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      Nouvelles limites de la liberté d’expression : le progrès à reculons

      Jérémie Bongiovanni • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 26 December, 2020 • 8 minutes

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    Par Jérémie Bongiovanni.
    Un article du Podcast Liber-thé

    La liberté d’expression est une composante indispensable du progrès, car elle permet une constante remise en question du statu quo. Ses pourfendeurs, qui souhaitent aujourd’hui la limiter en interdisant l’offense, se revendiquent eux-mêmes du camp progressiste. Qu’en est-il en réalité ? Comment définir les limites de la liberté d’expression ?

    La liberté d’expression comme conquête historique

    Au cours des deux derniers siècles, la liberté d’expression a permis le progrès dans de nombreux domaines. En politique, les régimes monarchiques et autoritaires ont tout d’abord été critiqués puis évincés. En sciences, l’hégémonie du clergé a été remise en question et rationalisée, permettant des révolutions coperniciennes, l’expression n’est pas galvaudée.

    Dans la société, la domination de communautés ethniques a été thématisée et la dignité de chaque être humain a été reconnue. C’est ainsi que l’esclavage fut notamment aboli.

    C’est un truisme que de décrire ces progrès comme résultats de la liberté d’expression. Les remises en question qu’elle a permis ont rendu notre monde plus compréhensible et meilleur. C’est bien en raison de cette perspective du progrès, lui-même dépendant de la libre expression, que nous chérissons cette dernière.

    La censure a-t-elle été abolie ?

    Nous nous voyons bien souvent comme supérieurs aux sociétés antérieures. Nous nous convainquons que notre liberté d’expression est aussi libre qu’elle puisse l’être et que la censure appartient au passé. Nous pensons qu’elle a uniquement été le fait des rois et du clergé et qu’elle a disparu avec eux, pour laisser place à la modernité et au progrès. Nous croyons que la censure est exclusivement liée à des institutions qui centralisent le pouvoir et qui procèdent de manière autoritaire, car la censure y est explicite, organisée et légitimée. Notre observation est pourtant incomplète.

    Dans nos sociétés démocratiques la censure ne s’annonce pas comme telle. Elle se déguise sous le poids du nombre et de la conscience collective – comme l’avaient annoncé Alexis de Tocqueville puis John Stuart Mill. Ainsi le nombre, comme jadis nos gouvernements et l’Église, nous empêche de nous exprimer sans contrainte. La mobilisation d’exemples récents nous permet d’illustrer cette censure moderne.

    En 2019, le New York Times décide de ne plus publier de caricatures dans son édition internationale après un dessin jugé antisémite . C’est ainsi que sous la pression d’un emportement du public, la publication de dessins qui incarne la liberté d’expression a été interrompue.

    L’été dernier, l’éditeur des romans d’Agatha Christie a annoncé rebaptiser le roman policier Dix petits nègres en Ils étaient dix . Dans ce cas, nous préférons modifier la réalité, l’adapter, plutôt que de l’accepter et de la comprendre. Le mot négritude a en effet été à la base du combat d’Aimé Césaire contre le colonialisme ; bannir ces termes c’est faire table rase du passé.

    Cette peur d’offenser régit désormais l’expression publique et conduit à l’intériorisation de la censure, c’est en cela que celle-ci est loin d’être abolie. Nous le voyons dans les deux exemples précédents, la liberté d’expression n’est pas limitée par une institution autoritaire, mais par les masses d’individus qui forment la société . Cette nouvelle censure, qui ne dit pas son nom, menace alors par sa conquête de nos consciences.

    Les conséquences de ces limites à la liberté d’expression

    Nos deux exemples démontrent l’existence de limites à la liberté d’expression dans notre société. Les groupes qui imposent ces limites souhaitent ainsi lutter contre l’antisémitisme ou le racisme. Mais cet objectif peut-il être ainsi atteint ?

    Cette pratique qui veut effacer les mots et les avis choquants souhaite rendre la société plus vertueuse. Seulement, on ne fait jamais complètement taire une opinion. Si on la comprime, elle s’échappe du côté et siffle de manière stridente. Ainsi, en interdisant à un complotiste d’exprimer ses théories, on ne fait qu’accroître sa passion pour sa vision du monde et le rejet organisé qu’il est persuadé de discerner.

    Lorsque nous interdisons une blague sur les Juifs, sur les homosexuels, sur une minorité ethnique ou sur tout autre groupe, nous faisons deux erreurs. Premièrement, notre société qui se veut l’héritière des Lumières devrait contrer ces avis avec la raison. Deuxièmement, nous ne pouvons pas définir l’offense comme limite de la liberté d’expression, nous y reviendrons plus loin.

    Interdire les discours contemporains parfois choquants, modifier les titres de livres écrits il y a plusieurs décennies, détruire les statues , c’est vouloir créer une société non pas plus vertueuse mais aseptisée et amnésique.

    Dans la dystopie Le meilleur des mondes , le personnage principal découvre soudain la Bible et un livre de Shakespeare, dissimulés par le gouvernement. Ce dernier souhaite ainsi préserver les citoyens des valeurs véhiculées par ces deux ouvrages, car elles sont contraires à celles de la civilisation établie. Le protagoniste se passionne alors pour leur lecture et reproche à sa civilisation de se débarrasser de tout ce qui est désagréable au lieu d’apprendre à s’en accommoder. C’est bien le mal de nos sociétés contemporaines.

    À celui qui remet en question le fait que la Terre soit ronde il faut opposer la raison pour expliquer et le convaincre du contraire. Aussi triste que cela puisse être, rien d’autre, même pas la censure, ne le fera changer d’avis. Si celui que l’on tente de convaincre est foncièrement obstiné et refuse de donner du crédit à nos arguments, alors nous ne pouvons rien faire, si ce n’est lui laisser du temps et convaincre les autres. Mais une société qui se définit comme éclairée ne peut se priver d’un processus de discussion contradictoire !

    Si elle le fait, alors elle est, elle-même, qui se veut inclusive et diverse, la cause des effets qu’elle souhaite combattre. Elle génère l’exclusion, l’injustice, la haine et la violence. L’exclusion, car elle marginalise des avis qui selon son propre arbitraire ne méritent pas d’être entendus et débattus. L’injustice, car ce muselage de citoyens par leurs semblables ne résulte que de la domination du nombre et pas de la raison. Et enfin la violence comme résultante de l’injustice. Ces limites à la liberté d’expression et leurs conséquences font in fine régresser nos sociétés.

    Ceux qui limitent la liberté d’expression se définissent pourtant comme progressistes . Mais il n’en est rien. Nous l’avons vu, le progrès humain a jusqu’ici été permis par l’offense, que ce soit de l’État, de l’Église ou des normes morales. Le progrès dont se revendiquent les censeurs modernes est en réalité celui de l’obscurantisme.

    Du droit d’offenser

    Ce que notre civilisation définit comme vérité n’est finalement qu’un consensus. Pour l’atteindre il faut échanger, discuter, sans arrêt se remettre en question et parfois choquer ou être choqué. Nous ne pouvons pas accepter d’avoir des tabous et de ne pas pouvoir en parler. Accepter qu’on ne peut pas tout dire c’est entrer dans la relativité arbitraire choisie par les ennemis de la démocratie et de la pluralité des idées.

    En Chine, il est interdit de critiquer le gouvernement ce qui nous paraît être la caractéristique d’une civilisation primitive. Qu’en est-il de nos propres tabous ? La négation de l’Holocauste est bien interdite sous nos latitudes. Où doit-on définir une juste limite à la liberté d’expression ? Ambitieux projet.

    Selon la Cour européenne des droits de l’Homme la liberté d’expression « vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de société démocratique. »

    Cette compréhension de la liberté d’expression que nos sociétés ont jadis choisie, disparaît progressivement sous les griffes d’une législation qui tente de juguler cette liberté et qui interdit le blasphème – comme c’est le cas en Suisse – ou des avis selon elle choquants, souvent dits « de haine ».

    Quelles limites à la liberté d’expression ?

    Peut-on tout dire de tout ? Question difficile. Chaque personne doit avoir un honneur et un nom protégés. Au-delà, les limites ne peuvent qu’être propres à chacun. Elles doivent cependant aller de pair avec la civilité et l’empathie.

    Tout ceci s’acquiert avec l’éducation en amont, qui requiert l’implication de chaque individu, plutôt que la condamnation en aval, qui se contente d’imposer des lois et de se réfugier derrière le pouvoir de répression de l’État, son aveu de faiblesse.

    Le média Liber-thé a organisé un concours pour les étudiants sur la thématique « Existe-t-il des limites à la liberté d’expression ? » Retrouvez les textes des gagnants sur le site.

    Participer au concours jusqu’au 5 janvier 2021 pour gagner le livre Le socialisme de l’excellence , de Jean-Marc Daniel.

