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      Socrate : guide d’autodéfense contre l’idéologie sanitaire

      Gabriel Lacoste • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 29 December, 2020 • 9 minutes

    socrate

    Par Gabriel Lacoste.

    Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de santé a lancé une vaste campagne de lutte contre la Covid-19. Depuis, autorités sanitaires et journalistes appellent à réduire nos contacts sociaux et à obliger la fermeture de commerces. En tant que citoyens, nous sommes bombardés d’histoires dramatiques accompagnées de déclaration d’ experts nous communiquant l’urgence de modifier radicalement nos habitudes de vie.

    Face à cette situation, nous pouvons nous sentir dans l’inconfort. Imposer à autant de gens le chômage, créer une énorme dette publique pour subvenir à leurs besoins, isoler des personnes vulnérables, culpabiliser la jeunesse pour sa vie sociale normale et perturber leur année scolaire nous semblent brutal. Nous doutons. Cependant, nous n’avons pas étudié le sujet. Qui sommes-nous pour en juger ? En nous exprimant ouvertement, nous nous exposons à des humiliations publiques.

    Voilà un moment opportun pour revenir aux sources de la sagesse en Occident : Socrate .

    Le questionnement socratique

    Socrate ne prétendait pas à la connaissance. Il entendait discourir sur le beau, le bien et le vrai sur la place publique d’Athènes. Comme nous, il avait ses doutes. Sa stratégie ? Il se présentait comme un élève désireux d’en apprendre davantage.

    En agissant ainsi, il dévoilait ironiquement au public l’ignorance des élites intellectuelles de son temps. À la fin, c’est lui qui apparaissait comme le plus sage d’entre tous. Cette tactique lui a valu un procès et la peine de mort . Pourtant, l’idée qu’il incarnait lui a survécu en donnant naissance à la philosophie.

    Dans ce qui suit, je vous proposerai des moyens d’utiliser cette technique envers vos protagonistes dans le contexte de la pandémie.

    La surcharge des hôpitaux

    Les journaux sont remplis de nouvelles du genre « les hôpitaux fonctionnent à x de leur capacité » , « les infirmières sont à bout de souffle » ou « monsieur Y, gestionnaire du réseau, a peur d’une catastrophe. »

    En quoi consiste la capacité d’un hôpital ? Jusqu’à quel point est-elle flexible ? Les surcharges se présentent-elles dans toutes les unités de chaque hôpital ou seulement à certains endroits ?

    Existe-t-il des moyens de déplacer des ressources sans supprimer 15 321 chirurgies par million d’habitants ? Si vous répondez Non, avez-vous usé suffisamment d’imagination ? Quels sont les scénarios que vous avez imaginés, puis rejetés et pour quelles raisons ? L’épuisement des infirmières est-il une variable ou une constante ? Est-ce que nous pourrions les compenser d’une prime au lieu de nous priver aussi radicalement ?

    La dangerosité du virus

    Différentes variantes nous sont proposées sous le thème d’un virus très dangereux, dont il faut avoir peur. Monsieur ou madame Z, 40 ans, a perdu un être cher, éprouve de la difficulté à respirer depuis qu’il/elle a contracté le virus. L’expert nous présente un modèle savant , fondé sur une formule mathématique. Il nous montre deux courbes, l’une avec restriction, et l’autre sans. Le résultat est l’équivalent d’un génocide dans un cas, mais pas dans l’autre.

    Combien sont morts hier de consommation d’alcool ou de tabac , du cancer, de suicides, d’accidents de la route, de malnutrition ? Estimez-vous que la Covid-19 est en ce moment et comparativement le plus grand défi médical ? Maintenant que vous êtes résolu à interdire des comportements médicalement risqués pour autrui, avez-vous l’intention d’interdire la vente d’alcool, de cigarettes et de malbouffe, de réduire la circulation routière ? Si vous estimez que la liberté individuelle justifie de tolérer ces comportements, pourquoi avez-vous tracé la ligne aussi fermement sur ce virus ?

    Qu’est-ce qui a tué le plus cette année ? Les erreurs médicales ou la Covid-19 ? Dans quelle proportion l’un par rapport à l’autre ? Avez-vous envisagé que la stratégie mondiale de lutte contre la pandémie en soit une, en la diagnostiquant trop tard ?

    Que pensez-vous du cas des habitants de Manaus ? Ils n’ont pas suivi vos conseils et ont maintenant 70 % de personnes infectées. Leur mortalité est plus élevée (1193 par million d’habitants), mais est-ce dans les proportions que vous avez présentées au public (9310 par million d’habitants : voir le graphique qui suit) ? D’ici au vaccin, est-ce que nous les rattraperons, prenant en compte qu’ils ont maintenant une immunité dont nous ne bénéficions pas ?

    Que disent de votre science ces graphiques du gouvernement canadien datant du 9 avril 2020 ?

    Pourriez-vous chiffrer plus précisément les effets durables de la Covid-19 sur la santé au lieu de nous présenter des témoignages émouvants ?

    L’efficacité des mesures

    Lorsque les autorités annoncent une restriction au public, elles présument qu’elles vont influencer significativement les infections. Comment se comportent les pays avec plus ou moins de restrictions ? Dans ce débat, ma suggestion est très simple : montrez ce tableau à votre ami qui pense que la Suède est une catastrophe :

    Demandez-lui ensuite de classer ces cinq pays du plus sévère au moins sévère en devinant lequel est la Suède. Le pays moins sévère n’est pas la Suède, il correspond à la courbe d’infection la plus basse, celle du Japon. Les autres sont la France, l’Espagne et les États-Unis.

    Cet exercice peut ne pas suffire, car la majorité pense que l’efficacité des restrictions est une évidence. Dans ce cas, présentez-lui le graphique suivant, qui vient de l’institut national de la statistique du Québec et qui rapporte des observations sur les contacts sociaux des Québécois dans le temps.

    Demandez-lui, ensuite, s’il est évident que c’est en s’attaquant principalement aux rectangles bleu-verts et bleus que le gouvernement fera une différence ?

    Le calcul des utilités

    Les journaux décrivent des problèmes sociaux et médicaux autour du virus. Cependant, ils en attribuent la cause à la pandémie et non à des choix politiques et journalistiques. S’il est question de faire un calcul des partisans et des opposants, la vie a la priorité sur l’économie.

    Combien sont mort chez eux de peur d’attraper la Covid-19 en allant à l’hôpital ? Dans quelle mesure les activités de dépistage du cancer ont été affectées par cette peur ? La crainte mutuelle des patients et des médecins tue combien de gens annuellement ? Quelle est la part de responsabilité des choix éditoriaux des médias ?

    Est-ce que la seule chose qui compte, c’est la vie ? Combien vivront du chômage chronique ? Parmi eux, combien de jeunes ? Le drame des entrepreneurs qui voient leur projet partir en fumée, ça compte ? Le sort des personnes isolées pendant plus de 18 mois mérite-t-il d’être considéré ? Et celui d’un jeune qui voit son année scolaire détruite, qui ne peut se faire des amis dans une période importante de son développement ? Comment allons-nous faire avec une économie fragilisée pour financer le système de santé sur le long terme ? Et la démocratie ? Est-ce que la vie est plus importante ? Si oui, qui décide ? Les médecins ?

    Les alternatives

    Le débat prend rapidement la forme d’une opposition entre « ne rien faire » et « ce que le gouvernement demande ». Entre ceux qui pensent que la Covid-19 est une grippe et ceux qui veulent nous isoler jusqu’à un vaccin , quel est le spectre des nuances ?

    La pandémie fonctionne par vagues. Un quadragénaire a 6 risques sur 1000 d’en mourir. Est-ce qu’il aurait été plus utile d’encourager les bien-portants ne présentant pas de risque à s’infecter pendant le creux de la vague afin de favoriser l’immunité collective ? En quoi ce sens du sacrifice serait-il moins altruiste que nos efforts actuels ?

    L’expertise

    Dans les années 1960, l’ expérience de Milgram a permis de démontrer qu’une majorité peut se plier à l’injonction d’un homme en blouse blanche. L’actualité s’apparente à cette expérience. Régulièrement, les journalistes nous raconte : « M. Z nous dit que…. » ou « les experts affirment que… » La demande n’est pas d’administrer des chocs électriques, mais de séquestrer des populations, puis de détruire des commerces. Comment y répondre ?

