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      Huawei envisagerait de céder ses principales gammes de smartphones

      Julien Lausson · news.movim.eu / Numerama · Monday, 25 January, 2021 - 11:17

    Après avoir cédé sa marque Honor à un consortium chinois en novembre, Huawei pourrait recommencer cette année, cette fois avec ses gammes P et Mate. [Lire la suite]

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      États-Unis : « La liberté n’éclaire plus le monde »

      Jacques Garello · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 04:00 · 9 minutes

    États-Unis

    Par Jacques Garello.

    Le peuple américain doit s’unir autour du nouveau Président : c’est le commentaire le plus entendu après l’investiture de Joe Biden et son premier discours. La démocratie américaine doit être garantie, la paix et la justice doivent régner dans ce pays – ce qui s’est produit au Capitole ne doit plus jamais se répéter ( not ever ).

    Je ne crois pas que ce soit le plus important de ce qui nous attend, nous Français et nous Européens. Car le discours présidentiel, dans ses silences, peut être compris comme « La liberté n’éclaire plus le monde ».

    Je n’ai pas entendu une phrase concernant la présence des États-Unis sur l’échiquier mondial, même si le mur sur la frontière mexicaine cesse d’être construit, si le regroupement familial est instauré ; et même encore si les États-Unis rejoignent l’accord de Paris et l’OMS, instances sans développement durable.

    Les États-Unis divisés

    Je reviens un instant à l’union domestique autour du Président. Pour rappeler d’abord que s’il existe une tension actuelle entre citoyens américains de toutes sortes et de toutes races, elle n’est pas due aux extrémistes du Capitole dûment mis sous les feux de la rampe, mais aux progrès de l’État-providence sous la présidence Obama .

    En Amérique comme ailleurs, il creuse un fossé entre l’activité et l’assistance, entre le parasitisme et la responsabilité, entre ceux qui payent et ceux qui vivent à leurs dépens. Pour rappeler encore qu’au sein même de la majorité qui a élu Biden se trouvent des extrémistes de gauche décidés à renverser le système tant économique que politique.

    Ce sont d’authentiques révolutionnaires, anarchistes ou marxistes, tous désireux de dynamiter l’ordre public, police et armée en tête. Ils ont le soutien des universités naguère remarquables, mais devenues aujourd’hui les foyers des idées progressistes hostiles au droit, à la famille, à la diversité – on dit que ce sont les intellectuels français qui ont inspiré ce dramatique changement.

    Pour rappeler enfin que l’union voulue par Biden se veut jacobine. Elle va se heurter à un sentiment très profond dans la population américaine : le souci de l’indépendance des États membres de la fédération. Elle a été très menacée dans les débats sur l’avortement, la peine de mort, le port d’armes , mais elle a résisté à ce jour.

    C’est la diversité et la concurrence institutionnelle, réglementaire, fiscale, sociale, qui a fait à ce jour le succès des États-Unis, et le domaine réservé à Washington n’est que celui du respect de la Constitution et de la protection de la sécurité extérieure.

    Les États-Unis absents

    Je reviens ainsi à la sécurité extérieure : pas une phrase significative sur les relations entre les États-Unis et le reste du monde.

    Or, dans ce domaine, le mérite de Trump avait été de rompre avec l’insouciance et l’inconsistance de la diplomatie Obama. Trump avait alerté les nations libres sur les dangers représentés par le terrorisme islamique organisé par l’Iran et la vision hégémonique des communistes chinois.

    Les Israéliens s’inquiètent à juste titre de l’avenir des accords passés avec les Arabes et garantis par les États-Unis. Tous les peuples libres ont à redouter que la Chine domine prochainement le monde entier. Avec Biden à la Maison Blanche la question est désormais de savoir quelle sera la première puissance mondiale dans quatre ans, que restera-t-il de la liberté ?

    La Chine bien présente

    Économiquement les États-Unis ont encore la première place : 22 % du PIB mondial contre 17 % pour la Chine. Ces deux pays cumulent donc quelque 40 % du PIB mondial et exercent de ce fait une domination dans les règles et les mœurs des échanges internationaux.

    Cependant, les raisons de la réussite chinoise ne sont pas secrètes : espionnage industriel, embauche d’ingénieurs et techniciens étrangers avec des contrats très attractifs, personnel salarié « motivé » malgré l’absence de tout droit du travail, investissements massifs et choisis dans les pays cibles, en particulier en Europe et au Moyen Orient, tout au long de la « route de la soie ».

    Les Chinois se disent capitalistes et concurrentiels , mais la propriété du capital n’est possible que pour les personnes agréées par le pouvoir, et la concurrence est déloyale. C’est l’exemple le plus éclatant de ce « capitalisme de connivence », alliance de la classe politique et des milieux d’affaires, hélas bien trop fréquente dans les pays dits libres – à cela près qu’en Chine classe politique et milieu d’affaires sont confondus.

    La dictature du Parti

    Politiquement, la dictature du Parti communiste chinois ne s’est jamais desserrée. Il n’existe aucune possibilité d’opposition, aucune liberté de la presse tant écrite que télévisée que numérique.

    Il existe des camps de concentration, notamment un million de Ouïgours en rééducation . Hong-Kong a été repris et les défenseurs de la liberté sont en prison . Taïwan est l’objet d’ attaques incessantes , les eaux de la mer de Chine sont sillonnées par une flotte de guerre équivalente à celle des États-Unis, et qui doit doubler dans les cinq ans à venir.

