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      Présidentielle 2022: Philippe Juvin veut "un accord politique avec Xavier Bertrand"

      Astrid de Villaines · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 26 August, 2021 - 16:44 · 7 minutes

    Le docteur Philippe Juvin, chef des urgences à l

    POLITIQUE - À huit mois de la présidentielle, la droite est plus morcelée que jamais. Entre ceux qui sont candidats à une primaire (Valérie Pécresse, Éric Ciotti depuis ce jeudi 26 août, sans doute Michel Barnier ce soir sur TF1), Xavier Bertrand qui ne souhaite pas s’y associer et ceux qui entretiennent encore le suspense comme Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau, les électeurs ont de quoi être perdus.

    Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Georges Pompidou à Paris et maire LR de La Garenne-Colombes fait partie de la première catégorie. Dans cette primaire, si elle a lieu (réponse le 25 septembre au plus tard), il entend faire entendre une autre voix et compte sur son parcours de médecin, atypique en politique et utile en temps de pandémie . Fait rare de ce côté de l’échiquier, il se veut le candidat “des services publics”, sans toutefois augmenter le nombre de fonctionnaires, et plaide pour des dons de vaccins aux pays d’Afrique de toute urgence.

    Politiquement, Philippe Juvin propose à Xavier Bertrand un “accord politique” qui s’appuierait sur les sondages du mois de janvier 2022 pour départager le président des Hauts-de-France et le vainqueur de la primaire. Entretien.

    Eric Ciotti vient de se déclarer candidat à la primaire. Comment recevez-vous cette candidature ?

    C’est une très bonne nouvelle. Il a une expertise sur les questions de sécurité, ce qui permettra au débat de prendre de l’ampleur.

    Y aura-t-il une primaire chez LR ?

    Je ne suis pas devin, mais si nous voulons être au second tour de la présidentielle, puisqu’aucun candidat ne se détache naturellement, la logique voudrait qu’il y en ait une. La primaire permet aussi de mettre des idées nouvelles sur la table, c’est l’une des raisons de ma candidature.

    Vous voulez être “le candidat des services publics”, ce n’est pas fréquent à droite…

    La droite s’est caricaturée sur les services publics. Dans un esprit de “père Fouettard”, elle proposait 500.000 fonctionnaires en moins en 2017. Quant à la gauche, elle créait des postes sans se soucier de leur efficacité. J’ai vu les services publics paupérisés pendant la crise, des gens qui n’ont pas pu être soignés, sans parler de la sécurité ou de l’école . Il y a une autre épidémie dont personne ne parle, c’est celle de l’ignorance. Il y a un décrochage intellectuel du pays. Le niveau scolaire s’effondre et notre pays a raté des évolutions scientifiques pour faire face à cette épidémie. Où est notre vaccin?

    Il faudra investir dans les infrastructures vétustes de notre pays. 10% des ponts posent des problèmes de sécurité et une gare sur deux est délabrée.

    Combien de postes de fonctionnaires proposez-vous en plus ?

    Il s’agit plus de redéploiement que de créations de postes. En mettant fin à la bureaucratie, aux doublons, j’estime que l’on peut redéployer 300.000 fonctionnaires directement au contact des Français. En tant que médecin, je passe 30% de mon temps à chercher des lits pour les malades, quand je préférerais être à leur chevet. Les Français verront la différence. Il faudra aussi investir dans les infrastructures vétustes de notre pays. 10% des ponts posent des problèmes de sécurité et une gare sur deux est délabrée.

    Pourriez-vous soutenir Xavier Bertrand qui ne souhaite pas participer à la primaire?

    Je veux un accord politique avec Xavier Bertrand. Il ne va pas à la primaire, c’est son choix, il faut le respecter. Mais nous ne pouvons pas avoir deux candidats au premier tour. Si je gagne la primaire, je passerai un accord politique avec lui. En janvier, s’il est devant dans les sondages, on le soutient; s’il est derrière, c’est lui qui nous soutient.

    Jean Castex a annoncé ce matin une 3e dose de vaccin pour les plus de 65 ans, à commencer par les résidents des Ehpad le 12 septembre. Est-ce une bonne idée?