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      Comment les Soviétiques ont cherché à détruire Noël

      Foundation for Economic Education • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 26 December, 2020 • 3 minutes

    Par Michael de Sapio.
    Un article de The Foundation for Economic Education

    Lorsque les régimes totalitaires (en particulier ceux de gauche) arrivent au pouvoir, une des premières choses qu’ils font généralement est de détruire les symboles culturels sacrés, afin de mieux reconstruire la société depuis la base. La campagne soviétique pour remplacer les symboles de Noël est un chapitre culturel intéressant dans l’histoire de ce que Ronald Reagan nommait « l’empire du mal ».

    À la suite de la Révolution russe, le nouveau gouvernement athée commença une campagne antireligieuse. Tous les symboles jugés religieux ou bourgeois furent éradiqués et remplacés par de nouvelles versions laïques. Ainsi Noël (qui dans le calendrier orthodoxe russe est le 7 janvier) fût aboli en faveur du Nouvel An, et plusieurs coutumes et traditions de Noël reçurent de nouvelles identités.

    Nouveau père Noël et nouvelle nativité

    Saint-Nicolas et le père Noël cédèrent leur place à Ded Moroz ou « Grand-père gel » (une figure populaire provenant des temps païens), et la nouvelle « nativité » le présentait avec sa petite-fille la Vierge des neiges au lieu de Joseph et Marie, parfois avec le « garçon du Nouvel An » à la place de Jésus. Les cartes de Noël représentaient souvent Ded Moroz chevauchant aux côtés d’un cosmonaute soviétique dans un vaisseau spatial blasonné avec un marteau et une faucille.

    De telles images semblent ridicules de nos jours, mais la volonté de détruire les traditions fait partie intégrante des mouvements sociaux radicaux à travers l’histoire. Pensez aux révolutionnaires français qui ont remplacé le calendrier chrétien, allant jusqu’à renommer les mois et les jours de la semaine afin d’éviter toute référence possible au christianisme .

    Et les Soviétiques n’étaient pas les seuls à avoir un problème avec Noël. Les puritains de Boston au XVIIe siècle s’y opposèrent avec véhémence. Un « avis public » de l’époque proclamait :

    « La célébration de Noël étant considérée comme un sacrilège, l’échange de cadeaux et de salutations, vêtir de beaux vêtements, l’organisation de festins et autres pratiques similaires sataniques sont par la présente interdits avec le délinquant, passible d’une amende de cinq shillings. »

    Un groupe détestait Noël parce qu’il était religieux, et l’autre le détestait parce qu’il était irreligieux. L’histoire et la nature humaine sont pleines de paradoxes.

    Quant aux Soviétiques, ils ont fini par adoucir leur position. En 1935, Pavel Postyshev, le dirigeant du Parti communiste, écrivit un éditorial dans la Pravda qui se moquait de la faction extrémiste anti-Noël. Il déclarait que les coutumes de Noël devraient être ramenées pour le plaisir et le bénéfice des enfants. Il va sans dire que pour les enfants l’objectif était toujours de les rendre serviteurs obéissants de l’État. Après la chute de l’Union soviétique en 1991, Noël devint populaire à nouveau.

    Tout cela montre que si vous pouvez lutter contre les traditions, vous ne pouvez pas les détruire complètement. Elles peuvent être cachées, en sommeil, mais une fois les restrictions levées, elles jailliront de nouveau. Et tout régime qui tente de remplacer le monde familier par un monde synthétique est fondamentalement en guerre avec l’esprit humain.

    Article paru initialement en 2016

    Sur le web

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      Joyeux Noël, de notre équipe à votre famille

      Contrepoints • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 25 December, 2020 • 1 minute

    joyeux Noël

    Par l’équipe de Contrepoints.

    joyeux Noël

    « Une lueur quotidienne d’espoir. » – Yann, de Nantes

    « Une bouffée d’air frais dans l’ambiance sectaire actuelle. » – Nadia de la région parisienne

    « Une source rafraîchissante d’opinions, d’analyses qui change ma vision du monde. » – Julien, d’Auvergne-Rhône-Alpes

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    Si vous le pouvez, couvrez vos proches d’amour et prenez soin de vous !

    — Toute l’équipe de Contrepoints

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      Noël, déformation mercantiliste ? Mais non !

      Guillaume Nicoulaud • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 25 December, 2020 • 8 minutes

    Par Guillaume Nicoulaud.

    Si vous lisez ces mots, c’est que la fin du monde n’a finalement pas eu lieu et que vous êtes désormais entièrement absorbés par l’affaire la plus urgente du moment : demain, ce sera Noël.

    Comme chaque année, vous allez donc vous trimbaler un sapin et passer des heures à ramasser ses aiguilles. Comme chaque année, vous allez vous farcir quelques heures de cuisine pour préparer ces figures culinaires imposées que vous mettrez plusieurs semaines à digérer. Comme chaque année, vous allez courir les magasins pour tenter de dégoter in extremis ce cadeau absolument indispensable que vous réclame votre petit dernier.

    Comme chaque année, enfin, vous allez devoir vous cogner le discours sentencieux du mauvais coucheur familial qui vous expliquera des heures durant que ces traditions païennes souillent la commémoration de la naissance du Christ ; que ces cadeaux ne sont que le signe de l’abject mercantilisme dans lequel baigne notre époque ; qu’en sacrifiant à ses coutumes factices, vous jouez le jeu du grand capital (mondialisé et néolibéral).

    En cette veille de Noël, je vous propose donc quelques petits éléments de mise au point.

    Ce fameux 25 décembre

    Ce 25 décembre, donc, toute la chrétienté fêtera la naissance de Jésus-Christ de Nazareth. Pourtant, il n’en fut pas toujours ainsi : Noël n’a été intégré au calendrier liturgique que tardivement, probablement entre l’édit de Milan (313) par lequel Constantin accordait la liberté de culte à ses sujets et 354, sous le pontificat de Libère, date à laquelle une première célébration de la nativité est attestée.

    Naturellement, le 25 décembre n’a que très peu de chance (1 sur 365) d’être la véritable date d’anniversaire du Christ puisque rien, ni dans les écritures ni ailleurs, ne nous permet de dater précisément, fût-ce à un an près, cet événement. Néanmoins, si cette date n’est que pure convention, elle ne doit rien au hasard : avant de devenir la date de naissance symbolique du Christ 1 , le 25 décembre c’était le dies natalis solis invicti , le jour de naissance de Sol Invictus, le soleil invaincu devenu sous le règne d’Aurélien la divinité principale de l’empire.

    Désormais autorisée et même activement soutenue par le pouvoir impérial, la jeune Église n’avait de cesse que concurrencer les cultes païens ; c’est probablement 2 pour cette raison que le dies natalis de Sol Invictus est devenu le dies natalis du Christ ; le Natale italien.

    Mais si la date de Noël s’impose si facilement dans l’empire, ce n’est pas tant grâce au dieu de synthèse d’Aurélien 3 car le 25 décembre, dans le calendrier julien 4 , c’est le lendemain du solstice d’hiver, le moment où les jours recommencent à rallonger, un événement déjà fêté depuis la nuit des temps dans de nombreuses cultures et notamment celles de l’Europe pré-chrétienne comme les celtes et les peuples germaniques qui célébraient ce même jour la fête de Yule. Notre Noël dérive ainsi très probablement du neue helle germanique, la « nouvelle lumière », le moment où le Soleil gagne sur les ténèbres, la promesse d’une nouvelle année, de nouvelles récoltes, la vie qui poursuit son cours.

    Noël est une extraordinaire collection de symboles païens. L’habitude de se réunir en famille autour d’un bon repas, les chants et les histoires que l’on raconte aux enfants sont des traditions bien antérieures à la christianisation de l’Europe.

    Ce sapin qui trône dans votre salon a très probablement des origines celtiques ; c’était autrefois un épicéa que nos lointains ancêtres décoraient de pommes, de blé, de guirlandes de gui et couronnes de houx.

    De même, bien avant qu’elle ne devienne un dessert, on avait coutume, ici comme en Scandinavie, de faire brûler une grosse bûche durant toute la veillée du solstice d’hiver.

    Enfin, bien sûr, on ne peut pas évoquer Noël sans parler de ce sympathique barbu qui, pour on ne sait quelle obscure raison, s’obstine à gâter nos têtes blondes.

    De qui Père Noël est-il le nom ?

    On ne sait pas qui il est celui-là. La seule chose dont on soit à peu près sûr, c’est qu’il est le résultat de la fusion, opérée au début du XIXe siècle aux États-Unis 5 , entre le Father Christmas anglais et Saint Nicolas européen.