    Enfin et non le moindre, la Chine a créé un réseau d’amis et correspondants dans le monde entier, dont la mission est de tempérer les critiques de la dictature. Ces réseaux, particulièrement actifs en France, sont pour beaucoup dans l’indulgence et la désinformation dont bénéficie le PCC dans notre pays et en Europe.

    Choix stratégiques des démocraties

    Il est vrai que les pays dits démocratiques hésitent entre trois stratégies : l’amitié, c’est-à-dire les yeux fermés sur la dictature, la contenance, c’est-à-dire neutraliser les méfaits de la dictature, et l’agression, c’est-à-dire la lutte contre le PCC.

    L’hésitation, en dehors de la corruption bien rentable, provient du poids déjà acquis par la Chine dans la croissance mondiale. La Chine détient le monopole ou une position dominante pour plusieurs produits (l’industrie pharmaceutique, comme l’a révélé l’histoire du Covid), la Chine est un marché intérieur lucratif pour beaucoup d’exportateurs européens ou américains, les exportations chinoises accroissent le pouvoir d’achat des consommateurs du monde entier. Par l’importance de ses avoirs et de ses dettes en dollar, la Chine pèse sur la finance mondiale.

    Mais la crainte de voir la Chine coloniser totalement le reste du monde, à commencer par l’Europe, peut au contraire justifier une politique de contenance, comme celle que les États-Unis avaient adoptée du temps de Kissinger – en vain, car l’URSS avait compris la non-intervention comme un passeport pour l’extension du communisme.

    Reste l’agression, à la manière de Reagan et de la Star wars contre « l’Empire du mal ». Elle suppose une capacité de riposte armée considérable, dont seuls les Américains disposent encore, sans doute pour peu de temps. Donald Trump a été à la limite de la contenance et de l’agression. Durant ses tout derniers jours de présidence il a pris un décret pour interdire sur le sol américain l’application vidéo chinoise TikTok accusée à juste titre d’espionnage technique et militaire.

    États-Unis : quel choix pour la France et l’Europe ?

    Dans les silences profonds de Joe Biden sur ces questions, il est légitime de s’interroger sur ce que fera la nouvelle administration américaine. Mais il va de soi que la France et l’Europe sont directement concernées par l’orientation de Washington.

    La position américaine est d’autant plus déterminante et attendue que l’Europe a déjà fait un premier pas dans la direction de l’amitié. Le 30 décembre dernier, le Président Xi Jinping a signé avec Ursula Von der Leyen, et Charles Michel, dirigeants de l’Union européenne, un accord sur les investissements chinois en Europe et européens en Chine.

    Angela Merkel, présidente actuelle de l’Union, a poussé pour la signature de cet accord. Ce qui signifie que les Chinois ont porte ouverte sur les pays de l’Union, tandis que les investisseurs européens sont bienvenus en Chine ; mais sous surveillance des dictateurs naturellement.

    La balance stratégique va-t-elle pencher d’un côté ou de l’autre avec la politique américaine à venir ? Je ne connais évidemment pas la réponse puisque Joe Biden a parlé de la démocratie aux États-Unis, mais pas du tout de la démocratie dans le monde, actuellement menacée par la Chine et l’Iran.

    Se mobiliser pour la liberté

    J’entends aussi deux discours qui me semblent dangereux, voire stupides.

    L’un soutient que la démocratie ne peut pas lutter contre la dictature, il faut donc un pouvoir fort installé dans les pays démocrates (ce qui est un oxymore).

    L’autre garantit que les démocraties occidentales, scellées par un accord entre USA et Union européenne, pourront se hisser au niveau chinois si un effort d’équipement et de formation était consenti dans tous les pays à l’initiative des États concernés et avec l’appui de la Banque centrale.

    David a évidemment toutes les chances de battre Goliath, mais David n’a même pas une fronde. Il faut donc être naïf pour remettre à plus tard les réformes indispensables pour relever le défi chinois.

    Je conclus que nous sommes aujourd’hui désinformés et endormis par l’idée que tout va s’arranger dans un avenir plus ou moins proche, puisque nous pouvons jouer sur la dette publique et la clairvoyance des investisseurs publics qui vont sérieusement prendre en mains l’abondante épargne privée.

    Que les États-Unis soient toujours les combattants de la liberté dans le monde, comme ils l’ont été contre les nazis, contre les communistes, c’est évidemment ce que nous pouvons tous souhaiter. Mais de toute façon les États-Unis ne pourront pas assurer cette mission si la France et l’Europe, elles aussi, ne se mobilisent pas pour la démocratie, et ne se libèrent pas de l’État-providence. Elles doivent au contraire miser sur l’énergie et la foi que donne le retour à la liberté, à la responsabilité, à la propriété et à la dignité.

    Cet article a été également publié dans la Nouvelle Lettre en date du 21 janvier 2021.

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      Persécution des Ouïghours : le régime chinois est bien communiste

      Lionel Chanel · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 18 January, 2021 - 04:00 · 4 minutes

    Par Lionel Chanel.

    Les Ouïghours , cette population turcophone et musulmane de la province chinoise du Xinjiang, sont assujettis au pouvoir communiste de Pékin depuis 1950. Les camps de rééducation, lieux d’enfermement et de tortures physique et psychologique, représentent l’aspect le plus répugnant du totalitarisme à l’œuvre en Chine contre cette minorité.

    Des témoignages, comme celui de Gulbahar Haitiwaji , une rescapée de ces camps qui vient de sortir un livre sur son expérience de détenue , permettent de se faire une idée de l’enfer que subissent les Ouïghours.

