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      « Les péchés secrets de la science économique » de Deirdre McCloskey

      Johan Rivalland • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 16 January, 2021 • 9 minutes

    science économique

    Par Johan Rivalland.

    Les économistes sont régulièrement accusés de maux divers, dont ils se montreraient les coupables. Produire des modèles prédictifs qui ne prédisent rien ou se trompent fréquemment, produire des analyses qui n’expliquent rien, qui manqueraient d’humanité, etc.

    Par ce petit essai stimulant, Deirdre Mc Closkey tente de prendre la défense d’une discipline au sujet de laquelle règnent trop de malentendus et qu’il est utile d’interroger.

    Ce petit livre est organisé en quatre parties dont nous reprendrons les intitulés en guise de sous-parties.

    Vertus passant pour des péchés

    L’auteur commence par porter un regard critique sur la quantification. Si celle-ci est très souvent parfaitement utile, l’obsession en la matière ne doit pas non plus aller trop loin. Et les excès peuvent être nombreux. L’objectif pouvant être, par exemple, en Economie comme dans d’autres sciences, d’aspirer à la scientificité.

    Or, les chiffres ne suffisent pas à amener un regard « objectif » ou « non politique » sur les choses ou sur des événements. Il ne faut pas perdre de vue que « les chiffres relèvent de la rhétorique, c’est-à-dire qu’ils ont vocation à convaincre des auditeurs », à persuader de quelque chose.

    Cependant, dans de nombreux cas ils sont absolument essentiels, car ils permettent de mieux éclairer un problème ou un phénomène, ou de le situer plus clairement dans un contexte. En cela, Deirdre Mc Closkey conclut que « compter n’est donc pas un péché de l’économie, mais plutôt une vertu ».

    L’auteur montre ensuite, non sans une bonne dose d’humour dans les explications, que les mathématiques, quant à elles, ne répondent pas à la question « Combien ? », mais « Pourquoi ? ».

    Ainsi, l’avantage du libre-échange, à partir de certains axiomes de base, peut être démontré de manière aussi incontestable que le théorème de Pythagore. Sans que l’on cherche nécessairement à répondre à « Combien ? », ce qui est une autre question.

    Nous sommes là dans le raisonnement qualitatif, et non quantitatif. Et dans une démarche déductive, et non inductive. Il s’agit même d’un raisonnement de type philosophique, affirme l’auteur. Qui rejoint ainsi les raisonnements du type de ceux de David Hume en Ecosse ou des Physiocrates en France vers la moitié du XVIIème siècle.

    A propos du raisonnement inductif, à l’inverse, Deirdre Mc Closkey rappelle que « la validité d’un calcul dépend des données et des suppositions ». Ce qui explique parfaitement la mise en cause de conclusions statistiques jugées fausses. L’auteur en conclut, là encore, que « les mathématiques ne sont donc pas non plus un péché de la science économique, mais bien plutôt, en elles-mêmes, une vertu ».

    Concernant maintenant le libéralisme, l’auteur tente là encore de montrer qu’il est envisageable de le considérer comme une vertu, même si tous les économistes ne sont pas libre-échangistes, ceux qui ne le sont pas étant « souvent européens, et aujourd’hui presque toujours français ». Tentant de montrer l’intérêt du « laissez faire », elle écrit ceci :

    Ne comptez pas sur l’Etat pour résoudre vos problèmes, disait Adam Smith. Ce qu’il ne disait pas, c’est que faire appel à l’Etat revient à confier au renard la charge du poulailler. Ceux qui détiennent le pouvoir sont ceux qui l’exercent : telle est la règle d’or. Inutile, donc, d’espérer qu’un gouvernement dirigé par des hommes viendra en aide aux femmes, ou qu’un gouvernement dirigé par des cadres d’Enron viendra en aide aux salariés d’Enron.

    Péchés véniels, aisément pardonnés

    A travers quelques pages joyeusement délirantes, l’auteur poursuit en renforçant encore ironie et second degré. A tel point que, si on y ajoute l’humour américain, que je ne comprends pas toujours, je reconnais ne pas avoir vraiment perçu l’idée essentielle, que je me garderai donc de risquer de dénaturer.

    Il est question de l’excès d’exclusivité accordé par la plupart des économistes aujourd’hui à des modèles « Prudents » de l’économie (variables « P » : Prudence, Prix, Profit, Propriété, Pouvoir), négligeant les variables « S » (Solidarité, Sociabilité, Sagas, Scrupules, Sacré). Extrait :

    De nombreux économistes connaissent une évolution du même type : tenants de la Prudence durant leurs années de Master (surtout les garçons), ils en viennent à comprendre, aux environs de la cinquantaine, qu’en réalité les gens ont d’autres motivations que la seule Prudence (…) A tout ceci, l’économiste universitaire qui n’a pas dépassé la version « Master » de la science économique répondra sans doute, fidèle à son modèle exclusivement prudentiel : « Merci du conseil, mais il se trouve que je mène une existence très confortable en me spécialisant dans les variables P. » Son péché est une variété particulièrement égoïste de la Tour d’ivoire. « Pourquoi faudrait-il que je m’intéresse à l’argument dans son ensemble ? Je m’en tiens à ma spécialité ».

    De quelques graves péchés, pardonnables seulement par grâce spéciale – mais non réservés à la science économique

    Cette partie a particulièrement retenu mon attention. Deirdre McCloskey y déplore l’ignorance « institutionnelle » du monde de la part de la plupart des économistes, qui omettent ou refusent de mener des recherches de terrain dans le monde des affaires dont ils dissertent. Privilégiant plutôt des modèles mathématiques et de « Prudence exclusive ». De même que l’économiste moyen souffre d’une « incroyable Ignorance Historique ».

    Dans les années 1970, puis dans les années 1980, les programmes universitaires ont renoncé à exiger des étudiants qu’ils connaissent un tant soit peu le passé économique (…) A la même époque, la quasi-totalité des programmes de cycles supérieurs aux Etats-Unis (et mon cher Harvard a compté parmi les premiers à le faire) renonçaient à étudier l’histoire de la science économique elle-même. Des gens qui se disent économistes peuvent donc n’avoir lu aucune page d’Adam Smith, de Karl Marx ou de John Maynard Keynes. Autant imaginer un anthropologue qui n’aurait jamais entendu parler de Malinowski, ou un chercheur en biologie évolutive qui n’aurait jamais entendu parler de Darwin.

    De même, l’auteur met en cause « l’Impéritie Culturelle » des économistes, plus répandue encore. « Rares sont les économistes qui lisent autre chose que des livres d’économie » et en dehors des ouvrages de mathématiques et de statistique appliquée, leur horizon paraît bien limité pour des gens qui prétendent aider à diriger un pays.

    Là encore, c’est non sans humour qu’elle livre des anecdotes croustillantes tout aussi valables dans d’autres domaines que l’économie (d’où le titre de partie). Et montre le caractère inepte de certains présupposés d’économistes, dont la version « scolaire » du positivisme qu’ils énoncent mettent tout simplement à mal leur raisonnement. Si l’ensemble des propos peuvent sembler assez féroces, l’auteur n’en oublie par contre jamais l’auto-dérision. Ce qui rend la présentation très vivante.

    Les deux véritables péchés (presque) propres à la science économique

    Deirdre McCloskey en arrive alors à ses véritables griefs à l’encontre de la manière dont est trop souvent traitée la science économique.

    Vous en conviendrez : une investigation du réel doit à la fois rechercher et réfléchir. Elle doit observer et théoriser. Formaliser et archiver. Les deux à la fois.

    Or, nous montre l’auteur, trop nombreux sont ceux qui s’en tiennent à la pensée pure (mathématique ou philosophique) ou, à l’inverse, s’en tiennent à l’observation pure et non théorisée. Là où les deux sont complémentaires.

    Et c’est ainsi qu’en appliquant des théorèmes, il suffit de changer les suppositions pour modifier les conclusions. Ce qui aboutit à pouvoir montrer tout et son contraire. Cette pure pensée, qualitative, et non quantitative, aboutit à des résultats qui, somme toute, ne sont que pure spéculation. Un « simple jeu intellectuel ».