    Le premier, s’il a donné son nom à notre Père Noël, n’a eu que très tardivement pour fonction d’offrir des cadeaux aux enfants ; il est apparu au début du XVIIe siècle, vieux bonhomme bien nourri et vêtu d’une houppelande verte, et n’était rien de plus qu’une personnification de l’esprit festif de Noël.

    Les origines de Saint Nicolas, en revanche, sont mieux connues : c’est Nicolas de Myre, un évêque de l’actuelle Turquie, qui fut convoqué par l’Église pour devenir le protecteur des enfants et, accessoirement, le distributeur officiel de cadeaux du 6 décembre. Son nom, Sinter Klaas en vieil hollandais, est devenu Santa Claus aux États-Unis avant de fusionner complètement avec Father Christmas .

    Or voilà : si, lors de la christianisation des peuples germaniques et scandinaves, l’Église a ressenti le besoin d’invoquer Nicolas de Myre, ce n’est sans doute pas sans raison. C’est certainement qu’il y avait, là aussi, une tradition païenne à christianiser ; une tradition qui impliquait qu’un personnage aussi invisible que mythique distribue des cadeaux aux enfants. Nous entrons ici dans le domaine de la conjecture et, n’ayant aucune prétention en matière historique, je vais me contenter de vous raconter un conte ; un conte de Noël, cela va de soi.

    Il y a bien longtemps, avant que l’Europe ne devienne chrétienne, les mortels comme les dieux d’Ásgard avaient coutume de célébrer dignement la nuit du solstice d’hiver, la fête de Yule. C’est cette nuit qu’Odin, « père de Yule », choisissait pour traverser le Bifröst et, chevauchant Sleipnir, son fier destrier à huit pattes, il parcourait le ciel en chassant 6 .

    Naturellement, les prouesses de l’animal – qui pouvait voler et parcourir d’immenses distances en un rien de temps – avaient vite fait de l’épuiser ; il fallait donc le nourrir. Sachant cela, les enfants avaient pris l’habitude de remplir leurs chausses de carottes et de blé à l’attention de Sleipnir et de les déposer près de l’âtre avant d’aller se coucher. Toujours selon la légende, Odin, sensible à cette délicate attention, ne manquait jamais de les remercier en remplaçant ces victuailles par des friandises et des cadeaux.

    Qu’avons-nous là ? Un vénérable barbu (« longue barbe » est un des nombreux noms d’Odin), manifestement d’origine nordique (vous admettrez avec moi que le traineau de notre Père Noël et sa houppelande y font penser au moins un peu), qui chevauche un cheval (comme Saint Nicolas) à huit pattes (comme les huit rennes du Père Noël) qui a la faculté de voler et qui passe la nuit de Noël à distribuer des cadeaux (comme le Père Noël) aux enfants qui ont eu la gentillesse de nourrir sa monture (comme Saint Nicolas). Le moins que l’on puisse dire c’est que notre sympathique petit papa Noël entretient quelques similitudes frappantes avec le maître d’Ásgard.

    L’esprit de Noël

    Quoi qu’il en soit – et ça c’est une certitude – cette habitude qui veut que nous offrions des cadeaux à nos enfants le jour du solstice d’hiver n’a rien d’une déformation mercantiliste de Noël ; elle lui est, de loin, antérieure.

    Ce faisant, à l’image de nos sapins et de nos bûches de Noël, nous ne faisons que perpétuer les traditions séculaires de notre vieille Europe. Pensez-y quand vos monstres surexcités ouvriront leurs cadeaux : même si vous n’êtes pas chrétien, même si vous ne vénérez aucun dieu, ce que vous célèbrerez ce soir-là, en famille et au travers de la joie de vos enfants, c’est la vie qui continue.

    Joyeux Noël à toutes et à tous !

    NB : Celles et ceux qui utilisent un autre calendrier que celui de Rome – notamment nos amis orthodoxes – voudront bien me pardonner : ce texte est déjà trop long.

    Article initialement publié en décembre 2017.


    Sur le web

    1. Pour ce qui est de l’année, Denys le Petit s’est sans doute trompé de quelques années – même Benoît XVI l’admet volontiers.
    2. Il n’existe aucune certitude à ce propos ; bien que probable, cette interprétation reste sujette à débats.
    3. Sol Invictus a été créé de toutes pièces en reprenant des attributs d’Apollon et du dieu indo-iranien Mithra à qui il doit notamment sa date de naissance.
    4. Dans notre calendrier actuel, le solstice d’hiver a habituellement lieu entre le 21 et le 22 décembre.
    5. Profitons-en pour tordre le coup à une idée reçue : ce n’est pas Coca-Cola qui a inventé le Père Noël ni même la couleur rouge de sa houppelande. La firme d’Atlanta, dans sa campagne publicitaire de 1931, n’a fait qu’utiliser à son profit une iconographie déjà existante en privilégiant la couleur qui l’arrangeait le mieux.
    6. J’évoque Odin, Ásgard et le Bifröst sans vraiment vous en dire plus : si vous ne connaissez pas ces choses-là, demandez à n’importe quel gamin de 10 ans et il vous l’expliquera. Par ailleurs, si vous demandez comment un gamin à peine vieux d’une décennie peut connaître aussi bien la mythologie scandinave, c’est très simple : c’est grâce aux comics de Marvel et à Hollywood qui les a remis au goût du jour ces dernières années (ravages du capitalisme, édition culturelle).
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      Covid : quelques bonnes nouvelles en cette fin d’année

      Gérard Maudrux • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 25 December, 2020 • 3 minutes

    covid

    Par Gérard Maudrux.

    Plus de 120 000 patients ont été traités en phase précoce lors de la seconde vague, et Macron, Véran, Casteix et Salomon ne voient toujours rien, refusent de se pencher sur le traitement précoce du Covid. Ces patients traités n’existent pas, rappelez-vous Castex devant les députés : « je ne sais pas de quoi vous parlez » . Seuls les patients passant par la case hôpital les intéressent.

    120 000 patients, ce n’est pas moi qui le dis, mais la Sécurité sociale, publication téléchargeable ici . Si vous faites le décompte du surplus de consommation d’azithromycine dans le tableau ci-dessous, vous constaterez que près de 120 000 patients en ont reçu sur les trois derniers mois, sans compter les autres antibiotiques, hydroxychloroquine, ivermectine et autres thérapeutiques possibles.

    Périodes de 15 jours, de janvier au 22 novembre

    Il semble que de plus en plus de médecins ne suivent pas les consignes régulières de monsieur Salomon et toutes ces sommités médicales qui ne sont pas au contact des patients.

    Pourquoi « avec succès » ? La seconde vague, plus importante que la première, a conduit à moins d’hospitalisations et de passages en réanimation.

    Plus importante ? Le nombre de patients traités est indiscutable, le nombre de passages en réanimation est indiscutable, mais si nous sommes passés de 164 000 cas pour la première vague à 2 326 000 cas pour la seconde, ces chiffres ne permettent pas de comparer objectivement l’importance des deux vagues, car il dépend surtout du nombre de tests pratiqués.

    Par contre les taux de positivité, d’incidence et le R effectif, permettent peut-être d’en montrer l’importance, le taux de positivité étant huit fois plus important lors de la seconde vague, alors qu’il aurait dû l’être pour la première vague, puisqu’on ne testait que des malades positifs qui entraient à l’hôpital !

    Par contre, en ce qui concerne la mortalité, on peut constater que le résultat n’est pas à la hauteur : 30 000 morts pour la première vague, 30 000 morts pour la seconde. Ce chiffre n’a pas baissé. Peut et doit mieux faire.

    Il y a toutefois un chiffre à considérer : les décès en Ehpad représentaient le tiers des décès en première vague, sans doute près de la moitié en seconde vague. Le nombre de décès hors Ehpad semble donc avoir diminué, et d’après les renseignements que j’ai, s’il y a bien un endroit où on applique les consignes gouvernementales, c’est bien en Ehpad.

    Ces 120 000 malades traités, sachant que tous les témoignages de médecins qui traitent, sans aucune exception, font état de moins de 1 % d’hospitalisations, contre 10 % chez les non traités (nous ne parlons dans les deux cas que des symptomatiques, pas des positifs), cela fait 12 000 hospitalisations évitées, 1500 à 2000 réanimations évitées, 7 à 800 décès en moins.

    Médecins de France, ne démissionnez pas face à la maladie, traitez. Il n’y a pas de fatalité , et si vous êtes sceptiques, essayez au moins, et vous jugerez par vous-mêmes, c’est le meilleur moyen de vous faire votre propre opinion.

    J’en profite pour vous souhaiter de bonnes fêtes, et une idée de cadeau tout à fait d’actualité et qui fera très plaisir : quelques boîtes d’azithromycine, d’ivermectine ou d’hydroxychloroquine, surtout pour papi et mamie, à mettre sous le sapin, afin de ne pas finir dans le sapin.

