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      La SNCF « sort du glyphosate » pour le pire

      André Heitz • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 26 December, 2020 • 10 minutes

    SNCF

    Par André Heitz.

    On peut la faire laïque : « Tadam ! » . Ou de saison : « Jouez hautbois, résonnez musettes ! »

    La SNCF a trouvé la « solution » pour se passer de glyphosate pour le désherbage des voies et de leurs abords, lequel désherbage répond à d’importants impératifs d’intérêt général : assurer la sécurité des personnels et des voyageurs, préserver les infrastructures ainsi qu’éviter les départs d’incendies.

    Au début, un diktat macronien

    La « solution » pour répondre à une ambition délirante du Président Emmanuel Macron proclamée le 27 novembre 2017 par dépit ou calcul politicien.

    Par dépit car, contre toute attente, les États membres de l’Union européenne avaient trouvé une majorité introuvable pour renouveler l’autorisation du glyphosate pour cinq ans (en cas d’échec, il serait revenu à la Commission européenne de prendre cette décision) ; par calcul pour, notamment, donner des gages à son ombrageux ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Nicolas Hulot.

    Notez bien : cela ne l’a pas empêché de faire le fier…

    La SNCF n’était pas obligée !

    Si nous avons bien compris le travail d’évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), la SNCF pouvait bénéficier de la position de repli jupitérienne – qui prenait acte des situations d’impasse.

    L’ANSES écrivait en effet, le 9 octobre 2020, dans « Glyphosate : l’Anses publie les résultats de son évaluation comparative avec les alternatives non chimiques disponibles » :

    « Usages non agricoles

    Les différents usages du glyphosate en zones non agricoles (sites industriels, militaires, voies ferrées, autoroutes, aéroports, réseau électrique, conservation des monuments historiques…) ne peuvent être totalement substitués par des alternatives non chimiques sans avoir des conséquences importantes, notamment pour la sécurité des opérateurs et des utilisateurs de ces services. La réduction de l’usage du glyphosate dans ces différentes situations ne peut donc relever d’une restriction fixée dans les autorisations de mise sur le marché, mais doit s’envisager dans le cadre d’une évolution des pratiques de désherbage. »

    Le glyphosate remplacé par… deux matières actives

    Quelle mouche a donc piqué les dirigeants de la SNCF ?

    L’information nous a été livrée en premier lieu, semble-t-il, par Le Parisien dans « La SNCF sur la voie pour bannir le glyphosate ». Il écrit benoîtement en chapô :

    « SNCF Réseau qui s’est engagé à ne plus utiliser le glyphosate en 2021 doit désherber près de 30 000 km sur ses lignes. Un nouveau produit va être utilisé même si sa toxicité n’est pas nulle. »

    En fait, il s’agit de deux produits : l’acide pélargonique et une sulfonylurée, le flazasulfuron dont une formulation s’appelle fort opportunément Railtrax .

    Parlons argent…

    Le Parisien écrit :

    On estime notre surcoût de maintenance lié à la sortie du glyphosate et à la loi Egalim à environ 110 millions par an , ajoute Jean-Pierre Pujols [responsable de la maîtrise de la végétation chez SNCF Réseau] . Bien moins que les 300 à 500 millions d’euros un temps avancés en l’absence de ce nouveau produit.

    Le demi-milliard d’euros, c’était l’ estimation de la Fondation Concorde dans un rapport de juillet 2017 qui avait fait quelque bruit.

    Notre petit doigt nous dit que l’estimation de la SNCF est bien optimiste, tout comme est curieuse l’estimation de 150 millions actuellement dépensés pour la maîtrise de la végétation (pour la Fondation Concorde, c’était 30 millions)… Enfumage ?

    Le contribuable paiera, pas la SNCF !

    Mais ce n’est pas un problème pour la SNCF, au moins temporairement (on sait toutefois que le temporaire a la vie dure…).

    Pour les investissements en matériel nouveau et les frais courants elle pourra ponctionner dans les 4,7 milliards d’euros du plan de relance du gouvernement et/ou les 1,5 milliard d’euros débloqués ou à débloquer « pour sécuriser et rendre plus durables les activités du groupe SNCF », ce qui comprend la sortie du glyphosate, mais aussi l’entretien de ponts.

