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      Éolien : le vent n’est pas et ne sera jamais rentable

      Michel Negynas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 18 January, 2021 - 03:30 · 5 minutes

    renouvelables

    Par Michel Negynas.

    Au départ, il y a plus de vingt ans, est née une fausse bonne idée : le vent est gratuit, et l’exploiter est le moyen le plus vertueux de produire de l’énergie.

    Cela fait partie des rêves écologistes, sympathiques au départ, avec un brin de poésie… mais qui tournent au vinaigre en face des réalités. C’est une situation assez courante, et la réponse de l’ écologisme politique est en général de se perdre dans la dissonance cognitive, c’est-à-dire de compenser par une fuite en avant idéologique ce que lui révèlent les données factuelles.

    Les subventions et les avantages initiaux donnés à la filière ne sont pas, en eux-mêmes, choquants. En effet, pour atteindre des coûts et des performances pérennes, toute activité a besoin d’expérience et d’effet d’échelle… Mais jusqu’à un certain point.

    Ainsi, en France, mais c’est vrai pour les autres pays occidentaux, dans un marché qu’on voudrait libéralisé, l’éolien bénéficie encore des avantages suivants :

    L’obligation d’achat

    C’est l’avantage le plus décisif et le plus étranger à un marché qui se voudrait libéral. Quel que soit le besoin, dès que les éoliennes produisent, le réseau doit acheter cette électricité. Cela oblige les autres producteurs à freiner leurs livraisons, et donc augmente leurs coûts au kWh, puisque leurs frais fixes sont moins couverts. Ceci est particulièrement défavorable au nucléaire, dont les frais fixes sont prépondérants par rapport aux coûts variables du combustible.

    Pire, dans certains contrats, si on oblige les opérateurs à arrêter leurs éoliennes (par exemple si, en été, le vent donne plus que les besoins), les opérateurs reçoivent une contrepartie égale à ce qu’ils produiraient à puissance maximale au prix qui leur est garanti. Ces opérateurs gagnent ainsi plus d’argent à ne pas produire qu’à produire.

    Les surcoûts

    Engendrés par l’intermittence et les caractéristiques technologiques ils sont supportés par le réseau. Comme montré dans un précédent article, ces coûts sont énormes. Par exemple, pour l’ offshore , le raccordement peut représenter 25 % de l’investissement total .

    Les prix d’achat

    Ils ont été longtemps fixés indépendamment de toute référence de marché. Ils sont maintenant soumis au marché, mais avec une compensation entre un prix garanti et le prix spot. Cela aurait pu paraître plus raisonnable, sauf que plus les prix spots sont bas, plus cela coûte à la collectivité. Et on verra que les prix spots seront de plus en plus souvent très bas.

    Les régulateurs

    Sous la pression des opérateurs, ils relâchent les règles sanitaires, sociales et environnementales d’autorisation des installations. Il est en théorie plus simple d’ériger cinq éoliennes de 250 m de haut que de construire un hangar de stockage d’électroménager. Seules les actions juridiques des opposants freinent l’hystérie des autorités et les actions marketing des opérateurs, lesquels sont souvent à la limite de l’éthiquement correct.

    La réalité crève les yeux

    Mais une activité qui a encore besoin d’être soutenue artificiellement après plus de vingt ans, et alors que les coûts sont arrivés à maturité, cela pose évidemment des questions embarassantes. D’autant plus que l’Allemagne nous fournit gracieusement une expérience en vraie grandeur de ce que nous prévoyons, nous aussi, de réaliser. Elle a construit 72 GW d’éolien. Voilà ce que cela donne sur la semaine du 11 au 17 janvier. Tout est en ligne sur le site Energy charts de Fraunhofer :

    L’apport du vent a varié en quelques jours de 40 GW à 4 GW ! Et où est le stockage, maintes fois promis, pour compenser l’intermittence ? Il n’existe pas, et ne sera jamais, et de loin, à hauteur des enjeux .

    Alors, qu’est ce que ça donne sur les prix de marchés (en bourse, pas les prix subventionnés). Eh bien le site de Fraunhofer publie une courbe pour l’année 2020 absolument parlante qu’il convient d’analyser.