    Sur le web

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      Noël en 1870 : une lugubre célébration pour Paris assiégé

      Gérard-Michel Thermeau • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 25 December, 2020 • 9 minutes

    Noël

    Par Gérard-Michel Thermeau.

    Noël en 1870 tombe un dimanche. Paris est assiégé par l’armée allemande depuis 100 jours. Il fait excessivement froid. Ce froid exceptionnel dure depuis plusieurs semaines. Au 25 décembre le sol est tellement dur que le travail des tranchées est arrêté.

    Finalement, Noël 2020 n’est peut-être pas le pire qu’ait connu notre pays. Il y a 150 ans, nos compatriotes avaient bien des sujets de se lamenter.

    Noël en 1870 : pas une priorité

    Pour les journaux parisiens, en tout cas, Noël n’est guère la priorité. Ce 25 décembre n’est jamais qu’un jour de guerre parmi d’autres. « Qui songe aux brimborions à l’heure qu’il est » lit-on dans Le Siècle (27 décembre 1870).

    Les colonnes de la presse sont presque entièrement occupées par les informations militaires. Paris connait seulement depuis peu les détails des opérations militaires du début du mois de décembre. Depuis que la France a perdu ses deux armées organisées, l’une encerclée à Sedan avec Napoléon III et l’autre livrée par Bazaine à Metz, les Français ont tenté d’éviter l’inévitable.

    Paris, qui subit depuis le 20 septembre 1870 un siège, est devenu le pôle central de la guerre.

    Paris assiégé depuis 100 jours

    Le gouvernement provisoire, aux mains des républicains, a tenté de lever des milices armées dans l’esprit de l’an II. Gambetta n’a cessé de payer de sa personne. Tous ses efforts tendant vers le même but, secourir la capitale. À la surprise des Allemands, une armée de la Loire s’est constituée, marchant sur Orléans qui est libérée le 10 novembre.

    Ce succès éphémère se révèle vite illusoire. Les combats de Patay et Loigny, le 2 décembre 1870, remettent les pendules à l’heure. Dès le 5 décembre, Orléans est de nouveau aux mains des Allemands. L’armée des mobiles s’est brisée sur la puissance de feu d’une armée de métier.

    La délégation du gouvernement provisoire, d’abord réfugié à Tours, a du gagner Bordeaux plus sûr. Six cents kilomètres séparent les deux capitales, une bien longue distance pour des pigeons voyageurs saisis par le froid.

    Tout espoir de libérer Paris s’est évanoui. Les Prussiens ont choisi d’abord l’usure comptant sur la famine pour réduire la ville. Trochu se révèle parfaitement passif, l’armée de Paris se contentant de quelques sorties totalement inutiles. Le général ne croit pas à la réussite d’une percée et considère la capitulation inévitable. Mais il garde cette pensée pour lui et tient en public un discours de fermeté.

    Fêter Noël en 1870 : 25 grammes de beurre par tête

    Depuis le début du mois de décembre, la situation s’est beaucoup dégradée pour les Parisiens avec la hausse des produits alimentaires. Sans doute les boucheries ont-elles délivré le jour de Noël un peu de viande de bœuf, et non de cheval, et un peu de beurre demi-sel, 25 grammes par tête. Un luxe par les temps qui courent.

    Le Figaro du 27 décembre, bien loin de ses anciennes préoccupations mondaines, s’intéresse à la « chasse aux aliments » : « Pour tout le monde, la halle est déserte. […] le céleri lui-même est devenu une rareté […] la volaille de plus en plus rare est aussi de plus en plus cher. Les oies et les dindons atteignent des prix fabuleux : de 80 à 90 fr. et ils sont mauvais. »

    Et ce n’est pas le confinement mais le dénuement généralisé qui tue le secteur de la restauration : « Le nombre de restaurants diminue chaque jour et les meilleures maisons se demandent le jour si elles ouvriront le lendemain. »

    L’Univers (26 décembre) sous la plume du farouche polémiste catholique Louis Veuillot, ironise : « Dans les dix ou douze articles dictés par la sanglante Noël de 1870, il apparaît surtout un vif regret de tant de boustifailles supprimées. »

    Non seulement on ne peut plus bouffer mais on se gèle. Il n’y a plus ni gaz, ni charbon et le bois se vend à prix d’or.

    Noël en 1870 : le Noël de César

    Le Journal des Débats constate amèrement dans son numéro du 26 décembre sous la plume de Louis Ratisbonne :

    « Aujourd’hui est né Celui que le monde a appelé le Sauveur du monde, et qui devait réunir les hommes dans un fraternel embrassement. Quel rêve et quelle distance du rêve à la réalité ! […] Il a dit deux paroles : « Charité et fraternité » qui sont tombées sur la terre comme deux gouttes de lait ; mais elles sont tombées sur la pierre dure, et le sang a continué de couler. Depuis le premier Noël, il faut même citer à l’actif de la civilisation un merveilleux progrès dans l’art de le verser par torrents. »

    On se console comme on peut. Le républicain radical Camille Pelletan dans Le Rappel du 26 décembre écrit :

    « Noël ! Pour les chrétiens, c’est une nouvelle année qui s’ouvre. Pour huit cent mille Allemands, elle nait froide, sur une terre gelée, sans abri, loin du pays, au milieu des balles qui sifflent et des obus qui éclatent. »

    Eh bien, il sera gai leur réveillon

    Le royaliste Francisque Sarcey dans Le Gaulois du même jour est dans la même tonalité. Pour lui, Noël en 1870 doit être le « Noël de la patrie ressuscitée » :

    « La voilà donc arrivée cette fête de Noël que les Allemands avaient marquée comme le dernier terme de la guerre. Ils avaient d’abord parlé de la célébrer chez eux, dans leur famille : ils avaient ensuite rabattu de leurs prétentions. C’était chez nous, à Paris, qu’ils se promettaient de faire réveillon, en joyeux réveillon, disent les chansons soldatesques que nous avons confisquées dans la giberne des morts.

    Eh bien ! Il sera gai leur réveillon.

    Tandis que leurs femmes pareront mélancoliquement l’arbre de Noël, en l’absence du père, du mari, du fiancé ou du frère, et que les enfants tout tristes demanderont à la mère : Où est donc papa ? Et que fait-il ?

    […] Nous non plus notre réveillon ne sera pas, cette année, animé de la joie bruyante qui en est la compagne ordinaire. Le dindon traditionnel manquera sur nos tables, et les chants des soupers n’éveilleront point le deuil de la nuit.

    […] En ce jour où naquit celui qui devait enseigner au monde que tous les hommes sont frères, nous pouvons, nous du moins, nous rendre ce témoignage que nous subissons une guerre aussi injuste qu’elle est cruelle ; que nous avons désiré, la paix ; que nous l’avons même demandée, et que nous ne continuons de nous battre que parce qu’un ennemi impitoyable nous a fait des conditions incompatibles avec notre honneur. »

    Noël en 1870 : l’arbre de Noël est allemand

    Il est vrai que, côté allemand, l’enthousiasme est bien retombé avec cette guerre qui n’en finit pas. Noël en 1870 est bien triste pour les centaines de milliers de soldats allemands qui ne bénéficient pas du menu réservé à leurs officiers. Le siège de Paris et la levée par Gambetta d’armées peu efficaces mais bien irritantes, au nord, à l’est, au sud de la Loire, ont assombri Moltke.

    Le siège de la capitale française n’avait pas été prévu par l’état-major allemand. Pour pouvoir bombarder cette ville défendue par des fortifications, il faut acheminer difficilement et de loin d’énormes canons. Le bombardement n’aura pas lieu avant le début du mois de janvier.

    Le Constitutionnel du 25 décembre 1870 nous rappelle combien Noël, tel que nous le célébrons aujourd’hui, était à l’époque une particularité allemande ou alsacienne :

    « C’est ce soir la Weinachten, dit l’Avenir national, la fête si chère à l’Allemagne. Cette nuit, l’arbre de noël, resplendissant de lumières, orné de devises, de rubans, de fruits, de bonbons, de toutes les joies de l’enfance, abritera sous ses branches les cadeaux, les surprises que parents, enfants, amis, se ménagent les uns les autres avec un soin jaloux ; mais un voile de tristesse assombrira cette fête du foyer domestique, cette véritable fête nationale de l’Allemand, qui malgré son origine religieuse, confond dans un même sentiment les chrétiens de toutes sectes et jusqu’aux juifs eux-mêmes. »

    Dieu est décidément allemand

    Le même  journal ajoute :

    « Parisiens, devenus soldats, fêtons aussi Noël à la façon qui nous sied aujourd’hui, c’est-à-dire en prenant l’anniversaire de la naissance du Christ pour la date de notre résurrection de patriotes, de citoyens et d’hommes libres ! Que le ciel exauce ce vœu qui doit être le vœu de tous : dans les sabots de Noël du Paris de 1870, que Dieu mette la victoire ! »

    Mais le Ciel resta sourd aux prières des Français. Ce diable de Bismarck avait mis tout le monde dans sa poche, y compris le Bon Dieu.

