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      Les vaccins interdits d’entrer en Iran

      Hamid Enayat · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 16 January, 2021 - 04:20 · 5 minutes

    Par Hamid Enayat.

    Le 8 janvier 2021, Khamenei a annoncé à la télévision officielle l’interdiction d’importer des vaccins américains, britanniques et français.

    Si les Américains ont pu produire le vaccin, ce scandale du coronavirus ne se serait pas produit dans leur pays avec la mort d’environ 4000 personnes en un seul jour. En même temps, il faut fondamentalement s’en méfier, et parfois ces vaccins sont destinés à être testés sur des nations.

    Les chiffres officiels en Iran font état de 60 000 victimes du Covid-19. Le président du conseil de Téhéran a déclaré que les chiffres avancés par les autorités ne sont que ceux du cimetière de Behesht-Zahra à Téhéran. De son côté, l’opposition iranienne a annoncé que le nombre de décès dans seulement la moitié des villes d’Iran est proche de 200 000, selon les informations des hôpitaux et des cimetières. Une catastrophe se produit dans le silence le plus complet.

    Le monde entier commande, obtient et inocule à la population des vaccins fiables et approuvés par l’Organisation mondiale de la santé. Le très officiel quotidien Jahan-e-Sanat a déclaré le 22 décembre 2020 que « 80 pays ont fourni gratuitement au public 7 millions de doses de vaccin Pfizer. »

    Mais selon Khamenei, « si leur usine Pfizer peut fabriquer le vaccin, pourquoi veulent-ils nous le donner ? »

    Khamenei tire le rideau

    Apparemment, Khamenei est à l’origine des « excuses des dirigeants du régime pour ne pas avoir acheté le vaccin Covid-19 » et du « retard des autorités dans cet achat » , écrivait Jahan-e-Sanat le 17 décembre.

    Selon Zafar Ghandi, le chef du Conseil médical en Iran, le 2 décembre 2020, « le coût de la fourniture du vaccin (étranger) Covid-19 en Iran est inférieur à 200 millions de dollars, et ce n’est pas une somme que le gouvernement peut avancer ».

    Pourquoi Khamenei est-il opposé à l’importation de vaccins fiables, alors que Pfizer prétend être efficace même contre le nouveau virus Covid-19, hautement contagieux et mutant ?

    Les objectifs de Khamenei en Iran

    L’interdiction d’importer un vaccin fiable par Khamenei montre que c’est pour lui d’une importance stratégique. Le régime iranien avait auparavant adopté une stratégie d’immunité collective . L’Association iranienne d’immunologie a averti le président iranien Hassan Rohani que sur la base de cette stratégie 70 % de la population serait infectée, faisant entre un et deux millions de morts.

    On comprend maintenant pourquoi le régime refuse de prendre des mesures sérieuses comme le confinement. S’il parvient à maintenir la population iranienne concentrée sur la pandémie de Covid-19, cela détournera son attention des autres plaintes qui alimentent un soulèvement potentiel.

    Pourquoi une immunité collective ?

    Tant que la Covid-19 est présente et touche 70 % de la population, les pauvres, qui représentent plus des sept dixièmes de la société, ne peuvent plus recourir aux protestations de masse ou formuler d’autres revendications. Selon le régime, ces protestations, comme le soulèvement de novembre 2019 où Khamenei et ses dirigeants ont senti le vent du boulet, pourraient conduire au renversement du pouvoir clérical.

    Selon Khamenei, le coronavirus est une bénédiction qu’il faut transformer en opportunité. Il agit comme un bouclier contre un soulèvement populaire, retardant l’inévitable.

    Une vague d’exécutions et de répression en Iran

    Le jeudi 31 décembre, le commandant adjoint de la police nationale, le général Qassem Rezaï, a donné un ordre ignoble aux forces sous son commandement :

    Si vous avez arrêté quelqu’un dans un affrontement et que je le vois se tenir debout ici sain et sauf, vous aurez à expliquer pourquoi.  S’il avait un couteau à la main, il fallait lui briser la main […] Les droits de l’accusé sont pour après son arrestation.

    Il a tenu ces propos délibérément devant la caméra et le public.

    Rien que durant la deuxième semaine de décembre, du 12 au 19, douze personnes ont été exécutées dans les prisons iraniennes . Le 31 décembre, trois sunnites ont été pendus à Machhad. Le 3 janvier, trois Baloutches ont été exécutés après de longues années de détention. Mohammad Hassan Rezaï, qui n’avait que 16 ans au moment de son arrestation, a été pendu le 31 décembre, dans un acte cruel violant toutes les normes internationales.

    Ces exécutions hâtives ne visent qu’à contrôler une société en ébullition. Et le régime, qui pensait pouvoir le contenir avec la Covid-19, utilise à nouveau l’arme rouillée des exécutions pour contenir les exigences de la population iranienne.

    « Le volcan des affamés »

    Un expert officiel avait précédemment déclaré qu’ « il faut avoir peur du moment où le volcan des affamés ne sera plus retenu » . Ces derniers mois, des jeunes ont pris pour cibles des centaines de centres des gardiens de la révolution, de la milice du Bassidj et des centres de torture, pour briser le statu quo. Les attaques contre les tribunaux qui prononcent des condamnations à mort ou ordonnent la démolition des masures des pauvres gens font partie des centres visés par les jeunes insurgés.

    Le feu mis aux portraits de Khamenei et de Soleimani dans diverses villes symbolise la colère de la jeunesse qui se révolte contre l’oppression et la répression. Bien sûr, c’est un message clair envoyé à Khamenei et au régime iranien.

    Quelques mois avant le soulèvement de novembre 2019, le ministre du Renseignement Mahmoud Alavi avait affirmé que 116 de ces équipes d’insurgés avaient été arrêtées en quelques mois et qu’elles étaient affiliées aux Moudjahidine du peuple (OMPI), l’ennemi juré du régime clérical. Khamenei survivra-t-il au volcan des affamés malgré le bouclier du Covid-19 et des exécutions ?

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      Certains vaccins Covid font appel au génie génétique ? Excellente nouvelle !