    En plus des camps, les attaques contre la religion musulmane, contre le patrimoine architectural et l’isolement forcé auquel sont forcés les Ouïgours représentent d’autres méthodes de ce qui peut s’apparenter à un nettoyage ethnique. Le système de surveillance repose sur un « quadrillage » ( wange en langue chinoise) qui permet de récolter des informations sur la population par plusieurs canaux : écoutes téléphoniques, interceptions électroniques, perquisitions… Mais également, dans les régions où se manifeste une forte contestation du pouvoir communiste, ce dernier impose le rationnement de l’eau et des taxes supplémentaires.

    Le but de Pékin est de réduire à presque rien, sinon d’éliminer totalement, la culture ouïghoure. D’ailleurs le nom même de Xinjiang, « nouvelle frontière » traduit cette volonté de transformer cette région en une province parfaitement chinoise où elle envoie, parfois par wagons entiers, depuis des décennies, des colons chinois pour y faire grossir la population han.

    L’Autre, ennemi du régime

    La répression de populations pour des motifs ethniques n’est pas une nouveauté dans l’histoire du communisme. De la « décosaquisation » initiée par Lénine en 1919 aux persécutions, par les Khmers rouges, de la minorité musulmane cambodgienne des Chams, en passant, en URSS, par l’extermination des Ukrainiens par la faim (Holodomor) dans les années trente et la déportation des « peuples collaborateurs » durant la Seconde Guerre mondiale, nombreux furent les victimes des bouchers communistes assassinées en raison de leur appartenance à une nation ou une ethnie différente.

    Comment une doctrine fondée sur la « lutte des classes » et la « guerre contre la bourgeoisie » a-t-elle pu guider ses répressions et ses meurtres de masse par des impératifs ethniques ? C’est Thierry Wolton qui nous donne la réponse, dans le troisième volume de son Histoire du communisme .

    Les pouvoirs communistes, explique-t-il, dans leur désir de bâtir la cité idéale, devaient faire table rase du passé et détruire tout ce qui rattachait les hommes à l’ancien monde.

    La culture et la religion, évidemment, faisant partie de ces obstacles à éliminer, il n’est pas étonnant que l’utopie communiste se soit muée en « national-communisme » : la diversité des peuples formait un barrage sur la route menant à l’avenir radieux, il fallait donc l’éliminer. Il écrit :

    « Le national-communisme , […] est la seule voie possible que peut emprunter l’idéologie si elle veut trouver une concordance a minima avec la réalité 1 ».

    Ce décalage constant entre utopie et réalité trouvait, aux yeux des communistes au pouvoir, un élément d’explication chez l’Autre, considéré comme un ennemi du régime. Ce dernier étant totalitaire, il devait fatalement trouver des boucs-émissaires chez des peuples « étrangers ».

    Thierry Wolton écrit :

    « Le nationalisme est devenu prépondérant dans les régimes communistes dès que ceux-ci ont été en butte à des difficultés. Tous ont fini par s’y adonner car tous ont connu l’épreuve de vérité, l’inadéquation entre théorie et pratique, quand l’idéologie s’est brisée sur les écueils de la réalité. Le repliement sur soi des régimes totalitaires, qui est une obligation pour s’assurer une totale emprise sur la population, a provoqué un complexe obsidional qui a alimenté cette fuite en avant nationaliste 2 . »

    La véritable nature du communisme

    L’obsession ethnique, voire raciale, est-elle étrangère aux fondateurs du marxisme ? À lire certains de leurs écrits, non.

    La correspondance de Marx et Engels nous fournit des perles que la revue Histoire et Liberté , en 2006, avait mis en lumière 3 .

    Marx, ainsi, parlait des Espagnols : « Les Espagnols sont déjà des êtres dégénérés. Mais un Espagnol dégénéré, un Mexicain, voilà l’idéal. »

    Commentant un livre de l’anthropologue Pierre Trémaux, Marx dit à Engels que la preuve est faite « que le type nègre n’est qu’un type bien supérieur dégénéré » .

    À propos de la nation polonaise, Engels explique à Marx que « tout ce que les Polonais aient jamais fait dans l’histoire, ce sont des sottises » , et la qualifie même de « fainéante » . Il la compare à la Russie qu’il juge supérieure, malgré « toute sa vulgarité et sa malpropreté slave » .

    Le traitement inhumain infligé aux Ouïghours reflète la nature véritable du communisme.

    1. Thierry Wolton, Une histoire mondiale du communisme, tome 3, Les victimes, Paris, Grasset, 2015, p. 192.
    2. Ibid., p. 223.
    3. Histoire et liberté , printemps-été 2006. Toutes les citations qui suivent en sont extraites.
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      Pour la Chine, le capitalisme est un outil, rien de plus

      Yves Montenay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 14 January, 2021 - 04:00 · 13 minutes

    la Chine

    Par Yves Montenay.

    La Chine fascine et effraie à la fois. C’est une grande puissance inquiétante, mais aussi un modèle pour certains. Comme toujours, l’histoire éclaire le présent.

    Un peu d’histoire pour commencer

    Il faut d’abord se souvenir que la Chine sort de plus d’un siècle de soubresauts et d’humiliations puis d’un naufrage presque total sous Mao. Cet empire millénaire qui enseigne à ses enfants une haute image de lui-même cherche à prendre sa revanche. Comme l’Allemagne d’Hitler, la Russie de Poutine et la Turquie d’Erdogan, mais avec le poids de 1,4 milliard d’habitants.

    C’est dans ce contexte, pour survivre d’abord, pour prendre sa revanche ensuite que la Chine utilise le capitalisme. Comme un outil, pas par conviction. L’actualité symbolisée par les attaques contre le groupe privé de Jack Ma semble montrer que cet outil peut être jeté maintenant que l’on estime ne plus en avoir besoin.

