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      In Vino Veritas : subventions et taxes ne sont jamais la solution

      Simone Wapler · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:35 · 4 minutes

    subventions

    Par Simone Wapler.

    Les vignerons sont frappés par une nouvelle surtaxe à l’export vers les États-Unis. Ils sont victimes collatérales d’une guerre Airbus-Boeing au moment où le confinement les prive de débouchés commerciaux.

    Tout commençait bien, il y a presque vingt ans. En 1992, un louable accord entre l’Union européenne et les États-Unis impose des limites aux subventions publiques que peut recevoir le secteur aéronautique des deux côtés de l’Atlantique. Hélas, nous vivons dans un monde cruel…

    En 2004, Boeing accuse Airbus de bénéficier de prêts et subventions contraires à cet accord ; les États-Unis déposent une plainte à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et une enquête commence.

    En 2005, l’Union européenne riposte en déposant à son tour une plainte pour les mêmes motifs : Boeing recevrait aussi des subventions et des aides.

    En 2010, l’OMC rend son verdict dans le premier conflit Boeing contre Airbus, déclare l’Union européenne coupable et estime la compensation due à Boeing à 7,5 milliards de dollars.

    En 2019, deuxième verdict de l’OMC sur la plainte d’Airbus examinée sur le fond à partir de 2006 ; à leur tour, les États-Unis sont déclarés fautifs et doivent une compensation de quatre milliards de dollars à l’Union européenne. Union européenne : 7,5 ; États-Unis : 4.

    Soigner le mal par le mal : subventions, taxation

    Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si le remède administré par l’OMC n’était pas pire que le mal. Pour compenser les subventions illicites, l’OMC autorise les plaignants à taxer respectivement certains produits européens entrant aux États-Unis et certains produits américains entrant en Union Européenne.

    Rappelons que toujours et partout, les subventions sont payées par les contribuables locaux , les droits de douanes sont payés par les consommateurs locaux . C’est donc double peine pour les contribuables et consommateurs de chaque côté de l’Atlantique qui ont financé par leurs impôts respectifs des subventions à leurs champions aéronautiques, puis devront payer plus cher de leur poche certains produits importés. Pour eux, les pénalités s’additionnent : 11,5 partout !

    Le ketchup contre le pinard

    Deux nombreux bureaucrates de part et d’autre de l’Atlantique se sont ensuite attelés à la délicate tâche de déterminer les produits qui seraient surtaxés.

    Tomato Ketchup, Boeing 737 Max et patate douce made in USA sont dans le viseur de Bruxelles. Équipements aéronautiques, vins tranquilles à degré d’alcool inférieur à 14°, cognacs français et allemands sont dans le collimateur américain.

    Le réchauffement climatique au secours du vin

    Comble d’ironie, de nombreux producteurs viticoles avaient pu échapper à la surtaxe américaine en 2020 grâce à deux années particulièrement chaudes (2018 et 2019) qui ont permis de produire du vin naturellement supérieur à 14°, degré d’alcool qui n’était pas visé par les zélés bureaucrates yankees peut-être amateurs de vins charpentés.

    Mais le tir a été rectifié pour 2021. D’où la colère du président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux en France qui se plaint d’une disparition des débouchés au moment même où les stocks sont gonflés par les confinements, couvre-feux et autres mesures supposées nous protéger .

    Les fabricants de chandelles et l’escalade dans l’absurde

    Toutes ces lamentables affaires de subventions et droits de douane ne sont que le fruit de la croyance naïve en l’efficacité du protectionnisme . Pourtant, le capitalisme de connivence et le protectionnisme sont toujours nuisibles et coûteux.

    Ceci a été dénoncée avec brio au XIXe siècle par Frédéric Bastiat dans sa Pétition au Parlement français de la part des fabricants de chandelles . Dans cette satire, des producteurs se plaignent de la concurrence ruineuse d’un étranger (qui n’est autre que le soleil) et demandent « une loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes […] par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons ».

    La prochaine fois que votre main se dirigera vers le Ketchup, ou que vous déboucherez une bonne bouteille, n’oubliez pas de penser à Airbus et Boeing et méditez Frédéric Bastiat :

    Aujourd’hui comme autrefois, chacun, un peu plus, un peu moins, voudrait bien profiter du travail d’autrui. Ce sentiment, on n’ose l’afficher, on se le dissimule à soi-même ; et alors que fait-on ? On imagine un intermédiaire, on s’adresse à l’État, et chaque classe tour à tour vient lui dire : « Vous qui pouvez prendre loyalement, honnêtement, prenez au public, et nous partagerons. »

    Le protectionnisme ne nous protège pas, il nous rackette. Dans les modes de compensation qu’elle impose, l’OMC démontre qu’elle œuvre pour le capitalisme de connivence et non pas pour la défense des citoyens et la promotion du libre-échange qui se passe très bien de toute bureaucratie.

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      Greta a tué Einstein, de Jean-Paul Oury

      Francis Richard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:30 · 6 minutes

    Greta

    Par Francis Richard.

    Pourquoi ce titre ?

    « Nous l’avons voulu suffisamment accrocheur pour marquer les esprits. En fait nous ne supposons pas un seul instant que la jeune Greta veuille faire du mal au vieil Einstein. »

    « C’est peut-être bien au contraire Einstein qui risque de tuer Greta… »

    En effet, ce livre montre que la science et la technologie, combattues au nom de la science, en fait au nom de l’écologisme, par la jeune Suédoise, ne sont pas le problème mais la solution.

    Technologies présumées coupables

    Greta et ses semblables traduisent devant leur tribunal quatre technologies présumées coupables : les OGM, l’énergie nucléaire, les mauvaises ondes, le glyphosate.

    Il s’agit en réalité à chaque fois d’une manipulation de l’opinion qui utilise le même processus :

    • « mettre en scène un risque potentiel » , c’est-à-dire qui n’existe pas, de la technologie en question ;
    • demander à la science de démontrer que ce risque n’existera jamais, ce qu’elle ne peut pas faire et pour cause car « aucun scientifique sérieux ne se prononcera jamais sur l’innocuité totale » d’une technologie.

    C’est bien sûr le principe de précaution qui est invoqué pour exiger ce risque zéro . Cette mise en scène et cette question sans réponse permettent en tout cas de discréditer lesdites technologies.

    Peu importe que ce risque ne se soit jamais produit avec les OGM, que « le nucléaire civil soit à l’origine d’un bien moins grand nombre d’accidents que les autres sources d’énergies » , que les mauvaises ondes n’aient jamais produit que des maux invisibles et que le seul Centre International sur le Cancer s’en soit pris, et s’en prenne, au glyphosate qui serait cancérigène : « toutes les autres agences partout dans le monde » ne partagent pas cet avis.

    Comme le souligne l’auteur, l’objectif de ceux qui s’en prennent à ces technologies est d’ « enterrer le progrès scientifique. »

    Le label « made in nature »

    A contrario les écologistes ne posent pas, et ne se posent pas, de questions pour ce qui concerne le bio , les éoliennes , la voiture électrique ou l’homéopathie pour la bonne raison qu’ils leur décernent le label made in Nature .

