifestant avait voulu monter sur un banc pour scander des slogans lors d’un rassemblement, il avait préalablement enlevé ses chaussures.

    Notre interlocutrice soulève par ailleurs une autre problématique moins visible: même s’ils sont libérés, pour de nombreux manifestants, l’histoire ne s’arrête pas là.

    “Il y en a qui, à la suite de leur interpellation, vont perdre leur travail, car ils ont jeté l’opprobre sur leur employeur, leur entreprise. Ils vont être isolés, certains peuvent tout perdre. C’est la double peine”.

    Enfin, il y a ceux qui sont actuellement toujours emprisonnés, les proches de Navalny. Et quand bien même les charges retenues contre eux ne reposent pas sur des preuves solides, il y très peu de chance que leurs avocats arrivent à avoir gain de cause.

    “Les avocats sont surtout là pour rassembler les pièces, faire des dossiers pour pouvoir porter plainte auprès de la Cour Internationale des Droits de l’Homme, explique la spécialiste. Mais aujourd’hui, la Russie n’a plus peur de montrer qu’elle n’est plus un État de droit, donc il y a peu de chance que les décisions de la Cour européenne soient respectées. Désormais, la loi russe primera sur l’européenne”.

    À voir également sur Le HuffPost: À Moscou, les soutiens de Navalny manifestent après sa condamnation

    • chevron_right

      Alexei Navalny, le nationaliste russe devenu chouchou libéral de l’Occident

      Jacobin Magazine · news.movim.eu / LeVentSeLeve · Saturday, 6 February, 2021 - 23:45 · 12 minutes

    L’arrestation du leader de l’opposition russe Alexei Navalny a déclenché des protestations de masse contre l’autoritarisme de Vladimir Poutine. Mais si le travail journalistique de Navalny a permis de révéler le copinage et la corruption des élites russes, ses retournements de veste entre libéralisme et nationalisme anti-immigrés montrent qu’il n’est pas le champion des Russes de classe populaire. Article de notre partenaire Jacobin , traduit et édité par William Bouchardon.

    En 2020, des manifestations massives ont éclaté dans plus de quarante pays. En comparaison, la Russie de Vladimir Poutine ressemblait à un îlot de stabilité. Mais le dimanche 23 janvier a vu les plus grandes manifestations depuis des décennies, organisées par l’équipe autour du leader de l’opposition Alexei Navalny.

    Navalny sortait alors tout juste de cinq mois à suivre de traitement en Allemagne pour empoisonnement, qu’il impute aux autorités russes. Lorsqu’il a annoncé son retour dans son pays le 17 janvier – permettant aux autorités russes de l’arrêter – il s’est à nouveau affirmé comme l’opposant le plus important de Poutine. Mais les manifestations actuelles alimentent également une crise politique plus large, dont l’issue est loin d’être claire.

    Qui est Navalny ?

    Comme la plupart des politiciens de la Russie moderne, la vision du monde de Navalny s’est formée sous l’hégémonie totale de l’idéologie libérale pro-marché. En 2000, il a rejoint le parti libéral Iabloko. À l’époque, il était, de son propre aveu, un néolibéral classique soutenant un la réduction des dépenses publiques et de la protection sociale, des privatisations massives, un Etat réduit au minimum et une liberté totale pour les entreprises.

    Cependant, Navalny a vite compris qu’une politique purement libérale n’avait aucune chance de succès en Russie. Pour la plupart des gens, cette idéologie a été discréditée par les réformes radicales des années 1990. Chez les Russes, ces années catastrophiques symbolisent la pauvreté, l’injustice, l’inégalité, l’humiliation et le vol. Une fois que l’idéologie libérale pro-occidentale fut disqualifiée aux yeux de la population, elle a également cessé d’intéresser la classe dirigeante. Avec l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, les fonctionnaires, les politiciens et les oligarques russes se sont proclamés patriotes et héritiers de l’État russe. Les partis libéraux ont depuis échoué à trouver leur public.

    Navalny a donc rapidement trouvé une nouvelle niche idéologique. À la fin des années 2000, il se déclare nationaliste. Il participe aux Marches russes d’extrême droite, fait la guerre à “l’immigration clandestine” et lance même la campagne “Stop Feeding the Caucasus” contre les subventions gouvernementales aux régions autonomes pauvres et peuplées de minorités ethniques dans le sud du pays. A l’époque, les sentiments nationalistes étaient très répandus et la jeunesse urbaine sympathisait presque en masse avec les groupes d’extrême droite. Navalny a donc surfé sur cette vague, et cela a, en partie, fonctionné.

