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      L’inceste est l'un des symptômes les plus graves de notre société patriarcale

      Sophie Haristouy · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 15:00 · 4 minutes

    Grâce à son livre La Familia Grande , Camille Kouchner, enferrée dans le secret trop lourd d’un inceste familial, trouve par la littérature le chemin d’une reprise de pouvoir sur sa vie abîmée. C’est une délivrance pour elle, et dans son sillage, pour les milliers de victimes qui ont fait le choix de parler, d’oser dire l’indicible, l’impensable par le #metooinceste . Encore une fois la littérature vient bousculer les lignes. Et l’intime fait politique.

    L’interdit de l’inceste est la loi fondamentale qui fonde toute civilisation humaine, comme l’a décrit et expliqué l’anthropologue Claude Levi-Strauss.

    Le parent qui transgresse cet interdit, projette l’enfant dans un espace psychique hors société. Il pervertit les liens d’attachement qui lui permettent de grandir. C’est la pleine mer, par des temps agités, Sandra Bullock dans Gravity, éjectée dans le vide infini de l’espace, et le chemin sera long pour retrouver la terre ferme. La filiation est niée, l’identité est fragilisée.

    Le parent qui transgresse cet interdit, projette l’enfant dans un espace psychique hors société.

    La famille, pivot de l’ordre social, le lieu de la protection et de la transmission, devient un lieu de destruction et de déshonneur. La victime vit un choix impossible, parler, trahir et s’exposer au rejet, à la honte et à la violence des “siens”, se taire et se consumer de l’intérieur, dans l’impossibilité de se relier authentiquement au reste du monde, prisonnière d’une ambivalence affective indépassable.

    Les ravages causés par ces passages à l’acte sur les enfants ont très longtemps été sous-estimés. C’est ce sur quoi Muriel Salmona ne cesse de nous alerter: “sidération, dissociation traumatique, tentatives de suicide, conduites à risque, multiples troubles de la personnalité. Ces violences font partie, avec les tortures, des traumatismes les plus sévères et ont des effets catastrophiques à long terme sur la santé mentale et physique des victimes. ″[1] L’enjeu de santé publique est majeur.

    Dans une majorité écrasante des situations, la justice ne pourra pas jouer son rôle de réparation. Le Haut conseil à l’égalité dénonce ce système d’impunité qui renforce l’isolement social de la victime.

    Or, les pratiques d’inceste sont tellement répandues qu’elles doivent être regardées comme un fait social. On évalue à environ 6,7 millions de victimes en France le nombre de personnes victimes d’inceste en France, soit 2 à 3 enfants par classe.

    Les incesteurs, à plus de 90% des hommes, sont en général plutôt reconnus et appréciés et ils sont dans une position de domination, voire d’emprise au sein de leur environnement relationnel, quel que soit leur milieu social. L’enfant est alors à leur disposition.

    L’inceste est un des symptômes les plus graves de notre société patriarcale et le livre courageux de Camille Kouchner est un espoir, celui d’une révolution. L’aube peut-être d’un nouvel horizon écoféministe qui nous permettrait de sortir de cette culture de la prédation, la prédation des corps des femmes et des enfants, la prédation de notre planète terre et de nos ressources naturelles, cette prédation légitimée par cette sacro-sainte liberté de jouir à l’infini.

    Les incesteurs, à plus de 90% des hommes, sont en général plutôt reconnus et appréciés et sont dans une position de domination, voire d’emprise au sein de leur environnement.

    Pour accélérer cette révolution, la situation appelle une mobilisation collective: nous devons encourager cette parole, aller la chercher et la recevoir. Nous devons tous désapprendre à ne pas voir. C’est ce mouvement, qui va finalement réintégrer les victimes dans un lien social authentique et solide, et rompre le silence mortifère qui les isole. Le plus tôt elles seront repérées, au plus tôt le long chemin de la reconstruction s’engagera.

    Faisons-en sorte que cet électrochoc ne soit que le début d’une lame de fond et qu’il nous autorise à envisager un pacte social refondé qui aurait en son cœur battant la promesse restaurée d’une génération qui prend soin de la suivante.

    [1] Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, “Le Livre noir des violences sexuelles”, éd. Dunod.