    Pourtant, sur le bio, il existe de vraies histoires d’empoisonnement, que l’auteur ne se prive pas de raconter. L’une d’elles, la plus célèbre , se passe en 2011, dans une ferme allemande, et s’est terminée par 54 morts et 3000 personnes intoxiquées…

    Les éoliennes tuent les oiseaux , sont bruyantes et ne produisent de l’énergie que par intermittence . En Allemagne , la continuité de la production d’énergie est assurée par des centrales polluantes, à charbon et à gaz…

    Le véhicule électrique n’est pas un véhicule à zéro émission. De plus, le coût énergétique pour le construire est de trois à quatre fois celui d’un véhicule conventionnel, sans compter que, pour qu’il circule, il faut bien générer de l’électricité…

    L’auteur s’en prend aux « autres médecines » labellisées (bien antérieures à l’écologisme et sans rapport avec lui) : qi gong, homéopathie, naturopathie, plantes, yoga, acupuncture etc. et se range derrière l’avis de Laurent Alexandre qui défend contre elles les « traitements scientifiques évalués ».

    C’est le point le moins convaincant de l’argumentation. Car, à la fin de son ouvrage, l’auteur déplore que la séparation entre l’esprit et la matière ait rendu difficile l’expression du continuum entre l’Homme et la Nature, or, par exemple, le qi gong ou le yoga l’opèrent…

    L’idéologie d’abord

    La société d’abondance alimentaire est fragile. La science peut en renforcer la sécurité par des avancées technologiques, telles que le séquençage du génome du blé, qui permet, par exemple, de lutter contre des maladies ou les sécheresses.

    Encore faudrait-il que l’idéologie ne prévale pas en suscitant une « peur construite des solutions scientifiques et techniques » , une « peur systématique et indifférenciée de toutes les technologies quelles qu’elles soient » , par exemple :

    D’aucuns, les collapsologues, annoncent l’effondrement de la société industrielle et font appel à la science pour ce faire, alors que ce sont la science et la technologie qui peuvent l’éviter. Eux et les adeptes de la décroissance , en fait, « œuvrent pour saper l’édifice de la science contemporaine » .

    D’autres ne cachent pas leur haine de l’humanité. Ils font appel à la science « pour appuyer des messages catastrophistes » . Ils sont prêts à sacrifier l’humanité « sur l’autel du dieu Nature » . Et cela se traduit par la diminution souhaitée du nombre des êtres humains sur Terre , qu’ils voient comme un moyen de lutter contre le réchauffement climatique…

    Le retour de la science

    Après avoir souligné la montée au créneau de scientifiques contre l’écologisme, l’auteur donne les exemples d’écologistes qui se sont convertis à la science après l’avoir découverte et qui, du coup, ont compris tout l’intérêt du nucléaire civil et des OGM :

    • le nucléaire émet beaucoup moins de CO2 que les énergies renouvelables ;
    • l’innovation technologique de la CRISPR-Cas 9 ( « qui utilise une propriété de certaines bactéries pour découper des portions de génome et les remplacer par d’autres qui auront été sélectionnées » ) permet de « modifier le vivant sans toucher à la barrière des espèces » , autrement dit les OGM deviennent des « produits naturels » .

    À partir de là, l’auteur parle de l’« agriculture de précision » , qui est respectueuse de l’environnement puisque :

    • elle est moins gourmande en intrants (eau, énergie, engrais, pesticides etc.) ;
    • elle est plus attentive aux sols ;
    • elle adapte des variétés au niveau local.

    Pour ce qui est de l’intelligence artificielle, il y voit un moyen d’assister l’Homme, notamment dans la prise de décision. Il combat les fantasmes à son sujet et s’en tient aux réalisations concrètes.

    Enfin, il cite Marc Rameaux :

    « La conscience humaine est capable de décider par elle-même de se placer « out of the box », ce qu’aucune IA ne sait faire. »

    Enfin il ne voit pas d’opposition entre l’Homme et la Nature , comme le prétendent les écologistes : « L’entreprise humaine est davantage une tentative de se libérer du déterminisme et de la fatalité qu’un combat contre la nature. »

    Il existe en revanche une opposition entre ceux qui ont une vision étroite de la nature, les écologistes adeptes de l’écologie politique et ceux qui en ont une élargie, les écologues, les scientifiques de l’environnement.

    Conclusion

    « L’homme, la science et la nature sont intimement liés. »

    Pour que la confiance en la science revienne, il faut appliquer à toutes les innovations scientifiques et techniques, le label made in Nature puisque ce label, employé par le marketing vert, rassure l’opinion et qu’en l’occurrence il est pertinent.

    Sur le web

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      WallStreetBets : game over pour la finance ?

      Franky Bee · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:25 · 8 minutes

    WallStreetBets

    Par Franky Bee.

    Alors que nos médias franco-centrés avaient le regard tourné vers l’Élysée et Matignon, guettant les éventuels signaux avant-coureurs d’un troisième reconfinement, la planète finance était frappée par un évènement d’une ampleur exceptionnelle.

    En quelques jours, des groupes de milliers, voire millions, d’internautes, regroupés sous la bannière « WallStreetBets » – ou tout simplement « WSB » – ont mis la bourse américaine en ébullition. Et le symbole de cette action initiée à travers des groupes de discussion sur des plateformes telles que Reddit ou Discord, a été l’explosion à la hausse du cours de l’action GameStop .

    GameStop est une société bien connue outre-Atlantique, exploitant depuis les années 1980 une chaîne de magasins spécialisés dans les jeux-vidéo. Une activité de moins en moins rentable du fait de la montée en puissance du commerce en ligne et du streaming , ayant lentement conduit l’entreprise aux portes de la faillite, et avec pour couronner le tout une crise du Covid-19 qui est venue frapper de plein fouet l’ensemble des commerces physiques dits « non essentiels ».

    En clair, l’action GameStop est devenue une cible privilégiée pour des fonds d’investissement spécialisés dans la vente à découvert (les fameux hedge funds ), tels que Point72 ou Melvin Capital.

    Mais l’environnement boursier a quelque peu changé depuis mars 2020, avec l’arrivée massive de particuliers sur les marchés, fortement encouragés à investir par certains gouvernements et banques centrales prêts à tout pour faire remonter les indices. Jusque-là plutôt dociles, certains de ces particuliers ont subitement pris le parti de s’attaquer aux positions vendeuses des fonds spéculatifs, en faisant remonter violemment les cours d’actions comme GameStop via un effet de meute, afin de forcer les fonds à racheter en catastrophe leurs positions.

    De manière inédite, les courtiers en ligne sont intervenus (de leur propre gré ou non), limitant les achats sur certaines valeurs, voire liquidant carrément les positions de certains particuliers à leur insu. C’est notamment le cas du plus célèbre d’entre eux, l’américain Robinhood, dont les mesures à l’encontre de ses propres clients ont mis le feu aux poudres.

    Robin des Bois ou Shérif de Nottingham ?