    L’auteur en apporte des exemples éloquents, qui ne sont pas sans me faire penser au passage à la manière dont certains érigent des hypothèses en matière de réchauffement climatique , pour en arriver à des scénarios qui varient du tout au tout et dont les plus pessimistes ont l’heur d’attirer l’intérêt des médias (et pas seulement), toujours friands de sensationnel.

    Montrant que les économistes empiriques eux aussi se laissent abuser par les « résultats » qualitatifs (de la même manière que c’est le cas dans le domaine de la médecine, dont des exemples éloquents sont également apportés, ou des sciences sociales, et même de la biologie des populations), l’auteur ajoute :

    Le péché semble improbable, car l’économie empirique est saturée de chiffres – mais il apparaît que ces chiffres, obtenus avec les outils les plus sophistiqués (et non plus les plus ordinaires, comme la simple énumération et les systèmes de comptabilité) sont dépourvus de sens (…) Déterminer si une chose compte ou non, c’est une affaire humaine ; les chiffres représentent des choses, mais une fois qu’on les a recueillis, c’est à nous, en dernière analyse, qu’il revient de déterminer s’ils comptent ou non. La pertinence n’est pas inhérente aux chiffres.

    Cette affirmation relève du bon sens Elle n’a rien de subtil ; elle n’est pas discutable. Or elle semble décontenancer totalement des milliers de scientifiques, dont la quasi-totalité des économistes modernes.

    Et, concluant avec panache ce petit pamphlet truffé d’humour et d’ironie, mais surtout de dépit, Deirdre McCloskey conclut sur les excès de formalisation et de binarité dans laquelle la science économique s’est selon elle engoncée irrémédiablement, jusqu’à l’absurde.

    Théorie et recherche empirique recherchent ici des machines à produire des articles publiables. Et elles y parviennent, depuis que Samuelson s’est fait le champion d’une sorte d’avarice intellectuelle. La mauvaise science – celle qui utilise les théorèmes qualitatifs sans le mordant du quantitatif, et la signification statistique sans le mordant du quantitatif – a fini par chasser la bonne.

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      La France dans la tourmente au Sahel

      The Conversation • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 16 January, 2021 • 7 minutes

    France au Sahel

    Par Marc-Antoine Pérouse de Montclos 1 .
    Un article de The Conversation

    L’Élysée n’a annoncé aucun calendrier de retrait et certains posent la question très crûment : l’ancienne puissance coloniale est-elle vraiment la mieux placée pour stabiliser la zone ?

    Défiance des populations locales

    À l’international, en l’occurrence, on estime souvent que la France a la capacité d’agir en Afrique car elle connaît bien le terrain et pourrait donc mieux répondre aux attentes de ses alliés au sein de l’Union européenne et du G5 Sahel, le « Groupe des Cinq » que forment le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Le problème est que ses atouts sont aussi des faiblesses.

    Sur le plan tactique, d’abord, la France a effectivement maintenu au Tchad et au Niger des coopérations militaires de façon quasiment ininterrompue depuis la période des indépendances. Mais les relations ont été beaucoup plus erratiques avec la République islamique de Mauritanie, ou encore avec le Mali et le Burkina Faso, qui étaient proches de Moscou et de Tripoli du temps de la guerre froide. C’est en fait la « guerre globale contre le terrorisme » qui a amené l’armée française à renouer des contacts et à rebâtir des relations de partenariat dans ces trois pays.

    Le statut d’ancienne puissance coloniale nourrit par ailleurs de nombreux procès d’intention au Sahel. Toujours suspectée de faire et défaire les gouvernements de la région, la France n’est pas perçue comme neutre. Au contraire, elle est régulièrement accusée de chercher à promouvoir un agenda caché, par exemple pour mettre la main sur des ressources naturelles plus ou moins imaginaires.

    Historiquement marqués par une forte tradition anti-impérialiste, le Mali et le Burkina Faso le montrent bien. Les opinions exprimées sur les réseaux sociaux et par certains de leurs dirigeants laissent en effet entendre que la France soutiendrait les groupes djihadistes afin de déstabiliser des États souverains et de profiter de leur faiblesse pour recoloniser le Sahel. Au Mali, en particulier, la population ne cache pas sa défiance à l’égard de la force Barkhane. En revanche, elle a une très bonne opinion de son armée. Si l’on en croit de récents sondages réalisés auprès de 1200 adultes, plus de quatre Maliens sur cinq font confiance à leurs soldats pour défendre le pays.

    Un tel résultat paraît assez surprenant car les militaires qui se sont récemment emparés du pouvoir à Bamako se sont révélés incapables d’endiguer la menace djihadiste au nord. De plus, ils se sont surtout fait connaître pour leurs exactions et par des putschs qui ont profondément déstabilisé la région en 2012 puis 2020. En réalité, le capital de sympathie dont bénéficie l’armée malienne témoigne surtout de l’impopularité du régime précédent et du nationalisme exacerbé de Sahéliens profondément humiliés de devoir s’en remettre à l’ancienne puissance coloniale pour assurer leur sécurité, plus d’un demi-siècle après les indépendances – à moins qu’il faille plutôt y voir la crainte de déplaire aux autorités, sachant qu’un tiers des sondés pensaient que les enquêteurs étaient envoyés par le gouvernement.

    Des contentieux anciens

    Au Mali, il est vrai que la suspicion à l’égard de la France puise aussi ses racines dans des contentieux plus anciens liés à l’expulsion de migrants clandestins et d’un supposé soutien aux rebelles touarègues dans le nord.

    Deux ans avant son départ en 1960, le colonisateur avait en effet tenté, en vain, de créer une sorte d’État tampon sous la forme d’une « Organisation commune aux régions du Sahara » qui aurait soustrait les zones septentrionales du Soudan français et les puits de pétrole du sud de l’Algérie à l’influence, respectivement, de Bamako et des indépendantistes du FLN. Les Maliens ne l’ont pas oublié et, depuis lors, Paris a souvent été suspecté d’appuyer en sous-main les séparatistes touarègues afin de modifier une frontière qui paraissait d’autant plus artificielle qu’elle avait été tirée au cordeau.

    Qui plus est, quand les djihadistes venus d’Algérie sont montés en puissance dans le nord du Mali, les services secrets français ont effectivement armé les mouvements indépendantistes « laïques » pour combattre les groupes terroristes. Ils ont ainsi reproduit les erreurs commises à la même époque en Libye, où Paris a soutenu le soulèvement contre la dictature de Kadhafi en livrant des cargaisons d’armes qui, pour certaines d’entre elles, sont réputées avoir échoué entre les mains d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) en juin 2011. Dans le nord du Mali, la proclamation d’indépendance de l’Azawad en mai 2012 a certes respecté le tracé des frontières héritées de la colonisation, sans doute pour ménager les susceptibilités de la communauté internationale. Mais elle a aussi permis aux djihadistes de s’emparer du pouvoir à Gao et Tombouctou, situation qui devait finalement conduire au débarquement des troupes françaises en janvier 2013.

    La suite des événements a alors révélé toute l’étendue des désaccords possibles sur les priorités stratégiques de l’action militaire. Pour Bamako, les séparatistes touarègues constituaient le principal ennemi à abattre ; pour Paris, en revanche, il s’agissait d’abord des djihadistes venus d’Algérie. Jusqu’en 2020, plus précisément, l’armée française a surtout ciblé AQMI. Dans le même temps, le Burkina Faso, le Mali et le Niger se sont davantage préoccupés de la montée en puissance de l’État islamique dans la zone dite des « trois frontières ».

    Il est certes fréquent que des alliés ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les priorités des cibles à éliminer et sur les listes des groupes désignés comme terroristes. Mais, en pratique, le G5 Sahel peine à être opérationnel et ses dysfonctionnements interrogent directement le rôle de leadership et de coordination de la France. Le contraste est particulièrement saisissant avec l’autre coalition antiterroriste de la région, la Force multinationale conjointe , qui fonctionne quasiment sans soutien extérieur et qui regroupe le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad pour combattre Boko Haram.

    Quel rôle pour la France dans la recherche d’une solution politique ?

