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      Mathias Poujol-Rost ✅ · Sunday, 7 March, 2021 - 13:20

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    Dopée par la pandémie, la pratique du vélo n'est pas prête de s'arrêter, quitte à provoquer "une guerre" des stocks
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      Luc Themelin : « Notre présence internationale fait notre réussite »

      Guillaume Périgois · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 13 February, 2021 - 04:45 · 5 minutes

    luc themelin

    Par Guillaume Périgois.

    Spécialiste de l’électrique et des matériaux avancés, présent dans 35 pays, Mersen déploie 55 sites industriels et 16 centres de R&D dans ses domaines d’expertise (graphite, carbure de silicium, composants électriques).

    Ayant développé un ensemble de matériaux et de solutions pour faciliter la conduction, le stockage, l’isolation de l’énergie électrique et la protection des équipements dans des environnements hostiles, Mersen fournit les industries de l’énergie renouvelable et conventionnelle, de l’électronique, de la chimie et des transports – de l’automobile au spatial.

    Créée en 1891 à Pagny-sur-Moselle, l’entreprise plus que centenaire a aujourd’hui 6800 collaborateurs et a réalisé 950 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, dont les deux-tiers hors d’Europe.

    Contrepoints : Quel est l’impact de la COVID-19 sur le groupe Mersen ?

    Luc Themelin : Le choc le plus important est derrière nous. Mersen réalise un tiers de son chiffre d’affaires en Asie. Nos activités en Chine et sur le reste du continent ont été touchées en février 2020. Le groupe fonctionne historiquement de manière décentralisée : nous suivions l’évolution de nos activités au quotidien mais les équipes de notre dizaine d’usines locales ont su gérer la pandémie. L’essentiel des perturbations a duré un mois.

    La pandémie a ensuite atteint l’Europe à la mi-mars. Que ce soit en Italie, en Espagne ou en France, avec l’appui du siège pour l’approvisionnement en masques, ce sont à nouveau les équipes locales qui ont géré au mieux la situation en suivant les différentes mesures mises en place par leurs gouvernements respectifs.

    Le résultat est que, du point de vue du groupe, nous avons toujours eu 85 % de nos usines qui tournaient tout au long de la crise. Quand la situation était mauvaise en Europe, elle était meilleure en Asie.

    La demande a bien sûr baissé et notre chiffre d’affaires s’est contracté de 20 % en avril et en mai mais Mersen a su amortir et gérer la pandémie. L’étalement géographique de nos marchés et la décentralisation de notre prise de décision ont été nos meilleurs atouts.

    Malgré la préférence relative des Français pour la baisse des barrières commerciales , le pays est parfois présenté comme rétif à l’ouverture internationale. La dimension globale de Mersen est un atout en temps de pandémie, mais qu’en est-il en temps normal ?

    Luc Themelin : Nous sommes des internationaux convaincus. Historiquement, nous nous sommes implantés en Allemagne et aux États-Unis dès les années 1900. Nous avons dix usines en France dont les exportations couvrent le marché européen.

    Nos usines chinoises n’ont pas été créées en lien avec la fermeture d’une usine française. Il n’y a pas de crainte de délocalisation en interne. Nos usines en Asie desservent leur marché régional. Quand il y a une restructuration, c’est parce que le marché local évolue ou que la demande baisse.

    Les Français ne sont pas contre l’international. Notre marché domestique est relativement restreint : si les entreprises industrielles françaises vivent, c’est grâce à la demande internationale.

    Il faut comprendre que tourner le dos à l’international, c’est rester à la marge des évolutions technologiques. Mersen est bien placé sur les innovations en semi-conducteurs aux États-Unis ; les machines sont exportées en Chine et en Corée, ce qui booste nos ventes.

    Pour une industrie, ne pas être à l’international, c’est perdre ses clients année après année et se condamner à disparaître. Il faut capter l’innovation là où elle est et être implanté où les marchés sont dynamiques.

    Et ce n’est pas seulement bénéfique au niveau régional. Pour prendre l’exemple des nouveaux semi-conducteurs, l’innovation a démarré d’une société américaine et s’accélère grâce à une industrie de véhicules électriques très dynamique aux États-Unis (Tesla).

    Mais le marché mondial étant de plus en plus gros, cette entreprise américaine ne peut répondre seule à la demande. Ces cinq dernières années, deux entreprises – l’une allemande et l’autre franco-italienne – ont démarré la production de ces éléments.

    Étant donné que Mersen travaille avec la société américaine depuis 25 ans, nous sommes prêts avant nos concurrents à livrer aussi ces sociétés européennes. En ayant démarré dans un marché en amont, nos équipes peuvent réagir tout de suite quand il évolue ou quand il se crée ailleurs.

    L’aéronautique est un autre exemple. Mersen collabore depuis longtemps avec le français Safran, l’européen Airbus et l’allemand Liebherr. Cela nous a permis d’être plus performant aux États-Unis. Et peut-être un jour en Asie quand cela arrivera.

    L’environnement règlementaire actuel gêne-t-il le développement international de Mersen ?

    Luc Themelin : Les règles ne sont pas toujours les mêmes partout. Les lois apparaissent d’abord à Bruxelles plutôt qu’à Washington ou Beijing, bien sûr. Et l’Europe est plus stricte en rejetant certaines consolidations d’entreprises européennes entre elles. Les entreprises allemandes paient beaucoup moins de charges que les entreprises françaises, ce qui ne nous aide pas.

    Mais l’important est d’avoir des espaces ouverts avec les mêmes règles, sans aide de l’État, en Asie, en Europe et ailleurs. A partir du moment où les règles du jeu sont établies et respectées, il n’y a pas de soucis dans la compétition à l’international. J’ai suffisamment fait de sport pour ne pas aimer les gens qui ne suivent pas les mêmes règles.

    Économie mondiale, prospérité locale – Comment les régions françaises réussissent dans la mondialisation est publié par Librairal et est gratuitement accessible.

