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      Le chèque psy pour les étudiants, une mesure encore fragile

      Imane Lyafori · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 13 February, 2021 - 11:13 · 6 minutes

    CORONAVIRUS - La “génération sacrifiée” peine à naviguer à travers cette crise sanitaire. La santé mentale des étudiants se dégrade de jour en jour, certains allant jusqu’à commettre des actes manifestant une grande détresse psychologique. Depuis ce 1er février, un chèque psy est mis à disposition de tout étudiant ressentant le besoin d’être écouté.

    Ce dispositif, introduit par la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal , permet de “consulter un psychologue, un psychothérapeute, ou un psychiatre et suivre des soins”, sur trois séances d’au moins 45 minutes chacune. Elles sont entièrement prises en charge sur présentation de sa carte étudiante.

    L’initiative de la ministre de l’Enseignement supérieur, qui est promue comme la solution face aux difficultés psychologiques rencontrées par la jeunesse, dans ce contexte bien particulier, suscite malgré tout des réserves.

    “Flou total”

    Élodie, 23 ans, étudiante en master, a suivi sa première séance mercredi 10 février. Elle a “bien accroché” avec le psy qu’elle a rencontré. Un coup de chance, selon elle: “J e suis tombée sur quelqu’un de très sympathique et vraiment à l’écoute. J’avais peur que ce ne soit pas le cas. J’étais dans le flou total, on ne sait pas vraiment avec qui on prend rendez-vous”, confie-t-elle au HuffPost .

    Un manque de transparence de la part du gouvernement qu’elle déplore. “Ils ne communiquent pas assez sur ce dispositif. Si des amis ne m’avaient pas envoyé le lien , je n’aurais jamais su que c’était possible”.

    Cette absence de visibilité et de précision, la psychologue derrière le compte Twitter @lapsyrevoltee , Gabrielle*, la dénonce aussi: “Il faut indiquer les spécialités des psychologues dans ces listes. Comment voulez-vous aider un étudiant si vous ne savez pas de quoi il a besoin? Comment faire dans le cas où il se retrouverait face à un.e spécialiste des troubles du comportement alimentaire s’il a besoin d’échanger sur des traumatismes liés aux violences sexuelles? Et qu’en est-il de ceux qui sont à la recherche d’un.e praticien.nne bien spécifique type LGBTQ+ friendly ou racisé.e?”.

    La prochaine séance est dans une quinzaine de jours. Je pense faire celles qui sont gratuites. Ce serait bête de ne pas profiter du dispositif après tout. Elodie, étudiante en master

    En sortant de sa première séance, les a priori d’Élodie se sont envolés: “C’était assez dur au début, mais j’ai fini par m’ouvrir. La psychologue m’a aidée à avoir un regard plus positif sur l’avenir. Elle m’a aidée à adopter un point de vue différent sur la situation et à reprendre un peu d’espoir, à me dire que ça allait passer.“

    La jeune femme ajoute: “J’ai surtout besoin que l’on m’aide à gérer mon stress et à faire face aux phases angoissantes. Mais en soi, ça peut aller. [...] La prochaine séance est dans une quinzaine de jours. Je pense faire celles qui sont gratuites. Ce serait bête de ne pas profiter du dispositif après tout.” Elle ne pense pas continuer après ça, car ”ça reste un coût”, avoue-t-elle.

    Mais comment faire quand trois séances ne suffisent pas à soulager un mal-être profond? Une séance d’environ 1 heure chez un psychologue (dans le privé) coûte entre 60 et 90 euros. Les CMP (centres médico-p sychologiques)? Impossible, selon Gabrielle*: “Nous avons dépassé les un an d’attente dans ces centres. Aujourd’hui, il n’y a plus aucune place de disponible.”

    La praticienne pointe du doigt une mesure créée dans l’unique but “[d’]acheter la paix sociale et [de] ne pas avoir de suicides sur les bras.” Elle affirme, “Pour moi, il n’y a pas de vraie volonté de suivi et d’approfondissement.”

    Il y a un dédain envers la santé mentale en France Gabrielle*, psychologue

    Selon Gabrielle*, “on préfère mettre les gens sous médicaments”. La santé mentale, invisible à l’œil nu, serait sous-estimée en France, d’après elle. “Ce n’est pas de la thérapie mais du screening (dépistage, NDLR), que l’on nous demande de faire. C’est un dispositif de dépistage et non pas une véritable thérapie.”

    Le problème, explique-t-elle, c’est que “trois séances ne suffisent pas pour se lancer dans une thérapie. Et puis, c’est trop dangereux. On risque de réveiller des blessures trop profondes. Et si la personne ne va pas au-delà de ces trois séances (notamment par manque de moyens) alors, c’est prendre le risque de la lâcher dans la nature, dans cet état là”.

    Florian Tirana, président de l’association Nightline , une ligne d’écoute anonyme pour étudiants, fait le même constat, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article : “Cette mesure n’apporte pas de solutions sur le long terme. Les personnes au bout du fil nous parlent essentiellement de leur grande solitude. C’est ce qui les fait le plus souffrir”. L’étudiant explique: “Nos appels ont explosé depuis le premier confinement. On a dû recruter plus de bénévoles. D’autres antennes (Lille, Lyon, Toulouse) vont justement voir le jour pour répondre aux demandes”.

