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      Présidentielle 2020 : le socialisme autoritaire en tête, la gauche en miettes

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 10:14 · 4 minutes

    Par Frédéric Mas.

    Sommes-nous condamnés à un face-à-face Macron-Le Pen pour la présidentielle de 2022 ? Un sondage Ipsos/Sopra Steria paru mercredi semble confirmer la prise en étau de l’élection entre nationalisme et centrisme autoritaire, et une uniformisation anti-libérale et socialisante de l’offre politique.

    Dans tous les cas de figure, Emmanuel Macron est crédité de 24 à 27 % des intentions de vote, et Marine Le Pen de 25 à 26,5 %. En troisième position vient Xavier Bertrand (centre-droit), qui se retrouve dans une fourchette de 14 à 16 %.

    Le fractionnement de la gauche ne lui permet pas de passer le premier tour, sauf si le PS et EELV réussissent le tour de force de s’unir. Dans ce cas, ils arriveraient à 17 % avec Yannick Jadot et 16% avec Anne Hidalgo à la tête de l’hypothétique coalition.

    Face à face Macron-Le Pen

    Marine Le Pen progresse sans avoir à faire campagne, Macron a fait disparaître de son discours les dernières traces de libéralisme . L’opinion publique juge sévèrement le quinquennat d’Emmanuel Macron, élu sur un programme réformiste et qui finalement n’a pu ou su débloquer les lourdeurs de la vie publique française.

    La crise des Gilets jaunes, celle des retraites et finalement la gestion de la crise sanitaire ont achevé la transformation de La République en marche en formation autoritaire, rognant sur les libertés publiques, la liberté d’expression et le droit de propriété sous couvert d’ouverture progressiste et écologiste.

    L’extrême droite n’a fait que recueillir les fruits de l’insatisfaction et de la défiance des citoyens pour apparaître aux yeux de beaucoup comme une alternative au gouvernement en place.

    La droite fait de l’œil au populisme de Montebourg

    Une partie de la droite modérée a gauchisé son discours économique et durci son discours sécuritaire, offrant face au Rassemblement national un populisme anti-libéral plus soft et plus expérimenté.

    L’ancien ministre et actuel président du Conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand a suscité quelques remous à droite comme à gauche après avoir énoncé des points de convergences avec l’ex-PS Arnaud Montebourg sur la question de la souveraineté et de l’industrie.

    Guillaume Peltier , le numéro deux de LR, a tenu des propos similaires au micro de LCI, parlant de « points communs » sur la souveraineté et le « patriotisme économique » . Last but not least, Marine Le Pen elle-même a reconnu un air de famille entre son discours et celui de l’ancien ministre du Redressement productif. En cherchant à surfer sur le rejet de la mondialisation, toutes les droites finiraient-elles par converger ?

    L’écologie en position de force à gauche

    À gauche, Yannick Jadot triomphe, car il est en position de faiseur de rois. Il sait que le PS ne peut envisager son avenir sans lui, et que c’est autour de l’écologie politique que s’agrégeront les formations de la gauche de la gauche si elle veut remettre en cause le duopole Macron-Le Pen.

    Il faut bien parler de gauche de la gauche, car l’aile modérée du PS a été absorbée par le macronisme, et les figures qui réapparaissent autour de Jadot, comme par exemple Benoît Hamon , estiment de manière assez contre-factuelle que c’est en mettant la barre encore plus à gauche qu’elles pourront décrocher l’élection.

    Mais Anne Hidalgo pourra-t-elle travailler avec des écolos qui surfent sur toutes les modes les plus radicalement anti-capitalistes, indigénistes et anti-tech ? Elle a déjà du mal à Paris, alors à l’échelle du pays…

    Alternatives libérales ?

    Alors, l’avenir politique est-il bouché pour les libéraux ? Certaines figures dynamiques au sein de la droite modérée comme du courant progressiste de la majorité présidentielle pourraient jouer un rôle en contrepoint du social-autoritarisme ambiant.

    Rafik Smati, le président d’ Objectif France , Aurélien Véron, l’infatigable défenseur des libertés et élu à Paris ou David Lisnard , le maire de Cannes pourraient porter une voix libérale discordante au sein d’une droite qui se cherche.

    Valérie Petit , députée de la 9 e circonscription du Nord se positionne comme libérale, écologiste et progressiste. Bien qu’apparentée à la majorité présidentielle, elle a récemment déposé une proposition de résolution visant à évaluer les conséquences des restrictions sanitaires sur les libertés publiques.

    Des parcours à suivre, et qui pourraient inspirer des vocations !

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      Vaccins : Macron optimiste

      René Le Honzec · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 07:19

    Le regard de René Le Honzec.

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      Le Pen-Macron, le retour de blanc bonnet et bonnet blanc

      Michel Faure · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 04:30 · 7 minutes

    Le Pen

    Par Michel Faure.