    Commençons par ces humiliations et ce naufrage.

    Plus d’un siècle de troubles profonds

    La Chine avait été envahie et battue par les Anglais en 1839 lors de la première guerre de l’opium, puis par l’ensemble des Occidentaux, Japonais compris ensuite. Elle était pratiquement devenue une colonie et tous les pays développés qui disposaient de concessions (quartiers sous leur administration)

    En 1911, la république chinoise est proclamée après le règne catastrophique de l’impératrice traditionaliste Cixi , au pouvoir de 1860 à 1908 avant de laisser la place à l’empereur-enfant Puyi.

    Mais le remplacement de l’empire par la république ne résout rien. C’est le temps de l’anarchie et des seigneurs de la guerre qui règnent sur certaines régions. Un capitalisme spontané se met en place notamment à Shanghai. Après Sun Yat-sen, premier président, arrive Tchang Kaï-chek qui doit faire face à la dissidence communiste menée par Mao et à l’invasion japonaise dès 1934… et je simplifie énormément une période complexe et troublée.

    Les Américains vont aider Tchang Kaï-chek à battre les Japonais qui capitulent en 1945. Mais le pays est épuisé et les communistes contrôlent le continent en 1949, tandis que Tchang Kaï-chek et son armée se réfugient à Formose, aujourd’hui Taïwan. L’élite économique de Shanghai se réfugie à Hong Kong, alors colonie britannique libérale et ouverte sur le monde.

    La catastrophe communiste

    Le régime communiste multiplie les erreurs économiques et les répressions. Il commence par l’exécution de 5 millions de propriétaires terriens, mais au lieu de distribuer les terres aux paysans comme promis, il crée l’équivalent des kolkhozes soviétiques. Le résultat est le même : la famine .

    Parallèlement les entreprises privées sont nationalisées.

    Deux crises aggravent la situation :

    • « Le grand bond en avant » de 1958 avec la création de super-kolkhozes sommés d’avoir une production industrielle. C’est un échec, avec 30 millions de personnes mortes de faim.
    • Puis la « révolution culturelle » en 1966, une guerre civile par laquelle Mao reprend le pouvoir qu’il avait perdu à la suite de l’échec du « grand bond en avant ». C’est la casse de ce qui reste de la culture traditionnelle avec la destruction des livres, objets d’art et monuments…

    À la mort de Mao en 1976, le pays est plus misérable que jamais, l’enseignement supérieur a été détruit et un grand nombre de cadres tués ou démis.

    La Chine actuelle : rattrapage et capitalisme

    Deng Xiaoping réforme profondément le pays. Il rétablit d’abord la situation alimentaire en donnant la jouissance, mais non la propriété, de la terre aux paysans. Il ouvre la Chine aux investissements étrangers et autorise un secteur privé national, qui va se développer rapidement, mais en conservant les entreprises publiques.

    Ce secteur privé comprendra des PME aux activités artisanales ou très locales, comme partout ailleurs dans le monde, et des sous-traitants ou des associés (parfois obligatoires) des entreprises étrangères. Ces dernières devaient leur transférer leur technologie en contrepartie de l’autorisation d’implantation.

    Remarquons que le régime prend soin de répéter que le régime est « le socialisme de marché », et non le libéralisme ou le capitalisme. L’OMC vient d’ailleurs de nier à la Chine la qualification d’économie de marché, car elle fausse la concurrence en privilégiant et subventionnant ses entreprises nationales par rapport aux étrangères. Il ne reste donc que le socialisme !

    L’économie chinoise se développe donc, mais en partant de très bas. C’est le rattrapage , comme pour les autres pays de la région. Malgré des taux de croissance très remarqués, le niveau de vie n’est en 2019 que le sixième de celui des États-Unis, avec de très fortes inégalités entre les villes de l’est du pays et les campagnes. Beaucoup de leurs habitants n’y survivent que par les envois des travailleurs migrants qui travaillent en ville mais restent administrativement rattachés à leur village d’origine, et en particulier ne bénéficient pas des droits sociaux des urbains.

    En 2010, la Chine devient la seconde puissance économique mondiale et commence à investir à l’étranger . Elle proclame qu’elle sera bientôt la première.

    La chine en comparaison avec le Japon et Taïwan

    La comparaison entre la Chine et le Japon est parlante. Les deux pays avaient plusieurs siècles de retard sur l’Occident, mais étaient convaincus de leur supériorité sur les barbares que nous étions. Il a fallu la force des armes pour qu’ils acceptent de s’ouvrir, les guerres de l’opium pour la Chine et l’arrivée de la flotte américaine en 1853 pour le Japon. Dans les deux cas il y a ensuite eu de féroces luttes intérieures entre modernistes prenant acte de supériorité occidentale et voulant s’en inspirer, d’une part, et traditionalistes d’autre part.

    Les deux pays ont été ensuite la destination de très importants investissements de la part d’entreprises occidentales. Ces dernières ont bénéficié de la relative alphabétisation de la population, contrairement à celle de l’Afrique. Par contre l’ordre public qui a régné à partir de 1868 au Japon a donné de l’avance à ce pays sur la Chine qui est restée presque toujours anarchique jusqu’à la mort de Mao, donc a décollé un siècle plus tard !

    Encore une fois, le rattrapage de l’Occident n’est pas du tout un miracle. Ce qui interpelle c’est que peu de pays l’aient réussi. Il s’agit principalement du Japon, de Taïwan , de la Corée du Sud , de Singapour et de feu Hong Kong , tous de civilisation chinoise ou très proches… et qui sont des démocraties… et qui n’ont pas bloqué l’apport libéral, dont le capitalisme…

    Je risque une hypothèse : ces pays ont attiré des étrangers non pas seulement par leurs bas salaires comme on dit habituellement, mais par l’ordre public qui y règne bien davantage que dans bien d’autres pays où les salaires sont encore plus bas.