    L’argent comme principal obstacle

    Elodie compte appliquer les conseils de la psychologue: “Elle m’a montré des exercices de respiration en cas de crises d’angoisse.” “J e pense que ces 3 séances sont nécessaires, confie-t-elle, elles peuvent permettre de tenir le coup en cette période compliqué. Je ne suis pas sûre que ce soit suffisant mais c’est déjà ça.”

    Le coût d’un suivi psychologique reste un facteur déterminant. Souvent, pour cause de précarité, les étudiants ne peuvent pas s’offrir le luxe d’être écoutés et compris par un professionnel. “Je ne comprends pas pourquoi une séance chez le kinésithérapeute est remboursée et pas une séance chez le psychologue. La Suède a appliqué ce modèle et c’est très efficace”, soutient Gabrielle*.

    Priver une partie de la population de soins vitaux, qui plus est celle qui représente l’avenir d’un pays, par manque d’accessibilité financière serait “une grave erreur” selon la psychologue.

    “Ubérisation de la profession”

    Cet “effet d’annonce qui permet de ne pas prendre de vraies mesures”, affirme-t-elle, nuirait également aux praticiens. “Il y a une véritable ubérisation de la profession puisque ce dispositif ne nous est en aucun cas profitable.”

    Le dispositif revoit le prix de la séance à la baisse, explique-t-elle: “La séance de 45 minutes ne reviendra qu’à 30 euros. Nous ne récupérerons que 15 euros, tout au plus, sur ces 30 euros. Ce n’est pas acceptable. Ceux qui seront contraints d’accepter de faire partie du dispositif sont certainement des diplômés faisant leurs premiers pas dans la profession ou à l’inverse, des psychologues ayant suffisamment d’expérience et une liste de patients bien fournie pour pouvoir offrir leur aide.”

    “Au bout de trois séances, on fait quoi?”, interroge Florian Tirana, qui prédit: “le problème sera le même, voire pire”. Il réclame une vraie réforme du système de santé, notamment mentale, pour les étudiants: “Structurellement, il faut revoir l’organisation de ces services de santé universitaires qui ont besoin de moyens beaucoup plus importants. Nous n’avons aucune réponse.”

    *Le prénom a été modifié

    À voir également sur Le Huffpost: Ces étudiants au bout du rouleau racontent leur solitude et leur précarité

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      Étudiants fantômes: face à la détresse financière et psychologique, notre appel au gouvernement

      Thomas Perez · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 13 February, 2021 - 02:44 · 8 minutes

    Un étudiant travaille dans une résidence universitaire à Toulouse, alors que les cours sont maintenus en distanciel à cause de la pandémie de coronavirus, le 1er février 2021. (Photo GEORGES GOBET/AFP via Getty Images)

    Cette tribune est une version raccourcie de la lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux du collectif Étudiants Fantômes: retrouvez-la sur Twitter @etudiantsfantom

    Par des étudiants fantômes, pour tous les étudiants fantômes.

    La situation sanitaire que nous connaissons est exceptionnelle. Les effets de cette crise sont financiers, sociaux, mais ils sont également psychologiques. En tant qu’ étudiants , nous exprimons depuis quelques semaines ces difficultés, au sein des universités d’abord, auprès de nos responsables pédagogiques. Mais nos dirigeants doivent également être alertés du mal-être étudiant malsain qui règne depuis le début de la crise sanitaire. Nous estimons que, en dehors de tout clivage politique car nous ne nous inscrivons pas dans le cadre d’une lutte idéologique, il s’agit de l’avenir, du bien-être des étudiants et des générations futures qui tiendront dans les décennies prochaines ce pays.

    L’enseignement à l’Université passe avant tout par des interactions avec les professeurs, entre les étudiants. Couper ce lien, c’est amoindrir cette envie que les étudiants ont d’apprendre et de se lever tous les jours pour s’enrichir intellectuellement, ne réduisant l’apprentissage qu’à une simple action mécanique, sans vie, sans goût.

    Nous sommes par ailleurs choqués d’apercevoir qu’il y a, dans le cadre des examens, une pénalisation des élèves atteints de la Covid-19 . Le fait que ces étudiants, n’étant pas allés à leurs examens en présentiel quand il y en avait, ne bénéficient parfois pas d’une nouvelle session d’examen dans les semaines qui suivent est inadmissible. Cela pousse les malades à se rendre en salles d’examen. De ce fait, le risque de contamination augmente considérablement, tout cela car il n’y a pas d’obligation donnée par l’État aux universités de mettre en place une seconde session pour les étudiants atteints de la Covid-19 lors de la première.

    Nous demandons au gouvernement une réouverture des universités selon un modèle hybride: une jauge maximale de 50% de présentiel, tout en diffusant en direct les enseignements pour les étudiants non présents. Et ceci de façon facultative, permettant aux étudiants fragiles face au virus, vivant avec des personnes à risque, étant retournés au sein de leur famille ou préférant les modalités actuelles de poursuivre leur enseignement à distance.

    Sur le volet psychologique , le nombre d’étudiants demandant une consultation avec un professionnel est en augmentation constante depuis ces derniers mois. Les chiffres sont alarmants: 73% des étudiants affirment avoir été affectés aux niveaux psychologique, affectif et/ou physique, 23% des étudiants avouent avoir déjà eu des pensées suicidaires au cours du premier confinement [1]. Ces idées sombres, les tentatives de suicide et les suicides ne devraient pas être devenus une norme au sein du monde étudiant.