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 15 January, 2021 - 04:40 · 6 minutes

    vaccins

    Par Mark Lynas.
    Un article de Cornell Alliance for Science

    Nous avons tous subi les théories conspirationnistes sur la Covid-19 . Aujourd’hui une nouvelle vague de même nature est en train de se former à propos des vaccins et de se propager de manière aussi virulente que la pandémie qu’ils sont censés contrôler.

    Même si les instances de santé publique ont tendance à se montrer rassurantes sur certaines des appréhensions les plus raisonnables – oui, les vaccins ont été développés incroyablement rapidement et des effets secondaires à court terme peuvent se produire – ce billet se propose d’aborder le sujet sous un autre angle.

    Nous allons droit au cœur du problème. Donc non, les vaccins Covid-19 ne sont pas des vecteurs de distribution de puces gouvernementales. Ils ne sont pas contaminés par du matériel provenant de fœtus avortés. Et ils ne nous transformeront pas en OGM – bien que certains d’entre eux utilisent le génie génétique, et que tous utilisent la génétique de manière plus générale.

    Nous pensons que c’est vraiment super – quelque chose à célébrer , et dont il ne faut pas avoir honte. Nous tenons donc à dépeindre en profondeur la façon dont la génétique et les biotechnologies ont été au cœur de l’effort de recherche sur ces vaccins. Parce que nous savons que les conspirateurs ne se soucient pas des preuves, de toute façon.

    ARNm – vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna

    Premier point : l’ARNm. Il ne reprogrammera pas votre cerveau. Mais il reprogramme certaines de vos cellules, en quelque sorte. Et ce n’est pas un défaut, c’est intentionnel.

    Pour comprendre cela, vous devez savoir à quoi sert l’ARNm. En gros, c’est une molécule d’acide nucléique simple brin qui transporte une séquence génétique de l’ADN, du noyau de la cellule vers les usines à protéines – appelées ribosomes – qui se trouvent à l’extérieur du noyau dans le cytoplasme cellulaire.

    C’est ce que signifie le « m » d’ARNm : messager. L’ARN messager ne fait que transmettre les instructions pour l’assemblage des protéines de la matrice d’ADN aux ribosomes. (Les protéines font presque tout ce qui compte dans l’organisme.) C’est tout.

    C’est utile pour les vaccins car les scientifiques peuvent facilement reconstruire des séquences génétiques spécifiques qui codent pour des protéines distinctives du virus envahissant. Dans le cas du Covid, il s’agit de la protéine de pointe bien connue qui permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules humaines.

    Les vaccins à ARNm obligent quelques cellules proches du site d’injection à produire la protéine de pointe. Celle-ci prépare ainsi votre système immunitaire à fabriquer les anticorps et les lymphocytes T qui combattront la véritable infection par le coronavirus lorsqu’elle se produira.

    Ce n’est pas très différent de la façon dont les vaccins traditionnels fonctionnent. Mais au lieu d’injecter un virus vivant affaibli ou éteint, l’approche par ARNm entraîne directement votre système immunitaire avec une seule protéine.

    Contrairement aux affirmations des plus fous, il ne vous transformera pas, vous ni personne d’autre, en OGM. L’ARNm reste dans le cytoplasme, là où se trouvent les ribosomes. Il n’entre pas dans le noyau et ne peut pas interagir avec votre ADN ni provoquer de modifications du génome. Pas de « Frankencure » ici non plus.

    Une variante de l’approche ARNm consiste à reculer d’un pas dans le processus et à la place, de construire une plateforme de vaccin à partir d’ADN. Ce modèle d’ADN – construit par les scientifiques pour coder la protéine de pointe du coronavirus – est introduit dans les cellules où il est lu dans l’ARNm et… eh bien, le reste est identique.

    Vous vous demandez peut-être si cet ADN peut modifier génétiquement vos cellules. Encore une fois, la réponse est non. L’ADN est injecté en petits morceaux circulaires appelés « plasmides » – à ne pas confondre avec les plastiques – et si ceux-ci entrent bien dans le noyau, le nouvel ADN lui ne s’intègre pas dans votre génome cellulaire. Vous y êtes ?

    Adénovirus – le vaccin d’Oxford

    Celui-ci est vraiment génétiquement modifié. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?

    Le vaccin d’Oxford utilise ce que l’on appelle une approche par « vecteur viral ». L’équipe scientifique a pris un adénovirus – un type d’agent pathogène qui provoque un rhume commun – et l’a couplé à la même séquence génétique de protéine de pointe que celle du coronavirus.

    L’adénovirus sert simplement de véhicule pour faire entrer la séquence génétique dans vos cellules. Voilà pourquoi il est appelé « vecteur viral ». Après tout, les virus ont été conçus par des milliards d’années d’évolution, précisément pour trouver des moyens de se faufiler dans les cellules hôtes.

    Notez que le génie génétique est une partie essentielle du processus de développement. Tout d’abord, les virus vecteurs sont dépouillés de tous les gènes qui pourraient vous nuire et provoquer une maladie. Les gènes qui provoquent la réplication sont également supprimés, de sorte que le virus est inoffensif et ne peut pas se répliquer.

    Ensuite, les gènes de la protéine de pointe du coronavirus sont ajoutés – une utilisation classique de l’ADN recombinant. Donc oui, l’emploi du vaccin Oxford/AstraZeneca signifie bien qu’un virus génétiquement modifié est injecté dans votre corps.

    Et c’est une bonne chose. Dans le passé, par exemple avec le vaccin contre la poliomyélite, les virus vivants contenus dans le vaccin pouvaient parfois muter et redevenir pathogènes, provoquant une polio dérivée du vaccin. Vous pouvez voir qu’il est de loin préférable d’utiliser un virus génétiquement modifié qui ne peut pas causer de tels dommages !

    L’alarmisme OGM

    Comme nous l’avons déjà signalé à l’Alliance pour la Science, les mouvements anti-OGM et anti-vaccins se chevauchent considérablement. Ces groupes ont tendance à partager une idéologie qui se méfie de la science moderne et fétichisent plutôt les approches « naturelles ». Quoi qu’on puisse entendre par « naturel » .

    Notez que ces groupes ne sont pas toujours relégués à la frange à laquelle ils appartiennent. En Europe, les réglementations anti-OGM ont bloqué toute utilisation substantielle de la biotechnologie des cultures pendant près de deux décennies, entravant les efforts visant à rendre l’agriculture plus durable.

