Par Justine Colinet.
Une bonne nouvelle dans ce contexte toujours plus restrictif ? Ce n’était pas facile, mais il y a eu du positif ces derniers jours. L’une des actualités qui a retenu notre attention est la régularisation de Laye Fodé Traoré, un Guinéen de 18 ans.
Après que son employeur, à force de courage et détermination, a poursuivi une grève de la faim le menant jusqu’à l’hospitalisation, après une pétition lancée en ligne par ce même employeur ayant recueilli plus de 220 000 signatures, après avoir reçu le soutien de Raphael Glucksmann , Omar Sy, Aurore Lalucq et bien d’autres, le jeune homme a annoncé jeudi passé sa régularisation. Il a repris ce mardi son travail d’apprenti en boulangerie au sein de la société Pain et Partage à Fabrègues. Il y sera certainement embauché après l’obtention de son CAP.
Cette histoire d’un jeune travailleur, dévoué mais visé par une obligation de quitter le territoire, a touché de nombreux Français, qu’ils viennent du monde politique, syndical, artistique ou littéraire.
Laye est arrivé en France lorsqu’il était mineur. Il a alors été pris en charge par l’État français en tant qu’isolé. Mais à sa majorité, il n’a pas obtenu de titre de séjour. Une demande de titre de séjour pour motif travail lui a été refusée en octobre 2020.
Le jeune homme a alors saisi le tribunal administratif de Besançon sur le fond pour contester son expulsion. Son employeur a souligné alors son importance au sein de l’entreprise et la difficulté qu’il avait à embaucher quelqu’un pour le remplacer.
Pour la ministre du Travail Élisabeth Borne, le cas de Laye est un un « cas particulier ».
« Dans le principe, ça ne devrait pas se passer comme ça. […] Quand on accueille des mineurs non accompagnés qui s’engagent dans des formations, au bout de deux ans, si tout s’est bien passé, alors ils peuvent continuer à travailler en France ». « Mais là c’est un cas particulier », a-t-elle estimé. « Il y a une contestation sur sa situation, […] les autorités judiciaires vont être amenées à se prononcer » Elisabeth Borne lors d’un déplacement sur le thème de la formation.
Notons bien qu’il y a, en France, trois conditions à remplir pour l’obtention d’un titre de séjour en tant que mineur : une formation qualifiante sérieuse, une absence de lien fort et régulier avec le pays d’origine, et pouvoir justifier de son identité pour prouver sa minorité lors de la prise en charge par l’aide sociale à l’enfance.
C’est ce dernier critère qui a posé problème dans la situation de Laye : la préfecture de la Haute-Saône a considéré « que les documents d’identité qu’il a produits [n’étaient] pas authentiques » .
Or, selon Me Dravigny, l’avocate de Laye, « l’état civil n’est pas le même [en Guinée] qu’en France » et son ambassade à Paris ne délivre pas de passeport pour le moment. Toujours selon elle, le cas de Laye Fodé Traoré n’est pas du tout une exception.
C’est finalement la validation récente par l’ambassade de Guinée des documents d’identité fournis par le jeune travailleur, qui « lui a délivré un acte de naissance », qui a permis sa régularisation.
Une bonne nouvelle, donc. Une bonne nouvelle qui mérite de souligner encore une fois, comme le disait Bill Wirtz : laissons les migrants travailler !
Le meilleur programme d’aide sociale, c’est un boulot. Pour le travailleur, pour la société, pour tout le monde.
La réglementation excessive, les demandes d’autorisation et les interminables démarches administratives freinent et découragent les migrants qui cherchent à travailler pour régulariser leur situation, et elles empêchent leur intégration.
Il est temps que cesse l’acharnement sur les migrants, il est temps de prendre en compte les efforts et le travail de ceux qui s’impliquent dans la vie du pays. À partir du moment où un migrant apporte sa contribution au pays, par son travail notamment, il participe au rayonnement de la France.
Pourquoi mettre tout en œuvre pour l’obliger à quitter le pays ? Il est évidemment difficile de procéder au cas par cas, cela représente énormément de recherche et d’investissement de la part de l’État, mais ce sont des vies humaines qui sont en jeu, et c’est ce qui semble être oublié trop souvent.
Combien d’autres jeunes ou moins jeunes sont dans la même situation que Laye ? Combien n’ont pas la chance que leur « cas particulier » soit médiatisé et soutenu par des célébrités ou des politiciens ? Combien n’obtiennent pas le soutien du courageux patron de Laye qui a été jusqu’à se faire hospitaliser pour sa régularisation ?
Laye Fodé Traoré restera en France et travaillera dans la boulangerie de celui qui l’a soutenu, c’est une excellente nouvelle. Mais le combat continue pour toutes ces personnes en situation irrégulière qui peinent à prouver que leur place est bien en France.