• chevron_right

      Sondage Contrepoints : 4 Français sur 10 pour le libre-échange… mais pas ceux que vous croyez

      Guillaume Périgois · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 12 February, 2021 - 04:40 · 4 minutes

    sondage contrepoints

    Par Guillaume Périgois.

    La mondialisation divise les Français en trois, avec un avantage pour les partisans du libre-échange commercial.

    Selon un sondage OpinionWay pour Contrepoints commandité pour la publication du livre Économie mondiale, prospérité locale – Comment les régions françaises réussissent dans la mondialisation (Librairal, février 2021, offert), 37 % des Français estiment que les barrières commerciales devraient être baissées au moins si les autres pays le font (et 13 % de manière unilatérale), 31 % pensent qu’il faudrait les maintenir ou les augmenter et 29 % sont sans opinion.

    Ainsi, 3 Français sur 10 pensent que le pays « devrait maintenir ou augmenter ses barrières commerciales, car cela protégerait les entreprises françaises contre l’importation de produits de concurrents étrangers, même si cela a un effet négatif sur les consommateurs français et les producteurs français des secteurs d’exportation. »

    Presque 4 Français sur dix estiment au contraire que la France devrait baisser ses barrières commerciales.

    Parmi eux, ils sont 24 % à répondre que « la France ne devrait abaisser ses barrières commerciales que si d’autres pays le font, car c’est la seule façon de les inciter à ouvrir leurs marchés » et 13 % à préférer que la pays baisse « ses barrières commerciales même si les autres pays ne le font pas, car les consommateurs pourraient acheter des produits importés moins chers et la concurrence étrangère inciterait les entreprises françaises à améliorer la qualité et les prix de leurs produits. »

    Contrairement aux idées reçues, ce sondage révèle donc que les Français sont plus enclins au libre-échange qu’au protectionnisme .

    Décortiquons ces résultats.

    Qui sont les partisans du libre-échange unilatéral ?

    Le portrait-robot du Français favorable au libre-échange unilatéral est une femme ou un homme, de 18 à 49 ans mais plutôt de 35 à 49 ans (19 %), employé ou ouvrier (16 %), et habitant le Nord-Est, le Sud-Est mais surtout la région parisienne (19 %).

    Plus surprenant, ce partisan d’une ouverture unilatérale des frontières commerciales est plutôt politiquement proche… de la France Insoumise (22 %) ou du Rassemblement national (18 %) et a voté Marine Le Pen (20 %) ou Benoît Hamon (19 %) aux élections présidentielles de 2017.

    Les plus défavorables au libre-échange unilatéral sont les plus de 65 ans (6 %), du Nord-Ouest de la France (9 %), proches de Europe écologie – Les Verts (8 %) ou de La République en Marche (9%), ayant voté Emmanuel Macron (8 %) ou François Fillon (8 %) en 2017.

    Qui sont les partisans du libre-échange bilatéral ?

    Changement de décor chez ceux pour qui la France ne devrait abaisser ses barrières commerciales que si d’autres pays le font.

    On trouve du côté du libre-échange bilatéral les hommes (29 %), de 65 ans et plus (34 %), de catégories socioprofessionnelles supérieures (28 %) ou inactifs (27 %), d’Île-de-France ou du Sud-Ouest (28 %), habitant dans des villes de plus de 20 000 habitants.

    Ils sont proches de la République en Marche (45 %) et ont voté Emmanuel Macron (41 %) ou François Fillon (34 %) en 2017.

    Qui sont les protectionnistes ?

    La proposition selon laquelle le pays « devrait maintenir ou augmenter ses barrières commerciales » obtient plutôt les suffrages des 50-64 ans (34%) et des plus de 65 ans (34%), du Nord-Est (35%) et habitant une commune rurale (37%).

    Politiquement, les protectionnistes sont proches du Rassemblement National (48 %), des Républicains (38 %) ou d’Europe écologie – Les Verts (36 %) et ont voté Marine Le Pen (46 %) ou François Fillon (38 %) en 2017.

    Des mythes qui volent en éclats

    Une intuition sort renforcée de cette enquête : oui, les habitants des communes rurales sont plus favorables au protectionnisme et les habitants de la région parisienne sont plus favorables au libre-échange.

    Mais ce sondage brise aussi certains préjugés.

    On dit que les plus modestes seraient opposés au libre-échange ? C’est faux : les employés et ouvriers sont les plus susceptibles de vouloir un libre-échange unilatéral.

    Les partis centristes seraient-ils vraiment pour l’ouverture des frontières et les partis extrêmes pour leur fermeture ? Faux : on trouve du côté du libre-échange les proches de la République en Marche et la France Insoumise et du côté du protectionnisme les proches du Rassemblement National, des Républicains et d’Europe écologie – Les Verts.

    Les attitudes des Français sur le commerce international et la mondialisation dessinent donc un clivage parfois contre-intuitif : le centre, l’extrême gauche et les urbains pour l’ouverture, l’extrême droite, la droite, les écologistes et les ruraux pour le repli.