    Cet ordre public doit assurer d’abord la sécurité physique, mais aussi la sécurité juridique, et c’est là que le comportement chinois détonne.

    Un changement de direction avec Xi

    En effet, en Chine, cet ordre juridique est en fait une tolérance très variable dans le temps et selon les entreprises. Et cette tolérance régresse considérablement actuellement.

    Alors que pendant longtemps, on espérait que le développement apporterait la démocratisation , cet espoir a été déçu avec l’arrivée au pouvoir du président Xi, puis avec les réformes constitutionnelles qui ont pérennisé ce pouvoir.

    Il s’agit aujourd’hui d’un pouvoir personnel, qui se consolide en permanence avec le perfectionnement du contrôle social et le retour du parti dans les entreprises, même étrangères .

    Une dernière étape est apparue récemment, avec la répression des témoins du début de la pandémie à Wuhan et avec le blocage des grandes réussites industrielles privées. C’est ce dernier point qui a ému la presse économique qui, jusqu’à présent, accueillait assez passivement les informations sur les multiples répressions.

    L’énorme goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le blocage, 24 heures avant son lancement, du grand projet d’augmentation de capital lancée en bourse par la société Ant spécialisée dans une sorte de courtage de crédits. Quelques jours plus tard, c’est sa maison-mère, Alibaba , géant mondial des paiements par son application Alipay qui était critiquée.

    La presse réalisa alors que le patron de ce groupe, le célébrissime Jack Ma n’avait plus été vu depuis trois mois alors qu’il est en général médiatiquement très actif. Et qu’il s’était fait notamment remarquer par une critique des banques d’État, jugées très passives en matière de crédit… ce qui avait laissé supposer qu’il s’apprêtait à les concurrencer. Or les banques d’État sont non seulement à la fois le symbole et le moyen d’action de l’État communiste, mais de plus sont dirigées par des « princes rouges » politiquement puissants.

    La presse se souvint alors d’autres affaires un peu brutales. Il y a quelques années une jeune entrepreneuse s’était fait condamner à mort pour avoir court-circuité les banques en se finançant sur un marché financier de gré à gré. D’autres ont suivi, et aujourd’hui le dernier condamné à mort est Lai Xiaomin , patron de la plus grande société chinoise de gestion d’actifs.

    Tout cela a sonné le réveil des grands patrons occidentaux qui continuaient à rêver au « vaste marché chinois » dans lequel il fallait à tout prix s’implanter quel que soit le contexte politique : « les États peuvent se fâcher, mais qu’ils ne bloquent pas les affaires ! À chacun son boulot ».

    On trouve un exemple de cette attitude dans la signature fin décembre 2020 du projet d’accord entre l’Union européenne et la Chine, où cette dernière promet d’ouvrir aux entreprises occidentales l’accès de quelques marchés jusqu’à présent réservés aux entreprises chinoises. Ce projet n’enthousiasme pas les politiques au gouvernement français et au Parlement européen.

    Tout cela, s’ajoutant à l’apparition du virus, n’est pas bon, et la Chine a lancé une offensive médiatique pour redorer son image.

    Une légende dorée et sa critique

    Une série de témoignages chinois, mais aussi d’Occidentaux vivant en Chine, décrivent un pays quasi idéal avec une sécurité totale, un régime aux petits soins pour les populations confinées pour cause de virus, comme le dépôt de repas à leur porte par les comités de quartier, ce qui, au passage, rappelle l’encadrement de la population tel que je l’ai connu dans les pays communistes d’Europe. Les témoins évoquent également les équipements collectifs qui illustrent le soin que l’on prend de la population, comme le métro, les aires de jeux pour enfants…

    Mais cette légende dorée est accueillie avec un scepticisme croissant.

    Nous avons vu que le niveau de vie moyenn était médiocre et très inégal entre les groupes sociaux, ce qui veut dire que ceux en dessous de la moyenne sont encore très bas.

    Et la campagne de promotion de la Chine à l’international a des résultats inégaux. Les sondages tout autour de la planète montrent que l’image du pays s’est fortement dégradée.

    Prenons l’exemple de l’Afrique.

    La coopération entre la Chine et l’Afrique tourne à l’aigre

    La Chine a décidé d’intensifier sa coopération sanitaire avec l’Afrique. Après l’envoi de vaccins insuffisamment testés selon les normes occidentales, elle entreprend la construction d’un immeuble de 40 000 m² destiné à être le siège de l’organisation panafricaine de contrôle et de prévention des maladies. Les mauvaises langues disent que, comme le précédent immeuble offert par la Chine pour le siège de l’Union africaine, cet immeuble est truffé de caméras et de micros.

    Mais surtout sa construction n’a pas attendu son autorisation par l’Union africaine, alors que d’autres pays sont en compétition pour ce siège. Le Maroc a notamment l’appui des États-Unis et de la France. Bref, la Chine s’impose, ce qui n’est pas toujours bien vu, mais de là à refuser une aide…

    On sent également un désenchantement des pays « bénéficiaires » des « routes de la soie », cette pluie d’investissements en infrastructures promises par la Chine. On note des surcoûts vertigineux laissant supposer une importante corruption des gouvernements locaux et de responsables chinois, on voit avec inquiétude arriver le remboursement des dettes et la saisie en cas de défaut des infrastructures ou des mines.

