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      Covid-19 : évaluation des stratégies contre la pandémie

      Gabriel Lacoste · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 03:30 · 10 minutes

    stratégies

    Par Gabriel Lacoste

    Le 5 janvier 2021, le Journal de Montréal diffuse la nouvelle suivante :

    Submergés par des cas de Covid-19 qui battent des records depuis plusieurs semaines, les services d’urgence de Los Angeles ont commencé à rationner l’oxygène et les lits.

    Le réflexe de la majorité ? « Il faut respecter les mesures. »

    Pourtant… Voici, chronologiquement, l’histoire des infections en Californie :

    • du 3 au 25 novembre 2020 : croissance modérée des infections.
    • le 14 novembre 2020 : l’État de la Californie décrète un couvre-feu.
    • du 25 novembre au 2 décembre 2020 : les infections atteignent un plateau.
    • le 3 décembre 2020 : l’État de la Californie ordonne un confinement dans les zones les plus touchées.
    • du 3 au 21 décembre 2020 : les infections explosent.
    • du 21 décembre 2020 au 14 janvier 2021 : deuxième plateau.
    • après le 14 janvier : baisse des infections.

    Un esprit observateur peut en conclure que les restrictions gouvernementales ne fonctionnent pas. En effet, même s’il existe un temps d’incubation de sept jours avant d’en voir les effets, entre le 3 et le 21 décembre, il y a 18 jours. Ensuite, aucune mesure gouvernementale ne peut expliquer la baisse du 14 janvier. Une autre variable est donc clairement en jeu. Manifestement, le couvre-feu du 14 novembre n’a pas empêché le drame des hôpitaux.

    Ce dernier ne suffit pas à justifier les mesures, il faut démontrer leur efficacité. Or, le cas de la Californie nous donne des raisons d’en douter. De telles observations, il y en a d’autres :

    • Durant le printemps et maintenant depuis le 10 janvier, la Suède a réussi à courber les infections sans jamais ordonner de restrictions comparables aux autres pays européens.
    • À partir du 4 novembre, les infections en Espagne ont baissé de façon comparable à la France, en suivant sensiblement la stratégie modérée de la Suède. Elles sont reparties à la hausse depuis le 6 janvier ; mais en général, les pays d’Europe suivent tous une évolution en trois vagues.
    • Le Japon et la Corée du Sud n’ont pas adopté nos restrictions, ni éradiqué le virus et ne vivent aucun drame sanitaire.

    Ce sont les « cygnes noirs » de la pandémie ; c’est-à-dire ces faits qui falsifient nos hypothèses . Que devons-nous en penser ?

    Les stratégies disponibles

    Nos choix sont confus. Ils ne se résument pas à « tout ce que le gouvernement nous demande » ou « vivre comme avant ». En fait, les stratégies suivantes peuvent être distinguées, avec un code couleur indiquant leur sévérité :

    stratégies Éradication du virus par des moyens non-pharmaceutiques

    Tuer le virus avec des restrictions, ça se fait ? Un groupe de chercheurs hautement évalué par les médias le pense. Leurs études s’appuient sur les cas de l’Australie, de la Chine et de la Nouvelle-Zélande . Si eux l’ont fait, nous pouvons le faire.

    Le « risque » associé à cette stratégie n’est pourtant jamais questionné. Tenter de tuer le virus, échouer, s’acharner à essayer plus fort, échouer de nouveau, se justifier devant des médias qui s’impatientent, etc. est dangereux.

    Une étude détaillée de la stratégie chinoise , publiée dans Science , nous permet d’illustrer les limites de ce raisonnement. Ils ont retracé les contacts de 1178 personnes avec 15 000 autres, ils les ont testés, puis les personnes infectées ont été contraintes à l’isolement en milieu hospitalier.

    De façon surprenante, les mesures de confinement ont augmenté les infections au domicile, alors qu’il est, de loin, le principal facteur de contagion (7,2 % de risque vs 0,9 % pour nos amis). Des chercheurs ont suggéré que durant les confinements les plus stricts,une telle dynamique peut avoir causé les clusters dans les établissements pour personnes âgées .

    Ma conclusion ? C’est le traçage des cas contact et l’isolement contraint des personnes exposées qui a fonctionné en Chine, pas le confinement généralisé. Or, cette stratégie ne peut être répétée que si le ratio infectés/population ne dépasse pas un certain seuil , que nous avons dépassé. Voilà pourquoi citer la Chine, la Nouvelle-Zélande et l’Australie comme modèles mérite le scepticisme.

    Les stratégies d’atténuation non-pharmaceutiques

    L’étude la plus citée pour démontrer l’efficacité des interventions non-pharmaceutiques compare les infections dans un monde alternatif où rien n’est fait avec le monde réel, pour conclure que des millions de vies ont été sauvées. Elle contient de nombreux problèmes de méthode . Elle s’oppose aussi à des études qui préfèrent calculer les corrélations entre les taux de mortalité et différentes variables, pour en conclure que la sévérité des mesures n’a pas d’impact observable ( ici et ici ).

    L’amalgame « interventions non-pharmaceutiques » embrouille la réflexion. Ce n’est peut-être qu’une partie de nos changements de comportements qui est responsable de la majeure partie de la diminution des infections. Les défenseurs de cette stratégie vont donc évaluer la contribution d’interventions séparément ( ici et ici ), pour montrer que les politiques les plus brutales ajoutent peu d’efficacité face à celles qui encadrent simplement la vie normale.

    Les cas hautement controversés de la Suède , puis maintenant de l’Espagne , ainsi que de différents États américains, mais aussi du Japon et de la Corée du Sud constituent les contre-exemples empiriques déployés contre la stratégie sévère dominante. La Suède a connu une deuxième vague particulièrement intense, mais ses infections baissent et le pays a donc réussi deux fois à les courber. L’Espagne a réussi à le faire après le temps des fêtes. Les cas sont maintenant en hausse, mais la situation va peut-être se re-stabiliser sans resserrement. Cela reste à voir.

    Jay Bhattacharya et John Ioannidis ont produit récemment une étude sur cette question . Ils ont observé que les populations européennes ont modifié leurs comportements au printemps avant que leur gouvernement le leur ordonne. Donc, la menace d’amendes et l’intervention policière comptent peu. Ensuite, il y a un impact observable entre le taux de reproduction, au début de la crise, puis après les changements de comportements initiés par les populations. Cependant, la sévérité gouvernementale n’aurait contribué que pour 5-10 % de cette réduction, ce que les auteurs estiment « ne pas être significatif ».

    Cette étude porte sur le printemps. Pour en avoir une meilleure idée, il faudra voir comment l’Espagne et la Suède performeront d’ici à la fin de cet hiver.

    La protection focalisée

    Pouvons-nous construire une bulle autour des personnes à risque pendant que le reste de la population s’expose ? Les politiciens et les experts de la méthode fortes disent que non . Deux arguments sont invoqués. Premièrement, l’observation nous montre que les infections passent rapidement des jeunes aux populations fragiles . Ensuite, il est difficile de distinguer les groupes .

    Pourtant, intuitivement, cette stratégie m’apparaît être la stratégie naturelle des populations informées en situation de liberté . Une personne à risque et son environnement vont la déployer indépendamment des directives gouvernementales, car ils y sont motivés à titre personnel. Ils vont porter méticuleusement des équipements de protection, respecter les deux mètres de distance physique, installer une trajectoire libre d’infection, etc. Le rôle de l’État se réduit alors à la simplifier. Cette hypothèse mérite d’être testée plus rigoureusement.

    En fait, les succès de la Suède et de l’Espagne s’expliquent peut-être par le fait que les personnes fragiles et leur environnement s’adaptent spontanément à la situation, lorsqu’elles sont adéquatement informées, indépendamment des directives de leur gouvernement. Combiné aux facteurs saisonniers , il se peut même que cela fonde scientifiquement la structure en trois vagues de la pandémie.

