phone

    • chevron_right

      Pourquoi la diversité n’est pas un critère de sélection

      Thomas Viain • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 14 January, 2021 • 7 minutes

    diversité

    Par Thomas Viain.

    Le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf a suscité la controverse le 1er janvier dernier, en tweetant sur le manque de diversité du Philarmonique de Vienne, lors du traditionnel concert du Nouvel An.

    La violoniste Zhang-Zhang, du Philharmonique de Monte-Carlo, a immédiatement réagi, affirmant que les musiciens étaient sélectionnés à l’aveugle, sur leurs seules compétences. Et s’il y avait un quiproquo sur la notion de mérite ?

    La méritocratie et le ressentiment des laissés-pour-compte

    Mis à part qu’en réalité, les auditions à l’aveugle n’ont souvent lieu qu’au début du processus de sélection, rarement d’un bout à l’autre, la réponse de Zhang-Zhang est instructive : elle oppose le processus de sélection méritocratique, sans voir qu’Ibrahim Maalouf ne nie nullement l’excellence des musiciens composant le Philharmonique, bien au contraire.

    Essayons d’éclaircir cet échange entre Maalouf et Zhang-Zhang en faisant un bref détour par Michael Sandel et son dernier ouvrage, The Tyranny of Merit . Sandel y désespère que la conception méritocratique se soit imposée comme un dogme et que les débats ne tournent qu’autour de cette seule question : comment réaliser au mieux l’égalité des conditions sur la ligne de départ ?

    Résumons brièvement la critique de Sandel à l’égard de la méritocratie.

    Dans une société méritocratique, chacun veut croire tenir son succès de son talent et de son labeur. Et plus on se croit self-made man , plus on oublie le bien commun, qui a en réalité permis le succès.

    Naissent alors un fort ressentiment et une humiliation chez celui qui n’a pas réussi car dans une méritocratie, celui qui échoue ne peut plus s’en prendre qu’à lui-même. Cette perte d’estime expliquerait la montée des populismes, qui suit le gradient des diplômes bien davantage que des revenus.

    Dans les années 1960-1970, les philosophes américains dominants refusaient la rhétorique de la méritocratie, considérant qu’il était contingent que le marché demande certains talents ou que certains talents soient communs ou rares ; Sandel prend comme exemple LeBron James : il a la chance que son talent soit recherché, mais durant la Renaissance italienne, à Florence, c’eût été celui du peintre.

    Le marché n’évalue pas en réalité la véritable contribution d’un individu à la société. Sandel prend l’exemple du professeur de chimie de Breaking Bad : sa contribution en vendant de la meth pour des millions de dollars est inférieure à celle qu’il avait comme professeur de chimie.

    Il ne faudrait pas oublier la leçon de Hegel : le moteur principal de l’humanité, c’est la lutte pour la reconnaissance. Cela implique d’avoir une idée du bien commun et des contributions respectives à ce bien commun, autres qu’évaluées par le marché. Mais comme on ne sait plus définir un bien commun, on préfère en rester à la neutralité du marché ; le débat a resurgi lors de la crise covid, avec une reconnaissance de l’utilité sociale des travailleurs du quotidien, dont les contributions n’étaient pas reconnues par les mécanismes du marché.

    Sandel n’ignore pas les solutions à droite et à gauche.

    À droite, Hayek reconnaît que le marché n’a rien à voir avec le mérite, mais reflète simplement le choix et les désirs des consommateurs. À gauche, Rawls ne considère pas non plus qu’une société rétribue les mérites. Les mieux dotés en talents auront au contraire une dette à l’égard des moins bien dotés. À l’objection que les mieux dotés auraient pu ne rien faire de leur talent, Rawls répond que la capacité d’effort est également héritée ou encouragée.

    Mais selon Sandel, ces deux paradigmes ne répondent pas à la difficulté majeure du ressentiment des laissés-pour-compte. Même la solution rawlsienne (le chirurgien est mieux payé que le concierge pour des raisons incitatives seulement, qui contribuent ultimement au bien des moins bien lotis) ne répond pas à la perte d’estime de soi que connaît celui qui est en bas de l’échelle des mérites.

    Diversité, sélection et seuil de compétences

    Est-ce à dire que toute sélection est malvenue et que les moins bons pourraient remplir des postes exigeants et techniques ? Sandel ne nie nullement qu’il faille sélectionner des compétences, mais on pourrait éliminer selon lui le biais de l’humiliation et de la perte d’estime de soi par un mécanisme simple : fixer un seuil de compétences, puis tirer au sort.

    Sur les 40 000 étudiants postulants à Harvard, en fixant un simple seuil de compétences, les examinateurs se retrouveraient avec environ 20 000 restants, tous excellents selon Sandel. Au-delà de ce seuil, il est trop difficile de prévoir la carrière académique et la réalité de ce qui est sélectionné : la sélection devient non signifiante. On tirerait alors au sort un sous-groupe. Celui-ci ne pourrait se targuer de ses qualités supérieures et les non tirés au sort ne connaîtraient pas non plus le stigmate du laissé-pour-compte.

    Il propose de faire l’expérience pour prouver la chose en comparant, au moment de leur diplôme de sortie ou durant leur carrière académique, un groupe qui aurait été tiré au sort et un autre sélectionné classiquement. Sandel prend le pari que les différences ne seront pas notables.

    Comment juge-t-on la musique ?

    Appliquons maintenant ces analyses à notre exemple du Philharmonique de Vienne. Ibrahim Maalouf ne semble pas nier l’excellence de l’orchestre, il la vante même sans ambages. Mais ces musiciens en haut de l’échelle des mérites n’ont pas été pris à partir d’un seuil de compétences, mais passés dans un crible qu’il est légitime d’analyser.

    Or, selon Sandel, passé un certain seuil, la sélection devient non signifiante : on ne sait plus vraiment ce qu’on sélectionne. Un musicien issu de la diversité aurait tout aussi bien pu être pris (au-delà d’un seuil de qualifications) et la musique qu’il aurait produite au Philharmonique eût été également sublime. Sandel reconnaîtrait que dans des cas très particuliers et limités (le génie en maths), l’hyper sélection peut encore atteindre une réalité. Mais dès que les compétences deviennent complexes et multiples ou liées à l’émotion musicale dans notre exemple, une foule de paramètres non contrôlés ou contrôlables ont en réalité plus d’importance que le processus de sélection.