    Nous demandons par conséquent au gouvernement d’assumer sa responsabilité et d’investir davantage dans ce domaine, conformément aux préconisations de Nightline France [2] afin d’éviter un dépérissement de la santé mentale des étudiants: des vies sont en jeu.

    Enfin, certains d’entre nous font face depuis le début de la crise sanitaire à des difficultés financières sans précédent.

    Si la généralisation du repas à un euro pour tous les étudiants est une première solution qui allégera la pression financière de certains d’entre nous, quid des étudiants ayant perdu leur travail depuis le début de la crise sanitaire et qui se trouvent dans l’incapacité de s’acquitter de leur loyer? Des étudiants qui ont regagné leur domicile familial et qui se doivent de payer des loyers en résidences universitaires? Des étudiants sans bourse? En 2019, ces derniers étaient au nombre de deux millions [3].

    Nous demandons en ce sens au gouvernement la généralisation d’un système d’aide exceptionnelle pour les étudiants permettant une compensation des revenus perdus ainsi qu’une revalorisation des bourses. Ces dernières doivent nous assurer un minimum vital, nul d’entre nous ne saurait être confronté à des difficultés concernant les études en raison de lacunes financières.

    Comprenez qu’en tant qu’étudiants, nous ne souhaitons pas voir notre travail miné par des conditions de précarité financière ou de détresse psychologique.

    Interprétez cette tribune comme un appel à l’aide, l’expression d’un désespoir général et la volonté de faire de cette période pénible, angoissante et incertaine un mauvais souvenir. Nous vous demandons d’investir sur le long terme car les étudiants d’aujourd’hui représentent la France de demain.

    Nous comptons sur le bon sens de nos dirigeants.

    [1] : https://www.fage.org/ressources/documents/3/6294-DP_13-07-20_Enquete_FAGE-IPSOS_Les-.pdf

    [2] : https://www.nightline.fr/sites/default/files/publications/2020-11/2020-11-16_Nightline-France_rapport_ETPT.pdf

    [3] : https://www.ledauphine.com/france-monde/2019/11/13/logement-bourses-travail-comprendre-la-precarite-etudiante#:~:text=Selon%20un%20rapport%20de%20l,l’ensemble%20de%20la%20population .

    Les cosignataires de cette tribune sont :

    Sénat

    Antiste Maurice : Sénateur de la Martinique - SER

    Artigalas Viviane : Sénatrice des Hautes Pyrénées - SER

    Belin Bruno : Sénateur de la Vienne - LR

    Benbassa Esther : Sénatrice de Paris - EST

    Berthet Martine : Sénatrice de la Savoie - LR

    Bigot Joël : Sénateur de Maine-et-Loire - SER

    Bonnefoy Nicole : Sénatrice de la Charente - SER

    Boyer Valérie : Sénatrice des Bouches-du-Rhône - LR

    Bourgi Hussein : Sénateur de l’Hérault - SER

    Briquet Isabelle : Sénatrice de la Haute-Vienne - SER

    Brisson Max : Sénateur des Pyrénées-Atlantiques - LR

    Cardon Rémi : Sénateur de la Somme - SER

    Carlotti Marie Arlette : Sénatrice des Bouches du Rhône - SER

    Cohen Laurence : Sénatrice du Val de Marne - CRCE

    Conway-Mouret Hélène : Sénatrice représentante des Français hors de France - SER

    Cozic Thierry : Sénateur de la Sarthe – SER

    Darcos Laure : Sénatrice de l’Essonne - LR

    De Marco Monique : Sénatrice de Gironde - EST

    Devinaz Gilbert-Luc : Sénateur du Rhône - SER

    Dossus Thomas : Sénateur du Rhône - EST

    Duplomb Laurent : Sénateur de la Haute-Loire - LR

    Espagnac Frédérique : Sénatrice des Pyrénées Atlantiques - SER

    Féret Corinne : Sénatrice du Calvados - SER

    Fichet Jean-Luc : Sénateur du Finistère - SER

    Filleul Martine : Sénatrice du Nord - SER

    Fournier Bernard : Sénateur de la Loire - LR

    Garriaud-Maylam Joëlle : Sénatrice des français établis hors de France - LR

    Gillé Hervé : Sénateur de la Gironde - SER

    Harribey Laurence : Sénatrice de la Gironde - SER

    Houllegatte Jean-Michel : Sénateur de la Manche - SER

    Joly Patrice : Sénateur de la Nièvre - SER

    Jourda Gisèle : Sénatrice de l’Aude - SER

    Kanner Patrick : Sénateur du Nord - SER

    Kerrouche Éric : Sénateur des Landes - SER

    Klinger Christian : Sénateur du Haut-Rhin - LR

    de La Gontrie Marie-Pierre : Sénatrice de Paris - SER

    Labbé Joël : Sénateur du Morbihan - EST

    Leconte Jean-Yves : Sénateur représentant les français établis hors de France - SER

    Le Houerou Annie : Sénatrice des Côtes-d’Armor - SER

    Lefèvre Antoine : Sénateur de l’Aisne - LR

    Lepage Claudine : Sénatrice des Français Hors de France - SER

    Lienemann Marie-Noëlle , sénatrice Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Paris et ancienne Ministre

