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      Commerces fermés, emplois menacés

      Damien Barré · news.movim.eu / LeVentSeLeve · Saturday, 6 February, 2021 - 23:41 · 11 minutes

    Alors que semblait se profiler un troisième confinement, les bars et restaurants restent désespérément clos. Comme tant d’autres, ces professionnels se retrouvent donc sans perspective stable après presque un an de fermeture. Cette mesure, catastrophique pour les petits commerces, ne repose pourtant sur aucun fondement scientifique, notamment dans les zones peu denses. Dès lors, elle est apparue comme une distorsion de concurrence au profit de la grande distribution et de la vente en ligne. La portée des conséquences pour les 600.000 entreprises et les 1,3 millions d’actifs potentiellement menacés est loin d’être pleinement mesurée par le pouvoir politique.

    Le 30 octobre, le président annonçait une deuxième vague de confinement en France. Dès le lendemain, les commerces « non essentiels » devaient baisser leur rideau. Depuis, la fronde autour de cette définition floue a traversé tout le pays. L’opinion a en particulier perçu la situation de concurrence déloyale induite par la possibilité pour d’autres canaux de distribution de continuer à vendre. Cette mesure est subie d’autant plus durement que les efforts et investissements consentis par ces « commerces non essentiels » pour se conformer aux nouvelles contraintes ont été importants. En tout état de cause, la définition du protocole après la fermeture administrative plutôt qu’avant laisse songeur.

    La brutalité de cette mesure, annoncée la veille pour le lendemain, sans concertation et sans alternative, est symptomatique de la gestion de crise. La grande distribution avait pourtant bénéficié de quelques jours pour faire fermer ses rayons non essentiels, suscitant la ruée sur les jouets de Noël. In fine, cette dernière mesure s’est révélé parfaitement inique : elle n’a bénéficié qu’aux géants de la vente en ligne, comme l’ont déjà fait remarquer associations et élus .

    La brutalité de cette mesure, annoncée la veille pour le lendemain, sans concertation et sans alternative, est symptomatique de la gestion de crise.

    Les déclarations – uniquement symboliques – du gouvernement à propos d’Amazon révèlent un rapport de force largement défavorable. Visiblement, l’intérêt général ne permet pas d’envisager des mesures limitatives à l’égard de la vente en ligne, alors qu’il s’agit de la justification qui a présidé à la fermeture des commerces. Et ce malgré la distorsion de concurrence induite par le virus et les risques existants sur les plateformes logistiques. En parallèle, les propos de la start-up nation invitant les commerces traditionnels à se numériser et les aides proposées font l’impasse sur la relation humaine au cœur de leur activité.

    En outre, le passage à la vente en ligne relève d’une véritable stratégie , et ne constitue en rien une solution de crise. Les villes qui ont permis d’effectuer ce passage l’avaient préparé dès le premier confinement. Aussi, l’État aurait eu davantage intérêt à nationaliser l’une des start-ups qui interviennent dans le domaine. En créant un véritable service public pour ces entreprises, il aurait offert une aide concrète et immédiate. En l’absence de stratégie coordonnée pour engager ce virage, les initiatives ont essaimé dans tous les sens. Bien que proche du terrain, cette effusion a beaucoup coûté en énergie et en temps, et elle désoriente le consommateur.

    Un tissu économique vital très fragilisé

    Depuis le premier confinement, les commerces physiques se trouvent fragilisés. En effet, malgré les aides existantes , les commerces ont dû investir pour rouvrir en mai mais sont encore confrontés à des évolutions du protocole sanitaire. En parallèle, suite aux restrictions, ces établissements se voient contraints de fonctionner en sous régime par rapport à leurs capacités. En conséquence, ils se retrouvent face au dilemme suivant : ou bien rester fermés et ne plus avoir de revenus pour assumer leurs charges, ou bien rester ouverts en fonctionnant à perte.

    La première variable d’ajustement sera logiquement l’emploi, malgré les mécanismes mis en place pour le soutenir. Les aides apportées, notamment sous forme de prêts ou de reports de charges, se sont vite avérées insuffisantes. Si elles répondent à un besoin temporaire de trésorerie, elles ne compensent pas les pertes liées au manque d’activité. Et ce d’autant que l’endettement des entreprises avait déjà augmenté ces dernières années. Les montants consentis dans le cadre du plan de relance en septembre, entre 10 et 20 milliard d’euros, apparaissent déjà bien en deçà des besoins.

    Aujourd’hui encore c’est l’incertitude qui menace les perspectives de ces employeurs.

    Aujourd’hui encore c’est l’incertitude qui menace les perspectives de ces employeurs. Les tergiversations permanentes du gouvernement depuis les fêtes ont conduit de nombreux français à renoncer ou à reporter leurs dépenses, d’où une gestion particulièrement complexe des stocks, notamment dans le secteur de la restauration. Les restaurateurs, s’appuyant par ailleurs sur une date de réouverture aussi lointaine que provisoire, souffrent, à l’égal des dirigeants d’entreprise, d’un manque de visibilité sur la perspective d’une vraie reprise d’activité qui les empêche de prendre les mesures nécessaires pour « tenir ». Nous avons recensé ci-dessous le niveau de menace sur l’emploi dans les principaux secteurs concernés :


    Tableau de synthèse du niveau de risque pour les principales activités touchées par le confinement.

    Des chiffres encore parcellaires

    Pourtant, l’ensemble des mesures consenties pour soutenir les entreprises a amorti les effets de la crise. De nombreux facteurs s’alignent pour repousser les faillites d’entreprises. En premier lieu, le moratoire sur les dettes bancaires a permis de gagner plusieurs mois. En outre, de nombreux professionnels ont cherché à limiter leurs pertes au moment du déconfinement. Le temps du bilan est attendu avec la clôture comptable, au 31 décembre ou au 31 mars, pour l’essentiel des entreprises. Enfin, les procédures de liquidation ont également pris du retard, même si, pour l’heure, l’activité des tribunaux de commerce reste limitée.

    Le nombre d’entreprises en difficulté pourrait en revanche faire gonfler le volume des fermetures très prochainement.

    A ce titre, les données de leur activité 2019 et les statistiques de 2020 (à fin novembre), sont éloquentes. Si le bilan est globalement positif, l’impact sur les créations d’entreprise est déjà visible – en baisse de 4 %. Toutefois, une forte concentration est observée sur le début d’année (20 % des créations sur janvier-février). Le nombre d’entreprises en difficulté (procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire, ou liquidation judiciaire) pourrait en revanche faire gonfler le volume des fermetures très prochainement. Les annonces successives de plans sociaux ajoutées à celles de ces fermetures laissent présager une année noire pour l’économie et l’emploi.

    Dynamiques de création d’entreprises en 2019 et 2020 (source : Observatoire statistique des greffiers des tribunaux de commerce).

    En outre, de nombreuses entreprises se trouvent fragilisées en termes de trésorerie. Elles y ont largement puisé pour assumer leurs charges au cours du premier confinement, mais le deuxième et le troisième pourraient s’avérer fatal. Ainsi, selon l’observatoire BPI France des PME , 50 % d’entre elles déclaraient déjà rencontrer des difficultés de trésorerie à la veille du reconfinement. Or, c’est une double crise qui menace ces établissements. Tout d’abord, une crise d’insolvabilité, compte-tenu de l’activité non réalisée et non récupérable. À ce titre, les seules mesures de prêts ou de reports se révèlent insuffisantes, comme évoqué précédemment. En second lieu, c’est une crise de rentabilité qui s’annonce. En effet, même avec des comptes positifs, de nombreux dirigeants d’entreprise estimeront que les revenus tirés de leur activité récompensent péniblement leurs efforts et le risque associé.

