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      L’affaire du siècle : vers plus de réglementations

      Christophe de Brouwer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 11 February, 2021 - 03:50 · 5 minutes

    Affaire du siècle

    Par Christophe de Brouwer.

    Suite à la plainte de quatre associations (Oxfam France, Notre Affaire à tous, Fondation Hulot et Greenpeace France), le tribunal administratif de Paris a émis un jugement le 3 février qui donne tort à l’État français, d’une manière étonnante, me semble-t-il. Un jugement historique titre Le Monde .

    N’étant pas juriste mais simple citoyen, je ne peux expliquer mieux mon étonnement. Et c’est bien le problème. Un jugement incompréhensible pour le citoyen lambda, est-ce de la bonne justice ?

    L’affaire du siècle et le tribunal administratif

    Jugez-en. Sur le site du tribunal administratif , à la rubrique « Affaire du siècle », on nous explique que :

    « En revanche, le tribunal a considéré que les requérantes étaient fondées à demander la réparation en nature du préjudice écologique causé par le non-respect des objectifs fixés par la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Afin de déterminer les mesures devant être ordonnées à l’État pour réparer le préjudice causé ou prévenir son aggravation, les juges ont prononcé un supplément d’instruction, assorti d’un délai de deux mois. »

    En d’autres mots, pas de réparation pécuniaire demandée par les associations demanderesses, car ce préjudice n’est pas établi, mais une injonction judiciaire de mesures à prendre par l’État dans le domaine concerné, c’est-à-dire dans le seul domaine de la réduction de gaz à effet de serre, le préjudice dans les autres domaines écologiques n’étant pas avéré.

    Le tribunal établit dès lors un préjudice écologique et moral au niveau des objectifs et la nécessité d’une réparation en nature ! Dans deux mois ces mesures seront connues.

    Le tribunal se substitue donc à l’exécutif

    Il est difficile de comprendre ce mécanisme. J’avais appris à l’école la séparation des pouvoirs : le Parlement, émanation du peuple, légifère et surveille, sanctionne l’exécutif dans l’exécution des lois ; l’exécutif, issu d’une majorité qui s’est dégagée au Parlement, exécute et donc gouverne. Voilà pour la théorie.

    De façon assez surprenante pour moi, nous avons un tribunal administratif qui juge, non plus en fonction de règles constitutionnelles ou apparentées, mais en fonction d’objectifs écologiques et moraux qu’un gouvernement se serait fixés et qui auraient été sanctionnés par la loi (législatif).

    En quelque sorte, l’arroseur arrosé, sauf qu’il me semblait que c’était le boulot précisément du Parlement de faire ce que fait ce tribunal. Il faut cependant constater aujourd’hui que l’exécutif donne l’impression de contrôler l’Assemblée, et non l’inverse. Mais ce n’est pas une raison pour qu’un outsider rafle la mise.

    Ce tribunal, instance non démocratique par excellence, aurait donc décidé de remplacer à la fois le Parlement et le gouvernement. C’est assez surprenant.

    Lorsqu’ils détricotent les mesures liberticides prises actuellement dans le cadre du covid-19, les tribunaux italiens ou allemands, et ce ne sont pas les seuls, le font au nom de leurs Constitutions respectives.

    Ici, rien de tout cela.

    L’affaire du siècle : un curieux glissement de responsabilité

    Car ne nous y trompons pas, c’est toujours au nom du bien-être collectif, de la santé publique que ce jugement est pris.

    Demain, un juge pourra me dire quoi penser dans mon domaine de compétence, même s’il n’y connaît rien. Car des objectifs sont des buts à atteindre, sans garantie de succès. Les moyens pour y parvenir sont un autre aspect. Et donc agir au nom du  « non-respect des objectifs fixés », permettant au tribunal de décider des moyens, est un non-sens.

    C’est comme sanctionner un étudiant ayant comme objectif de ne plus faire de faute d’orthographe d’ici quelques années parce qu’il en fait encore aujourd’hui. Il aura donc l’obligation de ceci et de cela afin de réparer le préjudice encouru par l’objectif fixé.

    Ce tribunal va donc très loin. Non seulement il reproche au médecin de ne pas faire tout ce qu’il peut pour sauver la mise à son patient, parce qu’il n’a pas encore atteint cet objectif, mais lui enjoint les gestes thérapeutiques qu’il devra exécuter pour y parveni, au nom d’un préjudice encouru par l’objectif, une perspective du futur, alors que ce tribunal est incompétent dans ce domaine et devra s’en remettre aux experts qu’il aura choisi (en l’occurrence les demandeurs), forcément à travers toujours davantage de règles. Je pense que Condorcet se retournerait dans sa tombe.

    Un jeu de dupes

    Nous sommes véritablement dans l’entre-soi , un grand jeu de dupes.

    La décision présente du tribunal par rapport à l’Affaire du siècle est-elle une expression de la mauvaise humeur des élites du petit monde judiciaire face à la nomination d’Éric Dupond-Moretti comme ministre de la Justice ? C’est possible. Le livre de Régis de Castelnau, Une justice politique est très éclairant à ce sujet et montre avec acuité les disputes internes de l’ establishment , de l’entre-soi : « La magistrature a répondu de façon en fait assez claire à ce qu’elle a vécu comme un affront avec un message en forme de « Qui t’a fait roi ? » (p 623), rappelant la saga judiciaire qui a renversé François Fillon, le candidat alors largement majoritaire dans les sondages avec comme corollaire la dépendance que l’exécutif actuel aurait ainsi contracté au judiciaire pour service rendu.

    Mais c’est une dérive dans laquelle les citoyens lambda, tels que moi, ne peuvent s’y retrouver. Le vote populaire est confisqué au profit de jeux de pouvoir pour lesquels il ne s’est jamais porté.

    Bien sûr certains crieront victoire s’ils tiraient le bon numéro à la loterie judiciaire dans de telles circonstances, mais victoire de quoi ? Victoire d’une instrumentalisation, victoire d’un jeu de pouvoir.

    Car comprenons-nous bien, si ceci est possible, cela signifie qu’aujourd’hui même la santé, le bien-être des citoyens sont entre les mains de juges, de fonctionnaires, d’associations, de plus de réglementations, et non plus de bulletins de vote.

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      Les banques centrales défient Einstein

      Simone Wapler · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 11 February, 2021 - 03:40 · 9 minutes

    banques centrales

    Par Simone Wapler.

    Les banques centrales manipulent les taux d’intérêt à la baisse et, pire encore, les forcent en territoire négatif. Ce faisant, elles vont à l’encontre d’un grand principe qui a prévalu durant cinq millénaires : la capitalisation par les intérêts composés, instrument de développement de l’épargne et donc du développement économique.

