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      Une nouvelle aide pour les ex-boursiers diplômés qui peinent à trouver un emploi

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 12:27 · 2 minutes

    Les ex-boursiers diplômés qui peinent à trouver un emploi vont toucher une nouvelle aide (photo d

    POLITIQUE - Le gouvernement parle à la jeunesse. Enfin, il tente de répondre à sa détresse. La ministre du Travail, Élisabeth Borne , a détaillé ce vendredi 5 février, les contours d’une nouvelle aide pour soutenir les jeunes diplômés à la recherche d’un premier emploi, qui pourront conserver une partie de leur bourse d’études pendant quatre mois.

    “Je voudrais dire à tous les jeunes diplômés qui sont en recherche d’emploi et qui étaient boursiers au titre de l’année universitaire 2019-2020 qu’ils ont droit à une aide de quatre mois”, a indiqué la ministre sur France Bleu Paris.

    “Ils toucheront 70% du montant de leur bourse et 100 euros s’ils n’habitent plus chez leurs parents”, a-t-elle détaillé, avant d’inviter tous les jeunes diplômés concernés à contacter Pôle Emploi pour bénéficier du dispositif.

    “Ce sont plusieurs dizaines de milliers d’ex-étudiants boursiers qui pourront bénéficier de cette aide”, a également fait valoir Elisabeth Borne, pour un montant maximum de 500 euros par mois.

    Tous les moins de 30 ans, bac +2 minimum

    Cette aide entre dans le dispositif du “plan de relance des jeunes” proposé par le gouvernement et concerne tous les jeunes de moins de 30 ans diplômés en 2020 ou 2021 d’un bac +2 minimum, et ayant bénéficié d’une bourse sur critères sociaux pendant leurs études. Elle est disponible à compter de ce vendredi 5 février, une demande pouvant être déposée jusqu’au 30 juin prochain au plus tard.

    Et après? La question de la jeunesse est devenue centrale dans la gestion de la crise du coronavirus et de ses conséquences. Les témoignages et rapports scientifiques documentant la détresse tant financière que psychologique d’une partie des étudiants se succèdent. Tout comme les images d’interminables files d’attente devant les banques alimentaires.

    Autant d’arguments pour l’opposition qui pousse le gouvernement à réagir depuis plusieurs semaines . Outre la réouverture des facs, les Verts et la gauche réclament par exemple d’élargir le RSA aux 18-25 ans . Plutôt qu’un revenu garanti qu’il refuse, le gouvernement phosphore sur des aides à l’”égalité des chances” orientées justement vers les jeunes en difficulté qui veulent entrer sur le marché du travail.

    En ce sens, le délégué général de LREM Stanislas Guerini a proposé de créer un prêt à taux zéro de 10.000 euros pour chaque jeune de 18 à 25 ans pour les aider à se lancer dans la vie active, remboursable sur 30 ans. Suggestion que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a jugé intéressante.

    À voir également sur Le HuffPost: Ces étudiants au bout du rouleau racontent leur solitude et leur précarité

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      Étudiante en première année, le confinement m'a isolée et j’ai craqué - BLOG

      Maxine DB. · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 09:49 · 6 minutes

    Je me levais aux alentours de 12-13 heures pour avoir le moins de temps de journée à supporter et, à cette période, à 17 h 30 il fait nuit. Mes journées étaient courtes mais je n’arrivais quand même pas à m’endormir avant 2 ou 3 heures du matin. Je regardais des séries, des films, des vidéos sur mon ordinateur ou mon téléphone. J’ai commencé à dessiner un peu pour essayer de ne pas passer tout mon temps sur des écrans mais ça restait le divertissement le plus fréquent. (photo d

    CONFINEMENT - Seule dans mon studio, les seules activités que j’avais étaient dormir, regarder mon téléphone ou mon ordinateur, et surtout, penser. Penser quand on vit cette situation sanitaire est plutôt oppressant. Étant donné qu’il se passait très peu de choses dans mon quotidien, la moindre pensée, relation ou situation qui me tracassait devenait une obsession et je ressassais en permanence. Je passais mes journées et mes nuits dans mon lit, triste et ennuyée. J’avais beau me dire que ce n’était qu’une période, je n’arrivais pas à passer au-dessus. Ce n’était certainement pas ce à quoi je m’attendais pour ma première année d’ études !