    Les interventions pharmaceutiques

    La vaccination a été largement comprise comme la stratégie ultime qui mettra fin à toute cette affaire. Pourtant, rien n’est encore acquis. Des chercheurs s’inquiètent du variant sud-africain , qui résistera peut-être à notre vaccin. Un groupe de travail Israélien redoute que la vaccination puisse favoriser des mutations qui y résisteront. Le variant britannique, qui se transmet de 30 à 70 % plus facilement , serait vulnérable au vaccin. Cependant, il risque de se diffuser au sein de la population bien avant que le vaccin soit disponible, rendant ce dernier inutile.

    Et le pire ? La méthode utilisée pour tester l’efficacité du vaccin était insuffisante , car le nombre de personnes de l’échantillon susceptible de développer des formes sévères était trop petit.

    De plus, pour évaluer correctement cette stratégie, il faut considérer les souffrances endurées à l’attendre, ainsi que la déstabilisation subséquente de nos sociétés comme étant ses effets secondaires, par opposition à l’acquisition rapide de l’immunité naturelle.

    La non-intervention

    Elle est l’épouvantail agité par les autorités pour taire la critique. C’est la position la plus controversée. Elle est mise en avant par la mouvance Qanon et aurait été pratiquée par les habitants de Manaus, selon une autre étude .

    C’est le calcul des coûts et bénéfices de l’intervention, par rapport à la non-intervention, qui supporte cette approche . Il y a différentes façons de résumer ce calcul :

    1. Le Covid-19 n’est pas aussi dangereux que les médias nous le présentent.
    2. Les conséquences des interventions sont et seront beaucoup plus graves que nous le pensons.
    3. Bien que le Covid-19 soit réellement dangereux, les interventions valorisées pour le combattre échoueront, elles constitueront donc un mal sans bénéfices.

    La mouvance Qanon invoque le premier argument. Selon moi, les meilleurs arguments pour la non-intervention sont une combinaison du second et du troisième.

    À partir du cas de Manaus, certains extrapolent que 400 000 personnes mourraient en France sans interventions . Est-ce que ces morts en valent la peine, si c’est pour sauver la normalité de la vie des 66 millions autres humains ? La question elle-même est moralement odieuse. L’idée de réduire la vie de personnes à un simple moyen de veiller au bien-être des autres est répugnante.

    Il faut nuancer. Dans l’histoire de l’humanité, il y a régulièrement eu des appels à risquer sa vie pour la liberté, la démocratie ou des principes supérieurs. Certains le faisaient volontairement, par sens du devoir. De plus, une personne âgée peut parfois préférer mourir que d’être un fardeau pour ses proches. Les individus ne sont pas seulement motivés par leur propre survie.

    Si la menace qui pèse sur la normalité de nos vies jouissait d’une couverture médiatique aussi généreuse que celle du Covid-19, une partie des personnes à risque accepterait peut-être l’éventualité de mourir de ce virus. Elles le feraient par sens du devoir. Le respect n’exige pas de sauver leur vie, mais de leur présenter le dilemme de façon transparente et complète, puis de les impliquer dans la décision.

    L’efficacité de la stratégie d’atténuation légère et de la protection focalisée constituent un argument contre cette position. S’il est possible de ralentir la progression du virus et de vacciner les personnes fragiles à temps, tout en préservant l’essentiel de la normalité de la vie et protéger les personnes fragiles, ce choix tragique est un faux dilemme.

    Cependant, plus le virus devient contagieux, moins il semble contrôlable et plus les doutes entourent la vaccination, plus la non-intervention devient une stratégie envisageable. Plus la stratégie de mitigation sévère s’éternise, plus elle devient oppressante. Si la stratégie de vaccination qui l’accompagne échoue, les autorités pourraient bien être confrontées à des troubles civils de plus en plus difficiles à contenir.

    Je finirai cet article en attirant le lecteur sur mon intention : défendre rigoureusement la stratégie de mitigation légère contre le conspirationnisme ET le radicalisme sanitaire.

    Si vous ne l’avez pas compris, relisez-moi plus attentivement.

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      La France libérale ? Une inversion du sens des mots et des valeurs

      Claude Goudron · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    la France

    Par Claude Goudron.

    « L’inversion du sens des mots et des valeurs » : une perversion dénoncée par Mathieu Bock-Coté dans un de ses articles publiés par Le Figaro .

    Cela s’applique parfaitement au détournement, en France, du sens du mot libéralisme.

    La France serait un pays libéral

    Selon le dictionnaire , le libéralisme est « l’ attitude de ceux qui s’attachent à la défense des libertés individuelles des citoyens, doctrine hostile à l’intervention de l’État dans la vie économique et respect de la liberté d’autrui, tolérance ».

    C’est-à-dire l’inverse de ce que fait notre pays.

    Selon Valéry Giscard d’Estaing , au-delà de 40 % de prélèvements obligatoires, un pays devient socialiste.

    Avec un taux de prélèvements obligatoires de 46 % en 2018, nous ne pouvons pas nous considérer en économie libérale. C’est 7 points au-dessus de l’Allemagne, et 17,5 points d’écart avec la Suisse.

    Les dépenses publiques sont là encore en totale contradiction avec cette hostilité à l’intervention de l’État : avec 56 % du PIB (64,3 % en 2020 à cause du Covid) la France est championne du monde (OCDE) des dépenses publiques. L’Allemagne est à 43,9 % et la Suisse 32 %.

    Dans un pays libéral, le budget serait en équilibre, les impôts seraient faibles ainsi que les dépenses publiques et la dette.

    Il s’agit donc une utilisation abusive du mot libéral. Et lorsque cette affirmation est utilisée à tort dans une campagne électorale, ça devient une malhonnêteté.

    Il est urgent de redonner son vrai sens au mot « libéral »

    Vaste programme, comme aurait dit le général de Gaulle, répondant à un ministre qui voulait « s’occuper des cons » . En effet, on peut discuter des heures, arguments à l’appui, une majorité de Français pense toujours que la France est un pays libéral voire ultra-libéral.

    Avec raison, Albert Camus a écrit que « m al nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ». En l’occurrence ici, c’est le malheur de la France.

    Une majorité de nos enseignants se déclarent de gauche et sont assez souvent d’extrême gauche, ce que j’ai pu constater lors de mes études ; ils ont donc une grande responsabilité dans la confusion plus ou moins orchestrée du dénigrement du libéralisme.

    Il est impératif que l’Éducation nationale prenne le sujet à bras-le-corps et révise son approche du libéralisme.

    « Le plus pressé, ce n’est pas que l’État enseigne, mais qu’il laisse enseigner ». Frédéric Bastiat

    En attendant il nous faut réagir vite.

    Dénoncer la malhonnêteté intellectuelle de nos responsables politiques

    Lorsqu’un dysfonctionnement flagrant apparaît, il est facile pour nos hommes politiques de se dédouaner de toute responsabilité en rejetant la faute sur un autre, par exemple l’Europe.

    En France, le libéralisme est accusé de tous les maux , il est devenu une forme de dédouanement de ses propres erreurs : pour la gauche, le centre mais malheureusement aussi trop souvent la droite , le libéralisme est un putching ball bien pratique. Et l’extrême droite en fait son tabou absolu.

    La France est un pays étatique, à l’opposé du libéralisme, ce que nous devons rappeler régulièrement et dénoncer, comme l’affirmait Frédéric Bastiat : « L’État c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ».

    La France est un pays socialiste voire même communiste par certains côtés, tout le mal provient de là. Elle est l’un des rares pays à ne pas l’avoir admis en s’enfermant dans cette fausse certitude que notre malheur viendrait d’ailleurs.

    « Puissent-ils [les hommes politiques] se préserver longtemps de cette peste du socialisme ». Frédéric Bastiat

    C’était il y a bientôt 200 ans, pourquoi ne l’avons-nous pas écouté ?