    À voir également sur Le HuffPost #Metooinceste: elle témoigne après avoir accusé son ancien directeur de centre aéré à Paris

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      #Metooinceste: Anne-Cécile Collet témoigne après avoir accusé un agent de la mairie de Paris

      Hortense de Montalivet · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 10:37 · 4 minutes

    VIOLENCES SEXUELLES - “100, 200, 300, 500 “j’aime”. Puis des milliers de retweets. Le 17 janvier dernier, Anne-Cécile Collet a eu peur d’avoir provoqué “une catastrophe”. Comme des centaines de femmes et d’hommes, elle livre ce jour-là sur Twitter son témoignage sous le hashtag #Metooinceste . “J’avais 9 ans, ça a duré 2 ans.” Après ces mots, l’innommable: la violence sexuelle , la confiance brisée et l’impunité.

    Alors que le gouvernement dévoile ses arbitrages face aux demandes répétées des associations depuis plusieurs années pour protéger les enfants de ces violences sexuelles, à la suite du bouleversement provoqué par le livre de Camille Kouchner , Anne-Cécile Collet livre pour la première fois son témoignage. Son histoire particulière qu’elle a racontée au HuffPost aborde au moins deux des grands axes qui vont occuper Éric Dupond-Moretti et Adrien Taquet ces prochains jours: les limites de l’inceste et la prescription.

    “C’était partout où on allait”

    Les faits se déroulent quand Anne-Cécile Collet a entre 9 et 11 ans. Pendant deux ans, un homme qu’elle considère comme son “père de substitution” et qui a gagné la confiance de sa mère a abusé d’elle au centre aéré qu’elle fréquente les mercredis. Mais aussi à l’école maternelle. Chez lui. Et même dans sa voiture quand, comme certains adultes, il lui apprend pour jouer à conduire. “C’était partout où on allait en fait”, nous explique cette femme aujourd’hui dans la quarantaine.

    En 1996, la victime décide de porter plainte, avec deux autres camarades, après avoir appelé un numéro d’écoute pour les victimes de violences. Son agresseur est mis en examen pour agressions sexuelles et viols sur mineures de 15 ans. Nous sommes 10 ans et quelques mois après les faits. À l’époque, la prescription est de 10 ans. L’individu bénéficie d’un non-lieu, même si la justice estime que, à la lumière “des déclarations circonstanciées et réitérées des victimes”, il “y a lieu de constater que les faits décrits constituent des actes d’agressions sexuelles sur mineures de 15 ans par personne ayant autorité”.

    Pour Anne-Cécile Collet, en plus de la prescription, la difficulté a été de constater que cet homme a continué de travailler pour la mairie de Paris dont il était employé. Il aurait simplement été changé de service. À son nouveau poste, il ne s’occupe plus d’enfants comme il le faisait auparavant, mais reste à la tête d’une association qui organise des séjours de loisirs et culturels aux enfants, dont le partenaire officiel est la mairie.

    Enquête interne

    À la suite de son post sur Twitter, Anne-Cécile est contactée par l’Hôtel de Ville. La mairie l’informe qu’une enquête interne a été ouverte pour en savoir plus sur ce changement de poste à l’époque. Elle fait aussi savoir à la victime que depuis le 1er octobre 2019, l’homme n’est plus employé chez eux. “Il ne semble plus avoir de poste au contact direct d’enfants depuis avril 1996”, avait-elle également précisé à BFMTV .

    Quant au partenariat, la mairie assure à Anne-Cécile qu’il n’est plus effectif. Sur les réseaux sociaux de cet homme, sa présidence de l’association qui œuvre pour des enfants de 6 à 20 ans est toujours mentionnée. Et sur son site internet, le partenariat avec la mairie est toujours inscrit.

    Nous avons essayé d’en savoir plus auprès de la Mairie. Celle-ci ne nous a pas encore répondu sur la question de ce partenariat, précise que l’enquête est toujours en cours mais que “cet agent est à la retraite depuis le 1er octobre 2019 et n’était plus en contact de mineurs à la Ville depuis 1996”.

    De la pédophilie et pourtant...

    Anne-Cécile Collet n’a pas été victime d’inceste. Mais son agresseur “faisait partie de la famille”, explique-t-elle. Dans son foyer où le père manque, il joue le rôle de “père de substitution”. Pourtant quand la parole se libère sur les réseaux sociaux, pour Anne-Cécile, c’est une évidence, elle a vécu “comme un inceste”. Même si ça ne rentre pas dans le cadre du Code pénal.

