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      États-Unis : « La liberté n’éclaire plus le monde »

      Jacques Garello • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 23 January, 2021 • 9 minutes

    États-Unis

    Par Jacques Garello.

    Le peuple américain doit s’unir autour du nouveau Président : c’est le commentaire le plus entendu après l’investiture de Joe Biden et son premier discours. La démocratie américaine doit être garantie, la paix et la justice doivent régner dans ce pays – ce qui s’est produit au Capitole ne doit plus jamais se répéter ( not ever ).

    Je ne crois pas que ce soit le plus important de ce qui nous attend, nous Français et nous Européens. Car le discours présidentiel, dans ses silences, peut être compris comme « La liberté n’éclaire plus le monde ».

    Je n’ai pas entendu une phrase concernant la présence des États-Unis sur l’échiquier mondial, même si le mur sur la frontière mexicaine cesse d’être construit, si le regroupement familial est instauré ; et même encore si les États-Unis rejoignent l’accord de Paris et l’OMS, instances sans développement durable.

    Les États-Unis divisés

    Je reviens un instant à l’union domestique autour du Président. Pour rappeler d’abord que s’il existe une tension actuelle entre citoyens américains de toutes sortes et de toutes races, elle n’est pas due aux extrémistes du Capitole dûment mis sous les feux de la rampe, mais aux progrès de l’État-providence sous la présidence Obama .

    En Amérique comme ailleurs, il creuse un fossé entre l’activité et l’assistance, entre le parasitisme et la responsabilité, entre ceux qui payent et ceux qui vivent à leurs dépens. Pour rappeler encore qu’au sein même de la majorité qui a élu Biden se trouvent des extrémistes de gauche décidés à renverser le système tant économique que politique.

    Ce sont d’authentiques révolutionnaires, anarchistes ou marxistes, tous désireux de dynamiter l’ordre public, police et armée en tête. Ils ont le soutien des universités naguère remarquables, mais devenues aujourd’hui les foyers des idées progressistes hostiles au droit, à la famille, à la diversité – on dit que ce sont les intellectuels français qui ont inspiré ce dramatique changement.

    Pour rappeler enfin que l’union voulue par Biden se veut jacobine. Elle va se heurter à un sentiment très profond dans la population américaine : le souci de l’indépendance des États membres de la fédération. Elle a été très menacée dans les débats sur l’avortement, la peine de mort, le port d’armes , mais elle a résisté à ce jour.

    C’est la diversité et la concurrence institutionnelle, réglementaire, fiscale, sociale, qui a fait à ce jour le succès des États-Unis, et le domaine réservé à Washington n’est que celui du respect de la Constitution et de la protection de la sécurité extérieure.

    Les États-Unis absents

    Je reviens ainsi à la sécurité extérieure : pas une phrase significative sur les relations entre les États-Unis et le reste du monde.

    Or, dans ce domaine, le mérite de Trump avait été de rompre avec l’insouciance et l’inconsistance de la diplomatie Obama. Trump avait alerté les nations libres sur les dangers représentés par le terrorisme islamique organisé par l’Iran et la vision hégémonique des communistes chinois.

    Les Israéliens s’inquiètent à juste titre de l’avenir des accords passés avec les Arabes et garantis par les États-Unis. Tous les peuples libres ont à redouter que la Chine domine prochainement le monde entier. Avec Biden à la Maison Blanche la question est désormais de savoir quelle sera la première puissance mondiale dans quatre ans, que restera-t-il de la liberté ?

    La Chine bien présente

    Économiquement les États-Unis ont encore la première place : 22 % du PIB mondial contre 17 % pour la Chine. Ces deux pays cumulent donc quelque 40 % du PIB mondial et exercent de ce fait une domination dans les règles et les mœurs des échanges internationaux.

    Cependant, les raisons de la réussite chinoise ne sont pas secrètes : espionnage industriel, embauche d’ingénieurs et techniciens étrangers avec des contrats très attractifs, personnel salarié « motivé » malgré l’absence de tout droit du travail, investissements massifs et choisis dans les pays cibles, en particulier en Europe et au Moyen Orient, tout au long de la « route de la soie ».