    Utiliser Sandel pour interpréter la réaction de Maalouf n’est pas forcément une aberration pour un libéral. La sélection abstraite et académique n’a jamais vraiment été un Graal pour le libéralisme. En l’occurrence, le fait qu’un musicien rencontre une demande de la part d’un public est un critère bien plus sûr de sa plus-value (relative, bien sûr à un goût et un public donnés). Mais il est vrai que même ainsi, la question posée par Sandel sur la perte d’estime du déclassé doit être prise au sérieux par le courant libéral.

    Sélection institutionnelle vs choix du public

    On pourrait ici faire une distinction capitale, que ne fait étrangement jamais Sandel dans son ouvrage : le sentiment de rejet et de déclassement du laissé-pour-compte dans une sélection institutionnelle (université, orchestre) est d’un tout autre ordre que la déception de ne pas retenir les faveurs d’un public (en musique, dans le commerce, etc.) : dans le premier cas, la sélection prétend dire quelque chose des qualités objectives du candidat quand bien même, au-delà d’un seuil de compétence, ce que le processus sélectionnerait serait douteux, alors que dans le deuxième cas, l’impétrant sait ne subir qu’un échec circonstancié (moment particulier, public particulier), qui ne le réduit pas à cette tentative.

    Il pourrait être intéressant pour le courant libéral de travailler dans cette direction, en distinguant la sélection institutionnelle et la sélection par le marché en termes d’estime de soi.

    • chevron_right

      Affaire Olivier Duhamel : Finkielkraut touche deux cordes sensibles

      Frédéric Mas • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 13 January, 2021 • 3 minutes

    Par Frédéric Mas.

    Les commentaires de l’essayiste Alain Finkielkraut sur les accusations de viol dont a été victime Victor Kouchner lui ont valu sa place sur LCI.

    Ses propos sur le consentement de la victime ont fait bondir les téléspectateurs car ils semblaient minimiser le crime du beau-père incestueux, ce dont le polémiste se défend.

    Il disparaît des chroniqueurs de l’émission quotidienne de David Pujadas, sans autre forme de procès. Alain Finkielkraut a touché deux cordes sensibles qui, une fois emmêlées, déchaînent les passions populaires : la pédophilie et la vie privée des élites.

    On a pu constater à quel point ces thèmes peuvent alimenter le ressentiment populaire aux États-Unis, avec le développement des théories du complot sur les élites pédophiles apparues dans le sillage de QAnon .

    Au cœur du pouvoir

    Dans un livre signé de sa belle-fille, La Familia Grande , Olivier Duhamel est accusé d’inceste sur son beau-fils Victor à l’époque où celui-ci était encore adolescent. Olivier Duhamel n’est pas n’importe qui : constitutionnaliste réputé, ancien député européen socialiste, président de la prestigieuse Fondation nationale des sciences politiques et du très select club « Le siècle », il était au cœur de la galaxie du pouvoir et surtout de la fabrication des élites du pays.

    Si les révélations de Camille Kouchner, par ailleurs fille de l’ancien ministre Bernard Kouchner et d’Évelyne Pisier, ont choqué, c’est aussi parce que beaucoup trop de monde semblait au courant depuis longtemps. Et que personne n’a rien dit.

    Élisabeth Guigou, réputée proche d’Olivier Duhamel, et surtout à la tête d’une commission de lutte contre les violences sexuelles commises contre les enfants, affirme n’avoir rien deviné ni rien vu.

    Après avoir appris que l’actuel directeur de Science Po aurait été informé des accusations sordides portées contre le mandarin depuis 2018, des élèves du prestigieux établissement d’enseignement ont réclamé sa démission. Mais des dizaines d’autres membres de l’entourage du politologue semblent avoir été dans le secret, hélas.

    L’affaire est sordide, et porte une lumière crue sur la manière dont fonctionne la nomenklatura française. L’omerta et l’entre-soi y règnent en maître, et les leçons de maintien de la gauche morale qui constituait le cœur de ces réseaux sonnent désormais un peu faux aux oreilles des citoyens ordinaires.

    La culture de l’excuse à la base comme au sommet exaspère, Alain Finkielkraut nous en est témoin, car elle rappelle l’inégalité de traitement moral, politique et médiatique entre des citoyens qui en démocratie libérale exigent l’égalité en droit comme en reconnaissance. Une victime de viol, qu’elle naisse dans les quartiers chics de Paris ou ceux populaires de Dunkerque, mérite qu’on lui fasse justice. La crédibilité de l’ État de droit en dépend.

    • chevron_right

      Et maintenant, un petit indice de réparabilité

      h16 • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 13 January, 2021 • 7 minutes

    réparation garage

    par h16

    La France est en guerre. Pas seulement contre les terroristes. Pas seulement contre les virus. Pas seulement contre les discours de haine. Non : au-delà de ces âpres croisades pour un Monde D’Après Plus Duveteux et Plus Nouveau, depuis 2012, la France est aussi en guerre contre le gaspillage .

    Ah, le gaspillage ! Quel combat ! Que dis-je, quel sacerdoce !

    Car là où l’écologie entend diminuer notre empreinte (carbone, visuelle, atmosphérique, énergétique, j’en passe) jusqu’à garantir notre parfaite neutralité, la lutte contre le gaspillage entend de surcroît s’assurer qu’aucun geste ne sera superflu, qu’aucune production ne sera perdue, qu’il n’y aura aucune perte et que rien ne sera laissé au hasard.

    Concrètement, cela se traduit par une nouvelle petite loi (digeste en seulement 130 articles rondement menés !) dont la récente promulgation entraîne – entre autres – le changement de plein de petits affichages colorés sur les appareils électro-ménagers ou les bidules électroniques qui entourent notre vie quotidienne : comme l’impose cette loi indispensable, ces derniers devront maintenant intégrer un indice de réparabilité .

    Youpi.

    Comme souvent, l’idée part d’une de ces bonnes intentions dont l’enfer est pavé avec minutie par nos législateurs déchaînés : certains appareils ne permettent pas une maintenance aisée et une panne, souvent triviale, se traduit parfois par un coût de réparation supérieur au prix de l’objet neuf.

