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      Les avocats de Trump réclament son acquittement en dénonçant une "chasse aux sorcières"

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 19:24 · 4 minutes

    President Donald Trump gestures as he walks on the South Lawn of the White House in Washington, Friday, Oct. 30, 2020, before boarding Marine One for a short trip to Andrews Air Force Base, Md. Trump is traveling to campaign events in Michigan, Wisconsin and Minnesota. (AP Photo/Patrick Semansky)

    ÉTATS-UNIS - Un procès “injuste”, un acte de “vengeance politique”: les avocats de Donald Trump ont demandé ce vendredi 12 février l’acquittement de l’ancien président en qualifiant d’“absurde” son renvoi devant le Sénat des États-Unis pour “incitation à l’insurrection”.

    “Comme toutes les chasses aux sorcières initiées par la gauche au cours des quatre dernières années, l’acte d’accusation n’a rien à voir avec les faits, les preuves et les intérêts des Américains”, a lancé Michael Van der Veen en entamant l’exposé de la défense.

    Usant des mêmes armes que les procureurs démocrates , il a immédiatement diffusé des vidéos, notamment pour montrer que Donald Trump s’est régulièrement présenté comme le protecteur de “la loi et de l’ordre”, mais aussi que ses opposants ont eux-mêmes parfois tenu des discours enflammés.

    Le 45e président des États-Unis se voit notamment reprocher d’avoir lancé “Battez-vous comme des diables” à ses partisans, juste avant qu’ils ne se lancent à l’attaque du siège du Congrès, où les élus étaient en train de certifier la victoire de son rival démocrate Joe Biden à la présidentielle.

    “C’est de la rhétorique politique ordinaire, pas différente du langage utilisé par tous les partis depuis des centaines d’années”, a plaidé M. Van der Veen, en mettant en garde contre un procès qui, selon lui “divise la Nation”.

    Donald Trump n’assiste pas à ce procès, dont l’issue semble jouée d’avance . Il est en effet très peu probable que 17 sénateurs républicains acceptent de voter avec les 50 sénateurs démocrates pour former la majorité qualifiée nécessaire à sa condamnation.

    Trump “optimiste”, Biden “impatient”

    “Le président (Donald Trump, NDLR) est très optimiste”, avait affirmé jeudi sur Fox News l’un de ses avocats, David Schoen, en promettant un court exposé, de moins de quatre heures, devant les cent sénateurs, juges, jurés et témoins de ce procès historique.

    Une poignée d’élus du Grand Old Party ont tout de même semblé perturbés par la présentation implacable des procureurs démocrates au cours des deux derniers jours. “C’est ce qui arrive quand on fait appel à un studio de cinéma”, a rétorqué Me Schoen. Les démocrates “n’ont absolument pas relié Donald Trump à tout ça”.

    Joe Biden, qui a passé plus de 35 ans sur les bancs de la Chambre haute du Congrès, s’est dit “impatient” de voir ce que ses “amis” républicains feraient lors du vote qui pourrait intervenir ce week-end, espérant qu’ils prendraient “leurs responsabilités”. Le président, resté en retrait depuis le début du procès, a précisé qu’il n’évoquerait pas le dossier avec des sénateurs. La veille, il avait espéré que l’exposé des procureurs ait fait bouger les lignes et convaincu certains élus républicains.

    “Récidive”

    Lors de leur exposé, les procureurs démocrates ont plaidé que Donald Trump “savait à quel point la situation était explosive” lorsqu’il alimentait la colère de ses partisans, en criant, sans apporter de preuves, aux “fraudes massives” pendant des mois, avant et après l’élection présidentielle qui l’opposait à Joe Biden.

    L’attaque sanglante fut “l’apogée des actions du président, pas une anomalie”, a renchéri Jamie Raskin, qui dirige l’équipe d’élus de la Chambre des représentants chargée de porter l’accusation. “Qui, dans cette chambre, peut croire qu’il arrêtera d’inciter à la violence pour parvenir à ses fins, s’il est autorisé à revenir dans le Bureau ovale?”, a insisté Jamie Raskin.

    C’est en brandissant cette crainte d’une récidive que les procureurs ont appelé les sénateurs à condamner Donald Trump, car ce verdict serait immédiatement suivi d’un vote pour le rendre inéligible.