    Nous devons concéder qu’avec toutes ces annonces, nous ne savons plus très bien où nous en sommes. Mais une chose est sûre : le contribuable paiera pour un caprice présidentiel et ce qui semble être une manifestation de cynisme entrepreneurial et d’à plat-ventrisme devant le gouvernement et l’opinion dite publique.

    L’acide pélargonique… produit dit de biocontrôle loin d’être anodin

    Les 35 à 38 tonnes de glyphosate utilisées annuellement pour désherber 30 000 km de voies d’abords et 95 000 hectares seront donc remplacés par un produit que l’on qualifie de biocontrôle.

    C’est que l’acide pélargonique (ou nonanoïque) se trouve naturellement sous forme d’esters dans l’huile de Pelargonium . Mais sa production se fait principalement par des procédés chimiques à partir d’acide oléique – la nature et le génie humain résistent au binarisme cher aux idéologues antipesticides (de synthèse)…

    Sur le plan toxicologique et écotoxicologique, l’acide pélargonique est loin d’être anodin.

    Le Parisien a d’ailleurs largement repris dans ses colonnes un avertissement – « Les nouveaux désherbants « Bio » un miroir aux alouettes » – lancé en juin 2015 par… le groupe EELV des Deux-Sèvres. En bref – et comme le montrent aussi les fiches du site e-phy de l’ANSES – il est bien pire.

    Mais il est prétendument « bio » et « naturel » ; il n’a pas été marqué du sceau de l’infamie, « cancérogène probable » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) par une décision qui relève de l’ escroquerie et qui a été invalidée par le monde de l’évaluation et de la réglementation ; il n’a pas été frappé d’une interdiction de séjour par le président de la République ; et comme il n’a pas été voué aux gémonies par la vox publica militante, les recherches sur ses véritables effets sur la santé – autres que les irritations et corrosions cutanées et les atteintes oculaires graves – sont très lacunaires .

    À ce profil – qui serait sans doute qualifié au minimum d’inquiétant si le produit sortait d’une compagnie dont le nom commençait par un M et maintenant par un B  – s’ajoutent :

    • une efficacité faible (il assèche les feuilles par corrosion de la cuticule, sans atteindre les racines) ;
    • un effet de durée limitée (les racines n’ayant pas été détruites, certaines plantes repoussent illico ), et par conséquent la nécessité de passages multiples ;
    • un prix élevé et la nécessité de très fortes doses à l’hectare (pour une comparaison appliquée aux produits pour le grand public, voir ici )…
    • et l’effet corrosif d’un acide ! Or, dans les zones à traiter, il y a des rails, des éclisses, des boulons, des câbles…

    Sans entrer dans des calculs sophistiqués, un produit bien connu à base d’acide pélargonique à 680 g/litre est autorisé pour deux applications maximum à la dose maximum d’emploi de 16 litres/ha en cultures fruitières. Pour certains usages résiduels du glyphosate, il y a lieu de ne pas dépasser une dose annuelle de 2160 g/ha.

    Le flazasulfuron… un pesticide de synthèse

    On complétera donc avec du flazasulfuron qui pose aussi une série de problèmes.

    Premièrement, il est autorisé pour le désherbage des voies ferrées à la dose de 0,2 kg/ha (50 grammes de matière active/hectare), mais uniquement pour une application par an en pré-émergence à début de post-émergence et au plus tard lorsque les feuilles mesurent 10 cm de hauteur. La fenêtre d’application est donc limitée.

    Deuxièmement, les sulfonylurées sont connues pour être sujettes à l’apparition de résistances. Les agriculteurs peuvent y remédier en alternant les matières actives… la SNCF sera en principe coincée.

    Troisièmement, la molécule est classée « très toxique pour les organismes aquatiques ».

    Quatrièmement, une source comme Pestweb Canada le donne comme cancérogène de catégorie 1A, mais elle semble isolée. La dose journalière admissible du flazasulfuron est de 0,013 mg/kg poids corporel/jour – contre 0,5 mg/kg p.c./jour pour le glyphosate. Il ne s’agit nullement de peindre ici le diable sur la muraille – il ne faut pas confondre le danger et le risque et tenir compte notamment de l’exposition. Mais si l’on s’en tient aux gesticulations des antipesticides, c’est tomber de Charybde (fille de Gaïa…) en Scylla.