    À y regarder de plus près, les ratés de la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel mettent en évidence les limites de coopérations militaires que les décideurs apprécient au nombre d’heures dispensées au lieu de les évaluer en termes de performance au combat et de respect du droit humanitaire. Le fond du problème est pourtant bien là. Indisciplinées et très corrompues, les armées africaines de la région entretiennent les conflits par leurs rackets incessants et leurs violations massives des droits de l’Homme . Dans les zones de combat, notamment, elles ont perdu la confiance de bon nombre de civils qu’elles sont incapables de protéger. Par contrecoup, leurs exactions ont aussi légitimé des djihadistes qui se présentent maintenant comme des hérauts de la résistance face à des troupes impies au service de l’impérialisme occidental.

    Ainsi, il y a peu de chances de gagner la « guerre contre le terrorisme » si les forces de sécurité continuent de commettre des abus en toute impunité. La solution à la crise du Sahel est d’abord politique et nécessite une profonde réforme des États de la région, entre autres pour répondre aux exigences de justice de la population. Il n’est pas évident que la France puisse jouer un rôle déterminant à cet égard, sachant qu’elle serait aussitôt accusée de néocolonialisme si elle s’avisait de critiquer publiquement les errements de ses alliés africains au Sahel…

    Sur le web The Conversation

    1. Directeur de recherches, Institut de recherche pour le développement (IRD).
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      Les vaccins interdits d’entrer en Iran

      Hamid Enayat • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 16 January, 2021 • 5 minutes

    Par Hamid Enayat.

    Le 8 janvier 2021, Khamenei a annoncé à la télévision officielle l’interdiction d’importer des vaccins américains, britanniques et français.

    Si les Américains ont pu produire le vaccin, ce scandale du coronavirus ne se serait pas produit dans leur pays avec la mort d’environ 4000 personnes en un seul jour. En même temps, il faut fondamentalement s’en méfier, et parfois ces vaccins sont destinés à être testés sur des nations.

    Les chiffres officiels en Iran font état de 60 000 victimes du Covid-19. Le président du conseil de Téhéran a déclaré que les chiffres avancés par les autorités ne sont que ceux du cimetière de Behesht-Zahra à Téhéran. De son côté, l’opposition iranienne a annoncé que le nombre de décès dans seulement la moitié des villes d’Iran est proche de 200 000, selon les informations des hôpitaux et des cimetières. Une catastrophe se produit dans le silence le plus complet.

    Le monde entier commande, obtient et inocule à la population des vaccins fiables et approuvés par l’Organisation mondiale de la santé. Le très officiel quotidien Jahan-e-Sanat a déclaré le 22 décembre 2020 que « 80 pays ont fourni gratuitement au public 7 millions de doses de vaccin Pfizer. »

    Mais selon Khamenei, « si leur usine Pfizer peut fabriquer le vaccin, pourquoi veulent-ils nous le donner ? »

    Khamenei tire le rideau

    Apparemment, Khamenei est à l’origine des « excuses des dirigeants du régime pour ne pas avoir acheté le vaccin Covid-19 » et du « retard des autorités dans cet achat » , écrivait Jahan-e-Sanat le 17 décembre.

    Selon Zafar Ghandi, le chef du Conseil médical en Iran, le 2 décembre 2020, « le coût de la fourniture du vaccin (étranger) Covid-19 en Iran est inférieur à 200 millions de dollars, et ce n’est pas une somme que le gouvernement peut avancer ».

    Pourquoi Khamenei est-il opposé à l’importation de vaccins fiables, alors que Pfizer prétend être efficace même contre le nouveau virus Covid-19, hautement contagieux et mutant ?

    Les objectifs de Khamenei en Iran

    L’interdiction d’importer un vaccin fiable par Khamenei montre que c’est pour lui d’une importance stratégique. Le régime iranien avait auparavant adopté une stratégie d’immunité collective . L’Association iranienne d’immunologie a averti le président iranien Hassan Rohani que sur la base de cette stratégie 70 % de la population serait infectée, faisant entre un et deux millions de morts.

    On comprend maintenant pourquoi le régime refuse de prendre des mesures sérieuses comme le confinement. S’il parvient à maintenir la population iranienne concentrée sur la pandémie de Covid-19, cela détournera son attention des autres plaintes qui alimentent un soulèvement potentiel.

    Pourquoi une immunité collective ?

    Tant que la Covid-19 est présente et touche 70 % de la population, les pauvres, qui représentent plus des sept dixièmes de la société, ne peuvent plus recourir aux protestations de masse ou formuler d’autres revendications. Selon le régime, ces protestations, comme le soulèvement de novembre 2019 où Khamenei et ses dirigeants ont senti le vent du boulet, pourraient conduire au renversement du pouvoir clérical.

    Selon Khamenei, le coronavirus est une bénédiction qu’il faut transformer en opportunité. Il agit comme un bouclier contre un soulèvement populaire, retardant l’inévitable.

    Une vague d’exécutions et de répression en Iran

    Le jeudi 31 décembre, le commandant adjoint de la police nationale, le général Qassem Rezaï, a donné un ordre ignoble aux forces sous son commandement :

    Si vous avez arrêté quelqu’un dans un affrontement et que je le vois se tenir debout ici sain et sauf, vous aurez à expliquer pourquoi.  S’il avait un couteau à la main, il fallait lui briser la main […] Les droits de l’accusé sont pour après son arrestation.

    Il a tenu ces propos délibérément devant la caméra et le public.

    Rien que durant la deuxième semaine de décembre, du 12 au 19, douze personnes ont été exécutées dans les prisons iraniennes . Le 31 décembre, trois sunnites ont été pendus à Machhad. Le 3 janvier, trois Baloutches ont été exécutés après de longues années de détention. Mohammad Hassan Rezaï, qui n’avait que 16 ans au moment de son arrestation, a été pendu le 31 décembre, dans un acte cruel violant toutes les normes internationales.

    Ces exécutions hâtives ne visent qu’à contrôler une société en ébullition. Et le régime, qui pensait pouvoir le contenir avec la Covid-19, utilise à nouveau l’arme rouillée des exécutions pour contenir les exigences de la population iranienne.

    « Le volcan des affamés »

    Un expert officiel avait précédemment déclaré qu’ « il faut avoir peur du moment où le volcan des affamés ne sera plus retenu » . Ces derniers mois, des jeunes ont pris pour cibles des centaines de centres des gardiens de la révolution, de la milice du Bassidj et des centres de torture, pour briser le statu quo. Les attaques contre les tribunaux qui prononcent des condamnations à mort ou ordonnent la démolition des masures des pauvres gens font partie des centres visés par les jeunes insurgés.

    Le feu mis aux portraits de Khamenei et de Soleimani dans diverses villes symbolise la colère de la jeunesse qui se révolte contre l’oppression et la répression. Bien sûr, c’est un message clair envoyé à Khamenei et au régime iranien.

    Quelques mois avant le soulèvement de novembre 2019, le ministre du Renseignement Mahmoud Alavi avait affirmé que 116 de ces équipes d’insurgés avaient été arrêtées en quelques mois et qu’elles étaient affiliées aux Moudjahidine du peuple (OMPI), l’ennemi juré du régime clérical. Khamenei survivra-t-il au volcan des affamés malgré le bouclier du Covid-19 et des exécutions ?

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      Les conséquences involontaires du couvre-feu

      Marius-Joseph Marchetti • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 15 January, 2021 • 8 minutes

    Par Marius-Joseph Marchetti.

    J’écris aujourd’hui ce billet, non point pour me plaindre ou défendre le couvre-feu , étendu depuis vendredi soir minuit à de nouveaux départements, dont celui où je vis.

    Je souhaiterais simplement rappeler un fait très simple, d’un point de vue neutre en valeur , que toute action et surtout toute politique, a des conséquences inattendues ( unintended consequences ), qui pourraient aussi bien et mieux être traduit par conséquences involontaires .

    Toute personne ayant un peu étudié l’économie en sait quelque chose. Que le couvre-feu soit mis en place avec les meilleures intentions du monde, ou pas, n’y change guère grand-chose.

    Tout d’abord, est-ce que cela est étonnant ? Les règles édictées le sont car il existe une certaine croyance 1 sur les résultats que celles-ci peuvent engendrer 2 . De la même manière que chaque individu prend des décisions sous un voile d’ignorance, les hommes politiques et les bureaucrates souffrent des mêmes défauts, tant sur les règles à adopter que sur les schémas de résultats qui en découlent.