    Albert Einstein aurait conclu que « les intérêts composés sont la plus grande force de l’univers » après avoir étudié la Summa de arithmetica, geometria, de proportioni et de proportionalita du mathématicien Luca Pacioli . Ce document de 1494, écrit par un moine franciscain, est un traité de 600 pages qui rassemblait la somme des connaissances mathématiques de l’époque, mais aussi des éléments de comptabilité en partie double et une table des monnaies, poids et mesures italiens.

    Cet ouvrage de vulgarisation donnait aussi de magistrales recettes financières telles que la règle de 72, une façon rapide de mesurer l’effet des intérêts composés :

    « Si vous voulez savoir, pour un taux d’intérêt annuel fixé en pourcentage, dans combien d’années vous reviendra le double du capital initial, alors gardez à l’esprit le chiffre 72 et divisez-le par le taux d’intérêt, ce qui vous donne en combien d’années il sera doublé. Exemple : quand l’intérêt est de 6 pour 100 par an, j’affirme qu’en divisant 72 par 6, il vient 12 donc le capital sera doublé en 12 années. »

    • Douze ans de rémunération à 6 % suffisent pour doubler un capital.
    • Dix-huit ans de rémunération à 4 % suffisent pour doubler un capital.
    • L’éternité ne suffira pas à 0 %.

    La capitalisation, un cercle vertueux

    La boutade d’Einstein résumait la puissance de ce que nous appelions encore récemment la capitalisation.

    Il s’agit d’ un cycle vertueux qui récompense l’épargne : celui qui renonce à une dépense immédiate, s’il met son argent à disposition de quelqu’un d’autre, est gratifié d’un taux d’intérêt lui permettant de retrouver par la suite plus que son capital initial. Durant sa durée d’indisponibilité, son épargne est utilisée par des entrepreneurs afin de développer une offre de produits ou services qui, sans ce financement, ne pourrait pas voir le jour aussi vite.

    Il existe évidemment un risque, celui de la faillite de l’entrepreneur et donc de ne pas revoir son épargne. Le taux d’intérêt récompense donc à la fois le sacrifice que représente la durée d’indisponibilité et le risque pris.

    En forçant les taux d’intérêt à la baisse, les banques centrales punissent les épargnants . Elles faussent aussi les deux plus importants indicateurs économiques qui sont :

    • L’abondance ou au contraire la rareté de l’épargne. Plus il y a d’épargne disponible, plus il y a d’argent à prêter, plus les taux d’intérêt vont baisser. Inversement, moins il y a d’épargne, plus les taux d’intérêt vont monter.
    • Le coût du risque pour une entreprise donnée. Par exemple, dans un environnement économique où le taux moyen à 10 ans est de 5 %, une entreprise qui se lance dans une aventure risquée empruntera à 10 % tandis qu’une entreprise solide dégageant de solides bénéfices empruntera à 3 %.

    La plus grande force de l’univers au service des retraites

    Si en France la retraite par répartition prévaut, dans la plupart des pays les systèmes de retraite s’appuient surtout sur la capitalisation . Lorsqu’elle existe, la répartition ne fait qu’assurer un minimum vieillesse, juste de quoi survivre.

    C’est un choix rationnel car « À prestation égale, la capitalisation permet au futur retraité de cotiser moins qu’en répartition pure puisque les versements produiront des intérêts. » comme l’explique l’institut Molinari dans son étude publiée en partenariat avec Contrepoints .

    Lorsqu’il arrête de travailler, le retraité consomme un capital qu’il a accumulé et qui s’est accru par l’effet des intérêts composés durant sa vie active. Le nombre important d’adhérents aux fonds de pension permet de diversifier les investissements et de lisser les risques.

    Au contraire, dans un système de retraite par répartition comme en France, le retraité ponctionne les actifs. En pratique, la répartition dépend d’un « taux d’intérêt biologique » équivalent au taux de croissance de la population.

    Un tel système de retraite par répartition est adapté aux pays dotés d’une population en croissance et/ou aux pays dont l’économie a été ruinée. Notons au passage que c’était le cas de la France après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, dès que ceux dont l’épargne a été détruite ou ceux qui n’ont pas eu le temps de la constituer ont disparu, le système par capitalisation est évidemment préférable.

    Car pour le cotisant, les performances d’un système de retraite par répartition sont toujours inférieures à celle d’un système de retraite par capitalisation, justement en raison de la magie des intérêts composés. Que les fonds de retraite par capitalisation soient privés ou publics ne changent rien à la donne. De surcroît, les pays pratiquant la retraite par capitalisation profitent d’une masse d’épargne qui vient irriguer les besoins d’investissement de l’économie, ce dont se privent les pays pratiquant le système par répartition.

    La politique monétaire actuelle, conduite depuis plus de dix ans par la banque centrale européenne, tue les systèmes de retraite par capitalisation aussi sûrement qu’une démographie déclinante tue les systèmes de retraite par répartition.

    La plus grande force de l’univers au service de la croissance économique

    Du temps de la finance de grand-papa, les banques et les fonds d’investissement assuraient un service dit d’intermédiation de l’épargne. Ils agrégeaient de multiples petits dépôts d’épargnants qu’ils rémunéraient d’intérêts et prêtaient – à des taux d’intérêt supérieurs – à des investisseurs-entrepreneurs qui avaient besoin de beaucoup de capital.

    La différence entre les taux servis par la banques aux épargnants et les taux demandés par la banque à ses emprunteurs s’appelait la marge de transformation. Elle permettait à la banque de mettre des bénéfices en réserves, ce qui venait augmenter ses fonds propres, nécessaires pour couvrir la casse si un emprunteur venait à défaillir.

    L’épargnant profitait ainsi de la plus grande force de l’univers pour faire grossir son pécule. Il engrangeait sa récompense pour accepter l’immobilisation de son argent. Les banques mesuraient soigneusement leurs risques et engrangeait des bénéfices sur les risques pris. Les entrepreneurs trouvaient des financements.

    Bien sûr, la finance de grand-papa n’était pas le pays des bisounours. Des entrepreneurs pouvaient entraîner des banques dans leur faillite. Des épargnants pouvaient voir une partie de leur pécule s’évaporer. Mais dans le pire des cas, c’était l’épargne déjà existante qui était détruite. C’est-à-dire une partie du passé.

    Au temps de la finance de grand-papa, les gens parlaient de capacité d’épargne et non pas de capacité d’endettement.

    Jusqu’à l’arrivée de la finance moderne, la plus grande force de l’univers était naturellement à l’œuvre. En dehors des périodes de guerre et de destruction, le développement économique s’appuyait sur cette force ainsi que sur la démographie.

    La force destructrice des banques centrales

    Le système monétaire et bancaire moderne n’est plus adossé à l’épargne mais à la dette et surtout à la dette publique garantie par un État au travers de sa capacité à lever l’impôt, autrement dit à prendre de force à ses administrés.