    Marine Le Pen pourrait-elle être notre prochaine présidente de la République ? C’est une hypothèse qui n’a plus rien d’invraisemblable aujourd’hui si l’on en croit l es sondages. Le plus récent d’entre eux, le Harris Interactive des 19 et 20 janvier 2021, donne au second tour 52 % des intentions de vote au président de la République Emmanuel Macron et 48 % à Marine Le Pen. Avec seulement quatre points d’écart, nous sommes dans la marge d’erreur, donc rien n’est certain.

    Bien sûr, il reste encore un peu plus d’une année avant le prochain scrutin présidentiel et d’autres candidats peuvent encore apparaître et séduire l’opinion au point qu’il leur serait possible de franchir avec succès l’étape du premier tour. Mais pour l’instant, nous ne voyons personne à l’horizon et nous nous retrouverons alors en 2022 face à la perspective de ce navrant replay du second tour de 2017 . Comment est-ce possible ? Et pourquoi Marine Le Pen pourrait bien, cette fois-ci, l’emporter ?

    Le Pen-Macron : droite et gauche se sont auto-détruites

    Pour répondre à la première question, rappelons que nous pensions qu’avec sa victoire de 2017 le président Emmanuel Macron avait pulvérisé la droite et la gauche traditionnelles. En réalité, l’une et l’autre se sont auto-détruites dans les jours précédant le scrutin. La désolante présidence de François Hollande a laissé une triste impression de vide et d’impuissance et a divisé la gauche en multiples groupuscules.

    La droite n’était pas trop mal partie pour gagner sous la houlette de François Fillon qui avait déclaré la France en faillite et l’urgence de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires. Ce programme radical a bien sûr inquiété la fonction publique. Conséquence ou coïncidence, l’histoire nous le dira, le Parquet national financier s’intéressa soudain à l’épouse du candidat et à son travail, réel ou fictif, mais rémunéré, auprès de son mari. Ce népotisme désolant, mais banal, parait-il, a révélé le zèle et la vélocité des juges et mis Fillon hors jeu.

    Face aux Républicains assommés et au PS en miettes, il ne restait plus que deux personnages sur la piste, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La première avait entrepris de « dédiaboliser » le parti de Papa, mais continuait dans sa lignée à détester l’Europe, l’euro et les migrants ; le second et nouveau jeune premier du moment, fringant et prometteur, nous annonçait un monde d’après meilleur que celui d’avant. Macron l’emporta haut la main (43,6 % des voix contre 22,3 pour son adversaire) après un débat entre les deux tours où Marine Le Pen fut agressive et confuse.

    Pourquoi, quatre ans après cette très lamentable performance, Marine Le Pen revient-elle, et pourquoi les Français, en 2022, pourraient peut-être la préférer à Emmanuel Macron ?

    La paupérisation et la colère

    Deux raisons répondent à cette deuxième question.

    La première est la paupérisation de nombreux foyers et leur colère face au peu d’intérêt que leur situation suscite en haut lieu. Le mouvement des Gilets jaunes en a été l’expression. En 2019, 9,3 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté, et un million d’autres les ont rejoint fin 2020, estime Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre, dans une interview à France Culture le 7 octobre 2020 .

    Il ajoute :

    Concrètement, aujourd’hui, pour une personne seule, c’est un peu moins de 1060 euros par mois. Ça fait pas mal de monde, presque 15 % de la population française.

    La Covid joue son rôle, bien sûr, dans cette montée de la pauvreté, malgré les mesures de soutien et les aides sociales importantes.

    Cette crise de la pauvreté a été entendue par Macron, mais n’a pas pu être résolue car elle est le résultat d’ une lente désindustrialisation de notre pays depuis 1975 , de la baisse du niveau d’éducation des jeunes et de la montée du chômage. Pendant ce temps, le nombre de fonctionnaires grandit (en 2019, il a augmenté de 17 400 pour dépasser les 5,66 millions), les dépenses publiques aussi, nos déficits et notre dette également.

    La part des dépenses publiques dans le PIB est passé de 54 % en 2019 à 62,8 % en 2020, selon le site Statista qui estime qu’elles redescendront à 58,5 cette année. Bref, le secteur public continue à lentement asphyxier le secteur productif et marchand, c’est-à-dire le secteur privé.

    Emmanuel le flou

    La deuxième raison est lié à l’effondrement du naïf enthousiasme qui avait accompagné l’élection d’Emmanuel Macron, président bonapartiste élu plus pour sa jeunesse et sa promesse de renouveau que pour son programme, si léger et flou que nous en avons perdu la trace.

    En ce début de 2021, nous savons que notre République est dirigée par un politicien assez amateur et très autoritaire. Certains ont cru voir chez lui le libéral d’un monde nouveau alors qu’il s’avère l’étatiste du monde ancien. Il n’a pas su réformer la France, ni gérer la crise sanitaire, et a mis à mal notre Parlement, l’économie de notre pays, et nos libertés.

    Prudence et sympathie

    Ce triste bilan macronien pourrait annoncer une éventuelle préférence pour Marine Le Pen. Elle a eu l’intelligence de rester quasiment muette pendant quelque temps après l’élection d’Emmanuel Macron. Son débat raté est sans doute l’une des causes de cette discrétion. Elle fait aussi moins peur, ne brandit plus l’hypothèse d’un Frexit imminent, ni la menace de l’abandon de l’euro. On l’imagine devenue raisonnable.