    Lubin Monique : Sénatrice des Landes - SER

    Lurel Victorin : Sénateur de la Guadeloupe - SER

    Marie Didier : Sénateur de la Seine-Maritime - SER

    Meunier Michelle : Sénatrice de Loire-Atlantique - SER

    Monier Marie-Pierre : Sénatrice de la Drôme SER

    Montaugé Franck : Sénateur du Gers - SER

    Ouzoulias Pierre : Sénateur des Hauts-de-Seine – CRCE

    Paccaud Olivier : Sénateur de l’Oise - LR

    Poncet Raymonde : Sénatrice du Rhône - EST

    Poumirol Emilienne : Sénatrice de la Haute-Garonne - SER

    Préville Angèle : Sénatrice du Lot – SER

    Redon-Sarrazy Christian : Sénateur de Haute Vienne - SER

    Robert Sylvie : Sénatrice d’Ille-et-Vilaine - SER

    Roger Gilbert : Sénateur de Seine-Saint-Denis - SER

    Rossignol Laurence : Sénatrice de l’Oise - SER

    Sueur Jean-Pierre :  Sénateur du Loiret - SER

    Taillé - Polian Sophie : Sénatrice du Val-de-Marne - EST

    Temal Rachid : Sénateur du Val-d’Oise - SER

    Tissot Jean-Claude : Sénateur de la Loire - SER

    Todeschini Jean-Marc : Sénateur de la Moselle et ancien ministre - SER

    Vaugrenard Yannick : Sénateur de Loire-Atlantique - SER

    Assemblée nationale

    Cariou Emilie : Députée de la Meuse - Co-Présidente des Nouveaux Démocrates

    Coquerel Éric : Député de Seine-Saint-Denis - LFI

    Faure Olivier : Député de Seine-et-Marne - Premier secrétaire du PS

    Forteza Paula : Députée des français établis hors de France - Non-inscrite

    Houlié Sacha : Député de la Vienne - LREM

    Julien-Laferrière Hubert : Député du Rhône - Non-inscrit

    Lassalle Jean : Député des Pyrénées-Atlantiques - L&T

    Le Grip Constance : Députée des Hauts-de-Seine LR (vice présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation)

    Naegelen Christophe : Député des Vosges - UDI et Indépendants

    Obono Danièle : Députée de Paris - LFI

    Person Pierre : Député de Paris - LREM

    Reda Robin : Député de l’Essonne - LR

    Robert Mireille : Députée de l’Aude - LREM

    Rubin Sabine : Députée de Seine-Saint-Denis - LFI

    Taché Aurélien : Député du Val-d’Oise - Co-président des Nouveaux Démocrates

    Trastour-Isnart Laurence : Députée des Alpes Maritimes - LR

    Viry Stéphane : Député des Vosges - LR

    Wonner Martine : Députée du Bas-Rhin - L&T

    Président d’Université

    Brossard Olivier : Président de Science Po Toulouse

    À voir également sur Le HuffPost : La lettre de Lucie étudiante de 21 ans à Macron pour rouvrir les facs

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      Comment éviter une 4e vague psychologique à nos jeunes - BLOG

      Odile Agopian · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 09:25 · 4 minutes

    Une vie étudiante et sociale entre parenthèses. L’apprentissage de la liberté, la responsabilité, parfois même la vie affective sont mis en pause. Plus de

    COVID - Impossible d’y échapper.

    Si l’inquiétude, pendant la dernière vague, portait principalement sur nos aînés touchés durement par la Covid-19 , les projecteurs sont aujourd’hui braqués sur les jeunes, qui mobilisent toutes les inquiétudes. Une vie étudiante et sociale entre parenthèses. L’apprentissage de la liberté, la responsabilité, parfois même la vie affective sont mis en pause. Plus de “petits boulots” pour subvenir à ses besoins primaires, pour préparer ses vacances ou parfois se divertir. Les tensions sont fortes parfois dans les familles, l’isolement pèse dans la solitude des chambres d’étudiants, l’incertitude est présente pour chacun. Des drames aussi, qu’il s’agisse de tentatives de suicide, de développement d’addictions chez les jeunes ou les étudiants.

    Le sujet doit être au cœur de nos attentions, pour les effets immédiats comme long terme. Nous savions déjà que la prise en charge psychiatrique des jeunes était un défi :

    • La moitié des problèmes de santé mentale commence avant l’âge de 14 ans, mais la plupart des cas ne sont ni détectés ni traités;
    • Lorsqu’ils ne sont pas traités, les problèmes de santé mentale des adolescents ont des conséquences physiques et mentales jusqu’à l’âge adulte, limitant la possibilité pour eux de mener une vie épanouissante;
    • À l’échelle mondiale, la dépression est l’une des principales causes de morbidité et d’invalidité chez les adolescents.

    Il est urgent d’agir

    La France n’était pas épargnée en “temps normal”, et le retour à la vie “d’avant” ne sera pas possible avant plusieurs mois; alors avec la Covid-19, il est urgent d’agir, et les appels sont nombreux, car les symptômes sont déjà observés chez les enfants, adolescents et jeunes adultes (avant 25 ans):

    • Les tentatives de suicide beaucoup plus importantes, ce qui alerte et inquiète tous les professionnels;
    • Le nombre de cas de “troubles dépressifs” explose;
    • Un sentiment d’anxiété, une angoisse perpétuelle, l’augmentation de l’irritabilité et des troubles du sommeil, etc.

    Mais aussi un besoin d’informations et d’être rassurés. Des signes que nous voyons parfois. Une main tendue qui doit être saisie de notre part, proches et professionnels.

