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      AstraZeneca, Pfizer, Moderna... L'efficacité des vaccins au banc d'essai

      Quang Pham · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 09:53 · 5 minutes

    VACCINS - Tous les vaccins sont-ils aussi efficaces de la même manière contre le coronavirus? Les revers successifs subis par AstraZeneca peuvent semer le doute. D’abord déconseillé aux plus de 65 ans en France par la Haute Autorité de Santé, le vaccin a été ensuite suspendu de la campagne de vaccination en Afrique du Sud .

    La raison? Une efficacité présumée moindre selon certaines études contre les formes modérées du variant sud africain . L’OMS a toutefois dernièrement mis en garde contre un excès de pessimisme vis-à-vis du vaccin AstraZeneca, déclarant qu’il demeurait “une partie importante de la réponse à la pandémie actuelle”.

    Face aux déclarations parfois contradictoires des autorités de santé, pas facile de s’y retrouver parmi les nombreuses références de vaccins disponibles. Pour vous y aider, nous avons listé ci-après les principaux vaccins présents sur le marché ainsi que leurs caractéristiques en termes de taux d’efficacité, de performance contre les variants, de disponibilité.

    BioNTech Pfizer (BNT162)

    États-Unis, Allemagne

    • Type de vaccin : ARN messager en deux doses.

    • Demande d’autorisation : autorisé en France depuis fin décembre.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 95 %.

    • Performance contre les variants : neutralise le variant anglais et reste efficace contre le variant sud-africain malgré une diminution de l’immunité procurée.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : plus facilement que les vaccins plus classiques, d’après les experts en quelques semaines.

    • Effets secondaires : classiques pour un vaccin. Des douleurs au bras à l’injection et des symptômes grippaux à la seconde dose. Dans de très rares cas, des patients ont été victimes de chocs anaphylactiques , une réaction allergique grave.

    • Comment il est stocké :  dans un super-réfrigérateur à -70°C.

    • Disponibilité en France : 78 millions de doses commandées, livraisons débutées en décembre.

    Moderna (mRNA-1273)


    États-Unis

    • Type de vaccin : ARN messager en deux doses.

    • Demande d’autorisation : autorisé en France depuis janvier.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 94 %.

    • Performance contre les variants : immunise à 95 % contre le variant anglais. Le vaccin parvient à neutraliser le variant sud africain bien que son efficacité face à cette mutation ait été divisée par six.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : comme le vaccin Pfizer très facilement. Un nouveau rappel contre le variant sud-africain est en cours de développement.

    • Effets secondaires : similaires au vaccin Pfizer. Des douleurs au bras à la première injection et des symptômes grippaux lors de la seconde dose.

    • Comment il est stocké :  dans un réfrigérateur à -20°C.

    • Disponibilité en France : 24 millions de doses commandées, livraisons en cours depuis janvier.

    AstraZeneca (AZD1222)


    Royaume-Uni, Suède

    • Type de vaccin : à vecteur viral en deux doses.

    • Demande d’autorisation : autorisé en France mais recommandé aux personnes de moins de 65 ans.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 60 %.

    • Performance contre les variants : efficace à 60 % contre le variant anglais. Des doutes existent sur son efficacité contre les formes modérées du Covid-19 provoquées par le variant sud-africain. Ce qui a conduit l’Afrique du Sud à suspendre son utilisation. Les données sur les performances du vaccin AstraZeneca contre le variant sud-africain étant parcellaires , des études supplémentaires seront nécessaires pour statuer de son efficacité contre cette mutation du virus.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : même s’il n’est pas aussi facilement adaptable qu’un vaccin à ARN messager, il est possible de mettre à jour le vaccin rapidement. Une nouvelle version du vaccin contre le variant sud-africain est en cours de développement .

    • Effets secondaires : de la fièvre pour 9% des patients. Douleurs au bras à l’injection, fatigue et maux de tête pour les autres .

    • Comment il est stocké : dans un simple frigo.

    • Disponibilité en France : 44 millions de doses commandées, livrées depuis février.

    Johnson & Johnson (Ad26.COV2.S)


    États-Unis

    • Type de vaccin : à vecteur viral en une dose.

    • Demande d’autorisation : en cours d’autorisation aux États-Unis. Une demande devrait être adressée également à l’Agence de régulation européenne.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 66 %.

    • Performance contre les variants : efficace à 57 % contre le variant sud-africain.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : comme le vaccin AstraZeneca, il peut être adapté rapidement.

    • Effets secondaires : Douleurs à l’endroit de l’injection et symptômes grippaux .

    • Comment il est stocké : dans un simple frigo.

    • Disponibilité en France : 30 millions de doses commandées, livrées à partir d’avril s’il est bien autorisé

    CureVac (CVnCov)


    Allemagne

    • Type de vaccin : ARN messager en deux doses.

    • Demande d’autorisation : en cours de tests cliniques.

    • Efficacité contre la souche d’origine : Pas encore de données définitives le vaccin étant encore en test. Le fabricant s’attend à des taux d’efficacité aussi élevés que les autres vaccins à ARN messager, Moderna et Pfizer.

    • Performance contre les variants : Pas de données.

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : étant un vaccin ARN, il est modifiable rapidement. Une nouvelle version est d’ailleurs en cours de développement contre les variants.

    • Effets secondaires : après la seconde injection , douleurs musculaires, fatigue, maux de tête et parfois fièvre.

    • Comment il est stocké : dans un frigo normal.

    • Disponibilité en France : 43 millions de doses commandées, livrées à partir de la fin du mois de mars, à condition qu’il soit autorisé.

    Spoutnik V (laboratoire Gamaleya)

    Russie

    • Type de vaccin : à vecteur double viral en deux doses.

    • Demande d’autorisation : en attente d’autorisation en Europe.

    • Efficacité contre la souche d’origine : 92 %.

    • Performance contre les variants : pas de données disponibles

    • Comment il peut être adapté contre les nouveaux variants : le vaccin pourra être ajusté mais moins rapidement qu’un vaccin à ARN messager.

    • Effets secondaires : douleurs au bras, fatigue et fièvre.

    • Comment il est stocké : dans un frigo classique.

    • Disponibilité en France : Pas de commandes -pour l’instant-.

    Quel choix de vaccin?

    Peu importe finalement la référence du vaccin administré, répondent les experts. Il est même probable que vous n’aurez pas le choix de votre vaccin. Ce qui compte, c’est d’en recevoir un, car tous les vaccins procurent une protection importante contre les formes sévères du covid-19 et vous éviteront une hospitalisation voire un décès.

    Durant les tests cliniques des principaux vaccins, aucun mort directement lié au Covid n’a été à déplorer parmi la population vaccinée. Chaque vaccin a présenté un pourcentage de protection contre les décès égal à 100%. Malgré des différences d’efficacité entre les références, la vaccination apparaît donc comme un des moyens les plus efficaces pour sauver des vies.