    Par ailleurs, il est indéniable qu’elle suscite la sympathie de nombreux Français. Elle est dans le paysage politique depuis longtemps et l’occupe de façon singulière. Quand elle promet de « parler au nom du peuple » , ce n’est pas faux si l’on considère que par ce mot elle entend les classes populaires. En 2017, un sondage montrait déjà que plus on est pauvre, plus on vote pour elle.

    L’actualité joue en sa faveur avec les Gilets jaunes, les attentats islamistes et la crise migratoire. Elle n’oublie pas une part de son héritage familial , le poujadisme, auquel son père fut lié, et elle prend souvent la défense des PME et des petits commerçants, lesquels ont quelques bonnes raisons de ne pas voter pour Macron qui a fermé leurs magasins dès que les hôpitaux risquaient d’être saturés.

    Quoi qu’on en pense, Marine Le Pen reste la même nationaliste et souverainiste de toujours. Elle apporte son soutien à Donald Trump, admire Vladimir Poutine, approuve l’intervention russe en Syrie et va jusqu’à proposer une alliance de la France avec Bashar El Assad contre l’État islamiste. En matière économique, elle se montre tout aussi calamiteuse pour rester rétive aux échanges internationaux et pour sa promesse de « défendre les services publics ».

    Comme Macron avant elle, elle veut un « État stratège ». Nous en voyons déjà les dégâts avec notre actuel président. Ce serait probablement pire encore avec Le Pen. Enfin, l’Europe les sépare. L’une la déteste, l’autre serait ravi de la dominer.

    Le Pen-Macron et l’envie d’une sortie de secours

    De même qu’il n’était pas raisonnable en 2017 de s’emballer pour le jeune politicien fougueux, mais sans expérience, qu’était alors Emmanuel Macron, de même il serait périlleux de penser que Marine Le Pen ne serait plus aujourd’hui celle que l’on croyait. Son élection nous confinerait dans une autarcie patriotique, un autoritarisme désordonné, le recul de nos libertés et un nouvel affaiblissement de la France sur les plans politique, économique et sur la scène européenne et internationale.

    Nous revoici donc, peut-être, devant ce triste et impossible choix : deux personnages autoritaires et adeptes de l’étatisme. À chacun de choisir le moindre mal tant que personne, ni à droite ni à gauche, n’émerge pour nous offrir enfin une sortie de secours. Franchement, nous méritons mieux.

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      Motifs impérieux pour voyager : l’exécutif nous noie toujours dans le flou

      Pierre Farge · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 04:15 · 3 minutes

    motifs impérieux

    Par Pierre Farge.

    Déjà en mai dernier , l’avocat Pierre Farge déplorait le manque de précision de la notion de « motifs impérieux » pour justifier d’un déplacement dans le cadre du confinement. Sans avoir été précisée, cette notion revient avec la fermeture de nos frontières. Mais toujours aussi floue et difficile d’interprétation, elle traduit finalement un nouvel  impair de l’exécutif.

    La définition posée par le Larousse considère impérieux « ce qui s’impose avec le caractère d’une obligation, qu’il faut absolument satisfaire » .  Le motif impérieux renvoie donc à une obligation qui contraint une personne de manière impérative et qui l’amène à contrevenir à un principe applicable.

    D’un point de vue juridique, la notion de motif impérieux n’a fait l’objet d’aucune définition claire. À défaut, cette notion est à la discrétion du fonctionnaire de police ou de gendarmerie, c’est-à-dire avec plus ou moins de discernement, au cas par cas, et donc à la tête du justiciable.

    Motifs impérieux : ce qu’en dit le Conseil d’État

    À la faveur du premier confinement, le Conseil d’État s’est néanmoins prononcé très ponctuellement sur un certain nombre de cas.

    Par exemple, compléter son stock de bois de chauffe ne constitue pas un motif impérieux, puisqu’on peut se le faire livrer ; ne répond pas non plus au caractère impérieux de cet homme qui a voulu se rendre au chevet de son père mourant , et qui a été verbalisé ; ou encore de ces femmes sorties acheter un test de grossesse et du papier hygiénique ; de cet étudiant qui s’est déplacé à la laverie automatique faute de moyens dans sa chambre de bonne pour laver ses vêtements ; ou encore, l’absurde n’ayant pas de limite, de ce SDF ayant enfreint le confinement pour s’être montré  mobile et « particulièrement agressif ».

    Attentatoire à nos libertés, la notion de motif impérieux autorise ainsi à être verbalisé au prétexte que le motif que l’on considère « impérieux » ne soit pas le même que celui qui nous contrôle. Reprenons.

    Aujourd’hui avec l’interdiction de sortie du territoire, le sujet est un peu différent : l’attestation de déplacement dérogatoire est assortie d’une liste de trois catégories de « motifs impérieux ». Cette liste « indicative » – donc non limitative – se divise en motifs d’ordre personnel ou familial, de santé, et professionnel.

    Des exemples sont donnés, comme le décès d’un membre de la famille, une convocation judiciaire, une urgence médicale vitale ou encore des missions indispensables à la poursuite d’une activité économique.