    Et en juillet dernier, le Parlement européen a dû suspendre les règles anti-OGM de l’UE afin de permettre le développement sans entrave des vaccins COVID. Très embarrassant pour Bruxelles !

    Les mouvements anti-OGM et anti-vaccin vont-ils utiliser leurs tactiques habituelles d’alarmisme pour susciter la peur, accroître le doute sur les vaccins, et prolonger ainsi l’enfer de la pandémie de Covid-19 ? Cela reste à voir. S’ils y parviennent, alors, tragiquement beaucoup plus de personnes mourront et nos économies continueront de souffrir. C’est à nous tous – le mouvement populaire en faveur de la science – de les arrêter.

    Traduction de Yes, some COVID vaccines use genetic engineering. Get over it par Alain Cohen-Dumouchel pour Contrepoints .

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      Vaccination : la lenteur n’est pas un problème de logistique

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 14 January, 2021 - 03:50 · 16 minutes

    vaccination

    Par Aurélien Rouquet.
    Un article de The Conversation

    Est-ce que le début chaotique de la campagne de vaccination française contre la Covid-19 s’explique principalement par des problèmes logistiques ? Par le fait que le gouvernement n’aurait pas prévu les moyens et ressources logistiques nécessaires ? Pas vraiment.

    Les problèmes initiaux tiennent plutôt à la stratégie retenue, dont on va voir que mécaniquement, elle induisait une logistique complexe et une vaccination plus lente à démarrer.

    Ce qui est donc ici en cause, c’est ainsi le fait qu’en amont, le gouvernement n’a pas intégré suffisamment les contraintes logistiques, et qu’en aval, il n’a pas réussi à expliquer au grand public pourquoi la logistique vaccinale démarrait plus lentement que chez nos voisins, et notamment en Allemagne. Bref, ce n’est pas tant un problème logistique, qu’un problème de stratégie et de marketing !

    Premier temps : la conception de la stratégie de vaccination

    Pour le comprendre, il faut repartir du point de départ, qui est l’élaboration de la stratégie vaccinale. Au cours de la deuxième moitié de l’année 2020, la Haute Autorité de Santé charge un groupe de travail de formuler des recommandations. Composé de plusieurs médecins et d’un sociologue, celui-ci passe en revue la littérature médicale pour élaborer sa stratégie .

    Alors que l’on sait par définition que les quantités de doses seront initialement limitées, l’enjeu principal est de déterminer qui vacciner en priorité. Pour cela, les experts se fondent sur deux critères de priorisation : « le risque de faire une forme grave de la Covid-19 et le risque d’exposition au virus ». Cela les conduit à proposer une stratégie fondée sur cinq phases successives.

    La première doit selon eux cibler les résidents et personnels des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ce qui représente environ un million de personnes. La seconde phase prévoit ensuite d’étendre la vaccination aux plus de 75 ans, aux personnes de 65 à 74 ans, ainsi qu’à certains soignants.

    Enfin, trois autres phases sont prévues afin d’étendre peu à peu la vaccination, qui devrait se conclure avec le public le moins à risque : les plus de 18 ans sans comorbidité. De manière générale, ce phasage répond à un objectif explicitement formulé par les experts, qui est de se servir de la vaccination d’abord pour diminuer les formes graves et faire baisser la pression sur les hospitalisations.

    À ce stade, on peut noter qu’aucune considération logistique ne semble avoir été prise en compte par les experts, qui s’appuient sur une stricte vision médicale. Le terme n’est ainsi mentionné qu’une fois, et encore, pour souligner que des clusters ont pu se développer dans des « services logistiques ». Les experts ont cependant intégré dans leur stratégie le rapport difficile des Français à la vaccination, et insistent sur la « nécessité d’une information claire et accessible ».

    Deuxième temps : la logistique après la stratégie

    Partant des recommandations de la Haute Autorité de Santé, le gouvernement va alors travailler à la mise en place de la logistique qui permet de soutenir la stratégie définie. Quel est ici l’enjeu ? Amener le vaccin dans les milliers d’Ehpad qui sont disséminés partout en France, car on ne peut évidemment pas demander aux résidents de se déplacer dans des centres de vaccination.

    Pour les approvisionner, deux flux sont alors prévus, qui s’appuient sur les circuits logistiques traditionnels. Environ 25 % des Ehpad sont approvisionnés par une centaine de pharmacies d’hôpitaux dont elles dépendent. Il est donc décidé de charger ces pharmacies hospitalières d’organiser la livraison des vaccins. Pour cela, il est prévu de doter celles-ci, quand elles n’en possèdent pas, de congélateurs pour stocker le seul vaccin disponible : celui de Pfizer/BioNtech qui doit être conservé à – 70 °C.

    Par ailleurs, 75 % des Ehpad sont approvisionnés par une pharmacie référente. Sachant qu’il est matériellement impossible de doter ces milliers de pharmacies des fameux congélateurs, l’État choisit alors logiquement de passer par des dépositaires. Six plateformes logistiques sont prévues pour centraliser les stocks et toucher toute la France.

    Ces plateformes, qui disposeront elles aussi de congélateurs en vue de stocker les vaccins de Pfizer/BioNtech, auront ensuite la charge dans un second temps d’approvisionner par le biais de tournées les pharmacies référentes situées dans leur zone, qui elles-mêmes pourront enfin approvisionner les Ehpad.

    vaccination Legifrance.gouv.fr

    Pour ce qui est du calendrier, le gouvernement, alors qu’une incertitude existe sur la date de validation par l’Agence européenne du médicament du vaccin Pfizer/BioNTech, qui doit intervenir entre fin décembre et début janvier, prévoit un démarrage réel de la campagne début janvier.

    Troisième temps : le lent déploiement de la logistique de vaccination

    Cependant, sous la pression de l’Allemagne, l’Europe autorise le déploiement de la vaccination avec une semaine d’avance, dès le 21 décembre, et la présidente de la Commission européenne lance officiellement la campagne européenne le 27 décembre. Ces annonces prennent alors un peu de court la France, qui n’est alors pas tout à fait prête : comme l’a révélé Mediapart , les congélateurs, s’ils ont été livrés avant Noël, ne sont pas encore tous installés et qualifiés.