    L’expert invité sur les plateaux de télévision a-t-il étudié abondamment la pandémie sous toutes ses facettes politiques, économiques, morales, médicales et philosophiques ou ne fait-il juste qu’exprimer l’intérêt stratégique de sa corporation ou son opinion de citoyen ?

    S’il exprime qu’il existe un consensus, peut-il me montrer la revue de littérature ou la méta-analyse sur laquelle il s’est appuyé ?

    Actuellement, dans quelle mesure les attentes du public exercent-elles une pression sur la science, nuisible à l’objectivité et à la discussion rationnelle entre points de vue divergents ?

    Lorsque cet expert dit être obligé de faire quelque chose, est-ce qu’il informe le public ou bien défend-il son image et sa position ? S’il demande autant de restrictions, à qui appartient le fardeau de la preuve : les citoyens qui en doutent ou lui ? Dans quelle mesure la désinformation et les théories délirantes circulant sur les réseaux sont-elles causées par son comportement qui inspire légitimement la méfiance du public ?

    L’éthique

    Les défenseurs des restrictions sanitaires se perçoivent comme moralement supérieurs à leurs opposants . De plus, ils valorisent la prudence dans la situation.

    Quel est le scénario le plus prudent ?

    Imaginer le pire, pousser des populations entières à chômer et à s’isoler plus d’un an en attente d’un vaccin inconnu pour prévenir le mal inconnu d’un virus imprévisible ?

    Continuer de travailler et de rencontrer nos amis en prenant des précautions ? La prudence, est-ce agir dès que nous imaginons le pire, en ignorant les conséquences de nos actes ?

    Est-ce que ceux que vous essayez de sauver valent plus que ceux que vous tuez avec vos restrictions et votre discours ?

    Une personne âgée risquant de mourir de la Covid-19 peut-elle perturber le développement des jeunes en interrompant leurs activités scolaires, en les isolant de leurs amis et en créant un environnement économique qui rendra difficile leur entrée sur le marché du travail ? Est-ce que son instinct de survie et son envie de vivre plus longtemps lui donnent ce droit ? Aurait-elle aimé que sa jeunesse soit à la merci de la santé de ses grands-parents ? Ne peut-elle s’isoler si elle le souhaite et laisser les autres prendre leur décision ?

    Si vous êtes un journaliste, un chercheur et/ou un intellectuel qui enseignez dans nos écoles et traitez avec condescendance un opposant moins éduqué que vous, car il échoue à se référer à des études pour se défendre, êtes-vous à la hauteur de vos valeurs égalitaires ou êtes-vous devenu votre propre ennemi ?

    Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même. Si tu plonges dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi.
    Nietzsche

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      Les dégâts de l’éolien et du solaire : les coûts d’acheminement de l’électricité

      Michel Negynas • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 29 December, 2020 • 9 minutes

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    Par Michel Negynas.

    L’éolien et le solaire bénéficient de règles complètement anti libérales dans le cadre européen de libéralisation de l’électricité : obligation d’achat de la production, quand il y en a, par le réseau électrique, quel que soit son besoin, et tarifs subventionnés garantis sur des périodes longues. En outre, il en existe une autre, moins connue : l’éventuel surcoût directement lié à leur développement est supporté par le réseau de transport et de distribution.

    Rappelons, de plus, que l’intermittence de ces moyens de production impose d’investir en double dans un réseau de production pilotable, nécessaire pour assurer la continuité du service les nuits sans vent. Cela réduit en fait à néant l’utilité de développer ces producteurs d’énergie aléatoire, qui sont en fait un doublon par rapport à ce qui est absolument nécessaire. Pire, leurs caractéristiques en font des perturbateurs du réseau, ce qui a des conséquences technologiques et financières.

    Quelques notions simples sur notre électricité

    Nous utilisons du courant alternatif au lieu de courant continu : il varie autour de zéro lors d’un cycle et cela 50 fois par seconde, c’est sa fréquence. Cela a plusieurs avantages :

    • il est plus facile à produire par des machines tournantes, et inversement peut faire tourner des moteurs très simples.
    • par le biais des transformateurs, on peut adapter la tension (les volts) et le courant (les ampères) au transport et à l’usage, pour limiter les pertes.
    • le passage à zéro 50 fois par seconde aide les disjoncteurs à couper le courant quand il le faut.

    Par contre, il présente quelques inconvénients.

    • gestion de deux types d’énergie : l’énergie active, qui seule peut se transformer en énergie mécanique, et l’énergie réactive, consommée par certains utilisateurs. C’est une composante importante des réglages du réseau, assez peu connue du grand public.
    • les lignes électriques très longues posent des problèmes de stabilité. C’est pour cela que pour des liaisons à longue distance, on revient à du courant continu au moyen de convertisseurs électroniques. Et c’est pour cela aussi qu’équilibrer géographiquement les puissances sur le réseau se fait de proche en proche. Ce n’est ni évident, ni instantané.

    Les gestionnaires de réseau doivent donc régler les puissances actives et réactives, la tension et la fréquence du réseau dans des limites contractuelles pour que tout fonctionne, avec des contraintes géographiques, et cela à la microseconde près.

    Heureusement, le réseau a la faculté de s’adapter un peu de lui-même lorsqu’il est alimenté par de gros turbo-alternateurs, lesquels ont une grande inertie mécanique et fournissent les deux types d’énergie. Les réglages se font par les régulateurs de ces machines, ainsi qu’avec des équipements assez simples, comme des condensateurs.

    Les dégâts collatéraux des énergies diffuses, intermittentes et aléatoires

    La production diffuse

    Dans des régions à forte densité de population comme l’Europe, centraliser la production d’électricité est une évidence. On montre en effet que les coûts énergétiques sont corrélés à la surface occupée par les moyens de production.

    En outre, plus un réseau est interconnecté, plus il est facile et peu onéreux d’assurer la continuité d’alimentation. (Si vous voulez que votre maison photovoltaïque soit réellement autonome en énergie, il vous faut un diesel de secours pour les jours sans soleil et les pannes). L’interconnexion exige la centralisation de la conduite du réseau.

    En outre, une production à l’aide de grosses unités est plus facile à gérer qu’une multitude de petites unités. C’est une des difficultés intrinsèque à la « production citoyenne » et à la couverture de la France d’éoliennes de 3 MW ou de champs photovoltaïques de 1 ou 2 MW ; ou pire, d’installations en toiture de quelques kW…qui modifient la nature même du réseau électrique de distribution, puisqu’il devient aussi réseau de production.

    Le réglage du réseau

    Une grande partie des petites éoliennes, installées en majorité sur le territoire, de 1 à 3 MW, sont incapables de régler quoi que ce soit. Elles ne participent pas à la stabilité du réseau, au contraire, elles le perturbent. Tant que leur puissance installée totale est assez faible par rapport au réseau, cela n’a pas grande importance.

    Mais les plans de développement de la Programmation pluriannuelle de l’énergie changent la donne. Les grandes éoliennes off shore , elles, doivent s’équiper pour participer à la stabilité du réseau car leur impact individuel n’est pas négligeable : c’est au prix d’une grande complexité des appareillages internes, sources de pannes et d’incidents, et d’équipements spécifiques sur le réseau..

    En ce qui concerne le solaire, qui produit du courant continu, l’injection dans le réseau nécessite de toute façon un convertisseur électronique plus ou moins complexe.

    Mais tout ça n’a aucune inertie : si on n’avait que des ENR sur un réseau, il serait impossible à régler et stabiliser. En outre, tous les équipements électroniques cités produisent un courant très haché, source de pertes et nécessitant eux-mêmes d’autres dispositifs pour le lisser.

    La variabilité instantanée de la production

    La prévision de la production des ENR aléatoires est en gros possible en gros à long et moyen terme. Les variations sur la journée sont moins prévisibles, mais le réseau peut s’adapter, même avec des centrales nucléaires, toutefois au prix d’usure prématurée et de surcoûts.