    À voir également sur Le HuffPost : Des vaccins à 90% efficaces, ce que ça veut dire...et surtout pas dire

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      Le coronavirus présent dès novembre 2019 en France? Cette étude le suggère

      AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 10 February, 2021 - 19:48 · 2 minutes

    Le coronavirus a-t-il circulé dès novembre 2019 en France? Cette étude le suggère (image d

    CORONAVIRUS - Le coronavirus responsable du Covid-19 pourrait avoir circulé en France dès novembre 2019, avant même sa détection officielle en Chine en décembre, selon une étude qui ne permet toutefois pas d’apporter de réponse catégorique.

    Ces résultats “suggèrent une circulation du SARS-CoV-2 en Europe plus précoce que ce qui a été rapporté”, écrivent les auteurs de ces travaux, publiés le 6 février dans la revue European Journal of Epidemiology.

    Ces derniers mois, des chercheurs de différents pays ont assuré que des cas étaient passés inaperçus bien avant décembre 2019 , sans pouvoir en apporter de preuve définitive. Ce genre de travaux se base essentiellement sur des analyses d’eaux usées ou des tests a posteriori d’échantillons sanguins. C’est cette dernière méthode qui a été utilisée par les chercheurs français.

    Ils ont pris comme point de départ 9144 échantillons sanguins émanant de la vaste cohorte Constances, lancée en France en 2012 pour divers travaux de suivi épidémiologique.

    Ils ont réalisé sur ces échantillons des tests sérologiques, pour détecter la présence d’anticorps au SARS-CoV-2, signes d’une infection passée. 353 d’entre eux étaient positifs.

    Une deuxième analyse pour éviter les faux positifs

    Pour limiter le risque d’avoir des faux positifs, ils ont procédé à une deuxième analyse, plus pointue, afin de détecter la présence d’anticorps neutralisants.

    Finalement, 44 échantillons ont été positifs aux deux tests, dont 7 datant de novembre 2019 et 3 de décembre 2019.

    Outre ces analyses, onze de ces personnes ont été interrogées pour voir si elles avaient présenté des signes évocateurs du Covid-19 à l’époque du prélèvement.

    Cinq ont dit avoir “présenté des signes de maladies respiratoires virales et huit avaient été en contact étroit avec des personnes qui présentaient de tels signes ou ont signalé des situations à risque d’exposition potentielle au SARS-CoV-2”, selon l’étude.

    “Dans plus de la moitié des cas, on a affaire à des gens qui ont voyagé ou qui ont été en contact avec des personnes ayant été malades”, a expliqué mercredi au journal Le Monde l’un des chercheurs, le Pr Fabrice Carrat, de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm, Sorbonne Université).

    Pour autant, on ne peut pas être sûr à 100% que ces résultats n’ont pas été biaisés par des faux positifs, même si les chercheurs ont fait le maximum pour limiter le risque.

    Cette question est “le principal problème”, écrivent-ils, tout en jugeant “improbable que l’ensemble (des échantillons) soient des faux positifs”.

    La question de l’origine du coronavirus est sensible sur le plan géopolitique.

    La Chine a mis l’accent sur les études suggérant que le Covid-19 serait apparu fin 2019 dans d’autres pays. Mais la mission qu’y a envoyée l’OMS pour tenter - en vain - de percer les origines du Covid-19 a jugé mardi que ces études n’apportaient pas de preuve suffisante.

    À voir également sur Le HuffPost: Face au Covid-19, Olivier Véran lance un appel aux infirmiers qui ont quitté l’hôpital

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      La dermatillomanie, un toc qui a ravagé sa peau

      Esther Suraud · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 10 February, 2021 - 16:42 · 2 minutes

    BIEN-ÊTRE - Les boutons et les points noirs sont rarement appréciés. Certaines personnes les détestent plus que d’autres. C’est le cas de Camille, qui a développé une attitude compulsive vis-à-vis de sa peau pendant 15 ans. Diagnostiquée comme dermatillomane, la jeune femme de 30 ans touchait, vérifiait, surveillait chaque zone à la recherche de la moindre “ imperfection ”. Aujourd’hui, elle a accepté de partager au HuffPost, dans l’interview à voir dans la vidéo ci-dessus , le chemin qu’elle a parcouru pour aller mieux.

    Camille a toujours accordé une grande importance à son apparence . C’est à l’âge de 12 ans, lorsqu’elle a commencé à avoir de l’acné, que sa peau est devenue une obsession pour elle. Cette obsession, appelée la dermatillomanie, l’a suivie de nombreuses années. Depuis 2015, ce triturage pathologique de la peau est répertorié dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

    Un trouble anxieux peu connu qui touche majoritairement les femmes, le plus souvent, vers l’adolescence. Cet état de “transe” lors des crises de dermatillomanie dégrade la qualité de la peau. Les lésions générées par le grattage quotidien provoquent des croûtes, des saignements et des cicatrices. “Ça m’arrivait d’annuler des soirées, des rendez-vous, même des entretiens d’embauche, parce que j’avais fait une crise la veille et que je ne me sentais pas de sortir comme ça”, confie-t-elle.

    Le chemin est long pour s’en sortir

    Pour aller de l’avant, Camille a d’abord dû poser un mot sur ce dont il lui arrivait. C’est en intégrant des groupes anglophones sur Facebook, dédiés à ce TOC, qu’elle a compris. “Je me disais que, s’il y a un mot là-dessus et que nous sommes plusieurs atteints, ça veut dire qu’il y a aussi des solutions pour guérir”.

    Elle a donc eu recours à de nombreuses thérapies : une thérapie TCC (thérapie conitivo comportementale), une thérapie d’inspiration analytique, de l’hypnose... Elle s’est également entourée des bonnes personnes . “C’est un trouble qui a plusieurs racines, nous sommes obligés de toutes les explorer pour aller mieux”, explique-t-elle avec du recul.

    Aujourd’hui, Camille va mieux. Elle reste cependant vigilante. ”Ça fait deux ans que j’ai réussi à m’en sortir et je me sens beaucoup plus libre. Mais c’est une alarme. Si un jour, je suis fatiguée, stressée, je peux toujours avoir ces pensées qui reviennent. Il faut que je fasse très attention”. En avril 2019, elle s’est lancée sur Instagram avec son compte “peau.ssible”, dédié à la dermatillomanie. Elle y donne ses conseils pour s’en sortir.

