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      Je ne m’étais jamais masturbée. Le confinement m’a forcé la main - BLOG

      Bethany · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 13 February, 2021 - 02:20 · 5 minutes

    Depuis que j’ai perdu ma deuxième virginité, me donner du plaisir est devenue une pratique que j’intègre consciemment à ma routine quotidienne et j’en observe déjà les effets bénéfiques.

    SEXUALITÉ - Auparavant, j’éprouvais un sentiment d’appréhension familier chaque fois qu’il était question de plaisir solitaire . Je ne suis pas une catho tradi, et je ne me sens pas gênée lorsque je parle de ma vie sexuelle. Mais j’ai fini par détester les discussions sur la masturbation, tout simplement parce que je ne l’avais jamais pratiquée.

    Je me souviens très bien d’un débat sur le porno que j’ai eue à 15 ans avec des amies du collège lors d’une soirée pyjama: “Attends. Tu regardes… et c’est tout?” m’ont-elles demandé avec stupéfaction. Cette réaction unanime a déclenché une peur de passer à côté de la masturbation , qui durerait de nombreuses années.

    Ce n’est que récemment que j’ai commencé à me demander pourquoi je ne m’étais jamais masturbée. La seule raison plausible, c’est mon attachement aux questions d’hygiène. Ma mère n’a jamais eu besoin de me demander de ranger ma chambre et je ne peux pas me maquiller si mes pinceaux n’ont pas été nettoyés il y a moins d’une semaine. Il m’est même arrivé de ramener un copain à la maison et de refuser d’aller au lit avant que nous ayons nettoyé toute la cuisine (aspirateur et serpillère compris) à trois heures du matin.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Je pense que mon obsession pour la propreté représentait le principal obstacle à ma quête du plaisir solitaire . Je savais que la sensation me plairait mais le désir de me laver les mains ou de me doucher prenait le pas chaque fois que j’essayais, ce qui rendait la chose physiquement impossible.

    À 23 ans, après avoir eu deux petits amis et un certain nombre de partenaires sexuels, je ne m’étais toujours pas masturbée et j’avais cessé d’essayer depuis longtemps. J’étais aussi passée maître dans l’art d’éviter le sujet quand il surgissait dans la conversation.

    La boisson déliant les langues, elles ont commencé à parler de leur vibromasseur. Et je me suis soudain intéressée à un sujet que je détestais depuis des années.

    L’an dernier, j’ai fini mes études et emménagé à Londres, où je me suis fait un nouveau groupe d’amies. Une nuit, alors que nous étions réunies en petit comité, le sujet tant redouté a été mis sur le tapis. Je savais que je serais la seule personne à ne s’être jamais masturbée et je n’étais pas prête à l’avouer à des filles que je ne connaissais que depuis quelques mois. J’ai menti et attendu qu’on passe à autre chose.

    La boisson déliant les langues, elles ont commencé à parler de leur vibromasseur. Et je me suis soudain intéressée à un sujet que je détestais depuis des années.

    Pour être honnête, l’éducation sexuelle dans mon école religieuse irlandaise était lamentable et, jusqu’à ce soir-là, je pensais que les sex-toys et les vibromasseurs n’existaient que dans les méandres du réseau social OnlyFans et des sites pornos.

    Peu de temps après, j’ai commencé à sortir avec quelqu’un et à voir mes amies très souvent, tout en gardant cette conversation sur le vibromasseur dans un coin de mon esprit.

    Quand le confinement national a été annoncé, j’ai mis un terme à ma relation et je suis revenue à Londres, le 31 décembre, dans la perspective effrayante de ne pas avoir de contact physique avec l’autre sexe pendant au moins trois mois. Alors, pendant que certains apprenaient à faire du banana bread ou se mettaient au jogging, j’ai décidé que mon nouveau projet de confinement serait d’apprendre à me masturber. En espérant que le recours à un vibromasseur, comme mes amies, m’aiderait à dépasser mon complexe hygiéniste.

    Pendant dix ou quinze minutes chaque jour, je peux libérer mon esprit des pensées négatives en ne me concentrant que sur moi-même.

    Après plusieurs verres de vin rouge et une soirée passée à lire des avis sur Amazon et regarder des tutoriels, j’ai commandé un engin en silicone noir fonctionnant sur batterie.

    Deux jours plus tard, mon nouveau jouet est arrivé. Au début, j’étais un peu sceptique et nerveuse, comme si j’avais 17 ans et que je m’apprêtais une nouvelle fois à perdre ma virginité. À ma grande surprise, le vibromasseur fonctionnait bien et ne demandait pas beaucoup d’efforts. En fait, il était bien plus efficace que beaucoup de mes précédents partenaires sexuels, sans compter que je n’avais pas besoin de m’inquiéter de ce qu’il pensait ou me demander s’il ne donnerait plus signe de vie après coup.

    Depuis que j’ai perdu ma deuxième virginité, me donner du plaisir est devenue une pratique que j’intègre consciemment à ma routine quotidienne et j’en observe déjà les effets bénéfiques.

    La méditation est souvent décrite comme une façon de vider son esprit de toutes pensées et de se concentrer seulement sur sa respiration, afin de pouvoir le faire dans la vraie vie. Outre le plaisir qu’elle me procure, c’est quelque chose que la masturbation m’a effectivement permis de faire. Pendant dix ou quinze minutes chaque jour, je peux libérer mon esprit des pensées négatives en ne me concentrant que sur moi-même.