    Mais il existe une variabilité à très court terme : une rafale de vent, un train de nuages qui passe… Celle là est très perturbante pour le réseau. C’est particulièrement vrai pour l’éolien, on le voit sur la figure suivante (Puissance/vitesse) dans la zone des vents intermédiaires, qui peuvent être prépondérants à certaines saisons, et où une faible variation de vitesse entraîne une grande variation de puissance.

    L’éloignement entre sources de production (régions venteuses) et lieux de consommation

    Ce problème est particulièrement vrai en Allemagne, entre mer du Nord et Ruhr ou Bavière. On a vu qu’en fait, l’électricité se transporte mal sur de longues distances, avec des pertes.

    Les remèdes

    Les ingénieurs ayant une créativité infinie, presque tous ces problèmes ont une solution technologique à base de batteries pouvant stocker quelques minutes de production, de condensateurs ou d’appareillages très sophistiqués à base de semi- conducteurs.

    Jusqu’à une certaine limite cependant. Par exemple l’Irlande, dont le mix est très riche en ENR, expérimente ces difficultés et n’aura de salut qu’en renforçant son interconnexion avec l’Angleterre et peut-être la France. Il va sans dire que toutes ces considérations rendent impossible techniquement un scenario tout ENR.

    Mais voilà, tous les gadgets précités ont un coût… pris en charge non pas par la production qui les rend nécessaires, c’est-à-dire l’éolien et le solaire, mais par les réseaux… En France, le raccordement des ENR est à la charge du réseau, peu de gens le savent.

    C’est ainsi que RTE (Réseau de Transport de l’Électricité) en charge du réseau Haute Tension et ENEDIS, en charge du réseau de distribution, annoncent des investissements faramineux : en tout, 102 milliards sur 15 ans. Et bien qu’ils s’en défendent, une grande partie est directement liée au développement du solaire et de l’éolien.

    RTE annonce 33 milliards : 13 milliards concernent l’adaptation du réseau , 8 milliards le renouvellement des ouvrages les plus anciens , 7 milliards le raccordement des énergies marines , 3 milliards le numérique et 2 milliards pour les interconnexions transfrontalières.

    Autrement dit, la maintenance représente 7 milliards : tout le reste c’est pour les ENR, c’est-à-dire pour les raccordements et pour sophistiquer une conduite du réseau rendue plus complexe.

    Comme l’admet François Brottes, président de RTE : « C’est un peu comme un athlète de très haut niveau qui pratiquait il y a quelques années le triathlon – nucléaire, hydraulique, thermique – et qui maintenant pratique le décathlon : il y a beaucoup d’énergies nouvelles, de modes de consommation nouveaux. » Sauf que le triathlon suffisait…

    ENEDIS annonce 69 milliards. C’est curieux, car la PPE ne prévoit pas d’augmentation de la consommation.

    Il y en a 5,7 pour le compteur Linky si on compte les dépenses totales. La rentabilité est basée sur les économies de personnel qui pourraient être faites sans le Linky. Il y a déjà des procédures permises via une photo du compteur envoyée par mail… En fait, le cœur du Linky, c’est son disjoncteur, qui ne remplace pas le disjoncteur de protection de l’installation. Il est là pour servir un jour, peut être… Il attend son heure, une nuit sans vent par exemple.

    Mais il y a d’autres postes importants : « On passe d’un réseau où l’électricité va dans un sens, du producteur au consommateur, à un système électrique conçu et exploité de manière totalement différente, avec des acteurs nouveaux », remarque Marianne Laigneau, nouvelle Présidente d’Enedis…

    L’entreprise doit ainsi raccorder actuellement 90 % des nouvelles installations renouvelables au réseau d’électricité. Soit 450 000 producteurs d’électricité en tout, pour une capacité de 26 gigawatts raccordés en dix ans… ( Les Échos )

    L’autre poste important, c’est la mobilité électrique : pour 2022, Enedis vise donc aussi 100 000 bornes raccordées au réseau, contre près de 30 000 aujourd’hui. Cela permettra de recharger un million de véhicules électriques environ. « Notre rôle est d’être un facilitateur de cette mobilité électrique. Nous ne vendons rien », insiste Marianne Laigneau.

    L’entreprise aide, par exemple, les collectivités à déterminer quel serait l’endroit le plus pertinent pour installer des bornes de recharge. « Après on tire des câbles » pour connecter ces bornes au réseau, explique la nouvelle dirigeante…( Les Échos )

    Eh oui, on l’oublie toujours, mais multiplier les sources de production et consommation de l’électricité, c’est tirer des câbles de cuivre et d’aluminium. Pas très écologique, et ruineux.

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      Comment le capitalisme a libéré les femmes

      Chelsea Follett • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 29 December, 2020 • 5 minutes

    capitalisme

    Par Chelsea Follett, depuis les États-Unis.

    Y a-t-il quelque chose qui a davantage transformé le monde qu’Internet ? L’économiste sud-coréen Ha-Joon Chang le pense. Il soutient l’idée qu’une invention, un vecteur de libération , a eu un impact bien plus important dans notre quotidien : la machine à laver ! Machine que le regretté Hans Rosling considérait comme la plus grande invention de la révolution industrielle. Parce qu’elle a libéré les femmes de la corvée du linge, ou du moins d’y consacrer une journée entière par semaine .

    Résultat : les Américaines perdent à présent moins de 2 heures par semaine en moyenne pour cette tâche, et, aujourd’hui aux États-Unis, une plus grande proportion des ménagères défavorisées possède des machines à laver que n’en possédait la classe moyenne durant les années 1970. Même si la machine à laver est loin d’être la seule cause de l’émancipation des femmes en Occident, elle y a contribué à sa manière. « Sans la machine à laver, l’ampleur de la transformation du rôle des femmes dans la société et dans les dynamiques familiales n’aurait pas eu autant d’importance » avance Chang.

    Temps consacré à la lessive (en nombre d’heures par semaine)

    Source : Econweb and BLS

    Et le changement se poursuit. Grâce à la croissance économique et à la rapide diminution de la pauvreté dans le monde, davantage de femmes possèdent ou ont accès à une machine à laver. Ainsi, une étude de 2013 estimait à 46,9 % le nombre de ménagères en possédant une à travers le monde en 2010. Cela signifie que le marché des machines à laver a des marges importantes de croissance – et qu’il existe là un grand potentiel humain, prêt à se déployer.

    Prenez la Chine, le pays qui a connu la plus spectaculaire sortie de pauvreté, depuis que la libéralisation économique a permis à des centaines de millions d’individus de s’extraire de la misère. L’activité économique a été multipliée par 31 entre 1978, quand le pays a abandonné ses politiques économiques communistes, et 2016.

    En 1981, moins de 10 % des Chinoises citadines possédaient une machine à laver, tandis qu’en 2011, le chiffre s’élevait à 97,05 % . En 1985, moins de 5 % des ménages ruraux possédaient une machine à laver, en partie à cause du coût, mais aussi parce qu’ils n’avaient pas accès à l’électricité. En 2011, le taux montait à 62,57 %. La possession d’une machine à laver est donc un indicateur utile pour apprécier les formidables progrès de la Chine ainsi que la réduction des écarts entre la ville et la campagne.

    Taux d’équipement en machine à laver des ménages chinois

    Source : Laili Wang, Xuemei Ding, Rui Huang and Xiongying Wu, “Choices and using of washing machines in Chinese households”, International Journal of Consumer Studies (38) 2014, pp. 104-109.

    C’est une situation quelque peu différente en Inde, où les réformes économiques libérales n’ont débuté qu’en 1992, bien plus tard qu’ en Chine . De 1992 à 2016, l’activité économique du pays a été multipliée par 4 . Seulement 11 % des ménages possédaient une machine à laver en 2016.

    Comme en Chine, c’est dans les zones urbaines que l’on compte le plus grand nombre de ménages possédant une machine à laver, jusqu’à 20 % dans les villes les plus peuplées. Cela signifie que beaucoup de femmes continuent de faire la lessive à la main, frottant et battant le linge des heures durant, parfois sans avoir accès à l’eau courante. Néanmoins, les choses s’orientent dans la bonne direction. À mesure que l’économie de l’Inde croît et que la pauvreté régresse, davantage de femmes pourront se libérer de cette sale corvée.