    Rêves et délires

    C’est vraiment par hasard que nous avons trouvé que la SNCF élaborait une charte de bonnes pratiques – ou d’engagements en application de l’article 83 de la loi Égalim (les fameuses « zones non traitées »)… et consultait le public d’une manière qui semble bien confidentielle.

    Elle vient notamment d’écrire :

    « Les alternatives au glyphosate et aux produits phytosanitaires conventionnels

    SNCF a engagé un programme de recherche d’alternatives à l’usage des produits phytosanitaires de synthèse qui a permis d’aboutir à une sélection de projets faisant l’objet d’études de faisabilité ou de tests opérationnels (selon le niveau d’avancement des recherches).
    De telles solutions ne présentent pas, toutefois, le niveau de maturité attendu et nécessitent plusieurs années pour conduire les phases de confirmation de leur efficacité, de prototypage, de test, d’homologation et d’industrialisation . »

    Moyennant quoi SNCF Réseau ambitionne de ne plus utiliser de glyphosate dès fin 2021 – c’est même un engagement –, de pérenniser les solutions sans glyphosate à partir de 2022 et « de se rapprocher du Zéro Phyto conventionnel (incluant possiblement une solution phytosanitaire à 100 % en biocontrôle) ». Rêves et délires…

    Et ailleurs il est dit :

    « À partir de 2022, le désherbage des voies et pistes emploiera une proportion d’au moins 95 % de produits de biocontrôle, ces derniers étant sans rémanence dans l’environnement. »

    Compte tenu des volumes d’acide pélargonique nécessaires, le compte de 95 % est probablement bon. Mais « sans rémanence … » ne signifie pas sans effets…

    La SNCF se paye une bonne conduite ?

    En définitive, on peut s’interroger sur les finalités réelles des démarches.

    Certainement faire plaisir à un gouvernement, l’actionnaire majoritaire qui tient les cordons de la bourse, et répondre à ses lubies sans égards pour les réalités techniques et économiques ; sans doute aussi faire (et se faire) plaisir en surfant sur la vague du rejet des pesticides… « de synthèse » ou « conventionnels ».

    À quel prix en termes de sécurité des personnes et des biens ? On peut ne pas être optimiste.

    Renoncer au glyphosate et gesticuler sur les pesticides « de synthèse ou « conventionnels » vaut bien quelques sacrifices… Il n’y a pas que chez les particuliers et les collectivités locales que pour désherber il faut être fou pour dépenser moins… à la SNCF aussi.

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      À Noël, comment parler à votre belle-sœur pathologiquement naturophile ?

      Auteur invité • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 25 December, 2020 • 12 minutes

    naturophile

    Par David Zaruck.
    Un article de Risk Monger

    Nous en avons tous. Ce beau-frère ou cette belle-sœur naturophile très actifs sur les réseaux sociaux. Vous avez accepté sa demande amicale par devoir familial, en likant poliment les photos de réunions de famille étiquetées, tout en essayant de ne pas vous engager dans ses discours conspirationnistes contre la technologie, la science, l’industrie et l’alimentation.

    Ma belle-sœur Rachel (nom modifié pour protéger l’innocente… vraiment innocente) est un spécimen fascinant que j’étudie non seulement comme un cas de naturophilie pathologique radicale, mais que j’utilise aussi comme ressource pour trouver de nombreux sites d’activistes que je ne pourrais jamais trouver seul.

    Je m’émerveille de la facilité avec laquelle Rachel peut recommander des « solutions » scandaleuses préconisées par des gourous pour lutter contre des maladies inexistantes.

    Des millions d’adeptes suivent ces sites, inconnus du monde scientifique, qui proposent un supplément à base de jus de citron, mais utilisé de manière beaucoup plus efficace, pour traiter le cancer , des comprimés de machin-chose oxygéné qui éliminent les résidus de glyphosate qui engorgent apparemment vos cellules et des cocktails potentiellement mortels pour lavements afin de soigner l’autisme. Pour le visionnage du flot continu de documenteurs activistes lobotomisants, produits avec une handycam, il n’y a pas assez d’heures dans la journée.