    Il faut le crier haut et fort : ce n’est pas le libéralisme qui mettra la France en faillite mais bien le socialisme .

    La France et son « libéralisme » vus de l’étranger

    Voici un témoignage qui résume bien nos contradictions. Il s’agit d’un article du journaliste suisse Fathi Derder rédacteur en chef du quotidien économique romand l’ Agefi :

    « D’accord, d’accord…

    Nos amis Français sont venus lundi à Bern. Une délégation du Sénat en visite, on s’attendait à du lourd : on a été servi, la totale. Ce ton, ce style inimitable : Ne jamais parler, toujours expliquer.

    Au repas déjà, chez l’ambassadeur, une sénatrice explique à ma table que la France est un pays ultralibéral. Oui, Madame nous raconte les us et coutumes des habitants de cette terre lointaine, inconnue. Je lui fais remarquer que si la France est un pays ultralibéral, la Suisse est alors un club d’échangistes sous ecsta.

    Quelques minutes plus tard, en séance, un sénateur nous explique que nous ne connaissons pas la France et sa fiscalité. Il faut savoir que, pour un élu français en tournée en province, si on n’est pas d’accord c’est qu’on ne l’a pas compris. Alors il réexplique plus lentement, il articule. C’est inintéressant mais joli à entendre.

    Puis devant notre lenteur toute helvétique, une sénatrice admet alors que, dans le fond, nous ne pouvons pas comprendre la question fiscale française, car la Suisse est, je cite, en retard en matière de dépense publique. La preuve : les crèches. Je n’invente rien.

    Désarmante France, quarante ans de déficit, une dette abyssale, mais qui fait la leçon. Elle donne un cours de gestion de faillite au pays le plus riche du monde, le cancre fait la nique au premier de classe. Le panache laisse coi, admirable encore.

    Moralité, la crise française est plus grave que prévu. On se trompe complètement sur sa cause. La France ne souffre ni de son chômage ni de sa dette : elle est malade de son aveuglement, incapable de remettre en question le fameux déni : L’Allemagne a tort, la Suisse a tort, tout le monde a tort.

    Et la France, elle, a raison, d’accord, d’accord et pendant ce temps elle coule, encore et encore, c’est que le début d’accord, d’accord… »

    Tout est dit.

    Conclusion

    Cet article a été écrit il y a deux ans et la France coule , encore et encore.

    Allons-nous attendre le naufrage les yeux fermés ou allons-nous nous réveiller et enfin faire les réformes indispensables connues de nos gouvernants ?

    La France devra devenir rapidement libérale ou elle ne sera plus.

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      Taxer les GAFA, c’est pénaliser toute l’économie

      IREF Europe · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 04:15 · 3 minutes

    gafa

    Par Aymeric Belaud.
    Un article de l ‘Iref-Europe

    La Commission européenne a lancé sa consultation publique sur une nouvelle taxe numérique. Cette initiative vise à garantir une taxation « plus équitable » de l’économie numérique tout en contribuant à la relance de l’économie européenne. À l’IREF, nous avons déjà attiré l’attention sur les dangers de la taxation et de la réglementation des GAFA . Une piqûre de rappel semble tout de même nécessaire.

    Toutes les raisons sont bonnes pour taxer et réglementer les GAFA, ces quatre entreprises du net que sont Google, Apple, Facebook et Amazon. Un jour c’est pour préserver notre souveraineté numérique , le lendemain c’est une question de recettes fiscales, et le surlendemain c’est pour « aider » les petites entreprises en faillite. Dans ces trois cas de figure, la taxation et la réglementation pénalisent l’entreprise visée, mais aussi (voire surtout) les utilisateurs de ces plateformes, qui sont aussi bien des entreprises et des commerçants, que des particuliers.

    Cette nouvelle taxe européenne pourrait avoir comme assiette l’ensemble des utilisateurs du numérique. Ce seraient alors les entreprises les plus victimes de la crise économique et sanitaire qui paieraient. En effet, des PME et des commerces en tout genre ont trouvé une planche de salut avec la marketplace d’Amazon par exemple. D’autres, grâce aux services de Google. Certains restaurateurs ont pu survivre avec les services de livraisons à domicile proposés par des plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo. Ces petites et moyennes entreprises, qui ont réussi à innover et à s’adapter dans leurs manières de travailler, seraient donc fortement pénalisées. Et finalement, comme souvent d’ailleurs, ce sont les entreprises que le gouvernement voulait aider qui seront touchées. Le génie étatique !

    Mais nos responsables politiques semblent encore loin de pouvoir le comprendre. Il suffit de lire la question écrite du député MoDem Philippe Latombe au ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

    Le député considère qu’Amazon « fausse le jeu de la concurrence au détriment des PME » en répercutant le coût de la taxe sur les services numériques sur ses clients et utilisateurs. Mais l’entreprise américaine permet en réalité le développement des entreprises auxquelles elle offre sa plateforme et ça n’est pas de sa faute si l’État surtaxe les GAFA. Toute entreprise prend en compte les taxes qu’elle paye dans le prix de ses produits et services. L’impôt est toujours répercuté sur les clients. Il n’y a pas de raison qu’il en soit différemment avec la taxe GAFA…

    En ce qui concerne la réponse de Bruno Le Maire, ce dernier estime que le gouvernement n’a pas à commenter la répercussion de cette taxe sur les prix, considérant que le plus important, c’est que l’argent entre dans les caisses de l’État…

    Mais cet argent qui entre dans les poches de l’État a un coût sur l’économie, qui a été chiffré.

    Une étude de l’ECIPE (Centre européen d’économie politique internationale) démontre que les régulations et réglementations sur les plateformes numériques émanant du Digital Services Act provoqueraient une perte, pour le PIB de l’Union européenne, comprise entre 85 et 101 milliards d’euros ! Ces mêmes réglementations entraîneraient également une suppression de deux millions d’emplois au sein de l’UE !

    Ainsi, en voulant taxer et réglementer les GAFA, c’est l’économie tout entière que nos gouvernants sont sur le point de pénaliser. Sous prétexte de « justice sociale » et de plan de relance, ce seraient des millions d’emplois détruits, des PME en plus grande difficulté et un pouvoir d’achat diminué pour les consommateurs.

    Afin de réellement relancer l’économie en cette période de crise, deux solutions devraient s’imposer à nos dirigeants : réduire les dépenses publiques et les impôts d’une part et laisser faire le marché d’autre part !

    Sur le web

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      Abus sexuels sur les enfants : un tournant bienvenu

      Patrick Aulnas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 04:00 · 6 minutes

    abus sexuels

    Par Patrick Aulnas.

    Des livres récents ont mis en lumière la fréquence des abus sexuels sur les enfants ou adolescents. Leur nombre est très incertain puisqu’ils sont en général non judiciarisés mais il ne fait aucun doute que ces abus sont à plus de 90 % le fait des hommes.

    Deux livres récents défrayent l’actualité parce qu’ils concernent des personnalités connues. Le livre de Vanessa Springora, Le consentement , met en lumière l’insuffisance du régime juridique actuel du consentement lorsqu’une jeune adolescente de 14 ans se trouve confrontée à un homme beaucoup plus âgé. Quant au livre de Camille Kouchner, La Familia grande , il aborde le problème de l’ inceste sur un adolescent de treize ans.

    Ce bref article cherche à placer la problématique dans un cadre historique. D’où vient-on ? Vers quoi doit-on se diriger ?

    Depuis que le monde est monde

    Il est bien difficile, voire impossible, de savoir si les abus sexuels sur les enfants étaient fréquents durant les siècles passés chez le bourgeois ou le paysan. Mais en ce qui concerne les souverains, certaines pratiques sont connues. Les puissants ont toujours profité de leur puissance pour s’affranchir de la loi commune. Et lorsque leurs tendances les portaient vers la jeunesse, ils n’hésitaient pas.