    Que de chemin parcouru depuis le brevet déposé en 1937 par l’entreprise Bendix pour la première machine à laver automatique à usage domestique. Comme l’indiquait leur publicité dans le magazine Life de 1950, « l’esclavage de la corvée de lessive a disparu en seulement 13 ans » pour les femmes américaines. En 2007, Panasonic a lancé une machine à laver avec système de stérilisation, conçu spécifiquement pour répondre aux attentes des ménagères chinoises, et a grandement augmenté sa part de marché dans le pays.

    Il est important de comprendre ce qui est à la racine de ce progrès. Non seulement la concurrence et la recherche du profit ont été nécessaires à l’invention de la machine à laver, mais c’est surtout l’élan capitaliste qui a favorisé le développement continu des marchés à destination de nouveaux clients dans les pays en voie de développement. Tandis que l’innovation marquait le pas dans les systèmes socialistes, le capitalisme a contribué à l’émergence d’innovations, bouleversant bien plus le quotidien des individus que n’importe quel autre système économique et permettant la plus forte hausse de niveau de vie de l’Histoire.

    L’Afrique est le continent qui enregistre les pires records en matière de liberté économique, de pauvreté ainsi que d’accès aux technologies permettant d’économiser du temps. Mais même sur ce continent, le cercle vicieux tend à se briser, et le capitalisme aide, petit à petit, à réduire la pauvreté . Le nombre de personnes possédant une machine à laver reste faible, mais la plupart des Africains restent optimistes quant à leur avenir et leurs opportunités économiques.

    Aujourd’hui, les machines à laver réalisent toujours les mêmes tâches qu’il y a 80 ans – tâches qui ne se limitent pas au nettoyage du linge. Ces machines ont transformé le quotidien des ménagères, permettant aux femmes d’utiliser leur temps et leurs ressources à des choses beaucoup plus constructives. Et via le taux d’équipement en machine à laver à travers le monde, on peut suivre les progrès des libertés économiques.

    Un article publié initialement en mai 2017.


    Sur le web .

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      Pourquoi libéralisme et social ne doivent pas être opposés

      Johan Rivalland • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 28 December, 2020 • 7 minutes

    libéralisme

    Par Johan Rivalland.

    La philosophie libérale est relativement méconnue en France. Et nous sommes nombreux à l’avoir découverte un peu par hasard. J’observe que pour certains lecteurs, par exemple, c’est en tombant sur un article de Contrepoints qu’ils disent avoir découvert et pris conscience de ce qu’est le libéralisme. Mais aussi de ce qu’il n’est pas…

    Dix-neuvième volet de notre série « Ce que le libéralisme n’est pas ».

    L’idée de progrès social

    Il se peut que j’aie découvert le libéralisme à travers la lecture des ouvrages de Jean-François Revel . Mais avais-je pour autant mis un mot sur les idées que je m’étais en partie appropriées, pas si sûr. À vrai dire, je ne m’en souviens plus très bien.

    Il me semble plutôt que c’est en tombant sur un exemplaire de « la Nouvelle lettre », parution hebdomadaire et actuellement bi-mensuelle de l’ALEPS, association qui existe depuis plus de cinquante ans, que j’ai ensuite découvert cette philosophie en tant que telle.

    Or, que signifie ALEPS ? Association pour la Liberté Économique et le Progrès Social. Autant dire que l’idée de progrès social est bien inscrite dans les gènes du libéralisme et constitue l’une de ses finalités essentielles.

    Car c’est bien en faisant confiance aux individus et à la liberté que l’on peut souhaiter qu’ils aient en matière de création, de commerce, d’échange, d’économie entre autres, que l’on peut espérer créer les conditions qui permettront de parvenir au progrès social.

    Le libéralisme étant un tout, rappelons-le, ne prenant pas en considération, loin de là, que la dimension économique, qui n’est absolument pas la seule préoccupation des libéraux – cette série en témoigne – même si elle est en revanche essentielle.

    Et c’est donc en favorisant la liberté d’entreprendre, de circuler, d’échanger, de s’exprimer, que l’on parvient à encourager le développement, ainsi que l’épanouissement des individus, de sorte que le maximum d’entre eux puissent ensuite jouir des progrès qui en résultent.

    Des progrès bien réels

    Même si la crise liée au Covid engendre des reculs momentanés, avec une montée du chômage et de la pauvreté, le mouvement de fond qui a prédominé au cours des deux derniers siècles, et qui s’est accéléré au cours des toutes dernières décennies, va dans le sens d’un recul très net de la pauvreté, aussi bien que des maladies et de l’âge de mortalité (espérance de vie), ou encore de l’analphabétisme, de la sous-alimentation, des guerres, et même – quoi que certains en disent – des taux de pollution. Tandis que les guerres, violences, inégalités (quoi qu’on en dise là encore) régressent là aussi.

    Tous éléments que vous pouvez aisément retrouver de manière très bien expliquée par exemple dans l’excellent et très réjouissant ouvrage de Johan Norberg Non, ce n’était pas mieux avant , dont je vous conseille une nouvelle fois vivement la lecture.

    Mais bien sûr, il ne faut jamais perdre de vue que ces bienfaits demeurent fragiles. Or, qu’est-ce qui semble clairement aller dans le sens de ces progrès ? Ceux avant tout des libertés fondamentales, ainsi que de celles évoquées plus haut, toutes constitutives de ce que l’on nomme le libéralisme.

    Aussi limitées soient-elles ; car quoi qu’en pensent là encore certains, nous sommes loin d’évoluer dans un monde dominé par le libéralisme.

    Libéralisme et progrès social ne sont pas incompatibles

    En 2014 déjà, Vincent Delhomme développait dans ces colonnes l’idée que le libéralisme n’est pas antisocial . Il démontait ainsi un certain nombre d’idées reçues sur ce que beaucoup attribuent à tort à cette philosophie. À l’instar de ce que nous avons déjà eu l’occasion d’affirmer, il montrait en quoi le libéralisme défend l’émancipation de chaque individu, et non comme on voudrait nous le faire croire de manière parfaitement grossière, des « riches ».

    Loin de considérer que les pauvres ne doivent leur sort qu’à leur paresse ou à leur manque d’initiative – affirmation attribuée à tort aux libéraux – le libéralisme cherche au contraire à améliorer les conditions susceptibles de permettre le recul de la pauvreté. Et donc du nombre de pauvres.

    Cela est sans doute moins immédiatement visible et moins « généreux » en apparence que ce que d’aucuns organisent, généralement avec l’argent des autres – sans forcément mettre en place les conditions propices au développement économique qui bénéficiera au plus grand nombre – mais est bien plus responsable que des systèmes artificiels et interventionnistes qui n’aboutissent que bien trop souvent au développement de véritables trappes à pauvreté.

    Car ce n’est pas par les subventions, les incitations, la répression, ou encore le protectionnisme, que les libéraux entendent créer les conditions indispensables à l’amélioration de la condition de chacun. Ni par la dépense publique ou la redistribution.

    Pas plus que par la loi qui, à l’image du SMIC dont on sait depuis longtemps qu’il empêche l’embauche de personnes très peu qualifiées , de la même manière que les réglementations trop rigides sur le licenciement, n’ont pour effet que de perturber la plupart du temps le marché et créer de la misère de fait. Sous couvert de bonnes intentions ou de cette très théorique et illusoire question de la « justice sociale » .

    Sans même évoquer la question du système de retraites par répartition , condamné par essence à péricliter, et qui en attendant n’assure que des performances bien médiocres au regard de la capitalisation , tout en ne permettant pas la force d’entraînement sur l’économie (et donc sur nos conditions) qu’autoriserait cette dernière.

    Mais c’est plutôt par l’appel de tous au sens de l’initiative, de la responsabilité, par la création des conditions propices à la liberté de créer et d’entreprendre que l’on peut au contraire espérer stimuler les forces d’entraînement qui dynamisent l’activité et permettent ainsi de créer des emplois, de la richesse, du bien-être.

    Et lorsque cela ne suffit pas, ou en attendant, par des systèmes d’entraide, la charité privée, voire pourquoi pas des systèmes limités d’aide mais sous certaines conditions et strictement réservés aux plus démunis ou accidentés de la vie, ou encore via toute autre forme de fraternité , de système d’assurance ou de solidarité volontaire .