    De plus, cette période des fêtes n’est évidemment pas très propice pour lancer les vaccinations dans les Ehpad. Entre Noël et le jour de l’An, alors que le nombre de vaccinés augmente rapidement chez la plupart de nos voisins européens, le compteur reste ainsi bloqué à quelques centaines en France. Alors qu’ils ont commencé en même temps que nous, ce retard sur nos voisins suscite l’incompréhension et conduit beaucoup de commentateurs à pointer du doigt la logistique.

    La cause de ce retard à l’allumage tient d’une part, comme on vient de le souligner, à l’accélération du calendrier européen, qui prend de court la France. Mais comme on va le voir, elle s’explique d’autre part aussi et surtout par le fait que nos voisins ont choisi d’autres stratégies vaccinales, qui ont induit des logistiques distinctes !

    vaccination Extrait d’un document de programmation du ministère de la Santé en date du 23 décembre.
    Document Mediapart

    Ainsi de l’Allemagne, qui dans une première phase, a prévu à la fois de toucher les résidents et personnels des Ehpad, comme la France, mais aussi le public à risque : les personnes très âgées, les personnels soignants et les personnes atteintes de pathologies à risque. Pour cela, au côté d’une logistique ciblant ses Ehpad, dont on peut supposer qu’elle suit peu ou prou les mêmes étapes que la logistique mise en place en France, l’Allemagne a dès l’origine prévu le déploiement de « vaccinodromes ». Par nature, ce second schéma logistique permet aux Allemands de très vite augmenter le nombre de personnes vaccinées.

    Avec ces vaccinodromes, on supprime d’abord certains maillons qui sont nécessaires pour atteindre les Ehpad. Ce sont en effet ici les personnes qui viennent au vaccin, et on comprend que le temps d’écoulement entre le moment où un vaccin entre dans la chaîne logistique, et le moment où il atteint le patient est ici plus court.

    Par ailleurs, pour vacciner en Ehpad, la difficulté est de déterminer avant l’expédition depuis les lieux de stockage, combien il faut exactement envoyer de doses de vaccins dans chaque Ehpad, ce qui est loin d’être simple.

    Il faut en effet obtenir en amont le consentement des résidents, ce qui suppose de se coordonner avec les médecins des Ehpad (sachant que tous les Ehpad n’en ont pas), d’interagir éventuellement avec la famille de ces résidents (cas des résidents ayant Alzheimer, pour lequel il faut parler à la tutelle, etc.), dans une période des fêtes qui est peu propice (absence éventuelle de certains soignants en vacances, difficulté à joindre les familles de certains résidents sous tutelle, etc.).

    L’enjeu est pourtant crucial, car il ne faut surtout pas décongeler trop de doses, au risque de les perdre et alors qu’on en possède un nombre limité ! À l’inverse, un tel problème ne se pose évidemment pas dans le cadre d’un vaccinodrome. En effet, s’il y a des anti-vaccins, il y a aussi de très nombreuses personnes désirant être vaccinées, et la demande dans ces lieux est pour l’instant très supérieure au nombre de doses disponibles, comme l’illustrent les queues que l’on peut constater un peu partout dans le monde.

    Il y a d’autant moins de risque de perdre des doses, que les vaccins sont soit stockés sur place dans les congélateurs, soit livrés plusieurs fois par semaine depuis un stock qui n’est pas très loin, et qu’on peut dans ces structures bien plus facilement ajuster la quantité nécessaire à la demande. Au bilan, la logistique qui sous-tend un vaccinodrome est donc bien plus rapide à démarrer !

    Quatrième temps : un déficit de pédagogie logistique

    Alors que ce retard au démarrage peut notamment s’expliquer par l’accélération du calendrier et le choix stratégique qui a été fait de cibler d’abord les seules Ehpad, face aux critiques qui se multiplient, le gouvernement tente entre Noël et le jour de l’An de défendre sa stratégie. Il explique que son objectif consistant à cibler en priorité les résidents des Ehpad se justifie par le fait que les résidents représentent 30 % des morts.

    Cependant, une telle explication ne peut pas suffire pour faire comprendre le retard au démarrage. Pour y parvenir, il faut entrer dans les détails logistiques, et suivre le long déroulé que je viens de présenter plus haut. Ce long déroulé reste peu compatible avec le temps médiatique, les critiques des différents partis politiques qui tous s’engouffrent dans la brèche, et surtout avec les cartes qui circulent sur Twitter et comparent le nombre de personnes vaccinées dans les différents pays avec la France qui n’aurait vacciné jusqu’à présent que Mauricette.

    La communication est d’autant plus difficile que dans les médias, personne ne connaît grand-chose à la logistique, et qu’au sein du gouvernement, nul n’est capable de venir donner de telles explications. Pire, le monsieur Vaccin du gouvernement a même reconnu dans une interview accordée à LCI qu’il ne connaissait rien à la logistique !

    Cinquième temps : une révision de la stratégie vaccinale

    Alors qu’à la suite du cas des masques, puis des tests, la logistique étatique derrière la gestion de l’épidémie a fait l’objet de nombreuses critiques, et que la confiance dans les capacités logistiques de l’État reste bien faible, la bataille de la communication apparaît comme clairement perdue. Le gouvernement n’a alors d’autre choix que de remettre en cause toute sa stratégie vaccinale et de chercher par tous les moyens à faire augmenter rapidement le nombre de personnes vaccinées.

    Pour cela, le ministre de la Santé Olivier Véran étend dès le 31 décembre la vaccination aux soignants de plus de 50 ans, puis le 5 janvier annonce qu’elle sera bientôt ouverte à toutes les personnes de plus de 75 ans. Alors qu’il avait exprimé ses réserves sur les vaccinodromes, au vu du désir fort de vaccin d’une partie de la population, il annonce également l’ouverture de centres de vaccinations.

    Sur le plan opérationnel, il est demandé aux hôpitaux pivots qui disposent de congélateurs de mettre rapidement sur pied des centres de vaccination pour pouvoir commencer à vacciner les soignants de plus de 50 ans. Progressivement, ces centres et d’autres qui sont mis en place en lien avec des collectivités locales se déploient un peu partout dans toute la France. Cela permet ainsi dès la première semaine de janvier de faire augmenter le nombre de personnes vaccinés. Le vendredi 8 janvier, ce sont ainsi selon le site Vaccin Tracker 34 305 personnes qui ont été vaccinées en une journée.