    À la barre vendredi, Me Schoen a rétorqué que les démocrates avaient “sélectionné” les propos du président et donné une image déformée de ses propos. Il a rejoué dans l’hémicycle d’autres extraits de son discours du 6 janvier, dans lequel l’ex-président appelle ses partisans à marcher “de manière pacifique et patriote” sur le Capitole.

    Après les arguments de la défense, ce sera au tour des sénateurs de poser par écrit leurs questions aux deux parties. Le rythme du procès s’est accéléré, au point que David Schoen avançait jeudi qu’un verdict pourrait être rendu avant lundi.

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      Biden est "impatient" de voir si les républicains "prendront leurs responsabilités" au procès de Trump

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 14:54 · 1 minute

    Biden

    ÉTATS-UNIS - Le président américain Joe Biden s’est dit ce vendredi 12 février “impatient” de voir ce que ses “amis” républicains feraient lors du procès en destitution de Donald Trump où un vote pourrait intervenir ce week-end.

    “Je suis juste impatient de voir ce que mes amis républicains vont faire, s’ils prennent leurs responsabilités”, a déclaré Joe Biden lors d’un bref échange avec les journalistes à la Maison Blanche.

    Il a par ailleurs réaffirmé qu’il n’avait aucunement l’intention d’évoquer ce dossier avec tel ou tel sénateur en particulier.

    La défense doit prendre la parole vendredi au Sénat, en espérant un acquittement rapide de l’ex-président, accusé d’“incitation à l’insurrection” dans l’assaut du Capitole. Pour appuyer ce chef d’accusation, les procureurs démocrates ont diffusé dès les premiers jours du procès des images inédites pour souligner la violence inouïe de l’assaut sur le Capitole .

    Les élus démocrates de la Chambre des représentants, chargés de porter l’accusation contre l’ancien président, ont aussi replacé l’assaut dans le contexte de la croisade post-électorale de Donald Trump qui a toujours refusé de concéder sa défaite face à Joe Biden.

    Installé en Floride depuis son départ de la Maison Blanche, l’ancien président a refusé de témoigner. Sauf coup de théâtre, il devrait échapper à une condamnation, qui ne peut avoir lieu sans le vote des deux tiers des sénateurs. Or, si le Sénat a basculé aux mains des démocrates lors des élections, leur majorité ne tient qu’à une seule voix. Le vote des républicains modérés ou hostiles à Donald Trump sera donc décisif.

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      Au procès en destitution de Trump, des vidéos chocs diffusées par l'accusation

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 11 February, 2021 - 08:18 · 5 minutes

    DESTITUTION DE DONALD TRUMP - Des policiers hurlant de douleur, des élus terrifiés, des assaillants menaçants: les procureurs démocrates ont diffusé ce mercredi 10 février des images inédites pour souligner la violence inouïe de l’assaut sur le Capitole, qui vaut à Donald Trump d’être jugé au Sénat pour “incitation à l’insurrection”, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article.

    Mêlant des extraits de caméra de surveillance, parfois inédits, aux vidéos mises en ligne par les émeutiers, ils ont rappelé aux cent sénateurs, à la fois juges, jurés et témoins de ce procès historique, qu’ils avaient eux-mêmes échappé de peu “au pire”.

    “Trump n’a pas été le témoin innocent d’un accident”

    Les élus démocrates de la Chambre des représentants, chargés de porter l’accusation contre l’ancien président, ont aussi replacé l’assaut dans le contexte de la croisade post-électorale de Donald Trump qui a toujours refusé de concéder sa défaite face à Joe Biden .

    “Le président Trump n’a pas été le témoin innocent d’un accident”, comme ses avocats le suggèrent, mais il “a abandonné son rôle de commandant-en-chef pour devenir l’incitateur-en-chef d’une dangereuse insurrection”, a lancé Jamie Raskin, qui supervise cette équipe.

    Le coup de force sanglant de ses partisans, au moment où le Congrès certifiait la victoire de son rival, n’est pas survenu “dans le vide”: “la hargne de la foule a été attisée pendant des mois par Donald Trump”, a renchéri Joaquin Castro.