    Soutenons le petit commerce

    Pour sa part, Le Petit Journal du 26 décembre 1870 se veut digne en ces temps difficiles :

    « Que Paris célèbre dignement la fête de Noël en s’inspirant de la gravité des circonstances. Donnons aux nécessiteux, consolons les affligés, soignons les malades et prions pour tous. »

    Pratique, le même journal consacre un entrefilet aux étrennes :

    « Ne privons pas les enfants et les serviteurs de leurs étrennes. On donne du travail aux ouvriers et aux ouvrières qui fabriquent des jouets, on fait faire de petits bénéfices aux marchands déjà très éprouvés, et on ne prive pas les enfants de leurs joies habituelles et les serviteurs et les employés d’un supplément de ressources bien nécessaires en ce moment. »

    Voilà qui sonne bien d’actualité en ce Noël 2020 . Et relativise nos petits malheurs actuels.

    Joyeux Noël, malgré tout…

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      À Noël, comment parler à votre belle-sœur pathologiquement naturophile ?

      Auteur invité • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 25 December, 2020 • 12 minutes

    naturophile

    Par David Zaruck.
    Un article de Risk Monger

    Nous en avons tous. Ce beau-frère ou cette belle-sœur naturophile très actifs sur les réseaux sociaux. Vous avez accepté sa demande amicale par devoir familial, en likant poliment les photos de réunions de famille étiquetées, tout en essayant de ne pas vous engager dans ses discours conspirationnistes contre la technologie, la science, l’industrie et l’alimentation.

    Ma belle-sœur Rachel (nom modifié pour protéger l’innocente… vraiment innocente) est un spécimen fascinant que j’étudie non seulement comme un cas de naturophilie pathologique radicale, mais que j’utilise aussi comme ressource pour trouver de nombreux sites d’activistes que je ne pourrais jamais trouver seul.

    Je m’émerveille de la facilité avec laquelle Rachel peut recommander des « solutions » scandaleuses préconisées par des gourous pour lutter contre des maladies inexistantes.

    Des millions d’adeptes suivent ces sites, inconnus du monde scientifique, qui proposent un supplément à base de jus de citron, mais utilisé de manière beaucoup plus efficace, pour traiter le cancer , des comprimés de machin-chose oxygéné qui éliminent les résidus de glyphosate qui engorgent apparemment vos cellules et des cocktails potentiellement mortels pour lavements afin de soigner l’autisme. Pour le visionnage du flot continu de documenteurs activistes lobotomisants, produits avec une handycam, il n’y a pas assez d’heures dans la journée.

    Rachel a été conditionnée à attaquer toute personne qui conteste les solutions simplistes de sa tribu. La plupart des flux de ses réseaux sociaux témoignent de la rage des invectives d’un collectif de personnes vulnérables et manquant d’assurance. Leurs réponses sont simples : ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sont stipendiés par Monsanto (c’est la formule abrégée pour désigner toute organisation industrielle qui parvient d’une manière ou d’une autre à contrôler chacun des scientifiques et chacun des représentants du gouvernement).

    Rachel pense que ces larbins se lèvent tous les matins et ont pour seul objectif d’empoisonner les bébés et de polluer la planète. Toute personne ou organisation qui conteste sa communauté de naturophiles est vendue et ses articles ou preuves scientifiques sont sans importance . Il y a des faits alternatifs et, s’agissant des éventuelles conséquences négatives de ses solutions (famines, dissémination de maladies et de virus, dégradation de l’environnement…), ce sont des fabrications alarmistes qui ne se produiront tout simplement pas.

    Alors que j’ai mis Rachel en quarantaine sur les réseaux sociaux (et la remercie timidement pour ses conseils sur mon emploi du temps), comme beaucoup d’autres rationalistes, je devrai supporter un dîner de Noël en famille avec une naturophile déchaînée.

    Chaque année, cela semble empirer à mesure que Rachel poursuit le « programme en dix points » pour se libérer du monde destructeur dirigé par la science conventionnelle (article à venir sur ce sujet). Elle progresse vers le statut de gourou assistante et développe sa propre communauté de disciples.

    Les enfants ont été encouragés à acquiescer poliment et à ne pas entamer de conversation avec Tatie Rachel. Je crains que cette année, je ne sois pas capable de tenir ma langue. C’est à son tour d’accueillir le dîner de famille et je dois choisir le vin.

    S’il te plaît, passe-moi la farce bio sans gluten

    Avec mon épouse, je plains souvent son frère qui semble avoir mis une sourdine au « travail de jour » de Rachel et discute rarement de son « travail missionnaire » favori. Comme une grande majorité de personnes, il ne sait rien de ces problèmes et ne s’en soucie pas, ne lit pas les étiquettes de ce qu’il trouve dans le frigo et a appris à acquiescer de la tête lorsque Rachel brasse du vent.

    Pendant les dîners, il est plutôt content lorsque le sujet passe au football. Rachel ne s’intéresse pas au football et utilise ce temps pour recalibrer et classer les arguments qu’elle veut placer lors de la prochaine « conversation ».

    Rachel en sait un peu sur moi, elle a partagé des détails personnels dans sa communauté et estime qu’il faut m’« informer ». Ne pas être d’accord avec moi ne lui suffit pas, il faut me contraindre à être d’accord avec les fanatiques. Alors, comment puis-je gérer Rachel à la table du dîner ?

    Une conversation typique commencerait par ceci :

    « Alors… David, est-ce que les gens lisent encore ton petit… hum… blog ?
    Pourquoi, Rachel ? Oui, j’ai passé une très bonne année.
    J’ai entendu dire que tu as été viré de ton université. Eh bien, n’est-ce pas quelque chose ? Je suppose que c’est une bonne leçon pour toi et pour arrêter de te vendre à Monsanto. Je sais qu’ils te paient bien, mais il est clair que le monde universitaire a compris qu’il vaut mieux ne pas soutenir ceux qui ne s’intéressent qu’à empoisonner le monde. Ils ont certainement reconnu à quel point l’agro-écologie est la seule voie à suivre. Tu dois avoir tellement honte… »

    À ce stade, ma réponse dépendra du nombre de verres de vin biologique que j’aurai bus.

    Mais ces conversations ne finissent jamais bien. Rachel m’a catalogué comme une menace, comme un indésirable, une personne sans laquelle son monde se porterait mieux. Me faire enrager est son objectif. Comme elle n’a aucun respect pour moi, elle ne réfléchirait pas deux fois avant de m’insulter ou de trouver un moyen de me blesser. Cela lui donne un but.

    Alors, comment devrais-je parler à ma belle-sœur naturophile ce Noël ?

    Personne ne peut vraiment « parler » à une fanatique, mais lors de mes interactions, il y a certaines astuces que j’ai apprises (et beaucoup d’autres qui ne fonctionnent pas). Alors, voici les choses à faire et à ne pas faire pour gérer votre belle-sœur pathologiquement naturophile en cette période de Fêtes.

    Ce qu’il faut faire

    • Tout argument doit être percutant . Comme je l’ai démontré avec « Les 20 principales raisons de ne pas nourrir votre famille avec des produits biologiques » ( ici et ici ), un fanatique peut argumenter sans cesse contre un seul point avec suffisamment d’énergie ou d’enthousiasme pour décourager même l’âme la plus heureuse à Noël. Mais si je submerge Rachel de points, elle peut décider d’ignorer la conversation et se murer dans le silence.

    Par exemple, si vous parlez des problèmes de l’agriculture biologique , assénez-lui toute la gamme des problèmes : faibles rendements, utilisation des terres, études concluant à l’absence de différence de goût ou d’avantages pour la santé, érosion des sols par le labour, menaces pour la sécurité alimentaire mondiale, pression mise sur les écosystèmes pour la production de pesticides naturels, astuces du marketing de détail, problèmes croissants de fraude et de contrefaçon. Commencez par dire : « J’ai dix problèmes avec les aliments biologiques » ; alors elle pourrait bien vous laisser finir une phrase.