    Construire la stratégie de vaccination avec la logistique

    Que retenir finalement de cette séquence et quelles leçons le gouvernement doit-il en tirer ? Que dans cette crise, les éléments et contraintes logistiques sont déterminants et doivent être pris en compte en amont (formulation des stratégies) et en aval (communication).

    Ainsi, ce dont est coupable le gouvernement, c’est d’avoir pensé sa stratégie vaccinale d’abord, puis d’avoir organisé ensuite la logistique de cette stratégie. Cela a été une erreur car, comme je viens de l’expliquer, cela a conduit à opter pour la stratégie qui était la plus complexe logistiquement à mettre en place. Cette stratégie induisait nécessairement un démarrage lent, alors pourtant que de nombreux Français qui croient aux vaccins n’attendent qu’une chose : que cela aille vite. En termes d’image, un tel choix était ainsi mauvais politiquement.

    Covidtracker.fr

    L’erreur a été d’autant plus remarquée que le gouvernement, alors pourtant que la lenteur du départ était parfaitement prévisible, n’a pas réussi à communiquer sur le sujet. La faute au fait qu’en dépit du rôle clef de la logistique dans cette crise, le gouvernement n’a pas jugé bon de mettre en avant une personne chargée de la logistique capable d’en faire la pédagogie auprès du grand public (on peut cependant noter que le gouvernement a nommé à la suite de cette crise un nouveau responsable de la logistique de la vaccination ).

    La performance logistique, un impact sanitaire

    Mais sur le fond ce qui reste pour moi le principal problème de cette logique séquentielle (1) élaboration de la stratégie vaccinale puis 2) mise en place de la logistique, tient au fait qu’elle a conduit le gouvernement à ne pas considérer dans sa stratégie le critère de la « performance logistique », alors pourtant que ce critère me semble clef sur le plan sanitaire.

    Dans un contexte où les doses de vaccin sont reçues au compte-gouttes et au fil de l’eau, du fait des capacités de production limitées, l’enjeu sur le plan médical est non seulement de déterminer qui en priorité doit recevoir les vaccins, mais aussi d’être capable d’administrer le plus vite, sans perdre de doses, les vaccins dès qu’ils sont reçus !

    Plus vite on transforme les doses réceptionnées en personnes vaccinées, plus vite on pourra en effet évidemment faire reculer l’épidémie, diminuer les hospitalisations, les morts, etc., faire repartir l’économie et profiter enfin à nouveau des bars, restaurants, théâtres et cinémas !

    Pour cela, il s’agit d’une part sur le plan logistique de perdre le minimum de doses de vaccins, et d’avoir d’autre part une stratégie vaccinale en flux tendus qui permette que le temps d’écoulement entre le moment où l’on reçoit les doses et le moment où elles sont injectées soit le plus court possible. La stratégie développée par la Haute Autorité de Santé aurait ainsi clairement du prendre en compte ces aspects qui ont été totalement oubliés…

    S’ils avaient été intégrés, une conclusion logique aurait alors été qu’il fallait dès le départ, en plus du flux à destination des Ehpad, mettre en place des vaccinodromes pour pouvoir au plus vite utiliser les doses disponibles. Car au vu du temps nécessaire pour démarrer la campagne dans les Ehpad, il y avait bien suffisamment de doses en stock pour dans le même temps commencer à vacciner d’autres segments de la population. Ainsi, rien ne légitimait que les doses dorment dans les congélateurs sur des plateformes !

    De plus, s’appuyer d’entrée de jeu sur deux circuits logistiques aurait permis d’avoir plus d’agilité logistique. Or une telle agilité parait ici cruciale, au vu des incertitudes qui existent tant sur les approvisionnements (quels vaccins vont finalement être autorisés et quand ? Combien de doses les fabricants vont-ils pouvoir livrer ?), que sur les bonnes pratiques en termes de vaccination (faut-il deux doses espacées de 3 semaines ? De six semaines ? Une seule dose ? faut-il utiliser le flacon pour faire six doses au lieu des cinq prévues ?).

    Quelle évaluation ?

    Pour conclure, si l’on sort du temps présent et qu’on se projette dans les prochains mois, un enjeu va être d’évaluer collectivement et sereinement la stratégie vaccinale française. Pour cela, il est clair qu’il faut absolument aller au-delà du seul indicateur simple actuellement utilisé consistant à compter le nombre de personnes vaccinées.

    Précisément, un enjeu va être de regarder deux indicateurs qui sont familiers de tous les responsables logistiques et autres supply chain managers : les délais et la qualité. Combien de temps en moyenne met la France, une fois que des vaccins ont été livrés par les usines pharmaceutiques dans ses plateformes logistiques, pour vacciner la population ? Quelle est la proportion de doses reçues que l’on perd, parce que l’on n’a pas respecté la chaîne du froid, cassé un flacon, etc. ?

    Il serait dans cet esprit intéressant que les journalistes qui suivent le sujet demandent des comptes au gouvernement, et que les indicateurs correspondants puissent faire l’objet d’une communication. Dans le même ordre d’idée, l’État devrait aussi communiquer sur le nombre de personnes qu’il a vacciné au sein de chacune des tranches prioritaires de population qui avaient été identifiées dans sa stratégie vaccinale.

    Car l’urgence est bien sûr de vacciner d’abord certaines personnes en priorité, urgence qui semble elle aussi avoir été oubliée par la folie médiatique consistant simplement à compter le nombre de personnes vaccinées ! Quoi qu’il arrive, il est clair que l’on va continuer de parler de logistique dans les mois prochains…

    Aurélien Rouquet , Professeur de logistique et supply chain, Neoma Business School

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’ article original .

    The Conversation

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      En 2021 : confiner l’étatisme, déconfiner la liberté d’expression

      Alain Laurent · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 12 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    étatisme

    Par Alain Laurent.

    À l’agenda de ce qu’un libéral de grande tradition peut souhaiter voir mis en état d’urgence pour 2021 devrait figurer en premier lieu la découverte d’un drastique vaccin intellectuel et politique immunisant contre le… statovirus qui achève de transformer notre nation en Étatistan : le pays où règne de manière absolue l’État de droit divin. Mais il devra également formuler des vœux (non pieux) en faveur d’un renforcement du combat contre les nouvelles menaces proliférantes qui pèsent désormais sur la liberté d’expression, un bien premier de l’esprit sans lequel la vie ne mérite pas d’être vécue.