    À ce jour, la mairie n’a pas encore recontacté Anne-Cécile. Trois semaines après son post, plus de vingt ans après le non-lieu, cette femme au caractère vif et brûlant n’a rien oublié. “Quand on vit ça, on le vit pour toute sa vie”, témoigne-t-elle.

    L’impunité, Anne-Cécile Collet ne la comprendra jamais. “C’est abject”, exprime-t-elle. Pour conjurer le sort et l’injustice, cette femme qui travaille aujourd’hui dans l’immobilier de luxe consacre une grande partie de son temps libre à une association de lutte contre les violences sexuelles: Les Papillons. Une goutte d’eau dans l’océan des traumatismes, mais qui redonne espoir et sens. Et qui jusqu’à maintenant, lui a apporté plus d’apaisement que les institutions.

    À voir également sur Le HuffPost: “Le sceau de l’infamie”: Geneviève Garrigos raconte les violences que l’inceste laisse derrière lui

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      Questionné sur les accusations de viol, Darmanin rejoue "l'indignité" de Sarkozy

      Anthony Berthelier · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 11 February, 2021 - 21:55 · 2 minutes

    POLITIQUE - “Comme disait le président Sarkozy...” Invité de l’émission “Vous avez la parole”, ce jeudi 11 février sur France 2, Gérald Darmanin n’a visiblement pas apprécié l’insistance de Thomas Sotto à propos des accusations de viol dont il fait l’objet depuis quatre ans .

    “Je suis à la disposition de la justice de mon pays. J’aimerais que cette calomnie s’arrête un jour, mais je constate (...) que quand on fait de la politique on est parfois accusé, parfois injustement. Je crois qu’il faut avoir confiance dans les institutions de la République”, a d’abord expliqué le ministre de l’Intérieur, alors que la cour d’appel de Paris a ordonné la reprise des investigations sur cette affaire en juin dernier.

    Relancé, par le journaliste de France 2 sur le paradoxe d’être “lui-même accusé de viol ”, alors qu’il “est en charge des violences faites aux femmes”, Gérald Darmanin n’a pas hésité à citer un de ses mentors en politique, Nicolas Sarkozy, quand il était interrogé par David Pujadas, en 2016 sur l’affaire du financement libyen, déjà “sur le service public.”

    “L’affaire Baudis ne vous a pas suffi?”

    “Vous imaginez, comme disait le président Sarkozy, l’indignité de votre question?”, s’est alors agacé le “premier flic de France”, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article . Et Gérald Darmanin de citer également Dominique Baudis, accusé à tort, en 2003, de proxénétisme, de viols, de meurtres et d’actes de barbarie pendant des mois.

    “Mesdames et messieurs les journalistes, l’affaire Baudis ne vous a pas suffi?”, a-t-il lancé à deux reprises, alors que Thomas Sotto et Léa Salamé rappelaient “l’information judiciaire” actuellement en cours.

    “Je n’ai aucune leçon à recevoir et par ailleurs je vous souhaite de ne jamais être calomnié ni vous ni votre famille”, a encore le ministre de l’Intérieur Darmanin, convaincu qu’il ne sera “pas mis en examen dans cette affaire”,

    Le ministre de l’Intérieur est accusé par Sophie Patterson-Spatz de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance. L’enquête avait été classée sans suite à deux reprises entre 2017 et 2018. La plaignante a relancé sa plainte et, après deux ans de bataille procédurale, une autre juge d’instruction est chargée des investigations depuis l’été dernier.

    La chambre de l’instruction de la cour d’appel n’a en effet pas suivi les réquisitions du parquet général et estimé que la magistrate instructrice “ne pouvait se fonder uniquement sur les résultats de l’enquête préliminaire” pour rendre un non-lieu avant toute nouvelle investigation.

    À voir également sur Le HuffPost: Gérald Darmanin réitère sa confiance au préfet de Paris, Didier Lallement

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      Démission de Frédéric Mion: Delphy, sociologue féministe salue "une victoire"

      Hortense de Montalivet · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 11 February, 2021 - 19:03 · 6 minutes

    À la suite de la démission de Frédéric Mion, Le HuffPost s

    POLITIQUE - Dans une lettre adressée aux enseignants et aux étudiants, mardi 9 février, le directeur de Sciences Po, Frédéric Mion , a annoncé sa démission, après un rapport rappelant sa connaissance des faits concernant l’affaire Duhamel.