    Mais surtout, malgré un contexte sanitaire et économique catastrophique, et contrairement aux opinions fréquemment véhiculées par ceux qui prétendent parler pour eux, il y a davantage de Français pour le libre-échange que pour le protectionnisme.

    Ce sondage a été commandé pour la publication de l’essai librement téléchargeable en cliquant ici .

    Sondage OpinionWay pour Contrepoints réalisé sur un échantillon de 1003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité a été assurée selon la méthode des quotas. Interrogation réalisée en ligne en décembre 2020.

    • chevron_right

      In Vino Veritas : subventions et taxes ne sont jamais la solution

      Simone Wapler · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:35 · 4 minutes

    subventions

    Par Simone Wapler.

    Les vignerons sont frappés par une nouvelle surtaxe à l’export vers les États-Unis. Ils sont victimes collatérales d’une guerre Airbus-Boeing au moment où le confinement les prive de débouchés commerciaux.

    Tout commençait bien, il y a presque vingt ans. En 1992, un louable accord entre l’Union européenne et les États-Unis impose des limites aux subventions publiques que peut recevoir le secteur aéronautique des deux côtés de l’Atlantique. Hélas, nous vivons dans un monde cruel…

    En 2004, Boeing accuse Airbus de bénéficier de prêts et subventions contraires à cet accord ; les États-Unis déposent une plainte à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et une enquête commence.

    En 2005, l’Union européenne riposte en déposant à son tour une plainte pour les mêmes motifs : Boeing recevrait aussi des subventions et des aides.

    En 2010, l’OMC rend son verdict dans le premier conflit Boeing contre Airbus, déclare l’Union européenne coupable et estime la compensation due à Boeing à 7,5 milliards de dollars.

    En 2019, deuxième verdict de l’OMC sur la plainte d’Airbus examinée sur le fond à partir de 2006 ; à leur tour, les États-Unis sont déclarés fautifs et doivent une compensation de quatre milliards de dollars à l’Union européenne. Union européenne : 7,5 ; États-Unis : 4.

    Soigner le mal par le mal : subventions, taxation

    Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si le remède administré par l’OMC n’était pas pire que le mal. Pour compenser les subventions illicites, l’OMC autorise les plaignants à taxer respectivement certains produits européens entrant aux États-Unis et certains produits américains entrant en Union Européenne.

    Rappelons que toujours et partout, les subventions sont payées par les contribuables locaux , les droits de douanes sont payés par les consommateurs locaux . C’est donc double peine pour les contribuables et consommateurs de chaque côté de l’Atlantique qui ont financé par leurs impôts respectifs des subventions à leurs champions aéronautiques, puis devront payer plus cher de leur poche certains produits importés. Pour eux, les pénalités s’additionnent : 11,5 partout !

    Le ketchup contre le pinard

    Deux nombreux bureaucrates de part et d’autre de l’Atlantique se sont ensuite attelés à la délicate tâche de déterminer les produits qui seraient surtaxés.

    Tomato Ketchup, Boeing 737 Max et patate douce made in USA sont dans le viseur de Bruxelles. Équipements aéronautiques, vins tranquilles à degré d’alcool inférieur à 14°, cognacs français et allemands sont dans le collimateur américain.

    Le réchauffement climatique au secours du vin

    Comble d’ironie, de nombreux producteurs viticoles avaient pu échapper à la surtaxe américaine en 2020 grâce à deux années particulièrement chaudes (2018 et 2019) qui ont permis de produire du vin naturellement supérieur à 14°, degré d’alcool qui n’était pas visé par les zélés bureaucrates yankees peut-être amateurs de vins charpentés.

    Mais le tir a été rectifié pour 2021. D’où la colère du président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux en France qui se plaint d’une disparition des débouchés au moment même où les stocks sont gonflés par les confinements, couvre-feux et autres mesures supposées nous protéger .

    Les fabricants de chandelles et l’escalade dans l’absurde

    Toutes ces lamentables affaires de subventions et droits de douane ne sont que le fruit de la croyance naïve en l’efficacité du protectionnisme . Pourtant, le capitalisme de connivence et le protectionnisme sont toujours nuisibles et coûteux.

    Ceci a été dénoncée avec brio au XIXe siècle par Frédéric Bastiat dans sa Pétition au Parlement français de la part des fabricants de chandelles . Dans cette satire, des producteurs se plaignent de la concurrence ruineuse d’un étranger (qui n’est autre que le soleil) et demandent « une loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes […] par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons ».