    Rachel a été conditionnée à attaquer toute personne qui conteste les solutions simplistes de sa tribu. La plupart des flux de ses réseaux sociaux témoignent de la rage des invectives d’un collectif de personnes vulnérables et manquant d’assurance. Leurs réponses sont simples : ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sont stipendiés par Monsanto (c’est la formule abrégée pour désigner toute organisation industrielle qui parvient d’une manière ou d’une autre à contrôler chacun des scientifiques et chacun des représentants du gouvernement).

    Rachel pense que ces larbins se lèvent tous les matins et ont pour seul objectif d’empoisonner les bébés et de polluer la planète. Toute personne ou organisation qui conteste sa communauté de naturophiles est vendue et ses articles ou preuves scientifiques sont sans importance . Il y a des faits alternatifs et, s’agissant des éventuelles conséquences négatives de ses solutions (famines, dissémination de maladies et de virus, dégradation de l’environnement…), ce sont des fabrications alarmistes qui ne se produiront tout simplement pas.

    Alors que j’ai mis Rachel en quarantaine sur les réseaux sociaux (et la remercie timidement pour ses conseils sur mon emploi du temps), comme beaucoup d’autres rationalistes, je devrai supporter un dîner de Noël en famille avec une naturophile déchaînée.

    Chaque année, cela semble empirer à mesure que Rachel poursuit le « programme en dix points » pour se libérer du monde destructeur dirigé par la science conventionnelle (article à venir sur ce sujet). Elle progresse vers le statut de gourou assistante et développe sa propre communauté de disciples.

    Les enfants ont été encouragés à acquiescer poliment et à ne pas entamer de conversation avec Tatie Rachel. Je crains que cette année, je ne sois pas capable de tenir ma langue. C’est à son tour d’accueillir le dîner de famille et je dois choisir le vin.

    S’il te plaît, passe-moi la farce bio sans gluten

    Avec mon épouse, je plains souvent son frère qui semble avoir mis une sourdine au « travail de jour » de Rachel et discute rarement de son « travail missionnaire » favori. Comme une grande majorité de personnes, il ne sait rien de ces problèmes et ne s’en soucie pas, ne lit pas les étiquettes de ce qu’il trouve dans le frigo et a appris à acquiescer de la tête lorsque Rachel brasse du vent.

    Pendant les dîners, il est plutôt content lorsque le sujet passe au football. Rachel ne s’intéresse pas au football et utilise ce temps pour recalibrer et classer les arguments qu’elle veut placer lors de la prochaine « conversation ».

    Rachel en sait un peu sur moi, elle a partagé des détails personnels dans sa communauté et estime qu’il faut m’« informer ». Ne pas être d’accord avec moi ne lui suffit pas, il faut me contraindre à être d’accord avec les fanatiques. Alors, comment puis-je gérer Rachel à la table du dîner ?

    Une conversation typique commencerait par ceci :

    « Alors… David, est-ce que les gens lisent encore ton petit… hum… blog ?
    Pourquoi, Rachel ? Oui, j’ai passé une très bonne année.
    J’ai entendu dire que tu as été viré de ton université. Eh bien, n’est-ce pas quelque chose ? Je suppose que c’est une bonne leçon pour toi et pour arrêter de te vendre à Monsanto. Je sais qu’ils te paient bien, mais il est clair que le monde universitaire a compris qu’il vaut mieux ne pas soutenir ceux qui ne s’intéressent qu’à empoisonner le monde. Ils ont certainement reconnu à quel point l’agro-écologie est la seule voie à suivre. Tu dois avoir tellement honte… »

    À ce stade, ma réponse dépendra du nombre de verres de vin biologique que j’aurai bus.

    Mais ces conversations ne finissent jamais bien. Rachel m’a catalogué comme une menace, comme un indésirable, une personne sans laquelle son monde se porterait mieux. Me faire enrager est son objectif. Comme elle n’a aucun respect pour moi, elle ne réfléchirait pas deux fois avant de m’insulter ou de trouver un moyen de me blesser. Cela lui donne un but.

    Alors, comment devrais-je parler à ma belle-sœur naturophile ce Noël ?

    Personne ne peut vraiment « parler » à une fanatique, mais lors de mes interactions, il y a certaines astuces que j’ai apprises (et beaucoup d’autres qui ne fonctionnent pas). Alors, voici les choses à faire et à ne pas faire pour gérer votre belle-sœur pathologiquement naturophile en cette période de Fêtes.