    De lourdes conséquences à venir

    Ce contexte risque d’avoir des conséquences durables, en particulier dans les villes moyennes et certaines zones rurales, où le petit commerce représente l’essentiel de l’activité et de l’emploi. Ainsi, le commerce en ville moyenne représente 12 % du nombre total de commerces en France . Pourtant, avant d’être jugés « non essentiels » ceux-ci avaient fait l’objet d’une attention particulière des pouvoirs publics. Le programme Cœur de ville prévoyait 5 milliards d’euros d’aides sur un programme pluriannuel. Et 5 millions d’euros avaient déjà été mobilisés en soutien aux boutiques impactées par les manifestations des Gilets jaunes.

    Le soutien aux commerces et artisans a pu être jugé excessif au regard d’autres dispositifs d’aides. Il faut toutefois prendre en compte le fait qu’il agit pour contrer un risque impondérable et global ; comme pour l’emploi au travers du chômage partiel, il est légitime que la collectivité prenne sa part de l’effort. Mais malgré cela, la protection face à la perte d’activité des indépendants reste limitée. Il faut également considérer qu’il s’agit d’un moment économique inédit, celui d’un arrêt complet de l’activité. On ne peut le comparer à la « destruction créatrice » chère aux économistes libéraux. Ici, le coût de la destruction économique a d’autres répercussions : l’effondrement simultané de plusieurs secteurs sans possibilité de transfert, le découragement des entrepreneurs, des coûts liés à la liquidation des entreprises.

    Il convient par ailleurs de relativiser la pertinence de ce soutien. En effet, de nombreuses entreprises n’ont pas encore accédé à ces dispositifs, du fait de la complexité des dossiers et de l’engorgement des services chargés de les traiter. Pour étayer ce point, il suffit de relever que l’administration compte 1.923 types d’aides différents pour les entreprises, cela ne contribue guère à leur lisibilité. En outre, les 402.000 entreprises créées cette année sont exclues d’office des aides directes.

    La conséquence la plus spectaculaire devrait être un renforcement de la concentration du capital.

    La conséquence la plus spectaculaire devrait être un renforcement de la concentration du capital. Or, l’économie française est déjà particulièrement hiérarchisée. Selon les données de l’INSEE sur les entreprises, 50 grandes entreprises emploient 27 % des salariés, réalisent 33 % de la valeur ajoutée totale et portent 46 % du total de bilan des sociétés. L’accroissement du patrimoine des grandes fortunes en est un symptôme. En parallèle, tandis que l’économie n’a cessé de croître, le nombre des indépendants (artisans, commerçants et chefs d’entreprise) a baissé de façon spectaculaire sur des décennies.

    Ceci implique qu’un nombre croissant d’entreprises se retrouve entre les mains d’un nombre de plus en plus restreint d’individus, expliquant pour partie la croissance des inégalités. La concurrence exacerbée tendra inexorablement à amplifier cette concentration ; on l’observe sur de nombreux marchés, les grandes entreprises finissent par avoir les moyens de racheter ou de faire disparaître les plus petites. Les données de l’INSEE montrent ainsi que le poids des artisans, commerçants et chefs d’entreprise dans la population totale a diminué de deux tiers depuis 1954 et encore de moitié depuis 1982 .

    Part des indépendants dans la population active (source : INSEE).

    Cette baisse n’est pas continue, elle s’est stabilisée dans les années 2000 peu avant une remontée liée au statut d’auto-entrepreneur, remontée qui ne traduit toutefois pas véritablement un regain de « l’esprit d’entreprise » si l’on s’en tient au profil et aux activités des créateurs concernés. En effet, pour une part significative d’entre eux, l’autoentreprise représente principalement une alternative au chômage. Ainsi 25 % des 400.000 nouveaux auto-entrepreneurs de 2019 étaient chômeurs au lancement de leur activité . En complément, il ne faut pas négliger le phénomène « d’uberisation » – d’externalisation du salariat –, plus avancé qu’il n’y paraît. Ainsi, les chauffeurs représentent une part non négligeable de la croissance des microentreprises, dont près de 10 % sont actives dans les transports . Le secteur du BTP est également bien représenté, où il s’agit aussi en grande partie d’un salariat déguisé.

    Par conséquent, ce coup d’arrêt forcé pourrait plus que jamais mettre à mal le modèle concurrentiel fondé sur l’entreprise individuelle, modèle déjà progressivement rongé par les privilèges exorbitants que peuvent se faire attribuer les grandes entreprises. Il faut également garder à l’esprit que l’entreprise, et plus précisément le commerce, a permis à des générations entières d’accéder à une promotion sociale en dehors du cursus scolaire classique. Il reste dès lors à prendre la mesure des conséquences morales et politiques de cette période. En effet, un tiers des artisans est âgé de plus de 50 ans, et nombre d’entre eux pourraient se montrer complètement découragés, menaçant l’extinction d’une grande partie de notre savoir-faire en matière d’artisanat, de gastronomie, d’hospitalité et de tant d’autres domaines.

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      Kamala Harris fait basculer un vote du Sénat pour la 1re fois

      Le HuffPost · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 21:30 · 1 minute

    INTERNATIONAL - 51 voix pour, 50 voix contre...Et c’est le vote de la nouvelle vice-présidente, Kamala Harris qui aura fait tout basculer au Sénat américain ce vendredi 5 février, à 5h du matin, clôturant une séance épuisante qui aura duré toute la nuit.

    Il s’agissait d’une résolution budgétaire qui est une étape clé vers l’adoption accélérée du plan de secours contre le coronavirus du président Joe Biden . 1,9 milliard de dollars pour relever le pays en pleine crise sanitaire et économique, sans le soutien politique des républicains .

    “La résolution est adoptée”

    “Il y a 50 oui. Il y a 50 non. Le Sénat étant également divisé, la vice-présidente vote dans l’affirmative. Et la résolution concurrente telle qu’amendée est adoptée”, a-t-elle déclaré à l’aurore sous les puissants applaudissements de ses collègues démocrates.

    Le vote de vendredi demeure cependant un vote de procédure qui n’avait pas vocation à approuver en lui-même le plan d’aide. Le budget revient maintenant à la Chambre des représentants, où il devra être de nouveau approuvé en raison des changements apportés par le Sénat.

    La voix de Kamala Harris a cependant ouvert un chemin aux démocrates pour que ce plan soit approuvé sur la base d’un vote à majorité simple, limitant ainsi les possibilités de blocages par les républicains, dont beaucoup s’insurgent contre le coût des mesures envisagées.

    À voir également sur Le HuffPost: Kamala Harris portait une tenue très symbolique lors de son discours de victoire

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      Office Dépôt annonce son placement en redressement judiciaire

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 18:29 · 1 minute

    Un magasin Office Depot à Paris, alors que l

    CRISE ÉCONOMIQUE - L’annonce a été faite ce vendredi 5 février. La société Office Depot France, qui emploie dans le pays quelque 1.750 salariés, a été placée en redressement judiciaire . ”À l’issue d’une audience au Tribunal de commerce de Lille-Métropole et à la demande de l’entreprise, la société Office Depot France annonce avoir été placée en redressement judiciaire, a fait savoir l’entreprise dans un communiqué de presse .