    “J’essaie de partager tout ce que j’aurais aimé savoir à l’époque et ce que j’ai appris durant ces 15 années de lutte”. Pour l’été 2021, Camille prévoit de publier son premier livre qui retracera son parcours jusqu’à la guérison. “Gardez toujours espoir car c’est peau.ssible d’aller mieux. Si j’ai réussi à le faire, vous pouvez le faire aussi !”

    À voir aussi sur Le HuffPost: Cette instagrameuse fait de son acné une force

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      Pour Brigitte Macron, "Fortnite c'est terrible", mais la réalité est plus complexe

      Valentin Etancelin · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 12:12 · 7 minutes

    Brigitte Macron, ici au mois de janvier 2021, a critiqué le temps passé par les adolescents sur le jeu Fortnite.

    SANTÉ - “Fortnite, c’est terrible… Quand ils sont sur des jeux comme ça, comment faire pour qu’ils arrêtent?” Ces mots, ce sont ceux de Brigitte Macron lors d’une visite, ce mercredi 3 février, à la Maison des adolescents du Loir-et-Cher, à Blois.

    Sur place, une “démonstration de théâtre-forum” jouée par des comédiens locaux, comme le rapporte La Nouvelle République , a semble-t-il alerté la Première dame sur l’addiction aux jeux vidéo alors qu’elle est déjà inquiète des conséquences du contexte sanitaire sur les jeunes. “L’adolescence est déjà un âge qui n’est pas simple, regrette-t-elle. Avec cette crise, c’est encore plus compliqué. L’adolescence est un passage compliqué. À nous, adultes, de faire le geste.”

    Depuis son apparition en 2017, le jeu “Fortnite”, accessible gratuitement sur ordinateur, consoles et smartphones, est un phénomène. Il compte, aujourd’hui, 350 millions d’inscrits. Rien qu’au mois d’avril 2020, pendant le confinement, 3,2 milliards d’heures de jeu ont été relevées. Son principe? Être l’ultime survivant d’une île sur laquelle s’affrontent une centaine de joueurs.

    Dans ce jeu vidéo, il n’y a pas de sang. Les graphismes sont “cartoonesques”. Pour le moment, nous ne connaissons pas véritablement l’âge moyen des joueurs et des joueuses, “mais il n’est pas rare qu’en branchant son micro et son casque, on réalise que l’on côtoie des adolescents, voire des enfants”, observe Numerama .

    L’addiction des joueurs dénoncée

    Comme Brigitte Macron, certains parents s’inquiètent de l’utilisation, parfois grandissante, du jeu chez leurs enfants. En octobre 2019, un cabinet d’avocats québécois a, par exemple, déposé une demande d’action collective contre le jeu, assurant par la même qu’il avait été pensé pour développer l’addiction des joueurs.

    D’après un document déposé auprès de la Cour supérieure du Québec, ils estiment que les fondateurs “ont utilisé les mêmes tactiques que les créateurs de machines à sous, soit des programmes de récompenses variables, pour s’assurer de la dépendance de ses utilisateurs, le cerveau étant manipulé pour toujours désirer davantage”.

    Il faut dire que “Fortnite” est en permanente évolution. Chaque jour, les cartes, les habits, les danses de célébration et les modes de jeux bougent. D’après le youtubeur Game Spectrum, “Fortnite utilise les données des [...] joueurs, pour voir où ils se lassent, où ils apprécient le jeu le plus”.

    Célia Hodent, qui a été pendant quatre ans la directrice de l’expérience utilisateur d’Epic Games, société mère du jeu, dément. Le jeu n’a pas été pensé pour développer l’addiction, assure-t-elle. “Quand une équipe développe un jeu, elle va souffrir de ce que l’on nomme le biais de connaissance. Elle connaît trop le produit. Du coup, il va être dur pour elle d’anticiper comment les nouveaux joueurs vont réagir”, a-t-elle expliqué à 20 Minutes .

    Son travail, aux côtés d’une équipe de psychologues, a été de “s’assurer que les joueurs comprennent le message du jeu, se familiarisent avec celui-ci, s’y sentent à l’aise et en ressortent satisfaits”, comme le rappelle cet article du Monde . La responsable a quitté l’entreprise peu de temps après le lancement du jeu, à l’automne 2017, pour se concentrer sur des thématiques qui lui sont chères, comme la sensibilisation à la lutte contre la toxicité en ligne, l’inclusivité et l’éducation.

    La “maladie” fait débat

    Ceci étant, le débat autour de “Fortnite” n’est pas propre à ce jeu. Il est l’illustration d’une critique régulièrement faite aux jeux vidéo. En juin 2018, l’OMS a, par exemple, ajouté le “trouble du jeu vidéo” à la classification internationale des maladies. Une décision qui ne fait pas l’unanimité chez les chercheurs. Certains avaient, dès 2016, appelé l’organisation à ne pas l’officialiser.

    Pourquoi? D’abord, parce que les cas d’addiction sont rares. Sur les 2,5 milliards de joueurs qu’il y avait en 2018, seule “une petite minorité” d’entre eux étaient touchés par ce trouble, a souligné une responsable de l’OMS.

    Aussi, parce qu’une partie des études utilisées ont de possibles biais importants. “C’est une approche intéressante, mais cela risque de pathologiser des comportements qui sont normaux pour des centaines de millions de joueurs réguliers”, expliquait Andy Przybylski, psychologue à Oxford et spécialiste du sujet, dans un appel réitéré en 2018 dans les colonnes du Guardian .

    “Les preuves que nous avons suggèrent que le ‘trouble du jeu vidéo’ est simplement symptomatique d’un autre problème mental sous-jacent et que le jeu vidéo est souvent utilisé comme un mécanisme d’adaptation face à ces problèmes”, assurait, en 2017, Gizmodo Chris Ferguson, psychologue à l’université de Stetson.

    Une source de bien-être

    Depuis plusieurs années, les études sur les jeux vidéo se multiplient. L’une d’entre elles, parue au mois de novembre 2020, rappelle tous les bénéfices qu’on peut en tirer pour notre santé mentale, prenant pour point de départ le succès d’“Animal Crossing” au cours du confinement. “Nos résultats confortent l’idée que les jeux en ligne offrent une alternative satisfaisante aux rencontres en face à face en cette période exceptionnelle”, a expliqué un des auteurs de l’étude, Matti Vuorre, à l’AFP.

    Lui et ses collègues mettent en avant l’utilisation de données de temps de jeu fournies par les développeurs, là où des études précédentes se basaient sur des auto-évaluations des personnes sondées. “Dans notre étude, l’association entre temps de jeu réel et bien-être était plus forte” qu’en comparant avec le temps de jeu rapporté, explicitent-ils.

    En travaillant avec les éditeurs de jeu EA et Nintendo, “pour la première fois, nous avons pu questionner la relation entre la façon de jouer et le bien-être”, précise le professeur Andrew Przybylski, lui aussi auteur de l’étude, dans un communiqué de presse.