    Mais Navalny ne s’est pas perdu parmi les petits “führers” nationalistes et a trouvé un créneau particulier faisant de lui un héros bien au-delà des limites de la sphère de droite radicale : il est devenu le principal combattant du pays contre la corruption. En achetant de petites quantités d’actions dans de grandes entreprises publiques, il a ainsi obtenu l’accès à leurs documents. Sur cette base, l’opposant a mené et publié des enquêtes très médiatisées. Nombre d’entre elles étaient des travaux journalistiques brillants – bien que certains critiques aient soupçonné Navalny d’être simplement impliqué dans les “guerres médiatiques” entre groupes financiers-industriels rivaux, recevant des ordres et des informations de leur part afin de compromettre leurs concurrents.

    Vladimir Poutine s’adressant aux citoyens russes le 2 avril 2020 © The Presidential Press and Information Office.

    Quoi qu’il en soit, la fable libérale selon lequel la corruption est la cause de l’inefficacité de l’État a permis à Navalny de s’attirer la sympathie de la majorité de la classe moyenne. Les cadres supérieurs des entreprises et les hommes d’affaires ont perçu la corruption comme un obstacle majeur à leur propre succès. Beaucoup se sont donc abonnés au blog de Navalny et lui ont envoyé des dons de plus en plus importants.

    Entre 2011 et 2013, la Russie a été balayée par un mouvement de protestation de masse contre le truquage des élections parlementaires et l’autoritarisme croissant, symbolisé par le retour de Poutine à la présidence en 2012. Navalny prit part au mouvement mais échoua à en assurer le leadership. En effet, s’il a su convaincre la classe moyenne de la capitale et des grandes villes, les classes populaires ne lui faisait pas confiance. Ces derniers sont restés indifférents à son programme de lutte contre la corruption, considérant que celle-ci n’est qu’une des techniques d’enrichissement de l’élite et non le fondement de l’inégalité des classes.

    En fait, il s’est avéré que les valeurs de gauche conservent une certaine influence en Russie. Lors de ces manifestations, des milliers de personnes ont manifesté sous les drapeaux rouges, et le leader du Front de gauche, Sergueï Udaltsov, est devenu l’un des hommes politiques les plus populaires de Russie. Le bras droit de Navalny, Leonid Volkov, a déclaré à l’époque dans une interview qu’il était nécessaire de convaincre l’élite russe qu’une victoire de l’opposition serait meilleure pour elle qu’un gouvernement Poutine corrompu. Mais pour ce faire, il fallait se débarrasser des alliés de gauche, qui font fuir les grandes entreprises. Navalny a donc scindé la coalition de l’opposition et lorsque les dirigeants de gauche ont été jetés en prison, il a refusé d’intervenir en leur faveur.

    Une virage à gauche ?

    Alexei Navalny a tiré une leçon importante des rassemblements de protestation de 2011-2013 : ce n’est pas le populisme nationaliste de droite, mais bien celui, social, de gauche, qui apporte une réelle popularité au sein de la population. Et bien qu’ il ait souvent été comparé à Donald Trump , il s’est de plus en plus tourné vers un agenda social.

    Il se met alors à parcourir le pays pour réclamer une augmentation des pensions de retraite et des salaires des employés de l’État. Le programme du “Parti du progrès”, qu’il a créé au milieu des années 2010, proclamait la nécessité de relever l’âge de la retraite. Mais lorsque cette mesure impopulaire a été reprise par le gouvernement Poutine, Navalny a commencé à organiser des rassemblements contre elle.

    Cette tactique sociale-populiste a fonctionné : le nombre de partisans de Navalny a augmenté. En mars 2020, Navalny a même affirmé qu’il avait “pris position pour Bernie Sanders” lors des primaires des Démocrates américains. Si cela a suscité l’indignation de ses alliés de droite , ce fut un bonne décision sur le plan stratégique : dans toute la Russie, l’opinion publique s’est sensiblement déplacée vers la gauche.

    En parallèle, Navalny a changé son discours autour de la corruption. Il parle désormais moins de l’inefficacité de l’État que de l’inégalité sociale. Il compare le luxe des oligarques et des fonctionnaires russes à la pauvreté des gens ordinaires. L’audience de ces problèmes est beaucoup plus large : plusieurs de ses enquêtes ont recueilli des millions de vues. Le dernier film de Navalny, sorti le 20 janvier, a établi un nouveau record : en une semaine, il a enregistré plus de 91 millions de vues.