    Les Chinois se disent capitalistes et concurrentiels , mais la propriété du capital n’est possible que pour les personnes agréées par le pouvoir, et la concurrence est déloyale. C’est l’exemple le plus éclatant de ce « capitalisme de connivence », alliance de la classe politique et des milieux d’affaires, hélas bien trop fréquente dans les pays dits libres – à cela près qu’en Chine classe politique et milieu d’affaires sont confondus.

    La dictature du Parti

    Politiquement, la dictature du Parti communiste chinois ne s’est jamais desserrée. Il n’existe aucune possibilité d’opposition, aucune liberté de la presse tant écrite que télévisée que numérique.

    Il existe des camps de concentration, notamment un million de Ouïgours en rééducation . Hong-Kong a été repris et les défenseurs de la liberté sont en prison . Taïwan est l’objet d’ attaques incessantes , les eaux de la mer de Chine sont sillonnées par une flotte de guerre équivalente à celle des États-Unis, et qui doit doubler dans les cinq ans à venir.

    Enfin et non le moindre, la Chine a créé un réseau d’amis et correspondants dans le monde entier, dont la mission est de tempérer les critiques de la dictature. Ces réseaux, particulièrement actifs en France, sont pour beaucoup dans l’indulgence et la désinformation dont bénéficie le PCC dans notre pays et en Europe.

    Choix stratégiques des démocraties

    Il est vrai que les pays dits démocratiques hésitent entre trois stratégies : l’amitié, c’est-à-dire les yeux fermés sur la dictature, la contenance, c’est-à-dire neutraliser les méfaits de la dictature, et l’agression, c’est-à-dire la lutte contre le PCC.

    L’hésitation, en dehors de la corruption bien rentable, provient du poids déjà acquis par la Chine dans la croissance mondiale. La Chine détient le monopole ou une position dominante pour plusieurs produits (l’industrie pharmaceutique, comme l’a révélé l’histoire du Covid), la Chine est un marché intérieur lucratif pour beaucoup d’exportateurs européens ou américains, les exportations chinoises accroissent le pouvoir d’achat des consommateurs du monde entier. Par l’importance de ses avoirs et de ses dettes en dollar, la Chine pèse sur la finance mondiale.

    Mais la crainte de voir la Chine coloniser totalement le reste du monde, à commencer par l’Europe, peut au contraire justifier une politique de contenance, comme celle que les États-Unis avaient adoptée du temps de Kissinger – en vain, car l’URSS avait compris la non-intervention comme un passeport pour l’extension du communisme.

    Reste l’agression, à la manière de Reagan et de la Star wars contre « l’Empire du mal ». Elle suppose une capacité de riposte armée considérable, dont seuls les Américains disposent encore, sans doute pour peu de temps. Donald Trump a été à la limite de la contenance et de l’agression. Durant ses tout derniers jours de présidence il a pris un décret pour interdire sur le sol américain l’application vidéo chinoise TikTok accusée à juste titre d’espionnage technique et militaire.

    États-Unis : quel choix pour la France et l’Europe ?

    Dans les silences profonds de Joe Biden sur ces questions, il est légitime de s’interroger sur ce que fera la nouvelle administration américaine. Mais il va de soi que la France et l’Europe sont directement concernées par l’orientation de Washington.

    La position américaine est d’autant plus déterminante et attendue que l’Europe a déjà fait un premier pas dans la direction de l’amitié. Le 30 décembre dernier, le Président Xi Jinping a signé avec Ursula Von der Leyen, et Charles Michel, dirigeants de l’Union européenne, un accord sur les investissements chinois en Europe et européens en Chine.

    Angela Merkel, présidente actuelle de l’Union, a poussé pour la signature de cet accord. Ce qui signifie que les Chinois ont porte ouverte sur les pays de l’Union, tandis que les investisseurs européens sont bienvenus en Chine ; mais sous surveillance des dictateurs naturellement.

    La balance stratégique va-t-elle pencher d’un côté ou de l’autre avec la politique américaine à venir ? Je ne connais évidemment pas la réponse puisque Joe Biden a parlé de la démocratie aux États-Unis, mais pas du tout de la démocratie dans le monde, actuellement menacée par la Chine et l’Iran.

    Se mobiliser pour la liberté

    J’entends aussi deux discours qui me semblent dangereux, voire stupides.

    L’un soutient que la démocratie ne peut pas lutter contre la dictature, il faut donc un pouvoir fort installé dans les pays démocrates (ce qui est un oxymore).

