Puis, soudain, le problème s'inversa du tout au tout. Les enfants, à côté de moi, s'étaient mis à parler de leurs grands-parents. Là encore, une réplique me vint à l'esprit, que ma timidité s'empressa d'étouffer. Cependant, les mots montaient en moi avec une puissance si grande qu'il m'apparut que je n'allais pas réussir à me taire. Je fus prise d'une grande angoisse mais cela ne suffit pas à réfréner la soudaine force qui montait de mes entrailles, comme la lave d'un volcan, et jaillit hors de ma bouche :

    « Eh ben moi, mon Pépère, il est mort quand j'avais cinq ans. »


    extrait de : L'AIRE DE JEUX


    #inquiétude #bêtise #solitude #peur #enfants #discussion #timidité

    Après tout, si je me retrouvais seule quand Éric me laissait à l'aire de jeux, c'était parce que je n'y avais pas de copines. L'aire de jeux, c'était comme une cour de récréation : tous les enfants jouaient avec leurs copains et leurs copines tandis que, moi, j'étais tout le temps toute seule dans mon coin. Ça avait toujours été comme ça depuis la maternelle et ça me le faisait encore en colonie. Alors, il fallait bien que je me rendisse à l'évidence : c'était en moi qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond et, ce problème-là, c'était sur l'aire de jeux que je devais chercher à le régler, indépendamment d'Éric.

    Bravement, j'avançai au cœur de l'aire de jeux, dans l'espoir de me mêler aux autres enfants, et regardai tout autour de moi. Le toboggan était toujours bondé alors que, moi, je ne supportais pas la bousculade. Des enfants couraient alors que, moi, je n'étais pas d'une nature sportive. Des enfants parlaient entre eux alors que, moi, on me chassait de partout. Des enfants riaient entre eux alors que, moi, on se moquait tout le temps de moi. Plus je regardais autour de moi, plus je me sentais anormale, honteuse, angoissée, apeurée. Ma tête se mit à tourner, on aurait dit que j'allais tomber par terre. Alors, vite, je retournai me réfugier auprès de mon tube, m'assis par terre et pleurai.

    J'aurais pas dû essayer ! J'aurais pas dû venir en colonies ! J'aurais pas dû croire que j'arriverais à m'amuser comme les autres !


    extrait de : L'AIRE DE JEUX


    #inquiétude #bêtise #solitude #peur #vacances #colonie #enfants #timidité #bloquage

    *« Bon, ben… j'retourne au portique.

    - Oui, vas-y ! »

    Jusque-là, c'est quelque chose que j'avais toujours mal pris : à chaque fois, Éric m'emmenait dans la clairière pour voir…, ensuite, il me ramenait à l'aire de jeux et me laissait là toute seule tandis que lui retournait au portique auprès de ses copains. Moi, je m'étais toujours dit qu'en principe, un vrai amoureux aurait dû me prendre par la main, m'emmener au portique, me faire asseoir sur une balançoire et me pousser. Seulement, à bien y regarder, si Éric m'avait invitée au portique, je me serais retrouvée la seule fille au milieu de garçons dont certains avaient peut-être plus ou moins des bêtises dans la tête. Alors, tout compte fait, je préférais ne pas y être. En plus, d'autres enfants de la colonie auraient pu dire et croire que j'avais une place privilégiée au portique en échange de montrer… à Éric, à commencer par les méchantes de mon dortoir. Même pour Éric et pour moi-même, d'ailleurs, ça n'aurait peut-être pas été très clair.

    Comme quoi, l'idée du gentil amoureux qui m'aurait emmenée au portique, c'était encore un piège tendu par le diable. Au départ, ça m'avait paru être une bonne idée, tout comme le moniteur Olivier avait cru que c'était une bonne idée d'interdire les cabinets extérieurs. Comme quoi, moi non plus, je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez.


    extrait de : L'AIRE DE JEUX


    #bêtise #amour #solitude #vacances #colonie #enfants #gentillesse #discussion

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      chapitre 14 Créons le mouvement ! extrait 115

      Saturday, 21 August, 2021 - 06:51 · 1 minute

    « Mais alors, qui c'était, les silhouettes, hier, à qui tu faisais des grands signes ?

    - Ben… y a eu des bêtises, au début.

    - C'était tes copains ?

    - C'était au début de la colonie. Je savais pas. Tu pardonnes ?

    - Moi aussi, j'ai fait une bêtise, dans le car, à l'aller, concédai-je.

    - Tu vois ! Mais maintenant, faut pus qu'y ait de bêtises.

    - D'façon, les moniteurs, ys ont dit qu'ys veilleraient à c'qu'y y ait pas de bêtises.

    - Alors, ça veut dire que tu m'montreras plus ?

    - Si. Ça, c'est pas une bêtise puisque j'ai dit qu'j'étais amoureuse de toi. D'façon, les moniteurs, ys sont d'accord.

    - Ys t'ont dit ça, les monos ?!

    - Enfin… pas tout à fait. Heum… »

    Comment dire ? Comment expliquer ce que j'avais compris de ce que les moniteurs m'avaient dit ?

