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      Inceste: Geneviève Garrigos raconte la souffrance qui se perpétue

      Hortense de Montalivet · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 20 January, 2021 - 17:16 · 2 minutes

    #METOOINCESTE - “Et ça, encore, c’est d’une très grande violence”. L’émotion est palpable et fait encore parfois trembler sa voix et ralentit sa diction. Alors que les témoignages se multiplient sous le hashtag #MeTooInceste depuis samedi 16 janvier, Le HuffPost a rencontré Geneviève Garrigos , élue municipale, ancienne présidente d’Amnesty International. Et victime d’ inceste à l’âge de 5 ans.

    Après 40 ans d’amnésie traumatique, cette conseillère de Paris peine encore à trouver les mots pour évoquer les violences sexuelles qu’elle a subies. Après le lent travail de conscientisation, il faut encore affronter le regard des autres, encore mal préparés à faire face à ce tabou. Mais ce n’est pas tout.

    La parole officielle blesse

    À la télévision, à la radio, c’est aussi la maladresse des mots, la lente prise de conscience et la déconnexion de certains qu’il faut encore subir. Cette violence dans les prises de parole est encore plus forte quand elle vient de l’exécutif.

    ″Ça fait des années qu’on en parle, il ne s’agit pas d’une affaire, d’une émotion”. L’élue municipale fait ici référence à l’intervention du Premier ministre Jean Castex dans l’émission de France 5, “C à Vous”. Sur le plateau, les hésitations, les adjectifs employés pour parler de l’inceste comme “inimaginable” ont fait sortir de ses gonds cette victime, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus .

    Les débats renvoient à sa propre “monstruosité”

    Ajoutons à cela la violence des débats de société dont on oublie qu’ils peuvent renvoyer certaines victimes d’inceste à leurs traumatismes. Pour Geneviève Garrigos, ce sont les débats sur la PMA, le mariage pour tous ou encore ceux sur l’avortement qui réveillent les douleurs du passé et ralentissent l’apaisement.

    À travers ces débats, “on a une idéalisation de la famille normée”, explique-t-elle. “Dans une vision assez conservatrice de la société, la famille est sanctuarisée, où la famille est aimante, où si un enfant n’a pas un père et une mère, et bien il est mal construit. [...] Et là, pour les enfants comme moi qui se sont construits au sein d’une famille où il y avait de la violence, où le père n’était pas celui qu’ils attendaient, [...] quand on grandit et qu’on entend ce genre de discours, mais c’est d’une violence totale.” Pour cette victime d’inceste, cela renvoie ”à une monstruosité”, ajoute-t-elle, “nous sommes des monstres puisque nous n’avons pas ça [cette famille normée, ndlr ]”.

    À voir également sur Le HuffPost: Les violences sexuelles faites aux enfants sont encore un tabou

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      Xavier Gorce rompt avec "Le Monde" après la controverse sur son dessin

      Clément Vaillant · news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 20 January, 2021 - 11:56 · 3 minutes

    Le dessinateur était connu pour ses pingouins devenus sa marque de signature.

    MÉDIAS - “La liberté ne se négocie pas”. Le dessinateur de presse Xavier Gorce a annoncé ce mercredi 20 janvier qu’il cessait sa collaboration avec le journal Le Monde , au lendemain d’un dessin jugé (notamment) transphobe sur les réseaux sociaux .

    Celui qui dessinait ses pingouins “Les Indégivrables” depuis 18 ans pour Le Monde a annoncé sa décision sur Twitter à la mi-journée. “J’annonce que je décide immédiatement de cesser de travailler pour Le Monde . Décision personnelle, unilatérale et définitive. La liberté ne se négocie pas. Mes dessins continueront. D’autres annonces à suivre”, écrit le caricaturiste.

    Au cœur de la polémique, un dessin paru dans la newsletter “Le brief du Monde” élaboré en réponse à la récente vague de témoignages de personnes victimes d’inceste.

    Celui-ci met en scène deux pingouins. Le plus petit disant au plus grand: “Si j’ai été abusé par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste?”

    Le dessin avait suscité une pluie de critiques sur les réseaux sociaux mardi 19 janvier et était devenu l’un des sujets les plus discutés sur Twitter. “Je ne vois pas à quel endroit la transexualité est attaquée ou moquée”, avait alors expliqué au HuffPost Xavier Gorce. “Dans ce dessin, ce n’est pas le père transgenre qui agresse, c’est le frère de sa nouvelle compagne. Il n’y a aucune des attaques qui me sont faites qui tiennent la route lorsque l’on prend le temps de lire sérieusement ce dessin que je ne renie pas.”

    La polémique déclenchée par le dessin avait poussé Le Monde à partager un message d’excuse sur son site et sur les réseaux sociaux. Ce dessin “n’aurait pas dû être publié (...) et peut en effet être lu comme une relativisation de la gravité des faits d’inceste, en des termes déplacés vis-à-vis des victimes et des personnes transgenres” avait écrit Caroline Monnot, directrice de la rédaction.

    Une réaction dénoncée par le principal intéressé auprès du HuffPost mardi soir, quelques heures avant d’annoncer la fin de sa collaboration avec le journal.

    “Je déplore que Le Monde soit obligé de s’excuser auprès de ses lecteurs sans essayer de faire la pédagogie du dessin. Pour moi c’est une erreur stratégique de leur part dans ce genre de cas de figure. S’excuser pour un dessin publié c’est commencer à se mettre sous la coupe de la sensibilité des lecteurs, de la horde de Twitter, etc... Et là on tombe dans un phénomène de repli de la presse d’une façon générale où toute forme d’ironie ou d’humour peut être perçue comme de mauvais goût.”

    Le dessinateur a depuis été soutenu par plusieurs personnalités dont l’acteur Nicolas Bedos, le philosophe Raphaël Enthoven et l’essayiste Caroline Fourest.

    À voir également sur Le HufPost: Les touristes sans masque à Bali se font réprimander d’une surprenante façon