    À terme, il est probable que tout le monde ait besoin d’une troisième dose, même les plus jeunes, car, avec le temps, l’efficacité du vaccin diminue. La question, c’est quand? Sans doute immédiatement pour les plus de 80 ans. Mais plus on attendra pour les autres, plus on pourra vacciner l’Afrique. Avec moins de 2% de vaccinés, l’Afrique va fabriquer des variants, ce qui va entretenir la pandémie. L’excédent de doses achetées par les pays occidentaux suffit à vacciner l’Afrique. Il faut s’en préoccuper, car il ne sert à rien d’être dans un îlot de vaccinés.

    Jean-Luc Mélenchon dit que l’utilité d’une 3e dose n’est pas prouvée . Quel est votre avis?

    Il aurait mieux fait de dire “ce n’est pas prouvé pour tout de suite”. Pour moi, à 57 ans, il a raison, c’est inutile aujourd’hui. Je vais perdre l’efficacité de mes deux doses dans les semaines ou mois qui arrivent, je ne sais pas encore quand. Dans quelques mois, ce sera probablement indispensable. Mais d’ici là, vaccinons l’Afrique.

    Comme d’habitude, ils vont se réveiller en catastrophe pour faire des recommandations sur les purificateurs d'air à l'école et ce sera trop tard.

    La rentrée approche, Jean-Michel Blanquer encourage les collectivités locales d’installer des purificateurs d’air à l’école. L’avez-vous fait dans votre commune?

    Il a raison: les écoles maternelles et élémentaires sont sous la responsabilité des communes. J’équipe la totalité de mes écoles en analyseurs de CO2: on a passé les commandes avant l’été, elle en auront toutes à la rentrée. La question-clé - et c’est là où ils ne sont pas sérieux - c’est que je demande depuis des semaines à l’Education nationale de la documentation sur d’autres appareils: les purificateurs d’air. Je reçois beaucoup de propositions de vendeurs mais c’est au ministre de m’expliquer quels appareils acheter. Les maires sont abandonnés. Comme d’habitude, ils vont se réveiller en catastrophe et ce sera trop tard. Il faudra passer les appels d’offres et les vendeurs seront en rupture de stock.

    Jean-Michel Blanquer nous dit qu’il y a une nouveauté à l’école: les autotests. Ce qui est incroyable c’est qu’il le découvre maintenant. L’Angleterre le fait depuis février et je le demande depuis un moment. Ils sont sûrement tous intelligents au gouvernement, mais il leur manque une chose: ils n’ont jamais été maires .

    Emmanuel Macron estime que la crise sanitaire va durer jusqu’en 2022. Pensez-vous la même chose?

    Oui, bien sûr. Tant que le monde entier n’est pas vacciné, on peut avoir un nouveau variant. L’Afrique sera peut-être vaccinée en 2022. Ça nous emmène en 2023. Oui, nous en avons pour longtemps.

    Peut-on faire campagne pendant une pandémie?

    Il y a eu des campagnes pendant la guerre, des élections dans d’autres pays. Il faut que la démocratie fonctionne. On va s’adapter, comme on a adapté notre vie sociale. La lutte contre l’épidémie ne doit pas être arrêtée, p as plus que la vie politique et démocratique.

    Valenciennes, Biarritz, la Corse… Vous vous êtes beaucoup déplacé cet été. Dans quel état est le pays à huit mois de la présidentielle?

    Le sentiment que j’ai est celui d’une immense inquiétude sur la capacité des responsables politiques à faire autre chose que du commentaire. Beaucoup d’élus commentent l’actualité, comme le ferait un sociologue ou un journaliste. Ce n’est pas ce qu’on attend d’eux. Je vois aussi le scepticisme envers les politiques en raison de l’homogénéité des parcours. C’est une autre raison de ma candidature: un parcours différent des autres et une méthode nouvelle.

    Le duel Macron-Le Pen peut-il être déjoué?

    Depuis 1981, les élections ont été remportées par quelqu’un qui n’était quasiment jamais donné gagnant en septembre...

    À voir également sur Le HuffPost : À peine réélu, Bertrand a plus parlé ”à la France” qu’aux “Hauts-de-France”

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      Présidentielle 2020 : le socialisme autoritaire en tête, la gauche en miettes

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 10:14 · 4 minutes

    Par Frédéric Mas.