    Dans la finance moderne, on ne parle plus de capacité d’épargne, on parle de capacité d’endettement. On ne dit plus que « les dépôts font les crédits » , on dit que « les crédits font les dépôts ».

    Dans la finance moderne, les banques prêtent de l’argent qui n’existe pas encore. Les banques commerciales achètent ce privilège auprès d’une banque centrale en empruntant l’argent du futur au taux directeur arbitrairement fixé par cette dernière.

    Que se passe-t-il si les banques ont trop prêté et que de nombreux emprunteurs ne peuvent rembourser parce que les bénéfices escomptés ne sont pas là ?

    Selon les cas la banque centrale :

    • permet aux emprunteurs (banquiers ou grandes entreprises) d’emprunter encore moins cher et de rééchelonner leurs prêts,
    • rachète les créances pourries des banques,
    • paye les banques pour prêter l’argent qu’elle crée.

    Quant aux États, ils empruntent toujours plus (l’argent du futur qui sera pris aux contribuables) et dépensent prétendument pour améliorer l’économie au gré des lubies des fonctionnaires et des politiques électoralistes. Les talents entrepreneuriaux de la bureaucratie et des politiciens étant toutefois modérés (pour ne pas dire nuls), l’argent du futur est abondamment gaspillé.

    Que se passe-t-il de nos jours lorsque les États risquent de se trouver confrontés à une crise de leurs finances publiques ? La banque centrale achète leurs émissions de dettes pour masquer la déconfiture.

    État, banque centrale et banques commerciales constituent la triade maléfique du capitalisme de connivence . Cet état de fait est parfois qualifié de néolibéralisme ou d’ultralibéralisme par ceux qui n’ont aucune culture économique et financière. Il n’y a rien de libéral au monopole étatique ou supra-étatique de la monnaie, de la création monétaire et au contrôle des taux d’intérêt.

    La dernière innovation dans les cartons des banques centrales consiste désormais à éliminer les banques commerciales grâce à la « monnaie banque centrale digitale ». L’euro numérique devrait ainsi voir le jour dans cinq ans, selon les vœux de Christine Lagarde.

    La création monétaire sera donc centralisée et bureaucratisée, distribuée en direct par la banque centrale, les banques commerciales devenant dès lors inutiles. Votre compte de dépôt sera entre les mains d’une banque centrale en état de monopole européen et au pouvoir discrétionnaire. Il s’agit d’une étape de plus dans la centralisation de ce qui n’est qu’une escroquerie.

    Mais on ne défie pas impunément la plus grande force de l’univers. On ne défie pas non plus le principe de base de l’économie qui veut qu’on échange quelque chose contre autre chose et non pas contre du vent. Or, la monnaie ou le crédit créés à partir de rien ne sont que du vent.

    Cette ultime escroquerie se terminera donc évidemment par une monstrueuse crise monétaire généralisée. Et si vous croyez que l’État vous en protégera , vous faites fausse route, il est au contraire complice.

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      Covid-19 : si le virus ne disparaît pas, l’État de droit est-il condamné ?

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 11 February, 2021 - 03:30 · 4 minutes

    Covid-19

    Par Frédéric Mas.

    Quand finira la crise sanitaire créée par la covid-19 ? Dans un article publié le 4 février dernier, Bloomberg s’est essayé à une estimation chiffrée en s’appuyant sur le rythme des vaccinations. Selon les autorités américaines, il faudrait que soit vacciné entre 70 et 80% de la population pour qu’on puisse envisager un retour à la normale :

    « Israël, le pays ayant le taux de vaccination le plus élevé au monde, se dirige vers une couverture de 75 % en deux mois seulement. Les États-Unis y arriveront juste à temps pour le Nouvel An 2022 (bien que le Dakota du Nord puisse y arriver six mois plus tôt que le Texas). La vaccination se déroulant plus rapidement dans les pays occidentaux plus riches que dans le reste du monde, il faudra sept ans à l’ensemble du monde au rythme actuel. »

    Sept années pour en finir avec la pandémie ? À Singapour, qui pourtant arrive dans le peloton de tête des pays ayant le mieux géré la crise covid selon l’Institut Lowy , les autorités ne sont pas beaucoup plus optimistes. Le ministre de l’Éducation Lawrence Wong a estimé en janvier qu’il faudra sans doute attendre entre 4 et 5 ans pour que la crise se calme et que le monde revienne à une situation normale comparable à celui d’avant.

    « À un moment donné, la pandémie passera, mais il faudra peut-être quatre à cinq ans avant de voir enfin la fin de la pandémie et le début d’une normalisation post-Covid. À quoi ressemblera ce nouveau monde post-Covid ? Personne ne peut le dire » a-t-il déclaré selon Channel News Asia.

    La France plus rassurante que le reste du monde

    En France, le gouvernement s’est voulu beaucoup plus rassurant que le reste du monde. La situation sera rétablie d’ici juin, nous a-t-on déclaré sur un ton optimiste. Si tout se passait bien.

    Cette manière de communiquer dure depuis maintenant pratiquement un an. Si tout se passe bien, vous retrouverez votre vie d’avant, qui, soyez-en assurés, reviendra bientôt.

    Chaque semaine, rien ne se passe comme prévu, et les confinements, reconfinements, couvre-feux, fermetures autoritaires des magasins et des écoles perdurent ou s’aggravent. Les vaccins devaient nous sauver du brouillard sanitaire, et puis finalement, ça ne change rien.

    Le virus est plus « diabolique » et plus « intelligent » que prévu, selon Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique.

    Il se joue des politiques publiques et réapparaît sous de nouvelles formes pour justifier l’existence d’un État autoritaire qui nous materne, nous protège et nous parle comme à des enfants. De nombreux scientifiques réclament le reconfinement. Pas sûr que la France en ait encore les moyens.

    Pourtant, « l’État stratège » a réussi à rater sa campagne vaccinale, comme il s’est planté sur les masques et les tests quelques mois auparavant. Si on se rapporte à l’indicateur de suivi de vaccins créé par Bloomberg, la France va attendre des années pour sortir du tunnel, loin derrière Israël ou la Grande-Bretagne.

    Chaque semaine, les Français attendent la bonne parole d’un gouvernement qui a organisé sur fond d’état d’urgence sanitaire son propre isolement politique. Décidant en comité restreint, s’appuyant sur un conseil scientifique au fonctionnement opaque, l’exécutif distille unilatéralement les informations et impose des normes bureaucratiques et sanitaires qui échappent à l’évaluation des organes démocratiques ordinaires.

    Ceux-ci sont jugés globalement incompétents par ceux qui ont transformé la crise sanitaire en crise morale, politique et économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

    Tout cela est temporaire, nous dit-on, mais si le temporaire durait des années ? Les Français doivent-ils se résigner à vivre en régime d’exception, ballottés par les déclarations étatiques tantôt rassurantes, tantôt effrayantes, sous prétexte que le virus ne disparaît pas ?