    « Les moniteurs, c'est pas des vrais adultes, ys ont vingt ans. Alors, ys veulent bien qu'y ait des histoires d'amour pendant les vacances. »

    Éric hocha lentement la tête pour montrer qu'il avait compris le concept, un peu admiratif que je fusse parvenue à négocier cela avec les moniteurs.


    extrait de : LE MOMENT D'Y VOIR PLUS CLAIR


    #inquiétude #bêtise #amour #amoureuse #vacances #colonie #enfants #discussion

    Après que je lui eusse montré, il m'invita à le suivre et m'emmena jusqu'à la rangée d'arbres qui était à gauche. Je me disais que ça nous éloignait de la colonie et que nous risquions de nous perdre mais, en définitive, il s'avéra que juste derrière une fine rangée d'arbres, il y avait… l'aire de jeux. En fait, l'aire de jeux et la clairière n'étaient pas séparés par le sous-bois comme je l'avais toujours cru. Le sous-bois et la clairière étaient côte à côte, le long de l'aire de jeux. Chaque jour, Éric m'avait fait tourner en rond dans le sous-bois pour me faire croire à un chemin compliqué que je ne pouvais pas retrouver seule alors que l'aire de jeux avait toujours été là, juste à côté de la clairière.


    extrait de : LE MOMENT D'Y VOIR PLUS CLAIR


    #inquiétude #bêtise #amour #colonie

    Une fois que le moniteur Olivier eut pris congé de moi, ma monitrice revint dans le dortoir, s'assit de nouveau sur la chaise à côté de moi et me demanda très innocemment :

    « Pourquoi t'étais pas allée faire derrière les arbres, si tu pouvais pus t'retenir ?

    - C'est pas interdit ?

    - En principe, si mais tu crois qu'ys s'sont gênés, les autres ? Depuis qu'Olivier a fermé la porte des WC, l'après-midi, tous les enfants font leurs besoins derrière les arbres et nous, les monos, on fait comme si on voyait rien. On va tout de même pas les gronder alors qu'ys peuvent pas faire autrement.


    extrait de : UN PIÈGE DIABOLIQUE


    #cabinets #enfance #punition #explication #moniteur #compréhension #interdiction #obéissance #dialogue #bêtise #monitrice

    Rassurée par les mots du moniteur, la lumière se fit dans ma tête et je protestai :

    « Mais non, j'veux pas qu'y ait d'bêtises. Moi, si j'vais aux cabinets, c'est parce que j'ai besoin d'y aller.

    - T'es sûre ? »

    Décidément, ce moniteur, il est comme ma mère : si on lui met pas les points sur les i, y comprend rien.

    « Non, j'veux pas qu'y ait d'bêtises. C'est Éric, mon amoureux. Les autres, ys ont pas l'droit d'faire des bêtises.

    - Bon, d'accord, répondit le moniteur. Dans ce cas, y a pas de problème. Moi, j'veux bien qu'y ait des histoires d'amour pendant les vacances. C'qu'y s'passe entre ton copain et toi, je ne m'en mêlerai pas. Moi, tout ce qui me préoccupe, c'est les WC… »

    qui furent rouverts le jour même.


    extrait de : MALSAIN


    #cabinets #enfance #explication #moniteur #compréhension #dialogue #bêtise

    « Moi, ça m'amuse pas de verrouiller l'accès aux WC, me raconta le moniteur Olivier. Si je fais ça, c'est parce que j'veux pas qu'y s'passe des trucs malsains en colonie, tu comprends ?

    Malsain ? Ce mot me fit le même effet que la mauvaise intuition que j'avais eue quand, enfermée dans un WC, j'avais entendu les garçons murmurer aux lavabos.

    « P'têt que… p'têt que j'comprends pas parce que ça m'fait peur, bredouillai-je.

    - Non, non, faut pas avoir peur. Nous, les monos, on est là pour faire en sorte qu'y ait pas de bêtises. Si tu m'dis qu'tu veux pas qu'y ait des bêtises dans les WC, moi, je f'rai le nécessaire et y aura pas d'bêtises. Tu peux m'faire confiance. Moi, tout ce dont j'ai besoin, c'est que tu m'dises si toi, tu veux qu'y ait des bêtises aux WC. »


    extrait de : MALSAIN


    #cabinets #enfance #punition #explication #moniteur #compréhension #interdiction #dialogue #inquiétude #garçons #bêtise #tourment #peur

    Sauf que le lendemain, ça avait recommencé pareil : personne dans la cabane en bois lorsque j'y étais entrée mais dès que je m'étais enfermée dans un WC, j'avais entendu des garçons murmurer aux lavabos. À priori, je ne voyais aucune raison de m'en inquiéter mais ça me donnait une mauvaise intuition. Ça me faisait peur.

    Là-dessus, j'avais entendu la voix d'un moniteur - Olivier, m'avait-il semblé - gronder les garçons parce qu'ils escaladaient les tuyaux de canalisation et que ça risquait de les casser… puis plus rien. Apparemment, le moniteur avait fait sortir les garçons et je m'en étais sentie plus tranquille bien que, en y réfléchissant, je ne voyais pas de raison de m'en faire. Mon intuition avait vu juste, les garçons avaient bel et bien fait une bêtise puisqu'ils s'étaient amusés à faire de l'escalade sur des installations de plomberie, ce n'est pas prévu à cet effet mais moi, qu'est-ce que ça pouvait me faire ? Ça ne me concernait pas. Pourquoi ce mauvais pressentiment ? Pourquoi donc avais-je éprouvé comme de la peur quand j'avais entendu ces garçons murmurer aux lavabos ? N'étais-je pas un peu bébête, à toujours croire qu'on me voulait du mal ?


    extrait de : MALSAIN


    #cabinets #enfance #explication #moniteur #compréhension #inquiétude #garçons #bêtise #peur