    Bien qu’il s’agisse toujours d’une attestation sur l’honneur, des pièces justificatives sont désormais exigibles. Allez comprendre le paradoxe d’attester sur l’honneur, mais en même temps d’avoir à en produire la preuve – la confiance n’exclut jamais le contrôle.

    Dans un souci de pédagogie, des exemples sont encore donnés : un acte ou certificat de décès, une convocation par une autorité judiciaire ou administrative, un certificat médical, une attestation de l’employeur ou une carte professionnelle.

    Pour celui qui n’entre pas exactement dans cette liste « indicative », se pose donc toujours la question de la personne qui sera amenée à apprécier si son motif est  impérieux ou non, c’est-à-dire pour un agent administratif, un officier de police, ou un inspecteur des douanes… apprécier une urgence médicale ou une mission indispensable à la poursuite d’une activité économique, par exemple.

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      Covid : la démocratie recule partout dans le monde… et en France

      Contrepoints · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 04:00 · 2 minutes

    liberté

    Par la rédaction de Contrepoints .

    Les effets de la crise sanitaire sur les libertés publiques ont été catastrophiques dans le monde entier, et ont fortement dégradé la réputation démocratique de la France. C’est ce qui ressort du Democracy Index 2020 , un rapport du département consacré à la recherche de The Economist , le fameux journal économique britannique.

    Selon les rédacteurs du rapport :

    « Le score global moyen de l’indice de démocratie 2020 est passé de 5,44 en 2019 à 5,37. C’est de loin le pire score global depuis la création de l’indice en 2006. Le résultat de 2020 représente une détérioration significative et est dû en grande partie – mais pas uniquement – aux restrictions imposées par les gouvernements aux libertés individuelles et civiles qui ont eu lieu dans le monde entier en réponse à la pandémie de coronavirus. »

    Si cette détérioration du climat démocratique s’est en particulier traduite par la montée en puissance des régimes autoritaires, en particulier au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, certains pays d’Europe de l’Ouest comme la France ou le Portugal ont vu leur statut rétrograder de démocratie parfaite à démocratie imparfaite.

    En cause, principalement les confinements multiples et le couvre-feu, qui ont entravé la liberté de circuler, de se réunir et de commercer en France.

    Le précédent des Gilets jaunes

    Rappelons qu’avant même la crise sanitaire, au moment de celle des Gilets jaunes , le gouvernement a eu droit aux remontrances de certains observateurs étrangers quant aux respects des principes démocratiques. Des experts de l’Onu avaient dénoncé les restrictions à la liberté de manifester tout comme l’étendue de la répression policière en novembre 2018.

    Un mémorandum de la commissaire aux droits de l’Homme du conseil de l’Europe publié en 2019 en avait même appelé à la suspension de l’usage des LBD par la police française contre les manifestants « afin de mieux respecter les droits de l’Homme. »

    L’autoritarisme bureaucratique qui s’est imposé avec l’état d’urgence sanitaire n’est pas un accident politique, mais le visage du déclin d’une monarchie républicaine française déséquilibrée et illibérale.

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      Covid-19 : la fausse solution de Québec solidaire

      Pierre-Guy Veer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 03:50 · 3 minutes

    covid

    Par Pierre-Guy Veer.

    Au Québec , il n’existe aucun parti libéral digne de ce nom qui questionne un tant soit peu l’État byzantin. Mais un seul parti affiche ouvertement son penchant socialiste : Québec solidaire. Sa philosophie : hors de l’État, point de salut.

    C’est particulièrement évident lors d’une sortie récente de son député Gabriel Nadeau-Dubois (GND), « scandalisé » que des interventions de chirurgie esthétique soient maintenues, et ce presque sans attente. Considérant la situation virale actuelle, il propose évidemment la saisie de ces salles d’opérations pour soulager l’engorgement des hôpitaux dû à la covid.

    Une telle sortie de GND n’est nullement surprenante. Ancien activiste étudiant croyant que l’argent pousse dans les arbres, il pense que les 50 dernières années d’administration publique désastreuse de la santé sont une aberration statistique.

    En effet, le budget provincial alloué à la santé n’a cessé d’augmenter. Il a nominalement triplé depuis les coupures effectuées au milieu des années 1990. Lors du dernier budget, la Santé occupait plus de 43 % des dépenses de programme, avec une augmentation annuelle moyenne de plus de 5 %.

    Et pourtant, les listes d’attente ne raccourcissent pas. En juillet 2018 , l’attente pour consulter son médecin de famille était de 371 jours. Ces médecins sont tellement débordés que l’inscription de 75 000 personnes a été refusée.

    Si on ajoute en plus la Covid-19, en faveur duquel les chirurgies « non urgentes » sont reportées ou annulées, les listes d’attente ne peuvent que s’allonger encore plus.

    Covid : l’erreur fatale du tout-public

    Ce n’est donc pas en contraignant les services privés à effectuer des opérations relevant du secteur public que le problème se réglera – ni en taxant les entreprises qui « ont profité » de la pandémie de covid.