    Les bars ne sont peut-être pas les plus gros clusters, mais à cause de l’alcool, l’attention se relâche

    C’est très probablement l’un des arguments le plus souvent entendu pour justifier la fermeture des bars. A priori , il pourrait presque logiquement se tenir. Pour atteindre un objectif A (limiter la contagion), je mets en place une action (une politique visant à fermer les bars pour 6 semaines). Tout logiquement, on pourrait s’attendre à ce que celle-ci ait des effets positifs et que, ceteris paribus , rien ne change sur le reste des activités. Est-ce le cas ?

    D’un point de vue économique, la prohibition d’une activité entraîne toujours son lot de conséquences indésirables. Si l’activité prohibée ne l’est pas entièrement (ici seuls les bars connaissent une fermeture totale), mais seulement sectoriellement, la demande des consommateurs va s’orienter vers les autres secteurs où ladite demande peut être satisfaite.

    Nous devrions alors évaluer le fonctionnement d’une règle, de n’importe quelle règle, non pas en fonction de ses résultats dans une situation de choix particulière, mais plutôt en fonction de ses résultats sur toute une séquence de pièces distinctes, séparées à la fois de manière inter-catégorielle et intertemporelle. James M. Buchanan, The Economics and The Ethics of A Constitutional Order – page 46

    Si le petit bar de quartier est fermé, il y a de grandes chances que vous trouviez ses habitués traînant dans tous les autres lieux disponibles, comme les terrasses de boulangerie ou celles des restaurants, ou d’autres lieux encore, en faisant appel à leur ingéniosité.

    Et cette demande trouvera une réponse, car les entrepreneurs discerneront des poches de profits à exploiter artificiellement créées par la réglementation. Il devient d’un coup plus rentable pour eux d’élargir s’ils le peuvent leurs activités pour accueillir davantage de monde, puisque tout un ensemble d’activités se retrouve en sommeil.

    La demande des consommateurs, la somme des besoins individuels répartis sur des échelles de préférence, ne disparaît pas par décret. La nature a horreur du vide.

    Il est donc possible que l’une des premières conséquences inattendues du couvre-feu soit qu’un nombre quasi-similaire d’individus, sur une quantité restreinte de lieux et une plage horaire moins étalée, se retrouvent là où la demande s’est déversée du fait d’une prohibition partielle.

    Certes, je ne suis pas épidémiologiste, mais cela ne risque-t-il donc pas d’avoir l’effet inverse de celui souhaité, et d’engendrer un effet cobra ?

    Laissez-moi vous décrire rapidement l’origine de cette expression :

    L’Inde coloniale était infestée par les cobras, et les autorités locales décidèrent d’attribuer une prime pour chaque reptile tué. Au début, le nombre de serpents diminua effectivement.

    Cependant, au fur à mesure qu’il allait en diminuant, on s’aperçut que certains élevaient des cobras pour obtenir ladite prime. Les autorités payaient donc le même niveau de primes malgré l’absence de reptiles. La prime a donc été annulée. Autre conséquence inattendue : les éleveurs de cobras devenus inutiles les relâchèrent dans les rues, et Delhi en compta davantage qu’avant l’instauration de la prime.

    Le couvre-feu comme redistribution des droits

    Il est un effet qui a été brièvement mentionné au-dessus : c’est celui de la perception et captation des profits par les entrepreneurs, hors bars. Dans le cas du couvre-feu , celle-ci pourrait s’apparenter à une forme de privilège de monopole, résultant de l’intervention triangulaire de l’État :

    Au lieu de rendre l’interdiction des produits absolue, le gouvernement peut interdire la production et la vente sauf par une ou plusieurs entreprises déterminées. Ces entreprises sont alors spécialement privilégiées par le gouvernement pour s’engager dans une ligne de production, et ce type d’interdiction est donc un octroi de privilège spécial. Si la subvention est accordée à une seule personne ou entreprise, il s’agit d’une subvention de monopole ; si elle est accordée à plusieurs personnes ou entreprises, il s’agit d’une subvention de quasi-monopole ou d’oligopole. Ces deux types de subventions peuvent être qualifiés de monopolistiques. Il est évident que la subvention bénéficie au monopoleur ou au quasi-monopoleur parce que la violence empêche ses concurrents d’entrer sur le terrain ; il est également évident que les concurrents potentiels sont blessés et sont obligés d’accepter une rémunération inférieure dans des domaines moins efficaces et moins productifs. Les consommateurs sont également lésés, car ils sont empêchés d’acheter leurs produits à des concurrents qu’ils préféreraient librement. Et ce préjudice se produit indépendamment de tout effet de la subvention sur les prix. – Murray N. Rothbard, Power and Market – page 43

    Effectivement, dans le cas de l’édification du couvre-feu, il est difficile de discerner où l’intérêt de groupe aurait pu se manifester pour engendrer une telle réglementation, quoique l’histoire nous fournisse quelques exemples cocasses.

    Cependant, dans les faits, les conséquences économiques restent similaires. La structure de production est modifiée temporairement peut-être, voire intemporellement, en faveur de toutes les entreprises pouvant absorber la demande déviée.

    La deuxième conséquence inattendue du couvre-feu, quoique moins inattendue tout de même, est une redistribution des droits des individus.

    En plus d’une redistribution de ces droits, le couvre-feu lèse la préférence démontrée des consommateurs, qui se retrouvent servis par des entrepreneurs qui ne sont pas leur premier choix. Sans parler de celle des autres entrepreneurs, dépossédés purement et simplement de leur droit.

    Conclusion

    Je pourrais encore citer un certain nombre de conséquences inattendues, mais ce ne serait pas un exercice amusant. Ce que je souhaitais rappeler avant tout aux lecteurs et potentiels néophytes, c’est que toute action a des conséquences, attendues et inattendues, qui peuvent nous emmener sur un chemin inverse de celui souhaité.

    Vous pouvez critiquer les hommes de ne pas se comporter comme ils le devraient, d’être des égoïstes. Du point de vue de la praxéologie , qu’ils soient égoïstes ou altruistes ne changent pas grand-chose : pour toute fin que possède un Homme, il se servira des moyens laissés à sa disposition pour l’atteindre. Et pour toute mauvaise incitation que vous lui fournissez, il sera contraint d’y répondre.

    Malheureusement, ces conséquences inattendues engendrent elles-mêmes des conséquences inattendues. Il ne faut pas douter du fait que face à celles-ci le processus interventionniste aura tendance à se renforcer pour régler ces nouveaux problèmes.

    Par exemple, dans le cas du contrôle des loyers , et la pénurie de logements engendrée les multiples fois où il a été implémenté, les pouvoirs avaient tendance à accroître la réglementation et les impôts sur les logements vacants, engendrant ainsi d’autres problèmes. Dans le cas du couvre-feu et ces potentielles conséquences inattendues, devons-nous nous attendre à un confinement général ou plus localisé ? Seul l’avenir nous le dira.

    Un article publié initialement en octobre 2020.

    1. James M. Buchanan, The Economics and The Ethics of A Constitutional Order , page 46 Page 52-53 : « How a person chooses among potential alternatives in not only a matter of what he wants but also of what he believes, and for some kinds of choices an actor beliefs or theories may play a most crucial role. » Comment une personne choisit parmi les alternatives potentielles ne dépend pas seulement de ce qu’elle veut mais aussi de ce qu’elle croit, et pour certains types de choix, les croyances ou théories d’un acteur peuvent jouer un rôle très important.
    2. Ibid, page 54 : « Rules are typically not objects valued in themselves. Rules are valued because of the pattern of outcomes that they are expected to produce. » Les règles ne sont généralement pas des objets ayant une valeur en soi. Les règles sont valorisées en raison du modèle de résultats qu’elles sont censées produire.
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      Île-de-France et ordinateurs « gratuits » : comme prévu, l’intendance n’a pas suivi

      h16 • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 15 January, 2021 • 7 minutes

    par h16

    Suite à un « effort sans précédent et inédit en France par sa rapidité de déploiement » , l’État a décidé de vacciner tout le moOoups on me dit dans l’oreillette que ce n’est pas du tout ce dont il s’agit mais bien de l’idée courageuse, volontariste et forcément bon marché d’informatiser les têtes blondes d’Île-de-France. Et fort bizarrement, c’est le drame.