    Nous avons appris des confinements qu’il existait:

    • Des inégalités d’accès à l’outil informatique, mais un usage très large du digital par les jeunes, à l’aise dans la communication “en virtuel” devenue essentielle avec eux;
    • Des vulnérabilités sociales, avec beaucoup d’étudiants qui renoncent à des soins pour des raisons financières;
    • Un risque renseigné de décrochage scolaire (à tous les âges).

    Le rapport de Sandrine Mörch et Marie-George Buffet en faisait la synthèse: “les constats sont alarmants: plus de 50% des jeunes sont inquiets sur leur santé mentale; 30% des jeunes ont renoncé à l’accès aux soins pendant le Covid-19 faute de moyens”.

    4 mesures simples et efficaces

    Il est donc impératif de prendre des mesures immédiates qui impliquent tous les acteurs. Les professionnels y sont prêts, encore faut-il leur permettre! Nous proposons 4 mesures simples et efficaces:

    1. Si toutes les consultations concernant la Covid-19 sont prises en charge à 100% par l’Assurance Maladie, il est indispensable de le faire aussi largement et facilement (lever l’obligation d’une 1re consultation physique, étendre le Tiers payant) pour les consultations de psychiatrie ou de psychologie en première intention pour les jeunes jusqu’à 25 ans;
    2. Permettre, à tous les établissements de psychiatrie, avec l’appui des intervenants libéraux partenaires, de faciliter l’accès, mais aussi le suivi des jeunes patients en autorisant clairement la prise en charge en distanciel en Hôpital de Jour;
    3. Permettre aux équipes de se rendre au domicile des jeunes patients devient indispensable dans certaines situations. Il faut donc autoriser la prise en charge à domicile en Psychiatrie dans cette période de crise, avant de la rendre possible dans le “droit commun”. Laissons les professionnels accompagner des jeunes aussi chez eux, quand l’hôpital de jour à distance est trop difficile, ou l’hospitalisation non indispensable;
    4. Inviter les collèges, lycées, facultés et écoles à repérer chez les étudiants les difficultés, et les orienter avec des professionnels pour un premier bilan avec une téléconsultation. Les établissements de psychiatrie doivent pouvoir, en lien avec leur ARS, proposer un dispositif innovant de relations avec les écoles de leur territoire dans les meilleurs délais.

    Nous applaudissons toutes les actions volontaristes engagées, comme le “ chèque psy ”. Tout sera utile, mais pour agir:

    • Que chacun détermine bien sa position, son rôle et ses possibilités dans ce défi;
    • Que l’engagement de chaque structure et professionnel soit celui de produire ses meilleurs efforts;
    • Que la démarche soit sincère pour être au plus près des objectifs déclarés. Chaque jeune que nous aurons aidé aujourd’hui, sera peut-être un jeune en moins demain dont nous devrons assurer une prise en charge lourde et longue pour lui et ses proches.

    Nous devons avoir de nouvelles armes pour affronter une 4e vague à venir qui sera “psychologique”. Avec la conviction que le “vaccin psychologique” existe en France à travers les structures de soins déjà mobilisées et en action, pour éviter les dommages aux adolescents et à nos jeunes.

    À voir également sur Le HuffPost: Étudiante de 21 ans, Lucie interpelle Macron dans une lettre poignante

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      Précarité étudiante: ces députés proposent un ticket restaurant dédié

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 10 February, 2021 - 20:34 · 1 minute

    La députée qui a fait cette proposition de loi plaide pour “un système qui permette à tous les étudiants de se restaurer à tarif social

    SOCIAL - Une solution pour tous, chaque jour ? Face à la précarité étudiante , une soixantaine de députés, principalement d’opposition mais aussi quelques membres de la majorité, ont apporté leur soutien à une proposition de loi LR visant à créer un “ticket restaurant étudiant”.

    La députée LR Anne-Laure Blin, qui a déposé cette proposition de loi ce mardi 9 février, considère que “les repas à un euro” lancés par l’exécutif dans les restos U “n’auront qu’un temps” et ne “résolvent pas la totalité des problèmes” durant la crise sanitaire.

    Elle plaide pour “un système qui permette à tous les étudiants de se restaurer à tarif social, quel que soit leur statut, chaque jour et toute l’année”.

    Son texte réclame la création de tickets restaurants étudiants , sur le modèle du titre restaurant des salariés, d’une valeur de 6,60 euros, dont la moitié prise en charge par l’Etat.

    Il a reçu le soutien d’élus de différents bords, surtout des LR, mais aussi d’autres groupes, dont les LREM Danièle Hérin ou Patrick Vignal.

    Emmanuel Macron avait promis le 21 janvier deux repas par jour à un euro le repas dans les restos U, qui restent actuellement ouverts avec des repas à emporter.

    Depuis la rentrée de septembre, les Crous avaient mis en place un repas par jour à un euro (contre 3,30 euros normalement) mais pour les boursiers uniquement.

    Pour répondre à la détresse psychologique qui semble gagner de plus en plus de jeunes, il avait aussi confirmé la création d’un “chèque psy”, pour pouvoir consulter un psychologue et suivre des soins.

    À voir également sur Le HuffPost: Ces élèves remercient leurs profs sur Zoom, et c’est adorable

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      Mort de Guillaume T.: l'hommage émouvant à l'étudiant décédé

      Esther Degbe / AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 10 February, 2021 - 19:34 · 2 minutes

    ME TOO GAY - Guillaume T., l’étudiant âgé de 20 ans à l’origine du #MeTooGay après avoir accusé un élu et son compagnon de l’avoir violé alors qu’il avait 18 ans, a été retrouvé sans vie dans sa chambre d’étudiant de l’université Paris-Nanterre, mardi 9 février. Une centaine de proches et anonymes se sont réunis au lendemain de sa mort devant le siège du Parti communiste à Paris pour lui rendre hommage ce mercredi 10 février, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article .