    C’est plutôt en opérant un changement radical de la considération des patients dans les hôpitaux. Comme le rappelle l’IÉDM , dans des hôpitaux tout-public ils constituent une dépense. Il faut donc rationner les dépenses pour éviter de défoncer les budgets.

    Mais dans un établissement privé, les patients sont considérés comme une source de revenus. Il y a donc tout intérêt à fournir un excellent service pour offrir davantage de soins – même de routine – dans le futur.

    Et le temps d’attente, quand il existe, est infinitésimal par rapport au public. Tant et si bien que des organismes publics comme la CSST (qui compense les accidentés du travail) s’orientent vers le secteur privé, engendrant ainsi des économies en bout de ligne : moins de temps d’attente, de compensation, etc.

    Un partenariat économe

    Si l’État doit gérer les soins de santé, orienter vers le secteur privé les patients ne pouvant se faire opérer à temps en secteur public pourrait faire économiser de précieux fonds.

    Des exemples existent déjà au Québec, notamment pour certains CHSLD (hospices) dits conventionnés : ils reçoivent des fonds publics mais sont gérés de façon privée. Aucun d’entre eux, lors d’un sondage auprès des usagers, n’a reçu de cote préoccupante, par rapport à 12 % des établissements tout-public.

    De plus, même les coûts sont plus faibles, de l’aveu même du très keynésien Pierre Fortin : 12 % pour tous les coûts, et 26 % si on considère exclusivement les coûts d’administration.

    Bref, GND aurait intérêt à sortir de sa bulle utopique et se rendre à l’évidence : dans sa forme actuelle le tout public est la seule raison pour laquelle les listes d’attente sont si longues. Plutôt que d’envier le succès du privé, il devrait plutôt l’observer et s’en inspirer.

    Mais comme une privatisation en santé est impensable, une alliance pourrait soulager le système en y orientant des patients. Depuis l’arrêté Chalouhi en 2006,  ceux qui doivent attendre pour certaines opérations peuvent être soignés dans le secteur privé et être remboursés par le service public.

    Résultat : la Belle province dépasse la moyenne canadienne pour les temps d’attente.

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      Démocratiser les grandes écoles : pourquoi ça coince ?

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 03:30 · 7 minutes

    grandes écoles

    Par Marie Duru-Bellat.
    Un article de The Conversation

    Alors que les élites françaises, économiques et politiques, sont volontiers critiquées pour la base très étroite de leur recrutement – 84 % d’anciens des grandes écoles parmi les dirigeants des entreprises du CAC 40, par exemple –, les grandes écoles sont l’objet, notamment depuis une vingtaine d’années, de diverses Chartes ou dispositifs qui visent à en élargir le recrutement.

    Car aujourd’hui, les deux tiers de leurs étudiants (et même presque 80 % dans les 10 % des écoles les plus sélectives) sont d’origine sociale très favorisée (cadres, chefs d’entreprise, professions libérales et intellectuelles). Ceci correspond, si on se cale sur les élèves de troisième, à des chances d’accéder à une grande école 9 à 10 fois supérieures, pour ces élèves, par rapport à ceux de milieu défavorisé.

    Ces constats interrogent : ces élites sont bien monolithiques et on peut s’interroger sur la pertinence de la formation en grande école pour nombre de ces positions de pouvoir… Mais après tout, si l’on était certain qu’accéder à une grande école ne fait que refléter le mérite, il n’y aurait là rien de choquant, dans une société qui rejette l’hérédité des positions sociales au profit d’une sélection des plus méritants, tâche qu’est censée assurer l’institution scolaire.

    Alors que le caractère très typé socialement des diplômés des grandes écoles fait soupçonner une entorse au jeu méritocratique, le rapport très fourni de l’Institut des Politiques Publiques, documente les facteurs qui viennent le contrarier, à savoir, outre l’origine sociale, le genre et l’origine géographique. Et ce alors que les diverses actions mises en place depuis les années 2000 n’empêchent pas une grande stabilité !

    Une ségrégation sociale massive

    Concernant l’impact très fort de l’origine sociale, les auteurs notent que les inégalités sociales de réussite en amont n’expliquent pas tout, environ 50 % si on se cale sur le niveau en fin de troisième. Cela dit, les scolarités jusqu’en troisième sont de moins en moins sélectives, et les filières où l’on accède au lycée le sont, elles, de plus en plus.

    Depuis 30 ans, la réelle démocratisation de l’accès au bac s’est accompagnée d’une diversification des bacs, avec notamment le bac professionnel. Cette évolution s’est faite à telle enseigne que les chances d’accéder à un bac général – porte d’accès incontournable pour une grande école – n’ont pas augmenté ces dernières années pour les enfants des milieux les plus défavorisés. Ils sont aspirés par la filière professionnelle, tandis que les probabilités d’obtenir un bac scientifique varient presque de 1 à 10 selon les milieux.

    Ces inégalités sociales de réussite sont très précoces : les chances d’obtenir un bac général ou technologique sont elles-mêmes extrêmement inégales selon le niveau scolaire à l’entrée en sixième, lui-même lié au niveau à l’entrée à l’école élémentaire.