    D’après les résultats, les personnes ayant passé plus de quatre heures par jour en moyenne à jouer à “Animal Crossing” se disaient plus heureuses. Le jeu de simulation, comme celui de tir “Plants vs Zombies”, deux titres qui n’appartiennent pas au même genre, possèdent tous les deux des graphiques colorés, proches du dessin animé, et ni l’un ni l’autre ne font partie des titres les plus controversés pour leur violence, ou leur incitation à dépenser de l’argent.

    Des vecteurs d’apprentissage

    Augmentation de la flexibilité du cerveau, ralentissement du degré de déclin mental, amélioration des capacités de lecture, ... Les bienfaits insoupçonnés sont nombreux. Chez “Fortnite”, aussi. D’après le psychologue pour enfants Randy Kulman, qui s’appuie sur les observations d’une étude scientifique de 2013, le jeu développe les mêmes capacités d’attention du joueur que tout autre jeu d’action.

    “Dans ‘Fortnite’, où tout le monde est un ennemi, une vigilance et une attention constantes sont essentielles, au même titre que le besoin d’ignorer toute forme de distraction extérieure, écrit le spécialiste dans un blog de Psychology Today . De plus, comme dans la plupart des jeux d’action, ‘Fortnite’ contient des séquences complexes où les joueurs doivent se concentrer sur plusieurs facteurs à la fois - éviter les ennemis, chronométrer les sauts périlleux et apprendre de nouvelles techniques de jeu - qui dépendent tous d’une profonde concentration.”

    Il ajoute: “Il est possible aussi qu’ils acquièrent des compétences en matière de coopération et de communication. Le ‘mode créatif’ peut aussi être une occasion d’améliorer leurs compétences en matière de planification et de résolution de problèmes.”

    Cependant, le psychologue rappelle que c’est un jeu, et parce que c’est un jeu il faut le considérer comme une activité “amusante” avant de le voir comme une plateforme d’apprentissage. “Si vous voulez que votre enfant apprenne davantage de ‘Fortnite’, vous devriez peut-être y jouer avec lui et passer du temps à discuter et à élaborer des stratégies de jeu”, conseille-t-il. Les recommandations de l’expert interrogent. Dans quelle mesure le temps que passent les ados sur “Fortnite” est-il à risque? Comment encadrer sans réprimer leur utilisation? Les choses semblent, en tout cas, plus complexes que ne le préfigurent les propos de Brigitte Macron sur le sujet.

    À voir également sur Le HuffPost : Un concert de Travis Scott dans Fortnite réunit 12 millions de joueurs

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      Sanofi va gâter ses actionnaires après l'envolée de son bénéfice, la CGT indignée

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 11:07 · 4 minutes

    ÉCONOMIE - Le revers sur son vaccin anti-Covid n’a pas entamé les résultats de Sanofi: fort d’une envolée de son bénéfice net l’an dernier, certes liée à une opération ponctuelle, le géant pharmaceutique français va gâter ses actionnaires, au risque de relancer la polémique.

    Dopé principalement par la vente d’une grande partie de ses actions Regeneron, la biotech américaine qui a développé le traitement anti-Covid utilisé par Donald Trump, Sanofi a gagné 12,3 milliards d’euros de bénéfice net en 2020, contre 2,8 milliards un an auparavant, soit une progression de près de 340%.

    Dans la foulée, il a annoncé ce vendredi 5 février qu’il proposerait un dividende de 3,20 euros par action - contre 3,15 euros pour l’exercice précédent -, ce qui représentera au total plus de 4 milliards d’euros pour ses actionnaires.

    Le géant pharmaceutique publie ces résultats après plusieurs journées d’action syndicale contre sa stratégie, à l’appel de la CGT notamment. Le 19 janvier déjà, les syndicats dénonçaient cette augmentation prévisible , comme le montre notre vidéo en tête d’article .

    “Trop c’est trop: ces résultats sont la preuve que Sanofi s’apprête encore à détruire 1700 postes pour rien”, s’est indignée la CGT dans un communiqué après l’officialisation des résultats par le laboratoire. Et de dénoncer au passage un ”État complice, impuissant volontaire face à la multinationale”.

    L’an dernier, le laboratoire avait en effet annoncé 1700 suppressions de postes, dont environ un millier en France. Selon les syndicats, près de 400 de ces suppressions auront lieu dans la recherche, ce qui lui a valu d’être vivement interpellé par des élus, dont François Ruffin (LFI).

    La pilule passe mal alors que Sanofi, l’un des leaders mondiaux dans le monde des vaccins, a enregistré un retard de plusieurs mois dans le développement de son principal candidat face au Covid-19. Celui-ci est désormais attendu fin 2021 , soit quasiment un an après les premiers vaccins autorisés en Europe, ceux de Pfizer/BioNtech et Moderna.

    2021 s’annonce rentable

    À l’instar d’autres laboratoires internationaux avant lui, Sanofi a décidé fin 2019, sous l’impulsion de son nouveau directeur général Paul Hudson, de se désengager de certains secteurs, comme le diabète, au profit de domaines plus porteurs et rémunérateurs, comme l’immunothérapie. Mais le groupe n’a eu de cesse d’affirmer que les vaccins n’étaient pas concernés par les coupes dans la recherche.

    D’ailleurs, la division vaccins (grippe...) a été particulièrement dynamique l’an dernier, avec quasiment 6 milliards d’euros de ventes, en progression de près de 9%. Au regard de ces résultats positifs, il est donc logique de verser un dividende aux actionnaires, fait valoir la société.

    “Sanofi évoluant dans un environnement international très concurrentiel, suspendre le dividende ou le réduire en raison de la pandémie actuelle viendrait à fragiliser l’entreprise, réduire son attractivité et altérer ainsi sa capacité à innover sur le long terme pour les patients”, a-t-il ainsi défendu dans un courriel à l’AFP, vendredi matin.

    Quant aux dividendes, ils profiteront également aux salariés français de Sanofi, selon une note de la direction diffusée en interne vendredi, qui rappelle que 90% d’entre eux sont actionnaires du groupe. En outre, la rémunération variable collective qui leur est versée devrait être supérieure à 2019, selon cette même note.

    L’an passé, la société a enregistré un chiffre d’affaires de 36 milliards d’euros, en hausse de quelque 3% à taux de changes constants, soutenu par les vaccins mais aussi la croissance de son produit vedette Dupixent.

    Développé en collaboration avec Regeneron, ce médicament, utilisé notamment dans le traitement de l’asthme ou de la dermatite atopique, pourrait rapporter, à terme, plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, contre 3,5 milliards aujourd’hui.