    La réponse du gouvernement ne doit pas être seulement sanitaire, mais institutionnelle.

    À suivre.

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      Les éléments du progrès : le caoutchouc (6)

      HumanProgress · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 7 February, 2021 - 04:25 · 5 minutes

    caoutchouc

    Par Tony Morley.
    Un article de HumanProgress

    Environ 10 % de toutes les plantes à fleurs produisent une petite quantité de latex lorsqu’elles sont percées ou coupées. Le latex est un mélange chimique complexe de protéines, alcaloïdes, amidons, sucres, huiles, tanins, résines et gommes qui coagulent lorsqu’ils sont exposés à l’air. Lorsque le polymère du latex durcit, il commence à ressembler à une forme brute de caoutchouc reconnaissable par quiconque connaît le caoutchouc moderne.

    Bien qu’il existe un grand nombre de plantes qui produisent au moins un peu de latex, c’est l’arbre à caoutchouc ( Hevea brasiliensis ) qui est la principale source mondiale de la matière première du latex nécessaire à la production de caoutchouc naturel. L’hévéa du Brésil est originaire des forêts tropicales amazoniennes qui s’étendent sur toute la largeur de l’Amérique du Sud et est exploité pour son latex par les habitants indigènes de la région depuis au moins l’an 1000 de notre ère.

    Les premiers indigènes d’Amazonie ont utilisé le latex dans nombre de produits artisanaux très innovants. Le latex humide était incorporé par brossage aux vêtements et aux protections pour les pieds afin d’en améliorer la résistance et de fournir une méthode efficace d’imperméabilisation. Le latex était versé sur ou dans des moules en terre et on le laissait s’évaporer pour former des bols, des récipients d’eau et des paniers à la fois résistants et flexibles.

    L’explorateur français Charles-Marie de la Condamine a été le premier Européen à observer des plantes produisant du latex au Pérou en 1735 et à envoyer des spécimens en Europe en 1736. La culture agricole des plantes productrices de latex et l’utilisation industrielle du latex et du caoutchouc en Europe ont été lentes à se développer jusqu’au début des années 1800. L’aube de la Révolution industrielle a été simultanément l’aube du caoutchouc en tant que matériau de première importance.

    La demande de caoutchouc naturel est devenue insatiable. Un nombre croissant de plantations d’hévéas en Amérique du Sud et, plus tard, en Asie, en Inde et en Afrique peinaient à répondre à la demande de l’Europe et, dans une moindre mesure, à celle de l’Amérique du Nord. Les scientifiques, les entrepreneurs et les industriels ont rapidement trouvé des milliers d’applications pour le caoutchouc. Ce matériau est devenu très précieux pour la fabrication de ceintures, de joints, d’imperméabilisants, de vêtements, de bottes, de premiers pneus et bien d’autres choses encore.

    Cependant, l’utilisation du caoutchouc naturel était limitée par deux défauts majeurs : sa résistance et sa durabilité. Le caoutchouc naturel a tendance à se raidir considérablement dans les environnements froids, à perdre toute sa robustesse et à fondre lorsqu’il est soumis à un chauffage relativement léger. C’est le hasard combiné à l’expérimentation qui a permis de dépasser ces limites en 1839, lorsque l’Américain Charles Goodyear (célèbre pour ses pneus modernes) a mis au point un procédé de chauffage du caoutchouc naturel avec du soufre. La mise au point de ce procédé s’appelle la vulcanisation.

    La vulcanisation n’était pas une amélioration marginale du matériau. Le procédé a considérablement amélioré la solidité et la résistance à la chaleur et au froid du caoutchouc. Au cours des cent années suivantes, le processus de vulcanisation a fait du caoutchouc un pilier de l’industrialisation rapide de l’Occident. Son utilisation  dans les véhicules de tourisme, les bicyclettes, les camions, les avions, les bateaux, les navires, les usines et les maisons a transformé et enrichi la civilisation.

    Cependant, la demande de caoutchouc naturel a continué à dépasser l’offre et la Seconde Guerre mondiale, en particulier, a créé une pénurie importante – surtout parmi les forces alliées.

    Le caoutchouc synthétique produit à partir d’hydrocarbures naturels a été synthétisé pour la première fois lors d’une série d’expériences entre 1875 et 1882. Mais cette production se faisait en grande partie en laboratoire jusqu’au début des années 1940.

    À la différence des plantations tropicales et des chaînes d’approvisionnement difficiles à mettre en place, l’avantage du caoutchouc synthétique était sa fabrication à partir d’hydrocarbures existants. Peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’amélioration de la composition du caoutchouc synthétique, de la technicité et de la rentabilité de sa fabrication a conduit à des percées majeures dans les technologies et les applications du caoutchouc.

    Les améliorations de sa composition et de sa fabrication se sont poursuivies tout au long des années 1960 jusqu’à l’ère moderne – le monde consommant des volumes vraiment prodigieux de caoutchouc naturel et synthétique.

    En 2019, l’humanité a produit et utilisé un peu plus de 29 millions de tonnes de caoutchouc naturel et synthétique. Près de 14 millions de ces tonnes étaient du caoutchouc naturel et 15,2 millions de tonnes étaient synthétiques.

    L’utilisation intensive du caoutchouc naturel et synthétique a un impact énorme sur la vie moderne. Presque toutes les voitures et tous les camions de la planète roulent sur des pneus en caoutchouc vulcanisé renforcé, transportant des familles, de la nourriture et des matériaux. Et presque tous les avions atterrissent sur des pneus en caoutchouc haute performance.

    L’industrie des transports est peut-être la principale utilisatrice de caoutchouc. Et ce matériau continue à rendre service à la société de centaines de milliers de façons, de la prophylaxie moderne sous forme de préservatifs en latex, à l’imperméabilisation, à l’amortissement des vibrations et aux pneus vraiment énormes qui permettent aux engins miniers et aux camions de fournir à l’humanité les minéraux et les métaux du progrès.

    À l’avenir, le caoutchouc issu de sources renouvelables, qu’il soit naturel ou synthétique, continuera à jouer un rôle clé dans la prospérité des pays développés, tout en contribuant à la croissance économique des pays en développement.

    Sur le web

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      Laissez-faire français, conclusion (22)

      Benoit Malbranque · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 7 February, 2021 - 04:20

    Par Benoît Malbranque.

    Certainement, les Jean-Baptiste Say, les Frédéric Bastiat, les Gustave de Molinari, les Yves Guyot, ont marqué l’histoire de la pensée économique française. Mais à les étudier seuls, on ne peut les comprendre. Car tous ces représentants de l’école française d’économie politique sont issus des travaux des économistes du XVIIIe siècle. Leurs idées sont déjà, en germe, chez ces prédécesseurs du siècle des Lumières.