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      AstraZeneca, Pfizer, Moderna... L'efficacité des vaccins au banc d'essai

      Quang Pham · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 09:53 · 5 minutes

    VACCINS - Tous les vaccins sont-ils aussi efficaces de la même manière contre le coronavirus? Les revers successifs subis par AstraZeneca peuvent semer le doute. D’abord déconseillé aux plus de 65 ans en France par la Haute Autorité de Santé, le vaccin a été ensuite suspendu de la campagne de vaccination en Afrique du Sud .

    La raison? Une efficacité présumée moindre selon certaines études contre les formes modérées du variant sud africain . L’OMS a toutefois dernièrement mis en garde contre un excès de pessimisme vis-à-vis du vaccin AstraZeneca, déclarant qu’il demeurait “une partie importante de la réponse à la pandémie actuelle”.

    Face aux déclarations parfois contradictoires des autorités de santé, pas facile de s’y retrouver parmi les nombreuses références de vaccins disponibles. Pour vous y aider, nous avons listé ci-après les principaux vaccins présents sur le marché ainsi que leurs caractéristiques en termes de taux d’efficacité, de performance contre les variants, de disponibilité.

    BioNTech Pfizer (BNT162)

    États-Unis, Allemagne

    • Type de vaccin : ARN messager en deux doses.

    • Demande d’autorisation : autorisé en France depuis fin décembre.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 95 %.

    • Performance contre les variants : neutralise le variant anglais et reste efficace contre le variant sud-africain malgré une diminution de l’immunité procurée.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : plus facilement que les vaccins plus classiques, d’après les experts en quelques semaines.

    • Effets secondaires : classiques pour un vaccin. Des douleurs au bras à l’injection et des symptômes grippaux à la seconde dose. Dans de très rares cas, des patients ont été victimes de chocs anaphylactiques , une réaction allergique grave.

    • Comment il est stocké :  dans un super-réfrigérateur à -70°C.

    • Disponibilité en France : 78 millions de doses commandées, livraisons débutées en décembre.

    Moderna (mRNA-1273)


    États-Unis

    • Type de vaccin : ARN messager en deux doses.

    • Demande d’autorisation : autorisé en France depuis janvier.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 94 %.

    • Performance contre les variants : immunise à 95 % contre le variant anglais. Le vaccin parvient à neutraliser le variant sud africain bien que son efficacité face à cette mutation ait été divisée par six.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : comme le vaccin Pfizer très facilement. Un nouveau rappel contre le variant sud-africain est en cours de développement.

    • Effets secondaires : similaires au vaccin Pfizer. Des douleurs au bras à la première injection et des symptômes grippaux lors de la seconde dose.

    • Comment il est stocké :  dans un réfrigérateur à -20°C.

    • Disponibilité en France : 24 millions de doses commandées, livraisons en cours depuis janvier.

    AstraZeneca (AZD1222)


    Royaume-Uni, Suède

    • Type de vaccin : à vecteur viral en deux doses.

    • Demande d’autorisation : autorisé en France mais recommandé aux personnes de moins de 65 ans.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 60 %.

    • Performance contre les variants : efficace à 60 % contre le variant anglais. Des doutes existent sur son efficacité contre les formes modérées du Covid-19 provoquées par le variant sud-africain. Ce qui a conduit l’Afrique du Sud à suspendre son utilisation. Les données sur les performances du vaccin AstraZeneca contre le variant sud-africain étant parcellaires , des études supplémentaires seront nécessaires pour statuer de son efficacité contre cette mutation du virus.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : même s’il n’est pas aussi facilement adaptable qu’un vaccin à ARN messager, il est possible de mettre à jour le vaccin rapidement. Une nouvelle version du vaccin contre le variant sud-africain est en cours de développement .

    • Effets secondaires : de la fièvre pour 9% des patients. Douleurs au bras à l’injection, fatigue et maux de tête pour les autres .

    • Comment il est stocké : dans un simple frigo.

    • Disponibilité en France : 44 millions de doses commandées, livrées depuis février.

    Johnson & Johnson (Ad26.COV2.S)


    États-Unis

    • Type de vaccin : à vecteur viral en une dose.

    • Demande d’autorisation : en cours d’autorisation aux États-Unis. Une demande devrait être adressée également à l’Agence de régulation européenne.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 66 %.

    • Performance contre les variants : efficace à 57 % contre le variant sud-africain.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : comme le vaccin AstraZeneca, il peut être adapté rapidement.

    • Effets secondaires : Douleurs à l’endroit de l’injection et symptômes grippaux .

    • Comment il est stocké : dans un simple frigo.

    • Disponibilité en France : 30 millions de doses commandées, livrées à partir d’avril s’il est bien autorisé

    CureVac (CVnCov)


    Allemagne

    • Type de vaccin : ARN messager en deux doses.

    • Demande d’autorisation : en cours de tests cliniques.

    • Efficacité contre la souche d’origine : Pas encore de données définitives le vaccin étant encore en test. Le fabricant s’attend à des taux d’efficacité aussi élevés que les autres vaccins à ARN messager, Moderna et Pfizer.

    • Performance contre les variants : Pas de données.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : étant un vaccin ARN, il est modifiable rapidement. Une nouvelle version est d’ailleurs en cours de développement contre les variants.

    • Effets secondaires : après la seconde injection , douleurs musculaires, fatigue, maux de tête et parfois fièvre.

    • Comment il est stocké : dans un frigo normal.

    • Disponibilité en France : 43 millions de doses commandées, livrées à partir de la fin du mois de mars, à condition qu’il soit autorisé.

    Spoutnik V (laboratoire Gamaleya)

    Russie

    • Type de vaccin : à vecteur double viral en deux doses.

    • Demande d’autorisation : en attente d’autorisation en Europe.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 92 %.

    • Performance contre les variants : pas de données disponibles

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : le vaccin pourra être ajusté mais moins rapidement qu’un vaccin à ARN messager.

    • Effets secondaires : douleurs au bras, fatigue et fièvre.