    L’enseigne assure que cette décision a été prise “afin de faire face aux difficultés majeures liées notamment à la crise Covid-19 qui a directement impacté le plan de transformation initié par la nouvelle direction à son arrivée en mars 2019”.

    Ce plan de transformation, qui devait permettre à l’entreprise de relever la tête après des difficultés ces dernières années, visait le retour à la rentabilité dès 2021 et “commençait à produire ses effets lorsque la crise sanitaire et économique est intervenue”, assure Office Depot France.

    Une baisse du chiffre d’affaires de 20% en 2020

    Mais “cette crise sans précédent a marqué un coup d’arrêt dans le déploiement de ce plan de transformation, engendrant un besoin de financement conséquent”, explique la société, qui dit avoir subi une baisse de chiffre d’affaires de près de 20% en 2020 avec pour effet d’accroître ses difficultés économiques.

    Cette mise en redressement judiciaire “permettra à la direction, avec le soutien des organes de la procédure, de poursuivre l’exploitation de l’entreprise, de se donner du temps pour faire émerger toutes solutions de nature à pérenniser ses activités mais également d’accélérer l’achèvement de son plan de transformation”, poursuit le communiqué.

    Spécialisée dans les matériels et fournitures de bureau, Office Depot France exploite actuellement 60 magasins, des sites de commerce en ligne ainsi qu’un centre de logistique intégré avec trois entrepôts et 22 plates-formes de distribution, selon les chiffres donnés dans le communiqué.

    À voir également sur Le HuffPost: Castex estime que la France peut encore ”éviter le confinement”

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      Pour ces conseillers Pôle emploi, le meurtre de leur collègue n'arrive pas par hasard

      Hortense de Montalivet · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 4 February, 2021 - 18:08 · 3 minutes

    MANIFESTATION - Un service public à destination des humains les plus fragiles économiquement transformé en machine à broyer. C’est peu ou prou ce que ces employés de Pôle Emploi ont dénoncé au micro du HuffPost , jeudi 4 février, lors d’une manifestation interprofessionnelle qui s’est déroulée à Paris de la place de la République à la place de la Nation.

    Comme vous pouvez le voir dans notre reportage ci-dessus , derrière une banderole “Hommage à toi Patricia, on ne t’oublie pas”, ces fonctionnaires ont regretté un système où l’humain est oublié au profit de l’argent, quelques jours après le meurtre d’une de leurs collègues , à Valence, le 28 janvier dernier.

    “Les gens se retrouvent face à des répondeurs, des serveurs téléphoniques...Ils ne comprennent plus rien”, déplore Luis, un conseiller Pôle Emploi pour qui l’agressivité grandissante des visiteurs en précarité économique envers les agences est compréhensible. “Avec la crise, ça ne va pas s’améliorer, il y a ceux qui vont perdre leur travail avec la fermeture prochaine des entreprises. On est beaucoup à penser que la situation va s’aggraver”, prévient Dalila, travailleuse elle aussi pour l’établissement public.

    Danièle, à côté de ses collègues s’inquiète également et a dû mal à comprendre les choix de son entreprise. La veille de cette marche, Pôle Emploi a annoncé le renforcement des équipes de sécurité de ses agences. “On supprime des effectifs, mais on rajoute des agents de sécurité...Vous voyez où le problème?” interroge-t-elle rhétoriquement.

    Aujourd’hui, rien dans l’avancement de l’enquête sur le double meurtre d’une DRH et d’une employée de Pôle Emploi dans la Drôme et en Ardèche n’indique que les motivations du suspect, Gabriel Fortin, était lié à l’organisation des agences, ce dernier étant toujours muet face au juge d’instruction.

    Le déconfinement des colères

    Cette manifestation organisée par la CGT , la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse avait pour mot d’ordre: la défense de l’emploi et des services publics, alors que “pas une journée ne se passe sans une nouvelle annonce de plan de suppressions d’emplois, de fermetures d’entreprises ou restructurations et réductions de services”, ont souligné les organisateurs dans un communiqué.

    La CGT et ses partenaires demandent notamment une politique de “relocalisation industrielle”, le partage du temps de travail, le “développement des services publics”, l’interdiction des licenciements dans les entreprises bénéficiant d’aides publiques “surtout lorsqu’elles continuent à dégager des profits”, a détaillé auprès de l’AFP Céline Verzeletti, dirigeante confédérale de la CGT.

    Le mois de janvier a été ponctué de plusieurs mobilisations sectorielles, avec un certain succès selon les syndicats: professionnels de santé le 21, de l’Éducation nationale le 26, du secteur de l’énergie le 28. Après la “sidération” des derniers mois, Céline Verzeletti se dit “persuadée  qu’il y aura de fortes mobilisations” quand on aura retrouvé “la liberté d’agir et de circuler”. “Ce qu’on peut gagner [avec la journée de jeudi, ndlr ] c’est un déconfinement des colères”, jugeait un peu plus tôt dans le journal Libération Simon Duteil, porte-parole de Solidaires.

    À voir également sur Le HuffPost: Ces étudiants au bout du rouleau racontent leur solitude et leur précarité

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      2021, l’année du grand bouleversement sanitaire

      Claude Sicard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 04:00 · 5 minutes

    covid II

    Par Claude Sicard.

    La pandémie de Covid-19 ne cesse de faire des dégâts considérables dans le monde, et nul n’est en mesure de faire le moindre pronostic sur la façon dont cet épisode tragique va s’achever. Dans notre pays, on s’attend à ce que le gouvernement ordonne un troisième confinement .

    Dans son discours du 16 mars 2020, Emmanuel Macron a déclaré que nous étions « en guerre contre un ennemi invisible, insaisissable » , un coronavirus venant de Chine.

    En attendant que toute la population puisse être immunisée par les nouveaux vaccins qui viennent d’être mis au point dans l’affolement le plus complet, la seule arme dont le gouvernement dispose est le confinement.

    Des vaccins qui arrivent enfin

    Plusieurs grands laboratoires sont fort heureusement parvenus dans des temps record à créer des vaccins . Les premiers arrivent maintenant sur le marché.

    En France, nous en sommes donc aux premières vaccinations, la campagne ayant démarré avec un certain retard par rapport au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Elle se déroule à un rythme plus lent qu’ailleurs, notamment qu’en Allemagne ou en Angleterre.

    Les pouvoirs publics s’organisent pour tenter de rattraper ce retard tout à fait incompréhensible bien que l’on sait que la difficulté majeure vient de la pénurie de doses de vaccins, les grandes firmes pharmaceutiques étant sollicitées de toute part. Il faut bien voir ce qui nous attend en France : en 2021, une suite de confinements et déconfinements successifs, car d’ici à la fin de l’année seulement 20 à 25 millions de personnes tout au plus auront pu être vaccinées. Le virus ne cesse de muter, ce qui interroge sur l’efficacité des nouveaux vaccins dans le temps. À chaque confinement la diffusion du virus ralentit, puis repart ensuite dans la phase de déconfinement, amenant les pouvoirs publics à reconfiner de nouveau la population.

    La situation ne va que pouvoir se dégrader inexorablement, tant sur le plan économique que psychologique.