    L’autre garantit que les démocraties occidentales, scellées par un accord entre USA et Union européenne, pourront se hisser au niveau chinois si un effort d’équipement et de formation était consenti dans tous les pays à l’initiative des États concernés et avec l’appui de la Banque centrale.

    David a évidemment toutes les chances de battre Goliath, mais David n’a même pas une fronde. Il faut donc être naïf pour remettre à plus tard les réformes indispensables pour relever le défi chinois.

    Je conclus que nous sommes aujourd’hui désinformés et endormis par l’idée que tout va s’arranger dans un avenir plus ou moins proche, puisque nous pouvons jouer sur la dette publique et la clairvoyance des investisseurs publics qui vont sérieusement prendre en mains l’abondante épargne privée.

    Que les États-Unis soient toujours les combattants de la liberté dans le monde, comme ils l’ont été contre les nazis, contre les communistes, c’est évidemment ce que nous pouvons tous souhaiter. Mais de toute façon les États-Unis ne pourront pas assurer cette mission si la France et l’Europe, elles aussi, ne se mobilisent pas pour la démocratie, et ne se libèrent pas de l’État-providence. Elles doivent au contraire miser sur l’énergie et la foi que donne le retour à la liberté, à la responsabilité, à la propriété et à la dignité.

    Cet article a été également publié dans la Nouvelle Lettre en date du 21 janvier 2021.

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      On sait ce que contient l’enveloppe laissée par Donald Trump à Joe Biden

      Xavier Delucq • news.movim.eu / HuffingtonPost • 21 January, 2021

    On sait ce que contient l’enveloppe laissée par Donald Trump à Joe Biden.

    ÉTATS-UNIS - Même s’il n’a pas assisté à la cérémonie d’investiture du nouveau Président, Donald Trump a malgré tout laissé une mystérieuse lettre à son successeur. Mais qu’a pu découvrir Joe Biden en entrant dans le bureau ovale ? Trump a-t-il fait du Trump jusqu’au bout?

    À voir également sur Le HuffPost : Dans son dernier discours, Trump affirme: “nous reviendrons”

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      Investiture de Joe Biden: un feu d’artifice et Katy Perry clôturent la journée

      Le HuffPost avec AFP • news.movim.eu / HuffingtonPost • 21 January, 2021 • 2 minutes

    ÉTATS-UNIS - Tom Hanks, Bruce Springsteen, Katy Perry et le président lui-même; une brochette de stars s’est réunie mercredi 20 janvier au soir à Washington pour célébrer l’investiture de Joe Biden , une soirée sans public, diffusée sur les grandes chaînes américaines et clôturée par un feu d’artifice.

    L’émission était intitulée “Celebrating America” (célébrer l’Amérique) et remplaçait les traditionnels bals et concerts qui animent ordinairement la capitale fédérale à chaque investiture, annulés cette année pour cause de pandémie.

    Durant ces 90 minutes très feutrées se sont succédé à l’antenne plusieurs chanteurs, certains enregistrés ailleurs aux États-Unis, mais aussi un chauffeur-livreur, une institutrice ou un jeune bénévole de 8 ans, Cavanaugh Bell.

    Car le programme se voulait aussi un “hommage aux hommes et femmes de ce pays qui lui ont donné de la force et l’ont fait tourner en ces temps difficiles”, a expliqué le comédien oscarisé Tom Hanks , animateur de l’émission.

    Biden, Obama, Bush et Clinton ont parlé

    Aux pieds de la statue d’Abraham Lincoln, devant le monument dédié à l’ancien président américain à Washington, ont chanté Bruce Springsteen, John Legend ou Katy Perry, et le nouveau président américain s’est, de nouveau, adressé au pays.

    Comme il l’avait fait dans son discours d’investiture, le chef de l’État en a appelé à l’“unité”, demandant aux Américains de “se rassembler”.

    Dans une séquence pré-enregistrée, les trois anciens présidents américains qui avaient assisté plus tôt à l’investiture de Joe Biden ont rendu hommage à la démocratie américaine.

    “En tant qu’Américains, il y a plus de choses qui nous rassemblent que ce qui nous sépare”, a dit Barack Obama, qui était en compagnie de George Bush et Bill Clinton.

    “Monsieur le président, je vous souhaite de réussir”, a conclu George Bush. “Votre succès sera celui de notre pays.”