    L’empereur romain Auguste (63 av. J.-C. -14 ap. J.-C.) faisait défiler devant lui de très jeunes filles et faisait son choix. Il n’était évidemment pas question de discuter. Louis XV (1710-1774) avait un véritable harem dans un quartier de Versailles dénommé Parc-aux-Cerfs. Les élues étaient en général très jeunes. Un tableau célèbre de l’une d’elle, L’Odalisque blonde , a même été peint par François Boucher.

    Louis XV ne s’intéressait pas aux enfants mais pouvait être séduit par une très jeune fille. Le contexte de l’époque était évidemment à des années-lumière du nôtre. Le droit canonique fixait l’âge du mariage à 12 ans pour les filles. Les femmes avaient, à peu de chose près, un statut juridique de mineures à vie.

    Les riches bourgeois des siècles passés n’hésitaient pas à choisir une « soubrette » attirante dans leur domesticité et son jeune âge n’était pas un obstacle. Elle devait se soumettre ou se démettre. Mais quitter un emploi sans recommandation présentait un risque pour en trouver un autre.

    Quant à l’inceste, il a toujours existé mais la morale commune voulait qu’on le taise. D’abord, il fallait laver son linge sale en famille. Et la sexualité faisait éminemment partie du linge sale puisque le christianisme la considérait comme le mal initial ayant entrainé la chute de l’Homme. Au sein même de la famille, personne n’aurait osé aborder verbalement le sujet.

    L’inceste étant un interdit fondamental lié à la pérennité de l’espèce humaine ; braver cet interdit constituait une monstruosité provoquant la sidération et le silence.

    Révolution sexuelle et limites du possible

    Dans la seconde moitié du XXe siècle, des changements fondamentaux se sont produits en Occident. La vieille éthique chrétienne s’effondre. Elle considérait la sexualité humaine comme un danger qu’il fallait canaliser par le mariage à vie d’un homme et d’une femme.

    La « libération  sexuelle » écarte cette morale et prône la jouissance sans entrave, devenue possible avec les progrès de la contraception. Procréation et sexualité sont désormais dissociées.

    À partir de la fin des années 1960, certaines personnes ont cherché les limites de cette liberté nouvelle. Tout était-il possible ? Restait-il des interdits ? Y avait-il une frontière à ne pas franchir ? Le climat général dans l’ intelligentsia poussait à l’expérimentation. Livres, articles, pétitions encourageaient parfois les relations sexuelles entre adultes et enfants.

    Elles étaient analysées comme un domaine à explorer, un interdit à transgresser. Elles sont évidemment restées le fait de petites minorités pour une raison toute simple : la plupart des adultes n’éprouve aucune attirance sexuelle envers un enfant.

    Il n’empêche qu’à cette époque (années 1970-80) certains voyages organisés vers la Thaïlande avaient de facto pour but le tourisme sexuel. La prostitution des enfants était courante dans les grandes villes de ce pays et de nombreux pédophiles effectuaient le voyage. Tout cela se savait mais était largement admis et même sujet de plaisanteries.

    La psychologie restait à cette époque ambiguë sur la sexualité adulte-enfant. Il n’y avait pas unanimité comme aujourd’hui pour réprouver ce type de relations. Depuis cette époque, les dégâts irréparables causés à l’enfant ou au jeune adolescent abusé par un adulte ont été analysés. Mais disons-le sans ambages, ce n’était pas du tout le cas il y a cinquante ans. Les limites du possible n’avaient pas été vraiment fixées.

    Et maintenant ?

    Il est heureux que ces limites fassent aujourd’hui l’objet de réflexions juridiques. Mais si cette étape peut advenir, c’est d’abord parce que les questions portant sur l’inceste et la sexualité enfant-adulte ont pu être posées de façon rationnelle.

    La libération sexuelle et ses débordements ont-ils constitué une étape préalable à une réflexion sereine ? Ce n’est pas impossible.

    Nous savons désormais que ces relations sont abusives et résultent de l’emprise psychologique d’un adulte sur un enfant ou un adolescent. Nous savons également qu’elles provoquent des traumatismes psychologiques irréversibles.

    Le premier problème a trait à la notion de consentement. Ce concept est très ancien en droit et parfaitement étayé dans le domaine contractuel. Il existe des vices du consentement : l’erreur, le dol, la violence. Mais cela est très insuffisant lorsqu’un adulte utilise son expérience pour faire naître une emprise psychologique.

    Pour un jeune enfant (pré-pubère), il va de soi qu’il y a toujours absence de consentement puisque la compréhension de ce qui lui est proposé ne peut exister. Pour un adolescent, le problème est extrêmement délicat et renvoie à la fixation d’un âge du consentement. 13 ans, 15 ans ? Les débats sont en cours. Il ne faudrait pas évidemment qu’un jeune homme de 18 ans soit pénalement sanctionné parce qu’il a eu des relations avec sa petite amie de 15 ans. Une réflexion approfondie entre spécialistes du sujet (juristes, psychologues, médecins etc.) est donc nécessaire.

    Le second problème concerne l’inceste qui n’est pas aujourd’hui une infraction spécifique dans le Code pénal français mais seulement une circonstance aggravante en cas d’abus sexuel. Il est probable que l’on s’orientera vers la création d’un crime d’inceste. Il reste à le définir juridiquement et à prévoir les sanctions encourues.

    Nous sommes donc sur la bonne voie. Il ne s’agit plus de se limiter à des préceptes éthico-religieux comme par le passé, ni de faire n’importe quoi sous couvert de liberté comme à la fin du XXe siècle.

    Nous devons désormais protéger l’intégrité des enfants et adolescents contre les abus de certains adultes. Car la jeunesse est fragile et manipulable. Rien n’est plus méprisable que d’abuser de la confiance dont elle nous honore.

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      Covid-19 : le pire déficit budgétaire de l’histoire sûrement creusé en vain

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 03:55 · 2 minutes

    Par Frédéric Mas.

    Le déficit de l’État a pratiquement doublé en 2020, passant de 93 milliards à 178,2 milliards d’euros. Pour faire face à l’épidémie, l’État a engagé 44,1 milliards de dépenses supplémentaires, dont 41,8 milliards de dépenses d’urgence, selon des chiffres de Bercy.

    Comme l’a affirmé Bruno Le Maire lors d’une audition devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, cet engagement de l’État se traduit par « le déficit budgétaire le plus élevé de notre histoire contemporaine » . Ce sont 30 milliards de plus qu’au moment de la crise financière de 2009.

    Il est assez probable que les dépenses publiques engagées aujourd’hui pour relancer la machine économique n’aient pas les effets de relance attendus du gouvernement, du moins si l’on suit l’enseignement ancien d’un des pères de l’économie, David Ricardo . Pour le célèbre économiste classique du XIXe siècle, les consommateurs ont tendance à internaliser dans leurs calculs la dette publique, ce qui les fait préférer l’épargne à la dépense espérée par les pouvoirs publics.

    Dans un Essay on the Funding system publié en 1820, Ricardo se demande s’il existe une grande différence entre financer une guerre à 20 millions de livres sterling par l’impôt ou par l’émission d’obligations d’État à échéance infinie avec des intérêts de plusieurs millions par an. Au taux d’intérêt supposé de 5 %, Ricardo a conclu qu’en termes de dépenses, les deux alternatives avaient la même valeur.

    En d’autres termes, peu importe que l’État se finance par la dette ou par l’impôt, l’effet sur la demande totale dans la sphère économique est la même.

    Le retour de la réflexion ricardienne dans l’économie contemporaine

    Dans un article de 1974 paru dans le Journal of Political Economy , l’économiste Robert Barro a remis au goût du jour ce qu’en économie on nomme le « principe d’équivalence ricardienne ».