    L’idée consiste donc à obliger les fabricants, qui sont un peu idiots sur les bords de n’y avoir pas pensé par eux-mêmes, à rendre leurs produits plus simples à démonter et à maintenir. Ce qui est d’autant plus facile à faire que ça ne remet en cause aucune chaîne de production et aucune étude des coûts et donc des bénéfices de ces entreprises.

    Cette obligation est en outre assortie d’une astreinte à conserver un stock de pièces détachées pendant plusieurs années disponibles à un « prix raisonnable » pour permettre, dans la logique législative, de répondre à l’impératif de rendre la réparation abordable par tout un chacun : moyennant une notice du fabricant elle aussi repensée comme la loi l’impose à présent et quelques tutoriels Youtube dégotés un dimanche après-midi, monsieur Toulemonde va enfin pouvoir réparer lui-même son lave-linge, son iPhone et sa tondeuse avec son unique tournevis cruciforme et un peu de WD40 en spray, c’est évident.

    Enfin, on introduira donc le fameux indice afin de punir subtilement les fabricants les plus retors de fournir une documentation trop légère, aucune pièce détachée dix ans après le temps d’usage moyen de leur produit ou aucun moyen simple de tout démonter (quitte à remonter de travers ensuite et se plaindre que ça ne marche pas).

    Bien sûr, on se réjouira que tout n’est pas encore massivement imposé, normé précisément jusqu’au moindre détail et qu’encore beaucoup d’éléments sont laissés à l’appréciation du fabricant qui dispose de quelques marges de manœuvre pour les critères qui entrent dans l’établissement de l’indice, même si, rassurez-vous, des sanctions existent s’il n’est pas affiché (on est en France, quand même).

    De façon étonnante, cet indice sera subtilement calculé par le fabricant lui-même et pas par une demi-douzaine d’Agences nationales de la Réparabilité à la fois neutres, indépendantes et noyées dans un torrent de cerfas gouleyants. Non, ici, il s’agit pour le fabricant de calculer lui-même son petit indice en mode « auto-critique » qui n’est pas sans rappeler un procès stalinien, à la différence que celui-ci se terminera plus joyeusement par une pastille colorée de rouge (vif) à vert (foncé) en fonction de l’adhésion aux thèses recyclistes.

    Malheureusement, tout ceci semble bâti sur des idées qui résistent mal à l’analyse sérieuse.

    Passons pudiquement sur le fait que cet indice est franco-français (s’étonnera-t-on qu’une nouvelle contrainte règlementaire sur les entreprises naisse dans l’Hexagone ?) ; on peut charitablement fantasmer une adaptation complète des chaînes de production de gros fabricants mondiaux d’appareils électro-ménagers ou d’électronique grand public pour venir adhérer tendrement au paysage législatif français et ses millions de bosses, plis et ravins dantesques, ou, plus vraisemblablement se dire que ça va encore encombrer les entreprises françaises dont la compétitivité est heureusement si insolente qu’elle n’en sera pas du tout amoindrie.

    Au-delà de cet aspect, force est de reconnaître que la réparation et la maintenance d’appareils électriques, électroniques ou mécaniques demandent du temps et, souvent, de la formation, ce qui explique assez facilement le coût attaché à ces opérations : tout n’est pas réparable par le consommateur lambda, loin s’en faut et la spécialisation de nos sociétés se paye logiquement, soit avec des objets bon marché mais peu réparables, soit avec une maintenance et des pièces détachées coûteuses.

    S’ajoute le cas spécifique de la France où toute main-d’œuvre humaine est subtilement taxée de tous les côtés jusqu’au trognon, ce qui n’améliore certainement pas la rentabilité de l’opération.

    Enfin, signalons que tenir à jour un stock de pièces détachées et de personnes compétentes pour les suivre et les utiliser coûte fort cher, en temps, en énergie et en espace. Ce coût est, à la fin, inévitablement payé par le consommateur d’une façon ou d’une autre. L’arbitrage du fabricant s’établit alors sur la qualité de ses productions ou sur le SAV de celles-ci, ce qui diminue les frais de maintenance mais augmente les prix à la vente par exemple.

    Le fabricant d’un côté, le consommateur de l’autre font tous les deux des choix plus ou moins contraints entre le renouvellement complet de l’objet ou sa maintenance dans le temps. Il n’y a pas de solution réaliste économiquement et écologiquement permettant de garantir à la fois un objet pas cher, de bonne qualité, facilement réparable et dont les pièces détachées sont disponibles toute sa durée de vie et au-delà.

    En somme et crûment, le choix s’établit donc entre « gaspiller » un objet en le renouvelant entièrement ou « gaspiller » temps, énergie et espace dans des formations, des services SAV et des pièces détachées surnuméraires, et il est impossible de définir a priori ce qui mérite une durée de vie longue ou pas ou des pièces détachées ou pas : seul le marché et son système de prix (des productions, des pièces détachées, de la main-d’oeuvre, du SAV) permettent d’approcher une solution viable.

    Or, dans cette situation, l’indice de réparatruc, imposé de façon artificielle et politique pour tenter d’apporter une « autre » solution à un problème déjà résolu par le marché, introduit des distorsions évidentes dont les effets de bord sont déjà visiblement défavorables aux fabricants français.

    Mais voilà : pour un nombre croissant de frétillants Français qui n’accepteront jamais les aléas de la vie (au point de graver un principe de précaution et son corollaire, le dégoût de toute prise de risque, dans la Constitution), pour une masse de plus en plus vocale d’individus qui refuseront toujours la disparition inévitable qui nous attend tous et toute chose autour de nous, tout doit être durable (depuis le développement jusqu’au confinement) et quand ça ne peut vraiment pas durer, ça doit être réparable, guérissable ou annulable sans frais.

    Cette lubie du durable, du réparable, cette chasse chimérique à un gaspillage mal défini, exagéré et recouvrant surtout une mauvaise compréhension des mécanismes de production et d’entretien, tout ceci a un coût qui se traduit directement sur le pouvoir d’achat des Français, et sur le niveau d’emploi dans le pays.