    Enfin je dis bizarrement, mais les habitués de ces colonnes savent que l’historique de l’État en matière d’informatique commande la plus ferme lucidité et que cette dernière impose un triste constat : dès qu’il y met les doigts, tout le bras y passe et c’est toujours une catastrophe.

    Et non, je n’exagère pas : pour s’en convaincre, il suffira de se souvenir, comme je le faisais dans certains précédents billets , du Plan calcul , du Plan Informatique pour tous , ou plus proche de notre trépidant présent, les frétillantes réussites que furent Louvois, Chorus, l’Opérateur National de Paie, la gestion informatisée des cartes grises automobiles, le cloucloud souverain et tant d’autres tentatives qui ont depuis donné à la French Tech son délicieux parfum d’échec retentissant, avec des centaines de millions voire des milliards d’euros jetés par les fenêtres puis brûlés et éparpillés depuis des hélicoptères républicains carburant au Dom Perignon.

    Et dernièrement, c’est donc l’opération francilienne de distribution d’ordinateurs aux lycéens qui semble vouloir récupérer le prix de nouvelle catastrophe informatique étatique. Si, pour une catastrophe d’ampleur biblique, il nous aurait fallu une Ségolène survitaminée, on se contentera pour celle-ci, d’ampleur régionale, d’une Valérie Pécresse absolument décidée à dépenser l’argent gratuit du contribuable francilien dans cette distribution de machines qui n’ont manifestement pas réussi à trouver grâce auprès de leurs destinataires : distribution gérée comme les masques, les tests et les vaccins, des problèmes avec le réseau wifi (ceux des établissements n’étant bizarrement pas conçus pour la charge induite), manuels électroniques trop lourds pour les performances des ordinateurs achetés, jugées trop faibles, service après-vente débordé ou mal géré par des établissements et une région désorganisés, défauts de formation des professeurs autant que des élèves, il n’a pas fallu longtemps pour que l’ensemble de l’opération soit tristement qualifié de buggé par une presse sans tendresse .

    Bien sûr, l’analyse détaillée montre que les machines ne sont pas aussi éloignées de ce qu’on aurait pû attendre, mais à 180 millions d’euros de facture totale, les cris et les grincements de dents sont finalement un peu trop audibles. Pour 340 000 machines distribuées, soit plus de 500 euros par « machine gratuite », on pouvait s’attendre à mieux…

    En réalité et comme je le mentionnais dans les premiers paragraphes, la propension naturelle de la bureaucratie française à se planter mollement en cramant des sommes folles, notamment lorsqu’il s’agit d’informatique, laissait clairement entrevoir le problème avant même que l’opération soit lancée.

    Pour la région Île-De-France, il était donc couru d’avance que l’aventure tentée par Pécresse allait tourner au coûteux vinaigre. À titre de consolation, on pourra noter que n’ayant pas toute la puissance délirante de l’État derrière soi, on dépense un peu moins, ce qui limite le dérapage en dessous du milliard.

    À ce point de l’observation, on ne peut que se demander, alors que la France traverse gentiment une nouvelle bordée d’heures de plus en plus sombres de son Histoire, littéralement et métaphoriquement , pourquoi une autorité politique s’est encore une fois lancée dans une dépense somptueuse.

    Ici nous explique-t-on, les zotorités voulaient vaillamment réduire une fracture numérique qui existe d’autant plus que les biens technologiques sont de plus en plus inabordables pour les classes modestes, justement ponctionnées qu’elles sont par l’État et ses engeances pour subvenir à toutes les lubies qui passent par la tête de toutes les Pécresses de nos régions, et avec ce fumet de foutage de gueule lorsque la solution imposée ne résout rien.

    En effet, tout indique qu’à cause de l’inhérente et indécrottable centralisation franco-franchouille, le matériel et ses inévitables petits soucis de démarrage et de maintenance sont impossibles à gérer efficacement.

    Peut-on en être surpris, alors que, même à supposer que la dépense était réellement indispensable, la mise à disposition d’un « chèque informatique », cantonné à l’achat d’un ordinateur répondant à quelques caractéristiques génériques, chez n’importe quel fabricant, aurait résolu ce problème : cela aurait quelque peu responsabilisé l’acheteur, stimulé la concurrence des différents fabricants voire des assembleurs locaux, proches des lycéens, en répartissant le service après-vente sur plusieurs d’entre eux en fonction des choix de chaque élève ; bref, on aurait laissé le marché gérer ce qu’il fait du reste fort bien pour les dizaines de millions de machines déjà réparties sur tout le territoire français et on aurait déchargé les régions et les établissements scolaires de cette encombrante responsabilité.

    Peut-on de même s’étonner que les professeurs ne soient pas à jour pour la gestion des matériels informatiques ainsi distribués ? Est-ce vraiment le rôle de M. Chombier, prof d’Histoire en seconde B au Lycée Pablo Nerruda de Vitry-Sur-Seine de faire de l’administration système sur ces coucous, sérieusement ?

    Mais plus profondément, on doit se demander ce qui pousse ainsi les politiciens en général et Pécresse en particulier à vouloir ainsi intervenir avec des solutions éculées, maintes fois battues en brèche, pour résoudre un problème qui n’est en dernière analyse pas de leur ressort.

    En fait, la réponse vient de la bouche de Pécresse elle-même lorsqu’elle déclare : « Nous sommes prêts à aider, laissez-nous faire ! »

    Même s’il s’agit d’un sujet différent, la réponse s’impose d’elle-même, évidente : non, surtout pas. Ni au niveau de la région, ni au niveau de l’État !

    Sacrebleu, il faut l’écrire, le dire et le répéter : vous, les politiciens, vous êtes tous nuls .

    Pour distribuer du vaccin, des masques, des tests ou des ordinateurs, pour la logistique comme pour la distribution, la maintenance et le suivi de quoi que ce soit, pour la gestion budgétaire à votre niveau qu’il soit national, local ou régional, ou, pire encore, pour la création de richesse, vous êtes nuls. Pas médiocres, non. Nuls. Catastrophiques. À valeur ajoutée strictement négative. Vraiment. À chier.

    La seule légitimité, le seul domaine dans lequel le citoyen peut encore vous prêter une compétence, c’est dans ce régalien dont plus aucun d’entre vous, politiciens, ne semble vouloir s’occuper et qui reste en jachère. Vous êtes nuls dans tous les domaines avec ce brio et ce panache qui caractérisent les cuistres, les imbéciles, les incompétents et les parasites, et vous êtes à présent complètement à la ramasse dans le seul domaine où on vous attend vraiment.

    En réalité, n’en jetez plus. Arrêtez d’aider ! Toute la France est mortellement « aidée » par toute cette encombrante classe de parasites politiques et bureaucratiques, car pour aider, ils ponctionnent (toujours plus) et s’organisent (toujours plus), se réunissent (toujours plus), se paient (toujours plus) et redistribuent, toujours à plus de gens, qui reçoivent donc toujours moins.

    En définitive, le pays crève de cette cataracte de ces « aides » qui l’asphyxient, depuis les ordinateurs jusqu’au système de soins qui ne tient plus debout et paralyse le pays pour s’assurer qu’il mourra en bonne santé.

    Ce pays est foutu. Arrêtez de nous aider.


    —-
    Sur le web

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      3 conseils à Macron pour changer de cap en 2021

      Claude Sicard • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 15 January, 2021 • 9 minutes

    Macron

    Par Claude Sicard.

    En pleine crise du coronavirus, Emmanuel Macron a réuni mercredi 13 janvier l’ensemble des membres du gouvernement, avec leurs secrétaires d’État respectifs, pour « dessiner le cap des mois à venir » . Il est à craindre qu’il ne sorte rien de constructif de ce nouveau séminaire car le programme d’action qui va être adopté va s’inscrire tout naturellement dans la ligne du programme électoral qui était celui de Macron.

    On peut penser, en effet, qu’Emmanuel Macron ne voudra pas se dédire à quelques mois de l’ouverture de la prochaine campagne électorale où les partis d’opposition ne manqueront pas de faire le bilan de son quinquennat.