    Les chansons choisies étaient toutes porteuses d’un message positif, tourné vers l’avenir, comme “Feeling Good”, rendu célèbre par Nina Simone et interprété cette fois par John Legend.

    La soirée s’est achevée sur “Firework” de Katy Perry, que l’artiste a entonné alors que le ciel de Washington était éclairé d’un feu d’artifice.

    Fox News boycotte la cérémonie

    Si la plupart des grandes chaînes ont diffusé l’émission, Fox News, prisée des conservateurs, a fait exception, et maintenu ses programmes, occupés sur ce créneau par ses présentateurs stars, qui ont tourné le message de Joe Biden en ridicule.

    “Les appels solennels de Biden à l’unité sont à la fois risibles et complètement malhonnêtes”, a lancé Sean Hannity, présentateur le plus regardé du pays et soutien inconditionnel de Donald Trump. Il a accusé Joe Biden de vouloir imposer un programme d’extrême gauche et de diaboliser les électeurs de Donald Trump. “C’est du grand n’importe quoi.”

    À voir également sur Le HuffPost: Pour l’investiture de Biden, Lady Gaga chante l’hymne national américain

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      Investiture Biden: cette photo de Bernie Sanders vaut le détour(nement)

      Le HuffPost • news.movim.eu / HuffingtonPost • 20 January, 2021 • 2 minutes

    ÉTATS-UNIS - Lors de l’investiture de Joe Biden à Washington ce mercredi 20 janvier, marquée par la vibrante interprétation de l’hymne américain par Lady Gaga , le message très fort de Jennifer Lopez en pleine chanson ou cette imposante bible familiale , un autre invité a fait parler de lui, malgré le fait qu’il soit resté très discret durant la cérémonie.

    Bernie Sanders , présent parmi le public trié sur le volet, a en effet été photographié assis sur sa chaise, l’air renfrogné, les bras repliés sur lui-même et semblant soudainement très isolé.

    Ce cliché a aussitôt était énormément partagé sur les réseaux sociaux et les mèmes ont commencé à fleurir, plaçant le battu de la primaire démocrate au printemps dernier et sa chaise en des endroits particulièrement improbables, comme on peut le voir sur les montages ci-dessous .

    À noter que les mitaines portées par Bernie Sanders en ce jour d’investiture ont une petite histoire.

    “Les mitaines de Bernie sont fabriquées par Jen Ellis, une enseignante d’Essex Junction, dans le Vermont. Elle les lui a données il y a plus de 2 ans et a été surprise quand il a commencé à les porter pendant la campagne électorale. Elles sont fabriqués à partir de pulls en laine recyclés et doublés de molleton fabriqué à partir de bouteilles en plastique recyclées.”

    À voir également sur Le HuffPost : Pour l’investiture de Biden, Lady Gaga chante l’hymne national américain

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      Lady Gaga chante l'hymne national américain pour l'investiture de Joe Biden

      Bénédicte Magnier • news.movim.eu / HuffingtonPost • 20 January, 2021 • 1 minute

    ÉTATS-UNIS - Il y a quatre ans, aucune célébrité américaine n’avait pris le risque de chanter pour Donald Trump . Pour les premiers pas de Joe Biden en tant que 46e président des États-Unis ce mercredi 20 janvier, le pays renoue avec la tradition . Et la nouvelle administration démocrate a choisi la chanteuse et actrice Lady Gaga pour interpréter “The Star-Spangled Banner”, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de cet article .

    Vêtue d’une robe rouge et noire, ornée d’une énorme broche représentant la colombe de la paix, Lady Gaga a mis sa voix puissante au service du nouveau président démocrate, main sur le cœur. Après avoir brillamment interprété ce morceau, la chanteuse s’est fendue, en quittant la tribune, d’un petit mot d’encouragement à l’adresse de Kamala Harris et Joe Biden.

    À voir également sur Le HuffPost: L’hommage de Joe Biden et Kamala Harris aux morts du Covid-19

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      La surprise qui attend Joe Biden après le départ de Donald Trump

      Xavier Delucq • news.movim.eu / HuffingtonPost • 20 January, 2021

    La surprise qui attend Joe Biden après le départ de Donald Trump.

    ÉTATS-UNIS - Le milliardaire américain adepte du populisme dur quitte la Maison Blanche et laisse le bureau ovale à Joe Biden, dont l’investiture aujourd’hui est à suivre à partir de 18 heures en France. Mais que va trouver le démocrate dans ce bureau? Quel héritage va laisser Donald Trump ?