    Au passage, on s’étonnera que ce même indice n’ait pas été réclamé pour nos politiciens, seul endroit où il aurait été puissamment pertinent ; après tout, ils sont experts en matière de gaspillage, de pièces rapportées, et d’absence criante de service après-vente ou de notice claire d’utilisation.


    —-
    Sur le web

    • chevron_right

      Meilleurs vœux à tous nos lecteurs ! (VIDÉO)

      Contrepoints • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 13 January, 2021 • 1 minute

    meilleurs vœux

    Chers lecteurs,
    Chers amis,

    J’ai le plaisir de vous adresser mes meilleurs vœux de santé, de bonheur et de liberté pour cette nouvelle année 2021, de la part de toute l’équipe du journal Contrepoints .

    L’année 2020 a été rude pour nos libertés, tant économiques que civiles. Mais Contrepoints est là pour les défendre en 2021, à vos côtés.

    Ceci est mon dernier appel à votre générosité.

    Nous entrons en effet dans la dernière ligne droite pour assurer la survie et le développement de Contrepoints en 2021.

    Nous devons encore rassembler 4000 euros avant vendredi pour atteindre notre objectif annuel. ( https://www.contrepoints.org/aider-contrepoints )

    Nous avons besoin de ces 4000 euros pour donner le feu vert à la diffusion de vos idées libérales en 2021 :

    – publier six articles quotidiens,
    – travailler à nos campagnes d’investigation,
    – réaliser notre projet vidéo,
    – rénover notre site Internet.

    Je vous en prie :

    Aidez-nous à atteindre des millions d’autres personnes avec notre message unique de liberté et de responsabilité : https://www.contrepoints.org/aider-contrepoints

    (Si vous nous avez déjà soutenu en 2020, merci beaucoup de votre générosité, cet appel ne s’adresse pas à vous !)

    Quatre jours. C’est tout ce qu’il nous reste.

    Merci d’être à nos côtés et tous mes meilleurs vœux pour cette année 2021 qui commence !

    Votre dévoué,

    Thomas Palermo

    Président de Libéraux.org
    Directeur de publication de Contrepoints

    N.B. 1 : Si vous le souhaitez, votre don à l’association Libéraux.org qui édite Contrepoints est défiscalisable à hauteur de 66 %. Pour 100 euros de don, vous pouvez réduire votre impôt sur le revenu de 66 euros et votre libéralité ne vous coûte réellement que 34 euros. Un reçu fiscal vous est rapidement envoyé si vous nous le demandez à admin@liberaux.org.

    N.B. 2 : Vous voulez en savoir plus sur la façon dont votre don est employé, sur le journal et son équipe ou sur l’association qui l’édite et ses projets ? Lisez notre rapport annuel disponible ici.

    • chevron_right

      Associations : stop aux subventions à tout-va

      Jean-Philippe Feldman • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 13 January, 2021 • 3 minutes

    subventions

    Par Jean-Philippe Feldman.

    Mon dernier ouvrage, Exception française : Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron , entend démontrer que les Français n’ont jamais été libéraux , aussi loin que l’on remonte dans l’histoire. Et s’ils ne l’ont pas été, cela tient à un faisceau de facteurs que la dernière livraison du Canard Enchaîné (6 janvier 2021) permet en partie de vérifier.

    Le journal satyrique, qui justifie souvent son appellation, appartient cependant à la galaxie des journaux de gauche. Un pléonasme en France, relèverait un mauvais esprit. Voilà déjà une explication de l’antilibéralisme français : l’absence d’offre intellectuelle pluraliste et une pensée trop souvent unique dans la presse tant écrite que parlée.

    Clientélisme et subventions en Auvergne-Rhône-Alpes

    Un article de cet hebdomadaire intitulé « Laurent Wauquiez aggrave l’effet de cerf », peut être ainsi résumé : dans la perspective des élections régionales, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes arrose de subventions les fédérations de chasse ; la présidente du groupe d’opposition écologiste s’insurge en pointant le clientélisme de la droite ; le président des chasseurs de la région se défend en évoquant un rééquilibrage après le tombereau de subventions déversé sur les associations environnementales durant les deux mandats précédents du socialiste Jean-Jack Queyranne.

    Contre les associations lucratives sans but

    Comme souvent, nos hommes politiques embrouillent tout. En effet, la question n’est pas de savoir quelles associations, qui pour la chasse, qui contre la chasse, vont se voir accorder des subventions, mais de cesser d’octroyer des subventions .

    En effet, une association est, ou plutôt devrait être, un organisme de droit privé, et comme tel recevoir des cotisations de membres privés, et non pas des associations lucratives sans but recevant, selon une périphrase, de l’argent public. Nos amis de Contribuables associés entendent le démontrer à longueur d’année.

    Pourquoi le libéralisme n’existe pas en France

    On comprend aussi pour quelle raison les libéraux ont du mal à exister dans un pays perclus d’interventionnisme et de clientélisme. Le marché politique joue à plein car la sphère publique pompe la majorité des richesses produites. Les associations dignes de ce nom peuvent plus difficilement bénéficier de la générosité des individus dont les finances sont obérées par la lourdeur des prélèvements obligatoires .

    Dès lors, beaucoup en ont tiré pour conséquence qu’il fallait trouver l’argent perdu là où il se trouvait, c’est-à-dire dans les poches de l’État, cette grande fiction à travers laquelle tout le monde vit aux dépens d’autrui. Frédéric Bastiat l’avait brillamment relevé il y a déjà plus d’un siècle et demi.

    En France, tout est ou devient public, tout est citoyen car pollué par la sphère publique. Briser cette servitude volontaire relève de la gageure car chacun s’accroche à ses privilèges ou lambeaux de privilèges. On peut s’en lamenter, mais il faut reconnaître que cette attitude n’est pas dénuée de logique, tant en ce qui concerne certains responsables associatifs peu scrupuleux que certains hommes politiques démagogiques, au sein de l’État providence le plus développé au monde. Et faire comprendre à la grande masse des individus -argument utilitariste- qu’ils auraient davantage à gagner à vivre sous un régime de liberté et surtout -argument non utilitariste et autrement essentiel- qu’ils seraient plus dignes s’ils ne mendiaient pas de l’argent public qui est en réalité toujours d’origine privée, exige manifestement beaucoup de patience et de pédagogie.