    L’ iFRAP a chiffré à 16 milliards d’euros hebdomadaire le coût pour la nation d’un confinement dur . Selon cet institut, le premier confinement aurait coûté entre 100 et 125 milliards d’euros ; le second environ 50 milliards.

    Les dégâts psychologiques

    Les dégâts sont également importants au plan psychologique . Les risques croissants de dépression deviennent préoccupants pour les pouvoirs publics.

    Pour beaucoup de personnes il devient de plus en plus difficile de supporter les conséquences des confinements. La dégradation de la situation économique affecte leur sécurité matérielle, détruit leurs projets d’avenir et supprime de leur vie les satisfactions et activités de loisirs qui émaillaient leur existence : contacts sociaux, voyages, activités sportives, concerts, visites de musées, etc.

    À l’occasion de la journée mondiale de la santé le 10 octobre dernier, une enquête de l’OMS a montré que dans 93 % des pays étudiés les services de santé mentale des hôpitaux sont débordés.

    En France, Marion Leboyer , du département de psychiatrie du CHU Henri Mondor à Créteil, a déclaré :

    Nous nous attendons à une multiplication par trois des dépressions sur l’ensemble  de la pandémie.

    L’année 2021 sera très fortement marquée par cette pandémie. Il faudra attendre le second semestre de l’année suivante pour que la situation soit vraiment maitrisée au plan sanitaire, pour autant que ne surviennent pas des évènements imprévisibles.

    L’économie commencera alors à se redresser mais la situation du pays sera particulièrement dégradée. Un très grand nombre d’entreprises auront disparu, nos positions à l’exportation seront fortement affaiblies, d’autant que la Chine semble avoir maitrisé la pandémie ; la dette extérieure sera devenue extrêmement préoccupante.

    La société va se transformer

    Au plan psychologique et sociologique des transformations importantes vont apparaître. Les individus vont modifier leur comportement et la société va se transformer.

    Dans Le Figaro du 27 janvier 2021, Hugues Lagrange, sociologue directeur de recherche au CNRS, interviewé par Alexandre Devecchio confie que « la crise pourrait être accoucheuse d’une profonde réorientation » . Il pense que les gens  vont davantage interroger le sens de leur vie. Alexandre Devecchio cite Houellebecq qui, dans son roman Sérotonine , accuse notre monde moderne d’être « une société qui soigne le corps en asphyxiant les âmes. »

    Tout naturellement, on pense à Voltaire . Dans sa jeunesse, l’écrivain était un joyeux épicurien. Il devient ensuite un philosophe humaniste et pessimiste, marqué par la catastrophe du tremblement de terre de Lisbonne en 1755.

    Candide , paru en 1759, est ainsi le conte philosophique de la maturité de Voltaire. Il se conclut sur la rencontre de Candide avec un vieillard turc qui lui enseigne que la sagesse consiste à « cultiver son jardin. » Cunégonde, fraiche, dodue et appétissante au début du conte finit « laide, acariâtre et insupportable ».

    Dans Essai sur les mœurs et l’esprit des nations Voltaire écrit : « Presque toute l’histoire est une suite d’atrocités inutiles. »

    Face aux dégâts extraordinaires générés par la pandémie actuelle, nombreux sont ceux qui vont changer de paradigme.

    Dans son numéro de septembre 2020 le mensuel L’Histoire titre « Comment une pandémie change le monde. »

    Le sociologue Remy Oudghiri, directeur de Sociovision (Ifop) écrit :

    Après le coronavirus notre société va changer et confirmer le développement de six tendances : santé, travail, vie connectée, soif de collectif, et écologie.

    Les enquêtes confirment effectivement que bon nombre de cadres citadins veulent s’installer à la campagne. L’exode de ces néo-ruraux est une tentation de l’après-covid.

    Les évènements auxquels nous sommes confrontés vont conduire les habitants des pays riches à prendre conscience que l’Homme doit limiter ses désirs à un bonheur relatif.

    Hugues Lagrange nous rassure :

    Une vie plus frugale, plus conviviale, plus attentive aux équilibres n’est pas forcément une moindre vie.

    Boris Cyrulnik nous annonce :

    Après chaque catastrophe, la société change.

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      Le confinement ciblé n’est pas discriminatoire

      Maxime Kristanek · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 03:50 · 5 minutes

    confinement ciblé

    Par Maxime Kristanek.

    La crise sanitaire place le gouvernement français entre le marteau et l’enclume : du côté du marteau sanitaire, il faut restreindre les activités économiques et les rapports sociaux ; du côté de l’enclume économique et sociale, il faut permettre aux entreprises de fonctionner et aux individus d’avoir un minimum de contacts sociaux. Est-il possible de limiter le nombre de morts du à la pandémie sans sacrifier nos entreprises et notre vie sociale ?

    Concernant les chiffres français, nous savons que 89 % des patients en réanimation présentent des co-morbidités et que 90 % de ceux qui décèdent ont plus de 65 ans, et/ou présentent des comorbidités. Nous ne sommes donc pas égaux face au virus : les individus âgés avec des co-morbidités sont beaucoup plus vulnérables que les autres.

    La mise en place d’un confinement ciblé

    L’infectiologue Odile Launay a suggéré de mettre en place un confinement ciblé . Il s’agit de confiner seulement les individus vulnérables, ce qui signifie que ceux en bonne santé pourraient reprendre leurs activités. Dans un tel cadre, les universités, les salles de sport, les stations de ski, les restaurants, les bars et les lieux culturels réouvriraient.

    L’argument en faveur du confinement ciblé est d’ordre utilitariste. L’ utilitarisme est la doctrine éthique selon laquelle nous avons le devoir de choisir les actions qui maximisent le bien-être du plus grand nombre. En adoptant ce confinement ciblé limité à certaines parties de la population, on maximise les intérêts du plus grand nombre : les individus non vulnérables travaillent et retrouvent une vie sociale et les individus fragiles sont protégés du virus en étant confinés.

    À plusieurs reprises, le président de la République et des membres du gouvernement ont écarté cette solution, jugée éthiquement problématique. Plus précisément, ce type de mesure serait discriminatoire : certains seraient confinés sur des critères d’âge et de santé, tandis que d’autres pourraient jouir de leurs libertés. La discrimination est moralement condamnée parce qu’elle est un traitement désavantageux injustifié visant un certain groupe. Elle constitue une violation du principe d’égalité, énonçant que les individus doivent être traités de la même manière.

    Un confinement ciblé serait-il discriminatoire ?

    L’argument du gouvernement consiste à énoncer que toute rupture du principe d’égalité constitue une discrimination. On peut pourtant douter de la vérité de cette affirmation car dans certaines situations, il n’est pas discriminant de traiter les individus de manière inégalitaire. Si la différence de traitement, même désavantageuse, repose sur des justifications valables, alors elle n’est pas considérée comme une discrimination.

    Par exemple, il ne paraît pas discriminatoire de taxer davantage ceux qui ont des revenus élevés. Il semble injuste qu’un milliardaire paye les mêmes impôts qu’un travailleur payé au salaire minimum. Le traitement différentiel désavantageux est justifié par l’écart de revenu.

    Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement français ne traite pas de la même manière les citoyens sans que cela apparaisse discriminatoire. Par exemple, les professionnels de discothèques ont l’interdiction de travailler, contrairement aux employés de supermarché. Cette différence de traitement est justifiée : les discothèques sont des lieux de forte contamination, et ne remplissent pas un rôle essentiel, contrairement aux supermarchés.

    On peut justifier le confinement des individus vulnérables car du fait de leur âge ou de leur état de santé ils ont davantage de risques de développer une forme grave de la maladie. Pour cette raison et afin d’être protégés, ils doivent être confinés. Il apparaît en revanche injustifié de confiner les personnes en bonne santé de moins de 65 ans qui ne développent pas de forme grave dans l’immense majorité des cas.

    Une deuxième raison de pratiquer un confinement ciblé est que la majorité des individus fragiles (retraités et personnes ayant de graves problèmes de santé) ne travaille pas, contrairement à la majorité en bonne santé. Rappelons que les hôpitaux et les retraites sont financés principalement par le travail des individus non vulnérables. Il est donc avantageux pour les plus fragiles que les autres continuent de travailler afin de financer leurs retraites.

    Critère biologique et critère économique

    On pourrait objecter que traiter de manière différente des individus sur la base de critères économiques ou professionnels n’est pas la même chose que traiter de manière différente à partir de critères biologiques, la vulnérabilité étant ici considérée comme la fragilité biologique d’un organisme humain pour se défendre face au virus. Le critère économique serait acceptable, contrairement au biologique, sur lequel on n’exerce aucune prise : on ne décide pas d’être âgé ou d’être diabétique.

    Pourtant, l’État traite déjà différemment les individus sur la base de critères biologiques. Par exemple, les personnes présentant des handicaps physiques ou mentaux importants perçoivent des aides publiques auxquelles n’ont pas accès les non-handicapés. On pourrait rétorquer qu’il ne s’agit pas là de discrimination, car le traitement différentiel est avantageux.

    Mais on pratique aussi des traitements différentiels désavantageux sur la base de critères biologiques sans que soit évoquée une discrimination.

    Par exemple, pour exercer certaines activités professionnelles (pompier, policier, pilote, etc.), il faut passer des épreuves physiques, et ceux qui échouent à cause d’un handicap biologique, inné ou acquis, sont disqualifiés.

    Autre exemple : les personnes non-voyantes ne peuvent détenir un permis de conduire. Si le traitement différentiel sur la base d’un critère biologique est justifié, alors il ne s’agit pas de discrimination. On voit mal ainsi pour quelle raison le critère de différenciation biologique serait, en soi, discriminatoire.

    Ainsi, en situation de crise sanitaire, il n’est pas discriminatoire de traiter différemment les individus avec un organisme vulnérable. Ainsi, il n’est pas discriminatoire de seulement confiner les personnes fragiles en vue de les protéger et permettre à celles en bonne santé de travailler et reprendre une vie sociale.

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      Les finances publiques plombées par la politique gouvernementale

      Jean-Philippe Delsol · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    finances

    Par Jean-Philippe Delsol
    Un article de l’Iref-Europe

    C’est un peu moins mauvais que prévu dans la quatrième loi de finances rectificative , mais c’est néanmoins cauchemardesque. Le déficit du budget de l’État français en 2020 représentera environ 178 milliards d’euros. Il faudra y ajouter le déficit de la Sécurité sociale, y compris des caisses de retraite et de chômage, et les conséquences sur les collectivités locales, encore inconnues.

    Sachant que selon un rapport de la Cour des comptes d’octobre 2020 le déficit cumulé du régime général de la Sécurité sociale et du fonds de solidarité vieillesse devrait atteindre 44,4 milliards d’euros en 2020 (contre 1,9 milliard en 2019 et 28 milliards d’euros en 2010, à la suite de la crise financière), et que les régimes de retraite et d’assurance chômage devraient cumuler près de 45 milliards d’euros supplémentaires de déficit, le déficit global des finances publiques devrait en 2020 représenter plus de 100 % des recettes fiscales de l’État. Bien sûr il faut s’endetter toujours plus pour y faire face.

    Bruno Le Maire maintient qu’il ne faut pas augmenter les impôts et compte sur la croissance pour rembourser les dettes publiques qui s’accroissent démesurément, autour de 120 % du PIB en attendant pire en 2021, et qu’il faudra bien rembourser si l’on veut éviter que la France perde tout crédit. Il n’a pas tort sur le principe, sauf que sa politique entrave l’économie plutôt qu’il ne la libère, ce qui nuira à la croissance nécessaire. Carrefour en offre un exemple manifeste.

    Le mauvais exemple Carrefour

    À défaut de gérer ses affaires, le gouvernement s’occupe de celles des autres. Près de quarante ans après que Laurent Fabius a arrêté les magnétoscopes japonais à Poitiers, il s’ingère dans les affaires de Carrefour pour faire obstacle au Québécois Couche-tard qui voulait entrer dans son capital.

    Pourtant l’investisseur canadien était prêt à investir trois milliards d’euros dans Carrefour pour améliorer sa productivité et développer l’e-commerce de façon à réduire encore ses prix au profit des consommateurs sans peser sur les producteurs.

    Le veto public opposé à Carrefour est d’autant plus incompréhensible que sur le marché français, la concurrence est vive : Auchan, Casino, Intermarché, Leclerc… Qu’aurait dit monsieur Le Maire si les Canadiens avaient posé leur veto à l’achat de Bombardier par Alstom fin 2020 ?

    Bombardier, qui fabrique des matériels de transport collectif, est pourtant autrement stratégique pour le Canada que Carrefour pour la France. Le distributeur français est présent dans de très nombreux pays étrangers et il y est souvent le distributeur le plus important, ou l’un d’eux. Selon son dernier rapport financier annuel 2019, Carrefour comptait par exemple 789 magasins en Belgique, 1149 en Espagne, 1089 en Italie, 906 en Pologne, 464 au Brésil, 597 en Argentine…

    Si la France poursuit sa politique souverainiste, les autres pays prendront des mesures de rétorsion équivalentes et empêcheront le développement de nombreuses entreprises françaises à l’international. Pourtant les activités à l’étranger des grandes firmes françaises actives au niveau international comptent pour une part majoritaire de leur chiffre d’affaire et de leurs profits.

    L’État n’a pas vocation à gérer l’économie

    Nous vivons dans une économie mondialisée qui a permis le développement exceptionnel de ces cinquante dernières années aussi bien dans les pays les plus pauvres que dans les pays riches. Mais si nous commençons à fermer nos frontières aux échanges de capitaux et bientôt de services et marchandises, nous en pâtirons tous. Et nous serons incapables de redresser la situation après la crise sanitaire qui nous aura plombés.

    Les agriculteurs qui se sont félicités du veto du gouvernement opposé à Couche-tard n’ont pas compris qu’au contraire, cet investissement aurait favorisé les ventes de Carrefour en France et à l’étranger et donc la production agricole française et ses échanges, notamment avec le Canada.

    Le rôle de l’État n’est pas de gérer les entreprises et de décider de la qualité de leurs actionnaires. L’État est mauvais gestionnaire ; il n’a pas les qualités appropriées et il n’en a pas la responsabilité. Sa gestion excessivement centralisée et tout entière administrée de la crise du Covid démontre son incapacité en la matière. On ne gère pas une crise en multipliant des circulaires aussi détaillées qu’un règlement de caserne.