    Fondée en 2013, la start-up Robinhood a longtemps été perçue comme l’emblème de cette ruée vers la bourse des apprentis traders américains. Il faut dire que les fondateurs de l’application ont toujours tout fait pour apparaître comme une évidence auprès des néophytes des générations Z et Y : un service simple et moderne aux allures de Robin des Bois, offrant à chacun la possibilité d’avoir sa part du gâteau, et bien sûr totalement gratuit.

    Mais vous connaissez sûrement ce vieil adage du monde de l’internet : « si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit » . Et le pot aux roses a vite été découvert, puisqu’en juin dernier le célèbre blog Zero Hedge révélait que le modèle économique de Robinhood consistait à revendre toutes les données des ordres de bourse de ses clients au géant Citadel.

    Concrètement, à chaque fois qu’un particulier achète ou vend via Robinhood, Citadel aurait connaissance de son ordre avant tout le monde et pourrait donc passer devant lui (en jargon technique on parle de frontrunning ). Tout cela s’opère à haute fréquence, et reste donc totalement invisible du commun des mortels, mais la conséquence pour le petit porteur est que quelqu’un pourrait s’être discrètement servi sur son prix d’achat ou de vente.

    Si cette controverse n’avait visiblement pas refroidi les utilisateurs de Robinhood, la volte-face sur l’affaire GameStop a été perçue comme une trahison par la communauté des néo- traders . Pire, ceux-ci ont désormais le sentiment que tout est fait pour protéger les fonds d’investissement, et qu’il serait donc impossible de battre Wall Street à son propre jeu.

    Cela étant, non seulement les mesures prises par les courtiers n’ont pas arrêté l’action des WallStreetBets – avec des achats en meute qui continuent à s’opérer sur un grand nombre de titres financiers, mais aussi sur les cryptomonnaies et les métaux précieux – mais en plus un mouvement de fronde assez inédit a émergé sur les réseaux sociaux, en opposition au système financier et à ses dirigeants.

    On y retrouve évidemment ceux que l’on surnomme désormais les « Redditeurs », mais aussi une grande partie de la communauté de cryptos, des grandes figures de la Silicon Valley telles qu’ Elon Musk ou Chamath Palihapitiya (qui n’ont jamais vraiment eu de sympathie vis-à-vis de Wall Street), des politiciens désireux de récupérer l’affaire avec d’un côté des partisans de l’ex-président Trump et de l’autre des membres de l’aile radicale du parti démocrate emmenés par Alexandria Ocasio-Cortez, et enfin tous les sceptiques vis-à-vis de l’action menée par les banques centrales depuis deux décennies.

    « Il n’y a pas d’alternative »

    Pour les autorités politiques et monétaires américaines, l’ironie est cruelle, car c’est via ces mêmes fonds spéculatifs que tout a commencé. En effet, la défaillance de LTCM en 1998 fut le premier d’une longue série de plans de sauvetage d’institutions financières en déroute, avec toujours l’impression donnée aux citoyens que l’on distribue gratuitement de l’argent public à ceux qui ont contribué à créer les problèmes, tout en évitant soigneusement de sanctionner les personnes responsables et d’imposer des réformes de fond.

    Mais le problème ne s’arrête pas là pour les gouvernements et banquiers centraux. En effet, tout semble avoir été fait depuis des années – et encore plus depuis mars dernier – pour inciter les ménages à investir massivement, au son de la rhétorique du « il n’y a pas d’alternative » , corollaire du désormais célèbre « quoi qu’il en coûte ».

    « Pas d’alternative » aux actifs risqués comme les actions et l’immobilier. De quoi justifier n’importe quel niveau de prix au motif que de toute façon les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas, et que de toute manière on ne les remontera jamais.

    « Pas d’alternative » non plus à l’ explosion de l’endettement public et de la planche à billets . Ce qui constitue une victoire par KO de la pensée post-keynésienne, sans véritable débat démocratique, et jetant aux oubliettes le concept de destruction créatrice.

    Le problème de cette pensée est qu’elle a conduit les pays occidentaux à agir avec facilité, se satisfaisant de plans de sauvegardes massifs et non-sélectifs à répétition, au détriment de toute réforme sérieuse.

    Dans la durée, ce type de politiques annule tout espoir de reprise durable de la croissance, avec pour uniques perspectives l’hyperinflation des actifs et un problème de perte de compétitivité qui ne cesse d’aggraver. Et alors même que la raison aurait dû conduire à utiliser de manière temporaire les facilités d’emprunt à taux bas pour engager une vraie restructuration de fond, tout en assumant la disparition d’agents économiques sans avenir.

    Toutefois, l’illusion monétaire n’est pas un gadget sans conséquence. Si certains ont pu se gargariser de la hausse des prix des actifs, qu’ils soient financiers ou immobiliers, le souci est qu’une partie de plus en plus grande de la population se voit contrainte de participer à ce jeu absurde de la spéculation par crainte de tomber dans la pauvreté (en économie, on appelle ça la « peur de manquer »). D’où des comportements extrêmes comme ceux des WallStreetBets.

    Frankenstein ou le Prométhée moderne

    Pour résumer ce joyeux bazar fait de tweets et d’émoticônes, les autorités se retrouvent aujourd’hui dans la position de Victor Frankenstein, ayant créé un monstre qui menace de leur échapper et de tout détruire.

    Dans son célèbre roman, Mary Shelley faisait dire à sa créature : « Si je suis méchant, c’est que je suis malheureux. Ne suis-je pas repoussé et haï par tous les hommes ? Toi, mon créateur, tu voudrais me lacérer et triompher de moi ; souviens-t’en et dis-moi pourquoi il me faudrait avoir davantage pitié de l’homme qu’il n’a pitié de moi ? »

    C’est là le fond du problème. En se montrant méprisant vis-à-vis des boursicoteurs, le système économique et financier contribue à catalyser davantage les haines et l’envie d’en finir une bonne fois pour toutes avec Wall Street.

    À ce stade, il ne semble plus y avoir de bonne solution pour les autorités de régulation, au premier rang desquelles se trouve la Réserve Fédérale américaine. Soit elles s’attaquent à ce problème de spéculation incontrôlée, et se voient alors contraintes de redonner une vraie valeur à la monnaie, entraînant de facto l’ensemble des prix des actifs à la baisse. Soit au contraire, elles continuent de laisser faire, et les phénomènes tels que WSB continueront inexorablement à prendre de l’ampleur ; jusqu’au chaos ?

    Comme certains observateurs l’ont répété depuis plusieurs années, au point d’être accusés de complotisme, il est difficile voire impossible de faire marche arrière une fois que la boîte de pandore a été ouverte.

    Autrement dit, l’affaire GameStop pourrait bien déboucher sur un game over pour un système qui n’a eu de cesse de repousser les limites du raisonnable en mettant systématiquement sous le tapis tous les problèmes économiques et financiers.

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      Xavier Gorce : de la fin de la liberté d’expression au nouveau délit de blasphème

      Adnan Valibhay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:20 · 4 minutes

    blasphème

    Par Adnan Valibhay.