    Même si l’ex-président de l’instance rappelle que ce document “confirme qu’aucun système de silence concerté ou de complaisance n’a existé au sein de l’établissement”, la pression, sur fond du mouvement #Sciencesporcs qui dénonce les violences sexuelles au sein des IEP, l’a poussé à quitter son prestigieux poste.

    Doit-on y voir que de #MeToo au livre de Camille Kouchner, l’omerta autour du des violences sexuelles se brise enfin et qu’une révolution est en marche au sein des institutions? Le HuffPost s’est entretenu avec la co-fondatrice du MLF et sociologue du féminisme, Christine Delphy . Avec le recul de sa cinquantaine d’années de militantisme, elle nous livre son ressenti face à tous ces hashtags émergents.

    Depuis 2017, #MeToo a fait des petits: #MetooInceste , #MetooGay et maintenant #Scienceporcs. Mais comme toute avancée citoyenne et féministe face au cuirassé du patriarcat, le retour de bâton, ce fameux “backlash”, n’est jamais loin. Et “une accentuation des horreurs” que certains hommes commettent peut être ”à prévoir”, prévient-elle.

    Le HuffPost : Comment analysez-vous la démission de Frédéric Mion, l’ex-directeur de Science po?

    Christine Delphy : Même si cette démission n’a pas été demandée par les féministes ouvertement, c’est une bonne chose. C’est une victoire même. Il était au courant des faits. Il l’a admis. Avant il ne voulait pas l’être et maintenant il n’a plus le choix. Il y a une complaisance des hommes, c’est certain. Quand on sait qu’il y a 1% des viols qui font l’objet d’une poursuite en justice, on se dit que c’est ridicule. Quand il s’agit inceste, c’est encore pire. C’est le grand rideau noir. Cette démission, c’est le début de la fin de cette complaisance.

    Comment analysez-vous le mouvement #sciencesporcs?

    Ce n’est pas une révolution, mais ça fait partie d’une évolution qu’on peut dater même d’avant #MeToo. On peut la dater depuis l’”épisode” de Dominique Strauss-Kahn (en 2011, NDLR), si l’on peut dire. C’est une réaction contre le fait que des hommes commettent des choses horribles, mais tout le monde pose un couvercle dessus. Sous ces hashtags, il y a une génération qui en a marre. Ce sont nos filles à nous. Mon époque n’a pas pu tout faire en même temps. Ce que font ces filles, c’est très bien. Il n’y a aucune raison de laisser ces crimes impunis, de laisser cet intime atroce au placard.

    Sous ces hashtags, il y a une génération qui en a marre. Ce sont nos filles à nous. Christine Delphy au HuffPost, le 11 février 2021.

    Pensez-vous que les universités françaises en font assez pour la prévention des violences sexistes et sexuelles?

    Ah, mais elles ne font rien du tout! Pourquoi? Il faudrait leur demander... Les filles, particulièrement, sont encore considérées comme des matières que l’on peut utiliser de n’importe quelle façon. Sciences Po a fermé les yeux et les oreilles. Mais ça ne concerne pas uniquement les universités, il s’agit de toute l’éducation nationale. Dans l’éducation nationale, il n’y a aucune protection des enfants qu’elle a sous sa coupe. Aucune. D’abord, il y a une crainte d’aller se plaindre, et quand on le fait c’est balayé sous le tapis…

    Vous qui avez co-fondé le MLF, est-ce que la période qu’on est en train de vivre ressemble par certains aspects à la période que vous avez vécue?

    On était moins en nombre, ça, c’est sûr. Maintenant il y a une multiplication des groupes féministes. Avec une spécialisation, comme le groupe NousToutes par exemple. Certains groupes féministes se spécialisent dans la lutte contre les crimes sexuels. Il y a tellement de choses horribles dans le patriarcat, qu’on est obligé de se concentrer sur une chose.

    Nous à l’époque, on n’avait pas les forces pour ça. Avec cette expansion des mouvements qui existent aujourd’hui, il va y avoir de plus en plus de sujets qui vont pouvoir être combattus en même temps.

    Au moment du MLF, on était moins en nombre! Aujourd'hui, avec la multiplication des groupes féministes, plus de sujets vont pouvoir être combattus en même temps. Christine Delphy au HuffPost, le 11 février 2021.

    Il y a toujours un “backlash” ou retour en arrière après les mouvements féministes. Est-ce que vous percevez déjà des conséquences de ce type aujourd’hui?