    Ce nouveau film présente pourtant bien peu de nouveaux éléments. Il est construit sur une compilation de faits et de théories bien connus. En 2010, des militants écologistes avaient déjà trouvé le palais de Poutine, estimé à une valeur d’un milliard et demi de dollars, sur la côte de la mer Noire. Mais le succès du film est toujours garanti par la pertinence du problème de l’inégalité des classes et de l’injustice. Avec ce film, Navalny s’adresse moins à ses partisans traditionnels (pour eux, tout est déjà clair), mais plutôt à la majorité autrefois pro-Poutine.

    La stratégie de Navalny

    Navalny est toutefois confronté à une tâche redoutable. Luttant pour la sympathie de la majorité, il est également important pour lui de ne pas intimider et de ne pas s’aliéner la classe dirigeante.

    Dans un service hospitalier en Allemagne, Navalny a reçu la visite d’Angela Merkel. L’oligarchie russe, confrontée à de graves difficultés en raison de la guerre froide avec l’Occident et des sanctions croissantes, n’a certainement pas manqué d’y voir un message lui étant adressé. Aux yeux des grandes entreprises et de la haute administration, Navalny est en train de devenir celui qui peut mettre fin à l’escalade du conflit avec l’Occident.

    Le Kremlin a toujours soupçonné que Navalny bénéficie du soutien tacite d’une partie des élites. En 2012, la révélation d’échanges entre certains chefs de l’opposition libérale évoquait ainsi le possible financement de Navalny par un groupe d’oligarques éminents.

    Chaque nouvelle enquête menée par Navalny alimente des soupçons similaires. Qui peut lui fournir des faits et des documents exclusifs ? Le film sur le palais de Poutine montre de nombreux détails intimes de la vie de la haute élite du pays. Comment cet opposant a-t-il réussi à s’introduire dans la luxueuse chambre du président ? Ou à voir le salon à chicha avec une perche pour le strip-tease, dont les écoliers discutent maintenant sur les réseaux sociaux ? Peu importe que les images soient vraies ou pas, elles ont un impact réel, en alimentant la suspicion et en contribuant à une scission au sommet du gouvernement.

    Il est également important pour Navalny que sa critique des inégalités sociales ne retourne pas l’establishment au pouvoir contre lui. C’est pourquoi il veille à ce que son populisme social ne dépasse pas les bornes. Sa critique acerbe du luxe de l’entourage de Poutine ne le conduit pas vers des revendications sociales radicales. Navalny s’oppose par exemple à la remise en cause des privatisations criminelles des années 1990 ou à la redistribution des richesses en faveur des travailleurs. Il accepte tout au plus une petite “indemnité” que certains oligarques devraient payer pour légitimer les biens saisis dans les années 1990.

    A titre de comparaison, il est intéressant de noter qu’une mesure similaire a été prise par Tony Blair en Grande-Bretagne en 1997. La “Windfall Tax” sur les propriétaires des entreprises privatisées dans les années 1980 (notamment la British Airports Authority, British Gas, British Telecom, British Energy, Centrica) a en réalité inscrit dans le marbre les politiques néolibérales de Margaret Thatcher et a légitimé cette redistribution radicale de la propriété et du pouvoir vers les riches. En Russie, Vladimir Poutine a été le premier à suggérer la mise en place d’une politique similaire en 2012, avant de l’enterrer. Aujourd’hui, l’idée a été reprise par son plus fervent critique, Alexei Navalny.

    Manifestation anti-Poutine pour la libération d’Alexei Navalny le 23 janvier 2021 à Lipetsk © Rave

    Les inégalités économiques resteront donc intactes. Parmi les points du programme de Navalny sur les “tribunaux équitables” et les libertés politiques, on en trouve la mention de futures privatisations. C’est-à-dire exactement ce qui risquerait d’éloigner la plupart des Russes de sa politique. Par conséquent, la tâche de Navalny et de ses partisans est de remplacer la discussion sur le programme de changement par une discussion sur la personnalité du dirigeant lui-même. Ensuite, la confrontation entre les différentes idéologies, de gauche et de droite, socialistes et libérales, sera remplacée par une confrontation entre une “coalition de stagnation” et une “coalition de changement”.