    Sur cette courbe, on constate plusieurs éléments factuels :

    • Le réseau de points est bien plus dense entre 0 et 20GW, cela reflète bien que même quand elles tournent, les éoliennes sont généralement loin de leur puissance nominale.
    • Des écarts énormes de prix, de plus 200 euros à moins de 75 euros. Même si ces évènements sont rares, ils dénotent quand même un marché qui dysfonctionne.
    • Une remarquable anticorrélation linéaire entre prix de marché et puissance délivrée par l’éolien ; sans vent on est à 40 euros, un prix probablement très influencé par les prix de cession (imposés) du nucléaire. À environ 60 GW de vent, on est à zéro.

    Cette courbe reflète un raisonnement tellement bête que nos gouvernements successifs ne semblent pas l’avoir compris ; l’ENA prépare à de puissantes circonvolutions sémantiques, pas à des constatations factuelles.

    En effet, à partir d’une certaine pénétration de l’éolien dans le mix, soit il n’y a pas de vent, le prix de marché est élevé car la denrée produite est rare. Mais les éoliennes n’ont rien à vendre. Soit il y a pléthore, et la valeur du produit chute drastiquement car tous veulent vendre. Cela est du à une caractéristique essentielle et constamment occultée de l’électricité : à chaque seconde, la production doit égaler la consommation en tous points du réseau. Or, contrairement au discours des opérateurs d’ENR, généralement, la situation venteuse est la même sur une grande partie de l’Europe, y compris en mer. Il y a très souvent pénurie, ou, a contrario , surproduction. Et plus d’interconnexion ne changera rien.

    Conclusion

    Par nature l’éolien ne peut être rentable dans un marché vraiment libéralisé. Il ne le sera jamais. Il ne produit que lorsque les prix sont inférieurs à ses seuils de rentabilité. Et cela ira de pire en pire : actuellement, l’Allemagne a encore la possibilité d’exporter ses surplus sur ses voisins. Qu’en sera-t-il lorsque ceux-ci en seront au même point qu’elle ?

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      Hausse des tarifs d’électricité : la Covid-19 a bon dos

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 13 January, 2021 - 04:00 · 4 minutes

    covid II

    Par Michel Gay.

    Alors que la sécurité d’approvisionnement diminue et que le gestionnaire du réseau d’électricité (RTE) envisage des coupures de courant cet hiver, la Commission de régulation de l’électricité (CRE) prévoit une nouvelle augmentation de 1,7 % de l’électricité le 1er février 2021 pour les particuliers.

    Elle sera même de 3,02 % pour les professionnels. Cette dernière hausse sera donc répercutée sur les produits manufacturés vendus ensuite aux particuliers.

    De qui se moque-t-on ?

    Selon la CRE, cette hausse serait alimentée par de nombreux facteurs, « presque tous » liés à la crise économique et aux conséquences sanitaires de la pandémie.

    Tout est dans le « presque tous » et dans la valeur relative accordée à ces facteurs dans cette hausse.

    La CRE évoquerait notamment « l’évolution des coûts de commercialisation due aux effets de la crise sanitaire liée au Covid-19 » et « l’augmentation du coût de l’approvisionnement en énergie » des fournisseurs sur le marché de gros.

    Mais ce ne sont que des causes secondaires…

    La cause principale, passée sous silence, est constituée par les énormes subventions attribuées par dizaines de milliards d’euros aux éoliennes et aux panneaux photovoltaïques.

    Mais le plus fort réside dans la justification de cette hausse par la CRE.

    Ainsi est-il indiqué que :

    « La hausse du prix de gros de l’électricité s’inscrit dans un contexte global de remontée du prix des commodités, avec des hausses du prix du charbon de 12 % » alors que le charbon n’existe pratiquement plus dans la production nationale d’électricité ( 0,3 % en 2019 ),

    « du prix du gaz (PEG) de 9 % » alors que le gaz représente moins de 8 % de la production d’électricité,

    « du prix du Brent de 19 % » alors que le pétrole est quasiment inexistant (0,4 %) dans la production française d’électricité,

    « et du prix du quota CO 2 de 20 % » alors que justement la production d’électricité émet peu de CO2 en France et que ces émissions sont stables ou en baisse !