    L’économie a moins besoin d’être suradministrée que libérée de trop de règlements, de contrôles, de sanctions, d’interdictions, d’obligations… Pire, en s’immisçant dans la vie des entreprises, l’État altère le juste équilibre des relations de marché.

    Certes, les mesures fiscales retenues dans la dernière loi de finances, pour atténuer les impôts de production et poursuivre doucement la baisse de taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, sont favorables à l’économie française.

    Mais si parallèlement les réglementations se multiplient au prétexte de satisfaire les revendications populistes et gauchistes, écologiques ou protectionnistes, ce qui a été donné d’une main sera repris de l’autre. Et l’apaisement fiscal ne sera alors qu’une parenthèse provisoire, parce que les entreprises gavées d’emprunts garantis par l’État ne pourront pas faire face à leur remboursement, parce que le déficit budgétaire public sera si lourd qu’il faudra en appeler au contribuable pour remédier à la faillite de l’État . Ce qui ajoutera encore au désastre.

    Sur le web

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      Coronavirus : l’urgence d’un changement de cap

      Paul Touboul · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 24 January, 2021 - 04:45 · 10 minutes

    coronavirus

    Par Paul Touboul.

    Pour commencer, des questions. Allons-nous installer définitivement dans nos pratiques le dénombrement quotidien de nos concitoyens atteints par tel ou tel virus ? Au même titre que le bulletin météo, chiffres et pourcentages des victimes s’afficheront-ils désormais sur nos téléphones, influant sur la coloration de nos journées ?

    La perspective d’un voisinage tendu avec le monde des virus se dessine-t-elle et avec elle celle d’une vie attentive aux moindres soubresauts de ce comparse réfractaire auxquels il conviendra de répondre sans tarder ? Un combat de longue haleine est-il entamé dans lequel se déploient, pour notre survie, toutes les ressources de l’intelligence humaine ?

    Entrons-nous dans une nouvelle ère, celle d’une humanité en croisade contre les nuisibles naturels qui la mettent en péril ? Est-ce le projet grandiose de l’avenir pour pérenniser notre existence sur Terre ?

    Notre humanité, dans sa relation à la nature qui l’environne, est peut-être à un tournant. Elle semble ne pas tolérer désormais ce qui autour d’elle échappe à son contrôle et, qui plus est, serait une menace.

    Une lutte ancestrale

    Mais, à bien y réfléchir, cette lutte est, au fond, ancestrale. L’Homme a de tous temps cherché à vaincre les obstacles à son développement, voire à les éliminer. Il s’agissait toujours de cibles à échelle humaine, appréhendées par nos sens, et à la portée de moyens adaptés, parfois violents. L’ avènement des vaccins puis des antibiotiques a offert la première opportunité de combattre nos ennemis du monde invisible que sont les agents infectieux.

    Vaincre ces organismes dangereux capables de nous exterminer a certainement marqué une date dans notre vie sur la planète Terre. Et l’amélioration aujourd’hui de nos conditions d’existence doit beaucoup à cette avancée.

    Depuis, la connaissance de l’univers vivant microscopique s’est considérablement développée. Une multitude d’espèces qui l’habitent a été identifiée. Des techniques de plus en plus fines ont pénétré leur intimité, offrant même des possibilités de manipulations.

    L’explosion de ce savoir se solde aussi de remises en cause incessantes, de questionnements supplémentaires, de théories nouvelles et de pratiques de plus en plus intrusives. Le champ de l’inconnu n’est pas pour autant réduit et se renouvelle même à l’infini. Si l’Homme a pu s’ériger en apprenti sorcier, il n’en reste pas moins fasciné par le mystère grandiose qu’est la vie. Et dans le cheminement du chercheur, la passion de connaître voisine avec l’humilité et la conscience de son ignorance.

    Coronavirus et mise à l’écart de la médecine

    Alors pourquoi ce préambule ? Parce que la gestion de la crise sanitaire actuelle a mis en lumière les illusions d’attitudes scientifiques dévoyées qui sont elles-mêmes le pendant d’une hubris contemporaine. Qu’avons-nous vu en l’occurrence ?

    Ont été écartés avec dédain les comportements traditionnellement requis en matière d’épidémie. Que chaque cas déclaré en réfère à son médecin, que ce dernier le prenne en charge et prescrive un traitement jugé approprié dont il assure le suivi, voilà ce qui se passait de tout temps quant telle ou telle virose faisait son apparition. La maladie restait personnalisée, avait un visage, se composait d’histoires individuelles, gardait une dimension humaine.

    Or cette pratique a été balayée. Le praticien n’était plus à la hauteur d’un combat jugé titanesque. Exit la médecine de proximité . Place à l’armada d’État que sont les hôpitaux publics. Ainsi en a décidé l’État français.

    La notion de pandémie donnait-elle sens à pareille mesure ? L’explosion des contaminations pouvait justifier au contraire le recours à l’ensemble du corps médical et la démultiplication de l’offre de soins. D’autant que la prise en charge initiale relevait à l’évidence de la compétence de généralistes.

    Pourtant il en a été décidé autrement. Et la manière a été brutale puisque certains médicaments recommandés initialement ont été contingentés et des praticiens sanctionnés par l’Ordre pour avoir contrevenu aux injonctions officielles. Un centralisme autoritaire en matière médical s’est donc instauré, l’État gérant unilatéralement l’épidémie, en comptabilisant l’étendue et décrétant les conduites . Une situation entièrement inédite et qui n’a fait que se renforcer avec le temps.

    Ce faisant, en l’absence des généralistes, on peut considérer que nombre de cas ont été livrés à une aggravation qui pouvait être évitable , contribuant éventuellement à la surmortalité de départ. L’autoritarisme d’État s’en est donné à cœur joie, s’abritant derrière une évidence qui ne souffrait pas la discussion.

    Un parfum de totalitarisme politique

    L’on a assisté à une politisation des prises de position et des commentaires sans commune mesure avec les contenus sanitaires et leur base scientifique. Il y avait désormais une vérité officielle, seule valable dans la prise en charge de l’épidémie.

    Il est bien sûr admissible que le pouvoir impose sa manière d’appréhender une crise et les solutions qui en découlent. Mais pas en instillant un contexte ambiant délétère, malsain, où les opposants sont livrés à la vindicte des bien-pensants. Et l’on n’a jamais autant mesuré le poids de la propagande par médias interposés à propos de sujets relevant simplement de controverses sur les connaissances. J’ose dire que l’ambiance a pris un parfum totalitaire .

    L’imposition des esprits liée à cette volonté de rester maitre du jeu et de régner sans partage s’est poursuivie depuis sans discontinuer. La flambée épidémique éteinte, le gouvernement s’est lancé dans la traque de virus perdurant ici ou là, auquels était assigné le dessein perfide de nous envahir de nouveau.

    Sur quels arguments s’étayait cette crainte ? À vrai dire l’affirmation était entourée de mystère, laissant penser qu’elle allait de soi. Par le fait prenait corps la représentation d’un adversaire hors du commun auquel serait livré une guerre sans merci.

    Un évènement, que rien au départ ne distinguait de ceux du passé, devenait ainsi unique, inouï, et, je dirais, à la mesure de l’ hubris contemporaine. On n’en était plus à traiter et isoler les cas contaminés, b-a-ba des stratégies traditionnelles, il fallait prendre à bras le corps un évènement planétaire et assurer à terme, avec les armes d’aujourd’hui, la victoire de l’Homme prométhéen.