    Et c’est là que le talent, le flair politique et le courage personnel entrent en jeu. Le retour de Navalny en Russie a été une opération élaborée, bien qu’aventureuse, avec un drame digne d’Hollywood. Navalny a pu construire son personnage héroïque, de retour d’une mort imminente, revenant vers son peuple avec “Victoire” (le nom de la compagnie aérienne russe à bas prix emprunté par Navalny jusqu’à l’aéroport de Moscou). A peine sorti de l’avion, il est immédiatement saisi par les gardes du souverain injuste, le privant de sa liberté, cette me liberté qu’ils refusent à la Russie elle-même. Bien sûr, le héros tombe immédiatement sous les feux de la rampe – et de la lutte politique.

    En septembre 2021, la Russie tiendra des élections parlementaires essentielles pour le gouvernement : si Poutine entend continuer à être président après 2024, il a besoin d’un parlement pleinement loyal. C’est pourquoi les autorités ont tout fait pour empêcher la participation des critiques radicaux du régime, dont Navalny et ses partisans. Seuls les partis et les candidats loyaux sont autorisés à participer, c’est-à-dire ceux qui ne contesteront pas les fondements de l’ordre sociopolitique existant, ni même les résultats du vote officiellement annoncés (même si cela signifie leur propre défaite).

    Même les dirigeants du parti communiste sont globalement prêts à jouer ce jeu. Comme il est impossible de prendre le pouvoir lors des élections, la lutte doit être menée ailleurs. Par le spectacle de son retour, Navalny résout ce problème spécifique. Avant d’être emmené dans une cellule de prison, il a usé son capital médiatique en encourageant les partisans à descendre dans la rue. Le scénario du Kremlin pour la campagne électorale a été interrompu.

    À l’heure actuelle, personne ne s’intéresse aux partis parlementaires et à leurs programmes. Toute la lutte dans les rues est associée à Navalny. Après vingt ans de stagnation, tout espoir de changement est maintenant apposé à son nom – sans qu’il y ait de place pour discuter de la signification de ce changement.

    C’est une situation idéale pour un coup d’État, qui pourrait même être réalisé avec l’aide et le soutien de la plupart de la population. Mais les nouveaux dirigeants refuseraient vite de rendre de comptes, comme lors de la chute de l’URSS ou pendant les “révolutions de couleur” dans les pays post-soviétiques. Ces événements ont laissé un héritage de ruine sociale, de désindustrialisation, d’inégalité croissante et de réaction nationaliste. Et le résultat a été la déception sans fin des travailleurs, qui se sentent utilisés et trahis.

    L’article Alexei Navalny, le nationaliste russe devenu chouchou libéral de l’Occident est apparu en premier sur lvsl.fr - Tout reconstruire, tout réinventer .

    • chevron_right

      Pour sa pollution de l'Arctique, Norilsk Nickel condamnée à 1,6 milliard d'euros d'amende

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 6 February, 2021 - 01:10 · 2 minutes

    Pour sa pollution de l

    INTERNATIONAL - La justice russe a condamné ce vendredi 5 février le géant minier Norilsk Nickel à payer une amende record aux autorités du pays, l’une de ses sociétés étant à l’origine d’une importante pollution au carburant dans l’Arctique .

    Un tribunal de Krasnoïarsk, en Sibérie , a condamné le groupe, premier producteur de palladium et de nickel au monde, à payer 146,2 milliards de roubles (1,6 milliard d’euros), selon les agences russes.

    Fin mai 2020, 21.000 tonnes de carburant ont fuité dans plusieurs cours d’eau de l’Arctique russe après l’affaissement d’un réservoir d’une société de Norilsk Nickel. L’agence russe de surveillance de l’environnement , Rosprirodnadzor, avait réclamé un dédommagement record de 147,8 milliards de roubles à Norilsk Nickel, qui se déclarait prêt à éliminer les conséquences de la fuite à ses frais, mais contestait cette somme.

    “Merci à tous ceux qui pensent à l’écologie”

    “Nous avons gagné! (...) Merci à tous ceux qui pensent à l’écologie aujourd’hui”, s’est réjouie sur Instagram Svetlana Radionova, cheffe de Rosprirodnadzor.

    Avant l’annonce du verdict elle avait écrit que “la seule chose importante est que pour la première fois dans l’histoire de la Russie nous déclarons haut et fort: l’écologie est l’affaire de tous!  Et le pollueur paie!”.