    L’électricité avait déjà augmenté de 5,9 % le 1er juin 2019, de 1,23 % le 1er août 2019, de 2,4 % en février 2020, et de 1,54 % en août 2020.

    La faute à qui et à quoi ?

    Qui paie les milliards d’euros de subventions annuelles engagés pour 20 ans pour « soutenir » éoliennes et panneaux photovoltaïques ?

    Qui paie les milliards d’euros supplémentaires nécessaires pour alimenter les certificats d’économie d’énergie servant notamment à isoler (plus ou moins bien) les logements pour… un euro ?

    Qui paie les folies dépensières de certains de nos élus comme, par exemple, des routes solaires inefficaces et ruineuses ou des stations hydrogène superflues ?

    Qui paie pour intégrer dans la facture du réseau de RTE le raccordement de l’immense gabegie (25 milliards d’euros) des éoliennes en mer pour en diminuer artificiellement le coût total ?

    La Covid-19 et le nucléaire ont bon dos

    Accuser la Covid-19 et le nucléaire d’augmenter le coût de production d’électricité est un écran de fumée scandaleux alors que, dans le même temps, presque tous les « distributeurs » d’électricité viennent biberonner la production nucléaire bas tarif (42 euros par mégawattheure) que leur procure l’accès régulé à l’énergie nucléaire historique (ARENH).

    Ils demandent même une augmentation du plafond de l’ARENH dans le but de pouvoir concurrencer davantage le producteur EDF aux prix de production… trop bas !

    La Commission européenne veut niveler les prix de vente de l’électricité… par le haut pour favoriser la concurrence des entreprises danoises et allemandes dont le coût de production est trop élevé ! Le prix de vente de l’électricité dans ces deux pays y est deux à trois fois plus élevé qu’en France à cause des éoliennes et des panneaux photovoltaïques qu’il faut subventionner !

    De plus, les antinucléaires cherchent par tous les moyens à faire augmenter le coût de production du nucléaire sous des tracasseries diverses en apeurant la population avec des déclarations péremptoires et fausses ( Tchernobyl et son « nuage », Fukushima , incidents sans gravité montés en épingle à Fessenheim …)

    La facture va grimper

    Oui, notre facture d’électricité augmente avec le soutien financier inconditionnel des gouvernements successifs aux énergies renouvelables depuis 10 ans. Et c’était prévisible depuis 10 ans .

    Le pire est à venir car le gouvernement actuel, comme les précédents, ne fait rien pour enrayer la machine infernale de la désastreuse « transition énergétique » fondée sur les énergies renouvelables intermittentes et soutenue par la loi de transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015.

    Seuls quelques parlementaires « audacieux » alertés par différents rapports de la Cour des comptes commencent à s’émouvoir de la facture démentielle pour les Français.

    Une Commission d’enquête sur le coût des énergies renouvelables présidée par le député Julien Aubert a rendu ses conclusions en juillet 2019 et souligne la gabegie financière des énergies intermittentes éoliennes et photovoltaïques.

    Les parlementaires découvrent l’ampleur de certains circuits financiers « autonomes » et la profondeur des sables mouvants où disparaissent inutilement par dizaines de milliards d’euros l’argent que les consommateurs paient par des taxes sur leur factures d’électricité, de gaz, et aussi de carburant , et par leurs impôts !

    Quelqu’un va-t-il enfin mettre fin à cette incroyable mascarade ruineuse pour les Français ?

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      L’électricité en passe de devenir un bien rare

      Philippe Charlez · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 12 January, 2021 - 03:30 · 4 minutes

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    Par Philippe Charlez.

    Ce qui est rare est précieux et attise souvent toutes les convoitises. Un collectionneur recherche toujours les timbres ou les pièces de monnaie les plus rares. Une question d’ego chez l’être humain : si je détiens quelque chose de rare, il est peu probable que mon voisin possède le même objet. Détenir la rareté est donc socialement discriminant et pour beaucoup symbole de réussite et de pouvoir.