    S’appuyant sur ces deux piliers, Sanofi anticipe d’ailleurs pour 2021 un bénéfice net par action des activités (BNPA), l’un de ses indicateurs financiers privilégiés, en nette progression, sans donner toutefois d’objectif de chiffre d’affaires.

    Le groupe n’est pas le seul à tabler sur une bonne année 2021. Le géant américain Pfizer a ainsi, il y a quelques jours, estimé que les seules ventes de son vaccin anti-Covid atteindraient environ 15 milliards de dollars d’ici la fin de l’année.

    À voir également sur Le HuffPost: Macron veut relocaliser “certaines productions critiques” de santé en France

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      Covid-19: la stratégie vaccinale européenne, un fiasco de plus?

      Anthony Berthelier · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 02:49 · 8 minutes

    La stratégie vaccinale européenne, un fiasco de plus? (photo d

    POLITIQUE - Opération de sauvetage en prime time. Emmanuel Macron s’est invité dans le salon des téléspectateurs du journal télévisé de TF1, mardi 2 février vers 20h30, à la surprise générale . L’occasion pour le chef de l’État d’insister sur le rôle central joué par les Français dans le contrôle de l’épidémie de coronavirus ... mais surtout de monter au créneau pour défendre la stratégie vaccinale européenne.

    Un quart d’heure avant, c’est Angela Merkel qui apparaissait sur une chaîne de télévision allemande pour y donner une rare interview. Un moment aussi inattendu que la prise de parole de son homologue français puisqu’il ne figurait pas aux programmes du média outre-Rhin. Comme le président français, la chancelière allemande s’est attelée à répondre aux inquiétudes de son opinion publique sur les lenteurs de l’acquisition et du déploiement des vaccins sur le continent.

    Trois jours plus tard, ce vendredi 5 février, les deux dirigeants tiennent une conférence de presse commune en marge d’un conseil de défense franco-allemand. Nul doute que les débats sur l’efficacité de Bruxelles dans cette crise sanitaire reviendront sur le tapis.

    Car si certains continuent de saluer des avancées “historiques”, notamment en matière de politique économique, la petite musique qui monte n’est pas franchement flatteuse à l’égard de l’Union européenne.

    Pluie de critiques sur Bruxelles

    En Allemagne, c’est le quotidien Bild , le plus lu du pays, qui sonne la charge en qualifiant régulièrement la stratégie vaccinale de l’UE de “fiasco”. Et les critiques remontent jusqu’au gouvernement d’Angela Merkel. Dans un entretien publié lundi 1er février par le Süddeutsche Zeitung , le très puissant vice-chancelier et ministre des Finances, Olaf Scholz (SPD) accuse directement la Commission européenne d’être responsable du manque de doses de sérums.

    “Concernant l’achat des vaccins, c’est la Commission qui a négocié. Or, si la Commission nous avait demandé plus de moyens financiers, nous aurions donné l’argent nécessaire”, a-t-il fait valoir, quand, de l’autre côté du spectre politique, le président de l’Union chrétienne-sociale (CSU) en Bavière Markus Söder -souvent cité comme possible successeur à Angela Merkel- fustigeait, vendredi 29 février sur la chaîne ZDF des”procédures bureaucratiques typiquement européennes.”

    La Commission européenne a mis quelques jours avant de prendre la dimension de la crise qui était devant nous. La présidente n’en avait clairement pas mesuré l’ampleur.” Édouard Simon, chercheur à l'Iris, spécialiste des questions européennes.

    Accords trop tardifs, déficit d’investissement financier, manque de doses, manque de transparence... les reproches faits à l’exécutif européen , qui a négocié les contrats avec les fabricants de vaccins au nom des 27 États membres et sécurisé plus de 2,2 milliards de doses -pour 450 millions d’Européens- sont nombreux.

    Il faut dire que les pays de l’Union souffrent de comparaisons avec le Royaume-Uni. Outre-Manche, 15% de la population a déjà été piqué, quand, au 15 janvier dernier, seul 1% des Européens avait reçu le sérum, selon un décompte de l’OMS. “Je comprends la déception” de la population, a même fini par admettre Angela Merkel, lundi 1er février, “car tout le monde a pensé qu’au vu des volumes de commandes” de vaccins, ces derniers “allaient arriver beaucoup plus vite”.

    Un problème von der Leyen?

    D’autant que ces critiques visant Bruxelles ne sont pas franchement nouvelles. Les atermoiements du début de la pandémie, quand des Italiens, s’estimant abandonnés par Bruxelles brûlaient des drapeaux européens, continuent de laisser des traces. “La Commission européenne a mis quelques jours avant de prendre la dimension de la crise qui était devant nous. La présidente n’en avait clairement pas mesuré l’ampleur”, se souvient Édouard Simon, spécialiste des questions européennes, ajoutant immédiatement: “mais qui l’avait fait?”

    Au final, cette première crise n’a duré que “quelques jours” au printemps dernier, selon les mots du Directeur de recherche à l’IRIS, l’institut de relations internationales et stratégiques. Mais elle a entraîné des images dramatiques pour la solidarité européenne, lorsque la France et l’Allemagne interdisaient, par exemple, toute exportation de matériel médical à destination de l’Italie le pays du continent le plus touché par le covid-19 à l’époque.

    Depuis, les critiques n’ont guère cessé que pour l’adoption du plan de relance colossal commun. Presque un an plus tard, une personnalité politique concentre nombreux de ces griefs: Ursula von der Leyen , la présidente de la Commission européenne.

    “Le principal problème de la présidente de la Commission, c’est de trop vouloir coller au couple franco-allemand. On aurait besoin d’une Commission européenne qui reprenne sa spécificité institutionnelle, qui reprenne l’initiative politique”, nous explique Édouard Simon en évoquant “un sentiment qui se déploie de plus en plus” à Bruxelles.

    La réponse de l'Union européenne sur le plan économique a été beaucoup plus satisfaisante que sur le plan sanitaire." Édouard Simon, chercheur à l'Iris, spécialiste des questions européennes.

    Mais c’est surtout le dernier “pataquès” autour de l’exportation de vaccin en Irlande du Nord qui vient ternir l’image de l’ancienne ministre allemande de la Défense. Confrontée à des retards de livraisons du vaccin du laboratoire AstraZeneca, l’UE a mis sur pied un mécanisme pour contrôler les acheminements hors de l’UE des vaccins contre le Covid qui y sont produits et interdire les exportations non “légitimes”. Avant d’y renoncer face au tollé de Londres et Dublin.

    Plan de relance, mécanisme d’urgence...

    “Cette décision revenait à mettre en place une frontière avec l’Irlande du Nord. C’était une grosse erreur”, avance Édouard Simon en regrettant la réaction d’Ursula von der Leyen: rejeter la responsabilité sur ses services, ce n’est pas du très bon management. Et c’était politiquement mal venu.”