    Fin juillet, le président Vladimir Poutine a signé une loi permettant de transférer l’amende de Norilsk Nickel directement au budget fédéral, et non régional comme prévu auparavant. Dans la foulée de cette annonce, l’action de Norilsk Nickel a perdu 1,8% à la Bourse de Moscou (11H30 GMT).

    Le groupe a laissé entendre qu’il pourrait faire appel de cette décision: “Ce jugement entrera en vigueur un mois après la date du jugement complet à moins qu’il n’y ait un appel. Norilsk Nickel évaluera avec attention la décision de la Cour après réception du texte complet du jugement”, a-t-il indiqué dans un communiqué publié sur son site.

    “Plus grande compensation pour des dommages environnementaux”

    La décision de vendredi est “un précédent qui peut aider à véritablement résoudre des problèmes environnementaux au niveau du système”, s’est réjouie dans un communiqué Elena Sakirko, chargée du département “Energie” chez Greenpeace Russie.

    “Bien que le montant des dommages soit légèrement inférieur à celui demandé par Rosprirodnadzor, il s’agit tout de même de la plus grande compensation pour des dommages environnementaux de l’histoire de la Russie”, a réagi l’ONG.

    “Les produits pétroliers représentent un énorme danger pour le climat. Il est nécessaire de passer dès que possible à de nouvelles technologies énergétiques sans carbone, en particulier dans une région aussi vulnérable que l’Arctique”, a toutefois rappelé Greenpeace.

    La Russie connaît régulièrement des catastrophes environnementales, parfois provoquées par des défaillances de ses structures industrielles vieillissantes.

    À voir également sur Le HuffPost: Un gigantesque catamaran nettoyeur des mers présenté à Paris

    • chevron_right

      Après les manifestations pro-Navalny, la Russie expulse trois diplomates européens

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 20:45 · 3 minutes

    Ce dimanche 31 janvier, au moins 500 personnes ont été arrêtées en Russie dans le cadre de manifestation pour réclamer la libération d

    EXPULSIONS - C’est une annonce qui a fait bondir plusieurs pays de l’Union européenne. Moscou a annoncé ce vendredi 5 février l’expulsion de plusieurs diplomates européens pour avoir participé à des manifestations pour la libération de l’opposant russe Alexeï Navalny.

    Une décision qui intervient quelques heures après les pourparlers entre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et celui de l’UE, Josep Borrell à Moscou.  Précisément, la Russie a réclamé le départ de trois diplomates: Allemagne, Pologne et Suède. Josep Borrell a “fermement condamné” ces expulsions et “rejeté les allégations de la Russie” au sujet des diplomates.

    La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté estimé “injustifiée” l’expulsion de ces diplomates. Son chef de la diplomatie Heiko Maas a d’ailleurs menacé la Russie de représailles si elle “ne reconsidère pas cette mesure”.

    La Suède a de son côté fustigé une mesure “complètement infondée”, alors que la Pologne a prévenu que la décision de Moscou risquait de porter préjudice aux relations bilatérales.

    La participation des diplomates à des rassemblements “illégaux le 23 janvier” en soutien à Alexeï Navalny à Saint-Pétersbourg et Moscou sont “inacceptables et incompatibles avec leur statut”, ont quant à elle estimé les autorités russes.

    Cette annonce illustre l’état des tensions russo-européennes, alors que Joseph Borrell a, depuis Moscou, dénoncé l’emprisonnement d’Alexeï Navalny et la répression des manifestations en sa faveur.

    Relations “sévèrement tendues”

    “Il est sûr que nos relations sont sévèrement tendues et l’affaire Navalny est un plus bas”, a constaté Josep Borrell, face à Sergueï Lavrov, en réitérant “l’appel à une libération” de l’opposant et “au lancement d’une enquête impartiale concernant son empoisonnement”.

    Le président américain Joe Biden a lui aussi vivement critiqué la Russie ces derniers jours, notamment pour son traitement d’Alexeï Navalny, des propos qualifié de “très agressifs” par le Kremlin.

    Ennemi juré du pouvoir russe, l’opposant de 44 ans a été condamné mardi à deux ans et huit mois d’emprisonnement pour avoir enfreint un contrôle judiciaire datant de 2014.

    Lui, accuse les autorités de vouloir le réduire au silence car il a survécu, cet été, à un empoisonnement dont il tient le président Vladimir Poutine pour responsable. L’UE a adopté des sanctions contre des responsables russes face au refus de Moscou d’enquêter.