    On ne saurait donc espérer démocratiser l’accès au sommet de l’élite scolaire – par des bourses au mérite distribuées à 18 ans par exemple – si dès le cours préparatoire des inégalités sociales de réussite s’accumulent, que l’école ne parvient pas à contrer.

    Des facteurs culturels et matériels

    Cependant, la réussite scolaire ne fait pas tout. Alors que globalement, les filles réussissent mieux leurs études secondaires, et représentent 55 % des effectifs de niveau bac + 3 à bac+5, elles ne comptent que pour seulement 42 % des effectifs des grandes écoles et 37 % des plus sélectives.

    Mais là aussi, on ne peut se contenter d’une approche globale calée sur le niveau en fin de troisième. En effet, au lycée, les choix d’options et de filières, qui anticipent les orientations dans le supérieur et la vie professionnelle, sont sexués. À ce stade, les filles n’évitent pas tant les maths que la physique et veillent à rester relativement polyvalentes, ce qui facilitera leur accès aux écoles de commerce ou à Sciences Po.

    De fait, leur sous-représentation concerne avant tout les écoles d’ingénieurs (26 %), alors que des filières comme Sciences Po Paris ou, à un degré moindre, les écoles de commerce, sont largement féminisées.

    Ici intervient d’une part le poids des stéréotypes qui connotent comme masculines ou féminines les disciplines scolaires, et qui, notamment parce qu’ils marquent inconsciemment les attentes des enseignants, canalisent très tôt le sentiment d’efficacité et les projets des élèves. D’autre part, il faut compter avec l’anticipation d’un monde du travail loin d’être mixte, où il semble plus ou moins facile de se projeter, selon son genre, dans telle ou telle profession. Seules des évolutions sociales de longue haleine peuvent ici atténuer ces freins.

    Les grandes écoles sont également très parisiennes : 30 % des étudiants de grande école ont passé leur bac à Paris ou en Île-de-France (contre 19 % des bacheliers), un chiffre qui monte à 41% dans les 10 écoles les plus sélectives. Ces inégalités sont clairement contraires à l’idéal méritocratique : peu expliquées (20 %) par les inégalités de réussite en troisième, c’est avant tout l’inégale distribution sur le territoire des classes préparatoires et des écoles qui doit être incriminée, tant on sait que l’« offre » éducative locale impacte les choix des lycéens.

    Si on ne choisit pas la région où l’on grandit, certaines familles bien informées essaient de choisir le lycée optimal et y parviennent. La moitié des effectifs des écoles les plus sélectives provient de seulement 8 % des lycées.

    Il faudrait alors, si on ne veut pas supprimer les possibilités de choix d’un lycée, contrôler plus strictement le profil des lycéens mutants, et favoriser une implantation d’établissements dans les villes moyennes . C’est ce qui a été fait par les classes préparatoires privées (et aussi les classes préparatoires ouvertes aux bacheliers technologiques), mais ce sont surtout les élèves des classes moyennes qui en ont profité.

    Les inégalités géographiques traduisent aussi le fait que la mobilité a un coût pour les familles. Si les questions de logement sont essentielles, le fait que ce soit pour les écoles de commerce que les inégalités scolaires soient le moins à même d’expliquer leur sélectivité sociale rappelle que le coût des études joue un rôle non négligeable.

    D’où la nécessité de bourses, dans un contexte où les possibilités de financer en partie ses études par un job d’étudiant sont quasiment exclues en classe préparatoire aux grandes écoles et dans celles-ci mêmes.

    Intervenir tôt et jouer sur les structures

    Au total, il est clair que les mesures intervenant au niveau du lycée restent bien trop tardives puisqu’une bonne part de la carrière scolaire des élèves est déjà jouée, de même que l’image, par les élèves, de leurs propres compétences.

    On ne peut pas non plus se contenter d’agir au niveau des personnes, notamment sur les motivations ou l’information, car les carrières se jouent dans un contexte tout aussi décisif, qui rend certaines autocensures relativement rationnelles :

    • une offre de formation locale,
    • des études inégalement coûteuses,
    • un marché du travail sexué,
    • un accès à l’élite accaparé par les sortants des grandes écoles.

    Jouer sur ces éléments structurels est capital, même si on peut envisager des voies plus radicales : supprimer cette voie si française (qui polarise les stratégies des parents bien en amont du bac), et diversifier les voies d’accès à l’élite, en tout cas rendre moins inégales les perspectives professionnelles des différentes filières du supérieur.

    Tant que l’accès aux grandes écoles se fera sur la base d’une sélection scolaire biaisée dès les petites classes, tant que l’accès aux positions les plus enviables mettra en compétition des jeunes dotés par leurs familles d’atouts inégaux, aussi longtemps donc que les familles seront inégales à maints égards, les politiques publiques de démocratisation ont peu de chances d’aboutir, sans compter qu’on ne s’attend pas à ce que ceux qui parviennent actuellement à accaparer les grandes écoles et leurs débouchés militent pour ces changements…

    Marie Duru-Bellat , Professeure des universités émérite en sociologie, Observatoire sociologique du changement, Sciences Po

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’ article original .