    Il le définira quelques années plus tard comme il suit :

    « … les transferts entre le financement par la dette et le financement par l’impôt pour un montant donné de dépenses publiques n’auraient pas d’effet de premier ordre sur le taux d’intérêt réel, le volume des investissements privés, etc. »

    Le propos de Barro, qui intègre les anticipations rationnelles des agents économiques dans leurs calculs d’utilité, a fait date dans le domaine de la macro-économie néoclassique. Et a émis de sérieux doutes quant aux politiques publiques d’inspiration keynésienne visant à gonfler artificiellement la demande par la dette et l’impôt, comme le fait aujourd’hui le gouvernement français.

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      Les énergies renouvelables handicapent-elles la Chine ?

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 03:50 · 8 minutes

    énergies renouvelables

    Par Michel Gay.

    Fin 2020, plusieurs provinces dans le sud de la Chine (Zhejiang, Hunan, Jiangxi…) ont connu des restrictions de consommation d’électricité et des délestages occasionnant des arrêts de production.

    La Chine manque-t-elle d’électricité à cause des énergies renouvelables ?

    Ce phénomène est aujourd’hui un sujet d’actualité brûlant en Chine. La capacité installée du parc électrique chinois croît pourtant rapidement, atteignant 100 gigawatts (GW) chaque année, dont 60 GW d’énergies renouvelables intermittentes (EnRI).

    Alors pourquoi cette pénurie d’électricité ?

    Deux explications :

    Les restrictions de consommation d’électricité sont provoquées artificiellement dans certaines provinces parce que leur administration doit respecter les normes définies par le gouvernement sur le contrôle de la consommation électrique. C’est le cas de la province du Zhejiang qui était sur le point de dépasser ses seuils en cette période de fin d’année.

    La pénurie d’électricité a obligé de nombreuses entreprises à acheter des groupes électrogènes diesel onéreux et polluants pour assurer leur fonctionnement.

    Un manque de production d’électricité , notamment dans le Hunan et le Jiangsu dû au déploiement massif et rapide des EnRI. Les causes résultent d’un vent et d’un soleil faibles pendant une période froide hivernale entraînant une production éolienne et solaire diminuée, alors que beaucoup d’entreprises rattrapaient leur retard causé par l’épidémie de Covid-19, et que la consommation d’électricité pour le chauffage a augmenté.

    L’éolien comme le photovoltaïque sont des sources d’énergies fatales subventionnées dont la part importante dans la production d’électricité diminue la rentabilité des autres filières conventionnelles. C’est en particulier le cas pour les centrales au charbon qui dominent dans la production d’électricité chinoise et fournissent une ressource électrique stable et pilotable.

    La Chine ne peut donc pas satisfaire en même temps sa sécurité d’approvisionnement en électricité, le développement des EnRI et la baisse de production des centrales au charbon qui permet de pallier les variations de l’éolien et du solaire.

    Le paradoxe chinois avec le développement des énergies renouvelables

    Assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité implique paradoxalement la construction de nouvelles centrales au charbon dans certaines régions chinoises alors qu’elles fonctionnent aujourd’hui seulement 4300 heures par an en moyenne à l’échelle nationale. L’équilibre financier estimé à 5500 heures ne peut plus être atteint avec l’essor des EnRI subventionnées prioritaires sur le réseau.

    Toutefois, le développement des EnRI atteindrait rapidement le maximum supportable pour la sécurité du réseau d’électricité si la filière au charbon ne disposait pas d’une capacité excédentaire pour compenser leurs absences et sécuriser l’approvisionnement.

    Dans cet objectif, la Chine envisage de subventionner les prix de l’électricité issue du charbon bien que la pollution atmosphérique soit devenue un problème politique important pour le pouvoir chinois.

    Préoccupations écologiques

    Le 19ème Comité central du Parti communiste chinois a souligné le besoin de nouveaux progrès dans le domaine de la « civilisation écologique ». La promotion de la croissance à faible émission de carbone et la réduction des rejets des principaux polluants ont été encouragés.

    Dans ce contexte, la mise en service d’une quarantaine de réacteurs nucléaires depuis dix ans dans le pays (dont 30 réacteurs ces cinq dernières années) a apporté une contribution importante à la protection de l’environnement.

    Pour une même puissance installée, le nucléaire produit en continu trois fois plus d’électricité que l’éolien et presque sept fois plus que le photovoltaïque.

    Le choix du type de réacteur à construire s’est porté sur le réacteur chinois de génération III Hualong 1, dont la mise en chantier de quatre nouveaux réacteurs a été autorisée en septembre 2020, annonçant leur déploiement pour les dix prochaines années.

    Le premier réacteur chinois tête de série Hualong 1 de génération III a été connecté au réseau le 27 novembre 2020 à Fuqing. Il avait été mis en chantier en novembre 2014.

    Le journal Le Quotidien du Peuple a souligné que ce couplage au réseau marquait ainsi l’entrée de la Chine dans les rangs des pays avancés en matière nucléaire en brisant le monopole de la technologie étrangère. Ce pays dispose dorénavant d’un tissu industriel complet dans le domaine nucléaire et dispose des compétences requises.

    Le Hualong 1 est appelé à jouer un grand rôle en renforçant la confiance de l’État dans la technologie chinoise ainsi que des pays concernés par la stratégie des nouvelles routes de la soie.

    De plus, son coût de construction en Chine ne représente que 60% du coût d’un réacteur importé.

    Le Président Xi Jinping a dit…

    Lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations-Unies en septembre 2020, le président chinois Xi Jinping a déclaré :

    « Nous visons à ce que les émissions de CO2 atteignent leur maximum avant 2030 et à ce que la Chine atteigne la neutralité carbone d’ici 2060 ».

    Dans cette perspective, le mécanisme de « développement propre » qui inclut le nucléaire sera appliqué.

    Au cours de la période du 13ème plan quinquennal, les EnRI ont connu un taux de croissance annuel moyen de 32 %, permettant à la Chine de se classer au premier rang mondial en la matière. Les parcs chinois représentaient 210 GW pour l’éolien et 204 GW pour le photovoltaïque à la fin de 2019, soit 20 % de la capacité installée électrique du pays (plus de 2000 GW). Ils ont fourni presque 10 % (700 TWh) de la production d’électricité chinoise (7500 TWh) en 2020.

    Mais une proportion élevée d’EnRI dans la production d’électricité crée une forte instabilité. En 2019, des fluctuations de puissances journalières ont dépassé 100 GW sans correspondre aux besoins nationaux. Ces gigantesques variations subites rendent difficiles la gestion de l’équilibre des systèmes électriques car les capacités disponibles de production flexibles au gaz et au fioul sont relativement faibles en Chine.

    À mesure que la part de production des EnRI augmente, les capacités de régulation de la puissance active, de la fréquence et de la tension diminuent, fragilisant ainsi les réseaux électriques qui risquent de plus en plus de pannes en chaîne de grande ampleur.

    Lors du Sommet des Nations Unies tenu le 12 décembre 2020 sur l’ambition climatique, le président chinois XI Jinping a déclaré que d’ici 2030, la Chine :

    1. Abaisserait ses émissions de CO2 par unité de produit intérieur brut (PIB) de plus de 65 % par rapport au niveau de 2005.
    2. Porterait environ à 25 % la part des énergies non fossiles dans la consommation des énergies primaires (les quatre sources non fossiles sont l’éolien, le solaire, l’hydraulique et le nucléaire).
    3. Porterait à 1200 GW au moins la capacité installée des filières éoliennes et solaires (moins de 450 GW aujourd’hui).

    Il s’agit d’un nouvel engagement sur la réponse de la Chine au changement climatique après avoir annoncé en septembre 2020 l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2060.

    Ces annonces montrent la volonté de la Chine d’utiliser toutes les sources d’énergie propre, notamment l’énergie nucléaire et l’hydroélectricité.

    Toutefois, le développement de la filière hydroélectrique reste limité. Déjà 90 % des ressources économiquement exploitables ont déjà été utilisées. Son potentiel est estimé à seulement 402 GW, et les dix prochaines années seront la période finale de son développement.

    En revanche, le nucléaire présente un fort potentiel de développement en Chine.