    Le dessinateur Xavier Gorce a récemment été victime de l’un des maux de notre
    époque : la censure . L’outrecuidant a osé dépeindre dans les pages du journal Le Monde une caricature dans laquelle un personnage déclame :

    Si j’ai été abusée par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ?

    Grand mal lui en a pris. Très vite, les procès d’intention se sont lancés. Très vite, il a été accusé de minimiser l’inceste . Très vite, il a été accusé de transphobie par diverses associations LGBT. Très vite, le directeur de rédaction du journal s’est empressé de présenter ses excuses. Très vite, Le Monde a cessé d’être Charlie.

    Cela est significatif de la déliquescence à laquelle est confrontée l’une de nos plus belles libertés : la liberté d’expression . On peut la caractériser comme étant le droit reconnu à l’individu de faire connaître le produit de sa propre activité intellectuelle à son entourage.

    L’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1789 énonce :

    La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.

    La loi sur la liberté de la presse de 1881 consacre pleinement ce principe en lui prévoyant néanmoins quelques exceptions notables : injure, diffamation, appel à la commission d’un crime ou d’un délit.

    La loi Pleven de 1972 lui a inséré une nouvelle limite en instaurant un nouveau délit : le délit de provocation publique à la haine raciale.

    La loi Gayssot de 1990 poursuit cette tendance en prévoyant des sanctions pénales à l’encontre de ceux dont l’opinion irait à l’encontre de celle émise par le tribunal de Nuremberg .

    La loi Taubira de 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité accentue encore ce mouvement en cloisonnant davantage cette liberté.

    Il est inutile de citer toutes les initiatives législatives restreignant ce droit tant ces dernières sont nombreuses.

    Il est toutefois possible d’établir une autre conséquence concrète de ces divers textes : la généralisation des habilitations conférées aux associations à exercer les droits reconnus à la partie civile à raison de certaines infractions portant atteinte aux intérêts qu’ils défendent. Laquelle entraîne par voie de conséquence une « privatisation » de l’action publique au détriment de la liberté d’expression.

    En effet, n’importe quelle association LGBT peut se porter partie civile avec l’accord de la victime présumée de propos homophobes, à la seule condition qu’elle soit régulièrement constituée depuis au moins cinq ans à la date des faits.

    Fort heureusement, le régime répressif est privilégié concernant les abus du droit
    d’expression, ce qui signifie concrètement que la sanction sera postérieure aux propos outrepassant les limites légales.

    Néanmoins, depuis l’ordonnance Dieudonné de 2014 du Conseil d’État un doute subsiste quant à la pérennité de cette règle de principe. En effet, la Haute assemblée a admis l’interdiction, à titre préventif , d’un spectacle où il existait un doute raisonnable que soient commis des infractions aux lois mémorielles. Jack Lang lui-même, par ailleurs agrégé de droit public, s’est ému de cette jurisprudence en estimant à juste titre qu’elle constituait une profonde régression des libertés fondamentales.

    Ce bref panorama tout à fait non exhaustif de lois et jurisprudences amène à la
    conclusion suivante : la liberté d’expression s’amoindrit considérablement en France . Il est plus inquiétant encore que l’opinion publique suive cette tendance métapolitique et juridique en concrétisant un nouveau délit de blasphème : le blasphème contre la bien-pensance .

    Le cas Xavier Gorce qui a dû démissionner pour préserver sa liberté et son honneur, valide cette hypothèse. Qui aurait pu croire que le pays de Voltaire en viendrait à tolérer de telles atteintes à la satire ? Qui diantre aurait pu croire que l’humour serait si sévèrement sanctionné non pas uniquement juridiquement mais également socialement ?

    Nous revoilà donc au temps de la Ligue pour la vertu avec de nouveaux fanatiques.

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      Emmanuel Macron : l’État, c’est moi

      Claude Robert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:45 · 5 minutes

    macron

    Par Claude Robert.

    Tout homme politique respectueux de la démocratie sait combien il lui est impératif de séparer l’exercice du pouvoir de ses intérêts personnels. Il sait également combien il doit s’attacher à ce que son indépendance ne soit jamais prise en défaut. Le temps des monarchies de droit divin est en effet révolu. Pas un seul homme politique avisé ne se risquerait à un retour à l’absolutisme . Surtout dans une démocratie, système par définition fragile exigeant une exemplarité de tous les instants.

    Il semble cependant que ces considérations éthiques n’étouffent pas spécialement le président Macron. La récente immixtion de son épouse dans les affaires gouvernementales, en matière de crise pandémique qui plus est, nous rappelle une nouvelle fois combien l’hôte actuel de l’Élysée paraît avoir fait sienne cette fameuse formule « L’État, c’est moi ».

    L’étrange affaire Benalla et consorts

    Recruté par l’Élysée sans que le ministre de l’Intérieur en soit informé (dixit Gérard Colomb lui-même), Alexandre Benalla est un proche du couple présidentiel qu’il accompagne « sur des déplacements publics, mais aussi lors d’escapades privées, comme une balade à vélo lors d’un week-end au Touquet ou juste après Noël pour des vacances au ski à La Mongie » (France Info – 20 juillet 2018).

    Bien après avoir été pris en flagrant délit de bastonnade et d’usurpation du statut de policier, bien après avoir été finalement licencié, Benalla continuera de servir l’Élysée pour des missions diplomatiques. Et c’est l’un de ses amis personnels, Christian Guédon, qui sera recruté de façon dérogatoire pour le remplacer, sur ses propres recommandations ( Médiapart / L’Express – 22 mars 2019).

    Cette succession d’agissements administrativement impossibles et moralement douteux confirme s’il en est besoin la prééminence des considérations relationnelles et privées sur le respect des procédures officielles. Ce qui, de la part du président lui-même, et donc au plus haut niveau de l’État constitue un sacré pied-de-nez à la démocratie et aux exigences minimales d’un État de droit.

    Après le cercle des proches, la belle-fille du président

    Qui n’a pas été choqué par la façon dont le Grand débat instauré suite à la révolte sociale des Gilets jaunes, et présenté comme une grande consultation publique, a été détourné de sa fonction et préempté par le gouvernement ? Entravé sur le fond, du fait de la limitation des sujets abordés, il s’est même vu dénaturé sur la forme par la participation contre nature du président lui-même ! Que Macron ait osé intervenir intuitu personae dans l’animation des réunions censées donner la parole au peuple est tout simplement grotesque.

    Ce mépris des mécanismes d’expression populaire s’est épanché à l’identique lorsque le président s’est permis d’ impliquer sa belle-fille dans le dispositif d’animation d’un débat , celui de Saint-Josse-sur-Mer. Peu importe que Tiphaine Auzière ait été payée ou pas pour cette prestation, elle dément d’ailleurs l’avoir été, son intervention était parfaitement illégitime.