    Ces effets sont peut-être dues à ma longue traversée du désert, mais je me sens significativement moins stressée par le confinement. Je suis plus productive pendant la journée et je dors bien mieux la nuit.

    J’imagine que mes attentes vis-à-vis des hommes seront plus grandes après le confinement, puisque ma vie sexuelle ne leur est plus exclusivement réservée. J’ai découvert que les vibromasseurs étaient des armes magiques pour les femmes.

    Je regrette seulement de ne pas l’avoir su plus tôt.

    Ce blog, publié sur le HuffPost britannique , a été traduit par M. André pour Fast ForWord .

    À voir également sur Le HuffPost: Avec “Diamant”, Bagarre balaye le tabou de la masturbation féminine

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      Mon congé maternité est terminé mais je suis toujours chez moi avec mon bébé - BLOG

      Jess Brammar · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 6 February, 2021 - 21:19 · 6 minutes

    Toutes les mères qui travaillent connaissent bien cette sensation d’identités multiples et conflictuelles, mais la COVID nous a confisqué les outils qui facilitent normalement la transition vers ce nouveau moi hybride.

    CONGÉ PARENTAL - À quoi ressemble un retour de congé maternité sans retour au bureau? Voilà une question à laquelle j’espérais ne pas devoir répondre. Après tout, j’ai accouché lors de la première vague, et à l’époque, j’imaginais que le monde tournerait à nouveau rond en janvier 2021.

    Comme toutes les “ mamans COVID ”, j’ai connu des moments de joie intense cette année, mais j’ai aussi passé beaucoup de temps à battre le pavé, épuisée, seule avec un nouveau-né, un banc pour seule table à langer ou lieu d’allaitement. Et maintenant, je me retrouve à devoir gérer un autre rite de passage: le retour au travail, mais sous le prisme de la pandémie.

    Tout mener de front, un désir

    J’ai la chance d’avoir été entourée de mères qui travaillent tout au long de ma carrière, et d’avoir été élevée par l’une d’entre elles. Mener de front carrière et maternité semblait difficile, mais c’était également quelque chose à quoi j’aspirais.

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    “J’ai vraiment commencé à apprécier la maternité lorsque j’ai recommencé à travailler, m’a un jour dit une amie. Tu as moins de temps, mais tu gagnes en efficacité”.

    Une collègue est revenue de son second congé maternité en affichant la plus belle garde-robe de tout le bureau, et nous a confié qu’elle préparait tous ses vêtements de travail et les laissait dans la chambre d’amis le dimanche soir. J’apprécie la compagnie de mon fils, mais moi aussi, je m’imagine sélectionner une tenue inadaptée aux doigts crasseux et au vomi de bébé, pour ensuite monter à bord d’un métro bondé et profiter de l’étrange sensation de légèreté que l’on ressent lorsqu’on n’est pas pendue à un landau.

    Et puis le confinement

    Puis la COVID est arrivée. Les optimistes étaient encore majoritaires. Mon partenaire a pris deux mois de congé parental partagé, ce qui lui permet de s’occuper de notre fils chez nous pendant que je travaille. On m’a dit que j’adorerais câliner mon bébé entre deux réunions. Que je pourrais continuer à allaiter pendant ma journée de travail. Toutes celles qui ont passé des appels professionnels, la caméra de l’ordinateur inclinée vers le haut pour cacher la petite créature en train de prendre son repas sur leurs genoux, savent que c’est loin d’être idéal. Mais je voulais y croire. Après tout, de nombreux parents adorent travailler de chez eux, et apprécient la flexibilité dont ils bénéficient pour jongler entre enfants et carrière.

    Lors de ma reprise, après Noël, je suis montée m’enfermer au grenier, un peu comme une Madame Rochester des temps modernes. Alors que mon fils me regardait en gazouillant depuis la table du petit-déjeuner, cette culpabilité ancestrale de la mère qui travaille était bien présente, et ce, même si je n’étais finalement séparée de lui que de quelques marches. J’avais décidé de m’habiller pour travailler, ce qui avait fait rire mes collègues, tous déjà vétérans du télétravail. Mais après huit mois sans me maquiller ni porter de tailleur, j’avais besoin de duper mon cerveau en lui faisant croire que j’étais capable de laisser mon identité domestique derrière moi, même sans quitter la sphère privée.

    Ces petits trucs ont leur importance. Comme beaucoup (mais pas tous), discuter avec un collègue en prenant un café me manque, tout comme m’apercevoir dans le miroir des toilettes, habillée en working woman. Chez moi, j’ai endossé une identité différente de celle que j’ai laissée au bureau, et je ne sais pas encore bien comment les faire cohabiter. Le premier jour de réunions n’a fait qu’accentuer ce sentiment de confusion. Mon équipe, assidue et exténuée par une année épuisante de couverture médiatique, espérait me voir revenir avec un “souffle nouveau” et des “idées fraîches”. Mais après huit mois à m’occuper d’un bébé dans un monde entièrement fermé, j’étais aussi fatiguée qu’eux.