    Ce qu’il faut faire

    • Tout argument doit être percutant . Comme je l’ai démontré avec « Les 20 principales raisons de ne pas nourrir votre famille avec des produits biologiques » ( ici et ici ), un fanatique peut argumenter sans cesse contre un seul point avec suffisamment d’énergie ou d’enthousiasme pour décourager même l’âme la plus heureuse à Noël. Mais si je submerge Rachel de points, elle peut décider d’ignorer la conversation et se murer dans le silence.

    Par exemple, si vous parlez des problèmes de l’agriculture biologique , assénez-lui toute la gamme des problèmes : faibles rendements, utilisation des terres, études concluant à l’absence de différence de goût ou d’avantages pour la santé, érosion des sols par le labour, menaces pour la sécurité alimentaire mondiale, pression mise sur les écosystèmes pour la production de pesticides naturels, astuces du marketing de détail, problèmes croissants de fraude et de contrefaçon. Commencez par dire : « J’ai dix problèmes avec les aliments biologiques » ; alors elle pourrait bien vous laisser finir une phrase.

    • Parlez en termes contextuels plutôt que numériques (pas de niveaux de dose, mais des expositions concrètes). Rachel est illettrée numériquement (elle achète des billets de loterie pour essayer de payer sa dette de carte de crédit). Ainsi, quand elle dit que les céréales pour petits-déjeuners sont « bourrées » de pesticides ou que les Cheerios sont « aspergés » de glyphosate, ne lui donnez pas le nombre de parties par milliard, mais dites-lui qu’elle devrait manger 4000 boîtes par jour pour être exposée à un risque insignifiant.
    • Reconnaissez que Rachel a désespérément besoin de se sentir bien dans sa peau. Une personne naturophile est souvent vulnérable et affiche ses vertus dès que l’occasion s’en présente. Montrez-lui d’autres façons d’être une bonne personne qui n’impliquent pas la destruction révolutionnaire de la chaîne alimentaire, l’abandon du mix énergétique ou l’élimination de l’industrie pharmaceutique. L’appeler « zélote sans cœur » ne fera qu’activer son système de défense.
    • Parlez à l’aide d’exemples plutôt que de faits ou de définitions. « Un ami qui a subi une chimiothérapie il y a dix ans et qui est en bonne santé maintenant », c’est mieux que d’essayer d’expliquer comment la médecine conventionnelle traite le cancer. Posez-lui des questions sur les personnes qu’elle connaît personnellement qui ont « extirp é » leurs tumeurs avec du jus de citron.
    • Jouez pour le positif, pas pour la victoire. Une fois, j’ai parlé avec Rachel pendant dix minutes sur les avantages environnementaux de l’agriculture de conservation. Je l’ai fait en n’essayant pas de marquer des points et en évitant de la faire passer en mode défensif. Nous nous sommes mis d’accord sur la manière dont les pratiques de culture sans labour enrichissaient la biodiversité, la rétention d’humidité et la santé des sols tout en réduisant l’érosion, les émissions de diesel et les eaux de ruissellement.

    Nous avons discuté de la façon dont les cultures de couverture complexes réduisent le besoin en engrais de synthèse et sont même capables d’inoculer le sol pour prévenir des menaces potentielles pour les cultures à venir. Rachel a été tellement impressionnée par ma « conversion écologique ».

    J’ai décidé de la laisser rentrer chez elle et comprendre par elle-même pourquoi le glyphosate est essentiel à ce processus.

    • Écartez des sujets de la conversation en disant simplement : « Bien, ça va Rachel, mais j’ai des faits différents. » Rachel pense qu’il y a des faits alternatifs. Par conséquent, à moins qu’elle ne se sente mûre pour une bataille, elle pourrait simplement passer à un autre sujet, comme la rougeole de son fils avec des suppléments.