    Dépression, solitude, pensées suicidaires, avec le hashtag #ÉtudiantsFantômes , des milliers d’étudiant. e. s témoignent de leur détresse psychologique et du sentiment d’abandon par le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire.

    Je suis arrivée sur Lyon fin août, quelques semaines avant ma rentrée , pour pouvoir profiter de la ville et des activités qu’elle avait à proposer avant de commencer ma première année en LEA à la fac de Lyon 2. Malgré les nombreuses complications pour rencontrer des gens à l’université à cause de la crise sanitaire, j’ai réussi à me faire une paire d’amis. J’ai eu à peine quelques semaines pour m’adapter au trajet “domicile-université”, au campus et aux cours, que sont arrivées les vacances de la Toussaint et, malheureusement, la fin des cours en présentiel.

    L’université a peu à peu “lâché” les élèves

    Dès mon retour de vacances, j’ai commencé les cours à distance. La fac ayant eu peu de temps pour s’organiser, je n’avais que quelques cours qui continuaient. Nous avions quand même quelques devoirs, mais surtout des partiels. Je n’ai pas du tout eu l’impression de passer des examens pour valider ou non mon semestre, mais de rendre de simples devoirs à la maison, c’était assez spécial.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Malheureusement, après la période de partiels, nous n’avons plus vraiment eu de travail. L’université a peu à peu “ lâché ” les élèves, les laissant petit à petit sans nouvelles. Certains professeurs ont arrêté de nous donner du travail, les mails d’information de la fac devenaient de plus en plus rares. J’avais l’impression que le suivi diminuait, et c’est encore le cas aujourd’hui. Pendant le deuxième confinement, je n’avais ni travail à faire pour m’occuper dans mon appartement ni activités à l’extérieur. Et le problème qui se pose quand on n’a plus rien à faire, c’est qu’on se décale dans tous les domaines.

    Je me levais aux alentours de 12-13 heures pour avoir le moins de temps de journée à supporter et, à cette période, à 17 h 30 il fait nuit. Mes journées étaient courtes, mais je n’arrivais quand même pas à m’endormir avant 2 ou 3 heures du matin. Je regardais des séries, des films, des vidéos sur mon ordinateur ou mon téléphone. J’ai commencé à dessiner un peu pour essayer de ne pas passer tout mon temps sur des écrans, mais ça restait le divertissement le plus fréquent.

    Mon alimentation: des pâtes et des céréales

    Le dérèglement lié au sommeil a engendré un dérèglement de mon alimentation. C’était assez compliqué de trouver la motivation de faire mes courses, mais surtout de me faire à manger. Alors j’ai commencé à manger essentiellement des pâtes et des céréales, mais sans sauter de repas hein!  Étant donné que c’était la première fois que je devais me débrouiller seule pour faire mes courses, que ça soit alimentaire ou autre, la motivation a disparu assez vite. J’étais vraiment la seule à pouvoir me gérer et c’est quelque chose dont je n’avais absolument pas l’habitude jusqu’à maintenant.

    Cette période d’environ un mois et demi a été très compliquée, car toutes les journées se ressemblaient, je ne pouvais voir personne ni faire grand-chose. Récemment, après le passage de tous les partiels, l’université a totalement arrêté d’envoyer des mails et je n’avais plus que deux cours sur cinq. De nouveau seule. Mes amis proches sont tous dans des villes différentes et ont cours normalement, donc mon rythme de vie est très différent du leur. J’avais déjà passé le premier confinement avec ma famille, je savais à quoi m’attendre et je n’avais pas envie de revivre la même situation. Je me suis dit que c’était plus facile de devoir me supporter seule plutôt que de devoir supporter ma famille. Alors je suis restée.

    Une petite dépression dont je me serais passée!