    Car c’est bien de posture générationnelle qu’il s’agit. Et notre ministre de la Santé en est l’incarnation . Fils de ce monde-là, il a repoussé sans état d’âme l’avis de personnalités reconnues de l’infectiologie, aussi titrées et prestigieuses soient-elles, pour s’en remettre à des méthodes qui, à défaut d’être éprouvées, étaient innovantes.

    Experts, algorithmes et bureaucratie à la rescousse

    Force est de reconnaître qu’il suivait en cela les recommandations d’experts, plus hommes de laboratoire que de terrain. Ont été pris en compte des prédictions basées sur de savants calculs , des schémas explicatifs appuyés par de mystérieux algorithmes, une gestion de la crise effectuée depuis un centre de commande où se déployait une intelligence abstraite manipulant des données qu’elle enfantait.

    C’est peut-être la grande nouveauté de l’évènement, celle d’avoir inauguré une vision mondialiste, bureaucratique d’une épidémie, à l’image d’experts hors sol trônant du haut d’un savoir dématérialisé.

    Dans cette même optique il fallait que les mesures prises soient à l’échelle d’un combat de géants. Intervenir sur des populations entières, imposer confinement, port de masques, voire user si nécessaire de coercition, brasser des multitudes dans une joute sans merci contre le coronavirus, voilà bien une guerre digne de ce nom dans laquelle les ressources de l’intelligence humaine auront toute latitude de faire leurs preuves.

    Si dans le passé les virus paraissaient dicter leurs conditions, on pouvait aujourd’hui leur imposer d’autres règles du jeu. Il s’agissait, avec nos tests, de les débusquer à grande échelle, de traquer les foyers de multiplication, et en cas de danger, de calfeutrer le pays pour le soustraire à l’assaut des envahisseurs.

    Et on n’a pas lésiné sur les moyens, quitte à mettre à bas l’activité économique et sociale. L’homme contemporain défié s’est hissé à la hauteur d’un mal planétaire. Chaque jour ont été comptabilisées compulsivement les intrusions ennemies et les pertes subies sur ce champ de bataille informe et invisible.

    Sourds à toute critique nos augures en sont venues à découvrir à leurs dépens que le virus a plus d’un tour dans son sac. Ils avaient pourtant été prévenus. Les virus respiratoires sont l’objet de mutations continuelles. L’avènement de variants avait déjà été signalé en juillet puis octobre 2020, responsable d’un regain d’activité virale.

    Du coup l’histoire a repris souffle et le combat est reparti de plus belle. Dépistage à marches forcées, maintien d’une chape de plomb sur la population, monopolisation de l’information par la virose, bref la folle épopée continue. Et il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Jusqu’alors on s’attaquait aux épidémies déclarées. Maintenant c’est au monde secret des virus que l’on s’en prend.

    Les mutations cachées qui les caractérisent sont la nouvelle cible. Ces variants qui pourraient devenir un jour épidémiques sont suivis à la trace. Mais jusqu’à quand ? La maitrise de l’échange, il faut le reconnaitre, appartient bel et bien au coronavirus qui nous impose son tempo et peut seul décider la fin de partie.

    Il est clair que la stratégie appliquée à cette virose est devenue démente. Les choix pris, y compris celui du vaccin , ne peuvent escompter un contrôle véritable de la situation, à savoir nous protéger tous durablement d’une contamination.

    Si l’on ne se contente pas d’une approche pragmatique, c’est-à-dire traiter, isoler les contaminés et protéger les plus vulnérables en attendant des jours meilleurs, l’issue risque d’être repoussée aux calendes face à un virus scruté en permanence et dont on ne tolère plus de vie secrète.

    Il y a bientôt un an que tout a commencé. Rien ne laisse entrevoir une issue prochaine . C’est du jamais vu en matière d’épidémie. Fallait-il que celle-ci déroge à toute règle et que nos connaissances tirées d’une expérience éprouvée soient battues en brèche ? Il est permis d’en douter et questionner la politique sanitaire actuelle s’impose plus que jamais aujourd’hui.

    On ne peut impunément mettre à l’arrêt un pays pour combattre un agent infectieux, certes contagieux mais dont la létalité n’excède pas celle de la grippe. Qu’on continue à le surveiller à l’abri de tout tapage médiatique, l’affaire est du ressort de toute nation chargée de protéger ses citoyens. Mais maintenir pour cela un état de guerre est un non-sens qui nous conduit à un naufrage collectif.

    Il est malheureusement à craindre que nos gouvernants renâclent à se remettre en cause. Sans compter que le sacro-saint principe de précaution et la peur des juges risquent de conforter pareille obstination. Pourtant l’urgence est là.

    La vie doit reprendre ses droits dans notre pays, toute latitude étant restituée à l’activité socio-économique et à la culture pour s’exprimer, l’individu retrouvant quant à lui dans son quotidien les ingrédients qui le motivent et le structurent.

    En somme une existence libre, sans peur et ouverte sur l’avenir. Garder un œil sur le virus, comme d’ailleurs sur toutes les menaces qui nous entourent, ne doit pas mettre en péril nos raisons de vivre.

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      Confinement 3 : la crise sanitaire révélatrice du mal français

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 03:50 · 9 minutes

    confinement 3

    Par Olivier Maurice.

    La France vit donc son troisième confinement. Car il n’est pas la peine de se demander si la bouteille est à moitié pleine ou à moitié vide, nous sommes confinés 12 heures par jour , de 6 heures du soir au lendemain matin 6 heures et en régime de semi-liberté les 12 autres heures de la journée.

    En régime carcéral, cela s’appelle le placement à l’extérieur : un aménagement de peine qui permet au détenu de travailler, mais l’oblige à revenir dormir en prison.

    Après 6 heures, tout redevient comme avant, entendez par là comme pendant le vrai confinement, celui qui osait dire son nom. Les mêmes attestations de sortie dérogatoire à compléter soi-même, les même exceptions pour promener son chien, les mêmes prunes à 135 euros et la même déprime dans les rues abandonnées aux rongeurs nuisibles, les muridés et les autres.

    Qui se souvient encore du monde d’avant ? Du vrai monde d’avant, celui des discussion au café et des films au cinéma ? Espérons-nous encore un monde d’après ? Est-ce qu’il existera et à quoi pourra-t-il bien ressembler quand l’inondation de folies redescendra enfin ? Si elle descend un jour !

    Un an maintenant que l’on n’entend plus parler que de Coronavirus, de contaminations, de covid, de maladie, d’hospitalisations, de réanimations, de décès, de restrictions de libertés, de contrevenants, de comportement incivique et de comportement inconséquent des uns et des autres.

    Un an que la France vit en régime carcéral.

    Mais qu’avons-nous donc fait pour mériter une telle punition ?

    On aura beau râler sur, au choix : les politiciens, le système, la mondialisation, les pays étrangers, les Américains, les Chinois, les Russes ou le monde de la finance, le constat est cependant bien plus clair que cela : nous récoltons aujourd’hui ce que nous avons semé hier.

    L’analyse des disparités et des incohérences qu’un an de régime de tyrannie sanitaire aura révélée nous permet assez clairement de voir ce qui ne va pas dans notre pays.