    Mais quel candidat de premier plan aux prochaines élections régionales osera dire : « Je n’octroierai plus de subventions à quelque association que ce soit et l’argent ainsi économisé permettra soit de diminuer les impôts soit de baisser les dépenses publiques soit les deux » ?

    Soyons un peu naïf en cette période difficile…

    Jean-Philippe Feldman  vient de faire paraître Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron , Odile Jacob, 2020.

    • chevron_right

      Hausse des tarifs d’électricité : la Covid-19 a bon dos

      Michel Gay • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 13 January, 2021 • 4 minutes

    covid II

    Par Michel Gay.

    Alors que la sécurité d’approvisionnement diminue et que le gestionnaire du réseau d’électricité (RTE) envisage des coupures de courant cet hiver, la Commission de régulation de l’électricité (CRE) prévoit une nouvelle augmentation de 1,7 % de l’électricité le 1er février 2021 pour les particuliers.

    Elle sera même de 3,02 % pour les professionnels. Cette dernière hausse sera donc répercutée sur les produits manufacturés vendus ensuite aux particuliers.

    De qui se moque-t-on ?

    Selon la CRE, cette hausse serait alimentée par de nombreux facteurs, « presque tous » liés à la crise économique et aux conséquences sanitaires de la pandémie.

    Tout est dans le « presque tous » et dans la valeur relative accordée à ces facteurs dans cette hausse.

    La CRE évoquerait notamment « l’évolution des coûts de commercialisation due aux effets de la crise sanitaire liée au Covid-19 » et « l’augmentation du coût de l’approvisionnement en énergie » des fournisseurs sur le marché de gros.

    Mais ce ne sont que des causes secondaires…

    La cause principale, passée sous silence, est constituée par les énormes subventions attribuées par dizaines de milliards d’euros aux éoliennes et aux panneaux photovoltaïques.

    Mais le plus fort réside dans la justification de cette hausse par la CRE.

    Ainsi est-il indiqué que :

    « La hausse du prix de gros de l’électricité s’inscrit dans un contexte global de remontée du prix des commodités, avec des hausses du prix du charbon de 12 % » alors que le charbon n’existe pratiquement plus dans la production nationale d’électricité ( 0,3 % en 2019 ),

    « du prix du gaz (PEG) de 9 % » alors que le gaz représente moins de 8 % de la production d’électricité,

    « du prix du Brent de 19 % » alors que le pétrole est quasiment inexistant (0,4 %) dans la production française d’électricité,

    « et du prix du quota CO 2 de 20 % » alors que justement la production d’électricité émet peu de CO2 en France et que ces émissions sont stables ou en baisse !

    L’électricité avait déjà augmenté de 5,9 % le 1er juin 2019, de 1,23 % le 1er août 2019, de 2,4 % en février 2020, et de 1,54 % en août 2020.

    La faute à qui et à quoi ?

    Qui paie les milliards d’euros de subventions annuelles engagés pour 20 ans pour « soutenir » éoliennes et panneaux photovoltaïques ?

    Qui paie les milliards d’euros supplémentaires nécessaires pour alimenter les certificats d’économie d’énergie servant notamment à isoler (plus ou moins bien) les logements pour… un euro ?

    Qui paie les folies dépensières de certains de nos élus comme, par exemple, des routes solaires inefficaces et ruineuses ou des stations hydrogène superflues ?

    Qui paie pour intégrer dans la facture du réseau de RTE le raccordement de l’immense gabegie (25 milliards d’euros) des éoliennes en mer pour en diminuer artificiellement le coût total ?

    La Covid-19 et le nucléaire ont bon dos

    Accuser la Covid-19 et le nucléaire d’augmenter le coût de production d’électricité est un écran de fumée scandaleux alors que, dans le même temps, presque tous les « distributeurs » d’électricité viennent biberonner la production nucléaire bas tarif (42 euros par mégawattheure) que leur procure l’accès régulé à l’énergie nucléaire historique (ARENH).

    Ils demandent même une augmentation du plafond de l’ARENH dans le but de pouvoir concurrencer davantage le producteur EDF aux prix de production… trop bas !

    La Commission européenne veut niveler les prix de vente de l’électricité… par le haut pour favoriser la concurrence des entreprises danoises et allemandes dont le coût de production est trop élevé ! Le prix de vente de l’électricité dans ces deux pays y est deux à trois fois plus élevé qu’en France à cause des éoliennes et des panneaux photovoltaïques qu’il faut subventionner !

    De plus, les antinucléaires cherchent par tous les moyens à faire augmenter le coût de production du nucléaire sous des tracasseries diverses en apeurant la population avec des déclarations péremptoires et fausses ( Tchernobyl et son « nuage », Fukushima , incidents sans gravité montés en épingle à Fessenheim …)

    La facture va grimper

    Oui, notre facture d’électricité augmente avec le soutien financier inconditionnel des gouvernements successifs aux énergies renouvelables depuis 10 ans. Et c’était prévisible depuis 10 ans .

    Le pire est à venir car le gouvernement actuel, comme les précédents, ne fait rien pour enrayer la machine infernale de la désastreuse « transition énergétique » fondée sur les énergies renouvelables intermittentes et soutenue par la loi de transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015.

    Seuls quelques parlementaires « audacieux » alertés par différents rapports de la Cour des comptes commencent à s’émouvoir de la facture démentielle pour les Français.

    Une Commission d’enquête sur le coût des énergies renouvelables présidée par le député Julien Aubert a rendu ses conclusions en juillet 2019 et souligne la gabegie financière des énergies intermittentes éoliennes et photovoltaïques.

    Les parlementaires découvrent l’ampleur de certains circuits financiers « autonomes » et la profondeur des sables mouvants où disparaissent inutilement par dizaines de milliards d’euros l’argent que les consommateurs paient par des taxes sur leur factures d’électricité, de gaz, et aussi de carburant , et par leurs impôts !

    Quelqu’un va-t-il enfin mettre fin à cette incroyable mascarade ruineuse pour les Français ?

    • chevron_right

      La propriété privée interdite d’engrillagement

      Simone Wapler • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 13 January, 2021 • 6 minutes

    propriété

    Par Simone Wapler.