    Certains sont venus au rassemblement les mains teintées de sang pour symboliser l’effroi provoqué par la disparition soudaine de Guillaume. Des bougies et des fumigènes ont été allumés et une minute de silence a été tenue pour honorer sa mémoire.

    Une vive émotion

    Le 21 janvier, sur Twitter, le jeune homme avait accusé le conseiller de Paris Maxime Cochard et son compagnon Victor Laby de l’avoir violé alors qu’il était “particulièrement vulnérable” en octobre 2018. La nouvelle de son décès annoncé par Le Parisien alors que ses parents n’avaient pas encore été contactés, selon ceux qui ont pris la parole au cours de l’hommage, a provoqué une vive émotion.

    Si le Parti communiste a demandé à Maxime Cochard de se mettre en retrait de ses responsabilités, la colère des proches de Guillaume T. a été adressé au parti. “On leur fera payer.” a dit à plusieurs reprises un étudiant se présentant comme un membre du PCF, reprochant au parti son silence persistant sur les violences sexuelles et sexistes.

    Du courage

    La maire PS de Paris Anne Hidalgo et le Parti communiste ont rendu hommage à Guillaume dans la matinée sur Twitter, saluant tour à tour le courage de celui qui portait le pseudonyme “Prunille” sur le réseau social.

    Pour les Jeunes écologistes qui lui ont également rendu hommage dans un communiqué, “le témoignage de Guillaume a permis une libération de la parole sans précédent dans le milieu gay”.

    Une enquête pour recherche des causes de la mort a été ouverte, a indiqué le parquet de Nanterre. Selon les premiers éléments de l’enquête, aucun lien n’était établi entre les accusations de viol et la mort de l’étudiant.

    L’avocate de l’élu allait engager une démarche pour diffamation contre Guillaume mais celle-ci est désormais annulée.

    À voir également sur le HuffPost: Cette femme transgenre enfermée dans une prison pour hommes raconte sa détention

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      Adrien Zedda de Top Chef va offrir des repas de Saint-Valentin aux étudiants

      Mathilde Pereira Karsenti · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 10 February, 2021 - 16:23 · 2 minutes

    Le chef Adrien Zedda dans son restaurant gastronomique Culina Hortus à Lyon, le 26 mars 2019. 

    TOP CHEF - Voilà un geste solidaire qui sera sans doute apprécié. Adrien Zedda, chef lyonnais candidat de la nouvelle saison de “Top Chef” qui débute ce mercredi 10 février, a décidé d’offrir 100 repas de Saint-Valentin d’une valeur de 45 euros à des étudiants de sa ville.

    Adrien Zedda, chef du Culina Hortus, a pris cette initiative avec le cofondateur de ce restaurant végétarien, Thomas Bouanich. “Avec ce que l’on voit depuis des mois, notamment en termes de baisse du moral, on est très touchés, explique ce dernier à France 3 . On avait l’habitude de prendre beaucoup d’étudiants en extra au restaurant. On sait que c’est une grosse perte d’argent pour eux. Ce n’est pas grand-chose, mais on essaye de leur apporter une aide”.

    Au programme, “100 menus, gastronomiques 100% végétariens et sans alcool, offerts”, ”à récupérer le 15 février de 10h à 14h au restaurant”, explique le Culina Hortus sur Instagram.

    D’une valeur de 45 euros, voici le menu Saint-Valentin imaginé par le restaurant, évidemment à emporter pour cause de fermeture des restaurants.

    Adrien Zedda, 26 ans, élu Jeune Talent 2020 par le Gault & Millau, a travaillé aux Etats-Unis et en Australie, avant de poser ses valises à Lyon. Et le Culina Hortus  a reçu le titre du meilleur restaurant végétarien du monde en 2020.

    Impossibilité de trouver un job étudiant, cours à distance, solitude... les étudiants sont durement frappés par la pandémie de coronavirus et ses conséquences. Le HuffPost s’était rendu à la journée de mobilisation des étudiants dénonçant les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur leur vie quotidienne, le mercredi 20 janvier à Paris.

    Des témoignages glaçants y avaient été recueillis comme celui de Lucas, 20 ans: “Quand vous allez aux Restos du coeur tous les mardis et que c’est votre seule sortie de la semaine, et que vous voyez la file s’allonger, ça vous fait quelque chose, ça vous brise, ça vous fait mal”, avait-il confié au micro du HuffPost.

    À voir également sur Le HuffPost : Pourquoi Hélène Darroze a du mal avec le terme de “brigade” dans “Top Chef”

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      Malgré le Covid-19, les étudiants mangeront dans les restos U

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 6 February, 2021 - 08:53 · 2 minutes

    Les restos U (ici un Crous à Caen, en Normandie) rouvrent progressivement depuis une semaine 

    ÉTUDIANTS - Jusqu’ici, seule la vente à emporter était possible dans les “restos U”. Les étudiants vont pouvoir à nouveau “manger sur place” dans les restaurants universitaires “dans les jours à venir”, a annoncé ce vendredi 5 février la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal interrogée sur la chaîne YouTube HugoDécrypte.