    Le Livre Blanc sur les énergies

    Le Livre blanc intitulé Le développement des énergies en Chine dans une nouvelle ère publié le 21 décembre 2020 prévoit un rythme de lancement atteignant six nouveaux réacteurs nucléaires chaque année. Le parc nucléaire chinois, aujourd’hui doté de 48 réacteurs, représente une puissance de 50 GW. Il classe la Chine au troisième rang mondial, juste derrière la France et les États-Unis.

    En parallèle, 14 réacteurs sont en construction, représentant une puissance de 15 GW. La capacité installée du parc nucléaire en service et en construction en Chine dépasse donc les 65 GW, ce qui le place au deuxième rang mondial devant la France.

    Et ce parc nucléaire devrait atteindre 150 GW en 2035, conduisant ce pays au premier rang mondial devant les États-Unis (100 GW).

    Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères (WANG Wenbin) a déclaré les 24 décembre 2020, dans une conférence de presse, que son pays avait aussi l’intention d’investir dans des centrales nucléaires de l’Union européenne .

    Malgré un passage difficile aujourd’hui dans sa production d’électricité, la Chine se donne les moyens de ses ambitions pour répondre à ses besoins, tout en visant la neutralité carbone en 2060.

    Toutefois, cet objectif n’est peut-être qu’un affichage politique à l’international pour l’image écologique de la Chine.

    Bien que la Chine se dote massivement de centrales nucléaires (moins de 5 % de la production actuellement) et d’EnRI (moins de 10 % de la production) pour remplacer partiellement les centrales au charbon, à gaz et au fioul qui représentent encore près de 85 % de sa production actuelle, cet objectif sera difficile à atteindre.

    Mais qui sait ce dont est capable la Chine ?

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      Neutralité du Net : l’Europe doit-elle déréguler en réponse aux États-Unis ?

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 03:30 · 6 minutes

    neutralité du net

    Par Patrick Maillé et Bruno Tuffin 1
    Un article de The Conversation

    La neutralité du Net est le principe selon lequel les flux de données qui circulent dans les réseaux ne doivent faire l’objet d’aucune différentiation de la part des intermédiaires qu’ils traversent, notamment les opérateurs télécoms comme Orange ou Free. Ce principe est protégé par la loi en Europe depuis 2015.

    Il est ainsi interdit à un opérateur de ralentir certains flux par rapport à d’autres ; de même, un opérateur ne peut pas créer de « tarif premium » qui proposerait à un fournisseur de service (de streaming video, par exemple) un meilleur traitement dans le réseau et donc un avantage sur d’autres services comparables.

    Parmi les justifications de ce principe, on trouve une volonté d’assurer une certaine équité entre les acteurs économiques qui utilisent Internet, et de permettre à de nouveaux services d’apparaître sans la barrière à l’entrée que constituerait un tarif premium. Des start-up, avec peu de moyens mais des idées innovantes, pourraient ainsi être directement compétitives face aux acteurs établis. Mais que se passe-t-il si la régulation en termes de neutralité du Net diffère d’un pays à l’autre ?

    L’innovation est-elle toujours protégée dans les régions qui imposent la neutralité du Net ? La question se pose notamment depuis que la neutralité n’est plus protégée aux États-Unis, une décision effective depuis le 11 juin 2018 . On a alors constaté aux États-Unis que certains opérateurs ralentissaient des services spécifiques gourmands en ressources comme YouTube ou Netflix , de manière perceptible : un débit observé limité à seulement 10 % du débit possible pour certains opérateurs.

    Les mesures sont réalisées par des outils comme Wehe , utilisé également par le régulateur français des télécoms (ARCEP) pour surveiller les opérateurs. Produire de telles réductions peut avoir un intérêt pour les opérateurs, la proportion de bande passante utilisée par les grands acteurs étant non négligeable : en France, 55 % du trafic vers les clients des principaux fournisseurs d’accès provient de quatre fournisseurs uniquement – Netflix, Google, Akamai et Facebook .

    Neutralité du net : vers une autoroute Internet payante ?

    La différentiation aux États-Unis n’est pas encore sur un modèle avec « voie rapide » payante, mais les défenseurs de la neutralité arguent que les changements se feront de manière lente et graduelle afin de ne pas provoquer de rejet massif des utilisateurs et associations.

    À quoi s’attendre donc, si une partie de l’internet adopte un système avec voie rapide payante (non-neutre) alors que l’autre interdit ce type de discrimination ? Les États-Unis risquent-ils de pénaliser l’innovation avec leur décision de libéraliser les réseaux ? Ou au contraire, favorisent-ils leurs acteurs économiques en compétition avec ceux du reste du monde ?

    Sans prétendre résoudre cette question, mais seulement pour illustrer quels phénomènes sont susceptibles de survenir, considérons le scénario de la figure 1, avec deux zones : dans l’une (la neutre) une seule qualité de service est disponible, alors que le trafic peut être traité avec deux qualités différentes dans l’autre zone, la meilleure étant accessible moyennant paiement.

    Qualités disponibles dans une zone neutre et une zone non neutre, représentées par l’épaisseur des lignes. Les qualités perçues par les utilisateurs de chaque zone sont représentées pour le cas où A choisit la meilleure qualité dans la zone non neutre alors que B y est traité avec la plus faible qualité. Author provided (No reuse)

    Pour simplifier, on suppose qu’il n’y a qu’un opérateur dans chaque zone. Considérons alors deux fournisseurs de service A et B (par exemple, des plates-formes de streaming vidéo) comparables, hébergés dans la zone non neutre et neutre, respectivement. Pour atteindre les utilisateurs situés dans la zone éloignée, les flux doivent alors traverser les deux zones. Dans ce cas, comme qualité perçue par l’utilisateur final on prendra la moins bonne qualité rencontrée par le flux, c’est-à-dire la qualité du goulot d’étranglement.

    Dès lors, des questions clé concernant la coexistence de ces deux zones à réglementation différente apparaissent :

    • Comment les flux issus d’Europe seront-ils traités aux États-Unis ? Sans paiement de la part de B à l’opérateur américain, ces flux n’ont pas de raison de bénéficier de la voie rapide, on peut donc supposer qu’ils auront le traitement le moins favorable.
    • Une question directement liée est alors : une zone neutre peut-elle autoriser les services qu’elle héberge à payer dans la zone non neutre ? Cela n’est-il pas contradictoire avec l’idée même de la neutralité, puisqu’on autoriserait alors des entreprises de la zone régulée à payer pour bénéficier d’un meilleur traitement, bien que cela concerne leurs flux en dehors de la zone régulée ?

    Si dans un premier temps, la neutralité en Europe interdit aux services hébergés en Europe de payer pour la voie rapide aux États-Unis, alors il semble que les entreprises américaines soient favorisées : dans le scénario de la figure 1, les utilisateurs en Europe perçoivent les deux services avec la même qualité, alors que le service américain a un très net avantage en qualité pour les utilisateurs aux États-Unis.

    Les autres cas possibles, selon la qualité choisie par le service A hébergé aux États-Unis et les qualités disponibles dans les deux zones, sont illustrés en table 1. On remarque que même si A choisit la qualité la plus faible, il n’est que légèrement moins bien servi en Europe que son concurrent européen lorsque la qualité « neutre » est meilleure que la voie lente aux États-Unis.

    Et si les prédictions optimistes concernant la dérégulation aux États-Unis se vérifient, à savoir, que les deux qualités en zone dérégulée soient meilleures que dans la zone régulée (argument de l’incitation pour les opérateurs à investir dans le réseau car ils seront autorisés à en optimiser les dividendes), alors dans tous les cas les services hébergés en zone non neutre sont favorisés.