    J’avais prévu de rentrer chez mes parents pour les fêtes de fin d’année, mais j’ai commencé à me sentir vraiment mal et malade. J’ai fini par rentrer plus tôt, car la situation devenait insoutenable. C’est là que j’ai appris, en discutant avec plusieurs personnes travaillant dans le milieu médical, que j’avais entamé une petite dépression dont je me serais passée!

    Faute de vie nocturne, la solitude est grande pour les étudiant. e. s. Thomas et Lucie le partagent dans notre dernier podcast .

    Malgré le fait que ce soit encore compliqué d’envisager la reprise des cours, j’essaie de tenir bon jusqu’à la fin de l’année pour éviter qu’elle ne soit perdue. J’ai décidé de rentrer plus souvent chez mes parents pour pouvoir prendre un bol d’air de temps en temps. En revanche, je compte arrêter l’université l’année prochaine et me réorienter dans une école où le suivi est beaucoup plus assidu, pour éviter de me perdre à nouveau dans mes études.

    Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.

    À voir également sur Le HuffPost: Les trois annonces d’Emmanuel Macron pour l’enseignement supérieur

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      Frédérique Vidal, une ministre aussi fantôme que ses étudiants

      Jade Toussay · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 5 February, 2021 - 02:49 · 10 minutes

    Photo de Frédérique Vidal après sa nomination à la tête du ministère de l

    POLITIQUE - Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Paris Ve. Dans le bureau de Frédérique Vidal, malgré les piles de dossiers, l’ambiance est apaisée et la ministre, sereine en apparence. Très. Trop. En décalage complet avec le chaos administratif et psychologique que vivent étudiants et enseignants depuis le début de la crise du Covid . “J’ai eu pour la première fois des pensées suicidaires”, “l’impression que ça sert à rien”, “quand est-ce que notre détresse va être prise en compte à sa juste mesure”: les dizaines de témoignages recensés par le YouTubeur Hugo Travers le 31 janvier sont éloquents. Comment en est-on arrivés là?

    Tout avait si bien commencé. En mai 2017, après trois ans à se contenter d’un secrétariat d’État, l’Enseignement supérieur se voyait enfin doté, avec l’élection d’Emmanuel Macron, d’un ministère de plein exercice. Avec en bonus la Recherche et l’Innovation.

    Pour le diriger? Nulle autre qu’une ancienne universitaire. Issue de la société civile chère au nouveau Président. Frédérique Vidal peut se targuer d’une solide expérience dans le supérieur: elle a effectué toute sa carrière à l’université Sophia Antipolis à Nice et en prend la direction en 2012. Elle ne quittera son poste que pour entrer au gouvernement.

    “Une universitaire pure”

    Frédérique Vidal, née à Monaco en 1964, est un pur produit de la Côte d’Azur. Elle y a fait ses armes, de sa maîtrise de biochimie à son doctorat en sciences de la vie. Chercheuse, enseignante, puis maître de conférences avant d’accéder à la présidence en 2012, elle est une “universitaire pure”, sourit un membre de son ancien cabinet à la direction de Sophia Antipolis qui ne souhaite pas apparaître.

    Une “universitaire pure”, décrite par ceux qui l’ont fréquentée à l’époque comme “modeste”, “fidèle en amitié” et surtout désintéressée par son avancement personnel. Mais très offensive pour promouvoir l’université qu’elle dirige. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a attiré l’attention d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe. Comment? En poussant l’université azuréenne à participer aux “Initiatives d’excellence” (les Idex) , qui distinguent les meilleurs campus de France.

    “Le regard des gouvernances en place à Nice, c’était de dire que les Idex n’étaient pas pour nous, que nous étions trop petits. Et elle a décidé de prendre le contrepied”, se rappelle avec fierté son entourage de l’époque, évoquant une présidente capable de faire bouger les lignes et de motiver ses troupes. En 2016, sous sa direction, l’université de Sophia Antipolis remporte le prix. Et Frédérique Vidal rencontre le futur président de la République.