    Les restos U rouvrent progressivement depuis une semaine avec le retour partiel des étudiants dans les facs .

    Il y a deux semaines, le chef de l’État avait annoncé que l’ensemble des étudiants pourraient avoir accès à deux repas par jour pour le prix d’un euro dans ces restaurants, ce pour mieux faire face aux conséquences de la crise du Covid-19 . Jusqu’ici, le repas à un euro n’était proposé qu’aux élèves boursiers, une fois par jour.

    “Parmi les choses très demandées, il y avait la possibilité de se restaurer sur place donc c’est chose faite, l’arbitrage a été pris, j’ai préparé avec les établissements un protocole qui a été validé”, a lancé Frédérique Vidal, interrogée sur la chaîne YouTube HugoDécrypte.

    Réductions dans les transports en commun

    Selon la ministre, “le décret va être pris dans les prochains jours et on va pouvoir remanger dans les espaces Crous, avec des règles sanitaires très strictes, mais on ne sera pas obligé de partir avec son sachet et d’aller manger dehors ou à quatre dans une voiture”.

    La ministre a également annoncé que les restaurants universitaires pourraient rester ouvert plus tard, “au delà de 18H00”, pour permettre aux étudiants de récupérer leur repas à un euro en fin de journée. “Ce sont des protocoles sanitaires qui sont actés, ça date de ce matin”, a-t-elle poursuivi.

    Par ailleurs, Frédérique Vidal a expliqué réfléchir à la mise en place, avec les régions, d’une réduction, voire d’un accès gratuit des transports en commun, pour que les étudiants retournent en cours.

    “On est sur une gratuité ou sur un euro symbolique”, a souligné la ministre, rappelant que c’était “compliqué pour les étudiants”. Mais pour l’heure, aucune modalité n’a été précisée.

    À voir également sur le HuffPost: Les trois annonces d’Emmanuel Macron pour l’enseignement supérieur

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      Une nouvelle aide pour les ex-boursiers diplômés qui peinent à trouver un emploi

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 12:27 · 2 minutes

    Les ex-boursiers diplômés qui peinent à trouver un emploi vont toucher une nouvelle aide (photo d

    POLITIQUE - Le gouvernement parle à la jeunesse. Enfin, il tente de répondre à sa détresse. La ministre du Travail, Élisabeth Borne , a détaillé ce vendredi 5 février, les contours d’une nouvelle aide pour soutenir les jeunes diplômés à la recherche d’un premier emploi, qui pourront conserver une partie de leur bourse d’études pendant quatre mois.

    “Je voudrais dire à tous les jeunes diplômés qui sont en recherche d’emploi et qui étaient boursiers au titre de l’année universitaire 2019-2020 qu’ils ont droit à une aide de quatre mois”, a indiqué la ministre sur France Bleu Paris.

    “Ils toucheront 70% du montant de leur bourse et 100 euros s’ils n’habitent plus chez leurs parents”, a-t-elle détaillé, avant d’inviter tous les jeunes diplômés concernés à contacter Pôle Emploi pour bénéficier du dispositif.

    “Ce sont plusieurs dizaines de milliers d’ex-étudiants boursiers qui pourront bénéficier de cette aide”, a également fait valoir Elisabeth Borne, pour un montant maximum de 500 euros par mois.

    Tous les moins de 30 ans, bac +2 minimum

    Cette aide entre dans le dispositif du “plan de relance des jeunes” proposé par le gouvernement et concerne tous les jeunes de moins de 30 ans diplômés en 2020 ou 2021 d’un bac +2 minimum, et ayant bénéficié d’une bourse sur critères sociaux pendant leurs études. Elle est disponible à compter de ce vendredi 5 février, une demande pouvant être déposée jusqu’au 30 juin prochain au plus tard.

    Et après? La question de la jeunesse est devenue centrale dans la gestion de la crise du coronavirus et de ses conséquences. Les témoignages et rapports scientifiques documentant la détresse tant financière que psychologique d’une partie des étudiants se succèdent. Tout comme les images d’interminables files d’attente devant les banques alimentaires.

    Autant d’arguments pour l’opposition qui pousse le gouvernement à réagir depuis plusieurs semaines . Outre la réouverture des facs, les Verts et la gauche réclament par exemple d’élargir le RSA aux 18-25 ans . Plutôt qu’un revenu garanti qu’il refuse, le gouvernement phosphore sur des aides à l’”égalité des chances” orientées justement vers les jeunes en difficulté qui veulent entrer sur le marché du travail.

    En ce sens, le délégué général de LREM Stanislas Guerini a proposé de créer un prêt à taux zéro de 10.000 euros pour chaque jeune de 18 à 25 ans pour les aider à se lancer dans la vie active, remboursable sur 30 ans. Suggestion que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a jugé intéressante.

    À voir également sur Le HuffPost: Ces étudiants au bout du rouleau racontent leur solitude et leur précarité

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      Étudiante en première année, le confinement m'a isolée et j’ai craqué - BLOG

      Maxine DB. · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 09:49 · 6 minutes

    Je me levais aux alentours de 12-13 heures pour avoir le moins de temps de journée à supporter et, à cette période, à 17 h 30 il fait nuit. Mes journées étaient courtes mais je n’arrivais quand même pas à m’endormir avant 2 ou 3 heures du matin. Je regardais des séries, des films, des vidéos sur mon ordinateur ou mon téléphone. J’ai commencé à dessiner un peu pour essayer de ne pas passer tout mon temps sur des écrans mais ça restait le divertissement le plus fréquent. (photo d

    CONFINEMENT - Seule dans mon studio, les seules activités que j’avais étaient dormir, regarder mon téléphone ou mon ordinateur, et surtout, penser. Penser quand on vit cette situation sanitaire est plutôt oppressant. Étant donné qu’il se passait très peu de choses dans mon quotidien, la moindre pensée, relation ou situation qui me tracassait devenait une obsession et je ressassais en permanence. Je passais mes journées et mes nuits dans mon lit, triste et ennuyée. J’avais beau me dire que ce n’était qu’une période, je n’arrivais pas à passer au-dessus. Ce n’était certainement pas ce à quoi je m’attendais pour ma première année d’ études !