    • Parlez en termes contextuels plutôt que numériques (pas de niveaux de dose, mais des expositions concrètes). Rachel est illettrée numériquement (elle achète des billets de loterie pour essayer de payer sa dette de carte de crédit). Ainsi, quand elle dit que les céréales pour petits-déjeuners sont « bourrées » de pesticides ou que les Cheerios sont « aspergés » de glyphosate, ne lui donnez pas le nombre de parties par milliard, mais dites-lui qu’elle devrait manger 4000 boîtes par jour pour être exposée à un risque insignifiant.
    • Reconnaissez que Rachel a désespérément besoin de se sentir bien dans sa peau. Une personne naturophile est souvent vulnérable et affiche ses vertus dès que l’occasion s’en présente. Montrez-lui d’autres façons d’être une bonne personne qui n’impliquent pas la destruction révolutionnaire de la chaîne alimentaire, l’abandon du mix énergétique ou l’élimination de l’industrie pharmaceutique. L’appeler « zélote sans cœur » ne fera qu’activer son système de défense.
    • Parlez à l’aide d’exemples plutôt que de faits ou de définitions. « Un ami qui a subi une chimiothérapie il y a dix ans et qui est en bonne santé maintenant », c’est mieux que d’essayer d’expliquer comment la médecine conventionnelle traite le cancer. Posez-lui des questions sur les personnes qu’elle connaît personnellement qui ont « extirp é » leurs tumeurs avec du jus de citron.
    • Jouez pour le positif, pas pour la victoire. Une fois, j’ai parlé avec Rachel pendant dix minutes sur les avantages environnementaux de l’agriculture de conservation. Je l’ai fait en n’essayant pas de marquer des points et en évitant de la faire passer en mode défensif. Nous nous sommes mis d’accord sur la manière dont les pratiques de culture sans labour enrichissaient la biodiversité, la rétention d’humidité et la santé des sols tout en réduisant l’érosion, les émissions de diesel et les eaux de ruissellement.

    Nous avons discuté de la façon dont les cultures de couverture complexes réduisent le besoin en engrais de synthèse et sont même capables d’inoculer le sol pour prévenir des menaces potentielles pour les cultures à venir. Rachel a été tellement impressionnée par ma « conversion écologique ».

    J’ai décidé de la laisser rentrer chez elle et comprendre par elle-même pourquoi le glyphosate est essentiel à ce processus.

    • Écartez des sujets de la conversation en disant simplement : « Bien, ça va Rachel, mais j’ai des faits différents. » Rachel pense qu’il y a des faits alternatifs. Par conséquent, à moins qu’elle ne se sente mûre pour une bataille, elle pourrait simplement passer à un autre sujet, comme la rougeole de son fils avec des suppléments.

    Ne vous embêtez pas avec les choses suivantes :

    • En appeler à des scientifiques ou à des institutions renommés (dans le monde de Rachel, ils ont tous été « achetés et payés » par l’industrie).
    • Montrer la différence entre un risque et un danger (pour les naturophiles, tous les dangers sont des risques et il n’est pas possible de faire confiance aux mesures de prévention ou d’atténuation de l’exposition).
    • Mettre en garde sur les conséquences de ses idées au niveau de la politique mondiale. Rachel a été conditionnée à penser que ses intérêts sont plus importants et que ceux qui sont en désaccord sont alarmistes. Elle a été rassurée sur le fait que rien de grave ne vient de la nature.
    • Arguer que Rachel est illogique ou irrationnelle. Les peurs émotionnelles peuvent résister à un large éventail d’incohérences ou d’hypocrisie. Rachel va juste te percevoir comme prétentieux.
    • Les injures. Rachel, comme tous les fanatiques, adore se vautrer dans la boue et vous ne ferez que confirmer son parti pris quant au fait que les scientifiques sont affreux et intolérants.
    • Essayer de l’éduquer. Rachel manque de capacité d’écoute et attend poliment que je termine ma phrase avant de balancer des factoïdes, des faits alternatifs , par exemple sur les ingrédients d’un vaccin. Vous ne la convertirez pas et vous ne ferez qu’attrister votre conjoint.

    Et surtout, ne vous énervez pas si elle vous insulte, vous ou votre travail. Une personne vulnérable lutte contre l’insécurité au sein d’une tribu de réseaux sociaux en construisant des murs et en transformant des valeurs en armes. Rachel se sent menacée par ce que vous dites et ce que vous faites et ne comprend pas que vous ne compreniez pas à quel point votre monde est terrible.

    D’une manière tordue, elle se soucie de vous et veut que vous changiez vos habitudes. Lorsqu’un zélote fait face à une menace (un mal), le respect et la dignité sociale sont secondaires.

    Dans la tête d’un zélote

    Rachel offre également une opportunité intéressante d’entrer dans l’esprit d’un fanatique. Il y a quelques années, j’ai écrit sur le sujet de l’ éthique du zélote : comment ces gens machiavéliques se placent à un niveau supérieur et ne ressentent plus le besoin de se conformer aux vertus conventionnelles comme l’honnêteté et le respect. À l’heure actuelle, ma série SlimeGate examine à quel point les choses peuvent être terribles avant qu’un fanatique ne s’oppose à ceux qui font campagne autour d’eux.

    Les activistes qui haïssent Monsanto semblent disposés à plonger dans l’hypocrisie pour gagner leur bataille, acceptant de travailler avec des avocats spécialisés dans le sordide, des scientifiques menteurs, des parasites avides, des lobbyistes manipulateurs et des scientologues. Je n’ai pas encore trouvé le fond qui me permet de savoir jusqu’à quel point un fanatique peut tomber pour lutter contre une menace. Je me demande si, cette année, Rachel sera capable d’accepter certains points d’intégrité.

    Les réseaux sociaux ont créé une toute nouvelle race de zélotes. Ils ne sont pas simplement motivés par une croyance ; ils ne sont pas simplement motivés par une émotion religieuse ; ils n’enterrent pas simplement leur vulnérabilité au sein d’une tribu cultuelle dirigée par un gourou ; il y a certainement quelque chose de plus.

    Les fanatiques naturophiles cornaqués par les réseaux sociaux sont des ségrégationnistes (d’une manière bien plus vile que ce que l’humanité a connu dans les années 1960). Ce que Rachel veut vraiment, c’est séparer son monde du mien… et ensuite éliminer le mien. Elle a isolé son monde en bloquant tous les flux d’informations contrariants – ces informations n’existent plus. Les faits n’ont jamais compté.

    Article initialement publié en décembre 2018.

    Sur le web – Traduction par André Heitz de How to Talk to your Naturopath Sister-in-law at Christmas .

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      2020 : retour sur une année ubuesque

      Paul Touboul • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 25 December, 2020 • 10 minutes

    2020

    Par Paul Touboul.

    Jamais l’ambiance dans notre pays n’a été plus délétère. Une chape de plomb s’est abattue sur la population, lui faisant inhaler un air raréfié et à peine respirable. Nous voilà réduits à l’état de moutons sommés par Big Brother de suivre un troupeau fatigué, de plus en plus indocile mais qui en dépit de la grogne de quelques-uns continue de s’en remettre aux injonctions d’En-Haut.

    Les messages restent les mêmes. Il (l’adversaire) est toujours là parmi nous, prêt à en découdre de nouveau. Il rôde, avide de s’emparer de nous, pauvres humains, à la moindre inattention. Sachons nous protéger et les recommandations pour ce faire nous sont répétées ad nauseam .

    Chaque jour des chiffres tombent : nombre de morts dont l’affichage pour avoir plus de poids remonte jusqu’à des débuts lointains qui furent meurtriers, et surtout maintenant chiffrage de ceux nouvellement atteints et en situation d’incertitude. Ces derniers sont censés traduire le niveau de présence et d’agressivité de l’ennemi.

    2020, une guerre étrange

    Et cet ennemi, nous n’en avons toujours pas fini avec lui. Cela fait dix mois que la guerre dure . Guerre étrange à vrai dire. Il nous faut reconnaitre que, sourds à moult avertissements, nous ne l’avions pas prise au sérieux. Face à une impréparation coupable, le choc initial a été d’autant plus meurtrier. L’adversaire s’en est donné à cœur joie, mettant à jour des faiblesses honteusement dissimulées.

    Quoi ? un pays moderne comme le nôtre incapable de s’offrir des structures de soins dignes de ce nom ? il a bien fallu se rendre à l’évidence. Nous avons été battus à plate couture. Il ne nous restait plus qu’à attendre piteusement la fin de l’orage et à compter les morts. Le temps des remises en cause devait arriver : on l’attend toujours .

    Masques inutiles, tests de dépistage pas nécessaires, autant d’affirmations émises à cette époque et qui n’ont jamais eu de démenti. Aucun traitement ne s’impose en cas d’atteinte : autre vérité officielle assénée au forceps en usant des procédés les plus vils pour exclure la contestation de clercs. Il fallait face au drame rester blancs comme neige.

    Un adversaire hors du commun

    Alors comment, pour nos gouvernants, redorer leur blason après une capitulation en rase campagne ?

    D’abord, diffuser l’image d’un adversaire hors du commun, capable de mille et un détours pour relancer l’assaut. L’affaire n’est donc pas finie. Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre.

    Puis, mettre en route une traque de l’ennemi, lequel, s’il sait bien se cacher, révèlera sa présence par des scuds capables d’atteindre certains d’entre nous. Et nous voilà repartis dans une guerre d’usure.