    “Comme notre projet avait aussi beaucoup mobilisé, au-delà de l’excellence académique, (…), j’avais été reçue par Emmanuel Macron, en tant que ministre de l’Économie, parce que nous avions passé un certain nombre de partenariats avec de grands groupes installés sur Sophia Antipolis”, raconte la ministre. Elle confie aussi avoir participé pendant la campagne à “un groupe” constitué pour “préparer le programme du président”.

    Un début d’engagement politique qui se concrétise en mai 2017. Alors qu’elle est en déplacement professionnel à New York, elle reçoit un appel d’Édouard Philippe. Puis, un second d’Emmanuel Macron lui confirme qu’il “est ravi de l’accueillir au sein de l’équipe gouvernementale”.

    Le Palais est donc ravi. Elle est “honorée” par la proposition, même si elle confie avoir été “très surprise dans un premier temps”. Le monde de la recherche se félicite de voir une des leurs accéder à ce poste décisif. Les syndicats étudiants et enseignants, eux, lèvent un sourcil: à Nice, Frédérique Vidal n’a pas laissé que des bons souvenirs et sa nomination est accueillie avec réserve.

    Le “mépris” de la ministre

    Ses premières décisions ne vont pas améliorer cette image. À peine arrivée, Vidal met les pieds dans le plat. Elle s’attaque sans hésiter à des dossiers sensibles comme la réforme de Parcoursup, l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers, puis un peu plus tard, la loi de programmation de la recherche, jugée déconnectée des besoins réels du milieu . Antoine Petit, directeur du CNRS nommé sur proposition de la ministre et qui l’a côtoyée lorsqu’elle était à Nice, y voit une preuve de “sa ténacité”, doublée “d’une force de caractère peu commune”.

    Ce trait de caractère, les syndicats le reconnaissent volontiers. Mais pour eux, c’est tout sauf une qualité. À l’Unef, on rit jaune lorsqu’on évoque ses capacités de dialogue. “Sur le fond des réformes, elle est loin d’être à l’écoute”, raille Mélanie Luce, la présidente du syndicat étudiant, qui évoque les trop nombreuses fois où Frédérique Vidal a fait fi de l’avis du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNERES). Disruptive, assurément.

    Au SNESUP-FSU , le “mépris de la ministre” envers les organisations syndicales, “dès lors que celles-ci ne vont pas dans son sens″, agace, selon les mots d’Anne Roger, co-sécrétaire générale. Au point, soulignent ces syndicats de gauche, qu’ils se sentaient plus écoutés par ses prédécesseurs parfois à l’opposé de leurs valeurs. “Avec les ministres précédents, au moins, on avait l’impression qu’il y avait une certaine conscience du rapport de force”, se souvient Mélanie Luce.

    Un reproche que la ministre dément fermement. “Le dialogue social est permanent au ministère et chacun doit assumer ses positions et ses divergences. Je crois profondément qu’une bonne politique publique est une politique construite avec les corps intermédiaires, les syndicats de personnels, mais aussi les associations étudiantes. Chacun dans son rôle, dans sa légitimité. C’est ce que je m’emploie à faire, oui c’est sans doute plus long, oui, cela crée du débat, et il peut arriver d’acter des points de désaccord. Et alors? C’est cela la démocratie!”, assure-t-elle.

    Malgré ces critiques et à la surprise générale, la ministre tient. Preuve en est, deux remaniements et un changement de Premier ministre plus tard, elle est toujours là. Dans l’entourage de Jean Castex, le 21 janvier, on n’a “jamais entendu le Premier ministre se plaindre de Madame Vidal ni de son travail”, promet-on. Pas un mot de plus. Service minimum.

    Il faut dire qu’au sein du gouvernement, la ministre n’est pas des plus visibles... Le 21 janvier, c’est Emmanuel Macron qui annonce — en personne — trois mesures de soutien pour les étudiants , dont le très symbolique repas à 1 euro au CROUS. Une habitude présidentielle, certes, mais la ministre, bien qu’à côté du Président ce jour-là, est invisible. Alors qu’à quelques rues du ministère, près de la Sorbonne, des distributions de nourriture sont organisées depuis plusieurs mois par les étudiants, pour leurs camarades en situation de précarité .