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      Hayek avait raison : on trouve les pires au sommet

      Foundation for Economic Education • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 28 December, 2020 • 7 minutes

    hayek

    Par Lawrence W. Reed.
    Un article de The Foundation for Economic Education

    Alors que la liberté progresse de façon remarquable dans le monde ces dernières années — depuis la chute de l’empire soviétique jusqu’à la montée des privatisations —, nous ne sommes toujours pas en manque d’étatistes aux desseins stupides et destructeurs.

    La meilleure explication sur les motivations de telles personnes à accéder au pouvoir passe par la lecture du chapitre 10 La sélection par en bas (« Why the Worst Get on Top » en version originale) extrait du chef d’œuvre de Friedrich Hayek , La route de la servitude .

    Quand Hayek a écrit son livre le plus connu en 1944, le monde était captivé par la notion de planification centrale socialiste. Tandis que chacun en Europe et en Amérique dénonçait la violence du nazisme, du fascisme et du communisme, l’opinion publique était conditionnée par une intelligentsia étatique qui considérait que ces « excès » de socialisme étaient des exceptions évitables. Si seulement nous étions sûrs que les bonnes personnes étaient aux commandes, disaient-ils, la main de fer se fondra en gant en velours.

    Ceux qui pensent que, pour reprendre les termes de Hayek, « nous ne devons pas craindre le système mais le risque qu’il soit géré par de mauvaises personnes » sont des utopistes naïfs qui seront éternellement déçus par le socialisme.

    En effet, c’est toute l’histoire de l’étatisme du XXe siècle : la quête sans fin d’un monde où le rêve pourrait effectivement se concrétiser, camper sur une position jusqu’à rendre la catastrophe trop gênante et évidente, puis s’en prendre aux personnes plutôt qu’au système, et enfin passer au prochain inévitable sujet de déception.

    Peut-être qu’un jour, le dictionnaire définira un étatiste comme une « personne qui n’apprend rien de la nature humaine, de l’économie, de l’expérience, et qui répète les même erreurs encore et encore sans se soucier du sort de ceux et celles qu’elle écrase de ses bonnes intentions ».

    Hayek expose que même les pires caractéristiques de l’étatisme « n’en sont pas des sous-produits accidentels » mais des phénomènes qui lui sont inhérents. Il soutient avec perspicacité que « les peu scrupuleux et désinvoltes ont plus de chances de réussir » dans toute société où l’État est considéré comme la réponse à tous les problèmes. C’est précisément ce genre de personnes qui promeut le pouvoir sur la persuasion, la force sur la coopération.

    Les États, ayant par définition un monopole légal et politique de l’usage de la force, les attirent comme les excréments attirent les mouches. Ce sont les mécanismes gouvernementaux qui leur permettent in fine de causer des ravages parmi nous. Un demi-siècle après Hayek, il ne se passe pas un jour sans que les journaux n’en fournissent de nouveaux représentants, et des pires, qui parviennent au sommet. Deux personnalités récentes, de part et d’autre du globe, vont me permettre d’illustrer la sagesse de Hayek.

    Lionel Jospin et Mahathir bin Mohamad

    En France, le 10 octobre 1997, le Premier ministre socialiste Lionel Jospin soumet une loi qui réduit d’autorité la durée de la semaine de travail . Dès l’année 2000, les employeurs doivent la réduire, de 39 à 35 heures, sans réduction de salaire. Par démagogie, Jospin a promis aux Français que cette loi créerait beaucoup d’emplois.

    Bien sûr, il ne s’est pas agi d’une sollicitation cordiale du gouvernement aux employeurs de la nation, mais d’une exigence, sous peine d’amende, d’incarcération, voire les deux, pour ceux qui ne s’organiseraient pas avec leurs salariés.

    Le Premier ministre a omis de préciser que l’État-providence le plus réglementé et le plus cher d’Europe s’était chargé d’évincer la main-d’œuvre de nombreux marchés et avait généré le chômage élevé qu’il prétendait vouloir réduire.

    En Malaisie, pendant cette même semaine d’octobre, le Premier ministre Mahathir bin Mohamad fustigeait les « voyous », « crétins » et « néo-colonialistes » , auxquels il reprochait la chute de la valeur du ringgit, la monnaie malaisienne.

    Nostalgique des détraqués acharnés d’hier, il a même suggéré que les difficultés économiques de la Malaisie étaient le résultat du « programme des Juifs » . Il n’a pas demandé la fin de la politique gouvernementale de production de ringgits pour des projets futiles comme le gratte-ciel le plus haut du monde, mais plutôt la proscription des échanges de devises « inutiles, improductives et immorales ».

    La conviction de Jospin que l’instauration des 35 heures hebdomadaires obligatoires, à revenu égal et moindre production, serait source de création d’emplois est évidemment absurde, car vouée dès le départ à produire davantage de chômage, chaque employé étant devenu plus coûteux pour son employeur.

    La tentative de Mahathir d’imputer la faute à n’importe qui sauf à lui-même est tout aussi absurde. Peut-être se rêve-t-il en nouveau roi Knut le Grand, ordonnant la fin des vagues d’échanges de devises, solution à tous ses problèmes. Bien évidemment, elles parviendront toujours à Mahathir, mais il aura l’occasion de trancher quelques têtes au passage.

    L’analyse de Hayek

    Ces deux ignares représentants de la scène politique internationale ne le savent pas, mais ils jouent le scénario de Hayek. Dans son chapitre sur le nivellement par le bas, il qualifie les planificateurs centraux de dictateurs en puissance, qui « obtiennent l’adhésion des gens dociles et crédules qui n’ont pas de convictions personnelles bien définies et acceptent tout système de valeurs à condition qu’on leur répète des slogans appropriés assez fort et avec suffisamment d’insistance » . Aux dernières nouvelles, Jospin et Mahathir ont reçu l’assentiment des dociles et des crédules.

    Le démagogue étatiste, observe Hayek, a recours à « la haine d’un ennemi » et « la jalousie des mieux nantis » afin de gagner « la fidélité sans réserve des masses » . Pour Jospin, c’est la cupidité des employeurs privés ; pour Mahathir, ce sont les Juifs. Les plus mauvais adorent user du fanatisme pour récupérer des voix sur la route du pouvoir.

    Hayek considère que « l’homme moderne a de plus en plus tendance à se juger moral simplement parce qu’il satisfait ses vices par l’intermédiaire de groupes toujours plus importants » et note que « le fait d’agir pour le compte d’un groupe semble libérer les hommes de maintes entraves morales qui interviendraient s’ils agissaient d’une façon individuelle, à l’intérieur du groupe ».

    Peut-être que nos deux Premiers ministres s’opposeraient personnellement à quiconque contraindrait leurs patrons sous la menace d’une arme, ou à celui qui lyncherait publiquement un négociant de devises, mais ils ne voient aucun inconvénient à faire de ces activités des orientations politiques nationales.

    Donnez beaucoup de pouvoir à l’État et des personnes stupides sans aucune tolérance pour l’altérité feront la queue pour y travailler. Ceux qui respectent les autres, les laissent tranquilles et attendent la même chose pour eux-mêmes, cherchent ailleurs un emploi productif dans le secteur privé. Plus l’État grossit, plus les plus mauvais se hissent à son sommet, comme Hayek nous l’avait prédit en 1944.

    Les Français et les Malaisiens font partie de ceux qui, en ce moment, à la lecture du chapitre 10 de La route de la servitude , trouveront que F.A. Hayek décrit précisément cette misérable route qu’ils ont choisi d’emprunter.

    Traduction d’Antoine Dornstetter pour Contrepoints de Hayek Was Right: The Worst Do Get to the Top .

    Cet article a été publié une première fois en 2016.

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      Covid : Pérou et Bolivie sur la bonne voie

      Gérard Maudrux • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 28 December, 2020 • 5 minutes

    Pérou

    Suite à mon dernier billet sur l’Ivermectine et aux articles de France Soir , la riposte n’a pas tardé, via 20 Minutes et FranceInfo . France Soir s’est chargé de démonter la manipulation de 20 Minutes , je me chargerai donc de FranceInfo , qui permet d’orienter vers une réflexion plus globale du bilan de la gestion de la crise actuelle.