    Ni le président, ni sa belle-fille ne sont bien évidemment indépendants et donc d’une quelconque légitimité pour représenter le peuple, encore moins pour l’aider à s’exprimer dans un processus qui se révèle cadenassé de toutes parts. Que ce Grand débat ait accouché d’une Convention pour le climat qui n’a rien à voir, et dont les recommandations sont en opposition diamétrale avec les récriminations des Gilets jaunes, signe la complète réussite de la manœuvre. Tel un monarque absolu, le président Macron s’est adjugé, à lui-même et à un membre de sa famille, le droit de parler à la place du peuple.

    Et maintenant son épouse

    Nouveau coup dur pour le respect du mécanisme démocratique, ne serait-ce que dans son apparence, Brigitte Macron déballe le 25 janvier sur les ondes tout le bien qu’elle pense de son mari et son efficacité en tant que président : « Il ne baisse jamais les bras, il travaille, il trouve des solutions » (RTL 25 janvier 2021). Quelques minutes plus tard, elle laisse supposer un « troisième confinement » et s’affiche particulièrement inquiète pour les prochains mois de la pandémie.

    Impossible de ne pas voir la main du président utilisant son épouse, non élue, pour préparer les mentalités à une troisième déception. On imagine sans forcer l’hôte de l’Élysée profiter de la personnalité plutôt sympathique de la première dame pour l’aider à faire passer des décisions de plus en plus controversées.

    La France, des libertés qui s’amenuisent peu à peu

    Les atteintes à la liberté sont légion depuis le gouvernement Macron. Que ces atteintes soient dirigées contre l’ indépendance des médias , contre la vitesse des voitures , qu’elles soient justifiées par l’insécurité, par la tentation de régenter Internet ou par la situation sanitaire pandémique, force est de constater que le mandat du président actuel arbore une coloration toute particulière.

    Mais ce qui est frappant dans les cas ici traités, c’est cette touche de népotisme derrière l’absence de scrupule d’un président qui semble s’être approprié le pouvoir à la façon d’un souverain ou d’un gouverneur de République bananière. Oser en effet interférer dans ce que le processus démocratique a de plus sacré, que ce soit directement ou par le biais de proches et de membres de sa famille constitue une véritable atteinte au symbole même de la démocratie.

    Est-ce par absence de culture humaniste, par absence de compassion pour le peuple, ou par un pur autoritarisme assumé ? Nous ne le saurons probablement jamais. Le fait est que l’individu ne s’en cache même pas, et c’est peut-être là l’espoir que d’ici les prochaines élections présidentielles, la majorité des électeurs en soit enfin devenue consciente.

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      Pénurie de logements : cessons les mesures qui pénalisent les investisseurs

      Institut Économique de Montréal · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:40 · 2 minutes

    logements

    Par Olivier Rancourt.
    Un article de l’Institut économique de Montréal

    Suite à la pénurie de logements abordables à Montréal, certaines voix se lèvent pour exiger un gel des loyers par le gouvernement. Bien que l’intention derrière cette demande soit noble, cette dernière rate la cible. Une telle mesure aurait des conséquences néfastes pour les foyers à faibles revenus et ne ferait qu’empirer la crise du logement à Montréal.

    Revenons aux principes économiques de base

    Lorsqu’il y a une pénurie, c’est que la quantité demandée excède la quantité offerte sur le marché. Il y a donc une pression à la hausse sur les prix pour venir rééquilibrer l’offre et la demande .

    Le cas des logements à Montréal ne fait pas exception. S’il manque de logements, il faut se tourner vers des réformes qui vont augmenter les investissements en immeubles locatifs, donc l’offre.

    On ne règle pas une pénurie en instaurant un contrôle des prix , cela ne fait que l’amplifier. En diminuant le retour sur investissement des immeubles locatifs, on  pousse plutôt l’offre à diminuer, accentuant ainsi la pénurie.

    Il faut donc plutôt rendre l’investissement dans les immeubles locatifs plus intéressant face aux autres alternatives. Montréal devrait instaurer des mesures qui facilitent la vie des propriétaires et investisseurs potentiels.

    Par exemple, les hausses de taxes à répétition dans les grandes villes diminuent les faibles marges de profits des propriétaires. Il faut y mettre un terme. Les permis de construction difficiles à obtenir sont aussi un exemple de mesures accentuant la pénurie de logements.

    Favoriser les investissements

    Il est grand temps que le gouvernement du Québec et la ville de Montréal agissent de façon concrète pour établir un cadre fiscal et réglementaire favorable aux investissements, afin de pouvoir minimiser de façon durable les dommages économiques liés à la pénurie de logements.

    Ce n’est pas en exigeant des entrepreneurs de construire des logements sociaux dans les nouveaux développements, ou en limitant les expulsions en cas de non-paiements , que l’investissement dans l’immobilier deviendra plus intéressant.

    Il faut arrêter l’hémorragie, en mettant fin aux mesures qui pénalisent les investisseurs et, indirectement, les locataires.

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      Chef de l’État, ministres, parlementaires : et si l’immunité était levée ?

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:35 · 11 minutes

    immunité

    Par Fabien Bottini 1 .
    Un article de The Conversation

    « Responsable mais pas coupable » : comment ne pas penser à la célèbre formule de l’ancienne ministre des Affaires sociales Georgina Dufoix face à sa mise en cause dans le scandale du sang contaminé en 1991, lorsque l’on évoque la responsabilité des membres du gouvernement ?

    Ce mot revenait à dire que les ministres ne pouvaient qu’être politiquement – et non pénalement – responsables des délits involontaires commis dans l’exercice de leurs fonctions, sous peine de paralyser l’action gouvernementale.

    Encore en 2018, le projet de révision constitutionnelle porté au nom du chef de l’État prévoyait d’inscrire à l’article 68-2 de la Constitution (68-2 C.) que leur responsabilité pénale ne pourrait « être mise en cause à raison de leur inaction que si le choix de ne pas agir leur est directement et personnellement imputable ».

    Comme nombre de décisions gouvernementales sont, en pratique, prises de façon collégiale, la réforme aurait signifié qu’ils n’auraient pu à l’avenir être poursuivis de ces chefs au pénal si elle avait été adoptée.

    Or, à la différence de la responsabilité pénale qui peut conduire à une peine d’amende ou à une peine restrictive ou privative de liberté, la responsabilité politique a pour seule sanction la perte du mandat ou de la fonction publique.

    Une incompréhension de l’opinion publique

    D’où, parfois, l’incompréhension de l’opinion publique face à ce que d’aucuns voient comme une « immunité- impunité » .

    D’autant que, même lorsque l’infraction est intentionnelle, les règles spécifiques applicables peuvent conduire à substituer leur responsabilité politique à leur responsabilité pénale, comme le montre le précédent des affaires Pasqua .

    Poursuivi pour des malversations politico-financières dans trois dossiers, l’intéressé a en effet été acquitté de façon contestable pour deux d’entre elles par la Cour (et condamné à un an de prison avec sursis pour le dernier). De sorte que la vraie sanction a sans doute été son renoncement à briguer de nouveaux mandats électifs dans la foulée.

    Les ministres ne sont toutefois pas les seuls à qui la Constitution accorde une protection particulière face au droit pénal. Celle-ci s’étend également aux parlementaires et au chef de l’État.