    Je ne suis pas une voyante. Je ne sais pas quelle forme prendra le “backlash”. Ce ne sera d’ailleurs pas forcément un “backlash” au sens autoritaire du terme. Ça peut être tout simplement une accentuation des horreurs que certains hommes commettent. Avec ce qui est demandé dans le porno, par exemple, et qu’on ne pouvait pas imaginer il y a 20 ans. On le voit également dans les attitudes agressives de très jeunes garçons qui y sont exposés de plus en plus tôt...

    Et de façon générale, quand on voit l’entourage du président de la République, on est en droit de s’inquiéter. Dupond-Moretti et Darmanin, quelle paire! C’est incroyable que ce soit Dupond-Moretti, l’avocat de l’affaire d’Outreau [il avait défendu Roselyne Godard, une des treize adultes acquittées, ndlr ] qui s’empare désormais des sujets du viol et de l’inceste.

    Que voulez-vous dire?

    Dans les déclarations qu’il fait sur le sujet par exemple, il parle tout de suite de prudence. Mais ça ne fait pas cinquante ans, ça ne fait pas cent ans, ça fait mille ans que les agresseurs se gargarisent de ces précautions pour continuer d’agir tranquillement… Quand j’entends notre ministre de la Justice dire ça aujourd’hui, je trouve ça incroyable.

    On a encore en France, une vision des plus arriérées sur cette question des viols et encore plus des viols sur mineurs. On a encore des hommes au Barreau qui s’arrangent pour museler les victimes. Et il y a toujours des tas d’explications, des tas de débats...Il y a encore des gens qui sont là à se demander si cet enfant n’avait quand même pas vraiment envie de se faire sodomiser par cet adulte...Tant que les victimes seront toujours déconsidérées, ces mouvements féministes et de lutte contre les violences sexuelles vont continuer.

    À voir également sur Le HuffPost: “Le sceau de l’infamie”: Geneviève Garrigos raconte les violences que l’inceste laisse derrière lui

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      Prescription "réactivée" ou "glissante": un mécanisme contre le viol plus complexe qu'il en a l'air

      Youen Tanguy · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 10 February, 2021 - 19:22 · 6 minutes

    Le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et le secrétaire d

    VIOLENCES SEXUELLES - Les annonces ont été faites en grande pompe par deux ministres mardi 9 février. Pour mieux lutter contre l’inceste et les violences sexuelles sur mineurs, le gouvernement veut faire évoluer la loi . D’abord par la création d’un nouveau crime qui viendrait mieux les pénaliser, notamment via l’adoption d’un nouveau mécanisme juridique dit de “prescription glissante” .

    Avec la loi actuelle, il arrive fréquemment que seule la dernière en date des victimes d’un même auteur puisse déposer en tant que partie civile à la barre d’un tribunal. En revanche, les autres victimes “sont là uniquement comme témoins”, car les faits les concernant sont prescrits, ce qui n’est “pas supportable”, a déclaré sur Europe 1 le secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des familles Adrien Taquet.

    Avec le nouveau dispositif juridique proposé , “au deuxième crime commis sur un mineur par un même auteur, le délai de prescription du premier est interrompu et tous les crimes pourront ainsi être jugés”, a expliqué son cabinet.

    Interrogé sur France 2 , le Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti lui a emboîté le pas. “Si un même auteur commet cinq faits, que quatre sont prescrits et un ne l’est pas, je souhaite que ces quatre victimes aient un statut de victime et qu’il n’y ait plus de prescription pour les quatre faits à l’origine prescrits”, explique-t-il, préférant au terme de “prescription glissante” celui de “prescription réactivée”.

    Dans un communiqué envoyé ce même jour, les ministères de la Justice et l’Enfance évoquent, cette fois, la “prescription ‘échelonnée’”. Elle “constitue une piste d’évolution réelle sur laquelle s’engage le Gouvernement”, lit-on. Il s’agit de permettre que les victimes d’un même auteur n’aient pas un traitement judiciaire différent. Si pour une victime d’un même auteur le crime n’est pas prescrit, et qu’il l’est pour d’autres victimes, l’absence de prescription de la première bénéficiera à toutes les autres.”

    Incompréhension sur le mécanisme juridique

    Des prises de parole successives qui ont étonné plusieurs juristes, dont Carole Hardouin-Le Goff, maître de conférences à Paris 2, Panthéon-Assas, en droit privé. “Ce que dit le gouvernement me gêne, car de ce que j’en comprends, ce qu’il propose tend à rouvrir des prescriptions déjà acquises, estime-t-elle. Cela manque de sécurité juridique, d’égalité de traitement devant la loi pénale et je ne pense pas que ça pourrait passer le cap du Conseil d’Etat et du Conseil constitutionnel”.