    Le silence est ce qu’il y a de plus étrange. J’ai longtemps rêvé d’un moment de paix. Je n’aurais jamais cru tant aimer la maternité, mais ne jamais être seule finit par peser. En pleine pandémie, personne n’est là pour prendre le bébé et vous laisser tranquillement prendre une douche ou boire votre thé avant qu’il ne refroidisse. Me retrouver soudainement seule, avec pour unique bande-son le bruit des touches de mon ordinateur, a été un véritable choc. Dès le deuxième jour, une radio – allumée– trônait fièrement sur mon bureau.

    Est-ce mieux ou pire de revenir d’un congé maternité dans le contexte actuel?

    Pour moi, c’est difficile à dire.

    Si nous avons tous pu aiguiser notre résilience en 2020, l’aptitude à encaisser la déception est quelque chose que les nouvelles mères de 2020 ont encore davantage pratiqué. Après avoir accouché au cours de la pandémie, entourée de gens masqués, ne pas pouvoir enfiler mes chaussures préférées pour aller travailler ni m’acheter un café à emporter en chemin ne semblait pas si important. Entendre votre bébé pleurer quand vous êtes occupée, au travail , sans pouvoir aller le consoler, vous rappelle ces jours où vous arpentiez les rues vides avec un landau, où vous pleuriez d’épuisement sur un banc en essayant de donner le sein à un nouveau-né affamé.

    Beaucoup de mères sont obligées de reprendre le travail pour des raisons économiques. Je suis plutôt chanceuse, j’aime mon travail, je dispose d’une pièce séparée pour m’y consacrer, et mes collègues sont devenus des amis. Et après des mois d’heures et de jours tous semblables, à m’occuper d’un tout petit bébé en confinement, j’avais hâte de retrouver la structure et la compagnie de ma vie professionnelle.

    Pourtant, les choses sont différentes dans ce contexte pandémique. Toutes les mères qui travaillent connaissent bien cette sensation d’identités multiples et conflictuelles, mais la COVID nous a confisqué les outils qui facilitent normalement la transition vers ce nouveau moi hybride. Comme me l’a un jour dit une femme: “Bien qu’elle soit parfois difficile à gérer, la distance physique est, avec le recul, extrêmement importante pour permettre la distance mentale. Reprendre possession de cette partie de soi est très important.”

    Pour l’instant, si je caresse parfois l’idée de quitter mon fils pour monter dans un train bondé chaque matin, en profitant de moments volés rien qu’à moi avant d’arriver au travail, j’essaie aussi de me rappeler le trajet retour après une longue journée. Et à chaque fois que mon cœur se serre lorsque, lorsque j’entends un bruit en bas et que j’essaie de faire bonne figure au cours d’une réunion, je chéris le cadeau inattendu d’être présente chaque soir pour un moment câlin avant que mon fils ne s’endorme.

    Publié à l’origine sur Le Huffpost britannique , cet article a été traduit de l’anglais.

    À voir également sur Le HuffPost: Pourquoi Macron a voulu une semaine de congé paternité obligatoire

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      Retourner chez mes parents à cause de la pandémie a ruiné ma vie sexuelle - BLOG

      Sally Connor · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 6 February, 2021 - 02:36 · 5 minutes

    Alors, puisque nous ne pouvons pas nous abandonner totalement, nous nous cantonnons à des pratiques “discrètes”. Mais être en permanence à l’écoute de la clé dans la porte, à l’affût du moindre halètement tempère quelque peu les ardeurs. La dernière chose dont j’ai envie dans ces moments-là, c’est de l’image de mes parents qui surgit dans mon esprit telle une police du sexe venue du subconscient. (photo d

    SEXUALITÉ - J’entends la clé tourner dans la serrure et je me fige. Quand ma mère nous dit bonjour du bas de l’escalier, nous nous écartons l’un de l’autre et nous jetons sur nos sous-vêtements, qui traînent par terre.

    Tel un couple de cerfs en rut, nous venons de nous faire pincer au beau milieu d’une étreinte improvisée. La pandémie nous ayant obligés à retourner chez ma mère, ce n’est pas la première fois que nous pratiquons cette manœuvre de désemboîtement hâtive.

    Quand on se réinstalle dans la demeure familiale, on change rapidement ses habitudes. Descendre en trébuchant après un énième anniversaire bien arrosé sur Zoom n’est pas conseillé quand on essaie de rester digne, ni le fait d’être prise au dépourvu quand on est interrogée sur ses projets d’avenir (aucun). Mais le changement le plus manifeste et le plus important, c’est de ne plus être libre d’avoir des rapports sexuels torrides et bruyants quand l’envie m’en prend.

    Le sexe fait partie des sujets que l’on cache à ses parents

    Tous les adultes ont des choses qu’ils dissimulent à leurs parents: l’horrible gueule de bois lors du déjeuner dominical ou le véritable prix de ce pantalon disco à paillettes. Le sexe fait partie des sujets que l’on cache à ses parents, dont on ne parle qu’à celui (ou ceux) avec qui on le pratique, et peut-être à quelques très bon·ne·s ami·e·s.

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    Je ne veux pas que mes parents sachent ce que je fais sous les draps, et encore moins qu’ils m’entendent le faire. Quand votre mère vous entend faire l’ amour , c’est n’est pas comme le voisin qui cogne au mur pour vous dire de faire moins de bruit pour qu’il puisse dormir. L’idée que mes parents perçoivent ne serait-ce qu’un faible gémissement est profondément déplaisante.