    • Comment il est stocké : dans un frigo classique.

    • Disponibilité en France : Pas de commandes -pour l’instant-.

    Quel choix de vaccin?

    Peu importe finalement la référence du vaccin administré, répondent les experts. Il est même probable que vous n’aurez pas le choix de votre vaccin. Ce qui compte, c’est d’en recevoir un, car tous les vaccins procurent une protection importante contre les formes sévères du covid-19 et vous éviteront une hospitalisation voire un décès.

    Durant les tests cliniques des principaux vaccins, aucun mort directement lié au Covid n’a été à déplorer parmi la population vaccinée. Chaque vaccin a présenté un pourcentage de protection contre les décès égal à 100%. Malgré des différences d’efficacité entre les références, la vaccination apparaît donc comme un des moyens les plus efficaces pour sauver des vies.

    À voir également sur Le HuffPost : Des vaccins à 90% efficaces, ce que ça veut dire...et surtout pas dire

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      Le coronavirus présent dès novembre 2019 en France? Cette étude le suggère

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 10 February, 2021 - 19:48 · 2 minutes

    Le coronavirus a-t-il circulé dès novembre 2019 en France? Cette étude le suggère (image d

    CORONAVIRUS - Le coronavirus responsable du Covid-19 pourrait avoir circulé en France dès novembre 2019, avant même sa détection officielle en Chine en décembre, selon une étude qui ne permet toutefois pas d’apporter de réponse catégorique.

    Ces résultats “suggèrent une circulation du SARS-CoV-2 en Europe plus précoce que ce qui a été rapporté”, écrivent les auteurs de ces travaux, publiés le 6 février dans la revue European Journal of Epidemiology.

    Ces derniers mois, des chercheurs de différents pays ont assuré que des cas étaient passés inaperçus bien avant décembre 2019 , sans pouvoir en apporter de preuve définitive. Ce genre de travaux se base essentiellement sur des analyses d’eaux usées ou des tests a posteriori d’échantillons sanguins. C’est cette dernière méthode qui a été utilisée par les chercheurs français.

    Ils ont pris comme point de départ 9144 échantillons sanguins émanant de la vaste cohorte Constances, lancée en France en 2012 pour divers travaux de suivi épidémiologique.

    Ils ont réalisé sur ces échantillons des tests sérologiques, pour détecter la présence d’anticorps au SARS-CoV-2, signes d’une infection passée. 353 d’entre eux étaient positifs.

    Une deuxième analyse pour éviter les faux positifs

    Pour limiter le risque d’avoir des faux positifs, ils ont procédé à une deuxième analyse, plus pointue, afin de détecter la présence d’anticorps neutralisants.

    Finalement, 44 échantillons ont été positifs aux deux tests, dont 7 datant de novembre 2019 et 3 de décembre 2019.

    Outre ces analyses, onze de ces personnes ont été interrogées pour voir si elles avaient présenté des signes évocateurs du Covid-19 à l’époque du prélèvement.

    Cinq ont dit avoir “présenté des signes de maladies respiratoires virales et huit avaient été en contact étroit avec des personnes qui présentaient de tels signes ou ont signalé des situations à risque d’exposition potentielle au SARS-CoV-2”, selon l’étude.

    “Dans plus de la moitié des cas, on a affaire à des gens qui ont voyagé ou qui ont été en contact avec des personnes ayant été malades”, a expliqué mercredi au journal Le Monde l’un des chercheurs, le Pr Fabrice Carrat, de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm, Sorbonne Université).

    Pour autant, on ne peut pas être sûr à 100% que ces résultats n’ont pas été biaisés par des faux positifs, même si les chercheurs ont fait le maximum pour limiter le risque.

    Cette question est “le principal problème”, écrivent-ils, tout en jugeant “improbable que l’ensemble (des échantillons) soient des faux positifs”.

    La question de l’origine du coronavirus est sensible sur le plan géopolitique.

    La Chine a mis l’accent sur les études suggérant que le Covid-19 serait apparu fin 2019 dans d’autres pays. Mais la mission qu’y a envoyée l’OMS pour tenter - en vain - de percer les origines du Covid-19 a jugé mardi que ces études n’apportaient pas de preuve suffisante.

    À voir également sur Le HuffPost: Face au Covid-19, Olivier Véran lance un appel aux infirmiers qui ont quitté l’hôpital

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      Politique de vaccination : l’inversion des priorités ?

      la Rédaction · news.movim.eu / LeVentSeLeve · Thursday, 4 February, 2021 - 15:12 · 11 minutes

    La France rencontre de nombreuses difficultés pour enclencher une véritable vaccination de masse. Une nouvelle fois, la pandémie de Covid-19 met en lumière les failles du gouvernement et les problèmes structurels qui empêchent la France de faire face à cette crise sanitaire. Plus qu’une pandémie de SARS-COV2, nous pouvons parler, à la suite de Richard Horton, de syndémie [1]. Ce concept signifie que les facteurs socio-économiques et l’état de santé des populations sont étroitement intriqués et qu’ils se renforcent mutuellement, aggravant ainsi les inégalités de santé et les conditions socio-économiques des classes sociales concernées. Par Frédérick Stambach, médecin généraliste rural à Ambazac , Julien Vernaudon, praticien hospitalier gériatre aux Hospices Civils de Lyon et Frédéric Pierru, politiste et sociologue, chercheur au CNRS.

    Une stratégie changeante

    Le plan de vaccination initial élaboré par le gouvernement français, semble avoir progressivement monté en charge pour rentrer dans la vaccination de masse mi-février [2]. C’était d’ailleurs les éléments de langage qui circulaient début janvier : le « retard » français n’en étant pas un, mais bien la stratégie prévue [3].