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      Passeport sanitaire : une idée liberticide et infantilisante

      Sabine Sultan Danino · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 6 February, 2021 - 04:45 · 5 minutes

    Par Sabine Sultan Danino.

    Face à la défiance de nombreux Français, le président de la République avait clairement précisé lors de son allocution que la vaccination contre la Covid-19 ne serait pas obligatoire.

    Elle ne sera pas obligatoire certes, mais probablement indispensable si cette vaccination conditionne légalement le retour à une vie normale.

    En effet, l’idée d’un passeport vert semble dans l’air du temps et défendue par l’opposition.

    Concrètement, un passeport sanitaire ou encore vaccinal attestera du fait qu’une personne a été vaccinée, et offrira un certain nombre d’avantages, comme une dispense de quatorzaine, l’accès à toutes sortes d’événements culturels, aux restaurants et ainsi de suite.

    Un « passeport » permettant aux Français ayant eu recours à la vaccination de se déplacer à nouveau librement, sur sa seule présentation, autrement dit un moyen détourné de rendre obligatoire un vaccin dont le gouvernement n’a pourtant cessé de répéter qu’il ne le serait pas.

    La sanction en cas de refus étant plus qu’insidieuse, puisqu’elle reviendrait à la promesse d’une vie ostracisée, un confinement social à peu près total pour ceux qui ont osé refuser le précieux sésame.

    Infantilisation du citoyen

    Au-delà du problème de libertés dont s’accommodera sans l’ombre d’un doute « l’état d’urgence sanitaire », c’est cette logique continue d’infantilisation du citoyen qui laisse perplexe. Indirectement des personnes a priori défiantes, seraient forcées de se faire injecter un vaccin non obligatoire, non pas pour préserver leur santé corporelle mais pour préserver leurs libertés .

    Sans aller sur le terrain scientifique, ou sur l’efficacité d’une telle exigence, la mesure n’est pas sans poser un problème du point de vue des libertés fondamentales, et aussi tout simplement du point de vue de l’intégrité physique.

    Il y aurait désormais, dans le monde du coronavirus, deux catégories de citoyens ne disposant pas des mêmes droits : les citoyens qui se font vacciner et les citoyens qui ne se font pas vacciner.

    L’idée fait son chemin dans un silence politique quasi absolu et la disparition de tout esprit critique.

    Ajoutés à cela la récolte et l’utilisation de ces données posent aussi des questions en termes de droits à la vie privée et de protection des données personnelles, sans parler des risques d’une potentielle discrimination sur des critères de santé. Si vous n’êtes pas vacciné, cela veut dire que vous êtes potentiellement dangereux, on vous écarte donc de la vie publique et sociale.

    Alors qu’en est-il du côté du droit français ? Une telle exigence serait-elle légale ?

    Ce que dit le droit français

    La vaccination obligatoire est déjà très présente dans notre arsenal législatif : pour être inscrits à l’école , les enfants doivent ainsi être vaccinés contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

    De même, la vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire pour se rendre ou pour vivre en Guyane. L’exercice de certaines professions médicales est également soumis à une obligation vaccinale pour l’hépatite B, la typhoïde, la diphtérie, le tétanos ou la poliomyélite .

    Dès lors, imposer une vaccination contre la Covid-19 pour permettre l’entrée à des ressortissants étrangers sur son territoire ne constituerait pas un précédent.

    Mais la question de la légalité de la vaccination n’est pas celle de la légalité du passeport sanitaire.

    Déjà, on voit mal comment un passeport sanitaire pourrait être instauré tant qu’il existe une inégalité des citoyens face à l’accès au vaccin, ce qui est le cas, au regard de la campagne de vaccination par tranche d’âge et qui pourrait s’étendre sur plusieurs mois… De fait, les plus jeunes, qui payent déjà un lourd tribut seraient discriminés car vaccinés en tout dernier.

    Et quid de ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner pour raison médicale ?

    Imbroglio juridique à prévoir

    Enfin, le principe étant que ce vaccin n’est pas obligatoire, il faudra plancher sur les sanctions en cas de défaut de passeport, ce qui ne sera pas sans constituer un véritable imbroglio juridique.

    Il ne suffit pas qu’une loi énonce que l’on peut exiger d’un usager ou d’un client qu’il présente la preuve de sa vaccination, encore faut-il un décret déterminant la liste précise des lieux et services autorisés à le faire. C’est-à-dire les administrations, les transports, tous les commerces essentiels comme non essentiels…

    En pratique, si les commerces essentiels sont visés, cela reviendrait à empêcher des individus de subvenir à des besoins fondamentaux, tel que celui de se nourrir.

    Si vraiment ce passeport était institué, alors il y a fort à parier que le Conseil d’État aura du travail. Il a d’ailleurs donné son avis sur un projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires :

    « Sans être par elle-même assimilable à une obligation de soins, une telle mesure peut, si notamment elle conditionne la possibilité de sortir de son domicile, avoir des effets équivalents et justifie, à ce titre, un strict examen préalable de nécessité et de proportionnalité, dans son principe comme dans son étendue et ses modalités de mise en œuvre, au vu des données scientifiques disponibles » .

    Et il invite « à préciser la nature des activités ou lieux concernés » , ainsi que les « catégories de personnes […] concernées » .

    Et il faudra aussi gérer la nouvelle « délinquance sanitaire », déjà plus ou moins présente puisqu’au lendemain de ce qui aurait pu être un réveillon, la presse semblait davantage scandalisée par le déroulement d’une rave party clandestine que par le nombre de voitures brulées (861 quand même). Les fêtards sont sanctionnés tandis que les voitures brûlent spontanément.

    Finalement cette histoire de passeport sanitaire est secondaire et vient simplement s’inscrire dans la liste des entraves à nos libertés dans cette interminable parenthèse à notre État de droit qu’est le monde du coronavirus.

    Article initialement publié en janvier 2021.

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      Proportionnelle : la France mérite une Constitution de la liberté !

      Jean-Philippe Feldman · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 6 February, 2021 - 04:40 · 4 minutes

    proportionnelle

    Par Jean-Philippe Feldman.

    La modification du mode de scrutin pour l’Assemblée nationale tient de l’Arlésienne. En 2018, Emmanuel Macron très inspiré par son soutien centriste François Bayrou, avait soutenu la nécessité d’une dose de proportionnelle pour élire les députés.

    Pas question donc d’une représentation proportionnelle intégrale, mode de scrutin que l’on s’accorde à juger désastreux, mais une nouvelle manifestation du « en même temps » : un scrutin mixte de nature majoritaire et proportionnelle. L’affaire a traîné et il semble que, une nouvelle fois, la réforme soit enterrée.

    Représentation proportionnelle ou scrutin majoritaire ?

