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Pendant ce temps-là, tous les jours, Éric venait me chercher, m'emmenait dans la clairière et regardait… Je trouvais un peu étrange la ferveur qui remplissait ses yeux à chaque fois que je baissais ma culotte devant lui, alors qu'il avait déjà vu la même chose la veille, l'avant-veille et tous les jours précédents. Il ne se lassait pas. Au contraire, on aurait dit qu'il découvrait chaque jour quelque chose de nouveau, de plus beau que tout ce qu'il avait vu auparavant. C'était tellement contraire à ce à quoi ma mère m'avait habituée !

À la maison, quand ma mère m'ordonnait de baisser ma culotte, c'était toujours pour me donner une fessée. À chaque fois, elle faisait les gros yeux pour m'obliger à obéir. Terrorisée, j'obéissais en sachant la torture qui m'attendait. Alors, me voyant baisser ma culotte, elle ouvrait de grands yeux bizarres, comme si je dévoilais devant elle quelque chose d'infâme que je portais en moi et, là, elle se mettait à me taper, taper et taper encore, jusqu'à ce que je perde conscience. À la longue, j'en étais arrivée à souhaiter être amputée du papafe pour ne plus être suppliciée de la sorte.


extrait de : ...


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Puis, soudain, le problème s'inversa du tout au tout. Les enfants, à côté de moi, s'étaient mis à parler de leurs grands-parents. Là encore, une réplique me vint à l'esprit, que ma timidité s'empressa d'étouffer. Cependant, les mots montaient en moi avec une puissance si grande qu'il m'apparut que je n'allais pas réussir à me taire. Je fus prise d'une grande angoisse mais cela ne suffit pas à réfréner la soudaine force qui montait de mes entrailles, comme la lave d'un volcan, et jaillit hors de ma bouche :

« Eh ben moi, mon Pépère, il est mort quand j'avais cinq ans. »


extrait de : L'AIRE DE JEUX


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Après tout, si je me retrouvais seule quand Éric me laissait à l'aire de jeux, c'était parce que je n'y avais pas de copines. L'aire de jeux, c'était comme une cour de récréation : tous les enfants jouaient avec leurs copains et leurs copines tandis que, moi, j'étais tout le temps toute seule dans mon coin. Ça avait toujours été comme ça depuis la maternelle et ça me le faisait encore en colonie. Alors, il fallait bien que je me rendisse à l'évidence : c'était en moi qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond et, ce problème-là, c'était sur l'aire de jeux que je devais chercher à le régler, indépendamment d'Éric.

Bravement, j'avançai au cœur de l'aire de jeux, dans l'espoir de me mêler aux autres enfants, et regardai tout autour de moi. Le toboggan était toujours bondé alors que, moi, je ne supportais pas la bousculade. Des enfants couraient alors que, moi, je n'étais pas d'une nature sportive. Des enfants parlaient entre eux alors que, moi, on me chassait de partout. Des enfants riaient entre eux alors que, moi, on se moquait tout le temps de moi. Plus je regardais autour de moi, plus je me sentais anormale, honteuse, angoissée, apeurée. Ma tête se mit à tourner, on aurait dit que j'allais tomber par terre. Alors, vite, je retournai me réfugier auprès de mon tube, m'assis par terre et pleurai.

J'aurais pas dû essayer ! J'aurais pas dû venir en colonies ! J'aurais pas dû croire que j'arriverais à m'amuser comme les autres !


extrait de : L'AIRE DE JEUX


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    chapitre 14 Créons le mouvement ! extrait 115

    Saturday, 21 August, 2021 - 06:51 · 1 minute

« Mais alors, qui c'était, les silhouettes, hier, à qui tu faisais des grands signes ?

- Ben… y a eu des bêtises, au début.

- C'était tes copains ?

- C'était au début de la colonie. Je savais pas. Tu pardonnes ?

- Moi aussi, j'ai fait une bêtise, dans le car, à l'aller, concédai-je.