    Derrière l’Absurdistan, l’Étatistan

    Il y a quelque temps, on s’en souvient, la presse allemande avait ironiquement qualifié la France d’Absurdistan , visant par là l’hyper-réglementation bureaucratique et courtelinesque (les attestations infantilisantes, la définition aberrante des commerces dits essentiels…) y caractérisant la gestion de la crise sanitaire.

    Constat clinique d’autant bien vu qu’il pointait un mal récurrent ainsi que l’a montré le récent nouveau ratage au sujet de la vaccination de masse , comme si la devise gouvernementale était : « Pourquoi faire simple et efficace quand on peut faire compliqué et contre-productif ? »

    Mais au-delà des symptômes, il faut remonter aux causes et poser un diagnostic, lequel n’a au demeurant rien d’original : l’emprise étouffante et stérilisante d’un État obèse et boulimique, à la fois omnipotent, capable de déverser tout à coup un torrent d’argent magique, et impotent, incapable de faire respecter un véritable État de droit ; impotent en raison même de sa prétention à une omnipotence – version ultra-centralisation monarchisante.

    Comment donc confiner l’État après l’avoir fait revenir à sa juste et nécessaire place (son confinement n’ayant d’intérêt que précédé de son refoulement !), et le contraindre à assurer la seule mission légitime qui devrait être la sienne : effectivement garantir la liberté, la propriété et la sûreté des citoyens ?

    Comment parvenir à guérir nos concitoyens de leur statolâtrie , eux qui se disent si majoritairement demandeurs d’une dépense et une fonction publiques en expansion indéfinie ?

    Mais pour continuer à filer la métaphore en forme de boutade d’un vaccin mental, celui-ci ne pourrait certes pas s’administrer aux étatistes invétérés, que l’on n’imagine pas renoncer volontairement  – respect de leur consentement oblige – à  leur projet d’étatisation totale de la société. Il devrait donc concerner tous ceux que commencent à ébranler les fiascos bureaucratiques à répétition, afin qu’ils sortent de leur aveuglement et comprennent d’où proviennent les maux qu’ils dénoncent, et soient gagnés par l’envie et la volonté d’en finir avec l’Étatistan.

    Pour y prédisposer, rien ne vaut sans doute la (re)lecture de L’Absolutisme inefficace (1992) où, il y a une trentaine d’années, Jean-François Revel , qu’on ne saurait soupçonner d’anti-étatisme primaire, avait pratiquement déjà tout dit des causes de ce dont nous souffrons tant actuellement…

    La liberté d’expression ne se négocie pas plus qu’elle ne doit s’autocensurer !

    Une quinzaine d’années avant L’Absolutisme inefficace , Jean-François Revel – toujours lui ! – avait dans La Nouvelle censure (1977) dénoncé l’apparition délétère en France d’une « forme non officielle de censure » . Non plus d’une classique censure d’État, mais d’une « censure élargie » , « idéologique » , visant à interdire de critiquer le communisme et à mettre à l’index ceux qui osaient le faire.

    En fait de  censure idéologique, nous y revoici présentement en plein, et en pire. Au nom d’ une chasse aux sorcières islamophobes et d’un antiracisme dévoyé doublé d’un néoféminisme hystérisé, il s’agit de museler, bâillonner la liberté normale d’expression et de critique : bel et bien d’une nouvelle censure sociétale. Si son inspiration n’est plus soviétique mais américaine (aux USA, la tradition libertarienne du free speech n’est plus qu’un souvenir, que ce soit dans la presse, l’université ou sur les réseaux sociaux) au sens woke et cancel culture , elle demeure d’extrême gauche.

    Et en France désormais, le libertaire « il est interdit d’interdire » tend lui aussi à n’être bientôt plus qu’un souvenir. Cette censure a pour moteur le narcissisme tyrannique de groupes de pression idéologiques dont les membres se disent blessés, offensés par la liberté de parole de qui ose professer une autre opinion ou critiquer leurs croyances.

    Et ça marche ! Soumis à une intimidation musclée, la moitié des enseignants s’autocensurent désormais, et dans les médias mainstream , on euphémise et pratique une pitoyable novlangue de bois – pour ne rien dire de réseaux sociaux totalement fliqués par les nouveaux inquisiteurs.

    Pour autant, la censure d’État n’est pas en reste, et prête éventuellement son concours à l’opération en prenant appui sur une législation mémorielle et bien-pensante qui enjoint aux tribunaux de déclarer recevables d’abusifs dépôts de plaintes ; rien de tel pour clouer au pilori et décourager les mal-pensants de librement s’exprimer.

    Dans ce contexte alarmant et insupportable, on ne peut se contenter de réaffirmer avec John Stuart Mill « la nécessité – pour le bien-être intellectuel de l’humanité (dont dépend son bien-être en général) – de la liberté de pensée et d’expression » ( On Liberty , 1859 ; ch.2). Il faut en effet aller au-delà de son plaidoyer n’intégrant que l’utilité collective du libre échange des idées.

    Car pour un libéral cohérent et fidèle à l’ADN historique de sa famille de pensée, ce qui doit être défendu, c’est une pleine liberté d’expression entendue comme un droit naturel inaliénable de l’individu. Dont les seules limites concevables ne peuvent qu’être de prohiber et sanctionner l’imputation fallacieuse à une personne d’actions répréhensibles qu’elle n’a pas commises (diffamation et dénonciations calomnieuses et, bien sûr, les incitations même implicites à la violence.).

    Il est donc infiniment souhaitable que les libéraux prennent offensivement la tête de ce combat. Sinon, il ne leur restera plus qu’à se mêler à la curée en exigeant qu’on cloue le bec et mette au pilori quiconque les… blesse et les offense en insultant et dénigrant leur religion de la liberté, soit le…libéralisme ! Bon courage, car il y aura fort à faire…

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      État d’urgence sanitaire : l’autorité centrale est totalitariste (1/2)

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 29 December, 2020 - 04:30 · 9 minutes

    état d

    Par Patrick de Casanove.