    L’arrestation de l’opposant à son retour de convalescence a suscité des manifestations à travers le pays.

    Une répression jugée brutale

    De nombreuses ONG, des médias russes et les pays occidentaux ont dénoncé la répression brutale qui a suivi et conduit à quelque 10.000 arrestations émaillées de violences policières.

    L’opposant était lui de nouveau au tribunal vendredi, accusé d’avoir diffamé un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale qui avait défendu dans un clip de campagne, l’été dernier, un référendum ayant renforcé les pouvoirs de Vladirmir Poutine.

    Il avait qualifié les intervenants dans cette vidéo de “honte de la Nation” et de “traîtres”. Alexeï Navalny, qui risque une lourde amende voire une peine de prison, dénonce une accusation politique. Une prochaine audience est prévue le 12 février.

    La plupart de ses proches collaborateurs ont quant à eux été arrêtés ou assignés à résidence.

    À voir également sur Le HuffPost : En Russie, des centaines d’arrestations lors de manifestations pro-Navalny

    • chevron_right

      Nord Stream 2, l’Allemagne face à ses contradictions

      François Jolain · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 February, 2021 - 04:45 · 1 minute

    Par François Jolain.

    Contradictions sur les partenaires commerciaux

    En pleine crise de Crimée, l’Allemagne faisait pression sur la France pour annuler la livraison de deux porte-hélicoptères Mistral à la Russie. Aujourd’hui, les rôles s’inversent. Suite à l’affaire Navalny, la France demande officiellement à l’Allemagne d’arrêter Nord Stream 2 , son projet de gazoduc russe.

    Or, le gouvernement d’Angela Merkel, si prompt à pointer du doigt les partenaires français peu fréquentables comme la Russie ou l’Arabie Saoudite , semble se contredire sur son propre partenariat russe.

    Il faut dire que là où la France pouvait se permettre de ne pas livrer les bâtiments militaires, l’Allemagne se retrouve coincée dans une dépendance énergétique au gaz russe.

    Contradiction sur son mix énergétique

    Tout a commencé par l’arrêt du nucléaire en 2011, puis par un investissement massif des énergies renouvelables. Or, le renouvelable n’a pas remplacé les anciennes centrales à charbon , elles restent toujours disponibles pour pallier la volatilité des productions éoliennes ou solaires.

    C’est ainsi que la capacité de production d’énergie verte est arrivée au même niveau que la capacité de productions d’énergies fossiles ou nucléaires, sans la remplacer. Si l’on installe 1 GW d’éolien, il faut aussi 1 GW de gaz pour sécuriser la production lors de vent calme. Ainsi, les deux infrastructures marchent de concert par intermittence. À la fin il y a même davantage de production par énergie fossile que par énergie renouvelable.

    Avec l’abandon des centrales au charbon trop polluantes pour des centrales au gaz, le mix énergétique allemand dépend plus que jamais du gaz russe. Les mêmes qui protestaient contre le nucléaire puis le charbon, se retrouvent à protester impuissants contre Nord Stream 2.

    L’Allemagne s’enfonce dans une dépendance au gaz russe. Un partenariat bien plus nocif que la vente de deux Mistrals…

    • chevron_right

      Russie : plus ça change, plus c’est la même chose ?

      Thierry Godefridi · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:30 · 4 minutes

    russie

    Par Thierry Godefridi.

    L’avocat, homme politique et, depuis l’assassinat de Boris Nemtsov en 2015, principal opposant russe au régime en place Alexeï Navalny avait été victime le 20 août 2020 d’un empoisonnement dont il accuse le pouvoir . Plongé dans le coma, il fut transféré dans un hôpital allemand. Après cinq mois de convalescence, il a été appréhendé et incarcéré à son retour en Russie, le 17 janvier.

    Une vidéo de près de deux heures dans laquelle Alexeï Navalny dénonce les turpitudes du régime et appelle à manifester aurait été visionnée plus de 70 millions de fois en moins d’une semaine.

    Les rassemblements qui s’ensuivirent dans de nombreuses villes dont Moscou et Saint-Pétersbourg (la ville dont Vladimir Poutine est originaire) ont donné lieu à une répression musclée de la part des forces de l’ordre et à plusieurs milliers d’interpellations et d’arrestations.