    Qualités perçues pour chaque service par les utilisateurs selon leur zone géographique, pour différents scénarios (qualités disponibles et choix de la qualité par A, un scénario par ligne). En choisissant la voie rapide, le service hébergé aux États-Unis a toujours un avantage sur celui hébergé en Europe. (Le cas où les deux qualités aux États-Unis seraient inférieures à la qualité de la zone neutre ne semblant pas réaliste, il n’est pas présenté.) Author provided

    Ces exemples simples montrent que les décisions régulatoires des États-Unis concernant la neutralité du Net sont susceptibles d’affecter les acteurs économiques de tout l’internet. La réponse du régulateur européen risque donc d’impliquer un arbitrage entre les principes qui justifient la neutralité, et les intérêts des entreprises et des utilisateurs européens.

    This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article .

    The Conversation

    1. Patrick Maillé et Bruno Tuffin sont respectivement professeur, IMT Atlantique à l’Institut Mines-Télécom et directeur de recherche à l’Inria.
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      Un troisième confinement politiquement risqué pour Emmanuel Macron

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 25 January, 2021 - 10:01 · 2 minutes

    confinement

    Par Frédéric Mas.

    Les Français seront-ils reconfinés cette semaine ? C’est la question à laquelle Emmanuel Macron répondra ce mercredi 27 janvier à l’issue d’un conseil de défense. Dimanche soir, le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy a sonné l’alarme : les variants du virus, en particulier celui britannique, pourrait être « l’équivalent d’une deuxième pandémie » . C’est au politique de décider, mais pour M. Delfraissy les indicateurs sont suffisamment inquiétants pour envisager de nouvelles mesures sanitaires.

    La pression sur le gouvernement est à son comble : les sondages montrent que les Français estiment que la gestion de la crise sanitaire est mauvaise, et que la communication du gouvernement n’a rien arrangé. Pire, l’élection présidentielle 2022 se profile à l’horizon, et dans tous les cas de figure, Emmanuel Macron serait devancé par Marine Le Pen au premier tour, selon un sondage CommStrat/L’opinion .

    La défiance grandit

    L’épisode catastrophique de la campagne vaccinale n’a rien arrangé. Après la lenteur et à la désorganisation de l’État pour vacciner les catégories de population à risque, c’est la pénurie de vaccins qui réapparaît. Elle rappelle pour beaucoup la pénurie de masques, de gel et tests du début de la crise sanitaire : les mêmes méthodes et la même organisation bureaucratique centralisée engendrent les mêmes résultats sur le terrain. Et la défiance grandit.

    Face au retour de la menace sanitaire, les Français semblent résignés à un nouveau confinement, même s’ils ne le souhaitent pas, toujours selon les sondages. Ils préfèrent même le confinement au couvre-feu , qui désorganise les vies et appauvrit les commerces autorisés à rouvrir pour des résultats totalement aléatoires.

    Faudra-t-il, à chaque fois qu’apparaît une nouvelle édition du virus, appliquer le principe de précaution en politique, et restreindre les libertés publiques jusqu’au collectivisme total ? Le gouvernement, réduit aujourd’hui à un dialogue entre conseil scientifique et conseil de défense, s’est enfermé dans une chambre d’écho totalement hermétique.

    Après avoir sacrifié la démocratie libérale sur l’autel de l’état d’urgence sanitaire éternel, l’avenir de la jeunesse sur celui de la protection des plus vulnérables « quoiqu’il en coûte », l’économie nationale sur celui des exigences de la bureaucratie sanitaire, peut-on espérer que l’État change de logiciel ? C’est aux citoyens de lui signifier maintenant que sa politique verticale, infantilisante et anxiogène doit changer.

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      France : petit atlas d’un pays vraiment pas comme les autres…

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 25 January, 2021 - 08:30 · 10 minutes

    Par h16 et Nathalie MP Meyer.

    Frappé d’un trop rare éclair de lucidité, Emmanuel Macron écrivait « La France n’est pas un pays comme les autres » au début de sa Lettre aux Français de janvier 2019. Ô combien il avait raison ! Au point qu’on en vienne souvent à le regretter…

    Pour le président de la République, il s’agissait évidemment de rendre compte de cette « exception française » qui veut que « chez nous » , le sens des injustices soit plus vif qu’ailleurs et l’exigence d’entraide et de solidarité plus forte.

    Mais quand on fait le tour de toutes les précautions, interdictions, tabous et dépenses publiques que tant de perfection signifie, on se retrouve face à un pays en perpétuel déficit, qui manque de liberté et qui accuse de nombreux retards inquiétants pour son avenir sans obtenir jamais la prospérité et la justice promises.

    Pour illustrer cette situation, voici les prémices d’un PETIT ATLAS qu’il sera toujours possible d’améliorer et de compléter par la suite, mais qui permet déjà de situer la France parmi ses pairs du monde développé et d’évaluer à quel point elle n’est décidément pas un pays comme les autres (cliquer sur les graphiques et les cartes pour les agrandir).

    Dépenses des administrations publiques

    (en % du PIB, OCDE , 2019)

    La France est le pays de l’OCDE dont l’État au sens obèse large (ministères, agences gouvernementales, collectivités territoriales et administrations de sécurité sociale) dépense le plus par rapport au PIB, et ceci depuis de nombreuses années.

    Que fait-il de tout ce « pognon de dingue « (dixit Macron) qui a atteint 1349 milliards d’euros soit presque 56 % du PIB en 2019 ?

    Mais c’est très simple, répondait Gérald Darmanin quand il était à Bercy, « on paie des professeurs, des hôpitaux, de la sécurité » .

    Disons-le autrement : on paie de très nombreux fonctionnaires qui doivent mettre en musique une myriade de politiques publiques toujours plus onéreuses, depuis le soutien à l’égalité homme-femme (« grande cause toujours » du quinquennat) jusqu’aux subventions aux énergies intermittentes.

    Mais avant ça, on paie surtout des prestations sociales (maladie, retraite) dont on a actuellement l’occasion de tester toute la pertinence avec une gestion des stocks (de masques, de lits, de matériels, de vaccins, de réfrigérateurs, etc.) et une gestion des personnels au millimètre.

    L’exception française !

    Dette publique dans l’Union européenne

    (en % du PIB, Eurostat , 1er trimestre 2020)

    Qui dit dépenses publiques dit évidemment impôts pour les financer : avec le « volontarisme » de nos édiles, cela se traduit par une augmentation croissante de la pression fiscale, pourtant déjà parmi les plus élevées du monde (45 % du PIB en 2019), qui peine malgré tout à suivre le rythme débridé des dépenses.

    D’où déficit public. Abyssal.

    À ce sujet, il faut savoir que depuis la crise de 2008, la France a eu toutes les peines du monde à se sortir de la procédure pour déficit excessif de l’Union européenne. En quelque sorte, l’obésité de l’État l’empêche de sortir du trou et après être revenu péniblement à 2,5 % du PIB en 2018, son déficit est remonté à 3 % en 2019 , soit la limite autorisée par le pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne.

    Heureusement, la crise du Covid-19 a flanqué toute orthodoxie budgétaire par la fenêtre et autorisé l’ouverture complète des sprinklers à pognon gratuit des autres, ce qui permet à la France d’ échapper ainsi à une nouvelle procédure pour déficit excessif en raison de ses efforts nanométrique pour réduire sa dette publique en 2019.

    Celle-ci atteignait en effet 98,1 % du PIB au 31 décembre 2019 et 101,2 % à la fin du premier trimestre 2020 comme on le voit sur la carte ci-dessus. Avec le « quoi qu’il en coûte » d’un côté et l’évaporation des recettes fiscales de l’autre, cette dette s’achemine vers 120 % du PIB fin 2020.

    Encore une exception française qui n’a rien de réjouissant.

    Niveau des élèves de CM1 en mathématiques
    (évaluations TIMSS , 2019)

    On a vu tout à l’heure qu’avec le pognon gratuit des autres, on payait (notamment) des professeurs. Profitons-en pour examiner les résultats fracassants de notre Éducation nationale.