    Pour ce qui est de FranceInfo , comme on dit « plus c’est gros, mieux ça passe ». Ils parlent de « dizaines de publications négatives, pour une étude préliminaire positive », sans citer aucune source, alors que j’arrive à l’inverse, en citant toutes les sources afin que les lecteurs puissent juger par eux-mêmes.

    Vient ensuite un amalgame avec Surgisphère et le scandale du Lancet , alors qu’il s’agissait de l’Hydroxychloroquine, dans le but jeter un doute sur l’étude positive. Plus loin on affirme que « certains s’intoxiqueraient avec un surdosage », sans citer une seule source, alors que personnellement je citais une étude avec un essai à 10 fois la dose, sans effets secondaires ! Quand on veut noyer son chien, on l’accuse d’avoir la rage, ce vieux dicton a pleinement sa place ici. Dans quel but ? Mystère.

    Plus intéressant vient la critique sur deux pays, le Pérou et Bolivie, qui autorisent, conseillent l’Ivermectine, et pire, une population qui en prend, au point de poser des problèmes inacceptables pour FranceInfo : « distribué aux habitants, ce qui pose problème pour les essais cliniques, les patients qui se présentent pour des essais ayant déjà pris de l’Ivermectine ! 8 sur 10 paraît-il au Pérou. »

    Pensez-vous que FranceInfo s’est intéressé à ce que donnaient ces pays en matière d’épidémiologie et de résultats sur les traitements ? Bien sûr que non, ce n’est pas le traitement et son résultat qui compte pour ces gens-là, c’est de dénigrer un produit et ceux qui en parlent !

    En tant que médecin, moi c’est le résultat du traitement qui m’intéresse en premier, alors je suis allé voir. Ils en prennent, beaucoup, mais pour quel résultat ? Ont-ils tort, ont-ils raison ? C’est là tout l’intérêt du débat.

    Le Pérou

    37 000 morts depuis janvier. Avec une population de 32 millions d’habitants, c’est l’équivalent de 77 000 morts en France. Donc épidémie plus grave que chez nous, ce qui se passe d’ailleurs dans tout le continent Sud Américain.

    Si comme partout ils n’ont rien fait au début, déroutés par une nouvelle maladie, s’ils ont découvert l’Ivermectine au milieu de l’été, et si maintenant ils en prennent massivement comme le dit FranceInfo , quel est le résultat ?

    2700 morts pour les 2 derniers mois ! À population égale, nous en aurions 5650, or nous en sommes à 25 000 pour ces deux derniers mois ! Ils ont eu plus de décès que chez nous lors de la première vague, en ont tiré les conclusions, et en ont 5 fois moins que nous pour la seconde vague, car nous, nous n’avons rien changé.

    La Bolivie

    9 000 morts depuis janvier, et rappelez-vous ces images à la Une, les policiers ramassant des centaines de cadavres dans les rues . Une hécatombe. Ils seraient passés à l’Ivermectine ?

    Combien de morts depuis deux mois ? 220 ! Même proportion que pour le Pérou entre début d’épidémie ou personne ne savait quoi donner, et maintenant où l’Ivermectine est largement prescrite. Ce pays ayant 11,6 millions d’habitants, cela donnerait 52 000 morts chez nous depuis janvier, soit un peu moins, et 1270 depuis deux mois au lieu de 25 000.

    Vous me direz que ces calculs sont très tendancieux, car ils n’ont pas de seconde vague. Mais alors pourquoi leurs plus proches voisins, Colombie, Brésil, Paraguay, sont en pleine seconde vague et pas eux ? L’Argentine s’améliore grandement depuis sa publication sur les soignants fin août.

    Pourquoi y aurait-il une seconde vague si, comme le dit FranceInfo , 8 personnes sur 10 sont sous Ivermectine ? Si tout le monde est traité, si on diminue en 48 heures la charge virale des positifs, il ne peut y avoir de contaminations et de seconde vague. C’est le résultat d’un traitement efficace.

    Maintenant avec ce Covid qui s’amuse à déjouer tous les pronostics depuis le début il faut être prudent. Les choses peuvent changer, mais toujours est-il que ces résultats, au même titre que ceux de l’Ehpad de Seine et Marne ou l’étude sur 1200 soignants en Argentine (passés sous silence 20 Minutes et FranceInfo ), doivent interpeller et conduire à quelques essais, si on est vraiment préoccupé par le traitement du Covid dans notre pays. Trois Ehpads et 500 patients suffisent.

    Distinguer première vague et deuxième vague

    Ces résultats m’inspirent une réflexion : il faudrait remettre les pendules à zéro. Pour mieux suivre l’épidémie, Il faudrait cesser de donner les chiffres de mortalité globale depuis janvier, et les scinder en deux : les chiffres de la première vague, où tout le monde a été pris de court, et les chiffres depuis le 1er septembre, afin de comparer dans chaque pays les résultats obtenus par chacun en fonction des mesures prises.

    Ceux qui ont eu la bonne attitude auront des chiffres qui s’améliorent, ceux qui n’ont rien fait ou auront pris une mauvaise voie auront des chiffres sans amélioration. En France, première vague, 30 000 morts, rien n’a changé, seconde vague 30 000 morts. Bolivie première vague 9000 morts, passage à l’Ivermectine, pas de seconde vague, 220 morts.

    Les chiffres globaux ne donnent aucune idée de ce qui est bon ou pas face au Covid. Utiles au début, ils sont devenus contre productifs et ne sont d’aucune aide.

    Les bons et les mauvais pays ne se mesurent pas avec les chiffres additionnés depuis janvier, mais avec les chiffres obtenus après avoir tiré les leçons de la première vague.

    Sur le web

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      Le parti communiste français fête ses 100 ans

      Nicolas Lecaussin • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 28 December, 2020 • 3 minutes

    parti communiste

    Par Nicolas Lecaussin.
    Un article de l’Iref-Europe

    Le 29 décembre prochain, le Parti communiste français fêtera ses 100 ans. Difficile à croire, mais il existe encore un Parti communiste en France, une organisation politique qui a énormément perdu de son électorat mais qui garde intact son dogmatisme idéologique .

    Pire, malgré son nanisme politique, il réussit encore à influencer les débats d’idées , à déteindre sur d’autres partis gauchisants et écologistes.

    Aujourd’hui, en France, fin 2020, le secrétaire du parti, Fabien Roussel, n’a pas le moindre scrupule pour « célébrer la riche histoire » de son parti « avec les yeux braqués sur le présent et vers l’avenir » . Pour lui, « En 2020 comme il y a cent ans, le communisme, c’est la jeunesse du monde. Et face au vieux système capitaliste, nous avons besoin d’idées radicalement nouvelles. »

    Le système politique qui a fait le plus de morts dans l’histoire de l’humanité est fêté en France comme n’importe quelle autre doctrine et rares sont les voix qui s’élèvent contre cette sinistre mascarade alors qu’on pleure encore les victimes d’avant la chute du mur de Berlin et qu’il existe encore dans le monde des dictatures communistes qui tuent.

    Cet événement reflète lui aussi, comme bien d’autres avant lui, selon les mots d’Alain Besançon, une « amnésie » du communisme qui s’oppose à l’ « hypermnésie » du fascisme et du nazisme. Aujourd’hui, c’est devenu même une fierté de se dire communiste ! Ce qui est très grave en revanche, c’est de dire à quelqu’un qu’il est noir ou de mettre en doute le réchauffement climatique…

    Combien de fois faut-il donc rappeler qu’il s’agit d’une idéologie criminelle au même titre que le nazisme avec lequel il s’est allié ? Dans Le Pacte des diables , essai qui vient de paraître, l’historien Roger Moorhouse raconte la réaction du PCF à la directive de Staline en août 1939 et « l’extraordinaire discipline, véritablement unique dans l’histoire de l’humanité » du PCF qui devint le parti allié d’Hitler dans la lutte contre « l’impérialisme bourgeoise français et britannique ».