    Faut-il voir dans le déroulement de ces événements une évolution positive de la situation politique en Russie ? Ce serait verser dans l’optimisme béat que de le croire. Par contre, au vu des réactions des uns et des autres, peut-être ces événements ont-ils servi de révélateur à ceux qui auraient encore entretenu une vision lénifiante du poutinisme ; encore ces réactions sont-elles tout aussi révélatrices de l’état d’esprit de ceux dont elles proviennent.

    Le régime a bien sûr rejeté les accusations d’empoisonnement et de corruption portées à son égard. Mais il s’est aussi empressé de dénoncer comme une ingérence dans les affaires intérieures de la Russie dans un communiqué publié la veille des rassemblements du 23 janvier par l’ambassade des États-Unis qui invitait ses ressortissants à ne pas y participer et indiquait les lieux où ils se dérouleraient.

    Du côté américain, le porte-parole du département d’État a par la suite condamné les brutalités des forces de l’ordre à l’égard des manifestants, du côté européen, l’on a déploré (Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, dans un tweet).

    Côté français, l’on s’est inquiété, notamment pour l’État de droit, selon Jean-Yves Le Drian , le ministre français des Affaires étrangères.

    Dans sa préface au monumental essai Le Monde vu de Moscou de Jean-Sylvestre Mongrenier, son dictionnaire géopolitique de la Russie et de l’Eurasie post-soviétique récemment paru aux PUF, l’historienne et soviétologue Françoise Thom relève qu’en quelque sorte plus ça change, plus c’est la même chose.

    On a pu croire que leur enrichissement personnel était la seule chose qui intéressait les dirigeants de l’actuel régime russe. C’était sous-estimer leur passion pour la géopolitique dans laquelle ils voient une manière pour la Russie de projeter sa puissance sur le monde, de prendre sa revanche sur la dislocation de l’empire soviétique, et pour eux d’entretenir leur haine de l’Occident.

    Le néo-eurasisme inspiré par les théories de l’intellectuel de droite nationaliste et anti-libérale Alexandre Douguine a pris le relais idéologique du marxisme-léninisme dans une même sorte de dialectique déterministe, non plus matérialiste, mais tellurienne.

    L’idéologie dispense les dirigeants russes de réfléchir aux vrais intérêts nationaux de la Russie et les place dans la continuité avec le passé soviétique, estime Françoise Thom, qui ajoute : « La priorité est de nuire aux États-Unis par tous les moyens, de les expulser du Moyen-Orient et d’Europe pour prendre leur place. » Elle perçoit dans la politique étrangère russe un modus operandi opportuniste dont l’ADN est léniniste, à savoir d’ « attiser les contradictions » dans le camp adverse.

    Jean-Sylvestre Mongrenier constate quant à lui que la personnalité de Poutine s’est forgée à l’époque où sous la conduite de Léonid Brejnev l’URSS rivalisait de front avec des États-Unis affaiblis par la guerre du Vietnam et rêvait de finlandiser l’Europe, pour les fanfaronnades de laquelle, s’agissant en particulier de l’UE, la Russie de Poutine n’a que mépris, en témoigne la conquête de la Crimée et la guerre du Donbass , entre autres. Il note aussi la réhabilitation rampante dont fait l’objet Staline, l’actuel occupant du Kremlin rêvant peut-être de dépasser sa longévité de « père de la nation ».

    D’État de droit en Russie, alors que les règles de droit y sont constamment manipulées , il ne pourrait être question. Que le ministre français des Affaires étrangères puisse l’évoquer relève peut-être de cette « géopolitique de cabinet » dont Jean-Sylvestre Mongrenier dénonce la naïveté, qu’il s’agisse de parler de l’Europe de l’Atlantique à l’Oural ou de Lisbonne à Vladivostok.

    En tout cas, en l’état actuel, le droit russe ne présage en rien de la longévité de la carrière d’opposant de monsieur Navalny.

    • chevron_right

      Navalny s'en prend à la vie de palais de Poutine dans une vidéo filmée avant son incarcération

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 20 January, 2021 - 18:15 · 4 minutes

    INTERNATIONAL - Incarcéré depuis son retour rocambolesque en Russie, l’opposant Alexeï Navalny a contre-attaqué ce mardi 19 janvier avec la diffusion d’une vaste enquête anti-corruption visant le président Vladimir Poutine et le véritable “palais” dont il se serait doté sur les bords de la mer Noire, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article .

    Illustré d’une vidéo de près de deux heures qui affiche déjà près de 500.000 vues sur YouTube, ce sujet est accompagné d’un appel aux Russes à manifester samedi contre le pouvoir, réitérant l’invitation à “descendre dans la rue” faite la veille par Navalny et son équipe.