    Tout a commencé avec l’ Association des amis des Chemins de Sologne qui s’est plaint de la prolifération de clôtures dans cette région Centre-Val-de-Loire qui compte de nombreux propriétaires de domaines de chasse. Une proposition de loi – soutenue par le député du Cher – vient d’être rédigée contre l’engrillagement.

    Si cette loi est adoptée, les propriétaires fonciers n’auront plus le droit de clôturer leurs terrains. D’autres multiples contraintes concernant la faune non domestique et la chasse devraient aussi être introduites.

    Propriété et lutte des classes

    Ce serait une nouvelle atteinte au droit de propriété qui est systématiquement entravé par des couches juridiques. Ces personnes n’ont aucun droit sur ce qui ne leur appartient pas, le propriétaire étant libre de faire ce qu’il veut chez lui.

    C’est aussi une nouvelle démonstration qu’en France, il est impossible de résoudre localement un problème local en appliquant le principe de subsidiarité qui est pourtant indispensable au bon fonctionnement de la démocratie.

    Comme d’habitude, nous sommes dans un contexte de lutte des classes comme l’énonce le site de l’association :

    « Entre les riches propriétaires peu scrupuleux et les communes aux marges de manoeuvre étriquées, les chemins ruraux peinent à résister . […] La recrudescence de grandes clôtures bloquant la circulation des animaux et polluant la beauté de nos paysages nous a conduit à nous engager également pour lutter contre le fléau de l’engrillagement. […] Aujourd’hui, une poignée de grands patrons  parisiens se retrouvent exclusivement entre eux à la chasse derrière les grillages quelques dimanches par an où sont massacrés 140 à 160 animaux par journée de chasse sans penser à tous les animaux blessés qui vont mourir dans d’atroces souffrances car non recherchés par des chiens de sang : ce n’est pas l’éthique de la chasse ! »

    Le décor de la tragédie est donc planté : d’un côté de riches propriétaires sans scrupules aimant faire souffrir gratuitement des animaux et de l’autre de paisibles promeneurs solognots ou touristes dont la vue et le cœur sensibles sont agressés.

    Cher lecteur à la perspicacité légendaire, vous savez désormais qui sont les gentils et les méchants qui doivent être mis hors d’état de nuire par le législateur.

    Le propriétaire, éternel coupable

    Le problème aurait pu être traité à l’échelon communal, départemental ou même – soyons fou – régional. Mais non : désormais Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, planche sur ce dossier et il est question de mettre les Landes, la Normandie et le Sancerrois au même régime.

    Je ne chasse pas mais je suis propriétaire d’un domaine forestier dédié à l’exploitation. Ce domaine n’est pas engrillagé car ce sont des frais considérables et la clôture peut être un inconvénient au débardage du bois en limite de propriété. Ce territoire est loué à des chasseurs ruraux et locaux qui assurent le travail de régulation du gibier : éviter la prolifération des chevreuils qui nuiraient à la régénération naturelle de la forêt, ces animaux friands des jeunes pousses d’arbre, et organiser des battues aux sangliers qui ravagent leurs cultures.

    Je constate une augmentation de la pénétration en propriété privée : des promeneurs dont certains ne respectent pas les panneaux et avis leur demandant de rester sur les chemins, qu’ils soient à servitude rurale ou carrément privés, des amateurs de motocross et de quad qui dégradent les chemins d’exploitation et lâchent sans scrupule leur pollution sonore. Sortir des chemins c’est massacrer la régénération naturelle que les propriétaires favorisent par des coupes sélectives.

    Précisons aussi qu’en tant que propriétaire, il est obligatoire de souscrire une assurance civile pour vous prémunir d’un accident corporel que pourraient subir ceux qui ont pénétré dans votre propriété. Ces accidents pouvant être graves en cas de chute d’arbre, cette police est coûteuse.

    Il est donc normal que certains propriétaires veuillent lutter contre de multiples violations nuisibles.

    Une législation sur la propriété deux poids deux mesures

    Résumons : en France, une nouvelle loi nationale va encore enrichir un corpus législatif pléthorique, faisant peser de nouvelles contraintes sur des propriétaires pour circonscrire quelques peut-être rares abus très localisés. Ces propriétaires ne sont eux-mêmes jamais défendus par la loi lorsque la libre jouissance de leur bien est entravée ou lorsqu’ils subissent des violations à répétition de leur propriété.

    Ils sont même tenus de payer pour que certains puissent impunément pénétrer chez eux afin de couvrir les risques encourus par les impétrants irresponsables. Une nouvelle fois, le droit de propriété est bafoué.

    La forêt n’est pas un bien commun

    La forêt n’est pas un bien commun , elle est en France majoritairement privée et majoritairement non clôturée. Trois quarts des 12,2 millions d’hectares que compte la France appartiennent à des personnes privées. Certains domaines sont traversés par des chemins ruraux et comportent dans ce cas une servitude de passage. Il est d’ailleurs révélateur de voir que souvent les chemins d’exploitation sont mieux entretenus par les propriétaires privés que les chemins ruraux délaissés par les communes.

    Beaucoup de cette forêt française – et notamment celle qu’aiment tant arpenter les 700 membres de l’Association des amis des Chemins de Sologne – a été créée de toutes pièces par des initiatives privées au XIXe siècle. S’il n’y avait pas eu les physiocrates , les promeneurs ne pourraient que patauger dans des marais insalubres. En 1767, le subdélégué d’Avranches estimait qu’un tiers de la France était constitué de landes et de marais .

    Sous l’influence de ces penseurs qui entendaient domestiquer harmonieusement la nature, la Sologne a été drainée et plantée. Les bois étaient cependant de piètre qualité et plus propices à abriter du gibier qu’à fournir du bois d’œuvre, contrairement aux riches forêts du Morvan.

    Néanmoins, pour trouver des débouchés, Boësnier puis Gauvillier vont introduire l’industrie de la briqueterie et de la tuilerie dont les fours seront alimentés avec ce bois, ce qui explique que de nombreuses habitations soient en briques. On peut écrire que ces physiocrates furent les premiers écologistes avec toutefois une nuance de taille : leur propre argent et non pas celui des contribuables servait à leurs expériences.