    “Ministre hors sol”

    Il ne faudra pas creuser longtemps parmi les autres conseillers de l’exécutif pour que l’embarras se fasse sentir. À demi-mot, une source gouvernementale reconnait que le dossier étudiant “n’est pas hyper bien maîtrisé”, mais nuance vite: “On est plus embêté par le dossier que par la ministre”. “C’est vrai qu’elle est fragilisée au regard des relations qu’elle a avec ses partenaires du quotidien, mais relativisons parce qu’il n’y a pas non plus de solution miracle”, défend la même.

    Trop tard, l’opinion générale est déjà faite: Frédérique Vidal serait déconnectée de la réalité étudiante. “Hors-sol”, selon la co-secrétaire du SNESUP-FSU, Anne Roger. Un surnom qui en dit long va alors s’imposer: “ministre fantôme”. Le sobriquet lui a été donné par ces étudiants, qui se sentent si transparents et délaissés qu’ils ont repris l’appellation. Hashtag #ÉtudiantsFantômes.

    “À chaque fois, Macron disait un mot par-ci par-là sur les universités dans ses annonces. Pareil pour Castex. Et à chaque fois, il fallait que j’appelle le ministère pour savoir concrètement ce que ça voulait dire”, s’exaspère la présidente de l’Unef. “Que Macron ne détaille pas tout, très bien. Par contre dans les conférences de presse ensuite, il n’y a pas eu Frédérique Vidal pour nous expliquer comment ça allait se passer”, poursuit-elle.

    La goutte d’eau? L’organisation des examens. Aux syndicats qui réclament un cadrage national , la ministre répond loi LRU, qui consacre l’autonomie des universités. “Ça ne se décide pas dans un bureau rue Descartes. Ça se décide au plus près des équipes et au plus près des étudiants.” Affaire classée pour le ministère, mais pas pour les syndicats: “Nous sommes en droit d’attendre un petit peu de cadrage dans les universités. La loi LRU ne doit pas permettre de créer des inégalités de traitement”, pointe Anne Roger.

    Ni “bête politique” ni “bête médiatique”

    Depuis le début de la crise sanitaire, Frédérique Vidal n’a pris la parole qu’à une seule conférence de presse de Jean Castex, le 14 janvier. À sa décharge, “le fait qu’elle soit présente ou pas, c’est le choix du collectif gouvernemental, pas le sien”, relativise un habitué du pouvoir. Mais, pointe-t-il également, “personne ne l’a empêché de faire des médias pour défendre le dossier étudiant”...

    Ce qu’elle n’a pas fait, en tout cas pas avant que les choses ne s’enveniment. Désormais — et après relecture de notre échange par son cabinet — elle “comprend que l’époque actuelle nécessite une visibilité médiatique plus forte pour mettre en valeur ses actions”. Aussitôt dit, aussitôt fait, elle a publié quelques jours après cet entretien une vidéo où elle s’adresse directement aux étudiants, saluant leur courage et leur “motivation” en ces temps troublés. Elle a aussi répondu aux questions de BFMTV , la même semaine, pour assurer le service après-vente du chèque psy. En progrès.

    “Ce n’est pas quelqu’un qui va tirer la couverture à elle. Frédérique Vidal n’est pas une bête politique, ce n’est pas non plus une bête médiatique, mais c’est quelqu’un de fondamentalement sincère”, la défend le patron du CNRS.

    Les syndicats reconnaissent volontiers ce point: arrivant sans bagage politique, Frédérique Vidal n’en traîne pas les casseroles. Elle n’a pas non plus le soutien qui vient avec un réseau consolidé au fil des ans. “On n’a jamais vu une telle disparition de l’Enseignement Supérieur. Les discours qui nous sont tenus montrent qu’elle n’arrive pas à se faire entendre”, renchérit Mélanie Luce. Exemple en mars 2020, où la ministre avait assuré aux syndicats étudiants que les universités resteraient ouvertes. La suite est connue.