    “Quand un avocat sait qu’il demande quelque chose de contraire à la loi, il dit au tribunal: ‘vous aviserez’. Quand un ministre sait qu’il demande quelque chose de contraire à la constitution, il dit aux journalistes ‘je souhaite que’”, lance sur Twitter l’avocat Maitre Eolas, qui semble avoir compris la même chose.

    Mais les annonces ont visiblement été mal comprises. Sollicité par Le HuffPost , l’entourage d’Adrien Taquet nous a dans un premier temps confirmé à demi-mot qu’il s’agissait de revenir sur des prescriptions acquises, avant de préciser ces propos, évoquant des prises de parole des ministres ”à destination du grand public”, mais “pouvant prêter à confusion”. “ Ils ont expliqué le principe mais ne sont pas rentrés dans le détail technique”, assure cette même source.

    Pour bien comprendre l’intérêt de ce nouveau mécanisme juridique complexe, il est préférable de prendre un exemple. Imaginons que la loi souhaitée par le gouvernement a été votée, adoptée et promulguée en juin 2021. Une première victime, Victoria*, a été victime d’un viol en 2020, alors qu’elle était âgée de 14 ans. Le délai de prescription est donc de 30 ans à compter de la majorité de Victoria et court donc jusqu’en 2054.

    Imaginons ensuite que ce même criminel commet un nouveau viol sur mineur, Anna*, en 2044, mais que les faits ne sont découverts que plus tard, en 2060. En l’état actuel de la législation, l’auteur des faits ne pourrait être jugé que pour le viol commis en 2044, les faits étant prescrits dans le cas de Victoria.

    La nouvelle loi qui actera la prescription glissante va justement permettre de “suspendre” la prescription de Victoria si les faits commis sur Anna l’ont été lorsque la prescription de la première était encore ouverte, c’est-à-dire avant 2054. Les délais de prescription repartent ainsi à zéro pour Victoria, qui bénéficierait à nouveau d’un délai de prescription de 30 ans.

    Autre élément important: si d’autres victimes sont ensuite identifiées, le mécanisme se répètera de la même manière. Ainsi, la prescription repartira de zéro pour toutes les anciennes victimes, y compris pour Victoria et Anna.

    Un mécanisme judiciaire qui pourra également bénéficier aux victimes pour lesquelles les faits ont été commis avant la promulgation de la loi, à condition que le délai de prescription court encore.

    “La prescription acquise, un fait constitutionnel”

    “Ce qui est pris en compte est donc bien la date de commission des faits et non pas la date de la découverte de ces faits”, analyse pour Le HuffPost Carole Hardouin-Le Goff. Ce qui permet de prolonger le délai de prescription de certains crimes sans remettre en question les prescriptions acquises.

    “La prescription acquise est un fait constitutionnel”, acquiesce-t-on dans l’entourage d’Éric Dupond-Moretti. Ce que propose le gouvernement est “d’interrompre la prescription si de nouveaux faits (similaires, ndlr) sont commis” par un même auteur.

    Cette proposition du gouvernement reprend en fait celle de la députée LREM Alexandra Louis, déposée il y a quelques semaines , et qui propose que “si l’auteur d’un crime sexuel sur un mineur commet à nouveau un crime similaire sur une autre victime mineure alors que la prescription du premier crime n’est pas acquise, la commission de ce deuxième crime interrompt la prescription du premier, ce qui fait qu’aucun de ces crimes ne sera prescrit et qu’ils pourront tous être jugés en même temps”.

    Protéger les victimes et envoyer un message aux agresseurs

    Pour le gouvernement, l’intérêt de ce nouveau mécanisme judiciaire est double: d’un côté permettre à plus de victimes d’entamer d’éventuelles poursuites judiciaires; et de l’autre, d’envoyer un message aux auteurs de “viols sériels”. “Il est important de faire comprendre aux auteurs qu’ils ne seront jamais tranquilles, avec une prescription qui serait acquise”, assure-t-on dans l’entourage du Garde des Sceaux.