    Trouver le bon équilibre entre protection pénale et continuité des fonctions

    À la suite de l’explosion des scandales politico-financiers, trois révisions constitutionnelles sont intervenues dans les années 1990, pour tenter de trouver un meilleur équilibre entre la soumission des intéressés à la loi pénale commune et la protection nécessaire à la continuité de leurs fonctions.

    Depuis le vote des lois constitutionnelles n° 93-952 du 27 juillet 1993 , n° 95-880 du 4 août 1995 et n° 2007-238 du 23 février 2007 , les poursuites contre les parlementaires sont libres en cas de flagrant délit – même si elles restent subordonnées à une autorisation du bureau de leur chambre dans le cas contraire et si leur assemblée peut dans tous les cas exiger la suspension des poursuites ou des mesures coercitives dont ils font l’objet (art. 26 C.)

    Le chef de l’État peut, quant à lui, être destitué par le Parlement réuni en Haute cour – sorte de tribunal habilité à le priver de son mandat politique – « en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat » , de façon à faciliter sa mise en cause pénale par la suite – ce qui n’est encore jamais arrivé (art. 67 et 68 C.).

    Enfin, les membres du gouvernement sont justiciables des tribunaux ordinaires pour les faits détachables de leurs fonctions ministérielles. Ceux qui y sont rattachables ne peuvent être jugés que par une Cour de justice de la République (CJR) elle-même essentiellement constituée de députés ou de sénateurs, même après la fin de leurs fonctions (art. 68-1 et 68-2 C .).

    C’est ce qui explique qu’Édouard Balladur et François Léotard aient récemment été renvoyés devant la Cour de justice, plus de 20 ans après, pour des faits de financement occulte de la campagne présidentielle de 1995 commis alors qu’ils étaient eux-mêmes ministres.

    Une protection historique obsolète ?

    Leur procès est l’occasion de réfléchir à l’opportunité d’une nouvelle réforme de la protection constitutionnelle accordée à ceux qu’il est désormais convenu d’appeler les « décideurs publics ».

    Car il donne l’occasion de questionner la persistance des raisons historiques qui ont présidé à l’adoption des immunités parlementaires, ministérielles et du chef de l’État.

    Historiquement, cette protection pénale est née de la nécessité d’assurer la sauvegarde des élus de la Nation dans le contexte de la Révolution pour favoriser l’établissement de l’ordre public nouveau.

    Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes.

    Cette tirade mémorable prononcée par Mirabeau, le 23 juin 1789, au moment du serment du jeu de Paume, n’était pas sans risque : le roi pouvait céder à la tentation de répondre au défi qui lui était lancé en envoyant la Troupe contre les conjurés.

    Par la suite, un savant système destiné à mettre les agents publics et les élus de la Nation à l’abri des juridictions pénales – alors entre les mains d’une noblesse de Robe nostalgique de l’Ancien régime – a progressivement été mis en place dans les années qui ont suivi.

    Il consistait à faire remonter la chaîne des responsabilités de la base au sommet pour faire endosser celle des agents de l’administration aux membres du gouvernement, sous le contrôle de parlementaires seuls habilités à les mettre politiquement et pénalement en cause. Qu’un cantonnier commette un vol, il ne pouvait être poursuivi sans l’autorisation de son ministre de tutelle, à charge pour ce dernier de répondre le cas échéant de sa décision devant les membres de la représentation nationale. Que le chef de l’État dilapide l’argent public, sa responsabilité était de même transférée sur les membres du gouvernement, à qui ils revenaient de contresigner ses actes, avec la même conséquence.

    Comme dans l’ancien droit :

    Il suffisait de tenir à l’administration par le plus petit fil pour n’avoir rien à craindre que d’elle . – Tocqueville .

    Des mécanismes soumis à l’usure du temps

    Comme on peut s’y attendre, ce système a fini par subir l’usure du temps et à être en décalage avec les attentes populaires à mesure que cette justice d’exception faisait la preuve de ses défauts.

    Soit-elle conduit à l’ impunité des mis en cause, soit au contraire elle fait peser sur eux une sanction disproportionnée (comme dans l’ affaire Malvy – du nom de l’ancien ministre de l’Intérieur condamné au bannissement pour forfaiture sous la III e République par les chambres alors que l’infraction n’existait même pas dans le Code pénal).

    C’est la raison pour laquelle la protection accordée aux agents publics a commencé à être démantelée sous la III e République par un Décret du 19 septembre 1870 .

    De l’aveu même d’un des acteurs de l’époque, le représentant Taillefert, le texte opérant la réforme a été « l’un des mieux accueillis par l’opinion publique » . Mais la réforme n’a pas été plus loin, les immunités constitutionnelles des représentants de la Nation étant maintenues dans une forme largement inchangée, malgré quelques évolutions rédactionnelles.

    Les limites des réformes déjà votées

    Encore aujourd’hui, les révisions précitées ont pour point commun de faire dépendre la mise en œuvre ou le jugement des poursuites pénales dirigées contre les parlementaires, les ministres et le chef de l’État de la décision d’autorités politiques : puisque la décision revient toujours aux membres des assemblées – qui pour certains sont eux-mêmes d’anciens ministres.

    Continuer à confier le jugement des décideurs publics constitutionnels à cette justice d’exception fausse ainsi l’application de la loi pénale, dès lors qu’ils peuvent être « juge et partie » sur les affaires dont ils sont saisis.

    Cela ressort des exemples précités ou de l’ affaire Charasse : poursuivi, une fois élu sénateur, pour ne pas avoir répondu à la convocation d’un juge d’instruction – qui voulait avoir son témoignage d’ancien ministre – il en appelait, avec succès , à la solidarité des autres membres de la chambre pour suspendre ses poursuites.

    Car l’opposition ne joue pas toujours son rôle de contre-pouvoir sur ces questions : parlementaire entre 1959 et 1988, Jean Foyer, par ailleurs ancien garde des Sceaux, en avait fait le constat : la maxime latine « Hodie tibi, cras mihi » – aujourd’hui moi, demain toi – la conduit parfois à faire bloc avec la majorité en la matière.

    Une immunité à double tranchant

    Principe démocratique , séparation des pouvoirs … les arguments théoriques invoqués à l’appui du maintien de ces immunités sont certes sérieux.

    Mais, sous couvert de respecter les idéaux de la démocratie libérale, leur mise en œuvre pratique les méconnaît : en ignorant que la démocratie postule en toute circonstance le respect de la volonté générale ; et le libéralisme l’obligation de chacun d’ assumer personnellement la responsabilité de ses actes – surtout lorsqu’il s’agit d’infractions à la loi pénale.

    Sans nier le particularisme de la situation des décideurs publics, il convient donc de s’interroger sur la subsistance de solutions dérogatoires formulées à une autre époque au moment où, sous l’influence de l’ article 6§1 de la Convention européenne des droits de l’Homme, tout prévenu a désormais droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal indépendant et impartial.