- Tu vois ! Mais maintenant, faut pus qu'y ait de bêtises.

- D'façon, les moniteurs, ys ont dit qu'ys veilleraient à c'qu'y y ait pas de bêtises.

- Alors, ça veut dire que tu m'montreras plus ?

- Si. Ça, c'est pas une bêtise puisque j'ai dit qu'j'étais amoureuse de toi. D'façon, les moniteurs, ys sont d'accord.

- Ys t'ont dit ça, les monos ?!

- Enfin… pas tout à fait. Heum… »

Comment dire ? Comment expliquer ce que j'avais compris de ce que les moniteurs m'avaient dit ?

« Les moniteurs, c'est pas des vrais adultes, ys ont vingt ans. Alors, ys veulent bien qu'y ait des histoires d'amour pendant les vacances. »

Éric hocha lentement la tête pour montrer qu'il avait compris le concept, un peu admiratif que je fusse parvenue à négocier cela avec les moniteurs.


extrait de : LE MOMENT D'Y VOIR PLUS CLAIR


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Après que je lui eusse montré, il m'invita à le suivre et m'emmena jusqu'à la rangée d'arbres qui était à gauche. Je me disais que ça nous éloignait de la colonie et que nous risquions de nous perdre mais, en définitive, il s'avéra que juste derrière une fine rangée d'arbres, il y avait… l'aire de jeux. En fait, l'aire de jeux et la clairière n'étaient pas séparés par le sous-bois comme je l'avais toujours cru. Le sous-bois et la clairière étaient côte à côte, le long de l'aire de jeux. Chaque jour, Éric m'avait fait tourner en rond dans le sous-bois pour me faire croire à un chemin compliqué que je ne pouvais pas retrouver seule alors que l'aire de jeux avait toujours été là, juste à côté de la clairière.


extrait de : LE MOMENT D'Y VOIR PLUS CLAIR


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Finalement, pour couper court à mes questionnements, Éric me dit :

« Si tu m'aimes, tu dois m'faire confiance.

- Bon, d'accord.

- Dis-le !

- Je t'aime, Éric.

- Alors, Montre ! »


extrait de : LE MOMENT D'Y VOIR PLUS CLAIR


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Le lendemain, quand Éric m'emmena une fois encore au milieu de la clairière, je regardai la rangée d'arbres qu'on voyait, au loin, sur la gauche. Elle recelait un mystère qui me tracassait.

« Qu'est-ce qu'y y a, là-bas ?

- Mais rien. C'est fini. T'inquiète pas.

- Qu'est-ce qu'est fini ? Et pourquoi, hier, t'as dit qu'y y avait pus que toi qui pouvais me voir parce que l'herbe est haute ? Et pourquoi, le jour où je pouvais pas te montrer, tu m'avais remmenée dans le sous-bois en disant que, là, on n'était que tous les deux ? »


extrait de : LE MOMENT D'Y VOIR PLUS CLAIR


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« Moi, ça m'amuse pas de verrouiller l'accès aux WC, me raconta le moniteur Olivier. Si je fais ça, c'est parce que j'veux pas qu'y s'passe des trucs malsains en colonie, tu comprends ?

Malsain ? Ce mot me fit le même effet que la mauvaise intuition que j'avais eue quand, enfermée dans un WC, j'avais entendu les garçons murmurer aux lavabos.

« P'têt que… p'têt que j'comprends pas parce que ça m'fait peur, bredouillai-je.

- Non, non, faut pas avoir peur. Nous, les monos, on est là pour faire en sorte qu'y ait pas de bêtises. Si tu m'dis qu'tu veux pas qu'y ait des bêtises dans les WC, moi, je f'rai le nécessaire et y aura pas d'bêtises. Tu peux m'faire confiance. Moi, tout ce dont j'ai besoin, c'est que tu m'dises si toi, tu veux qu'y ait des bêtises aux WC. »


extrait de : MALSAIN


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