    Être obligée d’étouffer le bruit de mon vibromasseur à l’aide d’une chaussette n’est pas le moment sensuel dont je rêvais à ce stade de ma vie.

    Or il n’est pas facile de faire l’ amour sans bruit. Nous sommes constamment trahis par mon lit, celui dans lequel j’ai perdu ma virginité, qui grince au moindre hoquet. Quant à nos corps, il faut faire une croix sur les gémissements de peur qu’ils traversent la fine cloison qui nous sépare de la chambre de ma mère (malheureusement située juste à côté de la mienne). Être obligée d’étouffer le bruit de mon vibromasseur à l’aide d’une chaussette n’est pas le moment sensuel dont je rêvais à ce stade de ma vie.

    Des pratiques discrètes

    Alors, puisque nous ne pouvons pas nous abandonner totalement, nous nous cantonnons à des pratiques “discrètes”. Mais être en permanence à l’écoute de la clé dans la porte, à l’affût du moindre halètement tempère quelque peu les ardeurs. La dernière chose dont j’ai envie dans ces moments-là, c’est de l’image de mes parents qui surgit dans mon esprit telle une police du sexe venue du subconscient.

    Sans parler du lubrifiant et autres accessoires suspects que nous avons si bien cachés que nous ne les retrouvons plus dans le feu de l’action, ni de l’angoisse d’être pris sur le fait chaque fois que nous vidons discrètement la poubelle pleine de préservatifs.

    Quand nous nous sommes installés chez moi, j’ai su que nous allions devoir changer certaines de nos habitudes. Je ne demande pas à ce qu’on nous laisse nous arracher les vêtements au beau milieu du dîner si l’envie nous en prend, mais je ne m’attendais pas à ce que cela ait une telle répercussion sur la façon dont je vois ma vie.

    S’envoyer en l’air sous le regard attentif de Pete Doherty est beaucoup moins affriolant 14 ans plus tard.

    La frustration sexuelle que j’éprouve reflète le stade auquel j’en suis dans ma vie. Elle cache un sentiment d’insatisfaction plus profond à l’égard des circonstances incontrôlables qui m’ont menée là. Je n’ai jamais su avec certitude où j’en serais à l’approche de la trentaine, mais je pensais que j’aurais au moins quitté le domicile familial.

    Frustration

    Revenir chez mes parents, c’est ne plus avoir la liberté de dîner quand je veux (c’est maintenant une affaire de famille), regarder ce que je veux à la télé (les scènes torrides de Bridgerton , c’est moins sympa avec sa mère). En y ajoutant les restrictions qui s’imposent désormais à ma relation, j’ai l’impression d’avoir plus en commun avec celle que j’étais à 17 ans qu’avec les gens de mon âge.

    Même ma chambre d’enfant me rappelle constamment que j’essaie d’entretenir une relation adulte dans un environnement qui ne l’est pas. Encore récemment, les affiches des Libertines et des Kooks, punaisées avec amour à l’adolescence, ornaient encore mes murs.

    Jouir d’une vie sexuelle libre et épanouie est l’un des marqueurs d’indépendance auxquels on s’habitue en grandissant, comme le fait d’être majeur·e ou de pouvoir acheter de l’alcool: le monde s’ouvre à nous. Le sexe nous démarque des adolescents que nous étions, nous autorise à dire qu’on peut faire ce qu’on veut et inviter qui on veut dans ce lit qu’on est assez grand·e pour s’acheter tout·e seul·e.

    Je sais que j’ai de la chance d’avoir ce filet de sécurité que représente le retour chez mes parents, mais j’ai hâte que nous puissions de nouveau faire trembler les murs.

    Ce blog, publié sur le HuffPost britannique , a été traduit par Catherine Biros pour Fast ForWord .

    À voir également sur Le HuffPost: Découvrir le sexe tantrique en 3 étapes

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      Étudiante en première année, le confinement m'a isolée et j’ai craqué - BLOG

      Maxine DB. · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 09:49 · 6 minutes

    Je me levais aux alentours de 12-13 heures pour avoir le moins de temps de journée à supporter et, à cette période, à 17 h 30 il fait nuit. Mes journées étaient courtes mais je n’arrivais quand même pas à m’endormir avant 2 ou 3 heures du matin. Je regardais des séries, des films, des vidéos sur mon ordinateur ou mon téléphone. J’ai commencé à dessiner un peu pour essayer de ne pas passer tout mon temps sur des écrans mais ça restait le divertissement le plus fréquent. (photo d

    CONFINEMENT - Seule dans mon studio, les seules activités que j’avais étaient dormir, regarder mon téléphone ou mon ordinateur, et surtout, penser. Penser quand on vit cette situation sanitaire est plutôt oppressant. Étant donné qu’il se passait très peu de choses dans mon quotidien, la moindre pensée, relation ou situation qui me tracassait devenait une obsession et je ressassais en permanence. Je passais mes journées et mes nuits dans mon lit, triste et ennuyée. J’avais beau me dire que ce n’était qu’une période, je n’arrivais pas à passer au-dessus. Ce n’était certainement pas ce à quoi je m’attendais pour ma première année d’ études !

