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      Les éléments du progrès : le caoutchouc (6)

      HumanProgress · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 7 February, 2021 - 04:25 · 5 minutes

    caoutchouc

    Par Tony Morley.
    Un article de HumanProgress

    Environ 10 % de toutes les plantes à fleurs produisent une petite quantité de latex lorsqu’elles sont percées ou coupées. Le latex est un mélange chimique complexe de protéines, alcaloïdes, amidons, sucres, huiles, tanins, résines et gommes qui coagulent lorsqu’ils sont exposés à l’air. Lorsque le polymère du latex durcit, il commence à ressembler à une forme brute de caoutchouc reconnaissable par quiconque connaît le caoutchouc moderne.

    Bien qu’il existe un grand nombre de plantes qui produisent au moins un peu de latex, c’est l’arbre à caoutchouc ( Hevea brasiliensis ) qui est la principale source mondiale de la matière première du latex nécessaire à la production de caoutchouc naturel. L’hévéa du Brésil est originaire des forêts tropicales amazoniennes qui s’étendent sur toute la largeur de l’Amérique du Sud et est exploité pour son latex par les habitants indigènes de la région depuis au moins l’an 1000 de notre ère.

    Les premiers indigènes d’Amazonie ont utilisé le latex dans nombre de produits artisanaux très innovants. Le latex humide était incorporé par brossage aux vêtements et aux protections pour les pieds afin d’en améliorer la résistance et de fournir une méthode efficace d’imperméabilisation. Le latex était versé sur ou dans des moules en terre et on le laissait s’évaporer pour former des bols, des récipients d’eau et des paniers à la fois résistants et flexibles.

    L’explorateur français Charles-Marie de la Condamine a été le premier Européen à observer des plantes produisant du latex au Pérou en 1735 et à envoyer des spécimens en Europe en 1736. La culture agricole des plantes productrices de latex et l’utilisation industrielle du latex et du caoutchouc en Europe ont été lentes à se développer jusqu’au début des années 1800. L’aube de la Révolution industrielle a été simultanément l’aube du caoutchouc en tant que matériau de première importance.

    La demande de caoutchouc naturel est devenue insatiable. Un nombre croissant de plantations d’hévéas en Amérique du Sud et, plus tard, en Asie, en Inde et en Afrique peinaient à répondre à la demande de l’Europe et, dans une moindre mesure, à celle de l’Amérique du Nord. Les scientifiques, les entrepreneurs et les industriels ont rapidement trouvé des milliers d’applications pour le caoutchouc. Ce matériau est devenu très précieux pour la fabrication de ceintures, de joints, d’imperméabilisants, de vêtements, de bottes, de premiers pneus et bien d’autres choses encore.

    Cependant, l’utilisation du caoutchouc naturel était limitée par deux défauts majeurs : sa résistance et sa durabilité. Le caoutchouc naturel a tendance à se raidir considérablement dans les environnements froids, à perdre toute sa robustesse et à fondre lorsqu’il est soumis à un chauffage relativement léger. C’est le hasard combiné à l’expérimentation qui a permis de dépasser ces limites en 1839, lorsque l’Américain Charles Goodyear (célèbre pour ses pneus modernes) a mis au point un procédé de chauffage du caoutchouc naturel avec du soufre. La mise au point de ce procédé s’appelle la vulcanisation.

    La vulcanisation n’était pas une amélioration marginale du matériau. Le procédé a considérablement amélioré la solidité et la résistance à la chaleur et au froid du caoutchouc. Au cours des cent années suivantes, le processus de vulcanisation a fait du caoutchouc un pilier de l’industrialisation rapide de l’Occident. Son utilisation  dans les véhicules de tourisme, les bicyclettes, les camions, les avions, les bateaux, les navires, les usines et les maisons a transformé et enrichi la civilisation.

    Cependant, la demande de caoutchouc naturel a continué à dépasser l’offre et la Seconde Guerre mondiale, en particulier, a créé une pénurie importante – surtout parmi les forces alliées.

    Le caoutchouc synthétique produit à partir d’hydrocarbures naturels a été synthétisé pour la première fois lors d’une série d’expériences entre 1875 et 1882. Mais cette production se faisait en grande partie en laboratoire jusqu’au début des années 1940.