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      PMA pour toutes : une liberté nouvelle

      Patrick Aulnas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 03:25 · 5 minutes

    PMA

    Par Patrick Aulnas.

    L’Assemblée nationale a voté le 29 juillet 2020, en deuxième lecture, l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes , mesure phare du projet de loi bioéthique examiné en deuxième lecture. Malgré une vive opposition de la droite, le texte a désormais toutes les chances de devenir loi.

    PMA : situation actuelle

    La PMA n’est possible aujourd’hui que pour les couples hétérosexuels mariés ou vivant ensemble et diagnostiqués infertiles. Différentes techniques (fécondation in vitro, insémination artificielle) peuvent être utilisées.

    Statistiquement, la question concerne un nombre réduit de couples : en 2015, 24 839 grossesses par PMA sont arrivées à leur terme, soit environ 3 % des naissances.

    Les couples de lesbiennes et les femmes seules ne peuvent donc pas bénéficier aujourd’hui de la PMA en France. La législation française apparaît sur ce point particulièrement restrictive.

    L’Espagne, le Portugal, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Finlande, le Luxembourg admettent la PMA pour les couples lesbiens et les femmes seules. L’Autriche l’admet seulement pour les couples lesbiens et certains pays comme la Hongrie, la Bulgarie ou la Grèce l’acceptent pour les femmes seules mais pas pour les couples lesbiens.

    Cette diversité législative résulte évidemment de l’emprise des morales traditionnelles à caractère religieux sur le sujet. Le recul des monothéismes en Europe conduit à une libéralisation progressive dans tous les pays.

    L’article 1er du projet de loi bioéthique

    Le projet de loi relatif à la bioéthique traite de plusieurs sujets (filiation, dons d’organes et de tissus, recherches sur l’embryon, etc.) mais c’est sur son article 1er que médias et opposants se sont focalisés. Il ouvre en effet l’accès à la PMA à toutes les femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle et leur statut civil. Les couples lesbiens et les femmes seules pourront donc recourir à la PMA.

    L’article 1er a été voté dans les mêmes termes que celui adopté en octobre 2019 en première lecture. Les députés ont à nouveau rejeté la PMA post-mortem, avec les gamètes d’un conjoint décédé, et l’ouverture de la PMA aux hommes transgenres.

    La technique dite de la ROPA (don d’ovocytes dans un couple de femmes), a également été rejetée. La droite y voit « un glissement vers une gestation pour autrui » (GPA, recours à une mère porteuse). La position de la droite est en effet constante sur les questions sociétales depuis les années 1960 : refus de toute libéralisation.

    Les conservateurs ont toujours eu peur des évolutions sociétales

    Les conservateurs se sont ainsi opposés à la légalisation de la contraception orale  dans les années 1960, à l’interruption volontaire de grossesse dans les années 1970, au pacte civil de solidarité (PACS) dans les années 1990 et au mariage homosexuel en 2013. La sociologie politique, par le biais des sondages, montre que l’électorat de droite évolue a posteriori .

    Qui est aujourd’hui opposé par principe moral à la contraception orale ? Très peu de monde.

    De même, pour l’IVG, alors que 48 % des Français y étaient favorables en 1974, ils sont désormais 75 %. Le mariage pour tous suit la même évolution : les sondages montrent que les personnes souhaitant abroger la loi Taubira de 2013 sont de moins en moins nombreuses.

    Chez les conservateurs, l’extension du domaine des libertés sociétales se heurte à de très anciennes normes éthiques d’origine religieuse, considérées comme le stade ultime de l’Histoire. Mais lorsque la société a évolué et que l’expérience montre que leur crainte de l’avenir est infondée, un phénomène de résilience se produit.

    Au lieu de chercher à imposer à tous leurs principes moraux au nom d’une vérité qui n’est que leur vérité, nombre de conservateurs s’adaptent à une liberté nouvelle qui ne remet pas en cause leurs croyances particulières.

    La famille traditionnelle n’est nullement menacée par la PMA

    Il en ira de même pour la PMA, qui ne concerne, en pratique, qu’un nombre réduit de personnes. Le modèle familial traditionnel restera la norme. Les objections simplistes concernant la structure de la famille (nécessairement un père, une mère, des enfants) sont parfois considérées par certains analystes comme découlant du droit naturel. Piètre argumentation.

    Le droit naturel était invoqué au XVIIIe siècle par les philosophes des Lumières  pour s’opposer à la toute-puissance du pouvoir politique des anciennes monarchies. Il s’agissait d’un ensemble normatif intermédiaire entre le droit positif et la morale, destiné à asseoir la liberté sur un socle de niveau supérieur aux règles élaborées par le pouvoir politique.

    Ainsi, la liberté d’aller et venir, le droit de propriété étaient censés relever du droit naturel. Une règle du droit positif contrevenant à ces libertés était donc analysée comme illégitime. Le droit naturel se situait donc du côté des libertés et en opposition frontale au despotisme, qu’il vienne du pouvoir politique ou des religions officielles, souvent alliés.