    Dépression, solitude, pensées suicidaires, avec le hashtag #ÉtudiantsFantômes , des milliers d’étudiant. e. s témoignent de leur détresse psychologique et du sentiment d’abandon par le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire.

    Je suis arrivée sur Lyon fin août, quelques semaines avant ma rentrée , pour pouvoir profiter de la ville et des activités qu’elle avait à proposer avant de commencer ma première année en LEA à la fac de Lyon 2. Malgré les nombreuses complications pour rencontrer des gens à l’université à cause de la crise sanitaire, j’ai réussi à me faire une paire d’amis. J’ai eu à peine quelques semaines pour m’adapter au trajet “domicile-université”, au campus et aux cours, que sont arrivées les vacances de la Toussaint et, malheureusement, la fin des cours en présentiel.

    L’université a peu à peu “lâché” les élèves

    Dès mon retour de vacances, j’ai commencé les cours à distance. La fac ayant eu peu de temps pour s’organiser, je n’avais que quelques cours qui continuaient. Nous avions quand même quelques devoirs, mais surtout des partiels. Je n’ai pas du tout eu l’impression de passer des examens pour valider ou non mon semestre, mais de rendre de simples devoirs à la maison, c’était assez spécial.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Malheureusement, après la période de partiels, nous n’avons plus vraiment eu de travail. L’université a peu à peu “ lâché ” les élèves, les laissant petit à petit sans nouvelles. Certains professeurs ont arrêté de nous donner du travail, les mails d’information de la fac devenaient de plus en plus rares. J’avais l’impression que le suivi diminuait, et c’est encore le cas aujourd’hui. Pendant le deuxième confinement, je n’avais ni travail à faire pour m’occuper dans mon appartement ni activités à l’extérieur. Et le problème qui se pose quand on n’a plus rien à faire, c’est qu’on se décale dans tous les domaines.

    Je me levais aux alentours de 12-13 heures pour avoir le moins de temps de journée à supporter et, à cette période, à 17 h 30 il fait nuit. Mes journées étaient courtes, mais je n’arrivais quand même pas à m’endormir avant 2 ou 3 heures du matin. Je regardais des séries, des films, des vidéos sur mon ordinateur ou mon téléphone. J’ai commencé à dessiner un peu pour essayer de ne pas passer tout mon temps sur des écrans, mais ça restait le divertissement le plus fréquent.

    Mon alimentation: des pâtes et des céréales

    Le dérèglement lié au sommeil a engendré un dérèglement de mon alimentation. C’était assez compliqué de trouver la motivation de faire mes courses, mais surtout de me faire à manger. Alors j’ai commencé à manger essentiellement des pâtes et des céréales, mais sans sauter de repas hein!  Étant donné que c’était la première fois que je devais me débrouiller seule pour faire mes courses, que ça soit alimentaire ou autre, la motivation a disparu assez vite. J’étais vraiment la seule à pouvoir me gérer et c’est quelque chose dont je n’avais absolument pas l’habitude jusqu’à maintenant.

    Cette période d’environ un mois et demi a été très compliquée, car toutes les journées se ressemblaient, je ne pouvais voir personne ni faire grand-chose. Récemment, après le passage de tous les partiels, l’université a totalement arrêté d’envoyer des mails et je n’avais plus que deux cours sur cinq. De nouveau seule. Mes amis proches sont tous dans des villes différentes et ont cours normalement, donc mon rythme de vie est très différent du leur. J’avais déjà passé le premier confinement avec ma famille, je savais à quoi m’attendre et je n’avais pas envie de revivre la même situation. Je me suis dit que c’était plus facile de devoir me supporter seule plutôt que de devoir supporter ma famille. Alors je suis restée.

    Une petite dépression dont je me serais passée!

    J’avais prévu de rentrer chez mes parents pour les fêtes de fin d’année, mais j’ai commencé à me sentir vraiment mal et malade. J’ai fini par rentrer plus tôt, car la situation devenait insoutenable. C’est là que j’ai appris, en discutant avec plusieurs personnes travaillant dans le milieu médical, que j’avais entamé une petite dépression dont je me serais passée!

    Faute de vie nocturne, la solitude est grande pour les étudiant. e. s. Thomas et Lucie le partagent dans notre dernier podcast .

    Malgré le fait que ce soit encore compliqué d’envisager la reprise des cours, j’essaie de tenir bon jusqu’à la fin de l’année pour éviter qu’elle ne soit perdue. J’ai décidé de rentrer plus souvent chez mes parents pour pouvoir prendre un bol d’air de temps en temps. En revanche, je compte arrêter l’université l’année prochaine et me réorienter dans une école où le suivi est beaucoup plus assidu, pour éviter de me perdre à nouveau dans mes études.

    Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.

    À voir également sur Le HuffPost: Les trois annonces d’Emmanuel Macron pour l’enseignement supérieur

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      Comment le cancer m'a transformée - BLOG

      Julie Meunier · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 4 February, 2021 - 08:53 · 5 minutes

    18 mois de cohabitation intense avec cette chose d’un autre monde qui ne parlait même pas ma langue, 1 essai clinique, 24 chimiothérapies, 2 opérations et 40 séances de radiothérapie plus tard, j’ai fini par réussir à lui donner son congé sans préavis afin de le réexpédier par une fusée vers sa galaxie lointaine.