    100 milliards de roubles

    Navalny, qui a enregistré cette vidéo avant son retour en Russie dimanche, assure que Vladimir Poutine est le bénéficiaire d’une vaste propriété et d’un immense palais près de la ville russe de Guélendjik, sur les rives de la mer Noire.

    Cet ensemble très luxueux compterait en outre des vignobles, une enceinte de hockey sur glace ou encore un casino. Il a été financé, selon l’opposant, par des proches du président russe, comme le patron du géant pétrolier Rosneft, Igor Setchine, et l’homme d’affaires Guennadi Timtchenko.

    “C’est un Etat au sein de la Russie. Et, dans cet Etat, il n’y a qu’un tsar inamovible. Poutine”, estime M. Navalny, accusant aussi le président russe d’être “obsédé par les richesses et le luxe”.

    Selon l’opposant, 100 milliards de roubles (1,12 milliard d’euros) ont été dépensés pour bâtir ce complexe, dont la superficie totale est de 7.000 hectares, soit “39 fois la taille de Monaco”. Il est officiellement la propriété du FSB, les services de sécurité russes. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a immédiatement rejeté ces accusations, affirmant à l’agence de presse Ria Novosti que “ce n’est pas vrai”, tout en disant ne pas avoir encore pris connaissance des détails de cette enquête.

    “Activités illégales”

    Cet infatigable pourfendeur de la corruption âgé de 44 ans a été arrêté dimanche dès son retour d’Allemagne, où il était en convalescence après son empoisonnement présumé en août, dont il tient Vladimir Poutine pour responsable, malgré les dénégations de Moscou.

    Le Kremlin a de son côté rejeté mardi les nombreuses demandes occidentales de libérer Alexeï Navalny et mis en garde ses partisans qui comptent manifester à son appel ce week-end en Russie. “C’est une affaire totalement intérieure et nous ne permettrons à personne de s’ingérer là-dedans”, a déclaré Dmitri Peskov.

    Alexeï Navalny a été incarcéré au moins jusqu’au 15 février dans le cadre d’une procédure pour violation d’un contrôle judiciaire et placé en détention à Moscou. Dès l’annonce de cet emprisonnement, l’opposant et ses partisans ont appelé à manifester, samedi 23 janvier, à travers la Russie. Le porte-parole du Kremlin a jugé que de tels appels et de telles manifestations pouvaient s’apparenter à des ”à des activités illégales”.

    Des rassemblements sont prévus dans de nombreuses agglomérations, de Moscou et Saint-Pétersbourg, dans l’ouest, à Khabarovsk en Extrême-Orient en passant par Ekaterinbourg dans l’Oural.
    En Russie, les manifestations non-autorisées de l’opposition conduisent bien souvent à une répression brutale et à de très nombreuses interpellations.

    Diffamations

    Alexeï Navalny est depuis longtemps dans le collimateur des autorités russes. Il s’est rendu célèbre avec des enquêtes diffusées en ligne sur la corruption des élites et de l’entourage de Vladimir Poutine. Sa notoriété reste néanmoins limitée hors des centres urbains les plus importants et auprès des générations les moins connectées.

    Sur le plan politique, il préparait aussi avant son empoisonnement une campagne active en vue des législatives de septembre 2021, sur fond d’érosion de la popularité du parti du Kremlin, Russie Unie. Trois laboratoires européens ont conclu que l’opposant avait été empoisonné par un agent neurotoxique militaire de Novitchok, conçu à l’époque soviétique. Moscou rejette ces conclusions et dénonce un complot.

    Depuis son retour en Russie, M. Navalny est sous la menace de procédures judiciaires qui pourraient aboutir à des peines d’emprisonnement de plusieurs années. Il doit être jugé dès mercredi pour diffamation d’un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. Le 2 février, un tribunal se penchera sur la révocation d’un sursis auquel l’opposant avait été condamné, ouvrant la voie à la possibilité qu’il effectue une partie d’une peine de trois ans et demi de prison, datant de 2014.

    Alexeï Navalny est également visé depuis fin décembre par une enquête pour “fraudes à grande échelle” , un délit passible de dix ans d’emprisonnement.
    L’intéressé considère que ces affaires sont de nature politique.

    À voir également sur Le HuffPost: Navalny: plusieurs de ses alliés arrêtés à l’aéroport de Moscou