    À voir également sur Le HuffPost : Pour son discours d’adieu, Trump promet que son “mouvement n’est que le début”

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      L’élection de Joe Biden, c’est le retour du parti de la guerre

      Frédéric Mas • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 20 January, 2021 • 5 minutes

    Joe Biden

    Par Frédéric Mas.

    Joe Biden devient ce mercredi le 46e président des États-Unis, et prépare son arrivée comme une rupture spectaculaire avec son prédécesseur Donald Trump . L’ancien candidat démocrate n’a-t-il pas prévu de signer des dizaines de décrets pour que les États-Unis rejoignent les Accords de Paris sur le climat, se dotent d’une économie 100% écolo ou encore reprenne en main une gestion de crise sanitaire négligée jusqu’à présent ?

    En politique étrangère, on assiste plus à un retour à la normale qu’à une rupture franche. Ce retour à la normale, aux États-Unis, consiste à remettre en selle le parti de la guerre permanente qui fait consensus au sein d’une certaine droite et d’une certaine gauche, des néoconservateurs aux néoprogressistes ( neoliberals ), de George Bush Jr à Obama.

    Joe Biden : la fin des guerres sans fins

    La main sur le cœur, Joe Biden avait pourtant promis lors de sa campagne d’en finir avec les « guerres sans fins ». Il a même exprimé son opposition à la guerre désastreuse au Yémen, dans laquelle les États-Unis jouent un rôle extrêmement contestable en soutenant sans réserve l’Arabie saoudite. Mais la mémoire semble faire défaut au vainqueur du jour.

    Joe Biden en tant que responsable du parti démocrate, sénateur puis vice-président a soutenu sans réserve toutes les interventions militaires de ces 20 dernières années que ce soit le bombardement de la Serbie en 1999, l’intervention en Irak en 2003… et au Yémen quand le président s’appelait Barack Obama. En d’autres termes, pour résoudre le problème des « guerres sans fins », Biden fait appel à ceux qui ont créé le problème.

    Aujourd’hui, Biden réintègre dans son équipe les pires faucons de l’administration Obama pour représenter les États-Unis dans le monde. Prenons quelques exemples.

    Le futur secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken , a constamment soutenu les interventions militaires et les guerres humanitaires menées par Washington. Il était parmi les plus proches collaborateurs de Biden quand celui-ci a voté en tant que sénateur l’invasion de l’Irak et a soutenu sa partition en zones régionales ethniques.

    En tant que conseiller adjoint à la sécurité nationale, Blinken a soutenu l’intervention militaire en Lybie en 2011. En 2018, il lance avec d’anciens membres de l’administration Obama WestExec Advisors, une entreprise de « conseil stratégique » particulièrement discrète sur ses clients, qui compterait parmi eux certains géants de la tech.

    Sous la direction du secrétaire d’État aux affaires politiques, on retrouve en troisième position Victoria Nuland , qui s’est fait connaître dans le landernau politique en 2014 pour une conversation téléphonique qu’elle a eu avec l’ambassadeur américain en Ukraine sur le meilleur moyen de déstabiliser le président d’alors Viktor Ianoukovytch.

    Suscitant l’indignation dans une partie de l’opinion publique mondiale, la conversation a non seulement révélé l’ingérence des États-Unis dans la politique ukrainienne, et cela malgré ses dénégations publiques, et a poussé Vladimir Poutine déclencher l’offensive contre l’Otan qui s’est traduite par l’annexion de la Crimée.

    « J’emmerde l’Union européenne »

    Comme le rappelle Connor Echols sur Nonzero.org , la lettre de Robert Wright :

    « À un moment de la conversation téléphonique, Nuland a dit « j’emmerde l’UE », apparemment par exaspération devant la réponse limitée de l’Europe à la crise ukrainienne. En un coup de fil, elle avait réussi à mettre en colère la moitié des chefs d’État de Lisbonne à Moscou. »

    En matière de diplomatie, les diplomates de Biden promettent le pire.

    Samantha Power devrait se retrouver à la tête de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Connue pour son soutien sans faille aux politiques de guerres humanitaires, elle est l’auteure d’un livre récompensé par le prix Pulitzer A Problem from Hell: America and the Age of Genocide , dans lequel elle explique que les États-Unis, en s’impliquant plus dans la gouvernance du monde aurait pu empêcher un certain nombre de génocides et de nettoyages ethniques.