    Les disparités européennes ont rendu intenable cette position. Nos voisins italiens, espagnols et allemands, dépendant eux aussi de l’accord de l’Agence Européenne du Médicament (EMA), ont commencé à vacciner en masse dès l’autorisation de l’EMA obtenue le 21 décembre [4]. Les médias créent pour l’occasion une sorte d’«Eurovision» de la vaccination, mettant en lumière la singularité du cas français, bon dernier du classement des personnes ayant reçu au moins une dose du vaccin Pfizer-BioNTech. Sous pression médiatique et médicale, le gouvernement change brutalement de stratégie mais sans en avoir les moyens [5].

    Sur le terrain, l’impression est désastreuse. Les centres de vaccinations sont montés dans la précipitation depuis début janvier, mais les doses de vaccins n’étant pas bien calibrées, les patients éligibles à la vaccination ne peuvent obtenir de rendez-vous dans des délais raisonnables. Pire, ce  cafouillage pourrait obliger à décaler voire à abandonner la deuxième injection, pourtant indispensable selon les essais cliniques. Pour les soignants, il est difficile de soulager l’angoisse des patients et leur sensation d’être une fois de plus abandonnés. Les initiatives des professionnels de santé et des élus locaux fleurissent, mais les Agences régionales de santé (ARS) ne peuvent réaliser l’impossible en l’absence de vaccins suffisants. L’argument selon lequel il faudrait faire les comptes « à la fin » pour dénombrer les personnes vaccinées ne résiste pas dans le cadre d’une syndémie mondiale, qui plus est avec l’apparition des différents variants. Dans ce cas, précisément, c’est le nombre de patients vaccinés dès les premières semaines qui est crucial et pourrait éviter une nouvelle catastrophe.

    Pour les soignants, il est difficile de soulager l’angoisse des patients et leur sensation d’être une fois de plus abandonnés.

    La situation ressemble étrangement à l’épisode des masques au mois de mars 2020, lorsque le gouvernement incitait les Français à aller chercher des masques en pharmacie, alors que les pharmaciens n’en avaient pas, créant ainsi une pagaille et une tension bien inutiles dans les officines.

    Un manque d’anticipation des contraintes

    Depuis presque une année, nous savions que l’un des piliers de la sortie de crise serait la vaccination de masse. Or, nous savions également depuis plusieurs mois que les deux premiers vaccins disponibles seraient ceux de Pfizer-BioNTech et Moderna. Nous en connaissions les conditions de conservation et d’administration. La stratégie logique aurait donc été de monter les centres de vaccination courant décembre, pour pouvoir commencer à vacciner massivement dès l’autorisation de l’EMA fin décembre, ce que semblent avoir fait les pays voisins de la France.

    Cette stratégie impliquait évidemment d’avoir anticipé, en commandant suffisamment de doses de vaccin dès le départ car, sinon, il est effectivement inutile d’ouvrir des centres de vaccination en nombre. Il existe un facteur limitant lié aux capacités maximales de fabrication et de livraison du laboratoire. Cependant, nous ne pouvons qu’être frappés par les différences entre pays : plus que le manque de doses c’est bien l’inégale répartition entre les pays et/ou la capacité des pays à les utiliser rapidement qui est en cause. Le calendrier de livraisons communiqué par le ministère indique qu’au 18 janvier plus de 2 millions de doses sont théoriquement sur le territoire français [6], pour 480 000 personnes ayant officiellement reçu au moins une dose à cette date. Un hiatus de 1,5 millions de vaccins [7].

    Il est également troublant de constater que, dans le même temps, certains pays ont manifestement réussi à obtenir des millions de doses : les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël. Lorsque l’on se penche sur les différents tarifs, les pays qui ont reçu le plus de doses, et donc vacciné le plus de personnes, sont ceux qui payent le plus cher la dose de vaccin. Les pays de l’Union européenne payent entre 12 et 15,50 euros l’unité, contre environ 16 euros pour les États-Unis et la Grande-Bretagne et plus de 22 euros pour Israël [8].

    Une question se pose immédiatement : le laboratoire priorise-t-il les livraisons en fonction du prix qu’il reçoit pour chaque dose ? Le marché du médicament étant un marché comme un autre, le contexte de libre-échange et de concurrence maximale entre les différents acteurs du secteur expliquerait cette priorisation, logique du point de vue d’un laboratoire privé. Cette problématique  aurait été absente si nous disposions d’un pôle public du médicament efficace.

    De plus, les surenchères risquent de s’aggraver avec les tensions concernant l’approvisionnement [9]. Quoiqu’il en soit, il est parfaitement anormal que la puissance publique n’ait pas anticipé cette situation. Les responsables sont donc à rechercher au niveau de la Commission européenne pour la négociation, dont les contrats sont inaccessibles dans leur intégralité, et au niveau du gouvernement français.

    Des causes structurelles profondes

    Le gouvernement français, dans le droit fil de ses prédécesseurs, est probablement celui qui porte la plus lourde responsabilité pour au moins trois raisons. La première est qu’il peut être estimé responsable de nous laisser enferrés dans des traités européens qui empêchent toute réponse économique, sociale et environnementale d’ampleur et nous laisse désemparés face aux puissances financières et industrielles. Certains pays, comme l’Allemagne, s’en extirpent lorsque la situation et leurs intérêts l’exigent par exemple en commandant directement auprès du laboratoire [10].

    De plus, le gouvernement est resté sourd aux protestations sociales contre sa politique économique, inscrite dans les traités européens, qui a accompagné, sinon accéléré, la désindustrialisation de notre pays. La France est ainsi le seul grand pays à ne pas avoir de vaccin « national », Sanofi ayant sacrifié sa recherche pour des raisons de rentabilité immédiate [11]. Si la France avait disposé d’un pôle public du médicament, nous aurions pu nous appuyer sur une recherche de pointe et des moyens de production rapidement réquisitionnables. Notre réponse à cette syndémie aurait été bien plus efficace, et moins anxiogène pour les citoyens.