    La prochaine fois que votre main se dirigera vers le Ketchup, ou que vous déboucherez une bonne bouteille, n’oubliez pas de penser à Airbus et Boeing et méditez Frédéric Bastiat :

    Aujourd’hui comme autrefois, chacun, un peu plus, un peu moins, voudrait bien profiter du travail d’autrui. Ce sentiment, on n’ose l’afficher, on se le dissimule à soi-même ; et alors que fait-on ? On imagine un intermédiaire, on s’adresse à l’État, et chaque classe tour à tour vient lui dire : « Vous qui pouvez prendre loyalement, honnêtement, prenez au public, et nous partagerons. »

    Le protectionnisme ne nous protège pas, il nous rackette. Dans les modes de compensation qu’elle impose, l’OMC démontre qu’elle œuvre pour le capitalisme de connivence et non pas pour la défense des citoyens et la promotion du libre-échange qui se passe très bien de toute bureaucratie.

    • chevron_right

      Carrefour dégringole en bourse, la faute au « souverainisme économique »

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 19 January, 2021 - 04:15 · 3 minutes

    Carrefour

    Par Frédéric Mas.

    Le cours de l’action Carrefour a dégringolé après l’échec du rapprochement avec le groupe québécois Couche-Tard que le gouvernement français a court-circuité pour « préserver la souveraineté alimentaire » du pays.

    Vers 14 heures ce lundi, le titre perdait 6,17 % à 15,60 euros. L’extension du contrôle de l’État sur l’économie nationale au nom de la notion fluctuante d’« intérêt stratégique » ou de « patriotisme économique » n’est pas seulement politiquement irrationnelle, mais économiquement dangereuse.

    Carrefour : la souveraineté alimentaire avant tout

    Lors d’un passage télévisé sur France 5 la semaine dernière, Bruno Le Maire avait déclaré qu’il n’était a priori pas favorable à un rapprochement entre les deux groupes car à ses yeux, Carrefour représentait un « chaînon essentiel dans la sécurité alimentaire des Français, dans la souveraineté alimentaire » .

    Non seulement l’État donne son avis sur la situation de Carrefour, mais il se fait arbitre d’un intérêt général qui se construit en opposition aux principes élémentaires du libre-échange.

    C’est que la crise sanitaire a déclenché la panique au sommet de l’État. Il a même été envisagé en mars dernier de rationner l’approvisionnement alimentaire des Français pour pallier la flambée de l’absentéisme et des commandes non livrées.

    Si les acteurs du secteur de l’alimentation et l’armée ont dû plancher sur cette éventualité, c’est la pénurie réelle de masques, de gel et de test qui a fait sentir aux dirigeants notre dépendance vis-à-vis des importations dans le domaine médical. Mais l’autosuffisance est-elle souhaitable, et dans quelle mesure ?

    Le flou de l’intérêt stratégique

    La notion d’intérêt stratégique est ici suffisamment floue pour légitimer l’interventionnisme étatique bien au-delà de son domaine de compétence, c’est-à-dire des activités régaliennes.

    Comme l’observent les économistes Emmanuel Combe et Sarah Guillou dans un rapport de la Fondapol paru ce dimanche 17 janvier, l’autonomie stratégique régulièrement invoquée par une partie de la classe politique est une version moderne et atténuée de l’autarcie.

    L’encouragement à produire des biens et des services jugés « stratégiques » est couvert par de nombreux textes de lois internationaux, en général assez stricts et limités aux périodes d’exception. Cependant, le risque en cas de flottement sur la définition de « stratégique » est son instrumentalisation par le capitalisme de connivence : « Les entreprises vont tenter d’influencer les décideurs politiques sur la définition de ce qui est stratégique, afin d’être protégées de la concurrence étrangère. »

    C’est ce qu’a fait Donald Trump pour augmenter les droits de douane au nom de la « sécurité nationale », et c’est ce qu’a fait l’État français en resserrant son contrôle sur les investissements directs étrangers sur le sol national. Maintenant l’intérêt stratégique s’étend au secteur alimentaire.

    Comme le notait Eddie Willers dans Contrepoints :

    « Alors qu’il est censé représenter l’intérêt général, l’État ne représente que son propre intérêt. En fonction des circonstances, il peut demander des dividendes lorsque les déficits dérapent, des maintiens d’emplois pour préserver sa cote de popularité dans l’opinion, d’investir dans un projet non rentable pour améliorer son image à l’étranger. Parfois les trois en même temps… »

    Ainsi, profitant de l’État d’urgence sanitaire, le pouvoir politique étend ses filets sur l’économie et ce faisant, la menace directement. Incapable de penser en dehors du cadre de la planification centrale, il menace de fait toutes nos libertés.

    • chevron_right

      Front Populaire - Faut-il avoir peur du protectionnisme ?

      news.movim.eu / souverains · Friday, 21 August, 2020 - 21:06

    Front Populaire  - Faut-il avoir peur du protectionnisme ?

    Voilà qui m'a l'air bien comme premier billet (bien qu'un peu daté). Les chiffres avancés sont donc à mettre à jour, avec en plus la création du super plan de relance européen. Vous l'avez deviné, ce sera pire.

    #France, #politique, #fr, #UE, #Protectionnisme, #LibreEchangisme