    C’est cette position « idéaliste » qui l’a poussé à soutenir la guerre en Lybie en 2011, et qui semble la rendre aveugle au désastre humanitaire que le conflit a provoqué.

    La liste pourrait s’allonger à l’infini : la nouvelle directrice du renseignement national Avril Haines est surnommée la « reine des drones » pour son implication dans la politique étrangère d’Obama qui a tué autant de civils que de militaires ; Neera Tanden , qui devrait rejoindre le Bureau de la gestion du budget, a soutenu en tant que directrice du Center for American Progress la nécessité de bombarder la Lybie pour s’approprier son pétrole ; Jake Sullivan , qui devrait trouver un poste comme conseiller à la sécurité nationale et qui lui aussi a fait ses classes dans l’administration Obama, etc. La politique de Joe Biden risque donc fort de ressembler à celle de ses prédécesseurs démocrates et républicains.

    Comme le rappelle José Nino sur le site du Ludwig von Mises Institute , la politique étrangère des États-Unis, en plus du coût humain incalculable, représente 6 000 milliards de dollars, de quoi constituer une machinerie politico-industrielle particulièrement puissante et assez peu portée sur le pacifisme.

    Ce fameux complexe « militaro-industriel » n’est sans doute pas étranger au fait que la classe politique américaine rejoue à l’infini la Seconde Guerre mondiale, puis la guerre froide, devenue ensuite guerre contre le terrorisme. La spirale des « guerres sans fins » n’est pas prête de s’interrompre.

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      La destitution de Trump ne doit pas devenir un procès politique

      Frédéric Mas • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 14 January, 2021 • 6 minutes

    Trump fraudes

    Par Frédéric Mas.

    Pour la seconde fois de son mandat de président des Etats-Unis, Donald Trump fait face à une procédure de destitution (impeachment) portée par la majorité de la chambre des représentants réunie ce mercredi 13 janvier.

    Les démocrates ont été rejoints par une partie de la droite républicaine pour condamner les messages ambigus du président en exercice après l’assaut contre le Capitole et demander sa condamnation, et cela à moins d’une semaine de la prise de poste de son successeur Joe Biden .

    Si la faute de Donald Trump est très réelle, l’organisation d’un procès postérieur à son mandat risque fort de se transformer en procès moral de l’héritage politique de Trump en général.

    Plutôt que d’apaiser les tensions idéologiques et culturelles qui traversent le pays, il risque de charrier son lot de purges idéologiques au nom de la « détrumpification » et de facto mettre en péril l’esprit de la démocratie américaine. Il se pourrait cependant que le premier amendement sur la liberté d’expression lui sauve la mise, au grand dam de ceux qui veulent faire de sa punition un exemple politique.

    Le fait accuse, le résultat n’excuse rien

    Donald Trump a fait face à une première tentative de destitution qui n’avait pas abouti en 2019 pour abus de pouvoir et obstruction du Congrès. Accusé de collusion avec une puissance étrangère afin d’interférer dans le bon déroulement de l’élection présidentielle, le sénat l’avait acquitté en février 2020.

    Trump avait été accusé de chercher à impliquer l’Ukraine dans la campagne afin de salir la réputation de son adversaire démocrate d’alors, devenu entre temps le 46e président des Etats-Unis.

    La seconde procédure de destitution initiée mercredi se fait cette fois-ci pour « incitation à l’insurrection ». Alors qu’aucun représentant républicain n’avait voté en faveur de la destitution de Trump la première fois, 10 membres du parti de droite ont rejoint le camp démocrate, unanime pour initier la procédure judiciaire. La remise en cause de la régularité de l’élection présidentielle par Donald Trump s’est vite transformée en un procès violent adressé à la légitimité des institutions.