    Il est important de différencier deux choses qui sont souvent confondues :

    • la covid-19 qui est une épidémie d’infections virales à SARS-coV2 ; une épidémie relève de la médecine ;
    • la crise sanitaire, qui est la catastrophe planétaire et en particulier française, liée au traitement politique de l’épidémie ; en France, elle a commencé les 12 mars et 16 mars : nos libertés se sont trouvées réduites de manière pire qu’en temps de guerre.

    Une fois enclenchée, cette dynamique ne s’arrête plus. Le lundi 21 décembre était présenté au Conseil des ministres le projet de loi nº3714 instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires.

    La levée de boucliers

    Suite à une levée de boucliers, le mardi 22 décembre sur TF1 Olivier Véran décidait de ne pas présenter ce projet de loi au Parlement avant plusieurs mois. Cela dit, il faut bien l’écouter . Il précise que « ce projet n’est pas retiré » . Il est plus que probable qu’il revienne à un moment ou à un autre, sous une forme ou sous une autre.

    Comme raison, il évoque l’incompréhension de la politique de vaccination contre la covid. Les autres atteintes à la liberté ne sont pas abordées et encore moins remises en cause.

    Cette levée de boucliers est partielle car beaucoup de députés y sont favorables (LREM n’a pas protesté) ou partisans de l’obligation sournoise de la vaccination.

    Cette idée de « passeport santé », qui n’est en aucun cas une incitation mais une contrainte, est d’ailleurs souvent reprise depuis le début de l’épidémie.

    Elle est limitée car elle ne concerne que l’atteinte aux libertés par l’article L. 3131-9. 6, qui rend la vaccination obligatoire dans la vraie vie . Les autres atteintes aux libertés ne choquent aucun politicien, quoi qu’ils en disent.

    Ceux qui protestent ne contestent que la forme et pas le fond.

    La forme consiste à exclure le Parlement du processus de privation de libertés . Quand on connaît l’autonomie plus que réduite, et l’esprit godillot qui règnent sur les chambres d’enregistrement que l’on nomme Parlement , on est rassuré.

    À la vérité, il devrait être impossible à quiconque de priver quelqu’un de liberté, hors décision de justice pour sanctionner une atteinte à un des droits naturels d’autrui ( « Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. » – Frédéric Bastiat, La Loi, 1850) .

    Elle consiste également à créer une inégalité entre les citoyens, tarte à la crème française.

    La conclusion que l’on peut en tirer est que les politiciens n’ont pas confiance dans le vaccin, l’idée qu’il pourrait être obligatoire les fait bondir, mais les atteintes aux libertés sont partie intégrante de leur fonctionnement intellectuel.

    Les atteintes aux libertés de ce texte

    « Mais ils ne font guère mieux ceux d’aujourd’hui qui, avant de commettre leurs crimes les plus graves, les font toujours précéder de quelques jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux. »
    – Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire (1576)

    Ce projet de loi fait référence à la santé. Avant toute chose, il est utile de rappeler ce qu’est la santé. Pour l’OMS :

    La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

    Dans le cas de la covid-19, la santé ce n’est pas être « non mort », exempt de SARS-coV2, dans un milieu asocial, aseptisé, stérile. La santé est gravement mise à mal par les atteintes aux libertés induites par l’état d’urgence sanitaire, le confinement, le couvre-feu. Elle est donc gravement compromise par ce projet de loi supposé la protéger.

    Leurs motivations sont floues

    « Art. L. 3131-5. – L’état d’urgence sanitaire peut être déclaré sur tout ou partie du territoire […] en cas de catastrophe sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa gravité, la santé de la population. »

    Il y a de quoi s’inquiéter quand on voit par quels artifices (litanie des morts dits du covid, puis litanie des positifs, avec confusion volontaire entre tests positifs, cas, malades, etc., chiffres non fiables, projections fantasques), une épidémie somme toute peu grave et gérable a été transformée par les politiciens en catastrophe sanitaire, sociale, économique et humaine d’un niveau planétaire.

    Il y a de quoi s’inquiéter car une fois que la machine est lancée, sa nature et sa  gravité sont jugées à l’aune des mesures gouvernementales. Le gouvernement prend des mesures sévères, donc l’épidémie est grave. Plus les mesures sont sévères, plus l’épidémie est grave.

    « L’état d’urgence sanitaire est déclaré par décret en conseil des ministres pris sur le rapport du ministre chargé de la Santé. […] Les données scientifiques disponibles sur la situation sanitaire qui ont motivé la décision sont rendues publiques. »

    Jusqu’à ce jour, les données scientifiques rendues publiques étaient orientées afin de créer la panique et justifier la dérive totalitaire de l’État .

    Les Art. L. 3131-6. et L. 3131-7 donnent un rôle majeur à un Comité de scientifiques. Quand on connaît les remarquables performances du Conseil scientifique et du CARE, nous sommes encore plus rassurés.

    Leur domaine d’action n’a pas de limite

    « La section 3 transforme le cadre juridique applicable aux systèmes d’information, […] Compte tenu de cet objectif, les dispositions proposées ne fixent pas les caractéristiques essentielles d’un ou plusieurs systèmes d’information mais donnent compétence aux autorités sanitaires pour créer des traitements de données à caractère personnel pouvant déroger au secret médical. »

    « Art. L. 3131-2. – … « 1° Le Premier ministre peut, par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la santé :

    « a) Prendre des mesures temporaires de contrôle des prix…

    « b) Prendre des mesures de réquisition…

    « Art. L. 3131-9. … Le Premier ministre peut également, par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la Santé, prendre aux seules fins de garantir la santé publique les mesures suivantes :

    « 1° Réglementer ou interdire la circulation des personnes et des véhicules et réglementer l’accès aux moyens de transport et les conditions de leur usage ;

    « 2° Interdire aux personnes de sortir de leur domicile, sous réserve des déplacements strictement indispensables aux besoins familiaux ou de santé ;

    « 3° Ordonner la fermeture provisoire et réglementer l’ouverture, y compris les conditions d’accès et de présence, d’une ou plusieurs catégories d’établissements recevant du public ainsi que des lieux de réunion, en garantissant l’accès des personnes aux biens et services de première nécessité ;

    « 4° Limiter ou interdire les rassemblements sur la voie publique ou dans un lieu ouvert au public ainsi que les réunions de toute nature, à l’exclusion de toute réglementation des conditions de présence ou d’accès aux locaux à usage d’habitation ;

    « 5° En tant que de besoin, prendre toute autre mesure limitant la liberté d’entreprendre.