    Dans une tribune au vitriol publiée lundi 4 janvier sur Le HuffPost , le spécialiste des questions européennes Patrick Martin-Genier estime même que la question de son maintien à la tête de l’exécutif européen pourrait se poser. “Affaiblie, cherchant à cacher ses échecs, certains estiment qu’elle n’était pas de taille pour exercer ces fonctions alors qu’Emmanuel Macron recherchait une personne ayant exercé les plus hautes responsabilités”, croit savoir le spécialiste, enseignant de droit public à l’Institut d’études politiques de Paris.

    En attendant, pour bon nombre de ces spécialistes, les difficultés de l’Union à établir une stratégie sanitaire incontestée ne doivent pas occulter d’autres avancées majeures réalisées pendant cette pandémie. Le plan de relance, salué de toutes parts, en est une... mais il n’est pas seul.

    “La réponse de l’Union européenne sur le plan économique a été beaucoup plus satisfaisante que sur le plan sanitaire”, estime Édouard Simon. “Les flux de denrées alimentaires n’ont jamais cessé. L’union a adopté en urgence un plan de fonctionnement du marché intérieur en période de crise, ce qui n’existait pas auparavant”, se félicite le chercheur en évoquant également des “délais remarquables” pour la suspension du pacte de stabilité et le déblocage des aides.

    Et l’après covid?

    Mais au-delà de ces mesures d’urgence, le tournant le plus important est presque d’ordre philosophique. Car si l’annonce du plan de relance commun à tous les pays de l’Union européenne a déjà été décrite comme “historique” par les europhiles, sa concrétisation promet un changement de paradigme dans les politiques économiques menées par Bruxelles.

    “Ce n’est pas la première fois que les 27 s’endettent ensemble. Mais dans ces proportions, cela va lier leur avenir pour les vingt, trente prochaines années”, nous explique Édouard Simon. “On ne va pas s’attaquer uniquement aux effets du premier confinement, on va s’attaquer aux déséquilibres qui existaient avant la pandémie de coronavirus”, ajoute le chercheur qui entrevoit un “changement fondamental dans l’économie européenne” si cette stratégie se confirme dans le temps.

    “On accepte le fait que la crise de la zone euro a des causes structurelles. Et qu’on va s’évertuer à les corriger non pas avec des politiques d’austérité comme nous l’avons imposé à la Grèce, mais par des politiques d’investissement”, se réjouit encore Édouard Simon.

    Une nouvelle approche qui n’aurait pas pu s’amorcer sans le revirement de la chancelière Merkel au printemps dernier, les Allemands ayant “compris que la survie de la construction européenne était en train de se jouer.”

    Plus globalement, le choc du coronavirus a, semble-t-il, créé le terreau favorable à cette nouvelle solidarité européenne. Comme le montre la commande groupée de vaccins à l’échelle du continent. Sans cela, les pays les plus puissants comme la France ou l’Allemagne auraient sans doute trusté les premières doses de sérum... avec le risque de provoquer une -vraie- pénurie pour les plus petits États européens.

    À voir également sur Le HuffPost: Castex estime que la France peut encore ”éviter le confinement”

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      Stratégie vaccinale française: la priorité donnée aux personnes très âgées en Ehpad plutôt qu'aux soignants interroge

      Jean Carlet · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 4 February, 2021 - 17:16 · 6 minutes

    Un soignant en charge de la vaccination contre le covid-19 des personnes de plus de 75 ans à Strasbourg, le 18 janvier 2021. (Photo Elyxandro Cegarra/Anadolu Agency via Getty Images)

    Organiser une vaste campagne de vaccination pendant une pandémie si grave pose des problèmes éthiques très importants, qui ont été peu abordés par les professionnels de santé , les responsables politiques ainsi que les médias , en tout cas pour le moment. Certains aspects sont discutés dans l’excellente tribune publiée le 29 janvier dans le journal Le Monde par François Bourdillon.

    Il a été décidé par la Haute Autorité de Santé (HAS) et le gouvernement, avec l’accord semble-t-il quasi unanime de la population française, de vacciner en tout premier les personnes âgées vivant en Ehpad . Ces résidents sont clairement les plus à risque, ce qui a motivé la stratégie vaccinale décidée en France, fondée sur le concept de “risque”. Ensuite seulement ont été prévus les soignants de plus de 50 ans, ce qui représente une minorité des soignants, en particulier chez les infirmières et les aides-soignantes. Outre les infirmières, le personnel médical en contact étroit avec les patients infectés par la Covid-19 , c’est-à-dire les externes, internes, chefs de clinique, jeunes assistants, et d’autres professionnels appelés au lit des patients, comme les kinésithérapeutes, n’ont ainsi pas encore été vaccinés, (car ils sont trop “jeunes”) et ne le seront que dans une période lointaine et indéterminée. L’APHP semble avoir décidé récemment de tenter de vacciner les soignants de moins de 50 ans. D’autres populations auraient dû également être vaccinées très précocement, comme les ambulanciers, les pompiers, certains policiers, ainsi que les personnes porteuses de très graves facteurs de risque (diabète grave, immunodépression, obésité importante).

    Cette stratégie de priorisation pose des problèmes éthiques très complexes, mais bien réels.

    Les personnes extrêmement âgées, et/ou porteuses d’une maladie d’Alzheimer très avancée, très souvent incapables de comprendre et signer un consentement, ont très probablement été vaccinées après un avis favorable des familles, pendant ces deux premières vagues. On ne sait pas si certaines personnes très âgées ont été récusées par les soignants , en particulier les médecins coordonnateurs en Ehpad, ou les médecins traitants, mais cela paraît peu probable.

    À une période ou les vaccins étaient encore bien rares, et sont en train de le redevenir, il me semble que vacciner en toute priorité des personnes très âgées, victimes d’une grave encéphalopathie et ayant une espérance de vie active pratiquement nulle, plutôt que de le faire chez tous les soignants en contact direct, et quotidien avec les malades, pose des problèmes éthiques très complexes, mais bien réels. Sans le plus souvent invoquer un problème éthique, de nombreux citoyens, en particulier bien sûr bon nombre de soignants, se sont élevés contre les décisions de la Haute Autorité de Santé et du gouvernement. Il me semble qu’ils ne remettaient pas en cause le choix de vacciner en priorité les personnes les plus à risque en Ehpad, mais souhaitaient rajouter tous les soignants dans la liste des personnes prioritaires. Cette position ne tenait en fait pas la route, puisqu’il n’y avait pas assez de vaccins pour le faire. Il fallait ainsi, en tout cas en France, faire un choix.