    Installé en Floride, l’ancien magnat de l’immobilier a refusé de témoigner. Mais sa voix n’a cessé de retentir dans l’hémicycle de la chambre haute du Congrès, où ses accusateurs ont projeté de nombreux extraits de ses discours enflammés, reproduit ses tweets incendiaires, cité ses propos les plus polémiques.

    Trump ”à court d’options non violentes”

    Même s’ils ont peu de chances de convaincre deux tiers des sénateurs de le déclarer coupable - le seuil fixé par la Constitution - , les démocrates entendent marquer l’opinion lors de ces audiences retransmises en direct dans tous les Etats-Unis.

    “Le grand mensonge”: c’est ainsi qu’ils ont décrit la longue campagne de désinformation sur l’élection présidentielle entretenue par le 45e président américain qui a répété pendant des semaines, sans preuves, qu’il avait été victime de fraudes électorales massives.

    Après l’échec de ses plaintes en justice et de ses multiples pressions sur les agents électoraux des États-clés, “le président Trump s’est retrouvé à court d’options non violentes pour se maintenir au pouvoir”, a estimé l’élu Ted Lieu. Il s’est alors tourné vers “des groupes qu’il a cultivés pendant des mois”, comme le groupuscule d’extrême droite Proud Boys , dont plusieurs membres se trouvaient parmi les assaillants du Capitole, a ajouté sa consœur Stacey Plaskett, en rappelant que le président les avait appelés, en octobre, à “se tenir prêts”.

    Et le 6 janvier, il a appelé ses partisans à manifester à Washington. “Battez-vous comme des diables”, a-t-il lancé à la foule, juste avant l’intrusion dans le temple de la démocratie américaine.

    “Cible sur le dos”

    Affirmer que l’ex-président pourrait être responsable des violences d’un “petit groupe de criminels” qui l’ont “absolument mal compris” est “tout simplement absurde”, avaient insisté ses avocats par écrit lundi 8 février. En soulignant qu’il les avait “exhortés à rester pacifiques”.

    “On a vérifié les 11.000 mots de son discours, le président n’a utilisé le terme ‘pacifique’ qu’une seule fois, contre plus de 20 ‘se battre’”, a rétorqué mercredi 10 février l’élue Madeleine Dean.

    Pire, selon Stacey Plaskett, il a désigné à la vindicte son propre vice-président Mike Pence, qui avait refusé de stopper la certification du résultat des élections, ou la cheffe des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi.

    Il “a mis une cible sur leur dos et la foule a fait intrusion dans le Capitole pour les chasser”, a-t-elle lancé, en montrant des images d’une potence érigée face au bâtiment, de manifestants appelant à “pendre” Mike Pence, d’autres appelant, menaçant, “Naaancy, Naaancy...” dans les couloirs du Congrès.

    Trump reste très populaire chez les Républicains

    Leur exposé des faits a été salué par le sénateur républicain John Thune. “Ils ont fait un bon travail pour souligner les liens... pour remonter le temps”, a-t-il déclaré à des journalistes lors d’une interruption de séance.

    “Tout l’été, les gens ont fait ce genre de choses”, a toutefois minimisé son confrère Roy Blunt, en référence aux grandes manifestations antiracistes qui, parfois, ont été émaillées de violences.

    Donald Trump reste très populaire dans une partie de l’électorat et exerce encore une forte influence sur le parti républicain.

    Si une poignée de sénateurs du “Grand Old Party” se sont dits prêts à le condamner, et que certains lui ont imputé une responsabilité dans l’attaque, il semble peu probable que 17 joignent leur voix aux démocrates pour le déclarer coupable, et in fine le rendre inéligible.

    L’audience a été ajournée en début de soirée. L’accusation reprendra son exposé jeudi, avant le tour de la défense qui disposera également d’un maximum de deux jours.

    Même si Donald Trump est acquitté, comme il y a un an lors de son premier procès en destitution, son horizon judiciaire restera chargé: en plus des investigations sur ses affaires menées à New York, une procureure de Géorgie a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur les pressions qu’il a exercées sur des responsables électoraux de cet Etat-clé.