    À la différence des plantations tropicales et des chaînes d’approvisionnement difficiles à mettre en place, l’avantage du caoutchouc synthétique était sa fabrication à partir d’hydrocarbures existants. Peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’amélioration de la composition du caoutchouc synthétique, de la technicité et de la rentabilité de sa fabrication a conduit à des percées majeures dans les technologies et les applications du caoutchouc.

    Les améliorations de sa composition et de sa fabrication se sont poursuivies tout au long des années 1960 jusqu’à l’ère moderne – le monde consommant des volumes vraiment prodigieux de caoutchouc naturel et synthétique.

    En 2019, l’humanité a produit et utilisé un peu plus de 29 millions de tonnes de caoutchouc naturel et synthétique. Près de 14 millions de ces tonnes étaient du caoutchouc naturel et 15,2 millions de tonnes étaient synthétiques.

    L’utilisation intensive du caoutchouc naturel et synthétique a un impact énorme sur la vie moderne. Presque toutes les voitures et tous les camions de la planète roulent sur des pneus en caoutchouc vulcanisé renforcé, transportant des familles, de la nourriture et des matériaux. Et presque tous les avions atterrissent sur des pneus en caoutchouc haute performance.

    L’industrie des transports est peut-être la principale utilisatrice de caoutchouc. Et ce matériau continue à rendre service à la société de centaines de milliers de façons, de la prophylaxie moderne sous forme de préservatifs en latex, à l’imperméabilisation, à l’amortissement des vibrations et aux pneus vraiment énormes qui permettent aux engins miniers et aux camions de fournir à l’humanité les minéraux et les métaux du progrès.

    À l’avenir, le caoutchouc issu de sources renouvelables, qu’il soit naturel ou synthétique, continuera à jouer un rôle clé dans la prospérité des pays développés, tout en contribuant à la croissance économique des pays en développement.

    Sur le web

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      Les éléments du progrès : les pesticides de synthèse (5)

      HumanProgress · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:25 · 5 minutes

    pesticides

    Par Tony Morley.
    Un article de HumanProgress

    Cultiver les cultures et élever les animaux qui nourrissent la population est une lutte permanente contre la détérioration induite par les parasites. L’agriculture produit une quantité anormale de calories, stockées dans un seul endroit : un trésor bien trop tentant pour un grand nombre de parasites. Les humains luttent contre les causes de la destruction et de la perte des récoltes depuis plus de dix mille ans.

    Cependant, ce n’est que depuis quelques centaines d’années que la science et la technologie agricoles ont pu faire pencher la balance de la lutte contre la perte des récoltes en faveur de l’Homme. Les annales de l’Histoire regorgent d’exemples de  destruction et de perte de récoltes causées par les parasites, ce qui a souvent entraîné famine et pauvreté généralisées.

    Entre 1845 et 1850, par exemple, un mildiou virulent s’est installé dans les champs de pommes de terre en Irlande , détruisant rapidement la quasi-totalité des récoltes. La famine a été immédiate et, sans accès à un réseau commercial vaste et varié de denrées alimentaires ni à une source plus variée de denrées disponibles chez soi, la famine s’est rapidement installée.

    Le fléau qui a ravagé l’Irlande au milieu des années 1800 a fait plus d’un million de victimes. Entre 20 et 25 % de la population a soit péri de famine, soit immigré aux États-Unis ou dans d’autres pays.

    L’application de fongicides modernes sur les champs irlandais aurait entièrement évité la famine. Malheureusement, il faudra encore une centaine d’années avant que de tels fongicides soient inventés.

    Les pesticides sont une catégorie extrêmement large de composés chimiques, naturels et synthétiques, que les humains utilisent pour contrôler les plantes, les insectes, les animaux, les champignons, les bactéries et un large éventail de microbes infectieux ou destructeurs.

    L’expérimentation de pesticides et d’herbicides naturels a débuté modestement en 2000 avant J.-C. dans le sud de la Mésopotamie, avec l’application de soufre en poudre sur les cultures maraîchères.