    De nombreux pays ont décidé de ne pas recourir à ce type de priorisation, et ont mis en place deux filières parallèles, l’une pour les personnes âgées ou à haut risque, l’autre pour les soignants. Certains ont d’emblée priorisé la vaccination des soignants quel que soit leur âge. Les Français et leurs dirigeants ont manifesté beaucoup de fierté pour la décision de vacciner en toute priorité les personnes très âgées, et donc les plus à risque. Certains, dont moi, ne partagent pas vraiment ce sentiment, mais ressentent plutôt un grand malaise face aux séquences de vaccination mises en place en France. Le choix des personnes à ne pas vacciner est extrêmement difficile et angoissant à faire pour les soignants, comme l’est d’ailleurs par exemple la décision de ne pas admettre un malade en réanimation. Cependant, c’est bien aux soignants de prendre ces décisions, et de “sélectionner” avec un consensus de l’équipe professionnelle, les personnes pour lesquelles il ne leur semble vraiment pas raisonnable d’effectuer cette vaccination. Il ne serait pas éthique de définir un âge limite pour la vaccination des personnes très âgées. C’est une décision qui doit tenir compte de beaucoup de facteurs, en particulier l’autonomie, les capacités de communication, et la présence ou non de graves co-morbidités. Ainsi, ce type de décisions doivent rester individuelles. Il est cependant indispensable de tout faire pour tenter de parvenir à un consensus sur ces questions affreusement difficiles, au sein des soignants, avec l’aide des psychologues et des éthiciens.

    Le choix des personnes à ne pas vacciner est extrêmement difficile et angoissant à faire pour les soignants, comme l’est d’ailleurs la décision de ne pas admettre un malade en réanimation.

    On ne sait pas précisément la proportion de membres de la famille des résidents en Ehpad ou restés à leur domicile, qui ont pris la décision, leur parent n’étant pas capable de le faire, de ne pas recourir à la vaccination, pour préserver les réserves de ces vaccins si précieux. Je connais quelques médecins qui l’ont fait, mais ce type de décision a dû rester très rare. C’est une responsabilité très angoissante que beaucoup de citoyens ne seraient pas capables de prendre, car elle est très culpabilisante. On parle beaucoup de l’acharnement thérapeutique, mais paradoxalement, ce sont souvent les personnes, quand elles sont encore en bonne santé, qui souhaitent vivement que l’on évite cet acharnement dans leur propre cas. Les citoyens français rédigent manifestent encore rarement leurs “living wills”, à l’inverse d’autres pays comme les USA, et, quand ils l’ont fait, les soignants souvent ne les connaissent pas, ou ne les appliquent pas.

    Bien sûr, une vaccination ne rentre pas dans les “définitions” de l’acharnement thérapeutique, surtout si les vaccins sont parfaitement accessibles, comme celui de la grippe. Par contre, il faut certainement réfléchir à cette problématique quand très peu de ceux-ci sont disponibles, comme actuellement c’est le cas pour la Covid-19. Cette pénurie nous impose de rediscuter les priorités pour cette vaccination, et de l’éviter pour les patients très âgés, et dont l’espérance d’une vie un peu active est nulle.

    Comme le disait Sempé dans ses livres: “Rien n’est simple… tout se complique”… en éthique!

    À voir également sur Le HuffPost : Chez Pfizer, ces élus demandent de “libérer les brevets” sur les vaccins anti-Covid-19

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      Covid-19: les bronzés font du tourisme vaccinal

      Xavier Delucq · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 4 February, 2021 - 10:39

    Covid-19: les bronzés font du tourisme vaccinal.

    CORONAVIRUS - Partir pour se faire vacciner dans un pays étranger est maintenant une tendance dont les Américains profitent. Cuba ou les Émirats arabes unis accueillent des touristes qui ne viennent pas que pour se dépayser mais aussi pour avoir leur dose de vaccin . Mais ces vacances sont-elles des vacances comme les autres?

    À voir également sur Le HuffPost : Chez Pfizer, ces élus demandent de “libérer les brevets” sur les vaccins anti-Covid-19

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      Covid-19: les enfants atteints de cancers subissent de graves dommages collatéraux - BLOG

      Corinne et Stéphane Vedrenne · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 4 February, 2021 - 09:25 · 7 minutes

    À ce jour, moins de 2 projets de recherche sur 10 portant sur les cancers pédiatriques sont financés par l’Institut National du Cancer. Pourtant, nos chercheurs sont d’un excellent niveau, plus motivés par la science que par l’argent : ils sont, comme les enseignants, parmi les plus mal payés d’Europe. (Photo: Corinne et sa fille, Eva, décédée en janvier 2011 des suites d

    CANCER — Lorsqu’on évoque la pandémie de Covid-19, nos premières pensées se tournent vers les personnes âgées dans les hôpitaux, dans les EHPADs, qui ont été nombreuses à succomber à cette maladie . On pense aussi au courage des soignants, aux difficultés économiques qui touchent un certain nombre de commerçants et d’entreprises. Quant aux enfants, les principaux débats concernent l’ouverture ou non des écoles. Pourtant, certains d’entre eux se retrouvent dans des situations bien plus lourdes à supporter: il s’agit des enfants gravement malades ou handicapés.

    Un seul parent à l’hôpital

    En raison de l’épidémie Covid-19, l’accès à l’hôpital est devenu bien plus limité. On ne compte plus le nombre de scandales concernant les personnes âgées, décédées seules à l’hôpital faute d’autorisation donnée aux familles de les accompagner. Les enfants n’échappent pas à certaines restrictions, y compris lorsqu’ils sont atteints de cancers et de maladies graves. D’une façon générale, l’accès à l’hôpital est limité à 1 seul parent, et les fratries ne sont pas autorisées. Y compris en soins palliatifs. Des assouplissements des conditions d’accès des parents existent parfois, mais elles dépendent du chef de service. Plusieurs parents nous ont fait part de situations difficiles, sources de souffrances morales pour les enfants et pour eux-mêmes.

    Un logement près de l’hôpital des enfants difficilement abordable

    À cela s’ajoute une autre inégalité, d’ordre territorial. Le nombre d’établissements autorisés à soigner des enfants atteints de cancers étant relativement limité, notamment dans les cas de chirurgies ou d’essais cliniques spécifiques, il n’est pas rare que les familles parcourent plus de 200 km pour se rendre au service d’oncologie pédiatrique. Or, si les frais de déplacement pour se rendre en consultation sont remboursés par la sécurité sociale, aucune aide n’est prévue pour aider les familles à se loger près de l’hôpital durant les soins de leur enfant.