    CANCER — Il y a 6 ans, j’avais 27 ans, j’étais blonde platine, j’avais les cheveux longs jusqu’à la taille, j’étais en couple depuis 8 ans, propriétaire de mon appartement, juriste en droit immobilier et cadre dans une grande entreprise. Une vie paisible. Mais en mars 2015, à l’aube de mes 28 ans, tout bascula. Une météorite était venue s’écraser en silence dans mon sein gauche : un petit caillou extraterrestre et hostile de 5 cm appelé plus communément “cancer”, ou “tumeur” dans le jargon médical, et que je renommai quelques semaines plus tard “Jean-Yves”, car ce prénom m’a toujours fait sourire et je le trouve beaucoup plus sexy que “tu meurs”!

    Si je dois partager la vision “artistique” de ma rencontre avec Jean-Yves, je vous dirai qu’il va être mon compagnon le plus fidèle pendant des mois. La première fois que j’ai senti sa présence dans mon proche entourage, il était minuscule… J’ai parlé de lui à un homme en blanc, mais comme j’avais 27 ans, et qu’il n’y avait aucun antécédent dans ma famille, il n’a pas tout de suite pris Jean-Yves au sérieux et m’a proposé de l’arroser à la crème aux hormones pour le faire disparaître. Heureusement que je suis une piètre maîtresse de maison…

    Cohabitation forcée

    Je n’ai arrosé personne et j’ai continué ma petite vie tranquille en essayant de faire comme s’il n’était pas là. Seulement Jean-Yves a très très vite grandi et pris de la place, plus vite que la normale… Tellement qu’il ne pouvait plus passer inaperçu… et que l’homme en blanc a enfin pris ce type envahissant au sérieux.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Jean-Yves et moi allons cohabiter et partager nos jours et nos nuits. On va se forcer… enfin il va me forcer! Car je ne l’ai jamais invité! On peut dire que nous allons devoir vivre une relation extrême et intensément forcée lui et moi. À cause de lui, j’ai appris à repousser mes limites et à me surpasser. Du coup, il est présent lors de mes plus gros fous rires et de mes peines les plus profondes. Il me fait très souvent souffrir, il me fait très souvent pleurer, il me fait douter, il me fait perdre confiance, il me fait tellement peur. Et par sa faute, je vais être assignée à résidence et confinée pendant des mois… cela va certes me rendre plus forte d’un côté, mais cela va aussi certainement énormément me perturber de l’autre…

    Une vraie renaissance

    18 mois de cohabitation intense avec cette chose d’un autre monde qui ne parlait même pas ma langue, 1 essai clinique, 24 chimiothérapies, 2 opérations et 40 séances de radiothérapie plus tard, j’ai fini par réussir à lui donner son congé sans préavis afin de le réexpédier par une fusée vers sa galaxie lointaine. Je me suis alors reconstruite de ce fâcheux premier contact au fur et à mesure que mes cheveux repoussaient sur ma tête.

    Une vraie renaissance, au sens propre comme au figuré. Je ne suis plus la même, et du haut de mon 1 mètre 59, j’ai l’impression d’avoir grandi, d’avoir vieilli, d’avoir mûri, d’avoir changé… et pas seulement physiquement. Rien n’est plus pareil. Mes projets de vie ont changé, mes priorités ont changé, mes envies ont changé, mes amis ont changé. Mes idées sont exacerbées et mon envie de vivre mes rêves est décuplée. Moi, l’artiste contrariée qui manquait de confiance en elle, je n’ai plus peur… Sauf que la maladie revienne. Je me sens comme Superman, et… sa kryptonite.

    Depuis l’enfance, j’avais fait en sorte de me plier aux exigences de chacun, parce que je voulais être parfaite, plaire à tout le monde et ne jamais décevoir personne. Je suis devenue par la force des choses celle que l’on voulait que je sois, et il a fallu que je fasse la malheureuse rencontre de Jean-Yves pour me décider enfin à devenir celle que je voulais être.

    Une prise de conscience

    C’est donc l’histoire d’une prise de conscience, et du coup de pied que j’ai asséné à ma vie entière. Parce qu’on se rend compte qu’on n’a pas besoin d’être vieux et sage pour avoir le droit de dire que nous n’avons qu’une seule vie et qu’il faut profiter de chaque seconde qu’elle nous offre. Et qu’il n’est pas égoïste de reconnaître que nous sommes la personne la plus importante de notre vie — c’est même vital!

    La maladie est un voyage éprouvant, qui nous confronte aussi au déni, à la colère et à la détresse. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il arrive que ce soit en pleine tempête que nous trouvions en nous des ressources insoupçonnées pour nous accrocher à l’essentiel et transformer l’essai, le faisant passer du lourd statut d’épreuve à celui d’expérience. Je souhaite vous faire part d’un cheminement possible, grâce à des conseils issus de mon vécu, et vous montrer qu’il existe une voie vers l’acceptation et le renouveau.

    Il y a sans aucun doute un avant et un après, mais parfois, il arrive que malgré les traitements et les stigmates physiques et psychologiques, il soit possible de reprendre confiance en soi, d’en sortir la tête haute, d’accepter d’être différent et même d’en faire sa plus grande force, afin de se surpasser.