    Mais si les peuples grognent, les gouvernants semblent apprécier les coups de main discrets que les Occidentaux ne peuvent plus donner, sauf à se faire condamner en France aux États-Unis et probablement ailleurs pour « corruption à l’étranger ».

    Conclusion : « plus riche que Xi, tu meurs »

    Tout cela est très loin du capitalisme libéral qui a développé l’Occident, puis les pays l’ayant imité. Ce ne devrait pas être une surprise, car le régime n’a jamais renié le communisme. Rappelons qu’en langage marxiste le socialisme est le stade qui précède communisme et son « avenir radieux » et que l’engrenage de l’histoire est irréversible.

    S’il a évoqué « le socialisme de marché », le gouvernement chinois n’a pas renié son objectif. Le marché était un moyen de réparer les dégâts du maoïsme. Xi s’estime maintenant assez fort pour abandonner ce moyen qui n’avait jamais été mis complètement place, comme vient de le constater l’OMC . L’heure de la revanche a sonné, mais c’est proclamé tellement fort que cela indispose le reste du monde.

    Et puis, jeter « l’outil capitaliste », n’est-ce pas scier la branche sur laquelle on est assis ? Ce sont des capitalistes chinois qui financent et font tourner matériellement le reste de l’économie !

    Enfin, un régime, ce n’est pas une abstraction désincarnée. Il y a des hommes qui veulent le pouvoir, puis qui veulent le conserver. Ces hommes n’ont rien de libéraux ni économiquement, ni politiquement, ni socialement. Il faut les révérer sinon on risque sa carrière et peut-être sa vie. En France on dit « la parole est d’argent mais le silence est d’or » . En Chine on n’évoque même plus la parole, et on se borne à dire « le silence est un ami qui ne trahit pas » . Jack Ma semble l’avoir oublié.

    Et peut-être a-t-il commis une autre maladresse, être plus riche en argent ou en influence, que le chef ! C’est impardonnable ! Fouquet défiant involontairement Louis XIV et bien d’autres l’ont appris à leur dépens.

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      La Chine pourrait nationaliser Alibaba à cause des critiques de son patron

      Julien Lausson · news.movim.eu / Numerama · Tuesday, 12 January, 2021 - 10:26

    Chine

    La pression est de plus en plus forte sur Alibaba et son fondateur, Jack Ma. Alors que ce dernier a disparu de la circulation depuis quelques semaines, et que le régulateur bancaire met la pression sur les activités de son groupe, c'est désormais la carte de la nationalisation de la société qui pourrait être abattue. [Lire la suite]

    Voitures, vélos, scooters... : la mobilité de demain se lit sur Vroom ! https://www.numerama.com/vroom/vroom//

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      Avant de partir, Donald Trump s’attaque à 8 autres applications mobiles chinoises

      Julien Lausson · news.movim.eu / Numerama · Thursday, 7 January, 2021 - 16:11

    donald trump

    Donald Trump est au crépuscule de son mandat. Néanmoins, il ne se montre pas inactif pour autant. En début de semaine, il a pris un décret pour interdire les transactions avec huit applications chinoises. [Lire la suite]

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      La Chine et l’Occident : des relations en danger

      Yves Montenay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 26 December, 2020 - 04:45 · 12 minutes

    chine

    Par Yves Montenay.

    En quelques années les perceptions réciproques de la Chine et de l’Occident se sont transformées.

    Il y a encore peu, les deux se voyaient complémentaires. La Chine absorbait à toute vitesse l’argent, les hommes, les méthodes et les techniques occidentales pour se développer, et ce développement donnait aux entreprises occidentales l’accès à un eldorado. C’était à la fois l’usine du monde, ce qui a largement profité à Apple, et un marché fantastique, actuellement le plus important de la planète.

    La perception actuelle est presque opposée : son développement a fait de la Chine la deuxième puissance mondiale et bientôt la première. Cette puissance est de plus en plus orgueilleuse et hostile, les entreprises étrangères y sont bridées et pillées de mille façons, tandis que les coûts salariaux sont de moins en moins compétitifs.

    Et par-dessus tout la Chine prend plaisir à attaquer les démocraties dans leur essence même, en promouvant un système politique bien agréable pour les dirigeants notamment africains, mais pas forcément pour les populations, et encore moins pour celles de l’Occident habituées à la démocratie.

    C’est le divorce.

    Un divorce politique, qui n’est certes pas nouveau, mais qui s’accentue alors qu’on imaginait qu’il disparaîtrait avec le développement. Mais aussi un divorce économique avec une remise en cause du capitalisme qui avait pourtant tant apporté à ce pays.

    Ce divorce est difficile parce que tant la Chine que l’Occident continuent à avoir de mille façons besoin de cette complémentarité qui a maintenant plus de 30 ans.

    Bref, on avait oublié le divorce politique, le divorce économique pointe, mais pour l’instant chacun garde deux fers au feu.

    Fin de l’espoir de la démocratisation par le développement

    Souvenez-vous des discours du genre :

    « Quand on est pauvre, on ne pense qu’à la nourriture. En cultivant si on est paysan, sinon en gagnant quatre sous pour en acheter. Et il faut sans cesse veiller à ne pas se faire violenter ou tuer par ceux qui veulent vous prendre le peu que vous avez. L’autorité, même rude, est bienvenue.

    Quand on commence à être à l’aise et assuré de pouvoir se payer ses repas, on commence à penser à autre chose. On constate que l’autorité peut être prédatrice et de toute façon gêne notre liberté. On devient démocrate . »

    Ainsi George W. Bush déclarait, en 1999, que « la liberté économique crée des habitudes de liberté. Et les habitudes de liberté créent des désirs de démocratie… ».