    Pourtant, les effets de la crise du coronavirus sont là, et le gouvernement ne peut pas manquer d’en tirer des leçons. Cette crise aura eu au moins un effet positif : servir de révélateur des dysfonctionnements de notre machine administrative. Comme on le sait, le bilan est lourd.

    Il y a eu le problème des masques , puis celui des tests, et maintenant la difficulté de vacciner la population au même rythme que nos voisins. De cafouillage en cafouillage, il a fallu finalement avoir recours à des cabinets privés de consultants pour élaborer un plan de combat efficace.

    Et l’on aura découvert, avec cette pandémie, que l’on se berçait d’illusions en prétendant que notre système de santé était le plus performant du monde .

    Le premier souci du gouvernement devrait donc être, à l’évidence, de rendre notre machine administrative plus efficace. C’est le premier problème à régler pour redresser le pays. On loue les performances d’organisation des Allemands, et plus encore celles d’Israël qui manifeste une fois de plus son extraordinaire capacité à agir et/ou à réagir : ce pays est exemplaire en matière de capacité à s’organiser.

    Dans la situation où se trouve notre pays, il est facile de voir où sont les priorités et il semblerait que Macron ne soit plus à même d’aller à l’essentiel. Tout au long de son quinquennat il a voulu voulu s’occuper de tout, des moindres détails de la vie de la nation aux questions à régler au plan international pour assurer la paix dans le monde et sauvegarder, dans toute la mesure du possible, les grands intérêts de notre pays.

    Il est ainsi passé des débats avec les collectivités locales lorsqu’il s’est agi de mettre un terme à la crise des Gilets jaunes, ce qu’il a baptisé pompeusement le Grand débat , aux réunions du G7, en passant par les symposiums de Davos et les réunions de chefs d’État à Bruxelles.

    À trop embrasser de sujets « en même temps », il semblerait bien qu’Emmanuel Macron ne parvienne plus à distinguer où se trouve l’essentiel de sa fonction. À propos de ce séminaire nouveau, son porte-parole a fait savoir qu’il voulait que soient « dégagées les priorités d’action, car nos concitoyens attendent de nous, légitimement, que l’on fasse de 2021 une année utile ».

    Quelles sont donc les priorités auxquelles le président aurait dû se tenir, afin que cette nouvelle année soit « une année utile » ? De notre point de vue elles sont tout simplement au nombre de trois :

    • Décentraliser
    • Rendre notre système administratif plus efficace
    • Renforcer considérablement nos capacités en R&D, afin de préparer l’avenir

    Macron doit décentraliser

    La France est un pays beaucoup trop centralisé , et le système d’organisation de la puissance publique qui est le nôtre ne convient plus à un pays développé, avec le niveau d’éducation qui est aujourd’hui celui de la population, et avec la sociologie qui est celle des habitants.

    En régions, les citoyens ne veulent plus que toutes les décisions les concernant soient prises à Paris, et les régions veulent donc avoir beaucoup plus de libertés pour gérer leurs affaires. Notre système d’organisation résulte des siècles passés, et il serait temps d’en changer.

    L’Allemagne, les États-Unis, la Suisse…. sont des pays fédéraux. L’Allemagne, par exemple, est organisée en seize Bundesländer ; chacun possède sa Constitution, une assemblée élue, et un gouvernement.

    En Allemagne, ce sont par exemple les Länder qui gèrent les hôpitaux publics, et ils ont fait un grand ménage dans ce domaine, transférant bon nombre d’hôpitaux déficitaires au secteur privé , ce qui a amené une réduction extraordinaire du nombre des hôpitaux : 2207 hôpitaux et cliniques en 1990, et 1700 en 2005. Et il y a eu, de ce fait, une réduction très importante du secteur public.

    L’Allemagne dispose donc aujourd’hui de beaucoup moins d’hôpitaux que la France, mais ils sont beaucoup plus grands, très modernes, dotés des équipements les plus sophistiqués et emploient des personnels très compétents.

    Il en résulte que la gestion de ce réseau est beaucoup moins lourde et onéreuse que celle des hôpitaux français, beaucoup plus nombreux, soit 3044, et souvent très anciens.

    Selon un rapport récent de l’IFRI sur le système de santé allemand :

    L’élément le plus marquant par rapport à la France a été la gestion concertée avec les Lander qui ont des compétences importantes en matière de santé publique.

    Il faut donc transférer aux régions la gestion locale de nos hôpitaux et du système de santé, et ceci n’est qu’un exemple.

    La politique de décentralisation a grand besoin d’être accélérée : lois Deferre en mars 1982, loi constitutionnelle du 28 mars 2003 sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, fusion des régions en 2015.

    La première urgence pour que notre pays se modernise et soit plus efficace consiste à procéder à une vraie régionalisation et déconcentrer fortement notre machine administrative.

    Rendre notre système administratif plus efficace

    L’effectif de la fonction publique française s’élève à 5,6 millions de personnes. Contrairement aux idées reçues, il n’est pas aussi surabondant qu’on le proclame ordinairement.

    Des comparaisons internationales convenablement faites, tenant compte du PIB/capita des pays, c’est-à-dire de la richesse des pays, indiquent que le sureffectif français s’élève à 265 000 personnes seulement, soit 4,7 % de trop.

    Ce n’est donc pas en licenciant ces personnes en surnombre que l’on redressera vraiment les comptes de la nation. Le problème, bien plus grave, est celui du taux extrêmement élevé de fonctionnarisation des agents du secteur public. Pour comparaison :

    • Suède : 10 %
    • Italie : 15 %
    • Allemagne : 30 %
    • France : 81 %

    Beaucoup trop de personnels jouissent du statut privilégié de la fonction publique , lequel nuit beaucoup à l’efficacité des actions menées. Les agents ne peuvent pas être jugés sur la qualité de leur travail, leurs effectifs ne peuvent pas être réduits lorsqu’ils sont en surnombre dans un secteur, leur mutation est difficile à mettre en œuvre, leur rémunération ne doit rien à leur mérite professionnel, leur efficacité, leurs initiatives.

    Il faut donc ne recruter dorénavant que sur la base du droit du travail ordinaire.

    Il convient également de réduire les double-emplois dans le cadre d’une décentralisation bien conduite. Dans son livre Leçons du pouvoir François Hollande écrit que notre système actuel est un « millefeuilles territorial assorti d’un enchevêtrement inextricable de compétences et de responsabilités » ; et qu’il serait temps « de passer à l’action et de simplifier cet édifice ».

    Mais lui-même n’a pas fait grand-chose lorsqu’il était en fonction, les mesures à prendre étant loin d’être populaires.

    Macron doit renforcer la recherche-développement, mieux coordonner recherche publique et recherche privée

    Notre pays souffre tout particulièrement de désindustrialisation . Il est aujourd’hui le plus désindustrialisé d’Europe, Grèce mise à part. Or, la production industrielle est la variable clé qui commande le niveau de richesse des pays.

    De ce fait, l’État s’est vu contraint de soutenir le niveau de vie de la population par des dépenses sociales de plus en plus élevées , lesquelles ont entraîné des ponctions fiscales de plus en plus importantes sur les agents économiques. Les prélèvements obligatoires se révélant chaque année insuffisants, l’État a dû recourir à l’endettement extérieur pour boucler ses budgets.

    En somme, un cercle vicieux dans lequel se sont trouvés piégés depuis quarante ans tous nos gouvernements. Ce mécanisme vient de se trouver aggravé encore un peu plus par la crise du coronavirus. L’endettement extérieur atteint maintenant un niveau considérable : 120 % du PIB, et cela va se poursuivre d’année en année.

    Il va donc falloir réindustrialiser le pays . La pandémie actuelle a fait prendre conscience de cette nécessité. Il était temps !

    L’État a dû acheter les masques en Chine, les hôpitaux ont manqué de respirateurs artificiels, le pays n’en fabriquant pas contrairement à l’Allemagne ou la Suisse. Il ne produit pas non plus les machines frigorifiques permettant de stocker les nouveaux vaccins, il faut les acheter en Allemagne ou au Japon.

    Notre avenir va se jouer sur nos capacités à innover demain, car la réindustrialisation du pays va se faire à partir de nouvelles technologies, et non par rapatriement d’usines parties à l’étranger.