    Il convient désormais d’aller vite, pour permettre aux plus de personnes possible de profiter de ce nouveau mécanisme. Le gouvernement souhaite ainsi profiter des propositions de loi de la sénatrice UDI Annick Billon ou de la députée PS Isabelle Santiago pour faire passer ces mesures. “On a des véhicules législatifs actuellement en discussion au Parlement, dont certaines ont déjà entamé leur navette”, abonde auprès du HuffPost l’entourage d’Éric Dupond-Moretti.

    “Le gouvernement ne cherche pas à s’approprier un travail (parlementaire, ndlr) coûte que coûte, assure cette même source, mais il ne s’agit pas d’attendre pour le plaisir d’attendre. Il faut traduire ça concrètement dans la loi”. Le gouvernement souhaite que la loi soit adoptée dans trois mois pour une promulgation avant l’été.

    À voir également sur Le HuffPost : “Le sceau de l’infamie”: Geneviève Garrigos raconte les violences que l’inceste laisse derrière lui

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      4 conseils pour armer ses enfants contre les violences sexuelles

      Lucie Hennequin · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 3 February, 2021 - 22:26 · 2 minutes

    ÉDUCATION - Les traités d’éducation féministe ne sont pas nombreux. Mais en ce début d’année 2021, et dans un contexte particulier marqué notamment par #metooinceste , plusieurs autrices sont venues ajouter leurs ouvrages aux références que s’échangent les parents souhaitant éduquer leurs enfants à la lutter dès le plus jeune âge contre le patriarcat.

    Le HuffPost a demandé à trois autrices des conseils -non exhaustifs- pour tenter de sensibiliser et de protéger les enfants contre les violences sexuelles. Comment peut-on insuffler, dès le plus jeune âge, la notion de consentement ? Comment aborder la sexualité et à quel âge? Quelques éléments de réponse sont à écouter dans la vidéo en tête d’article. Et à lire dans les deux essais cités ci-dessous.

    Celui de Lucile Bellan , journaliste, qui vient de sortir son “Petit traité d’éducation féministe” le 26 janvier (éditions Leduc). Le sous-titre est parlant: “Consentement, respect, non-violence, apprentissage du corps, culture: éveillez vos fils et vos filles à chaque étape de leur vie”.

    Son ouvrage, découpé en six chapitres, livre des conseils très pratiques pour doter les parents et les enfants de clefs vers une éducation plus inclusive et non-sexiste. “Dans l’apprentissage du consentement, il y a quelque chose de très simple: c’est d’arrêter d’obliger son enfant à faire la bise, à embrasser, tous les adultes qu’on croise”, propose-t-elle par exemple. “On le prend comme quelque chose d’insolent alors qu’en réalité, c’est juste une façon de marquer ses limites.”

    Dans l’apprentissage du consentement, il y a quelque chose de très simple: c’est d’arrêter d’obliger son enfant à faire la bise, à embrasser, tous les adultes qu’on croise

    Paru ce mercredi 3 février, ”Éduquer sans préjugés” (éditions Jean-Claude Lattes) est le fruit des réflexions de deux autres mères engagées: Amandine Hancewicz et Manuela Spinelli, co-fondatrices de l’association Parents & Féministes .

    Présenté comme un “manuel de chasse aux stéréotypes, pour une éducation plus égalitaire”, l’ouvrage est découpé par tranches d’âge. Il part d’exemples et de témoignages très concrets et quotidiens pour décortiquer les ressorts du sexisme ordinaire, qui semble souvent anodin, mais persiste et ce avant même la naissance de l’enfant, pendant la grossesse.

    Un sous-chapitre est par exemple consacré au sexe féminin, la vulve, “le mot que l’on ne peut pas prononcer”. “C’est constructif et c’est une protection, de parler de sexualité au sens anatomique”, explique Amandine Hancewicz. “Parce qu’un enfant qui a les mots a la capacité de dire s’il a une gêne à un endroit, une douleur, si quelqu’un l’a touché. Alors que si ce n’est pas nommé, si c’est honteux ou si c’est flou, c’est plus compliqué d’avoir l’information.”

    À voir également sur Le HuffPost : “Le sceau de l’infamie”: Geneviève Garrigos raconte les violences que l’inceste laisse derrière lui

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      Après l'affaire Duhamel, Macron salue la libération de la parole: "On vous croit"

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 23 January, 2021 - 16:56 · 1 minute

    VIOLENCES SEXUELLES - “On est là. On vous écoute. On vous croit. Et vous ne serez plus jamais seules”, a déclaré ce samedi 23 janvier Emmanuel Macron aux victimes des violences sexuelles sur mineurs , dans une vidéo postée sur son compte.