    À notre époque, l’État centralisé se mêle de tout, prétend protéger des intérêts très particuliers en nuisant aux intérêts de chacun qui sont la protection de la liberté, de la propriété et de la sûreté de chacun et non pas de quelques-uns. Il serait temps de revenir à la stricte égalité de traitement face à la loi comme je le défends dans mon dernier livre, Non l’État ne nous protège plus .

    Dans le cas de l’engrillagement, la loi protègerait l’intérêt de quelques individus voulant jouir d’une propriété privée qui n’est pas la leur. C’est le principe socialiste : utiliser de faux arguments pour se donner bonne conscience afin de violer les droits naturels des autres.

    Mise à jour : 13/01/2021 à 11h30

    • chevron_right

      Transition énergétique : mission impossible

      Michel Negynas • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 13 January, 2021 • 6 minutes

    la production

    Par Michel Negynas.

    Rappel : il est normal que les industriels de l’énergie éolienne défendent leur secteur, qu’on leur donne la parole, et qu’on les écoute. Il est moins normal que ces gens prennent les Français pour des imbéciles.

    Les responsables des syndicats d’énergie renouvelable (Solaire et éolien, pas biomasse et hydraulique, qui servent souvent à noyer le poisson dans les chiffres de production) sont des adeptes de la vérité alternative. Nous en avons déjà parlé ici.

    Après la semaine difficile que nous venons de passer ( Contrepoints s’en est fait largement l’écho) par suite d’une absence quasi-totale de vent, on aurait pu penser que cette corporation se fasse discrète. Il n’en n’est rien. Ils en rajoutent. BFM TV aussi .

    « Les énergies renouvelables ne se sont pas développées aussi vite que prévu. On paye le développement trop long de certains projets. Il y aurait moins de tension sur le réseau si on avait respecté nos objectifs » estime Alexandre Roesch, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

    L’objectif de la transition énergétique est de multiplier par trois la puissance installée en éolien, et par cinq en solaire.

    Voyons ce que cela donne.

    Ci-dessous la courbe de production de la semaine, selon le site ECO2 mix.

    Source : https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere

    Pendant toute la semaine, l’éolien a fourni une puissance ridicule : 1 à 2 GW, avec 17 GW installés. Le vent s’est mis à souffler en week-end, alors qu’on en avait moins besoin.

    Le solaire a été lui aussi négligeable, de très brèves pointes à 3,5 GW maximum à la pointe de midi, et évidemment zéro à la pointe du soir. Ceci pour 10 GW de puissance installée.

    L’ensemble des énergies intermittentes a donc fourni au maximum 2 GW à la pointe du soir, pour 27 GW installés (soit 15 EPR). Même avec 90 GW installés (ce qui est l’objectif) on aurait eu un peu plus de 6GW… Ce qui relativise quand même pas mal le discours de M Roesh ! En fait, il nous prend vraiment pour des débiles… ou peut-être est-il sûr de ses arrières, il peut dire n’importe quoi en toute quiétude, pour une raison qui nous dépasse… ou pas.

    L’hydraulique a pu être exceptionnellement haute, à 17 GW : elle ne dépasse généralement pas 15 GW. Merci aux dernières pluies et chutes de neige.

    Le GAZ, 12 GW installés, a fourni 8 GW, c’est probablement le maximum disponible, surtout qu’il doit en garder sous le pied pour accompagner de brusques sautes de vent. Il est possible aussi que les équipements de cogénération ne soient pas forcément disponibles.

    Le nucléaire a fourni 52 GW. C’est un taux de disponibilité de 85 %, ce n’est pas si mal.

    Charbon et fuel étaient au taquet, c’est-à-dire de l’ordre de 2,5 GW au maximum : un peu plus que les réacteurs arrêtés de Fessenheim … Et la biomasse apporte à peine 1 GW.

    Par ailleurs, toute la semaine on a fait jouer la clause contractuelle d’EJP (effacement des jours de pointe) pour ceux qui ont encore ce type de contrats.

    Pendant les pointes, on a importé jusqu’à 8 GW, une partie étant redirigée vers l’Angleterre, paradis de l’éolien, et l’Espagne, paradis du solaire. Les deux étaient comme nous en mauvaise posture. C’est l’Allemagne, comme d’habitude, qui nous sauve la mise, avec son double langage.

    Le cas du nucléaire

    Le consultant de BFM l’admet :

    « Même si ce n’est pas le coeur du problème, la centrale de Fessenheim a sans aucun doute été fermée trop tôt. L’urgence était politique, pas industrielle. Fermer des centrales au charbon, c’est bien pour le climat, mais il faut que d’autres prennent le relais » , juge Nicolas Goldberg.

    C’est sûr, il y avait urgence politique ! Mais 1600 MW en moins, ce n’est pas grave…

    La « faible » disponibilité des centrales nucléaires (85 %, contre 8 % pour les énergies intermittentes) est expliquée par les confinements Covid.

    En réalité, on commence à avoir des problèmes de programmation de la maintenance des centrales car elles produisent moins, puisqu’on donne la priorité aux ENR. Il est ainsi plus difficile de synchroniser le calendrier des rechargements en combustible. Et nous n’avons pas connu le pire : février s’annonce plus critique de ce point de vue, si nous subissons à nouveau un anticyclone et un froid de canard. Heureusement, les équipements en compteurs Linky avancent bien !

    Et l’Allemagne dans tout ça ?

    On peut consulter ses données sur le site de l’institut Fraunhofer Energy Charts

    L’Allemagne a 62 GW d’éolien dont 8 en mer, et 52 GW de solaire, soit 114 GW d’ENR intermittentes.

    Mais elle a aussi 77 GW de fossiles (fioul, gaz, charbon, lignite), encore 8 GW de nucléaire, 8 GW de biomasse et 4 GW d’hydraulique, soit 97 GW de production pilotable. Sa consommation max est plutôt de 70 GW. (En Allemagne, on se chauffe au gaz). Elle prévoit d’arrêter nucléaire et charbon, soit 29 GW et installera sans doute quelques centrales à gaz. Mais elle ne sera plus excédentaire sans soleil et sans vent. Alors voyons comment s’est passé la semaine.