    Mon arme secrète a toujours été envers et contre tout de garder le sourire, celui qui aide à se reconstruire, qui donne la force d’agir et l’espoir de vaincre, et qui permet de faire de cette fâcheuse rencontre du troisième type une expérience constructive.

    Quand la vie te donne des centaines de raisons de pleurer… montre-lui que tu en as mille de sourire” .

    Julie Meunier - À mes soeurs de combat - Éditions Larousse

    À voir également sur Le HuffPost: Avec “Stars à Nu”, Marine Lorphelin veut que les femmes “osent se faire dépister”

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      Déjeuner avec vos collègues vous paraît naturel, mais c'est plus compliqué pour moi qui suis autiste - BLOG

      Sylvie Seksek · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 21 January, 2021 - 10:20 · 6 minutes

    Une fois à table, et là nous en revenons aux difficultés dans les interactions sociales, j’ignore quand c’est mon tour de parler ou bien si je suis autorisée à me taire sans passer pour une personne malpolie. Pour tenter de le savoir, je dois scruter le regard de mes collègues à l’affut d’un signe de leur part ou plutôt de ce que j’interpréterai comme un signe. Cela créé une tension pour moi et m’empêche d’être pleinement à ce que je suis: ni totalement avec mes frites, ni totalement dans la conversation. (photo d

    AUTISME —En plus de 30 ans d’expérience professionnelle au sein d’un nombre indécent d’entreprises, je n’ai déjeuné que quelques fois avec mes collègues, hormis ceux avec lesquels je m’entendais très bien et encore, pas tous les jours.

    À vrai dire, parmi les autistes qui ont un travail et au sein de cette sous-catégorie, celle de ceux qui sont jugés dignes de déjeuners avec des collègues, peu sont à l’aise avec ce genre d’évènements sociaux. Ainsi, la dispense de ces déjeuners peut faire partie des aménagements au poste accordés aux personnes avec autisme (je sais, à ce stade, nombre de personnes non autistes se disent: “Les veinards, ils sont dispensés!”).

    “M’enfin”, comme dirait mon ami Gaston, pourquoi les autistes redoutent-ils tant ce genre d’évènements sociaux d’entreprise?

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Interactions sociales tout sauf limpides

    Je me garderai bien de parler au nom de tous les autistes Asperger. D’une part, car je suis très agacée quand j’entends ou je lis quelqu’un le faire. D’autre part, car je ne peux affirmer que mes réticences, lesquelles s’expliquent majoritairement par mes difficultés dans les interactions sociales, sont forcément les réticences des autres autistes.

    K’ess à dire? Eh bien, globalement, pour les non-autistes, les interactions sociales coulent de source: elles sont normales, ordinaires, spontanées et intuitives. Par exemple mener ou entamer une conversation, discuter avec les gens, exprimer des besoins, etc. n’est pas forcément bloquant ou ne nécessite pas une préparation au préalable avant de se lancer.

    Pour les personnes avec autisme , au contraire, les interactions sociales sont tout sauf limpides. Ainsi, en l’absence de manuel, rentrer en communication avec autrui peut compliquer considérablement la vie des autistes au quotidien. Bien sûr, ce degré de complication varie d’un autiste à l’autre, de même qu’il est plus ou moins visible.

    Lorsque je dis que je suis autiste et que je rencontre des difficultés dans les interactions sociales, les gens sont incrédules.

    En effet, comme beaucoup d’autistes femelles, je parle beaucoup et aisément, voire trop parfois, voire trop fort souvent.

    Pour autant, les apparences sont trompeuses. Hormis quelques particularités dont j’imagine qu’elles peuvent être visibles, voire agaçantes, à savoir que je coupe facilement la parole de mes amis lorsqu’on nous sommes en groupe, rien ne laisse deviner mes difficultés avec les interactions sociales.

    Concrètement

    Comment ces difficultés se manifestent-elles pour moi, quelle est la face immergée de l’iceberg et pourquoi la perspective de déjeuner avec des collègues n’est pas forcément réjouissante pour moi?

    D’une part, si je déjeune avec un ou plusieurs collègues, il y aura toujours un moment où nous devrons marcher ensemble pour nous diriger ou revenir du lieu du déjeuner. Ma première difficulté réside dans mon positionnement physique. À savoir que j’ignore comment me placer au sein d’un groupe, qui plus est, mobile. Devant, au milieu, sur les côtés?

    Devrai-je marcher en crabe? Ou en pas chassés? Tout en continuant à échanger?

    Ben oui parce que pendant ce déplacement, on est censé parler.

    Or, avancer tout en me concentrant sur la conversation requiert beaucoup d’énergie de ma part. En tant qu’autiste, je ne peux pas être au four et au moulin, mobiliser simultanément plusieurs canaux sensoriels: l’ouïe et la vision, voire la proprioception.

    Et pour peu que le déjeuner ait lieu à Paris 8 ou dans l’un de ces endroits où les trottoirs sont riquiquis et déjà pleins d’autres collègues qui vont déjeuner ensemble, c’est le pompon!

    À ce stade, il ne s’agit plus de difficultés dans les interactions sociales, mais a priori , plutôt de mon trouble de proprioception.

    Pour les personnes qui ignorent ce qu’est la proprioception , c’est la “perception, le plus souvent inconsciente, que l’on a de la position de son corps dans l’espace”.