    Les termes du débat sont bien connus. Ils sont fort tranchés entre les partisans d’un scrutin majoritaire à l’anglo-saxonne et les adeptes des multiples scrutins dits mixtes qui constituent l’essentiel des différents régimes européens.

    Habituellement, on présente le scrutin majoritaire comme un scrutin efficace car il permet à une majorité parlementaire d’émerger, mais injuste car plus ou moins brutal, les minorités étant exclues de la représentation nationale ou au mieux réduites à la portion congrue.

    Les qualités et les défauts de la représentation proportionnelle en sont le miroir inversé. Il s’agirait d’un scrutin juste car il permettrait, plus ou moins, la représentation des minorités, mais dangereux car il mènerait à une anarchie parlementaire faute de majorité stable.

    Un mode de scrutin mixte ?

    En réalité, les choses sont un peu plus complexes. Le mode de scrutin n’est que l’un des facteurs explicatifs d’un système de partis. Le scrutin majoritaire ne mène pas automatiquement à un gouvernement stable et la représentation proportionnelle ne conduit pas automatiquement à une représentation fine du corps électoral.

    Aussi a-t-on conçu une multitude de scrutins mixtes ayant pour objet revendiqué de garder le meilleur de chacun des modes de scrutins : la justice et l’efficacité. L’exemple type est celui de l’Allemagne. On peut comprendre la faveur des centristes envers ce type de scrutin car il réduit les oppositions tranchées et il favorise les coalitions. Malheureusement, le paradigme n’est guère convaincant, comme on l’a vu à la suite des élections allemandes de 2017.

    L’un des défauts majeurs de la représentation proportionnelle comme des scrutins mixtes est leur complexité, d’autant plus grande que l’on vise une « justice » de représentation plus élevée. Surtout, ils remettent aux partis politiques et plus encore à leurs états-majors la charge de combiner au besoin des coalitions postérieurement aux élections. Des coalitions concoctées dans l’opacité et qui ne respectent pas forcément les volontés de la majorité des votants.

    Les vrais problèmes institutionnels

    Cela dit, se focaliser sur le mode de scrutin pour l’élection des députés apparaît plus que contestable. N’y aurait-il pas des aspects autrement importants en matière d’institutions politiques ?

    Les problèmes de la France seront-ils résolus lorsque l’on aura fait entrer quelques membres du Rassemblement national au Palais-Bourbon ou que l’on aura donné à M. Bayrou la faculté de faire et défaire la majorité ?

    Faut-il massacrer l’un des apports de la Cinquième République, à savoir la stabilité des gouvernements, acquis de longue lutte après les Troisième et Quatrième Républiques dont on ferait bien de souvenir qu’elles furent calamiteuses à cet égard ?

    Pour une Constitution libérale

    Un libéral ajoutera trois points :

    1°) Le constitutionnalisme français est depuis toujours déficient. Il conviendrait de conserver les aspects positifs de la Cinquième République et de rénover les institutions en faisant de la Constitution une véritable garantie de la liberté. Lourde tâche qui ne saurait être entreprise à la fin d’un quinquennat, mais dont la légitimité est indéniable dans la perspective de la prochaine élection présidentielle 1

    2°) Les institutions politiques sont précieuses, mais il ne faudrait pas leur accorder plus d’importance qu’elles n’en méritent. Ce sont des barrières de papier, utiles, indispensables, mais ce ne sont que des barrières.

    3°) Ce qui importe n’est pas de promouvoir le référendum ou d’instaurer la proportionnelle, c’est de dépolitiser la France et de confiner la sphère de l’État au profit de la société civile, notamment pour assurer enfin le strict respect d’un droit de propriété en piteux état dans notre pays. Telle est la lourde tâche à laquelle les constitutionnalistes libéraux (un pléonasme ?) devraient s’atteler 2 .

    Jean-Philippe Feldman vient de faire paraître Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron , Odile Jacob, 2020.

    1. Voir mon ouvrage Exception française (Odile Jacob 2020) et plus particulièrement son chapitre VII consacré à la comparaison entre les Constitutions américaine et française.
    2. Je me permets de renvoyer entre autres à mon ouvrage De la Ve République à la Constitution de la liberté paru en 2008 aux Éditions de l’Institut Charles Coquelin.
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      Dette Covid et solutions magiques

      Victor Fouquet · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 6 February, 2021 - 04:35 · 4 minutes

    dette

    Par Victor Fouquet.
    Un article de l’Iref-Europe

    L’indigence de la culture économique en France résumée en un sondage : d’après l’enquête Odoxa-Aviva pour Challenges et BFM Business, 34 % des personnes interrogées estiment qu’il ne faudrait pas rembourser la dette contractée par l’État pendant la pandémie de Covid-19 ; 39 % des Français estiment qu’il faudrait la rembourser pour « une bonne partie avec une contribution exceptionnelle des grandes fortunes » ; 73 % suggérant de faire et l’un et l’autre…

    Peut-on ne pas rembourser une dette et, pour le dire de manière moins pudique, l’annuler ?

    L’annulation des dettes est une idée qui revient régulièrement dans le débat agitant experts, économistes et politiques. L’accroissement vertigineux de la dette contractée par l’État pour contrer la propagation de la pandémie et les conséquences des mesures de confinement n’y est pas étranger.

    L’encours de la dette négociable, qui atteignait un niveau de 1823 milliards d’euros à la fin de 2019, était, du fait de la crise sanitaire, mais aussi du plan de relance, attendu fin 2020 à 2030 milliards d’euros, puis à 2126 milliards d’euros fin 2021, selon les documents budgétaires du projet de loi de finances pour 2021 , soit une augmentation supérieure à 300 milliards d’euros en deux ans.

    Certes, la situation dégradée d’un débiteur peut conduire ponctuellement à une annulation de sa dette. Mais elle gruge le créancier, alors privé de son capital et ses intérêts.

    Le manquement à l’engagement qui le lie à ses créanciers affaiblit également la capacité future du débiteur à emprunter ou, s’il y parvient, l’expose à une remontée des taux d’intérêts.

    Enfin, le non-remboursement de la dette crée un « aléa moral » toujours périlleux, en favorisant les agents peu rigoureux aux dépens de ceux qui, bons gestionnaires, ont anticipé la matérialisation des risques.

    Si elle ne remboursait pas sa dette, à cause par exemple d’une économie atone ou de l’absence de toute réforme structurelle (telle celle des retraites, maintes fois différée, et qui s’apprête à l’être encore), la France serait rapidement sanctionnée par les marchés financiers. Sa prime de crédit et sa charge de la dette s’envoleraient.

    Autre vieille lune à avoir refait surface : l’instauration d’une contribution exceptionnelle des grandes fortunes

    En l’espèce, il faudrait aller très au-delà d’ un simple rétablissement de l’ISF (lequel rapportait « seulement » 2,1 milliards d’euros de plus que l’actuel IFI, bien loin des 300 milliards d’endettement supplémentaire évoqués ci-avant), et manifestement dépasser le niveau d’imposition optimal au-delà duquel le rendement de l’impôt diminuerait.