    Le tableau ci-dessus donne le classement TIMSS des élèves de CM1 en mathématiques pour les pays de l’OCDE qui ont participé au massacre à l’évaluation en 2019.

    Que dire, sinon que les lauréats Singapour (625 points) et Hong Kong (602 points) n’apparaissent pas puisque qu’ils ne font pas partie de l’OCDE, et que la France se trouve une fois de plus au fond du classement ?

    Résultat isolé, constat biaisé ne tenant pas compte de l’excellence de notre système scolaire ?

    Que nenni : de test en test, de PISA en TIMSS en PIRLS, qu’il s’agisse d’élèves de CM1 ou de 4ème, et qu’il s’agisse de matières littéraires ou scientifiques, c’est la même déception , c’est le même désastre.

    Et si l’on s’attarde au faible niveau des élèves français en mathématiques et en sciences, on comprend mieux la tournure consternante de certains débats actuels à forte teneur scientifique tels que la robotisation de l’industrie, le déploiement de la 5G ou la place des cryptomonnaies.

    Nombre de robots dans l’industrie pour 10 000 employés

    ( Statista et IFR , 2019)

    Comme précédemment, il convient d’ajouter à la liste ci-dessus le score de Singapour (918), champion indiscuté de la robotisation industrielle. Et comme précédemment, on voit que la France est à la traîne en Europe. Précisons cependant que si l’on s’en tient à l’industrie automobile, notre performance est meilleure.

    Ce thème de la robotisation avait agité la campagne électorale de 2017 car l’un des candidats présidentiels les plus affûtés, Benoît Hamon pour le Parti socialiste, proposait finement d’instaurer une taxe sur les robots, celle-ci devant financer un futur revenu universel d’existence puisque, comme chaque socialiste le sait , robotisation et révolution numérique allaient supprimer 10 % à 50 % des emplois actuels : en tabassant les robots de taxes, on allait (mais si, c’est certain) avoir le beurre (des robots, mais pas trop vite) et l’argent du beurre (sous forme de revenu universel).

    Étonnamment, Benoît se fourre le doigt dans l’œil, et ce sans même rappeler que l’Allemagne est un pays hautement robotisé dont le taux de chômage est très inférieur au nôtre (3,2 % en décembre 2019 contre 8,4 % en France) : en fait, une étude récente de la banque mondiale intitulée Le travail en mutation (2019) montre que les robots sont certes en train de changer le monde du travail mais qu’ils apportent avec eux de nouveaux marchés, de nouvelles opportunités et de nouveaux emplois, exactement comme la mécanisation du tissage au XVIIIe siècle avait été porteuse de plus de prospérité que de destruction. Le travail est perpétuellement transformé par le progrès technologique, mais il ne disparaît pas, bien au contraire.

    Le chômage, c’est une autre affaire…

    Taux de chômage dans l’Union européenne

    ( Eurostat , décembre 2019)

    En décembre 2019, le taux de chômage moyen dans l’Union européenne était de 6,2 %. Plusieurs pays comparables à la France étaient même au plein emploi : Royaume-Uni (3,8 %), Allemagne et Pays-Bas (3,2 %).

    Mais « chez nous » , l’exception française joue à fond : le chômage reste accroché à un niveau élevé (8,4 %), probablement pour s’assurer que nous sommes tous un peu plus solidaires dans la misère et l’absence d’emploi que les autres pays. Bien sûr, l’arrêt total de l’économie en 2020 provoqué par les décisions gouvernementales suite à la pandémie promet une violente croissance du nombre de solidaires en 2021.

    Déploiement commercial de la 5G en Europe

    ( Ookla , 15 sept 2020 en haut puis 20 janvier 2021 en bas)

    Le 15 septembre 2020, la plupart des pays d’Europe avaient bien avancé sur le déploiement commercial de la 5G… à l’exception notable de la France, qui se contentait d’ une poignée d’expérimentations sporadiques .

    Emmanuel Macron a-t-il jeté un œil sur cette carte ? Pour la starteupe-naychone, ce n’est pas fameux et cela a peut-être poussé le Président à taper du poing sur la table : scrogneugneu, la France va prendre le tournant de la 5G et abandonner la lampe à huile et le modèle Amish des écologistes !

    Les fréquences idoines ont donc été attribuées aux quatre opérateurs Free, Orange, Bouygues et SFR cet automne et l’on voit sur la carte ci-dessous en date du 20 janvier 2021 que la France commence à s’équiper peu à peu…

    … Non sans difficultés, car cette technologie qui doit nous apporter des vitesses d’accès considérablement plus élevées qu’avec la 4G (utile pour les très grosses bases de données, la navigation en temps réel ou l’ Internet des objets ) souffre des mêmes réticences que la 4G en son temps : ne serait-elle pas dangereuse pour la santé, désastreuse pour le climat, syntonisée avec les vaccins et en lien direct avec les Illuminatis ?

    Eh bien non : un rapport de septembre 2020 commandé par le gouvernement concluait à l’instar de nombreuses autres études antérieures sur une absence de risque sanitaire, comme en témoignait l’absence de tout signalement de ce type dans les pays disposant déjà d’une 5G commerciale.

    Commerçants acceptant les cryptomonnaies en Europe

    ( coinmap.org , 20 jan. 2020)

    À l’instar de la 5G et comparée à ses voisins européens les plus directs, la France montre là-encore sa souplesse légendaire dans l’adoption des nouvelles technologies : l’usage des cryptomonnaies, mesuré ici par le nombre de commerçants les acceptant, y semble encore cantonné à une poignée de grandes villes. L’exception française joue à fond.

    Certes, la carte s’explique aussi par la densité de population. Mais il n’en reste pas moins que l’adoption des cryptomonnaies en France pâtit sans l’ombre d’un doute des politiques désastreuses que les différents gouvernements se sont empressés de pondre, Bruno Le Maire n’étant vraiment pas en reste pour enfiler âneries et contraintes bureaucratiques idiotes dont l’effet direct est de fusiller spécifiquement les entreprises françaises installées sur ce marché naissant.

    Si l’on y ajoute la fiscalité réellement confiscatoire et la méfiance voire l’allergie compulsive des pouvoirs publics à ce qui pourrait échapper à leur compréhension et à leur contrôle, on comprend pourquoi c’est plutôt la Suisse ou le Royaume-Uni qui attirent les start-ups du milieu.

    Liberté économique

    ( Heritage Foundation , Index 2020)

    L’Heritage Foundation calcule un indice de liberté économique allant de 0 (liberté la plus faible) à 100 (liberté la plus forte) à partir des 12 critères listés au bas du planisphère ci-dessus.

    Alors que la moyenne se situe à 61,6 pour les 186 pays étudiés, six pays dépassent les 80 (Singapour, Hong Kong, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suisse et l’Irlande) et la France, arborant fièrement la liberté dans sa devise mais guère au-delà, décroche un petit 66 bien serré, bien en dessous de ses grands voisins comparables comme le Royaume-Uni (79,3) et l’Allemagne (73,5) :

    Comme par hasard, l’un des scores les plus faibles qui expliquent ce 66 bien étriqué est le lamentable 4,5/100 attribué aux dépenses publiques, jugées beaucoup trop élevées. S’y ajoutent la pression fiscale et la rigidité administrative du marché du travail, deux entraves supplémentaires pesant lourdement en France.

    Des résultats désolants mais dont il n’y a malheureusement pas lieu d’être surpris.

    Conclusion

    La cartographie pourrait continuer, mais le tableau de ces « exceptions françaises » donne une image fidèle des problèmes graves dans lesquels le pays s’enfonce : à vouloir cultiver ses exceptions, le pays semble plutôt chouchouter ses erreurs et se satisfaire de ses mauvaises pioches.

    Malheureusement, rien n’indique que ni ses dirigeants, ni, plus triste encore, sa population, ne veuillent se ressaisir pour redresser le cap.

    Conclusion de h16 : Ce pays est foutu. Conclusion de Nathalie MP : Ça promet.