    À voir également sur Le HuffPost: Pour son investiture, Biden a joué l’antithèse de Trump et son “carnage américain”

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      Trump restera banni de Twitter, même s'il se représente en 2024

      Le HuffPost · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 10 February, 2021 - 17:49 · 2 minutes

    Donald Trump à Washington le 12 janvier 2021 (AP Photo/Gerald Herbert, File)

    RÉSEAUX SOCIAUX - Persona non grata. Alors que son deuxième procès en destitution s’est ouvert ce lundi 8 février, Donald Trump n’est pas prêt de pouvoir poster à nouveau des messages sur Twitter .

    L’ancien président américain, dont le compte avait été supprimé du réseau social après les événements survenus le 6 janvier au Capitole, restera banni pour toujours. Et ce même s’il devait se représenter à la présidentielle américaine de 2024, a indiqué ce mercredi Ned Segal, le directeur administratif et financier (DAF) de Twitter.

    Interrogé par CNBC, ce dernier a expliqué: “quand vous êtes banni de la plateforme, vous êtes banni de la plateforme. Que vous soyez commentateur ou un ancien ou actuel représentant public”. Évoquant ensuite le règlement de la plateforme, il a ajouté: “notre politique est conçue pour s’assurer que les gens n’incitent pas à la violence. Si quelqu’un fait ça, nous ne pouvons pas lui laisser l’accès au service. Et notre politique ne prévoit pas de retour en arrière”.

    La décision de Twitter de supprimer le compte de Donald Trump avait déclenché des remous sur la plateforme et des débats enflammés : l’ancien président pouvait-il être considéré comme n’importe quel utilisateur?

    “Je ne ressens aucune fierté à l’idée que nous ayons dû bannir Donald Trump”, avait confié le PDG de Twitter Jack Dorsey évoquant un ”échec de notre part à promouvoir une conversation saine”. Mardi, lors d’un bilan financier, il a toutefois assuré que la stabilité économique de l’entreprise n’avait pas été bousculée par le départ de Donald Trump. “Nous sommes une entreprise qui est beaucoup plus large qu’un seul sujet de conversation ou qu’un seul compte”, a notamment déclaré le dirigeant.

    Reste à savoir si le magnat de l’immobiliser pourra un jour se représenter à la présidentielle américaine. Si à l’issue de son deuxième procès en destitution , Donald Trump est jugé coupable “d’incitation à l’insurrection”, les sénateurs pourront organiser s’ils le souhaitent un second vote en invoquant le 14e amendement. Ce dernier, né de la Guerre de Sécession, interdit à quiconque ayant “participé à une insurrection ou rébellion” contre les États-Unis de se présenter à une élection. Pas besoin de l’accord des deux tiers du Sénat, une simple majorité suffirait alors.

    À voir également sur Le HuffPost: Joe Biden ne veut plus que Donald Trump reçoive d’informations confidentielles

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      Pour son procès en destitution, Trump refuse de témoigner au Sénat

      Maxime Bourdeau · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 4 February, 2021 - 22:26 · 3 minutes

    Trump refuse de témoigner devant le Sénat à son procès en destitution (photo du 13 novembre 2020 à la Maison Blanche. REUTERS/Carlos Barria)

    ÉTATS-UNIS - Il n’apparaîtra pas à la barre. À quelques jours du début de son procès en destitution , Donald Trump a annoncé ce jeudi 4 février qu’il ne témoignerait pas devant le Sénat pour se défendre.

    Par l’intermédiaire de l’un de ses conseillers, l’ex-président républicain a décliné une invitation formulée par l’élu démocrate qui mène l’accusation dans ce dossier.

    Il a précisé qu’il ne participerait pas à “une procédure contraire à la Constitution”, angle d’attaque qu’il a choisi pour contester ce procès dans lequel il sera jugé à partir de mardi 9 février pour “incitation à l’insurrection” lors de l’assaut sur le Capitole le 6 janvier .  Ses avocats ont eux aussi immédiatement dénoncé un “coup de communication” dans une procédure “anticonstitutionnelle”.

    “Cela confirme ce que tout le monde sait: vous ne pouvez pas prouver vos accusations contre le 45e président des États-Unis, qui est redevenu un simple citoyen”, selon eux.

    “Votre refus pourra peser lourd contre vous”

    Le démocrate Jamie Raskin, qui jouera le rôle de procureur lors des audiences, avait invité Donald Trump à “témoigner sous serment avant ou pendant le procès à propos de sa conduite le 6 janvier”. “Nous proposons que votre témoignage, qui comprendra bien sûr un contre-interrogatoire, ait lieu entre le lundi 8 et le jeudi 11 février”, lui avait-il écrit.