    La dépendance à l’État

    Le premier point est la dépendance à l’État. Dépendance devenue si flagrante qu’elle relève presque du syndrome de Stockholm. Depuis un an, le pays vit au rythme effréné des déclarations gouvernementales hebdomadaires, des fameux points de presse du jeudi que la population attend désormais comme on attend le briefing du matin au boulot ou l’emploi du temps de la semaine à l’école.

    Le rapport des Français avec l’État a fondamentalement changé. D’un conglomérat assez obscur de services publics, l’État est devenu le patron. Pas le grand patron qu’on ne voit jamais, mais le petit patron, le petit chef, celui qui est chaque jour sur votre dos, qui surveille vos moindres faits et gestes et qui vous fait des réflexions à la moindre occasion.

    On connait tous les ravages que font ces rapports conflictuels dans les entreprises.

    En plus de la dépendance hiérarchique, une réelle dépendance économique s’est créée entre des milliers d’entreprises, d’indépendants, de secteurs qui ne survivent pour l’instant que parce que l’État perfuse ces secteurs qu’il a délibérément mis en sommeil. Comment se passera le sevrage d’argent public et qu’adviendra-t-il de ces entreprises zombies ?

    Sans compter en plus de tout cela sur l’effet délétère d’avoir maintenu en vie des acteurs qui aurait dû disparaître, non pas à cause de la crise, mais à cause de leur mauvaise stratégie, de leurs problèmes structurels, du manque de valeur ajoutée ou de différenciation, et que le marché aurait éliminé.

    Quel poids ces entreprises inadaptées ou dépassées, maintenues en survie artificiellement vont-elles faire peser sur la reprise ?

    La mauvaise santé de la population

    Que l’on évalue ou non l’impact des mesures sanitaires sur le bilan humain de l’épidémie, celui-ci est loin d’être fameux. Il est certes bien plus facile d’ accuser le virus ou surtout les mauvais comportements de la population, mais ce n’est que détourner le regard pour éviter de constater une évidence : si le bilan humain est si lourd, c’est que quelque chose ne fonctionne pas du tout dans le couple patient-soignant.

    La santé repose à la fois sur la condition physique des individus et sur l’accès aux soins. Et malgré le matraquage quotidien effectué depuis des années sur les ravages des mauvaises habitudes et l’incroyable importance donnée à la nourriture, malgré la gigantesque montagne d’argent investi dans les services sanitaires, ni l’un, ni l’autre n’ont permis d’éviter les hécatombes dans les maisons de retraite et certaines couches de la population, ni l’engorgement misérable des services hospitaliers.

    Le constat est sans appel : la population française est en mauvaise santé, autant parce que le pourcentage de personnes à risque est très élevé que parce que les services sanitaires ne sont plus à même d’assurer la couverture de cette population.

    Au-delà de la notion de protection sociale, c’est toute notre vision de la santé qui est remise en question, en passant par le sport et l’entretien physique : alimentations, addictions, soins bénins… et en terminant par la vieillesse.

    Le bilan catastrophique de cette épidémie et l’effondrement du système de santé sont la directe conséquence du « Je fais ce qu’il me plait, je ne crains rien, j’ai gratuitement accès au meilleur service de santé du monde ».

    La santé ne peut être gérée ni comme un centre de coût, ni comme un argument électoral ; elle est un sujet bien trop important pour être laissée aux mains de fonctionnaires, de corporations ou de politiciens.

    La France perdue des villes

    Cette crise a également relevé les incroyables disparités territoriales de notre pays. Elle a surtout montré l’incapacité d’une organisation centralisée à gérer cette diversité.

    Si la France est globalement restée si tranquille pendant toute cette crise, c’est que les Gaulois réfractaires, ceux qui sortent au besoin les gilets jaunes ou les bonnets rouges et qui biberonnent de la potion magique au premier coup de sang, en grande majorité ceux qui vivent dans la France périphérique , sont tranquillement restés dans leur village.

    Il faut dire que les mesures sanitaires ont majoritairement frappé les citadins, dans leurs effets mais aussi dans leur philosophie.

    Ce sont les citadins qui vont au restaurant trois soirs par semaine, au cinéma et au théâtre et dans les salles de sport. À la campagne et dans les petites villes, on va au restaurant pour les anniversaires, on a un home cinéma dans son salon et on fait du sport dans les associations, ou entre amis. De toute façon, on ne manque pas d’exercice physique.

    À la campagne, tant que le centre commercial est ouvert, qu’il y a de l’électricité et de l’essence, on se débrouille. Ce sont les citadins qui s’entassent dans les transports en commun et qui restent cloîtrés dans 20 mètres carrés par personne.

    Quel impact peuvent donc avoir des mesures ayant majoritairement consisté à interdire des activités qu’une partie importante de la population ne pratiquaient déjà pas, par faute de temps, de moyens, d’intérêt ou tout simplement d’accès ?

    Beaucoup d’élus locaux, moins coupés de la réalité, ont compris cette incohérence et se sont senti pousser des ailes, voire des griffes.

    L’État jacobin commence enfin à être soumis à concurrence. Certes une concurrence bien timide quand les présidents de région organisaient des distributions de masques ou quand les acteurs industriels se mettaient à fabriquer du gel hydroalcoolique, mais le mouvement est lancé et le state-bashing est passé au stade du sketch télévisé et aux banalités sorties quotidiennement par les élus locaux.

    Le vrai changement

    Il faudra sans doute attendre 2027 pour voir le vrai changement se produire. L’élection présidentielle de 2022 sera trop proche de l’impact pour que des solutions politiques nouvelles qui vont forcément émerger de cette crise ne voient le jour en si peu de temps.

    La grande question reste quand même celle du dégel. Que se passera-t-il quand le spectre de la troisième vague de printemps sera passé, qu’il y ait ou non d’ailleurs répétition de la flambée du printemps 2020 ?

    La radicalisation d’une partie importante de la population est en tout cas une certitude. Il semble raisonnable de dire qu’à part un petit noyau protégé, les Français ont été sévèrement secoués par la crise, que ce soit par les décisions arbitraires, la défaillance du système de santé, ou les errements du pouvoir central.

    Dans quelle population plus durement touchée par la crise se produira ou ne se produira pas l’étincelle que tout le monde redoute ? Chez les étudiants sacrifiés et cloitrés en isolement, chez les indépendants qui ont vu leur business fondre et disparaître, chez les salariés mis en chômage partiel et dont le sursis prendra fin avec les subventions, chez les ruraux ou les citadins, chez les jeunes ou les vieux qui ont payé un très lourd tribut à un État qui n’a absolument pas été à la hauteur de ses promesses.

    Que font les professionnels de la révolution d’habitude si prompts à faire un barrouf géant au moindre sourcil de travers ? Où sont passés les syndicats d’étudiants, les associations de commerçants, les syndicats, les associations, les collectifs et autres people engagés ?

    La liberté est la clef. Nous le savons et nous avons des propositions claires, précises, efficaces et réalistes pour sortir de cette impasse dans laquelle les politiques étatistes ont mené le pays. C’est le moment de faire entendre nos voix et de diffuser notre message.

    Si ce ne sont pas les libéraux qui le font, personne ne le fera, il ne faut pas compter sur les ex-révolutionnaires d’après-guerre et leurs héritiers. Ce sont eux qui envahissent quotidiennement les plateaux télé pour accabler la jeunesse de reproches, demander chaque jour davantage de restrictions et nous faire la morale.