    La Chine est montée en puissance ces dernières années dans le domaine des nouvelles technologies, et elle ambitionne de se placer en tête en matière d’intelligence artificielle.

    Il faut donc considérablement renforcer nos capacités de recherche, principalement dans le domaine de la recherche appliquée. Cela demande une articulation bien meilleure entre la recherche publique et celle des entreprises.

    La réforme des retraites pourra attendre. Pour remettre les régimes de retraite à l’équilibre il suffit de porter l’âge de départ à la retraite à 65 ans, comme cela se pratique partout ailleurs.

    Cette décision est simple à prendre, elle ne demande pas des mois de travaux de recherche. Il suffit de le décider, en expliquant aux Français qu’il s’agit de leur garantir des retraites non dégradées. Un problème de simple courage politique.

    Nous ne savons pas encore quelles décisions seront arrêtées suite au séminaire organisé par Emmanuel Macron le 13 janvier. Mais il y a fort peu de chances que le plan d’action coïncide avec celui que nous venons d’esquisser à grands traits.

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      Certains vaccins Covid font appel au génie génétique ? Excellente nouvelle !

      Auteur invité • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 15 January, 2021 • 6 minutes

    vaccins

    Par Mark Lynas.
    Un article de Cornell Alliance for Science

    Nous avons tous subi les théories conspirationnistes sur la Covid-19 . Aujourd’hui une nouvelle vague de même nature est en train de se former à propos des vaccins et de se propager de manière aussi virulente que la pandémie qu’ils sont censés contrôler.

    Même si les instances de santé publique ont tendance à se montrer rassurantes sur certaines des appréhensions les plus raisonnables – oui, les vaccins ont été développés incroyablement rapidement et des effets secondaires à court terme peuvent se produire – ce billet se propose d’aborder le sujet sous un autre angle.

    Nous allons droit au cœur du problème. Donc non, les vaccins Covid-19 ne sont pas des vecteurs de distribution de puces gouvernementales. Ils ne sont pas contaminés par du matériel provenant de fœtus avortés. Et ils ne nous transformeront pas en OGM – bien que certains d’entre eux utilisent le génie génétique, et que tous utilisent la génétique de manière plus générale.

    Nous pensons que c’est vraiment super – quelque chose à célébrer , et dont il ne faut pas avoir honte. Nous tenons donc à dépeindre en profondeur la façon dont la génétique et les biotechnologies ont été au cœur de l’effort de recherche sur ces vaccins. Parce que nous savons que les conspirateurs ne se soucient pas des preuves, de toute façon.

    ARNm – vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna

    Premier point : l’ARNm. Il ne reprogrammera pas votre cerveau. Mais il reprogramme certaines de vos cellules, en quelque sorte. Et ce n’est pas un défaut, c’est intentionnel.

    Pour comprendre cela, vous devez savoir à quoi sert l’ARNm. En gros, c’est une molécule d’acide nucléique simple brin qui transporte une séquence génétique de l’ADN, du noyau de la cellule vers les usines à protéines – appelées ribosomes – qui se trouvent à l’extérieur du noyau dans le cytoplasme cellulaire.

    C’est ce que signifie le « m » d’ARNm : messager. L’ARN messager ne fait que transmettre les instructions pour l’assemblage des protéines de la matrice d’ADN aux ribosomes. (Les protéines font presque tout ce qui compte dans l’organisme.) C’est tout.

    C’est utile pour les vaccins car les scientifiques peuvent facilement reconstruire des séquences génétiques spécifiques qui codent pour des protéines distinctives du virus envahissant. Dans le cas du Covid, il s’agit de la protéine de pointe bien connue qui permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules humaines.

    Les vaccins à ARNm obligent quelques cellules proches du site d’injection à produire la protéine de pointe. Celle-ci prépare ainsi votre système immunitaire à fabriquer les anticorps et les lymphocytes T qui combattront la véritable infection par le coronavirus lorsqu’elle se produira.

    Ce n’est pas très différent de la façon dont les vaccins traditionnels fonctionnent. Mais au lieu d’injecter un virus vivant affaibli ou éteint, l’approche par ARNm entraîne directement votre système immunitaire avec une seule protéine.

    Contrairement aux affirmations des plus fous, il ne vous transformera pas, vous ni personne d’autre, en OGM. L’ARNm reste dans le cytoplasme, là où se trouvent les ribosomes. Il n’entre pas dans le noyau et ne peut pas interagir avec votre ADN ni provoquer de modifications du génome. Pas de « Frankencure » ici non plus.

    Une variante de l’approche ARNm consiste à reculer d’un pas dans le processus et à la place, de construire une plateforme de vaccin à partir d’ADN. Ce modèle d’ADN – construit par les scientifiques pour coder la protéine de pointe du coronavirus – est introduit dans les cellules où il est lu dans l’ARNm et… eh bien, le reste est identique.

    Vous vous demandez peut-être si cet ADN peut modifier génétiquement vos cellules. Encore une fois, la réponse est non. L’ADN est injecté en petits morceaux circulaires appelés « plasmides » – à ne pas confondre avec les plastiques – et si ceux-ci entrent bien dans le noyau, le nouvel ADN lui ne s’intègre pas dans votre génome cellulaire. Vous y êtes ?

    Adénovirus – le vaccin d’Oxford

    Celui-ci est vraiment génétiquement modifié. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?

    Le vaccin d’Oxford utilise ce que l’on appelle une approche par « vecteur viral ». L’équipe scientifique a pris un adénovirus – un type d’agent pathogène qui provoque un rhume commun – et l’a couplé à la même séquence génétique de protéine de pointe que celle du coronavirus.

    L’adénovirus sert simplement de véhicule pour faire entrer la séquence génétique dans vos cellules. Voilà pourquoi il est appelé « vecteur viral ». Après tout, les virus ont été conçus par des milliards d’années d’évolution, précisément pour trouver des moyens de se faufiler dans les cellules hôtes.

    Notez que le génie génétique est une partie essentielle du processus de développement. Tout d’abord, les virus vecteurs sont dépouillés de tous les gènes qui pourraient vous nuire et provoquer une maladie. Les gènes qui provoquent la réplication sont également supprimés, de sorte que le virus est inoffensif et ne peut pas se répliquer.

    Ensuite, les gènes de la protéine de pointe du coronavirus sont ajoutés – une utilisation classique de l’ADN recombinant. Donc oui, l’emploi du vaccin Oxford/AstraZeneca signifie bien qu’un virus génétiquement modifié est injecté dans votre corps.

    Et c’est une bonne chose. Dans le passé, par exemple avec le vaccin contre la poliomyélite, les virus vivants contenus dans le vaccin pouvaient parfois muter et redevenir pathogènes, provoquant une polio dérivée du vaccin. Vous pouvez voir qu’il est de loin préférable d’utiliser un virus génétiquement modifié qui ne peut pas causer de tels dommages !

    L’alarmisme OGM

    Comme nous l’avons déjà signalé à l’Alliance pour la Science, les mouvements anti-OGM et anti-vaccins se chevauchent considérablement. Ces groupes ont tendance à partager une idéologie qui se méfie de la science moderne et fétichisent plutôt les approches « naturelles ». Quoi qu’on puisse entendre par « naturel » .

    Notez que ces groupes ne sont pas toujours relégués à la frange à laquelle ils appartiennent. En Europe, les réglementations anti-OGM ont bloqué toute utilisation substantielle de la biotechnologie des cultures pendant près de deux décennies, entravant les efforts visant à rendre l’agriculture plus durable.

    Et en juillet dernier, le Parlement européen a dû suspendre les règles anti-OGM de l’UE afin de permettre le développement sans entrave des vaccins COVID. Très embarrassant pour Bruxelles !

    Les mouvements anti-OGM et anti-vaccin vont-ils utiliser leurs tactiques habituelles d’alarmisme pour susciter la peur, accroître le doute sur les vaccins, et prolonger ainsi l’enfer de la pandémie de Covid-19 ? Cela reste à voir. S’ils y parviennent, alors, tragiquement beaucoup plus de personnes mourront et nos économies continueront de souffrir. C’est à nous tous – le mouvement populaire en faveur de la science – de les arrêter.

    Traduction de Yes, some COVID vaccines use genetic engineering. Get over it par Alain Cohen-Dumouchel pour Contrepoints .