    Car cela implique que chacun puisse bénéficier de la présomption d’innocence en l’absence de condamnation définitive et que des juges professionnels recrutés par concours, pour leurs compétences, sur une base méritocratique, instruisent objectivement l’affaire, sans parti pris, à charge ET à décharge , pour assurer la pleine, entière et effective application de la loi pénale, « soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse » ( art. 6 de la DDHC ).

    Le cas Christine Lagarde

    Or, les règles actuellement applicables privent parfois les décideurs constitutionnels de leur droit à un procès équitable, comme cela ressort de certains verdicts visant des membres du gouvernement.

    Le jugement de Christine Lagarde rendu le 19 décembre 2016 par la CJR a bien montré cet écueil. Alors qu’elle avait été condamnée par la Cour pour « négligence d’une personne dépositaire de l’autorité publique » dans l’affaire Tapie, le tribunal correctionnel jugeant ses co-mis en cause a tranché en sens inverse les concernant (le cas de madame Lagarde ayant été disjoint du leur en vertu de son privilège de juridiction).

    Tandis que pour la CJR elle aurait dû contester la sentence arbitrale attribuant 45 millions d’euros d’indemnisation pour préjudice moral aux époux Tapie dans leur litige avec le Crédit Lyonnais, pour le juge ordinaire c’est « en toute indépendance et au vu des différents avis recueillis » que la ministre avait, au moment des faits, « pris la décision de ne pas former de recours en annulation » .

    Elle n’aurait ainsi pas été condamnée si elle avait été jugée comme tout un chacun.

    Une réforme parait indispensable

    On l’aura compris : depuis le tournant des années 1990 le maintien même d’une justice politique conduisant à laisser aux membres du Parlement le soin d’autoriser les poursuites visant les représentants de la Nation (qu’il s’agisse de leurs pairs ou du chef de l’État) ou carrément de juger les ministres fait débat.

    C’est pourquoi en 2012 la Commission Jospin avait proposé de renforcer la compétence des tribunaux correctionnels ou des cours d’assises à l’égard des décideurs constitutionnels pour mettre un terme au soupçon permanent que nourrit cette justice d’exception.

    Sans doute conviendrait-il de confier à une commission de magistrats expérimentés issus des juridictions judiciaires le soin de filtrer les plaintes pour écarter les poursuites abusives ou infondées à leur encontre et à d’autres magistrats pénalistes tout aussi expérimentés le soin de les juger.

    Peut-être faudrait-il même instaurer un référendum révocatoire permettant à un dixième des électeurs de proposer la destitution d’un ministre ou du chef de l’État dans des cas graves, pour faciliter l’exercice des poursuites les visant en cas de paralysie des chambres, comme cela se fait aux États-Unis ?

    Il est à tout le moins souhaitable que le débat puisse s’engager dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice tant les réformes menées dans les années 1990 ont fait la preuve de leurs limites.

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    1. qualifié aux fonctions de Professeur des Universités en droit public, Université Le Havre Normandie
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      Russie : plus ça change, plus c’est la même chose ?

      Thierry Godefridi · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:30 · 4 minutes

    russie

    Par Thierry Godefridi.

    L’avocat, homme politique et, depuis l’assassinat de Boris Nemtsov en 2015, principal opposant russe au régime en place Alexeï Navalny avait été victime le 20 août 2020 d’un empoisonnement dont il accuse le pouvoir . Plongé dans le coma, il fut transféré dans un hôpital allemand. Après cinq mois de convalescence, il a été appréhendé et incarcéré à son retour en Russie, le 17 janvier.

    Une vidéo de près de deux heures dans laquelle Alexeï Navalny dénonce les turpitudes du régime et appelle à manifester aurait été visionnée plus de 70 millions de fois en moins d’une semaine.

    Les rassemblements qui s’ensuivirent dans de nombreuses villes dont Moscou et Saint-Pétersbourg (la ville dont Vladimir Poutine est originaire) ont donné lieu à une répression musclée de la part des forces de l’ordre et à plusieurs milliers d’interpellations et d’arrestations.

    Faut-il voir dans le déroulement de ces événements une évolution positive de la situation politique en Russie ? Ce serait verser dans l’optimisme béat que de le croire. Par contre, au vu des réactions des uns et des autres, peut-être ces événements ont-ils servi de révélateur à ceux qui auraient encore entretenu une vision lénifiante du poutinisme ; encore ces réactions sont-elles tout aussi révélatrices de l’état d’esprit de ceux dont elles proviennent.

    Le régime a bien sûr rejeté les accusations d’empoisonnement et de corruption portées à son égard. Mais il s’est aussi empressé de dénoncer comme une ingérence dans les affaires intérieures de la Russie dans un communiqué publié la veille des rassemblements du 23 janvier par l’ambassade des États-Unis qui invitait ses ressortissants à ne pas y participer et indiquait les lieux où ils se dérouleraient.

    Du côté américain, le porte-parole du département d’État a par la suite condamné les brutalités des forces de l’ordre à l’égard des manifestants, du côté européen, l’on a déploré (Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, dans un tweet).

    Côté français, l’on s’est inquiété, notamment pour l’État de droit, selon Jean-Yves Le Drian , le ministre français des Affaires étrangères.

    Dans sa préface au monumental essai Le Monde vu de Moscou de Jean-Sylvestre Mongrenier, son dictionnaire géopolitique de la Russie et de l’Eurasie post-soviétique récemment paru aux PUF, l’historienne et soviétologue Françoise Thom relève qu’en quelque sorte plus ça change, plus c’est la même chose.

    On a pu croire que leur enrichissement personnel était la seule chose qui intéressait les dirigeants de l’actuel régime russe. C’était sous-estimer leur passion pour la géopolitique dans laquelle ils voient une manière pour la Russie de projeter sa puissance sur le monde, de prendre sa revanche sur la dislocation de l’empire soviétique, et pour eux d’entretenir leur haine de l’Occident.

    Le néo-eurasisme inspiré par les théories de l’intellectuel de droite nationaliste et anti-libérale Alexandre Douguine a pris le relais idéologique du marxisme-léninisme dans une même sorte de dialectique déterministe, non plus matérialiste, mais tellurienne.

    L’idéologie dispense les dirigeants russes de réfléchir aux vrais intérêts nationaux de la Russie et les place dans la continuité avec le passé soviétique, estime Françoise Thom, qui ajoute : « La priorité est de nuire aux États-Unis par tous les moyens, de les expulser du Moyen-Orient et d’Europe pour prendre leur place. » Elle perçoit dans la politique étrangère russe un modus operandi opportuniste dont l’ADN est léniniste, à savoir d’ « attiser les contradictions » dans le camp adverse.

    Jean-Sylvestre Mongrenier constate quant à lui que la personnalité de Poutine s’est forgée à l’époque où sous la conduite de Léonid Brejnev l’URSS rivalisait de front avec des États-Unis affaiblis par la guerre du Vietnam et rêvait de finlandiser l’Europe, pour les fanfaronnades de laquelle, s’agissant en particulier de l’UE, la Russie de Poutine n’a que mépris, en témoigne la conquête de la Crimée et la guerre du Donbass , entre autres. Il note aussi la réhabilitation rampante dont fait l’objet Staline, l’actuel occupant du Kremlin rêvant peut-être de dépasser sa longévité de « père de la nation ».