    Dépression, solitude, pensées suicidaires, avec le hashtag #ÉtudiantsFantômes , des milliers d’étudiant. e. s témoignent de leur détresse psychologique et du sentiment d’abandon par le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire.

    Je suis arrivée sur Lyon fin août, quelques semaines avant ma rentrée , pour pouvoir profiter de la ville et des activités qu’elle avait à proposer avant de commencer ma première année en LEA à la fac de Lyon 2. Malgré les nombreuses complications pour rencontrer des gens à l’université à cause de la crise sanitaire, j’ai réussi à me faire une paire d’amis. J’ai eu à peine quelques semaines pour m’adapter au trajet “domicile-université”, au campus et aux cours, que sont arrivées les vacances de la Toussaint et, malheureusement, la fin des cours en présentiel.

    L’université a peu à peu “lâché” les élèves

    Dès mon retour de vacances, j’ai commencé les cours à distance. La fac ayant eu peu de temps pour s’organiser, je n’avais que quelques cours qui continuaient. Nous avions quand même quelques devoirs, mais surtout des partiels. Je n’ai pas du tout eu l’impression de passer des examens pour valider ou non mon semestre, mais de rendre de simples devoirs à la maison, c’était assez spécial.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Malheureusement, après la période de partiels, nous n’avons plus vraiment eu de travail. L’université a peu à peu “ lâché ” les élèves, les laissant petit à petit sans nouvelles. Certains professeurs ont arrêté de nous donner du travail, les mails d’information de la fac devenaient de plus en plus rares. J’avais l’impression que le suivi diminuait, et c’est encore le cas aujourd’hui. Pendant le deuxième confinement, je n’avais ni travail à faire pour m’occuper dans mon appartement ni activités à l’extérieur. Et le problème qui se pose quand on n’a plus rien à faire, c’est qu’on se décale dans tous les domaines.

    Je me levais aux alentours de 12-13 heures pour avoir le moins de temps de journée à supporter et, à cette période, à 17 h 30 il fait nuit. Mes journées étaient courtes, mais je n’arrivais quand même pas à m’endormir avant 2 ou 3 heures du matin. Je regardais des séries, des films, des vidéos sur mon ordinateur ou mon téléphone. J’ai commencé à dessiner un peu pour essayer de ne pas passer tout mon temps sur des écrans, mais ça restait le divertissement le plus fréquent.

    Mon alimentation: des pâtes et des céréales

    Le dérèglement lié au sommeil a engendré un dérèglement de mon alimentation. C’était assez compliqué de trouver la motivation de faire mes courses, mais surtout de me faire à manger. Alors j’ai commencé à manger essentiellement des pâtes et des céréales, mais sans sauter de repas hein!  Étant donné que c’était la première fois que je devais me débrouiller seule pour faire mes courses, que ça soit alimentaire ou autre, la motivation a disparu assez vite. J’étais vraiment la seule à pouvoir me gérer et c’est quelque chose dont je n’avais absolument pas l’habitude jusqu’à maintenant.

    Cette période d’environ un mois et demi a été très compliquée, car toutes les journées se ressemblaient, je ne pouvais voir personne ni faire grand-chose. Récemment, après le passage de tous les partiels, l’université a totalement arrêté d’envoyer des mails et je n’avais plus que deux cours sur cinq. De nouveau seule. Mes amis proches sont tous dans des villes différentes et ont cours normalement, donc mon rythme de vie est très différent du leur. J’avais déjà passé le premier confinement avec ma famille, je savais à quoi m’attendre et je n’avais pas envie de revivre la même situation. Je me suis dit que c’était plus facile de devoir me supporter seule plutôt que de devoir supporter ma famille. Alors je suis restée.

    Une petite dépression dont je me serais passée!

    J’avais prévu de rentrer chez mes parents pour les fêtes de fin d’année, mais j’ai commencé à me sentir vraiment mal et malade. J’ai fini par rentrer plus tôt, car la situation devenait insoutenable. C’est là que j’ai appris, en discutant avec plusieurs personnes travaillant dans le milieu médical, que j’avais entamé une petite dépression dont je me serais passée!

    Faute de vie nocturne, la solitude est grande pour les étudiant. e. s. Thomas et Lucie le partagent dans notre dernier podcast .

    Malgré le fait que ce soit encore compliqué d’envisager la reprise des cours, j’essaie de tenir bon jusqu’à la fin de l’année pour éviter qu’elle ne soit perdue. J’ai décidé de rentrer plus souvent chez mes parents pour pouvoir prendre un bol d’air de temps en temps. En revanche, je compte arrêter l’université l’année prochaine et me réorienter dans une école où le suivi est beaucoup plus assidu, pour éviter de me perdre à nouveau dans mes études.

    Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.

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