    Il est particulièrement piquant que certains intellectuels invoquent aujourd’hui le droit naturel pour s’opposer à la liberté. Il s’agit bien en effet pour eux de ne pas permettre une extension de la PMA au prétexte qu’elle aboutirait à ne pas respecter la famille naturelle. Il n’en est rien.

    Cette structure familiale ne sera en rien remise en cause. Il s’agit seulement d’accorder une liberté nouvelle à certaines minorités.

    Cet étrange retournement de l’Histoire – le droit naturel désormais invoqué contre la liberté – est le propre de la politique. Pour certains esprits, tout argument est bon, aussi pauvre soit-il, lorsqu’il s’agit d’imposer par la violence légale sa vision du monde à la société entière.

    Un article publié initialement en août 2020.

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      Vaccins Covid : Macron doit miser sur l’innovation

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 10:17 · 4 minutes

    vaccins

    Par Frédéric Mas.

    La dernière prise de parole d’ Emmanuel Macron sur les vaccins contre la covid-19, ce mardi sur TF1, a été remarqué pour sa discrétion. D’habitude, Jupiter met en scène la « verticalité » de son pouvoir pour mieux asseoir son autorité.

    Ici, le rappel pédagogique sur le possible reconfinement et la campagne vaccinale s’est faite de manière assez simple. Elle visait essentiellement à éteindre la contestation anti-confinement qui gronde et la déception face aux cafouillages communicationnelle et logistique sur la vaccination.

    Le triomphe des vaccins russes

    Presqu’à contre-cœur, Emmanuel Macron a déclaré qu’il n’était pas opposé à l’utilisation des vaccins russes Spoutnik V, qu’une étude récente a crédité de 91% d’efficacité contre la covid, pour accélérer la vaccination en France. On est aujourd’hui assez loin des mises en garde politique franco-françaises contre les effets d’annonce de Vladimir Poutine.

    Le chef de l’Etat a rappelé toutefois que « Pour qu’un vaccin soit autorisé, il doit déposer une autorisation de mise sur le marché » .

    Emmanuel Macron n’ignore sans doute pas que les autorités russes ont adressé une telle demande devant l’Agence européenne du médicament le 19 janvier 2021, au même titre que Pfizer/BioTech, Moderna et AstraZeneca.

    Après la déconfiture de l’Institut Pasteur et de Sanofi, distancés par ses concurrents européens, l’arrivée sur le marché des vaccins russe et chinois témoigne de l’effacement des entreprises françaises sur le marché international, ce qui met le président de la République dans une position politique difficile.

    Face à un peuple français dont le sentiment de déclassement se traduit par une hostilité généralisée envers la classe politique et ses initiatives, Emmanuel Macron n’a pas de message rassurant à délivrer.

    Les raisons de cet effacement français ? Un écosystème économique, fiscal et politique national hostile à l’innovation et à la recherche, et un soupçon systématique de conflits d’intérêts porté sur la coopération entre le public et le privé, les entreprises et les centres de recherches.

    Le principe de précaution dans les têtes

    Le principe de précaution en France n’est pas seulement dans la constitution, il est aussi dans les têtes. Il concrétise tous les conservatismes, les décroissantismes et les utopies réactionnaires anti-tech. Parmi les idées qui pourraient aider la recherche à relever la tête en France, et plus généralement les entreprises qui créent de la richesse et de l’innovation, il y a celle défendue par l’Institut Molinari , qui est d’en finir avec les impôts de production qui étouffent les entreprises françaises.

    Dans un rapport de juin 2020 , le think tank estime que ce type de fiscalité pénalise les secteurs les plus tournés vers la concurrence internationale et qu’il agit comme une taxe sur les exportations et une subvention aux importations.

    Source Institut Molinari, Les impôts de production, un mal français.

    Le volet fiscalité des entreprises est essentiel pour gagner en compétitivité, mais la crise sanitaire s’est faite révélatrice d’une crise plus profonde du modèle français. Rien ne semble avoir été pensé au sommet de l’Etat pour adapter les institutions du pays à une concurrence internationale qui s’est accrue en 50 ans.

    La recherche et le développement mis à part certains secteurs comme le nucléaire ou l’électricité, font figure de parent pauvre comparés aux sommes colossales englouties par notre système de sécurité sociale ultraprotecteur.

    Comme le rappelait récemment Jean-Baptiste Noé :

    « La partie de la population employée dans le secteur soumis à la concurrence internationale passe de 47.5 % en 1975 à 35% en 2009. Dans le même temps, la population employée dans la fonction publique et le secteur nationalisé passe de 18% à 31%. Et cela au moment même où l’économie française ne cesse de s’ouvrir au monde extérieur. En 2000, le marché intérieur français ne représente que 3% du revenu brut mondial. Pourtant, les politiques le considèrent encore et toujours comme le débouché de l’industrie française.»

    Il est encore temps pour Emmanuel Macron de mettre en place les réformes nécessaires pour que la France regagne en compétitivité. La crise sanitaire ne s’effacera pas par plus de socialisme, mais par plus de libertés, d’initiatives locales, individuelles et moins d’administration.