    Ne vous embêtez pas avec les choses suivantes :

    • En appeler à des scientifiques ou à des institutions renommés (dans le monde de Rachel, ils ont tous été « achetés et payés » par l’industrie).
    • Montrer la différence entre un risque et un danger (pour les naturophiles, tous les dangers sont des risques et il n’est pas possible de faire confiance aux mesures de prévention ou d’atténuation de l’exposition).
    • Mettre en garde sur les conséquences de ses idées au niveau de la politique mondiale. Rachel a été conditionnée à penser que ses intérêts sont plus importants et que ceux qui sont en désaccord sont alarmistes. Elle a été rassurée sur le fait que rien de grave ne vient de la nature.
    • Arguer que Rachel est illogique ou irrationnelle. Les peurs émotionnelles peuvent résister à un large éventail d’incohérences ou d’hypocrisie. Rachel va juste te percevoir comme prétentieux.
    • Les injures. Rachel, comme tous les fanatiques, adore se vautrer dans la boue et vous ne ferez que confirmer son parti pris quant au fait que les scientifiques sont affreux et intolérants.
    • Essayer de l’éduquer. Rachel manque de capacité d’écoute et attend poliment que je termine ma phrase avant de balancer des factoïdes, des faits alternatifs , par exemple sur les ingrédients d’un vaccin. Vous ne la convertirez pas et vous ne ferez qu’attrister votre conjoint.

    Et surtout, ne vous énervez pas si elle vous insulte, vous ou votre travail. Une personne vulnérable lutte contre l’insécurité au sein d’une tribu de réseaux sociaux en construisant des murs et en transformant des valeurs en armes. Rachel se sent menacée par ce que vous dites et ce que vous faites et ne comprend pas que vous ne compreniez pas à quel point votre monde est terrible.

    D’une manière tordue, elle se soucie de vous et veut que vous changiez vos habitudes. Lorsqu’un zélote fait face à une menace (un mal), le respect et la dignité sociale sont secondaires.

    Dans la tête d’un zélote

    Rachel offre également une opportunité intéressante d’entrer dans l’esprit d’un fanatique. Il y a quelques années, j’ai écrit sur le sujet de l’ éthique du zélote : comment ces gens machiavéliques se placent à un niveau supérieur et ne ressentent plus le besoin de se conformer aux vertus conventionnelles comme l’honnêteté et le respect. À l’heure actuelle, ma série SlimeGate examine à quel point les choses peuvent être terribles avant qu’un fanatique ne s’oppose à ceux qui font campagne autour d’eux.

    Les activistes qui haïssent Monsanto semblent disposés à plonger dans l’hypocrisie pour gagner leur bataille, acceptant de travailler avec des avocats spécialisés dans le sordide, des scientifiques menteurs, des parasites avides, des lobbyistes manipulateurs et des scientologues. Je n’ai pas encore trouvé le fond qui me permet de savoir jusqu’à quel point un fanatique peut tomber pour lutter contre une menace. Je me demande si, cette année, Rachel sera capable d’accepter certains points d’intégrité.

    Les réseaux sociaux ont créé une toute nouvelle race de zélotes. Ils ne sont pas simplement motivés par une croyance ; ils ne sont pas simplement motivés par une émotion religieuse ; ils n’enterrent pas simplement leur vulnérabilité au sein d’une tribu cultuelle dirigée par un gourou ; il y a certainement quelque chose de plus.

    Les fanatiques naturophiles cornaqués par les réseaux sociaux sont des ségrégationnistes (d’une manière bien plus vile que ce que l’humanité a connu dans les années 1960). Ce que Rachel veut vraiment, c’est séparer son monde du mien… et ensuite éliminer le mien. Elle a isolé son monde en bloquant tous les flux d’informations contrariants – ces informations n’existent plus. Les faits n’ont jamais compté.

    Article initialement publié en décembre 2018.

    Sur le web – Traduction par André Heitz de How to Talk to your Naturopath Sister-in-law at Christmas .

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      En 2020, les matériaux fabriqués par l’humain pèsent aussi lourd que tout le vivant

      Marcus Dupont-Besnard • news.movim.eu / Numerama • 10 December, 2020

    1,1 tératonne : ce chiffre représente la masse de toutes les fabrications d'origine humaine. Elle va dépasser, en 2020, d'après cette étude, la biomasse naturelle. [Lire la suite]

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      Scan4Chem, le Yuka européen dédié aux produits chimiques « extrêmement préoccupants »

      Julien Lausson • news.movim.eu / Numerama • 27 October, 2020

    Une nouvelle application mobile européenne, baptisée Scan4Chem, entend permettre au public de scanner le code-barres de n'importe quel produit du quotidien afin de dire s'il contient ou non des substances chimiques dangereuses. [Lire la suite]

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      Passage à l’heure d’hiver ce dimanche 25 octobre : tout ce qu’il faut savoir sur le changement d’heure