    Même en mai 1940, lorsque les chars allemands avaient déjà envahi la France, le PCF continuait à critiquer le capitalisme et l’impérialisme de Londres.

    Aucun autre parti n’a probablement été autant inféodé à une puissance étrangère, la dictature soviétique en l’occurrence, que le PCF. Pendant des décennies, il a obéi au doigt et à l’œil aux directives de Moscou, a approuvé les pires crimes commis au nom du communisme, les a niés lorsque la vérité a éclaté et n’a jamais voulu tirer la leçon de l’échec de cette idéologie qui a laissé, partout où elle a été au pouvoir, des montagnes de cadavres et des économies en faillite.

    Faut-il aussi rappeler que ce parti – français – a organisé et participé à des actions terroristes et de sabotage en France après la fin de la Deuxième Guerre mondiale sur ordre de Moscou et qu’il a été financé par l’URSS jusqu’en 1990 ?

    Ce parti qui fête ses cent ans dans quelques jours a réussi, avec l’aide du reste de la gauche française, à s’acquitter lui-même sans jamais tirer les leçons du passé. Cette « grande parade » , comme l’a très bien nommée Jean-François Revel, a réussi alors qu’on savait ce qui se passait dans les pays communistes.

    L’ouverture des archives après 1990 n’a pas poussé, non plus, les idéologues communistes à un semblant de mea culpa ; rappelons que même le Parti communiste italien, aussi dogmatique que son homologue français, s’est dissous et a changé de nom.

    Le cadavre du communisme bouge encore et cette « passion française » comme l’a nommée l’historien Marc Lazar, continue à faire des émules un peu partout, à gauche, parmi les jeunes, chez les intellectuels. Ce n’est pas une passion française, c’est une honte française.

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      Brexit : ce que contient l’accord entre le Royaume-Uni et l’UE

      The Conversation • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 28 December, 2020 • 6 minutes

    brexit

    Par Andrew Glencross 1
    Un article de The Conversation

    Pour citer Shakespeare, les négociations sur le Brexit sont maintenant terminées. Les discusssions tumultueuses n’ont pas conduit à une voie sans issue, même si le gouvernement britannique a parfois donné l’impression qu’il s’agissait d’une querelle digne des Montaigu contre les Capulet.

    Les négociateurs ont ignoré le bruit de fond et ont réussi à rédiger un document juridique dense sur lequel repose désormais l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’UE.

    Le Brexit et comment l’accord est intervenu

    Tout au long des négociations, le Royaume-Uni a insisté sur le fait qu’il devait être traité comme un égal souverain de l’UE et que son indépendance devait être respectée. Cela a été particulièrement important en ce qui concerne les droits de pêche, l’une des dernières questions à résoudre.

    Il y a toujours eu deux problèmes avec cet argument. Premièrement, comme l’a expliqué le ministre espagnol des Affaires étrangères – un négociateur commercial chevronné – un accord commercial est conçu pour établir l’interdépendance plutôt que d’être un exercice d’affirmation d’indépendance.

    Deuxièmement, l’UE est tout simplement une puissance plus importante économiquement parlant que le Royaume-Uni. Cela signifie que Bruxelles est convaincue qu’elle peut mieux résister que le Royaume-Uni à une séparation sans accord.

    En refusant de prolonger la période de transition malgré la pandémie, le Premier ministre Boris Johnson a fait en sorte que les deux parties soient confrontées à la même pression temporelle. Mais elles n’étaient pas confrontées au même niveau de risque si aucun accord n’était conclu. C’est pourquoi le véritable maître d’œuvre de l’accord Brexit était le temps, et non Johnson ou Angela Merkel, comme l’ont souvent rapporté les journaux britanniques.

    Néanmoins, il semble que le gouvernement britannique va crier victoire en faisant valoir qu’il est désormais en mesure d’échapper à la juridiction de la Cour européenne de justice tout en obtenant un accès en franchise de droits et de contingents pour les marchandises exportées vers l’UE.

    C’est exactement ce qu’a fait Downing Street dans une déclaration faite immédiatement après l’annonce de l’accord :

    L’accord… garantit que nous ne sommes plus dans la zone d’attraction lunaire de l’UE, que nous ne sommes pas liés par les règles de l’UE, que la Cour de justice européenne n’a aucun rôle à jouer et que toutes nos principales lignes rouges concernant le retour de la souveraineté ont été respectées. Cela signifie que nous aurons une indépendance politique et économique totale le 1 er janvier 2021.

    Mais la réalité – comme pour tout ce qui concerne le Brexit depuis 2016 – est bien plus complexe.

    Ce que contient l’accord

    Le négociateur de Boris Johnson, David Frost, a fait valoir que le Royaume-Uni voulait simplement un accord de libre-échange standard comme celui entre le Canada et l’UE. En réalité, le Royaume-Uni demandait d’autres mesures, telles que la reconnaissance mutuelle de l’évaluation de la conformité des marchandises et la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles. L’UE ne semble pas avoir bougé sur ces points.

    Bruxelles a également insisté sur le fait que l’accord exigeait des garanties juridiques pour empêcher le Royaume-Uni de décoter le marché unique en utilisant sa nouvelle autonomie pour abaisser les normes environnementales ou les droits du travail. M. Johnson a donné son accord de principe à cette idée de conditions équitables dans la déclaration politique qui accompagnait l’accord de retrait de 2019 alors adopté par le Parlement. Puis, plus tard dans les négociations, il a tenté de revenir sur cette promesse. Finalement, il a fait volte-face. L’accord stipule que toute divergence par rapport aux normes européennes entraînerait une restriction potentielle de l’accès au marché unique.

    Lors d’une conférence de presse, Boris Johnson a rassuré les « fanatiques de poisson » en leur disant qu’il y aurait de quoi remplir leur assiette, mais l’accord signifie que pendant les cinq ans et demi à venir, les navires basés dans l’UE continueront à bénéficier d’un accès important aux eaux britanniques, pendant la période de transition vers un accord final.

    Il est clair que la libre circulation des personnes a pris fin, tandis que les marchandises seront soumises à des contrôles douaniers et réglementaires. Le chaos dans les transports autour du port de Douvres est donc toujours possible après le 1 er janvier si les exportateurs ne disposent pas des documents nécessaires pour traverser la Manche.

    Comme ils ne l’ont pas fait depuis une génération, il y aura forcément des difficultés. Les transporteurs basés dans l’UE pourraient également opter pour la prudence et, à court terme, éviter le risque de voir leurs camions bloqués au Royaume-Uni. Le Royaume-Uni quittera également le programme d’échange Erasmus pour l’enseignement supérieur, ce qui portera un coup à de nombreux étudiants – bien que le Royaume-Uni envisage maintenant de lancer son propre programme « Turing » pour offrir des stages dans des universités du monde entier.

    L’avenir du secteur clé des exportations britanniques, à savoir les services financiers, est beaucoup moins clair. En dehors du marché unique, la City de Londres compte sur l’Union européenne pour obtenir l’autorisation de servir les clients basés dans l’UE et de leur vendre des produits bancaires, comptables et juridiques associés. Cet accord d’« équivalence » est réexaminé en permanence, en fonction de l’approche britannique en matière de réglementation financière et de protection des données. Cela place le secteur sur une base beaucoup moins solide que, par exemple, l’industrie manufacturière.

    Vendre l’accord

    La danse est terminée, mais il faut maintenant vendre la marchandise. Les demandes de crédit et l’évitement des reproches seront les deux priorités du gouvernement britannique. Johnson ne manquera pas de mettre l’accent sur la souveraineté en soulignant la capacité à éviter l’intrusion du droit communautaire.

    Le jeu des reproches à venir pourrait d’ailleurs devenir intéressant. En effet, l’accord exige un dialogue constant avec l’UE sur des questions qui peuvent évoluer, telles que les subventions gouvernementales. C’est la position dans laquelle se trouve constamment la Suisse. L’accord sur le Brexit exige que les deux parties se soumettent à un examen général au bout de quatre ans pour s’assurer qu’elles remplissent les conditions requises. Les députés conservateurs eurosceptiques, qui ont fait pression en faveur d’un non-accord, peuvent considérer cela comme une concession de trop.