    Avant de le prévenir que “si vous déclinez cette invitation, nous nous réservons tous les droits, y compris celui d’argumenter lors du procès que votre refus de témoigner pèse lourdement contre vous en ce qui concerne vos actions (ou votre inaction) du 6 janvier”.

    “Les présidents Ford et Clinton avaient témoigné pendant leur procès et la Cour suprême a décrété l’an dernier que vous n’étiez pas à l’abri de poursuites judiciaires en tant que président, il n’y a donc pas de doute que vous êtes en capacité de témoigner au cours de cette procédure”, avançait le procureur démocrate.

    Condamnation peu probable

    L’ancien président républicain est accusé d’avoir encouragé ses supporteurs à se lancer à l’assaut du Capitole, au moment où les élus certifiaient la victoire de Joe Biden à la présidentielle.

    Juste avant l’attaque, il s’était adressé à une foule de manifestants réunis à Washington pour contester sa défaite. “Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles. Vous devez montrer de la force”, leur avait-il lancé.

    Une semaine plus tard, la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, l’a mis en accusation et Donald Trump est devenu le premier président de l’Histoire des États-Unis à subir à deux reprises l’infamie d’un impeachment .

    Il avait en effet déjà été renvoyé en procès à la fin 2019 pour avoir demandé à l’Ukraine d’enquêter sur le fils de Biden. Il n’avait pas témoigné à ce premier procès et avait été rapidement acquitté par un Sénat à majorité républicaine. Même si les démocrates ont depuis repris le contrôle de la chambre haute, il leur sera difficile de rallier suffisamment de républicains pour atteindre le seuil de 67 sénateurs sur 100 nécessaire pour un verdict de culpabilité.

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      La destitution de Trump ne doit pas devenir un procès politique

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 14 January, 2021 - 09:46 · 6 minutes

    Trump fraudes

    Par Frédéric Mas.

    Pour la seconde fois de son mandat de président des Etats-Unis, Donald Trump fait face à une procédure de destitution (impeachment) portée par la majorité de la chambre des représentants réunie ce mercredi 13 janvier.

    Les démocrates ont été rejoints par une partie de la droite républicaine pour condamner les messages ambigus du président en exercice après l’assaut contre le Capitole et demander sa condamnation, et cela à moins d’une semaine de la prise de poste de son successeur Joe Biden .

    Si la faute de Donald Trump est très réelle, l’organisation d’un procès postérieur à son mandat risque fort de se transformer en procès moral de l’héritage politique de Trump en général.

    Plutôt que d’apaiser les tensions idéologiques et culturelles qui traversent le pays, il risque de charrier son lot de purges idéologiques au nom de la « détrumpification » et de facto mettre en péril l’esprit de la démocratie américaine. Il se pourrait cependant que le premier amendement sur la liberté d’expression lui sauve la mise, au grand dam de ceux qui veulent faire de sa punition un exemple politique.

    Le fait accuse, le résultat n’excuse rien

    Donald Trump a fait face à une première tentative de destitution qui n’avait pas abouti en 2019 pour abus de pouvoir et obstruction du Congrès. Accusé de collusion avec une puissance étrangère afin d’interférer dans le bon déroulement de l’élection présidentielle, le sénat l’avait acquitté en février 2020.

    Trump avait été accusé de chercher à impliquer l’Ukraine dans la campagne afin de salir la réputation de son adversaire démocrate d’alors, devenu entre temps le 46e président des Etats-Unis.

    La seconde procédure de destitution initiée mercredi se fait cette fois-ci pour « incitation à l’insurrection ». Alors qu’aucun représentant républicain n’avait voté en faveur de la destitution de Trump la première fois, 10 membres du parti de droite ont rejoint le camp démocrate, unanime pour initier la procédure judiciaire. La remise en cause de la régularité de l’élection présidentielle par Donald Trump s’est vite transformée en un procès violent adressé à la légitimité des institutions.