    Enfin, la communication du gouvernement continue d’être erratique et opaque – comme tout au long de la crise –, n’assumant jamais les multiples erreurs, pourtant manifestes sur le terrain : tests, masques, gel hydro alcoolique. Cela rend le gouvernement dorénavant inaudible et complique grandement la tâche des soignants. Le summum a probablement été atteint avec le « Ségur » qui fait actuellement l’objet d’une colère justifiée [12], puis la divulgation récente par la presse du recours à des officines privées, payées à prix d’or, pour élaborer la stratégie de vaccination au mépris des agences gouvernementales, avec un succès plus que discutable [13].

    Un renversement des priorités

    Lorsque l’on regarde attentivement la séquence politique des dernières semaines, nous ne pouvons qu’être frappés par la concomitance de deux événements.

    Tout d’abord, le manque d’anticipation concernant la vaccination, alors qu’il aurait été possible de préparer toute la logistique (transports, conservation, centres de vaccination) dès le mois de décembre, mais également de participer à la production du vaccin en réquisitionnant certains sites nationaux de production (comme cela est proposé par la CGT Sanofi [14]) puisqu’il était évident que des tensions allaient apparaître, là encore dès la fin 2020.

    Le gouvernement semble préférer se protéger de sa population au moment-même où la priorité serait précisément de la protéger.

    Mais cette impréparation est contemporaine d’un autre projet, qui semble avoir accaparé toutes les énergies gouvernementales : la loi sécurité globale. Ainsi, au lieu de prendre la mesure de la syndémie et d’en discuter démocratiquement avec les réponses appropriées (protectionnisme, relance, souveraineté, bifurcation de notre mode de consommation et de production), le gouvernement a utilisé les derniers mois de l’année 2020 pour faire passer une loi dont l’aspect sécuritaire n’est plus à démontrer et qui est bien éloignée des préoccupations immédiates des Français, et plus encore, de l’intérêt général. Cette loi paraît préparer l’arsenal législatif pour une répression policière inédite, comme pour se protéger d’une population que le gouvernement sait être très en colère et actuellement muselée, probablement pour anticiper un débordement social dans les mois à venir qu’il compte bien maîtriser, par la force s’il le faut [15]. Cette inversion complète des priorités est révélatrice des préoccupations qui règnent actuellement au sommet de l’État.

    Le tableau général est peu reluisant : le gouvernement semble préférer se protéger de sa population au moment-même où la priorité serait précisément de la protéger, dans un contexte d’angoisse bien légitime. Pour terminer nous nous appuierons de nouveau sur les propos de Richard Horton [16] : les citoyens français ont besoin d’espoir. Pour cela, il faut poser le bon diagnostic : cette syndémie est le symptôme palpable qu’un cran a été franchi dans la dégradation de notre écosystème, du fait de notre mode de production et de consommation [17]. À partir de là, nous devons nous y préparer avec calme en mobilisant toute l’intelligence et l’audace dont regorgent ce pays. Toutes les solutions sont déjà à disposition mais, pour cela, il faudra travailler à changer de cadre de pensée et d’action.

    Notes :

    [1] Une syndémie se caractérise par des interactions biologiques et sociales très étroites entre conditions socio-économiques et état de santé, interactions qui s’intriquent et se renforcent mutuellement pour augmenter le risque pour certains groupes sociaux de voir leur état de santé et/ou leurs conditions socio-économiques se dégrader. Par exemple, dans le cas du SARS-COV2, les formes graves seront plus fréquentes chez les patients issus des classes sociales défavorisées, puisque cette population concentre les co-morbidités, appelées également maladies non transmissibles, comme le diabète, l’obésité, l’hypertension artérielle, les pathologies cardio-vasculaires ou respiratoires. Cela entraîne en retour une aggravation de l’état de santé initial (même après la « guérison clinique » de la COVID), ET de la situation socio-économique de départ. Cette réaction en chaîne rend les classes sociales concernées encore plus fragiles, renforçant ainsi le risque de développer de nouvelles pathologies qui viendront à leur tour accentuer les difficultés socio-économiques et la vulnérabilité aux prochains pathogènes, et ainsi de suite. Un cercle vicieux de la triple peine en somme. En conséquence la réponse à une syndémie ne peut être que globale: en prenant des mesures biomédicales et socio-économiques de grande envergure pour lutter contre les inégalités à l’intérieur des pays mais également entre pays.

    https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32000-6/fulltext

    [2] https://www.mediapart.fr/journal/france/210121/vaccination-la-grande-pagaille

    [3] https://www.liberation.fr/france/2021/01/02/vaccins-le-gouvernement-en-mode-auto-defense-perpetuelle_1810195

    [4] https://www.ema.europa.eu/en/news/ema-recommends-first-covid-19-vaccine-authorisation-eu

    [5] https://www.mediapart.fr/journal/france/210121/vaccination-la-grande-pagaille

    [6] ibid.

    [7] https://fr.statista.com/infographie/23953/course-vaccination-europe-pays-nombre-personnes-vaccinees-doses-administrees/

    [8] https://www.bfmtv.com/economie/vaccins-anti-covid-pourquoi-tous-les-etats-ne-paient-pas-le-meme-prix_AV-202101060316.html

    [9] https://www.humanite.fr/le-scandale-de-la-penurie-de-vaccins-et-comment-sanofi-pourrait-aider-y-remedier-698778

    [10] Ibid.

    [11] https://www.leprogres.fr/sante/2021/01/13/covid-19-pas-de-moyens-pas-de-vaccin-regrette-la-cgt-sanofi-a-lyon

    [12] https://twitter.com/InterUrg/status/1352677379408343041?s=20

    [13] https://www.nouvelobs.com/vaccination-anti-covid-19/20210108.OBS38591/mckinsey-qui-conseille-le-gouvernement-sur-la-strategie-vaccinale-serait-paye-2-millions-d-euros-par-mois.html

    [14] https://www.sudouest.fr/2021/01/13/covid-19-la-cgt-pour-la-requisition-des-outils-de-production-de-sanofi-pour-le-vaccin-8282034-3224.php

    [15] https://www.mediapart.fr/journal/france/071220/securite-globale-une-vision-totalisante-de-la-securite

    [16] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32000-6/fulltext

    [17] Coriat Benjamin , La pandémie, l’anthropocène, et le bien commun , Les liens qui libèrent, novembre 2020

    L’article Politique de vaccination : l’inversion des priorités ? est apparu en premier sur lvsl.fr - Tout reconstruire, tout réinventer .