    Et en 2000, on faisait entrer la Chine à l’OMC au nom des libertés économiques, pensant promouvoir à cette occasion les libertés politiques.

    Le raisonnement était même parfois géopolitique : « les guerres, c’est bon pour les pauvres, les pays civilisés commercent et constatent que c’est bénéfique aux deux parties. »

    Bien entendu, ceux qui tenaient ces discours oubliaient les guerres entre pays riches pourtant très nombreuses en Europe occidentale. Ils oubliaient aussi les dictatures acceptées par « les classes moyennes inférieures » qui réprimaient les élites politiquement libérales et les classes « dangereuses » pauvres.

    C’est le cas du fascisme, du nazisme et des innombrables populismes, mais ils sont souvent présentés soit comme des exceptions à la règle générale de démocratisation par le développement, soit comme une réaction à un événement exceptionnel, comme l’hyperinflation allemande des années 1921-1923 qui expliquerait la montée du nazisme. Rappelons que pour une base de 1 en 1914, l’indice des prix était à 10 après la guerre et à 1000 milliards en novembre 1923.

    Cette théorie sympathique de la démocratisation spontanée oubliait que la prise de pouvoir autoritaire ou dictatoriale venait souvent de l’action d’un petit groupe, tels les bolcheviques dans la Russie de 1917. Certes, ils exploitaient une situation nationale difficile, la Première Guerre mondiale en l’occurrence, mais qui avait bien d’autres solutions possibles comme en ont témoigné les autres pays européens et aujourd’hui les pays asiatiques…

    Bref, une fois de plus, les optimistes furent désavoués.

    La « désillusion Xi » et l’évolution vers la dictature en Chine

    Nous avons vu dans mes articles précédents la dérive dictatoriale de Xi, avec le durcissement du contrôle social : généralisation de la reconnaissance faciale pour les actes courants, contrôle des réseaux sociaux, contrôle politique, dont celui de Hong Kong, et celui de la pensée et du travail des Ouighours…

    La plus récente des innombrables victimes a été Ren Zhiqiang. Ce dernier, membre du PCC et magnat de l’immobilier chinois, fut accusé en 2016 de « salir l’image du Parti et de la Chine » , officiellement pour des faits de corruption, mais en fait pour avoir critiqué la censure croissante que le Président Xi Jinping faisait subir aux médias chinois. Il a ajouté à ses premiers torts celui de critiquer la gestion du Covid-19. Il fut condamné en septembre à 18 ans de prison.

    Nous avons vu également que si le développement économique de la Chine n’avait rien de miraculeux , car tous les pays sérieux font de même (hélas, ils ne sont pas nombreux). Il est néanmoins impressionnant de voir un pays de 1,4 milliard d’habitants prendre sa place normale, c’est-à-dire 20 % de la planète à tous les points de vue, militaire compris… et même davantage car la moyenne planétaire est tirée par le bas, justement par les pays qui ne sont pas sérieux.

    C’est ce développement impressionnant qui a nourri l’orgueil de Xi, et probablement celui d’une majorité de Chinois. Cet orgueil semble l’avoir convaincu que son système était le meilleur, ou du moins qu’il pouvait s’appuyer sur ses résultats pour consolider son pouvoir ; et ce d’’autant plus qu’il aurait ressenti un mécontentement et des menaces.

    Cette répression rappelle la méthode maoïste de jauger chacun à partir de son adhésion à « la pensée de Xi », maintenant enseignée partout. Il s’y ajoute le retour des cellules du Parti communiste au sein des entreprises privées , et le président a insisté pour que l’avis de ces cellules soit pris en compte par la direction de l’entreprise.

    Ce qui signifie que l’on change de système économique

    On a remarqué également des actions plus directes comme l’arme du crédit et l’exigence d’adapter l’activité de l’entreprise aux objectifs du pouvoir. Bref, « les entreprises privées sont placées sous la direction du parti ».

    Et le parti va les juger en permanence par le Corporate credit system : l’entreprise sera dégradée si le système repère un manquement à l’un des 300 critères parmi lesquels l’impôt, la qualité et le respect des réglementations, non seulement par elle-même mais aussi par ses partenaires commerciaux

    Xi Jinping a fini par intervenir lui-même pour empêcher l’introduction en Bourse d’ Ant Group , une opération à 34 milliards de dollars. Son patron, X, aurait alors eu une puissance financière lui permettant de remplacer des banques d’État , ce qui était son objectif affiché que l’on peut résumer par : « il est temps de remplacer ce système bancaire bureaucratique et inefficace ». Bref le politique semble préférer le pouvoir par le système bancaire en place à l’efficacité économique.

    Le président Xi semble donc se rapprocher de son aile gauche maoïste, alors que cette période a été une catastrophe pour la Chine et que c’est en devenant capitaliste qu’elle a pu s’en sortir !

    Dans cette hypothèse, adieu l’innovation, l’esprit de compétition et l’énergie frénétique qui ont sauvé le pays. Alors que la Chine était fière de ses entreprises privées devenues parmi les premières mondiales comme Alibaba, Tencent ou Huawei.

    Comment se fermer tout en continuant à bénéficier de l’Occident ?

    Mais le divorce total est difficile. La Chine a bien remarqué l’apport des entreprises occidentales et cherche à s’isoler de possibles représailles tout en continuant à en bénéficier.

    L’accord commercial que vient de signer la Chine avec ses voisins de l’Est et du Sud a fait grand bruit et peut être sommairement résumé par le remplacement des États-Unis par la Chine. Il semble toutefois que ce soit d’abord un succès diplomatique ayant peu de conséquences économiques. Remarquons que cet accord englobe l’Australie, alors qu’elle est en froid avec la Chine.