    Cela est tout particulièrement vrai pour la France qui, avec un ratio de recettes fiscales de 4,0 % du PIB (chiffres OCDE, 2019) s’agissant des prélèvements sur le patrimoine, se classe au deuxième rang mondial. Creuser encore davantage l’écart avec les grands pays industrialisés concurrents ne pourrait que porter préjudice à notre pays, à ses investissements, à l’emploi et, au bout du compte, à ses finances publiques.

    Plus fondamentalement, postuler qu’il suffit d’augmenter les impôts pour assainir durablement les comptes publics revient à ignorer d’une part la complexité des liens qui unissent fiscalité et dépenses publiques et d’autre part le risque des effets négatifs sur la croissance d’une hausse excessive des prélèvements obligatoires.

    Dès lors qu’elles créent un sentiment de facilité financière, les hausses d’impôts poussent plus facilement, ensuite, les décideurs à engager des hausses de dépenses publiques. Après la crise de 2008-2009, l’OCDE notait ainsi :

    « Les efforts d’assainissement menés avec succès dans le passé ont généralement fait une large place aux réductions de dépenses pour des raisons d’économie politique, mais aussi du fait de leurs effets positifs en termes d’efficience et, lorsqu’elles étaient concentrées sur les transferts et d’autres dépenses courantes, de leur durabilité apparente.

    Avec un niveau de prélèvements qui atteint déjà environ 35 % du PIB en moyenne dans la zone OCDE (et jusqu’à 50 % environ dans certains pays), de nombreux régimes fiscaux réduisent le PIB en émoussant les incitations au travail, à l’épargne et à l’investissement. Les dépenses publiques sont élevées dans la plupart des pays de l’OCDE fortement endettés. Devant la hausse imminente des coûts liés au vieillissement, la voie la plus prometteuse de la viabilité budgétaire passe par des réductions de dépenses qui améliorent l’efficience allocative (meilleure utilisation générale des ressources) ou productive (moindre coût des ressources par unité de service produit) . »

    Ces lignes s’appliquent plus que jamais à la France de 2021.

    Sur le web

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      Jeff Bezos, l’entrepreneur qui réussit

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 6 February, 2021 - 04:30 · 10 minutes

    Jeff Bezos

    Par Nathalie MP Meyer.

    Aux yeux des anticapitalistes de tout poil, le patron et fondateur du géant du commerce en ligne Amazon Jeff Bezos est la preuve vivante et définitive que l’accumulation de la richesse ne peut se faire qu’au détriment de la justice sociale et de la nouvelle variante que la « convergence des luttes » a adjoint à cette dernière, à savoir la justice climatique.

    Pour eux, l’affaire est des plus simples.

    Jeff Bezos n’est épargné par aucun cliché

    D’un côté, vous avez l’homme le plus riche du monde . Son patrimoine personnel tourne autour des 180 milliards de dollars en fonction des mouvements de la bourse, son entreprise figure parmi les plus grosses capitalisations boursières de la planète et elle vient d’annoncer un chiffre d’affaires de 386 milliards de dollars, soit 38 % de plus qu’en 2019, et un bénéfice net de 21,3 milliards de dollars – un record en cette année 2020 marquée par les confinements anti-Covid où l’on a vu tant d’autres entreprises recourir aux plans sociaux (voir annexe en fin d’article).

    Et de l’autre, vous avez un patron tellement implacable qu’il parvient sans peine à dépasser dans l’horreur tous les clichés du genre. Pas la moindre petite trace de « responsabilité sociale des entreprises » chez lui, mais un culte du profit insolent qui se traduit concrètement par l’exploitation des salariés, la ruine des petits commerces et la désertification des centres-villes, la disparition des surfaces cultivées pour installer des entrepôts géants, la destruction de la planète via le manège incessant des véhicules polluants qui assurent les livraisons et, comble de l’outrecuidance, une fiscalité absolument dérisoire.

    Bref, pour le dire avec la finesse de notre ministre de la Culture Roselyne Bachelot à l’époque où le gouvernement français s’est retrouvé pris au piège de ses listes de biens essentiels et non essentiels, « Amazon se gave » et il serait fort peu social et solidaire de laisser la situation empirer.

    C’est ainsi qu’à l’approche des fêtes de fin d’année dernière, saison traditionnellement faste pour le commerce en ligne, on a vu apparaître moult pétitions hautement conscientisées demandant en substance de boycotter Amazon et/ou de le taxer plus .

    De quoi conforter le ministre de l’Économie Bruno Le Maire dans son grand projet d’aller chercher l’argent là où il est, c’est-à-dire « chez les géants du numérique » .

    Cette diatribe fort courante souffre néanmoins d’une bonne dose d’approximations , couplée à un fort relent de militantisme décroissant qui s’encombre fort peu des réalités. Fondamentalement, c’est un mode de vie qui est en cause, ce sont les idées même de consommation et de croissance qui sont violemment rejetées. Pour les détracteurs d’Amazon, il existe une façon citoyenne de consommer qui passe exclusivement par l’économie circulaire et les acteurs de l’économie sociale et solidaire.

    Tout le reste n’est qu’injure faite à l’humanité et à la planète, comme en témoignait la farouche manifestation de samedi dernier contre l’implantation d’un nouvel entrepôt Amazon dans le Gard (photo de gauche).

    Mais des employés plutôt contents

    Et pourtant, allez faire un petit tour du côté du double entrepôt de Lauwin-Planque près de Douai dans le département du Nord (photo de droite) et vous rencontrerez des employés plutôt contents de leur emploi chez Amazon et passablement chagrinés par les critiques adressées à leur employeur.

    Séverine, par exemple. Méfiante au départ, comme tout le monde tant la contre-propagande marche bien, elle est entrée dans la gueule du loup comme intérimaire et ne rêve plus que d’y être embauchée :

    « Ce n’est pas dégradant de bosser pour Amazon. Et puis, qu’est-ce qui est mieux ? Travailler à la chaîne chez Renault ? J’étais diplômée en coiffure, j’ai travaillé chez SFR en tant que chargée de clientèle où on m’en a fait voir de toutes les couleurs, dans la logistique chez Kiabi, j’ai fait des ménages… Et c’est ici que je me sens bien. »

    Exception qui confirme la sinistre règle ? Eh bien, même pas : dans le baromètre Forbes 2020 des meilleurs employeurs mondiaux, Amazon arrive… en seconde position ! Le premier groupe français de ce classement est Dassault Systèmes qui obtient la 33 ème place et on passe ensuite à Safran et Michelin qui occupent respectivement les rangs 52 et 59.