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      Covid : cessons de voler leur jeunesse à nos enfants !

      Alain Goetzmann · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 04:30 · 3 minutes

    art contemporain

    Par Alain Goetzman.

    Faut-il préserver la santé des plus vieux au détriment des plus jeunes ? Si aujourd’hui je m’arroge le droit de poser cette question, c’est que je fais partie de la catégorie de la population la plus exposée au risque, celle qui compte près de 94 % des morts de la Covid-19, alors que les moins de 40 ans en représentent à peine 0,3%.

    Le complexe médico-technocratique, qui alimente des médias ravis de délivrer leur message anxiogène, dont l’effet dope leur audience, nous conduit tous à une vision biaisée des grands enjeux de notre société.

    Les pandémies en augmentation

    D’abord, les pandémies vont se multiplier dans l’avenir. Ce que les scientifiques appellent zoonoses virales, ces maladies infectieuses dont les agents pathogènes nous viennent du monde animal, virales comme la variole ou la rougeole , bactériennes comme la tuberculose ou la diphtérie, n’est pas fortuit.

    Elles ont émergé après le Néolithique lorsque la sédentarisation a accru la densité de la population et avec elle la proximité des animaux domestiques. Dans un rapport publié en 2020 , l’IPBES, qui est à la biodiversité ce que le GIEC est au réchauffement climatique, avertit l’humanité que si l’approche globale contre les maladies infectieuses n’est pas modifiée, des pandémies futures vont apparaître plus souvent, se propageront plus rapidement, causeront davantage de dommages à l’économie mondiale et tueront plus de personnes que la Covid-19, car le nombre d’espèces de virus encore inconnues parmi les mammifères et les oiseaux est estimé à 1,7 million dont la moitié pourrait être pathologique pour l’Homme.

    Il va donc falloir s’habituer aux pandémies et la réponse ne pourra pas être à chaque fois un arrêt de l’économie, sauf à accepter l’idée qu’au lieu, pour certains, de mourir de la pandémie, les gens meurent tous de faim.

    Un pays vieillissant

    Selon la banque mondiale, la part des plus de 65 ans dans le monde dépasse aujourd’hui 9 %, contre 5 % en 1961. En France, c’est 20 %.

    Nous ne sommes d’ailleurs pas les plus mal lotis, mais si on compare aux 2 % du Kenya ou du Mali, nous ne pouvons pas passer pour un pays jeune. Nous rencontrons d’ailleurs un problème de sauvegarde de nos retraites, car il ne faut pas omettre que le revenu des inactifs est une ponction de plus en plus lourde sur celui des actifs .

    Le taux des cotisations était, en 1967, de 8,5 % ; il est de plus de 15 % aujourd’hui. En 1958, le temps moyen à la retraite était d’environ 12 années. Si rien n’est fait, il sera d’environ 25 ans en 2050. Il y aura donc, dans notre pays, de plus en plus de vieux que de moins en moins de jeunes devront financer, sans compter que nous leur aurons alourdi la barque des centaines de milliards déversés sur l’économie au nom du « quoi qu’il en coûte » et qu’il faudra bien, au moins partiellement, rembourser un jour.

    Il n’y a pas de bonne solution, mais il faut cesser de voler leur jeunesse à nos enfants et nos petits-enfants, de les priver d’une éducation et d’une formation solide, d’alourdir leur avenir d’un endettement inconsidéré, de les empêcher de rire et de s’amuser.

    C’est leur monde qu’ils veulent construire et non préserver le nôtre. Si le souci des plus de 65 ans est de se protéger – on peut, bien sûr, les comprendre – qu’ils le fassent en se confinant volontairement, mais que les pouvoirs publics n’empêchent pas les autres de vivre , de travailler, d’entreprendre, de produire et de s’amuser, au nom d’une pseudo solidarité intergénérationnelle.

    Sur le web

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      Pandémie : l’échec des États, pas de la liberté

      Diego Taboada · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 04:15 · 6 minutes

    pandémie

    Par Diego Taboada
    Un article de Podcast Liber-thé

    Dès les premières semaines de la pandémie, il y a bientôt un an, bon nombre de commentateurs, par conviction ou intérêt, ont vu dans ce virus la manifestation des « excès du néolibéralisme ». La croissance et le libre-échange auraient engendré le Covid, les frontières ouvertes favorisé sa prolifération et les coupes budgétaires et les politiques « d’austérité » mis à nu les systèmes de santé.

    Un regard rapide en arrière confirme que les épidémies n’ont pas attendu la mondialisation pour sévir. Si un monde globalisé accélère la propagation d’un virus, il ne faut pas oublier qu’il a surtout rendu les sociétés plus résilientes à travers la création de richesses qui a permis l’amélioration des systèmes de santé dans le monde entier.

    De plus, la circulation de l’information a par exemple catalysé le développement de tests et de vaccins à une vitesse record . Les pourfendeurs de la liberté et de l’échange se trompent sur les causes, mais ont toutefois raison quand ils affirment que cette crise met en évidence les limites du système. Non pas celles du libéralisme, mais celles des États, en particulier en Occident.

    L’échec des États, pas de la liberté

    Une année après le début de l’épidémie le constat est clair : les États ont échoué. Tant l’absence de stocks de masques , l’échec systématique du traçage de contacts et les difficultés à mettre en place un processus de vaccination massif ont dévoilé les failles de l’État au grand jour.

    Les confinements généralisés, qui ont été présentés comme une décision courageuse d’un « État qui protège », sont en fait la matérialisation de ses limites . Ils s’imposent comme solution de dernier recours quand on a perdu le contrôle de l’épidémie. C’est un aveu d’impuissance majeur.