    “La honte aujourd’hui change de camp”, a ajouté le chef de l’Etat en se félicitant que “la parole, partout en France, se libère” et que “le silence construit par les criminels et les lâchetés successives, enfin, explose”.

    Sans faire directement référence aux accusations qui visent Olivier Duhamel , Emmanuel Macron évoque dès le début de son message “le courage d’une soeur qui n’en pouvait plus de se taire”, avant de rendre également hommage “au courage de milliers d’autres”.

    Après la parution de son livre “La Familia grande”, dans lequel Camille Kouchner accuse Olivier Duhamel d’inceste sur son frère jumeau, de nombreux anonymes ont pris la parole sur les réseaux sociaux autour du hashtag “MeTooInceste” pour dénoncer les violences sexuelles dont ils ont été victimes enfant.

    Dans son message, Emmanuel Macron assure également que le gouvernement ne laissera ”aucun répit aux agresseurs” et dit vouloir “adapter notre droit”.

    “Il nous faut adapter notre droit pour mieux protéger les enfants victimes d’inceste et de violences sexuelles”, a précisé le chef de l’Etat, en indiquant avoir demandé au garde des sceaux Eric Dupont-Moretti et au secrétaire d’Etat à l’Enfance et aux Familles Adrien Taquet “de mener une consultation qui devra déboucher rapidement sur des propositions”.

    À voir également sur Le HuffPost: Inceste: Geneviève Garrigos milite sur un seuil d’âge pour le consentement

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      Inceste: Geneviève Garrigos raconte la souffrance qui se perpétue

      Hortense de Montalivet · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 20 January, 2021 - 17:16 · 2 minutes

    #METOOINCESTE - “Et ça, encore, c’est d’une très grande violence”. L’émotion est palpable et fait encore parfois trembler sa voix et ralentit sa diction. Alors que les témoignages se multiplient sous le hashtag #MeTooInceste depuis samedi 16 janvier, Le HuffPost a rencontré Geneviève Garrigos , élue municipale, ancienne présidente d’Amnesty International. Et victime d’ inceste à l’âge de 5 ans.

    Après 40 ans d’amnésie traumatique, cette conseillère de Paris peine encore à trouver les mots pour évoquer les violences sexuelles qu’elle a subies. Après le lent travail de conscientisation, il faut encore affronter le regard des autres, encore mal préparés à faire face à ce tabou. Mais ce n’est pas tout.

    La parole officielle blesse

    À la télévision, à la radio, c’est aussi la maladresse des mots, la lente prise de conscience et la déconnexion de certains qu’il faut encore subir. Cette violence dans les prises de parole est encore plus forte quand elle vient de l’exécutif.

    ″Ça fait des années qu’on en parle, il ne s’agit pas d’une affaire, d’une émotion”. L’élue municipale fait ici référence à l’intervention du Premier ministre Jean Castex dans l’émission de France 5, “C à Vous”. Sur le plateau, les hésitations, les adjectifs employés pour parler de l’inceste comme “inimaginable” ont fait sortir de ses gonds cette victime, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus .

    Les débats renvoient à sa propre “monstruosité”

    Ajoutons à cela la violence des débats de société dont on oublie qu’ils peuvent renvoyer certaines victimes d’inceste à leurs traumatismes. Pour Geneviève Garrigos, ce sont les débats sur la PMA, le mariage pour tous ou encore ceux sur l’avortement qui réveillent les douleurs du passé et ralentissent l’apaisement.

    À travers ces débats, “on a une idéalisation de la famille normée”, explique-t-elle. “Dans une vision assez conservatrice de la société, la famille est sanctuarisée, où la famille est aimante, où si un enfant n’a pas un père et une mère, et bien il est mal construit. [...] Et là, pour les enfants comme moi qui se sont construits au sein d’une famille où il y avait de la violence, où le père n’était pas celui qu’ils attendaient, [...] quand on grandit et qu’on entend ce genre de discours, mais c’est d’une violence totale.” Pour cette victime d’inceste, cela renvoie ”à une monstruosité”, ajoute-t-elle, “nous sommes des monstres puisque nous n’avons pas ça [cette famille normée, ndlr ]”.

    À voir également sur Le HuffPost: Les violences sexuelles faites aux enfants sont encore un tabou