    Que peut faire Boris Johnson pour surmonter l’opposition interne ? Sa majorité parlementaire est suffisante pour surmonter tout ce qui n’est pas une révolte majeure. Mais sa carte la plus forte pourrait être de simplement rejeter la faute sur sa prédécesseure, Theresa May, pour avoir déclenché le Brexit sans plan.

    Pendant ce temps, la première ministre écossaise Nicola Sturgeon a tweeté, immédiatement après l’annonce de l’accord, qu’ « aucun accord ne compensera jamais ce que Brexit nous enlève. Il est temps de tracer notre propre avenir en tant que nation européenne indépendante ».

    Ainsi, si un épisode de ce long drame touche à sa fin, il semble que d’autres, concernant l’avenir même du Royaume-Uni, soient loin d’être terminés.

    Sur le web The Conversation

    1. Senior Lecturer in Politics and International Relations, Aston University.
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      L’agriculture cellulaire, c’est l’avenir… sauf en France ?

      Constance Peruchot • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 28 December, 2020 • 6 minutes

    agriculture cellulaire

    Un entretien avec la directrice de l’association Agriculture Cellulaire France, Nathalie Rolland, réalisé par Constance Péruchot pour Contrepoints.

    Dans un essai datant de 1931, Winston Churchill parlait de la nécessité d’échapper à l’absurdité de devoir élever un poulet entier, pour produire uniquement la partie qui sera mangée. Déjà, la classe politique s’intéressait à notre assiette et son futur.

    Depuis quelques années, l’élucubration de Churchill ne semble plus si fantaisiste. En 2013, les futurs fondateurs de Mosa Meat présentaient au monde le premier steak haché cultivé en laboratoire. La méthode consiste, dans les grandes lignes, à prélever un petit échantillon de tissu musculaire sur un animal pour isoler une cellule musculaire et la faire développer dans un milieu adapté afin d’obtenir des fibres musculaires et enfin, du tissu musculaire qui sera la base de la viande cultivée.

    Une première mondiale suivie par de nombreuses innovations issue de l’agriculture cellulaire : poulet (Super Meat, Future Meat Technologies), lait (Perfect Day), blanc d’œuf (Clara Foods), porc (New Age Meats, Higher Steaks, Meatable). Aujourd’hui, la recherche et développement arrivent à un point de maîtrise qui rapproche de plus en plus ces produits de nos rayons de supermarché.

    Début décembre, Singapour a été le premier État à autoriser la mise sur le marché des produits Eat Just Inc., issus de l’agriculture cellulaire. Pour les entreprises du secteur, il s’agit du premier pas vers un développement massif de l’échelle de production. Progrès sanitaire, éthique et potentiellement environnemental, l’agriculture cellulaire suscite de vives réactions de la part de certaines personnalités politiques, dont le ministre français de l’Agriculture et de l’Alimentation.

    Dans un tweet , Julien Denormandie a déclaré sa défiance envers la technologie de l’agriculture cellulaire, en concluant « Comptez sur moi pour qu’en France, la viande reste naturelle et jamais artificielle ! »

    Nous avons souhaité interroger la directrice de l’association Agriculture Cellulaire France, Nathalie Rolland, à propos de cette réaction ainsi que des perspectives du secteur en France. Créée en 2019, Agriculture Cellulaire France a pour mission d’informer, alimenter la réflexion autour de l’agriculture cellulaire et encourager la recherche. L’un des défis principaux de l’association est d’accompagner les décideurs publics dans leur connaissance du secteur.

    C : Nathalie, quel pourrait être l’impact de la prise de position de Julien Denormandie pour le marché de l’agriculture cellulaire en France ?

    Nathalie Rolland : Le tweet de M. Denormandie est une réaction personnelle aux événements récents d’autorisation de commercialisation de la viande cultivée à Singapour, qui n’engage la France ni dans le présent ni dans l’avenir.

    L’autorisation d’un nouvel aliment est une décision prise au niveau européen. Des individus, décideurs et organisations souhaitent que le domaine de l’agriculture cellulaire se développe en France. Il nous semble important que les consommateurs qui souhaitent se tourner vers les produits de l’agriculture cellulaire puissent le faire.

    Le danger est que les Français se retrouvent à consommer des produits fabriqués ailleurs et que la France rate cette opportunité de compétitivité qu’offre le développement des protéines alternatives, domaine sur lequel notre pays a toutes les capacités de se positionner en leader.

    C : Dans certains pays, l’agriculture cellulaire est en effet soutenue par les gouvernements. En Israël, Benyamin Netanyahu a visité il y a quelques jours les laboratoires de l’entreprise Aleph Farms, qui développe des steaks cultivés. C’est avec enthousiasme et même émotion que le Premier ministre a exprimé son soutien à cette innovation qui « change la réalité humaine » , selon ses termes.

    Qu’attend l’association Agriculture Cellulaire France du gouvernement français?

    Nathalie Rolland : Nous pensons que le gouvernement français doit soutenir le développement de ce domaine afin d’aider à résoudre les problèmes posés par l’élevage industriel. Ces produits sont développés pour être meilleurs pour l’environnement, la santé et le bien-être des animaux. Ils devraient produire moins de gaz à effet de serre si des énergies propres sont utilisées, demander beaucoup moins de terres et d’eau, moins polluer l’eau, lutter contre la déforestation et ainsi préserver les habitats naturels.

    En plus de demander moins de ressources naturelles, ces produits aideront à lutter contre l’antibiorésistance et la propagation de maladies zoonotiques.

    Enfin, aucun animal ne devra être tué dans le développement de ces produits. C’est pourquoi d’autres gouvernements soutiennent leur développement, comme par exemple le gouvernement flamand qui a octroyé une subvention de 3,6 millions d’euros à la recherche sur le développement de cellules de graisse. Plusieurs projets ont également reçu des soutiens financiers de l’Union européenne (ex : Meat4All, CCMeat, Cultured Beef, etc.).

    C : Où en est la recherche au niveau mondial dans le domaine de l’AC ?

    Nathalie Rolland : Il y a de plus en plus de projets de recherche financés par des gouvernements et des ONG. Nous pouvons donc dire que la recherche avance. En Allemagne, l’université technique de Munich est en train de mettre en place une chaire sur l’agriculture cellulaire.

    Cependant, la recherche sur ce sujet est encore sous-développée, ainsi que ses financements. Côté français, nous ne connaissons aucun projet de recherche publique sur le sujet et nous déplorons cette situation. Il ne faudrait pas que la France prenne trop de retard sur le sujet.

    C : Les réticences politiques à l’égard de l’agriculture cellulaire sont en partie liées à ses conséquences sur la filière viande en France et ses éleveurs. Vers quel modèle se dirige-t-on ?

    Nathalie Rolland : Il est difficile d’estimer les transformations du marché de la viande en raison de l’agriculture cellulaire. Le développement de l’agriculture cellulaire pourrait évoluer vers un petit marché de niche avec peu d’implications pour le marché de la viande. Ce domaine pourrait aussi représenter une partie significative de ce marché dans quelques années comme le suggèrent certaines études ( 35 % du marché en 2040 ).

    Nous pensons que ces produits mettront encore du temps à arriver sur le marché. Ce que nous espérons est que l’agriculture cellulaire remplacera une partie significative de la production industrielle de produits animaux pour que se réalisent ses bénéfices potentiels sur l’environnement, notre santé et les animaux.

    L’élevage conventionnel continuera à exister, et nous espérons que les éleveurs pourront retourner à un élevage plus traditionnel et qualitatif. Certains chercheurs estiment que l’agriculture cellulaire peut être compatible avec le maintien d’une production locale, et offrir des opportunités aux éleveurs.

    Il est par exemple possible d’envisager un scénario dans lequel des animaux (à la campagne ou dans des fermes urbaines respectueuses des animaux) serviraient de donneurs vivants de cellules souches pour la production de la viande.

    De manière générale, on peut s’attendre à ce que les éleveurs continuent d’adresser la demande des consommateurs privilégiant les produits animaux conventionnels et que l’agriculture cellulaire aidera à répondre à une très forte demande mondiale en produits animaux.

    Retrouvez toutes les informations sur l’association Agriculture Cellulaire France sur leur site : https://agriculturecellulaire.fr/