    Sommes-nous condamnés à un face-à-face Macron-Le Pen pour la présidentielle de 2022 ? Un sondage Ipsos/Sopra Steria paru mercredi semble confirmer la prise en étau de l’élection entre nationalisme et centrisme autoritaire, et une uniformisation anti-libérale et socialisante de l’offre politique.

    Dans tous les cas de figure, Emmanuel Macron est crédité de 24 à 27 % des intentions de vote, et Marine Le Pen de 25 à 26,5 %. En troisième position vient Xavier Bertrand (centre-droit), qui se retrouve dans une fourchette de 14 à 16 %.

    Le fractionnement de la gauche ne lui permet pas de passer le premier tour, sauf si le PS et EELV réussissent le tour de force de s’unir. Dans ce cas, ils arriveraient à 17 % avec Yannick Jadot et 16% avec Anne Hidalgo à la tête de l’hypothétique coalition.

    Face à face Macron-Le Pen

    Marine Le Pen progresse sans avoir à faire campagne, Macron a fait disparaître de son discours les dernières traces de libéralisme . L’opinion publique juge sévèrement le quinquennat d’Emmanuel Macron, élu sur un programme réformiste et qui finalement n’a pu ou su débloquer les lourdeurs de la vie publique française.

    La crise des Gilets jaunes, celle des retraites et finalement la gestion de la crise sanitaire ont achevé la transformation de La République en marche en formation autoritaire, rognant sur les libertés publiques, la liberté d’expression et le droit de propriété sous couvert d’ouverture progressiste et écologiste.

    L’extrême droite n’a fait que recueillir les fruits de l’insatisfaction et de la défiance des citoyens pour apparaître aux yeux de beaucoup comme une alternative au gouvernement en place.

    La droite fait de l’œil au populisme de Montebourg

    Une partie de la droite modérée a gauchisé son discours économique et durci son discours sécuritaire, offrant face au Rassemblement national un populisme anti-libéral plus soft et plus expérimenté.

    L’ancien ministre et actuel président du Conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand a suscité quelques remous à droite comme à gauche après avoir énoncé des points de convergences avec l’ex-PS Arnaud Montebourg sur la question de la souveraineté et de l’industrie.

    Guillaume Peltier , le numéro deux de LR, a tenu des propos similaires au micro de LCI, parlant de « points communs » sur la souveraineté et le « patriotisme économique » . Last but not least, Marine Le Pen elle-même a reconnu un air de famille entre son discours et celui de l’ancien ministre du Redressement productif. En cherchant à surfer sur le rejet de la mondialisation, toutes les droites finiraient-elles par converger ?

    L’écologie en position de force à gauche

    À gauche, Yannick Jadot triomphe, car il est en position de faiseur de rois. Il sait que le PS ne peut envisager son avenir sans lui, et que c’est autour de l’écologie politique que s’agrégeront les formations de la gauche de la gauche si elle veut remettre en cause le duopole Macron-Le Pen.

    Il faut bien parler de gauche de la gauche, car l’aile modérée du PS a été absorbée par le macronisme, et les figures qui réapparaissent autour de Jadot, comme par exemple Benoît Hamon , estiment de manière assez contre-factuelle que c’est en mettant la barre encore plus à gauche qu’elles pourront décrocher l’élection.

    Mais Anne Hidalgo pourra-t-elle travailler avec des écolos qui surfent sur toutes les modes les plus radicalement anti-capitalistes, indigénistes et anti-tech ? Elle a déjà du mal à Paris, alors à l’échelle du pays…

    Alternatives libérales ?

    Alors, l’avenir politique est-il bouché pour les libéraux ? Certaines figures dynamiques au sein de la droite modérée comme du courant progressiste de la majorité présidentielle pourraient jouer un rôle en contrepoint du social-autoritarisme ambiant.

    Rafik Smati, le président d’ Objectif France , Aurélien Véron, l’infatigable défenseur des libertés et élu à Paris ou David Lisnard , le maire de Cannes pourraient porter une voix libérale discordante au sein d’une droite qui se cherche.

    Valérie Petit , députée de la 9 e circonscription du Nord se positionne comme libérale, écologiste et progressiste. Bien qu’apparentée à la majorité présidentielle, elle a récemment déposé une proposition de résolution visant à évaluer les conséquences des restrictions sanitaires sur les libertés publiques.

    Des parcours à suivre, et qui pourraient inspirer des vocations !