    « 6° Le Premier ministre peut, le cas échéant dans le cadre des mesures prévues aux 1° à 5°, subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transports ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif. »

    « Art. L. 3131-12. – I. – Les mesures individuelles ayant pour objet la mise en quarantaine ou le placement et le maintien en isolement mentionnées au a du 2° de l’article L. 3131-4 sont prononcées par décision individuelle motivée du représentant de l’État dans le département sur proposition du directeur général de l’agence régionale de santé. »

    « Le texte n’est pas là du tout pour créer des pouvoirs exceptionnels pour le gouvernement ni pour pérenniser l’état d’urgence, il est là pour renforcer notre gestion de crise », a soutenu la ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin . Elle n’a pas dû lire le texte, ou n’est pas choquée par les atteintes aux libertés conçues comme seuls instruments de gestion de la crise.

    Ce texte montre que les politiciens français sont étatistes. Ils croient en la nécessité d’une autorité centrale pour contrôler les rapports entre les êtres humains. Ils ne croient pas en la libre entreprise. Ils considèrent leurs concitoyens comme des enfants incapables de gérer leur vie, inaptes à affronter l’inattendu. Ils considèrent les êtres humains comme des rouages d’une mécanique sociale dont ils sont les mécaniciens.

    L’État se mêle de tout et intervient partout. Il n’y a plus de domaine privé. L’autorité centrale est totalitaire par essence.

    « L’action gouvernementale se généralise par la contrainte. Elle invoque nécessairement le compelle intrare. Elle procède en vertu d’une loi, et il faut que tout le monde se soumette, car loi implique sanction. »
    – Frédéric Bastiat, Services privés, service public (1850)

    Toutes ces mesures de restrictions de déplacement, de circulation, de réunion, de rassemblements, d’ouverture de lieux y compris privés, de limitation de la liberté d’entreprendre, le contrôle des prix, la fin du secret médical, portent atteinte aux droits naturels individuels mais ne soulèvent aucun tollé. Seul le paragraphe 6 entraîne des protestations, comme nous l’avons vu.

    « Un peuple qui souffre ne peut s’en prendre qu’à son gouvernement ; et son seul remède comme sa seule politique est de le renverser. De là un inévitable enchaînement de révolutions. »
    – Frédéric Bastiat, Services privés service public (1850)

    L’État en est conscient, il prend ses précautions. Ces restrictions enlèvent de fait des moyens de contestation légaux à la population (manifestations, rassemblements), ne lui laissant, in fine , que des moyens illégaux. Dans nos pays de vieille civilisation, pour les braves gens, il y a une barrière psychologique à les utiliser. S’ils l’étaient, l’État pourrait alors réprimer sans retenue.

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      Stanford hospital erupts in protest after vaccine plan leaves out residents

      John Timmer · news.movim.eu / ArsTechnica · Friday, 18 December, 2020 - 22:10 · 1 minute

    Images of people protesting while wearing medical garb.

    Enlarge / Protests by medical staff took place both inside and out of the hospital. (credit: Ars Technica)

    One of the more challenging aspects of the initial round of vaccinations is deciding who gets the first doses of a limited supply. The need to have a functional medical system in the face of an out-of-control pandemic has meant that most places have prioritized doctors and nurses who provide most face-to-face patient care. But an apparent failure to prioritize those caregivers at Stanford Medical Center has caused many of its doctors to stage protests today.

    Ars received a copy of an open letter sent by the Chief Medical Residents to the Stanford administration that outlines the problems that sparked these protests.

    In the US, a residency occurs after the completion of medical school, and is a requirement for the practice of medicine. Residents typically operate under the supervision of a physician in a training program at teaching hospitals, and they learn to practice a specialized branch of medicine, such as internal medicine or pediatrics. In many cases, residencies are followed by fellowships, which are used to develop further specializations. Because these positions are both temporary and required for practicing medicine, however, those occupying them have little political weight within hospitals.

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      We’ll need more than one vaccine to beat the pandemic

      WIRED · news.movim.eu / ArsTechnica · Saturday, 14 November, 2020 - 12:17 · 1 minute

    Close-up photograph of a gloved hand holding a tiny bottle of clear liquid.

    Enlarge / A medical worker holds a bottle of a candidate COVID-19 vaccine developed by Oxford University that is being tested in a trial in Soweto, South Africa. (credit: Getty | Gallo Images )

    On Monday, a press release from the transnational pharmaceutical company Pfizer dropped a rare spark of hope into the ongoing misery of the Covid-19 pandemic. Yes, new infections have hit an all-time high in the United States, and, yes, cities and states around the world are walking back their reopenings. But Pfizer says it has results from a massive clinical trial showing that its vaccine against the disease works, and works well. The release touted “a vaccine efficacy rate above 90 percent,” and it announced the company’s intention to seek from the US Food and Drug Administration an authorization to start giving people shots. The company’s ready to make 50 million doses this year and 1.3 billion doses in 2021.

    That’s an ember of hope, but it’s sitting under a bucket of cold water, ready to pour. The Pfizer vaccine is finicky—hard to make, transport, and deliver. Because of desperate need, it’s in short supply even before it becomes available—1.3 billion doses is several billion short of what the world needs. The press release wasn’t peer-reviewed science, and it lacked critical details about how the vaccine works, and on whom. Even the simple fact of this vaccine’s existence, some analysts have argued, might jeopardize the testing and success of potentially better vaccines down the line, a case of the imperfect being the enemy of the good.

    Before the ember dies out completely, here’s a theory: No. The Pfizer vaccine’s imperfections make it a perfect prime mover, because if it works as well as the company says, it’ll help people now and require research into more, better, different vaccines for later. All the things nobody knows about the Pfizer vaccine mean that the door is wide open. “Whether its effects are durable, whether it’s effective in the elderly, whether it has safety issues, the cold chain issues, the ability to have access,” says Wayne Koff, president and CEO of the nonprofit Human Vaccines Project, “all that points to the need for a number of vaccines.”

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