    Derrière la rareté, se cache aussi une logique économique . Plus un bien est rare plus l’offre est réduite par rapport à la demande et plus son prix augmente. L’origine de la rareté peut être purement naturelle. Ainsi, le prix des métaux contenus dans l’écorce terrestre dépend de leur rareté : alors que la teneur en cuivre est mille fois inférieure à celle du fer, ce chiffre monte à 750 000 pour l’argent et 14 millions pour l’or.

    La rareté conjoncturelle de l’électricité

    La rareté est aussi conjoncturelle : les aléas de la météo ou des périodes de guerre influencent le volume des récoltes, rendant les céréales plus rares et plus chères. Elle est géographique dans la mesure où ce qui est abondant à un endroit peut s’avérer rare à un autre. Enfin, la rareté peut être organisée artificiellement pour faire monter artificiellement les prix, une pratique récurrente au cours de l’Histoire.

    Parallèlement à la rareté, certaines commodités associées à notre société de croissance sont devenues des biens de consommation ordinaire. Tellement ordinaire qu’on ne peut dans notre inconscient en envisager la rareté. Ainsi en est-il de l’électricité. Invisible mais tellement commode, elle nous est délivrée aujourd’hui sans parcimonie.

    Pourtant sa rareté n’est pas si lointaine en Europe. À la fin du XIXe siècle, alors que les villes commencent à s’éclairer, les villages restent pour plusieurs décennies dans l’obscurité. Il faut attendre la fin des années 1930 pour que l’électrification rurale s’accomplisse avec 96 % de la population française raccordée au réseau. L’électricité reste aujourd’hui une rareté quotidienne pour beaucoup de Terriens : en 2020, seulement la moitié des Africains y avaient accès.

    Si la rareté des masques et des tests a accompagné la France durant la pandémie du Covid-19, en revanche l’Hexagone a pu compter sur l’abondance de son électricité nucléaire. Une électricité totalement décarbonée pourtant remise en question par les chantres de la « transition idéologique » préférant à l’abondance du nucléaire la rareté des renouvelables intermittents fournissant de l’électricité entre… 10 % et 20 % du temps. La fermeture purement politique des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim en fut la déplorable expression le 29 juin 2020.

    Ce choix délibéré de la rareté se concrétise aujourd’hui dans les chiffres. Il a été anticipé par de nombreux spécialistes. Le 20 novembre 2020 Michel Negynas titrait dans Contrepoints : « Électricité : faut-il s’inquiéter d’un possible black-out ? » L’auteur y pointe que malgré une puissance théorique de 134 GW, on pourra durant l’hiver compter au mieux sur 90 GW, l’éolien et le solaire étant aux « abonnés absents » durant la majorité de la période hivernale : très peu de soleil avec des journées réduites à 8 heures et presque pas de vent durant les épisodes anticycloniques hivernaux.

    Sans en détailler les raisons, une campagne de communication des autorités a débuté début janvier incitant les Français à consommer moins d’électricité pour éviter un black-out potentiel. Et il y a effectivement de quoi s’inquiéter puisque depuis quelques jours, la consommation flirte régulièrement avec les 90 GW. Ainsi le 7 janvier deux pics à plus de 85 GW ont été observés à 8 heures 15 et à 19 heures.

    Le solaire aux abonnés absents

    Lors de ces pics le solaire photovoltaïque et l’éolien étaient comme prévu aux abonnés absents contribuant pour seulement 1,5 % de la production électrique. Bien décevant quand on compare aux 150 milliards d’euros investis par l’État dans les ENR.

    En choisissant pour des raisons purement démagogiques de réduire le nucléaire au profit des renouvelables intermittents, le gouvernement fait implicitement le choix de la rareté électrique. Une rareté qui comme toute commodité rare s’accompagnera inévitablement d’une flambée des prix du kWh.

    Ce choix est d’autant plus critiquable que l’ objectif de neutralité carbone en 2050 reposera sur une croissance très significative de la demande d’électricité. Pour être socialement acceptable cette électricité devra certes être propre mais aussi disponible et abordable. Seul le nucléaire pourra fournir cette abondance décarbonée.

    Arrêtons pendant qu’il est encore temps cette fuite en avant vers la rareté et relançons la filière nucléaire française en confirmant le plan de carénage des réacteurs existant ainsi que la construction des centrales EPR prévues au plan.