    Ne raccrochez pas, ce n’est pas terminé

    Une fois à table, et là nous en revenons aux difficultés dans les interactions sociales, j’ignore quand c’est mon tour de parler ou bien si je suis autorisée à me taire sans passer pour une personne malpolie. Pour tenter de le savoir, je dois scruter le regard de mes collègues à l’affut d’un signe de leur part ou plutôt de ce que j’interpréterai comme un signe. Cela créé une tension pour moi et m’empêche d’être pleinement à ce que je suis: ni totalement avec mes frites, ni totalement dans la conversation.

    Cela fait beaucoup pour un déjeuner et ajoute à ma fatigabilité naturellement élevée, comme pour tout autiste qui se respecte.

    Pourtant, que ce soit pour déjeuner en one to one avec un. e (ex) collègue ou bien en groupe avec des collègues que j’apprécie et avec lesquels j’ai l’habitude de déjeuner (cela est important, car certaines marques sont déjà prises, ce qui diminue d’autant l’imprévu, ennemi officiel des autistes), le bénéfice humain que j’en retire supplante largement la fatigue générée.

    Exercice épuisant

    En revanche, lorsqu’il s’agit des redoutables déjeuners imposés et ultra codés auxquels il faut se plier lorsqu’on rejoint une société, c’est autre chose. Et vu le nombre de fois où j’ai changé d’employeurs, j’ai une certaine pratique en la matière.

    En effet, que ce soit l’ambiance pas toujours détendue, la volonté de bien se présenter ou la nouveauté nouvelle, ce genre de déjeuner est pour moi désagréable et très fatigant. Trop de choses à gérer à la fois et un apport humain égal à zéro.

    J’ajoute que je mange lentement, que je ne peux parler et manger en même temps ni n’en vois l’intérêt. Et comme si ça ne suffisait pas, consciente de ma lenteur, je tente de suivre ce que les autres mangent afin d’estimer le moment où ils finiront leur plat, en vue de me caler sur eux.

    Résultat des courses, je repars trop souvent de ces déjeuners fatiguée et le ventre vide, ce qui est fort dommage, car en général ces déjeuners ont lieu dans des restaurants de qualité.

    Voilà pourquoi un repas avec des collègues est rarement serein pour moi…

    Ce témoignage est également publié sur le blog de Sylvie, TSA For Ever .

    À voir également sur Le HuffPost : Cher M. Fillon, ce que des milliers d’autistes et moi-même voulons te dire depuis ton intervention au JT de France 2

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      Inceste: Geneviève Garrigos raconte la souffrance qui se perpétue

      Hortense de Montalivet · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 20 January, 2021 - 17:16 · 2 minutes

    #METOOINCESTE - “Et ça, encore, c’est d’une très grande violence”. L’émotion est palpable et fait encore parfois trembler sa voix et ralentit sa diction. Alors que les témoignages se multiplient sous le hashtag #MeTooInceste depuis samedi 16 janvier, Le HuffPost a rencontré Geneviève Garrigos , élue municipale, ancienne présidente d’Amnesty International. Et victime d’ inceste à l’âge de 5 ans.

    Après 40 ans d’amnésie traumatique, cette conseillère de Paris peine encore à trouver les mots pour évoquer les violences sexuelles qu’elle a subies. Après le lent travail de conscientisation, il faut encore affronter le regard des autres, encore mal préparés à faire face à ce tabou. Mais ce n’est pas tout.

    La parole officielle blesse

    À la télévision, à la radio, c’est aussi la maladresse des mots, la lente prise de conscience et la déconnexion de certains qu’il faut encore subir. Cette violence dans les prises de parole est encore plus forte quand elle vient de l’exécutif.

    ″Ça fait des années qu’on en parle, il ne s’agit pas d’une affaire, d’une émotion”. L’élue municipale fait ici référence à l’intervention du Premier ministre Jean Castex dans l’émission de France 5, “C à Vous”. Sur le plateau, les hésitations, les adjectifs employés pour parler de l’inceste comme “inimaginable” ont fait sortir de ses gonds cette victime, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus .

    Les débats renvoient à sa propre “monstruosité”

    Ajoutons à cela la violence des débats de société dont on oublie qu’ils peuvent renvoyer certaines victimes d’inceste à leurs traumatismes. Pour Geneviève Garrigos, ce sont les débats sur la PMA, le mariage pour tous ou encore ceux sur l’avortement qui réveillent les douleurs du passé et ralentissent l’apaisement.

    À travers ces débats, “on a une idéalisation de la famille normée”, explique-t-elle. “Dans une vision assez conservatrice de la société, la famille est sanctuarisée, où la famille est aimante, où si un enfant n’a pas un père et une mère, et bien il est mal construit. [...] Et là, pour les enfants comme moi qui se sont construits au sein d’une famille où il y avait de la violence, où le père n’était pas celui qu’ils attendaient, [...] quand on grandit et qu’on entend ce genre de discours, mais c’est d’une violence totale.” Pour cette victime d’inceste, cela renvoie ”à une monstruosité”, ajoute-t-elle, “nous sommes des monstres puisque nous n’avons pas ça [cette famille normée, ndlr ]”.

    À voir également sur Le HuffPost: Les violences sexuelles faites aux enfants sont encore un tabou