    Nos édiles déploient désormais, pour notre bien, une stratégie de combat face à un adversaire invisible dont on s’attache à prouver à toute force la permanence et la dangerosité. Il a donné heureusement signe de vie en octobre en tentant un assaut qui a fait plus de peur que de mal.

    Il n’empêche : le danger reste bel et bien là. Le gouvernement se voit conforté dans son entreprise de protection des Français.

    Le citoyen est plus que jamais impliqué. Il y va de son bien. Son adhésion est d’autant mieux obtenue qu’il est, depuis, bombardé de messages alarmistes entretenant la peur d’un pire à venir. On flatte son esprit de responsabilité. De notre capacité à obéir aux injonctions faites pour le bien de tous, dépend la solution.

    Rester le plus possible chez soi, sortir masqué tant que le danger menace, bars, restaurants, lieux de plaisir fermés, voilà de quoi décourager les infiltrations ennemies. La confrontation est impitoyable. Nous saurons patienter avec la plus grande fermeté. Citoyens, nous dit-on, rassemblez-vous derrière un pouvoir prêt à payer un prix élevé pour protéger notre santé. La situation est inédite.

    L’idée grandiose d’un combat planétaire pour la sauvegarde de l’humanité s’insinue dans les esprits. Aux armes ! frères humains, la lutte sera longue et rude.

    L’absence de remise en question

    Il y a pourtant ici et là des rumeurs discordantes. Dès la fin mai l’ennemi se serait retiré. Il ne persisterait que des escouades éparses, l’une d’entre elles ayant fait parler d’elle récemment. On nous dit même que ces combattants-là auraient perdu de leur agressivité. Il est vrai que depuis l’assaut de mars, il n’a plus été relevé de surmortalité. Ce bruissement discordant en est même venu très tôt à inclure la gestion de la guerre à ses débuts.

    Pourquoi ne pas avoir traité d’emblée les blessés et avoir attendu leur aggravation pour intervenir ? Pourquoi s’être privé d’un produit traditionnel peu coûteux, recommandé par des experts en marge du pouvoir, alors qu’a été acquis chèrement un médicament nouveau, peu efficace 1

    ?

    Le confinement lui-même, faute de preuve véritable, est mis en question. Puis le port de masques. Autrement dit une dissidence voit le jour, qui tente de faire entendre sa voix, mais rencontre de plus en plus d’obstacles dans son accès aux médias. Après tout, comme l’a dit notre président, nous sommes en guerre et l’union sacrée est de mise.

    Dans ce contexte la moindre opposition a un relent de complot. Alors, bas les critiques ! sinon, gare !

    2020, la démocratie en sommeil

    On aimerait pourtant que la situation, par sa dangerosité, justifie les sacrifices consentis. Or on ne nous tue plus. Bien sûr l’avenir n’est pas prévisible. Mais pour l’instant il n’y pas de quoi s’affoler, loin de là. On sent que l’armada en face est en perte de vitesse.

    Allons-nous par crainte du pire continuer à nous tenir sur un pied de guerre ? Et à comptabiliser les touches de l’ennemi ? Mettre un pays à l’arrêt pour se défendre a toute chance d’avoir des effets pires que le mal que l’on combat. Et la solution de gilets pare-balles distribués à l’ensemble de la population, outre son coût, ne l’emporte pas sur celle d’attendre simplement que les tirs cessent faute de munitions.

    Devant tant d’obstination de la part de nos dirigeants, on en viendrait à se poser bien des questions. Mais en temps de péril, le débat est difficile, le gouvernement, garant de notre intégrité, a les coudées franches. Pour l’heure, la démocratie est mise en sommeil.

    2020, année ubuesque

    Vous l’avez deviné, derrière cette story des temps modernes, il y a bel et bien le reflet d’une saga vécue, la nôtre, en 2020 et qui n’a toujours pas dit son dernier mot. L’ennemi, un coronavirus, nouveau dans sa classe, a surpris par sa vitesse de diffusion et son angle d’attaque, choisissant les plus âgés ou malades comme cibles privilégiées, une histoire somme toute banale s’agissant d’un virus respiratoire. Puis, fin mai, la flambée a paru s’éteindre.

    Pourtant l’affaire a marqué les esprits au point de générer une inquiétude sans commune mesure avec un mal qui finalement avait un faible risque, moins de 0,05 % de mortalité. L’incertitude s’est alimentée de prédictions alarmistes quant à la pérennité du germe et sa capacité à générer dans un avenir proche une nouvelle vague épidémique. Et l’on a vécu dans cette attente, la peur au ventre .

    Tout a été fait pour entretenir un climat anxiogène à l’aide d’un chiffrage cumulatif des morts et d’un dépistage intensif des contaminés, pour la plupart, en fait, dénués du moindre trouble mais considérés néanmoins comme atteints d’un mal dangereux.

    Au final un jeu de cache-cache avec le virus, allant, pour s’en protéger, jusqu’au confinement général, et dont le prix social et économique dramatique l’emporte de loin sur l’intérêt d’en finir avec un virus plus redouté que réellement dangereux. Comprenne qui pourra.

    Le vaccin anti-covid

    Pour finir, l’homme a sorti de son chapeau la solution miracle, la réponse ultime pour protéger chaque citoyen : le vaccin anti-covid . Nous voyons enfin, nous dit-on, le bout du tunnel. Plus il y aura de vaccinés, et l’on commencera par les plus vulnérables, plus la barrière opposée au germe sera infranchissable.

    Qu’il soit argué que la covid-19, virus ARN, a déjà, depuis son apparition, été l’objet de plusieurs mutations, et que l’immunisation initiale peut ne pas protéger contre les variants, la doxa n’en a cure. Les interrogations liées à un vaccin pas comme les autres car issu du génie génétique et pour lequel n’existe aucun recul, sont également balayées. La grande aventure commence, prélude à la victoire finale.

    On se prend à penser que les géants de l’industrie pharmaceutique n’auraient pu rêver pareille aubaine. Vacciner la Terre entière pour éradiquer un virus sur le déclin mais qu’on continue d’affubler des pires intentions, c’est inédit et matière à méditer pour l’avenir. Mais fi de l’égarement, restons-en aux faits.

    Face à la déferlante vaccin, plus personne n’ose encore parler d’immunité collective produite par l’épidémie elle-même. Elle en a pourtant été de tout temps le facteur d’extinction. En l’occurrence l’augmentation du nombre de contaminés, loin d’être source d’angoisse et annonce de malheurs à venir, devrait plutôt inciter à considérer que se rétrécit jour après jour le champ de dissémination du virus.

    Alors, pourquoi cette manière de voir n’a-t-elle plus cours aujourd’hui ? Enlèverait-elle au combat mené sa dimension prométhéenne ? Ne pas être à la merci d’un comportement viral et plutôt lui imposer nos propres armes, telle semble être la réponse d’une certaine science moderne relayée par le monde politique. Et le coût de cette stratégie apparait exorbitant au regard d’un objectif douteux : celui de sauver des vies qui, dans leur immense majorité, ne sont pas menacées.

    Je dois dire que face aux discours actuels, les bras m’en tombent. Je suis consterné par la disparition de véritables discussions sur le sujet étayées d’arguments scientifiques. Et plus inquiet encore par les sanctions qui peuvent frapper mes pairs coupables de propos dissidents et donc inacceptables par le pouvoir. Aucune urgence sanitaire ne justifie, en démocratie, une chasse aux sorcières. Pourtant nous y sommes.

    J’y vois pour ma part la conséquence d’une gestion de crise chaotique par des édiles d’autant plus cassants voire intolérants qu’ils avancent dans le brouillard, s’arc-boutent sur une stratégie qui demande toujours plus sans la moindre gratification, et refusent, par vision autocratique de l’autorité, toute remise en cause.

    Les effets sur la société sont d’ores et déjà catastrophiques. Pourtant, autre sujet d’étonnement, les beaux esprits présents sur la scène médiatique ne s’en émeuvent pas outre mesure. Seul le sanitaire prévaut. Le vaisseau peut couler : l’équipage garde bonne conscience. Bienvenue chez Ubu roi.

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      L’avenir d’EDF se joue en Angleterre

      Greg Elis • ancapism.marevalo.net / Contrepoints • 25 December, 2020 • 7 minutes

    EDF

    Par Greg Elis.

    Le 14 décembre, le gouvernement britannique a donné suite à une demande d’EDF pour l’ouverture de négociations en vue de la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR. C’est un impératif pour le pays, mais aussi un pas capital pour l’avenir d’EDF et sa technologie des EPR.

    Si rien n’est encore acquis, ce projet, Sizewell C, présente trois caractéristiques intéressantes :

    • la confirmation de relance du constructeur français et de sa technicité,
    • un signe fort pour la COP 26 qui doit se tenir à Glasgow en 2021,
    • la participation directe du gouvernement britannique dans l’investissement.