    C’est bien la faillite des États comme institution à laquelle nous assistons depuis bientôt une année. Bien qu’ils interviennent dans de plus en plus de domaines de notre vie, ils n’ont manifestement pas été à la hauteur de ce qu’on attendait d’eux. En effet, un État tentaculaire qui croit devoir s’occuper de tout, ne finit par s’occuper de rien. Cet échec met alors en exergue l’impossibilité structurelle pour une seule institution, aussi puissante et monopolistique soit-elle, de prévoir et d’organiser une société de manière centralisée.

    Cet échec est encore plus frappant si l’on considère, à l’instar des mouvements collectivistes, que l’État serait capable de prévoir le temps long, car il serait indépendant des contraintes de court terme qui paralysent les individus et les entreprises. Il n’en est rien.

    Par ailleurs, cette crise a permis de rappeler un problème de fond : les citoyens placent des attentes démesurées en l’État , alors que celui-ci est par essence incapable de remplir les missions en question, ou du moins pas de façon plus efficace qu’une entité privée. En mettant les différents aspects de leur vie (éducation, retraites ou encore santé) dans les mains de l’État, les citoyens ne peuvent qu’être déçus.

    Dans sa critique du projet socialiste et centralisateur, Hayek mettait déjà en cause le principe de planification d’une société . Non pas seulement pour des aspects moraux ou politiques qui vont de soi pour toute personne attachée à la liberté, mais à cause des limites cognitives humaines.

    Peut-on vraiment attendre qu’une poignée de hauts-fonctionnaires ou de ministres anticipe et planifie chaque événement qui pourrait potentiellement surgir ? Comment prétendre être capable d’appréhender l’information dans toute sa complexité ?

    Après tout, les responsables politiques ne sont pas des surhommes éclairés, mais des individus comme les autres. Cette incapacité à réunir les informations nécessaires et représentatives des désirs individuels explique à elle seule pourquoi la préférence pour des solutions centralisées est une approche vouée à l’échec.

    Ainsi, les limites de l’État sont avant tout des limites humaines ; l’arrogance de croire qu’un groupe d’individus est capable de rassembler tout le savoir et l’information qui circulent dans nos sociétés afin de pouvoir la diriger n’est que rarement pointé du doigt.

    Or, comme l’explique Pierre Bentata dans un récent pamphlet , avec la débandade à laquelle on assiste, c’est le mythe de l’État omnipotent et protecteur qui s’effondre. Les responsables politiques ont échoué, car l’État ne peut pas tout.

    La liberté a de beaux jours devant elle

    À première vue, il serait légitime de craindre que la liberté soit toujours davantage remise en question à la suite de cette crise. Elle a en effet beaucoup été restreinte , noyée dans des états d’urgence exceptionnels qui semblent se prolonger sine die . Il est d’ailleurs frappant d’observer comment la liberté est désormais considérée comme un obstacle à la bonne gestion de crise, plutôt que comme la valeur cardinale de nos sociétés.

    Nous subissons probablement les frais de notre lâcheté collective qui a consisté à abandonner la liberté comme projet et comme tradition durant les dernières décennies, comme le dit si bien François Sureau.

    Toutefois, la liberté a de beaux jours devant elle, n’en déplaise à ses critiques. Il y a d’une part fort à parier qu’après avoir été privé de presque toutes nos libertés, nous assistions à un sursaut du désir de liberté que nous chérirons à nouveau à sa juste valeur.

    Par ailleurs, l’événement qui était censé sonner le glas de la mondialisation et du « néolibéralisme », a prouvé son efficacité.

    La course aux vaccins en est un exemple parlant : la mondialisation des échanges a accéléré la transmission des savoirs et la mobilisation des intelligences pour développer un vaccin en moins d’une année. C’est aussi la recherche du profit qui a poussé les entreprises à développer ce vaccin. Une belle illustration de la main invisible : des acteurs privés qui, en cherchant leur propre intérêt, agissent pour le bien de tous.

    Il est alors essentiel de tirer les bonnes conclusions de cette crise. La liberté est au fondement des échanges et de l’esprit d’entreprise. Le « monde d’après » ne doit donc pas consacrer la subordination des individus au service du collectif. Ceux-ci doivent cesser de chercher le salut dans l’action de l’État, car la stratégie du plus d’État est vouée à l’échec.

    Les États modernes doivent au contraire réapprendre à se recentrer sur leurs tâches essentielles de garants des libertés individuelles. Seul un État agile sera capable de faire face aux défis du XXIe siècle.

    Chaque mois Liber-thé fait gagner un livre sur la liberté. Ce mois-ci vous pouvez gagner le livre de Fabrice Houzé « La facture des idées reçues » en cliquant ici .

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      Mathias Poujol-Rost ✅ · Friday, 13 November, 2020 - 12:17

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    Pendant la pandémie, la casse continue - SNES-FSU
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      Pendant la pandémie, la casse continue - SNES-FSU

      Dans de nombreux pays, les gouvernements ont fait le choix d’investir massivement dans l’Education. En France, le gouvernement fait le choix de continuer à supprimer des postes, alors même que les effectifs augmentent et que la crise sanitaire nécessite un investissement conséquent dans l'Education, pour l'avenir de la jeunesse. Agissons pour dire stop aux suppressions de postes !

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      Coronavirus : sans l’État, qui vous contaminerait ?

      h16 · news.movim.eu / Contrepoints · Wednesday, 4 March, 2020 - 08:30 · 6 minutes

    Par h16

    L’erreur est humaine, persévérer est diabolique, dit-on. Mais pour une bonne petite pandémie planétaire, qui de mieux que l’État ? Avec le coronavirus, on en a, encore une fois, une brillante démonstration.

    Le constat est aussi macabre qu’implacable : le coronavirus, qui a déjà, à cette date, fait plus de 3000 morts, n’aurait probablement pas eu autant d’impact sans l’intervention musclée du meilleur de l’État aux étapes cruciales de l’épidémie maintenant mondiale.