    Les positions publiques de l’ancien président au moment de l’émeute de Washington ont motivé la décision des élus. Dans une réunion publique, Donald Trump a ainsi déclaré : « Je sais que tout le monde ici va bientôt marcher vers le bâtiment du Capitole pour faire entendre vos voix pacifiquement et patriotiquement » . Il a ensuite ajouté : « Si vous ne vous battez pas comme un diable, vous n’aurez plus de pays. »

    A plusieurs reprises, il a encouragé ses supporters à ne pas laisser faire les choses et à s’opposer à une élection « volée ». Au moment de la prise d’assaut du Capitole, Trump a même Twitter : « Ce sont les choses et les événements qui se produisent lorsqu’une victoire électorale sacrée est dépouillée de façon si peu cérémonieuse et si vicieuse. »

    Ça sera maintenant aux membres du Congrès de déterminer si ces propos plus qu’ambigus ont joué un rôle dans la désacralisation du temple de la démocratie qu’est le Capitole.

    Une procédure inédite

    Donald Trump n’est pas seulement le premier président à faire face à deux tentatives de destitution. Si la seconde procédure aboutit, alors elle pourrait se dérouler après son mandat, ce qui serait du jamais vu. Les spécialistes débattent encore sur la possibilité d’un tel scénario.

    Le risque d’un procès post-mandature est de voir le nouveau pouvoir politique s’instituer en procureur de tout le bilan politique de Trump, et par extension d’une droite américaine qu’ils ont intérêt à voir divisée et surtout loin des affaires publiques, et cela pour longtemps.

    En d’autres termes, le risque est fort d’étendre la faute de Trump pour en faire une tache morale collective destinée à diaboliser l’ensemble des adversaires du nouveau progressisme dominant, et cela sans nuance aucune, au détriment de la liberté de conscience, d’expression et du pluralisme démocratique. Déjà, les médias , les éditorialistes et les réseaux sociaux appellent à l’invisibilisation de tout ce qui se rapporte de près ou de loin à Trump et à ses idées.

    La procédure judiciaire, en se transformant en un Barnum politique anti-Trump, risque ainsi de fragiliser une démocratie américaine dont le bon fonctionnement repose sur le dialogue et le consensus portés populaires sur ses institutions libérales.

    Pour reprendre une distinction inspirée du philosophe John Rawls , s’il peut être rationnel de chercher à destituer Trump, c’est-à-dire ici conforme aux intérêts de l’équipe nouvellement élue, cela pourrait ne pas être raisonnable, c’est-à-dire acceptable publiquement par la droite défaite.

    Et si la droite n’accepte pas la défaite dans les mêmes termes politiques et constitutionnelles que la gauche, la guerre civile dans les têtes n’est pas près de s’éteindre, et le fonctionnement régulier des institutions entravé. C’est le retour au fameux esprit de « factions » que les Fondateurs de la République américaine ont cherché à conjurer en adoptant les principes du gouvernement représentatif.

    Trump protégé par le premier amendement ?

    Le premier amendement de la constitution pourrait toutefois dédouaner Donald Trump et renvoyer l’ensemble du problème à la case départ.

    Comme le rappelle Jacob Sullum dans Reason , même le discours incitant à l’action illégale est protégé comme participant de la liberté d’expression depuis un arrêt de la Cour Suprême de 1969 Brandeburg v. Ohio :

    « Contrairement à Clarence Brandenburg, le membre du Klan dont la Cour suprême a jugé les poursuites anticonstitutionnelles, Trump ne préconisait pas d’enfreindre la loi, même en termes généraux. À première vue, son discours n’appelait qu’à une protestation pacifique. ».

    Sullum ajoute :

    « Lorsque Trump a envoyé ses partisans en colère au Capitole dans le cadre d’une mission vouée à l’échec pour empêcher Biden de prendre ses fonctions en exprimant leur mécontentement face à cette perspective, la violence était prévisible. Mais cela ne suffit pas pour satisfaire les standards posés par la juridsprudence Brandeburg ».

    Si c’est le cas, l’ouverture de la procédure de destitution du président sortant est vouée à l’échec, et sa disparition du paysage politique tant désirée par le camp démocrate peu probable.

    La procédure de destitution de Donald Trump risque fort de se transformer en stress test pour la démocratie américaine. Sera-t-elle assez solide pour éviter que l’exigence démocratique de justice ne dégénère en guerre ouverte contre la liberté d’expression ?

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      Twitter change ses règles de passation du compte présidentiel américain, désavantageant Joe Biden

      François Manens • news.movim.eu / Numerama • 23 December, 2020

    L'administration Biden risque de perdre une large partie des 33 millions d'abonnées au compte Twitter de l'administration présidentiel, @POTUS. [Lire la suite]

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