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      Jamais de guerre civile le mardi, par Yves Bourdillon

      Frédéric Mas • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 15 January, 2021 • 2 minutes

    guerre civile

    Par Frédéric Mas.

    Le décor planté, c’est celui de la France d’aujourd’hui, dans toute sa décrépitude. Dans certains quartiers qui jouxtent la capitale, les tensions entre la police et les caïds sont plus que palpables. Les signes d’avant-guerre civile brouillent les cartes, le climat se dégrade et le cœur de Paris n’est pas épargné.

    Pour Fred Baumont, journaliste à La Ligne , les problèmes commencent quand disparaît sa collègue dans un de ces quartiers pourris où il ne fait pas bon se promener en jupe quand on est une femme. Scarlett, puisque c’est d’elle dont il s’agit, n’a pas sa langue dans sa poche. Progressiste et bobo, elle passe son temps à s’enguirlander avec Bob, l’autre collègue réac et pessimiste de Fred.

    Entre bobo et réac

    Là où Scarlett célèbre l’ouverture à l’autre et l’idéal cosmopolite, Bob voit la progression de l’islamisme radical dans les quartiers et la partition du pays qui vient. Au milieu, Fred, plutôt libéral tendance Tocqueville , fait tampon. Ses collègues l’agacent, mais ce sont de vrais pros.

    Sa vie personnelle est aussi déglinguée que la France qui lui rappelle ses reportages de guerre. Il va tâcher d’y mettre de l’ordre, mais n’en dévoilons pas plus aux futurs lecteurs. Le dernier roman d’ Yves Bourdillon est un roman noir et drôle, où la fiction s’inspire d’une réalité de terrain qu’il arpente tous les jours depuis maintenant près de 20 ans en tant que journaliste aux Échos . Mais si son expérience de reporter lui donne la matière, c’est Frédéric Dard, Michel Audiard, ADG ou Manchette qui donnent le ton. Le réalisme presque brutal des situations est contrebalancé par un humour mordant, une réflexion désabusée mais jamais cynique.

    Yves Bourdillon aime son métier et les personnages qu’il peint sont attachants, malgré leurs fêlures, leurs excès ou leurs défauts. Le style est haché, percutant, et n’a pas le temps d’ennuyer le lecteur. Il est pris dans une action du début à la fin du roman qu’il ne lâche qu’avec regret. Et puis il s’aperçoit que la France d’aujourd’hui ressemble beaucoup à celle décrite par Yves Bourdillon. En beaucoup, beaucoup moins drôle. À acheter donc d’urgence.

    Yves Bourdillon, Jamais de guerre civile le mardi , éditions Millighan, 2020, 364 pages, 18, 90 euros.

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      Traitement des étrangers par des préfectures : la situation s’aggrave

      Pierre Farge • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 15 January, 2021 • 5 minutes

    préfectures

    Par Pierre Farge.

    Depuis une récente tribune révélant le traitement honteux des étrangers par certaines préfectures françaises, la situation semble s’être aggravée.

    Témoignant de la façon dont l’État français ne respecte pas le droit en vigueur pour permettre aux étrangers de régulariser leur situation migratoire, j’assurais qu’une prise de rendez-vous en Préfecture était impossible par quelque moyen que ce soit (téléphone, internet, ou en personne en se présentant à la Préfecture). En dépit du droit en vigueur, j’en concluais qu’au mépris de nos droits fondamentaux, les étrangers étaient ainsi contraints de demeurer en situation irrégulière au risque d’être expulsés du territoire.

    En réponse à cette tribune, le directeur de la Police générale de Paris, monsieur Julien Marion, m’a répondu par courrier, toujours pour la forme, que « de nouveaux rendez-vous sont mis en ligne de façon hebdomadaire, dans un volume visant à éviter les prises de rendez-vous abusives et le détournement de ces dernières ».

    Force est pourtant de constater que le directeur de la Police ne répond à aucun des dysfonctionnements que je souligne dans ma tribune, mais répète plutôt une fois de plus que des prises rendez-vous sont possibles. Et bien sûr, il n’explique pas en quoi une « prise de rendez-vous peut être abusive » ou même « détournée » ; pas plus qu’il ne propose d’alternatives au cas de mon client qui n’est manifestement ni  abusif ni détourné.

    En réponse aussi à cette tribune, des dizaines d’étrangers m’ont également informé se trouver exactement dans la même situation, c’est-à-dire paralysés par l’impossibilité d’une prise de rendez-vous sur le site de la Préfecture.

    En réponse à cette tribune encore, un certain nombre de confrères spécialisés ont même pris attache avec mon cabinet confirmant cette situation et proposant d’unir nos forces par des recours judiciaires.

    Les recours possibles

    Deux possibilités s’offrent effectivement à nous pour pallier ce comportement de l’administration et aider ces étrangers : la première, saisir le Défenseur des droits, la seconde, peu connue, engager une procédure dite de « référé-conservatoire », c’est-à-dire une procédure d’urgence visant à saisir le tribunal administratif afin que le juge ordonne « toutes mesures utiles » .

    Le défenseur des droits n’ayant aucun pouvoir contraignant, limité à émettre un avis, la seconde option est privilégiée. Prévue par l’article L.521-3 du Code de la justice administrative, le Conseil d’État est même venu indiquer récemment, dans ce que l’on appelle une jurisprudence, qu’un juge peut tout à fait enjoindre le préfet de communiquer une date de rendez-vous à un étranger qui ne parvient pas à en obtenir depuis plusieurs semaines (Conseil d’État, 7ème – 2ème chambres réunies, 10/06/2020, 435594). Il en va selon la juridiction suprême du principe de la continuité du service public, de même que la nécessité de répondre aux besoins d’intérêt général sans interruption.

    À l’appui de la demande, il revient évidemment de verser toutes les captures d’écran du site de la Préfecture témoignant de l’impossibilité de rendez-vous semaine après semaine, tous les courriers éventuellement adressés à la même Préfecture, de même que tout autre élément prouvant de votre diligence à tenter d’obtenir en vain un rendez-vous depuis des mois.

    Des condamnations au cas par cas, au mépris de l’État de droit

    Fort de cette ténacité, il ressort des jugements récents que la Préfecture est systématiquement condamnée, et qu’elle s’exécute en fixant manuellement un rendez-vous dans ses locaux par l’intervention d’un fonctionnaire, ce genre d’employé qui s’engage pour le service public. Autrement dit, comme par miracle, l’administration obéit aux injonctions du juge là où elle refusait de le faire à l’étranger en personne ou à son avocat. Autrement dit encore, il faut qu’un juge enjoigne pour que le droit soit appliqué, sinon rien n’est fait spontanément.

    C’est le cas, par exemple, de la Préfecture de Sarcelles prenant désormais des dossiers par courrier postal, de même que la Préfecture de Bobigny disposant sur son site internet qu’en cas d’impossibilité matérielle de prendre rendez-vous, elle peut être contactée par téléphone.

    Ce cas par cas témoigne que jusqu’à aujourd’hui les quelques condamnations des Préfectures demeurent marginales, et permet donc de se demander combien il faudra encore de cas pour que la loi soit appliquée spontanément ? Combien de condamnations encore pour permettre un renversement de politique et une prise de rendez-vous généralisée ?

    Car c’est bien de politique migratoire dont il s’agit ici, d’instructions d’élus ou de préfets, demandant sans doute d’agir au mépris de nos droits en obligeant les étrangers à saisir un juge s’ils souhaitent vraiment régulariser leur situation. Faites le calcul, combien d’étrangers iront jusqu’à engager les frais d’un avocat, ou tomber sur un confrère prêt à agir bénévolement ? Un sur dix ? Un sur cent ? Un sur mille ? L’intérêt pour la Préfecture à épuiser procéduralement les étrangers est évident pour ne pas espérer que ces pratiques changent.

    Laissant ainsi aux étrangers le droit d’être expulsés, ou au mieux le choix de leur centre de rétention, cet état de fait pose donc quelques questions au regard de l’État de droit. Dans un État de droit, l’autorité judiciaire doit demeurer l’exception et non la règle, et ce d’autant que nous cesserions d’alimenter l’engorgement judiciaire, faisant finalement des étrangers un coût, plutôt qu’une chance pour la France.