    Alors que la France est partie pour attendre la mise en service de l’EPR de Flamanville (2024 ?) pour décider de la construction de nouveaux EPR, encore une fois messieurs les Anglais ont tiré les premiers. Longue suite avec Crécy, Azincourt, Trafalgar, Waterloo, Fachoda et Twickenham 2020 (après prolongations). Avec Hinkley Point en cours de construction, c’est 4 réacteurs à 0.

    Le contexte

    Les ambitions britanniques en matière d’énergies sont énormes, à l’échelle des besoins. Le gaz constitue la première source d’énergie et ses réserves sont aléatoires. La consommation d’électricité par habitant est l’une des plus faible d’Europe, de l’ordre de 5 MWh par an contre plus de 8 à l’Allemagne ou la France. Depuis quelques années, la Grande-Bretagne n’exporte plus son pétrole.

    Pour (tenter de) satisfaire à l’objectif de neutralité CO2 en 2050, le gouvernement entend développer l’électricité jusqu’à doubler la production actuelle, dans tous les secteurs, du transport au chauffage. À ce jour le Royaume-Uni dispose de 15 réacteurs tous exploités par EDF Energy, répartis sur 7 sites produisant 51 TWh, soit 16 % de son électricité. Sur ces 15 réacteurs, 14 ont été mis en service avant 1990 et sont de type moyenâgeux graphite-gaz, filière abandonnée en 1969 en France. Avec 40 ans de service, ils seront vraisemblablement tous arrêtés en 2030. Les 4 EPR ne feront que compenser ces arrêts et le Royaume-Uni polluera toujours autant avec ses fossiles (d’importation ?).

    La construction en cours des réacteurs d’Hinkley Point n’est qu’une étape de cette politique de rattrapage du retard. Fin mai 2020, EDF a proposé le projet de Sizewell C. Déplacé par des retards imputés à la pandémie, l’accord du gouvernement a été publié le 14 décembre.

    Curiosité, le gouvernement britannique entend évaluer l’impact de l’utilisation d’un modèle de financement de type RAB (Regulated Asset Base) en envisageant de prendre une participation directe dans le projet, afin de réduire le coût de la levée de fonds privés, maximisant le rapport qualité-prix pour les consommateurs et les contribuables.

    Autre curiosité, le projet déposé prévoit la participation de CGN (China General Nuclear Power Corporation) comme dans le montage pour Hinkley Point (80 % EDF – 20 % CGN). Mais le communiqué du 14 décembre ne fait aucune allusion au partenariat chinois, peut-être en raison des difficiles relations avec la Chine depuis l’élimination de Huawei dans l’attribution du réseau 5G.

    Dernier détail, alors qu’il exploite tous les réacteurs britanniques, EDF a souligné qu’il n’aurait plus vocation à contrôler Sizewell C une fois la décision prise et que ce principe impliquera donc la participation d’autres actionnaires. Dont l’État ?

    Le projet EDF – Angleterre

    Loin de Hinkley Point dans le Somerset (Sud-Ouest), le site de Sizewell C se situe dans l’Est de l’Angleterre (Suffolk), au bord de la mer du Nord. Site nucléaire depuis les années 1960, il comporte une unité A de deux réacteurs de type Magnox, hors service depuis 2006, et un réacteur Sizewell B à eau pressurisée de 1200 MW. Sizewell C comportera deux nouveaux réacteurs, identiques à ceux d’Hinkley Point, chacun d’une puissance de 1600 GW, capables de fournir de l’électricité à six millions de foyers.

    Le coût global est estimé entre 19 et 20 milliards d’euros soit deux réacteurs pour le prix de Flamanville. L’expérience, le site unique (continuité des tâches) et l’effet de série devraient permettre de réduire encore le coût de construction de 20 % selon EDF.

    En rejets CO2, Sizewell C évite 9 millions de tonnes de CO2 par rapport à une production de 3,2 GW d’électricité à partir du gaz. Et, cherry on the cake , EDF Energy propose la construction sur le site de la centrale d’un démonstrateur de capture directe de CO2 et de développer un petit électrolyseur ayant le potentiel de produire jusqu’à 800 kg d’hydrogène par jour.

    EDF est à la recherche de partenaires déjà engagés dans ces secteurs. L’Usine Nouvelle écrit : une centrale nucléaire qui aspire du carbone !

    Cette nouvelle construction créera 25 000 emplois, dont quelques-uns pour les ingénieurs oubliés d’EDF. Près de 70 % des coûts de construction profiteront à des entreprises britanniques.

    Au secours d’EDF

    La maintenance des réacteurs affectée par la crise du coronavirus a entrainé une baisse de la demande et de sérieuses difficultés pour EDF qui amèneront probablement le gouvernement (l’État détient déjà 83,6 %) à recapitaliser massivement le groupe. En prévoyant un retard d’un an supplémentaire sur Hinkley Point, il serait envisagé une recapitalisation de l’ordre de 4 milliards d’euros sur les 20 annoncés d’aides aux grandes entreprises. Comme début 2017.

    Incidence probable également, sur le projet Hercule de restructuration du groupe visant à en sortir le nucléaire, les autres thermiques et l’hydraulique.

    Après les difficultés rencontrées en Finlande et en France, le constructeur français a besoin de redorer son blason. La concurrence est sévère mais limitée. D’autant plus que l’EPR de conception française a été consacré dès son origine comme réduisant d’un facteur 10 les risques des précédentes générations. Sûreté encore améliorée après Fukushima.

    Les Chinois sont actifs, avec l’expérience des deux EPR construits avec EDF. Le Royaume-Uni a lancé le processus de certification réglementaire du réacteur Hualong 1 (dit HPR) en janvier 2017 et en sont au stade final de validation. Envisagé également en Angleterre, puis abandonné, le projet de trois réacteurs de type AP1000 par Toshiba et Engie sur le site de Moorside, au nord-ouest. Toshiba semble se recentrer sur la relance au Japon. Toujours au Japon, GE-Hitachi se consacre aux USA et Mitsubishi construit seulement des équipements, notamment pour EDF.

    L’Inde vit en circuit fermé avec ses propres réacteurs. Côté russe, le réacteur de Rosatom (1200 MW) en Finlande, connait des retards qui font oublier ceux de l’EPR concurrent d’AREVA à Olkiluoto.

    Les États-Unis sont embourbés avec la construction laborieuse de deux nouveaux réacteurs AP1000 de Westinghouse à Vogtle en Géorgie, et semblent s’orienter vers la technologie des petits réacteurs.

    Reste le Sud-coréen KEPCO, qui vient de mettre en service à Abu Dhabi la première centrale nucléaire du monde arabe, Baraka-1. D’autres suivront.

    Face donc aux deux asiatiques Chine et Corée du sud, l’occasion pourrait être donnée à EDF de démontrer sa compétitivité. Objectif : construction en 5 ans et à 10 milliards les 1600 MW.

    La COP 26 en Angleterre

    La COP26 qui devait avoir lieu à Glasgow cette année du 9 au 20 novembre, a été reportée en 2021. Après le retentissant échec de la COP25, il s’agirait de relancer l’Accord de Paris, notamment en réduisant les sources fossiles. Vaste programme, alors que le gaz fait encore partie du quotidien britannique.

    La décision du lancement de Sizewell C serait un signe fort de la nécessité du nucléaire et de l’inanité des énergies dites renouvelables face aux enjeux du réchauffement climatique. Les virus mutent en Grande-Bretagne, les préjugés verts aussi.

    Un peu masochiste et pour se compliquer encore la vie, le 3 décembre, le gouvernement britannique a pris la décision de porter de 61 à 68 % (base 1990) la réduction des gaz à effet de serre avant la fin 2030. Les émissions de CO2 sont de 6,6 tonnes par an et par habitant au Royaume-Uni ; et 5,4 en France.

    De là à affirmer comme Boris Johnson : « Aujourd’hui, nous prenons la tête [des pays occidentaux] avec un nouvel objectif pour 2030, et notre plan [vert] en 10 points va nous y aider », il y un pas qu’il a osé franchir.  Comme ils disent et devraient appliquer : Actions speak louder than words (l es actes sont plus forts que les paroles) .

    Avec l’arrêt de la filière graphite gaz, la mise en service vers 2025 et 2030 des quatre nouveaux EPR n’enlèvera pas un gramme de CO2 à la pollution de la verte Albion. Bel exemple pour la COP !

    Ceci dit, concernant Sizewell C, la décision finale est loin d’être prise. Malgré les affirmations du livre blanc du type : « Nous voulons mener au moins un projet nucléaire de grande échelle à sa décision finale d’investissement » , il conviendrait de ne pas être dépassé sur la ligne, après prolongations, par les ambitieux chinois.