    Les positions publiques de l’ancien président au moment de l’émeute de Washington ont motivé la décision des élus. Dans une réunion publique, Donald Trump a ainsi déclaré : « Je sais que tout le monde ici va bientôt marcher vers le bâtiment du Capitole pour faire entendre vos voix pacifiquement et patriotiquement » . Il a ensuite ajouté : « Si vous ne vous battez pas comme un diable, vous n’aurez plus de pays. »

    A plusieurs reprises, il a encouragé ses supporters à ne pas laisser faire les choses et à s’opposer à une élection « volée ». Au moment de la prise d’assaut du Capitole, Trump a même Twitter : « Ce sont les choses et les événements qui se produisent lorsqu’une victoire électorale sacrée est dépouillée de façon si peu cérémonieuse et si vicieuse. »

    Ça sera maintenant aux membres du Congrès de déterminer si ces propos plus qu’ambigus ont joué un rôle dans la désacralisation du temple de la démocratie qu’est le Capitole.

    Une procédure inédite

    Donald Trump n’est pas seulement le premier président à faire face à deux tentatives de destitution. Si la seconde procédure aboutit, alors elle pourrait se dérouler après son mandat, ce qui serait du jamais vu. Les spécialistes débattent encore sur la possibilité d’un tel scénario.

    Le risque d’un procès post-mandature est de voir le nouveau pouvoir politique s’instituer en procureur de tout le bilan politique de Trump, et par extension d’une droite américaine qu’ils ont intérêt à voir divisée et surtout loin des affaires publiques, et cela pour longtemps.

    En d’autres termes, le risque est fort d’étendre la faute de Trump pour en faire une tache morale collective destinée à diaboliser l’ensemble des adversaires du nouveau progressisme dominant, et cela sans nuance aucune, au détriment de la liberté de conscience, d’expression et du pluralisme démocratique. Déjà, les médias , les éditorialistes et les réseaux sociaux appellent à l’invisibilisation de tout ce qui se rapporte de près ou de loin à Trump et à ses idées.

    La procédure judiciaire, en se transformant en un Barnum politique anti-Trump, risque ainsi de fragiliser une démocratie américaine dont le bon fonctionnement repose sur le dialogue et le consensus portés populaires sur ses institutions libérales.

    Pour reprendre une distinction inspirée du philosophe John Rawls , s’il peut être rationnel de chercher à destituer Trump, c’est-à-dire ici conforme aux intérêts de l’équipe nouvellement élue, cela pourrait ne pas être raisonnable, c’est-à-dire acceptable publiquement par la droite défaite.

    Et si la droite n’accepte pas la défaite dans les mêmes termes politiques et constitutionnelles que la gauche, la guerre civile dans les têtes n’est pas près de s’éteindre, et le fonctionnement régulier des institutions entravé. C’est le retour au fameux esprit de « factions » que les Fondateurs de la République américaine ont cherché à conjurer en adoptant les principes du gouvernement représentatif.

    Trump protégé par le premier amendement ?

    Le premier amendement de la constitution pourrait toutefois dédouaner Donald Trump et renvoyer l’ensemble du problème à la case départ.

    Comme le rappelle Jacob Sullum dans Reason , même le discours incitant à l’action illégale est protégé comme participant de la liberté d’expression depuis un arrêt de la Cour Suprême de 1969 Brandeburg v. Ohio :

    « Contrairement à Clarence Brandenburg, le membre du Klan dont la Cour suprême a jugé les poursuites anticonstitutionnelles, Trump ne préconisait pas d’enfreindre la loi, même en termes généraux. À première vue, son discours n’appelait qu’à une protestation pacifique. ».

    Sullum ajoute :

    « Lorsque Trump a envoyé ses partisans en colère au Capitole dans le cadre d’une mission vouée à l’échec pour empêcher Biden de prendre ses fonctions en exprimant leur mécontentement face à cette perspective, la violence était prévisible. Mais cela ne suffit pas pour satisfaire les standards posés par la juridsprudence Brandeburg ».

    Si c’est le cas, l’ouverture de la procédure de destitution du président sortant est vouée à l’échec, et sa disparition du paysage politique tant désirée par le camp démocrate peu probable.

    La procédure de destitution de Donald Trump risque fort de se transformer en stress test pour la démocratie américaine. Sera-t-elle assez solide pour éviter que l’exigence démocratique de justice ne dégénère en guerre ouverte contre la liberté d’expression ?