    Début décembre, alors que les premiers cas se présentaient, les autorités gouvernementales chinoises (locales d’abord, nationales ensuite) ont rapidement fait le nécessaire pour étouffer les méchantes rumeurs et les malades dans leur mucus, tout en se gardant bien de toute mesure ferme visant à contraindre ce qui apparaissait pourtant, dès le début, comme une péniblerie biologique difficile à gérer. Fin décembre, alors qu’apparaît le témoignage d’un médecin ne laissant plus guère de doute sur la transmission du virus d’homme à homme, le gouvernement chinois décide courageusement de l’emprisonner.

    On peut certes tortiller les faits, ils restent têtus : le gouvernement chinois n’a absolument pas aidé à comprendre le phénomène et à y mettre un terme au plus tôt, et il est clairement responsable , au moins en partie, de l’extension de l’épidémie.

    Tout juste pourrons-nous noter les réponses ensuite fort musclées du régime chinois, sans garantir le moins du monde qu’elles ont effectivement permis de calmer l’épidémie. On se demandera même si la puissance de la réponse ne joue pas plus un rôle démonstratif à l’égard du reste du monde qu’un rôle médical efficace…

    Parallèlement, ce qui se passe en France permet de tirer des conclusions assez similaires.

    Le régime politique est (heureusement) différent, mais la capacité de l’État à répondre à côté de la plaque à une question qu’il se pose lui-même de travers n’est pas plus démentie que pour l’État chinois.

    Ainsi, dès le début des rapatriements sur le territoire national de Français depuis la zone épidémique de Wuhan, plusieurs personnes remarquaient que cette opération n’était probablement pas très judicieuse. Citons le témoignage de l’épidémiologiste Yves Charpak , qui expliquait début février que ce rapatriement ne se justifiait pas et, pire encore, pouvait fort bien importer la maladie sur le sol français.

    Mais voilà : l’État français s’inscrit avant tout dans la communication, confond souvent l’action avec l’agitation et utilise cette dernière comme réponse ultime à différents problèmes qui méritent plutôt de la pondération et, parfois, des décisions courageusement impopulaires.

    Rapatriement il fut décidé, rapatriement il y eut. Et importation de la maladie il y eut aussi : selon toute vraisemblance, il apparaît ainsi qu’au moins une partie des infections françaises proviennent de la base aérienne de Creil où sont stationnés les militaires qui ont encadré le rapatriement des Français.

    À cette petite péripétie, on se devra d’ajouter un discours gouvernemental confus, mélange hétérogène entre la volonté (logique et louable) de ne surtout pas déclencher de panique, et la succession d’actions et de messages dont le timing invraisemblable tend plutôt à la créer chez les observateurs extérieurs : déclarer un jour qu’il n’y a aucun cas sur le territoire français pour devoir admettre dans les 48 heures suivantes qu’on en dénombre déjà des douzaines avec plusieurs décès, c’est un ratage communicationnel évident.

    Le principal souci est que ces collisions entre les discours et les faits montrent l’impréparation des politiciens dont on persiste à se demander ce qu’ils pouvaient bien fabriquer en janvier puis en février, pendant ces huit longues semaines où la menace était connue et la probabilité d’une pandémie de plus en plus forte : la préparation, au moins psychologique, des populations, des systèmes industriels, logistiques et de santé ne semble apparaître que maintenant, alors qu’il n’était ni idiot, ni déplacé de commencer à doter certains centres nationaux de référence en virologie de l’outillage indispensable pour faire face à une éventuelle extension de la maladie.

    Ici et très spécifiquement, je pense par exemple au CNR de la Croix Rousse à Lyon qui a dû, jusqu’à présent, effectuer ses tests virologiques ( PCR ) à la main, à raison de deux à trois par jour, alors que des machines ( Panther ) pour ce faire existent. Certes, elles sont en cours de livraison, mais on s’étonne qu’elles ne l’aient pas été beaucoup plus tôt, compte tenu de la situation. De la même façon, on s’étonnera que les transmissions de données, cruciales dans ce genre de situation, reposent encore trop souvent sur le bricolage individuel des personnels héroïques de ces institutions…

    En somme, tout indique que, malgré plusieurs semaines d’avertissements sur le caractère relativement inéluctable d’une extension de l’épidémie, les moyens (stocks, outils, procédures) n’ont pas été mis en place dans le système de santé français que le monde nous envie ♩ tsoin tsoin ♪ et pour lequel on paie pourtant « un pognon de dingue » ♬ tralala ♫ …

    En attendant, les patients qui tentent de savoir s’ils sont ou non contaminés en seront pour leurs frais : à raison de deux ou trois PCR par jour, on ne peut évidemment pas tester ceux qui le veulent (et on renvoie donc les cas potentiels chez eux , un suppo et au dodo, ça ira).

    Du reste, ces éléments ne surprendront que ceux qui croient encore naïvement à la propagande parfaitement grotesque d’une partie de nos institutions et de nos politiciens en mal d’électorat. Les autres pourront tenter d’appeler le numéro vert mis à disposition par le gouvernement pour entendre les conseils douteux qu’on y prodigue au sujet du coronavirus .

    Là encore, compte tenu des moyens théoriquement disponibles vu les montants qui sont ponctionnés à chaque Français, on ne peut que s’étonner de la médiocrité quasi-dangereuse des résultats obtenus…

    Alors, certes, on pourra se consoler en se disant, comme un article de The Economist l’explique récemment , que l’État, agissant de la sorte avec ses mesures un peu foutraques, aplatit les courbes épidémiques et permet au système social d’encaisser le choc, au prix, certes, d’une épidémie plus longue. Soit.

    Mais il n’en reste pas moins que la physionomie de l’épidémie elle-même aurait été profondément différente si l’État (fut-il chinois au départ ou français dans le cas qui nous occupe à présent) n’avait pas introduit ses gros sabots et que, pour les montagnes d’argent public qui sont cramées en France, on pouvait légitimement s’attendre à un peu mieux.

    L’erreur est humaine, mais pour un scandale de cette ampleur, il fallait faire intervenir l’État.



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