    Frédérique Vidal est loin d’être “la meilleure communicante du gouvernement”, lâche un conseiller gouvernemental, avant de tempérer: “C’est vrai qu’on ne l’a pas incité à être en première ligne”. Ni sur les étudiants, ni sur la vaccination contre le Covid, alors qu’elle est en charge de la Recherche. Dans la sphère politique aussi bien qu’étudiante, un certain “manque de charisme” est évoqué.

    Elle est pourtant souriante. Mais définitivement trop discrète. Dans l’atmosphère feutrée de son bureau, sa voix douce s’entend à peine. Sauf lorsqu’elle s’amuse d’une question, sur sa lecture du moment. Il lui faudra quelques instants pour retrouver le nom exact du livre: “Une plaisante sieste philosophique dans le hameau de la vacance absolue” de Chuang-tzu, un essai taoïste, cette philosophie qui aspire à trouver l’harmonie. Les étudiants adoreraient.

    À voir également sur Le HuffPost: Ces étudiants au bout du rouleau racontent leur solitude et leur précarité

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      Covid-19: Ces étudiants au bout du rouleau racontent leur solitude et leur précarité

      Lucie Hennequin · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 20 January, 2021 - 17:04 · 2 minutes

    UNIVESRITÉS - Lassés, démoralisés et précarisés: les étudiants sont descendus dans la rue mercredi 20 janvier à travers la France pour dénoncer les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur leur existence quotidienne.

    Cette journée de mobilisation visait à “défendre les conditions de vie et d’études des étudiants ”, résume à l’AFP Mélanie Luce, présidente de l’Unef, à son origine avec d’autres organisations politiques et syndicales de gauche (UNL, Solidaires étudiants, les jeunes communistes, les jeunes insoumis, les jeunes écologistes...).

    Privés depuis plus de deux mois de cours en “présentiel”, contrairement aux élèves des lycées, des classes prépa ou des BTS, de nombreux étudiants éprouvent un sentiment d’injustice, comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo en tête d’article.

    Un quotidien fait de solitude et de précarité

    ″Quand vous allez aux Restos du coeur tous les mardis et que c’est votre seule sortie de la semaine, et que vous voyez la file s’allonger, ça vous fait quelque chose, ça vous brise, ça vous fait mal”, témoigne au micro du HuffPost, Lucas, un étudiant au sein du cortège parisien.

    Un sentiment de solitude et de précarité que partagent la plupart des étudiants présents, pour qui la fac était “le seul lieu de socialisation”. Une vie sociale rendue difficile par la fermeture des universités et les différents confinements. La semaine dernière, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que les étudiants de première année à l’université pourraient reprendre par demi-groupes les travaux dirigés en présentiel à partir du 25 janvier.

    Mais cela ne suffit pas. Le sentiment d’injustice vient s’ajouter aux autres inquiétudes des étudiants. “Fermer les facs est un choix politique. Ce n’est pas qu’un choix sanitaire, s’indigne Louise, étudiante. Ceux qui sont en prépa, les lycéens, les collégiens, les élèves de primaire... Tout le monde vit sa vie, sauf nous, c’est insoutenable.”

    #etudiantsfantomes

    Pour Mélanie Luce de l’Unef, il faut “rouvrir les facs pour tous les étudiants”. Si cela implique de dédoubler les classes, il est urgent de “recruter des professeurs de TD et titulariser des contractuels”, plaide-t-elle.

    Cette mobilisation, après des mois de malaise diffus, a pris corps avec l’apparition depuis plusieurs jours du mot-dièse ”#etudiantsfantomes” sur les réseaux sociaux.

    Le gouvernement a exprimé sa “préoccupation” face au “profond sentiment d’isolement” des étudiants et annoncé un renfort de psychologues et d’assistants sociaux. Un chèque de soutien psychologique, qui consiste à financer des consultations chez un psychologue de ville pour les étudiants en difficulté, devrait aussi voir le jour.

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