    L’exigence de Bezos : la satisfaction du client

    Il est certain que le contexte de la pandémie de Covid-19 a donné des ailes au commerce en ligne en 2020. Mais l’engouement des consommateurs pour Amazon avait commencé bien avant cela car le client, la satisfaction du client, le service au client sont justement au cœur de la stratégie et de la réussite de Jeff Bezos.

    Anecdote rapportée récemment par le journaliste Brian Dumaine dans son livre Bezonomics : chaque fois que Bezos voit passer un email d’un client mécontent, il le réexpédie accompagné d’un « ? » des plus explicites au responsable concerné. Ce dernier abandonne sur le champ tout ce qu’il était en train de faire pour se consacrer exclusivement à la résolution du problème du consommateur. C’est pratiquement devenu un réflexe pavlovien au sein d’Amazon.

    Le client, donc, mais également l’innovation, la curiosité et même un brin de folie. Et aussi cette idée forte que chaque jour de l’entreprise doit être vécu comme s’il était le premier jour d’une nouvelle entreprise légère, agile et inventive. Pas question chez Amazon de voir la réussite s’encroûter dans la bureaucratie et la routine.

    C’est le fameux « Day 1 », concept qui revient en permanence dans les discours de Jeff Bezos et sur lequel il a conclu l’email envoyé mardi 2 février dernier à ses 1,3 million de salariés dans le monde pour annoncer qu’il quitterait prochainement la Direction générale du groupe pour ne conserver que la présidence du Conseil d’administration.

    Objectif : accorder plus d’attention à ses autres « passions » – l’aéronautique et l’espace avec Blue Origin, la presse avec le Washington Post , l’aide aux sans-abris et aux enfants déscolarisés avec le Day 1 Fund et l’environnement et le climat avec le tout nouveau Bezos Earth Fund inauguré l’an dernier.

    Peut-être est-ce sa façon de répondre à ses nombreux détracteurs, alors qu’il avait refusé de signer The Giving Pledge initié par Bill Gates et Warren Buffet il y a une dizaine d’années afin d’engager les milliardaires à consacrer leur fortune à la philanthropie.

    L’enfance de Jeff Bezos

    Mais avant d’être milliardaire, il faut le devenir. Pour Jeff Bezos, tout a commencé 57 ans plus tôt à Albuquerque au Nouveau-Mexique. Le futur homme le plus riche du monde est né en 1964 sous le nom de Jeffrey Jorgensen dans un couple à peine sorti de l’adolescence dont le père s’évapore peu après dans la nature. Sa mère se remarie quelques années plus tard avec Miguel Bezos, réfugié cubain qui adopte l’enfant et lui donne son nom.

    Le jeune Jeff manifeste rapidement une grande précocité intellectuelle. Toujours premier en tout à l’école, il devient inventeur, bricoleur et ingénieur dès qu’il rentre chez lui. Il se raconte qu’à 3 ans, il a démonté et remonté au tournevis les barreaux de son lit. À 8 ans, c’est le tracteur de son grand-père qui subissait le même sort. Il adore calculer tout ce qui se présente à son esprit : la consommation d’essence au kilomètre quand il voyage en voiture et même le nombre d’années de vie que sa grand-mère n’aura pas si elle continue à fumer comme elle le fait.

    D’habitude, ses talents en arithmétique lui attirent les félicitations de ses proches. Mais ce dernier épisode qui a fait pleurer sa grand-mère lui vaut une remontrance si profondément fondatrice qu’il en a fait part en 2010 aux étudiants de l’Université de Princeton dans une allocution articulée autour des talents qu’on a et des choix que l’on fait : « Jeff, un jour tu comprendras qu’il est plus difficile d’être gentil qu’intelligent » , lui assène son grand-père.

    L’anecdote se voulait tremplin vers une morale humaniste, mais elle aura surtout eu l’effet collatéral de consolider sa réputation de dureté dans l’esprit de ses contradicteurs.

    Des idées encore et toujours

    En 1986, Jeff Bezos sort de Princeton avec un diplôme en sciences de l’informatique. Il travaille dans plusieurs sociétés financières de Wall Street jusqu’en 1994, année de ses 30 ans où il réalise que les utilisations d’internet sont en train de croître à un rythme prodigieux de 2300 % par an.

    Du jamais vu qui lui donne l’idée folle et palpitante de lancer une librairie en ligne capable de commercialiser des millions de titres, prouesse qu’aucune librairie du monde physique ne serait capable de réaliser. Le tournant, radical, est typiquement technologique.

    Il quitte son (excellent) job et démarre le projet Amazon à Seattle dans son garage, bien conscient qu’il prend un risque énorme, mais bien conscient aussi qu’il pourrait regretter un jour de n’avoir rien tenté. Dès le départ, il recherche des collaborateurs doués en informatique, motivés, durs à la tâche et extrêmement rapides – comme lui, en fait. En contrepartie, la rémunération comprendra une participation significative au capital de l’entreprise.

    Dans sa première annonce de recrutement datée du 22 août 1994, il précise que les candidats retenus devront être capables de faire leur travail en un tiers du temps jugé nécessaire par les gens les plus compétents du domaine !

    Au fil du temps et de la technologie, la librairie en ligne de Seattle s’étend au vaste monde et se met à distribuer toute la gamme que l’on trouve habituellement dans les hypermarchés, produits alimentaires et pharmaceutiques compris, entraînant dans son sillage une profonde transformation du secteur de la distribution. Amazon propose en outre une market place où des entreprises indépendantes peuvent écouler leurs produits, ainsi qu’un service Prime de livraison hyper-rapide, le tout pour des tarifs hyper-concurrentiels. Jeff Bezos :

    « Dans dix ans, verra-t-on un client débarquer ici pour me dire ‘Salut, Jeff, j’adore Amazon, j’aimerais juste que les prix soient un peu plus élevés’ ou ‘j’aimerais juste que la livraison soit un peu plus lente’ ? Impossible ! » (cité dans Bezonomics )

    L’aventure est loin d’être terminée. En nommant le dirigeant du cloud d’Amazon Andy Jassy pour le remplacer au poste de Directeur général, Jeff Bezos nous dit que le e-commerce, c’est presque de l’histoire ancienne. Ce qui était crazy en 1994 est devenu normal en 2021.

    L’avenir passe maintenant par Amazon Web Services, l’entité qui représente déjà plus de la moitié des résultats du groupe pour 12 % du chiffre d’affaires et qui loue des logiciels et des espaces de stockage à des entreprises aussi importantes que Netflix, Engie ou Axa.

    L’impulsion du « Day 1 », une impulsion typique de l’entrepreneur, est plus que jamais à l’ordre du jour.

    Annexe : Résultats d’Amazon de 2018 à 2020

    Chiffre d’affaires des 3 branches – Résultat opérationnel – Résultat net et Impôts (12,7 % du résultat opérationnel en 2020) – Source : Form 10-K .