    D’État de droit en Russie, alors que les règles de droit y sont constamment manipulées , il ne pourrait être question. Que le ministre français des Affaires étrangères puisse l’évoquer relève peut-être de cette « géopolitique de cabinet » dont Jean-Sylvestre Mongrenier dénonce la naïveté, qu’il s’agisse de parler de l’Europe de l’Atlantique à l’Oural ou de Lisbonne à Vladivostok.

    En tout cas, en l’état actuel, le droit russe ne présage en rien de la longévité de la carrière d’opposant de monsieur Navalny.

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      Les éléments du progrès : les pesticides de synthèse (5)

      HumanProgress · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:25 · 5 minutes

    pesticides

    Par Tony Morley.
    Un article de HumanProgress

    Cultiver les cultures et élever les animaux qui nourrissent la population est une lutte permanente contre la détérioration induite par les parasites. L’agriculture produit une quantité anormale de calories, stockées dans un seul endroit : un trésor bien trop tentant pour un grand nombre de parasites. Les humains luttent contre les causes de la destruction et de la perte des récoltes depuis plus de dix mille ans.

    Cependant, ce n’est que depuis quelques centaines d’années que la science et la technologie agricoles ont pu faire pencher la balance de la lutte contre la perte des récoltes en faveur de l’Homme. Les annales de l’Histoire regorgent d’exemples de  destruction et de perte de récoltes causées par les parasites, ce qui a souvent entraîné famine et pauvreté généralisées.

    Entre 1845 et 1850, par exemple, un mildiou virulent s’est installé dans les champs de pommes de terre en Irlande , détruisant rapidement la quasi-totalité des récoltes. La famine a été immédiate et, sans accès à un réseau commercial vaste et varié de denrées alimentaires ni à une source plus variée de denrées disponibles chez soi, la famine s’est rapidement installée.

    Le fléau qui a ravagé l’Irlande au milieu des années 1800 a fait plus d’un million de victimes. Entre 20 et 25 % de la population a soit péri de famine, soit immigré aux États-Unis ou dans d’autres pays.

    L’application de fongicides modernes sur les champs irlandais aurait entièrement évité la famine. Malheureusement, il faudra encore une centaine d’années avant que de tels fongicides soient inventés.

    Les pesticides sont une catégorie extrêmement large de composés chimiques, naturels et synthétiques, que les humains utilisent pour contrôler les plantes, les insectes, les animaux, les champignons, les bactéries et un large éventail de microbes infectieux ou destructeurs.

    L’expérimentation de pesticides et d’herbicides naturels a débuté modestement en 2000 avant J.-C. dans le sud de la Mésopotamie, avec l’application de soufre en poudre sur les cultures maraîchères.

    En 1550, un certain nombre de pesticides d’origine naturelle mais très toxiques étaient utilisés en Europe, notamment l’arsenic, le mercure et le plomb. Ces pesticides chimiques d’origine naturelle ont été largement utilisés jusqu’à ce que les premiers pesticides synthétisés en laboratoire soient mis au point, à partir des années 1940.

    À partir des années 1950, de nouveaux pesticides synthétiques innovants ont été développés et testés en mettant progressivement l’accent sur la réduction de la toxicité chimique, du volume de pesticide nécessaire pour obtenir leur efficacité et un coût global pour l’agriculteur. Ces trois indicateurs de performance déterminants ont aidé les agriculteurs à produire davantage de cultures et à nourrir davantage de personnes et d’animaux à un coût moindre, permettant de réduire le recours au débroussaillage des terres.

    L’application de pesticides sur les cultures agricoles a transformé les agriculteurs et ceux qui achètent les produits issus de l’agriculture. L’amélioration spectaculaire des rendements a permis de maintenir le coût réel des denrées alimentaires à un niveau nettement inférieur à celui qui aurait été atteint sans l’utilisation de pesticides.

    L’utilisation moderne de fongicides aux États-Unis, par exemple, permet d’éviter entre 50 et 90 % des pertes de récoltes de fruits et légumes. À l’échelle mondiale, l’utilisation responsable des herbicides, insecticides et fongicides modernes permet d’éviter une perte de récolte annuelle moyenne d’environ 50 %.

    En 2005, l’application de pesticides à l’échelle mondiale a permis d’éviter une perte de récoltes s’élevant à près d’un demi-billion de dollars. Avec les engrais et les équipements industriels modernes, les pesticides ont été et resteront partie intégrante de l’alimentation d’une civilisation humaine en pleine croissance.

    L’application des pesticides ne se limite pas à l’agriculture intensive à grande échelle, car l’utilisation de pesticides naturels et synthétiques a également un rôle à jouer dans l’agriculture biologique.

    Beaucoup trop nombreux sont ceux qui pensent que les aliments biologiques sont produits sans l’utilisation de pesticides. C’est faux . L’agriculture biologique est fortement dépendante d’un certain nombre de pesticides naturels qui sont au moins aussi toxiques, s’ils sont mal utilisés, que leurs homologues synthétiques.

    Le sulfate de cuivre d’origine naturelle, par exemple, est largement utilisé dans la production biologique de raisins, de pommes de terre, de tomates, de pommes et d’autres fruits et légumes.

    Au cours des cinq dernières décennies, les chercheurs ont travaillé avec diligence pour améliorer les avantages des pesticides, tout en réduisant les effets négatifs de leur utilisation.

    Toutefois, il est toujours important de reconnaître que l’utilisation des pesticides modernes n’est pas sans risque. Lorsqu’ils sont utilisés de manière excessive et/ou incorrecte, les pesticides peuvent avoir un impact indésirable sur les plantes, les animaux et la santé humaine.

    La bonne nouvelle, c’est que les chercheurs et les agriculteurs continuent à travailler sur des méthodes permettant de réduire la quantité de pesticides nécessaires pour protéger les cultures, grâce à des systèmes plus précis et plus efficaces de pulvérisation guidée par GPS et à des modes avancés de détection des parasites.

    Ces deux méthodes permettent aux agriculteurs de lutter contre les petits parasites localisés avant que l’infection ou l’infestation ne se généralise.

    Dans les décennies à venir, le rôle des cultures génétiquement modifiées (GM) dans la réduction de l’utilisation des pesticides va révolutionner l’agriculture. L’incorporation de gènes sélectionnés de lutte contre les infections et les infestations dans des cultures clés peut aider de nombreuses cultures agricoles à résister aux parasites et aux maladies , sans avoir recours à un traitement externe aux pesticides.

    Aujourd’hui, les pesticides restent une protection très modeste mais solide contre les ravages de la nature qui, sinon, chercherait à dévorer ou à détruire les cultures, les matières premières et les animaux qui nourrissent l’humanité.

    Leur utilisation a été l’une des rares technologies agricoles véritablement révolutionnaires qui ont contribué à notre situation actuelle d’abondance alimentaire.

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