    En 1550, un certain nombre de pesticides d’origine naturelle mais très toxiques étaient utilisés en Europe, notamment l’arsenic, le mercure et le plomb. Ces pesticides chimiques d’origine naturelle ont été largement utilisés jusqu’à ce que les premiers pesticides synthétisés en laboratoire soient mis au point, à partir des années 1940.

    À partir des années 1950, de nouveaux pesticides synthétiques innovants ont été développés et testés en mettant progressivement l’accent sur la réduction de la toxicité chimique, du volume de pesticide nécessaire pour obtenir leur efficacité et un coût global pour l’agriculteur. Ces trois indicateurs de performance déterminants ont aidé les agriculteurs à produire davantage de cultures et à nourrir davantage de personnes et d’animaux à un coût moindre, permettant de réduire le recours au débroussaillage des terres.

    L’application de pesticides sur les cultures agricoles a transformé les agriculteurs et ceux qui achètent les produits issus de l’agriculture. L’amélioration spectaculaire des rendements a permis de maintenir le coût réel des denrées alimentaires à un niveau nettement inférieur à celui qui aurait été atteint sans l’utilisation de pesticides.

    L’utilisation moderne de fongicides aux États-Unis, par exemple, permet d’éviter entre 50 et 90 % des pertes de récoltes de fruits et légumes. À l’échelle mondiale, l’utilisation responsable des herbicides, insecticides et fongicides modernes permet d’éviter une perte de récolte annuelle moyenne d’environ 50 %.

    En 2005, l’application de pesticides à l’échelle mondiale a permis d’éviter une perte de récoltes s’élevant à près d’un demi-billion de dollars. Avec les engrais et les équipements industriels modernes, les pesticides ont été et resteront partie intégrante de l’alimentation d’une civilisation humaine en pleine croissance.

    L’application des pesticides ne se limite pas à l’agriculture intensive à grande échelle, car l’utilisation de pesticides naturels et synthétiques a également un rôle à jouer dans l’agriculture biologique.

    Beaucoup trop nombreux sont ceux qui pensent que les aliments biologiques sont produits sans l’utilisation de pesticides. C’est faux . L’agriculture biologique est fortement dépendante d’un certain nombre de pesticides naturels qui sont au moins aussi toxiques, s’ils sont mal utilisés, que leurs homologues synthétiques.

    Le sulfate de cuivre d’origine naturelle, par exemple, est largement utilisé dans la production biologique de raisins, de pommes de terre, de tomates, de pommes et d’autres fruits et légumes.

    Au cours des cinq dernières décennies, les chercheurs ont travaillé avec diligence pour améliorer les avantages des pesticides, tout en réduisant les effets négatifs de leur utilisation.

    Toutefois, il est toujours important de reconnaître que l’utilisation des pesticides modernes n’est pas sans risque. Lorsqu’ils sont utilisés de manière excessive et/ou incorrecte, les pesticides peuvent avoir un impact indésirable sur les plantes, les animaux et la santé humaine.

    La bonne nouvelle, c’est que les chercheurs et les agriculteurs continuent à travailler sur des méthodes permettant de réduire la quantité de pesticides nécessaires pour protéger les cultures, grâce à des systèmes plus précis et plus efficaces de pulvérisation guidée par GPS et à des modes avancés de détection des parasites.

    Ces deux méthodes permettent aux agriculteurs de lutter contre les petits parasites localisés avant que l’infection ou l’infestation ne se généralise.

    Dans les décennies à venir, le rôle des cultures génétiquement modifiées (GM) dans la réduction de l’utilisation des pesticides va révolutionner l’agriculture. L’incorporation de gènes sélectionnés de lutte contre les infections et les infestations dans des cultures clés peut aider de nombreuses cultures agricoles à résister aux parasites et aux maladies , sans avoir recours à un traitement externe aux pesticides.

    Aujourd’hui, les pesticides restent une protection très modeste mais solide contre les ravages de la nature qui, sinon, chercherait à dévorer ou à détruire les cultures, les matières premières et les animaux qui nourrissent l’humanité.

    Leur utilisation a été l’une des rares technologies agricoles véritablement révolutionnaires qui ont contribué à notre situation actuelle d’abondance alimentaire.

    Sur le web