    Le Covid-19 a empiré les choses. Durant le premier confinement, plusieurs maisons de parents — abordables, mais souvent pleines — ont fermé. Idem pour plusieurs hôtels et chambres d’hôtes. Ceux qui sont restés ouverts se sont parfois montrés sans scrupule: Éva pour la vie ( Association de défense
    des enfants victimes de cancer, NDLR ) a été sollicitée par une famille nantaise qui s’était vue proposer de louer un petit logement pour près de 2000 euros pour un mois de traitement. Un autre loueur proposait la location d’un véritable taudis, près de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif, pour près de 1500 euros. Certains hôtels situés près des hôpitaux ont profité de cet “effet d’aubaine”. Depuis, les maisons des parents ne sont plus fermées, mais elles ont réduit leur capacité pour respecter le protocole sanitaire. Par exemple, celle de Toulouse Purpan n’ouvre que 21 de ses 32 chambres. Plusieurs familles, parfois très modestes, se retrouvent sur le carreau. Au point de dormir la nuit dans leur voiture, au pied de l’hôpital des enfants. Inhumain.

    La scolarité fragilisée

    Le débat sur l’obligation de scolariser ses enfants à partir de 3 ans, et la restriction de l’enseignement à la maison a occulté une situation bien plus grave: celles d’enfants gravement malades, handicapés, qui eux, rêveraient de se rendre à l’école, mais ne le peuvent pas de par leur état de santé. La situation était, avant même le Covid-19, très difficile pour eux, le maintien de la scolarité à domicile dépendant de la bonne volonté de l’inspection d’académie ainsi que… des enseignants.

    Car, aussi surprenant que cela puisse paraître, tout repose sur le volontariat. En 2019, Corinne — elle-même devenue enseignante par vocation, après plusieurs années passées dans le journalisme et la communication — avait alerté le ministre de l’Éducation de la situation d’un enfant atteint de cancer qui attendait, depuis plus de 6 mois, de bénéficier de l’enseignement à domicile. Le papa, seul, ne savait que faire. Le ministère avait réagi très rapidement et résolu le cas de cet enfant: mais combien d’autres sont dans la même situation? En novembre 2020, à la suite du 2 d confinement, les écoles sont restées ouvertes. Pourtant, une circulaire étonnante — diffusée sur le site du ministère de l’Éducation — imposait le distanciel pour les familles d’enfants malades. L’ APADHE ( Accompagnement Pédagogique A Domicile à l’Hôpital et à l’École, NDLR ) était suspendu. Là encore, Corinne a saisi le ministère de l’Éducation, ainsi que l’ensemble des députés. La circulaire été modifiée, mais le problème de fond reste entier. Certains parents, découragés, font appel aux cours privés: encore faut-il en avoir les moyens.

    La recherche ralentie, des moyens en berne

    Fin 2018, nous avons obtenu, avec nos camarades de la fédération Grandir Sans Cancer, une première avancée après 6 années de combat: la mise en place d’un fonds de millions d’euros par an dédiés à la recherche sur les cancers de l’enfant. Une victoire en demi-teinte: il faudrait 15 à 20 millions d’euros par an, en plus des moyens existants, pour financer l’ensemble des bons projets de recherche (c’est à dire, ceux qui sont favorablement évalués par les experts internationaux), mettre en place un appel à projets “starters” (pour permettre le démarrage de projets) et pour financer l’ensemble des besoins de recherche sur les causes et origines des cancers pédiatriques.

    À ce jour, moins de 2 projets de recherche sur 10 portant sur les cancers pédiatriques sont financés par l’Institut National du Cancer. Pourtant, nos chercheurs sont d’un excellent niveau, plus motivés par la science que par l’argent: ils sont, comme les enseignants, parmi les plus mal payés d’Europe.

    La situation du Covid-19 a compliqué la recherche, pour des raisons logistiques, mais aussi, de moyens: les associations — souvent créés par des parents qui ont perdu leur enfant — ont vu leurs dons chuter — parfois, jusqu’à 80% — à cause des annulations d’événements, de donateurs inquiets. Or, elles demeurent souvent la première source de financements des projets des chercheurs.

    Avec Grandir Sans Cancer , que nous avons co-fondée, nous faisons une proposition simple au gouvernement : qu’il mette les moyens nécessaires afin que l’ensemble des bons projets de recherche portant sur les cancers de l’enfant puissent être financés. Nous souhaitons qu’il crée une forme “d’exception positive” pour accélérer la recherche dans un domaine où la force publique est essentielle, la plupart des industriels du médicament jugeant cette recherche peu rentable…

    Nous sommes très loin du “quoi qu’il en coûte” adopté à juste titre depuis la crise du Covid-19. Il s’agirait de flécher, 15 à 20 millions d’euros supplémentaires par an pour pouvoir développer toutes les actions de recherche nécessaires, ou plutôt vitales, pour tenter de préserver la vie d’enfants atteints de cancers. Chaque année en Europe, plus de 6000 d’entre eux décèderont de cette maladie. Soit 240 classes d’écoles.

    À Monsieur le président de la République

    Monsieur Macron, contrairement à votre prédécesseur, vous n’avez pas employé un slogan “ Je ferais la jeunesse ma priorité ” pour vous faire élire. Nous reconnaissons certaines avancées, pour l’école, pour l’aide aux familles d’enfants décédés, pour lutter contre la maltraitance des femmes et des enfants, contre l’autisme. Nous faisons le vœu que vous “mettiez le paquet” en créant un budget d’exception dédié à la recherche sur les cancers de l’enfant, afin de soutenir l’ensemble des bons projets en la matière. Nous faisons le vœu que vous preniez des mesures courageuses en ce qui concerne la prévention. Nous faisons le vœu que vous preniez une mesure forte — autoritaire si besoin — pour garantir à tout enfant qui ne peut aller à l’école, et qui souvent, en souffre — que l’école vienne à lui rapidement. Nous faisons le vœu que vous mettiez en place la création d’un “statut de parent protégé” face à l’emploi, aux crédits, aux dettes fiscales, afin que plus un seul parent ne se retrouve en situation de grave précarité durant la maladie de son enfant.

    Ces promesses ont un coût moindre lorsqu’on sait qu’il permettrait de protéger les 16 millions d’enfants et d’adolescents que compte notre pays, chacun pouvant être concerné. Nous vous proposons de devenir un grand Président, qui marquera l’histoire de notre pays, en vous mettant à la hauteur de nos enfants. Il faut agir vite, il ne reste que 14 mois.

    ″(Les enfants) veulent choisir d’être amoureux ou amoureuses de qui ils veulent. Ils veulent pouvoir avoir un travail, mener des études. Simplement vivre. C’est ça dont nous parlons. Alors nous y serons.” Emmanuel Macron, Lyon, 10 octobre 2019.

    À voir également sur Le HuffPost : Un garçon de 6 ans survit au cancer et fait un retour touchant à l’école