    Pendant les jours les plus critiques, mercredi et jeudi, les 115 GW sont tombés à 5 GW à la point du soir… pas de quoi exporter du renouvelable. Par contre, le lignite et le nucléaire étaient au maxi !

    Les performances de l’ off shore rendent le bilan allemand des ENR un peu meilleur, mais l’ off shore varie exactement comme le on shore. Que ce soit dans un pays, ou entre pays, ou entre on shore et off shore , contrairement aux arguments cent fois entendus, il n’y a pas foisonnement dans la situation d’anticyclone sur toute l’Europe. Et la roue de secours allemande risque bien d’être supprimée.

    Et selon l’association EIKE nous avons eu une chute brutale de fréquence, près de la limite de premier niveau de sécurité, le 8 janvier à 13 h 14. (Pointe de la mi journée). C’est la plus grosse alerte depuis 2006. Les causes ne sont pas claires, mais on peut craindre une fragilité du réseau causée par l’absence d’inertie des ENR intermittentes.

    Conclusion de BFM TV

    Le risque, en attendant, c’est que l’on reporte la fermeture de ces centrales au charbon. La fermeture du site de Cordemais, en Loire-Atlantique, est conditionnée à la mise en service de l’EPR de Flamanville et de la centrale au gaz de Landivisiau. Pour l’instant, sa fermeture a été repoussée en 2024, voire en 2026.

    Un risque, ou une chance in extremis ?

    Prions pour un mois de février obéissant au changement climatique.

    • chevron_right

      L’almanach de Naval, guide indispensable du sage de la Silicon Valley

      Nils Baudoin • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 13 January, 2021 • 4 minutes

    Par Nils Baudoin.

    L’almanach de Naval aussi surnommé Navalmanack est un assemblage d’écrits de l’entrepreneur et investisseur Naval Ravikant réalisé par Éric Jorgensen. Naval Ravikant, souvent appelé simplement Naval, est passé en quelques années d’entrepreneur reconnu à sage de la Silicon Valley.

    Jorgensen a réalisé cet ouvrage à partir de tweets ( @naval est suivi par 1,1 million de lecteurs), d’articles, d’entretiens écrits ou en podcast ou encore de son propre podcast . Le livre est donc une suite de citations rigoureusement sourcées.

    La préface est écrite par son ami Timothy Ferriss qui indique faire une exception à son principe de refuser d’écrire des préfaces. Le livre commence par des éléments biographiques racontés par Naval, notamment son enfance dans une famille modeste, à New Delhi puis à New York dans le Queens. Sa carrière y est aussi évoquée avec par exemple son investissement dans Uber en 2010 à l’âge de 34 ans.

    Première partie

    Parmi les éléments importants de la première partie, consacrée à la création de richesse, on peut y noter :

    – Le long terme , la responsabilité et les intérêts composés qui en découlent et pas uniquement sous forme financière.

    – L’ importance des leviers ( leverage ), au nombre de trois selon Naval :

    • faire travailler d’autres personnes,
    • investir du capital financier,
    • créer des produits réplicables sans coût marginal.

    Ce dernier levier, le plus récent, est celui qu’il recommande. Il prend comme exemple l’animateur de podcast Joe Rogan . L’important pour réussir est de trouver des activités dans lesquelles l’ampleur du résultat peut être indépendante des entrées ; par exemple, un employé de support téléphonique ne peut traiter que les appels reçus alors qu’un animateur de podcast ou un auteur de logiciel n’a pas cette limite.

    Cette partie est dérivée d’une suite de tweets intitulée How to Get Rich (without getting lucky) qui avait été très appréciée en 2018.

    – Comment rester indépendant en évitant de s’accrocher à une identité. Par exemple, quelqu’un se considérant comme « un conducteur de voiture de telle marque » ne va pas faire un choix indépendant et rationnel lorsqu’il voudra changer de véhicule. Ceci s’applique d’autant plus pour des identités plus vastes comme démocrate, catholique, américain qui poussent à des décisions davantage issues de l’habitude et du conformisme que du raisonnement… qui peuvent d’ailleurs amener au même résultat.

    – L’ importance de la lecture : ne pas avoir peur de juste parcourir un livre pour en tirer l’essentiel, utiliser son temps sur les meilleurs livres et en particulier les classiques en commençant par les bases ; en économie par exemple, il recommande Adam Smith , Mises et Hayek .

    – Les modèles mentaux : le titre de l’ouvrage peut d’ailleurs être vu comme une référence au Poor Charlie’s Almanach écrit sur le même principe à propos de Charlie Munger, le partenaire de Warren Buffet, grand promoteur des modèles mentaux, des heuristiques pour penser et décider plus efficacement ; à ce sujet, Naval recommande le site Farnam Street .

    Seconde partie

    Dans la seconde partie, Naval présente le bonheur comme un choix et une compétence pouvant être développée. Il est inspiré par le bouddhisme sous une forme qu’il nomme bouddhisme rationnel en sélectionnant les enseignements qui marchent pour l’aider et qu’il peut rationaliser grâce à la science et l’évolution.

    La compétence bonheur ne sera pas développée par tous de la même façon mais prendre des bonnes habitudes est nécessaire. Il est important de s’engager dans des jeux à somme positive plutôt qu’à somme nulle comme le statut, le monde politique ou universitaire. Il donne aussi des conseils plus pratiques en matière de nutrition (régime cétogène et jeûne), d’exercice physique (il s’entraîne avec Jerzy Gregorek, auteur de The Happy Body ) et de méditation.

    Épilogue

    Le livre se termine par une longue et éclectique liste de recommandations de lectures tant en fiction qu’en non-fiction.

    L’ouvrage existe en format papier mais des versions PDF, web et ebook sont disponibles gratuitement sur le site .

    Il est écrit en anglais et une traduction française est peu probable. Néanmoins, le style de Naval et l’origine de ses écrits (tweets, entretiens), le rendent très facile à lire même sans grandes compétences en anglais.

    Le livre est illustré par des petits schémas minimalistes de Jack Butcher.

    Éric Jorgensen a réussi à produire un ouvrage de lecture agréable qui ne donne pas l’impression d’être une compilation. On peut espérer que lui-même ou d’autres auteurs reprennent ce principe pour des penseurs contemporains dont la production est similairement fragmentée dans des formats divers.