      Nelly Lesage • news.movim.eu / Numerama • 22 October, 2020

    Le passage à l'heure d'hiver aura lieu dans la nuit du 24 au 25 octobre 2020. Allons-nous perdre ou gagner une heure ? Pourquoi change-t-on d'heure ? Voici ce qu'il faut savoir sur cette mesure, qui pourrait prendre fin en 2021. [Lire la suite]

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      Des sénateurs veulent interdire les vidéos lancées automatiquement au nom de l’écologie

      Julien Lausson • news.movim.eu / Numerama • 9 October, 2020

    Des sénateurs proposent des mesures pour interdire le lancement automatique des vidéos, au nom de l'environnement, dans le cadre d'un texte reprenant plusieurs pistes de la Convention citoyenne pour le climat. [Lire la suite]

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      40% de la forêt amazonienne risque de se transformer en savane d’ici 2100

      Amandine Jonniaux • news.movim.eu / JournalDuGeek • 6 October, 2020 • 2 minutes

    Crédits : rosinakaiser via pixabay CC

    Le poumon de la planète pourrait bien finir asphyxié. Selon une récente étude menée par un groupe de scientifiques du Stockholm Resilience Center, et parue dans Nature Communications , 40% de la forêt amazonienne est en passe de se transformer en savane d’ici la fin du siècle. Cette modification serait due à plusieurs facteurs, mais principalement au manque de précipitations ainsi qu’à l’émission massive de gaz à effets de serre liée à l’exploitation des énergies fossiles.

    De cycle vertueux à cercle vicieux

    Selon Arie Staal, principale auteure de l’étude en question relayée par Gizmodo , les écosystèmes des forêts tropicales humides seraient en temps normal capables de générer leurs propres précipitations , en condensant l’humidité de l’air pour transformer cette dernière en pluie. Ce cycle vertueux est cependant fragile et pourrait rapidement s’inverser à mesure que l’humidité vient à manquer. Avec le réchauffement climatique et la raréfaction des précipitations, les arbres poussent moins, rapporte en effet l’étude parue lundi, ce qui génère des dégâts exponentiels sur l’écosystème tropical : “Quand la forêt diminue, on a moins de pluies sous le vent, qui entraîne la sécheresse, et plus de feux et de perte d’arbres : C’est un cercle vicieux”.

    “Nous comprenons maintenant que les forêts humides sur tous les continents sont très sensibles aux changements globaux et peuvent rapidement perdre leur capacité d’adaptation.” — Ingo Fetzer, coauteur de l’étude.

    En utilisant les données atmosphériques de ces dernières années, et en simulant une absence prolongée de précipitations en milieu tropical, l’équipe de chercheurs européens a ainsi estimé que près de 40% de la forêt amazonienne était susceptible de migrer vers un écosystème complètement différent, proche de la savane d’ici la fin du siècle . Ces transformations pourraient avoir des conséquences dramatiques pour la planète et ne concernent malheureusement pas que le bassin amazonien . Selon l’étude, la région luxuriante du Congo, en Afrique, serait aussi en passe de se transformer en savane. Les forêts tropicales de Malaisie et d’Indonésie seraient, en revanche, potentiellement plus stables face à l’absence de pluie. Ces dernières seraient en effet principalement dépendantes des océans environnants.

    La planète au pillage
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    La planète au pillage
    • Fairfield Osborn (Author)
    • 214 Pages - 10/06/2008 (Publication Date) - Actes Sud (Publisher)

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      Les oiseaux de San Francisco ont chanté différemment pendant le confinement

      Marcus Dupont-Besnard • news.movim.eu / Numerama • 25 September, 2020

    Le confinement a métamorphosé temporairement l'impact humain sur la nature. Parmi ces impacts : les oiseaux chanteurs ont pu libérer leur chant, mais pas en chantant plus fort. [Lire la suite]

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      Sous l’eau depuis deux ans, le data center sous-marin de Microsoft a tenu

      Julien Lausson • news.movim.eu / Numerama • 16 September, 2020

    Microsoft donne des nouvelles du projet Natick pour aboutir à des data centers sous-marins. Après deux ans d'immersion, un prototype a été récupéré. Les conclusions sont positives, assure l'entreprise américaine. [Lire la suite]

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