    C’est peut-être l’occasion de sortir du blocage actuel : l’Australie ayant critiqué la politique de Pékin s’est fait interdire l’accès à son principal marché, tant pour le vin que pour le charbon. Résultat : les centrales thermiques chinoises manquent de combustible et il y a des coupures de courant. Divorcer n’est pas si simple !

    D’où des efforts diplomatiques pour éviter des fâcheries. Nous avons vu les efforts de séduction de la Chine en Afrique . Ils viennent d’être complétés par « la diplomatie du vaccin » : la Chine se dépêche de proposer ses vaccins à prix modique dans les pays émergents sans attendre d’avoir opéré les essais cliniques, afin d’y prendre pied et favoriser ses autres actions.

    Mais le principal allié de la Chine pour continuer à bénéficier de l’apport occidental, ce sont les industriels occidentaux eux-mêmes.

    Et pour l’Occident, comment contenir la Chine tout en profitant de son marché ?

    En effet, les industriels occidentaux ne sont pas prêts à faire une croix sur le marché intérieur chinois.

    Une illustration en est le projet de traité sur la protection réciproque des investissements. Les Européens, qui estiment être plus ouverts aux investissements chinois que l’inverse, veulent sécuriser leur propriété intellectuelle et éviter un dumping interne de la part des sociétés d’État.

    L’Allemagne, qui préside l’Union européenne jusqu’au 31 décembre, a donc poussé à un accord avec la Chine. Celle-ci voulait également traiter rapidement, avant le départ d’Angéla Merkel, mais seulement après avoir eu la certitude du départ de Trump. On n’en est qu’au stade du projet et il faudra intégrer l’avis des États et du Parlement. Finalement la Chine aurait cédé sur l’accès des étrangers à certains marchés mais pas sur la sécurité de leurs investissements.

    Donc les affaires d’abord, pour vraiment contenir, on verra plus tard !

    Une autre illustration, la proclamation de la Chine d’être neutre en carbone en 2060 sert d’abord à soigner son image, mais les mesures qui seront prises dans cet esprit ouvriront des marchés à EDF, Suez, Veolia… Il est urgent de ne pas se fâcher !

    Le secteur français de la culture espère lui aussi profiter du marché chinois pour ses films, mais la censure des contenus est de plus en plus forte et la distribution donne priorité aux films chinois. En 2019 il y a eu 541 films chinois, 43 américains, 21 d’autres pays d’Asie et 11 français. En recettes, cela a fait 0,1 % du marché.

    Mais l’Union européenne fronce quand même les sourcils : le 15 juin 2020 elle a obtenu que l’OMC ne reconnaisse plus la Chine comme une économie de marché, ce qui permettra de lui retirer certains privilèges commerciaux et de surtaxer ses importations.

    En résumé, le divorce est difficile. Mais un acteur longtemps sous-évalué est en train de s’imposer : la démographie.

    Le reflux démographique va imposer des gains de productivité

    On oublie souvent que le succès chinois vient en partie du dividende démographique. Quand la population d’un pays pauvre voit sa fécondité baisser alors qu’il y a peu de personnes âgées (du fait de la pauvreté, voire de la misère et de la désorganisation sanitaire jusque dans les années 1980, dans le cas de la Chine), la proportion de personnes actives est forte pendant quelques décennies, la hausse des salaires est répartie entre moins de personnes et les charges de retraite sont faibles… d’autant qu’une partie de la population ne perçoit pas de pension.

    Mais c’est une période transitoire qui se termine en Chine. Les enfants uniques sont maintenant adultes. Comme dans bien d’autres pays, dont l’Allemagne, la pyramide des âges est de plus en plus gonflée dans les grands âges et se creuse à la base. L’effectif des générations tombe brusquement à partir de 27 ans en 2020, tombera à partir de 28 ans en 2021 etc. Et le phénomène va s’accentuer avec la diminution du nombre de parents.

    Mathématiquement il ne peut pas y avoir de salut par l’immigration, aucun pays au monde n’ayant de quoi boucher les trous de la pyramide des âges d’un pays de 1,4 milliard d’habitants. Sauf, théoriquement, l’Inde, mais c’est impensable des deux côtés pour l’instant. Très accessoirement je signale une importation clandestine de femmes, genre qui manque en Chine, puisqu’à l’époque de l’enfant unique, il fallait un fils et donc on s’arrangeait pour ne pas avoir de fille.

    Pour compenser cette baisse de la population active, il faudra compter sur la productivité pour maintenir le niveau de vie, alors qu’on était habitué à des hausses rapides. Et on s’accorde à dire que c’est cette hausse du niveau de vie qui permet au régime de durer. Or dans quelle mesure un secteur public encore majoritaire et un secteur privé de plus en plus bridé pourront-ils faire face ?

    Le capitalisme pourrait se révéler incontournable.

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      Alibaba reconnaît avoir développé un algorithme raciste pour surveiller les Ouïghours

      Aurore Gayte · news.movim.eu / Numerama · Tuesday, 22 December, 2020 - 18:04

    Une enquête du New York Times et du magazine spécialisé IPVM a révélé qu'Alibaba a commercialisé un algorithme de reconnaissance faciale permettant d'identifier des personnes d'origine ouïghoure. Le groupe a reconnu les faits, mais explique que sa technologie était un « test » opéré par sa filiale Alibaba Cloud. [Lire la suite]

    Voitures, vélos, scooters... : la mobilité de demain se lit sur Vroom ! https://www.numerama.com/vroom/vroom//

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