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      L’affaire du siècle et la santé publique : les élites contre le peuple

      Christophe de Brouwer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 04:15 · 8 minutes

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    Par Christophe de Brouwer

    Il m’a été demandé une réflexion à propos de l’ action en justice en cours contre l’État français initiée par quatre ONG lui reprochant son « inaction climatique » en y apportant un éclairage de santé publique, éclairage singulièrement hasardeux.

    Les élites contre le peuple

    L’opinion publiée est-elle déconnectée de l’opinion publique comme l’écrit Michel Maffesoli ? Son excellent ouvrage La faillite des élites est utile à ce titre.

    La justice, du moins son élite au sens donné par Régis de Castelnau dans Une justice politique , s’est-elle ralliée, et non pas soumise – la nuance est importante -, au pouvoir en place, partageant la cécité du premier sur la réalité populaire ?

    On se trouverait ainsi, comme aux États-Unis, devant le consensus desdites élites, celles qui ont le pouvoir de dire et de faire (selon la judicieuse formule de Maffesoli), réalisant ainsi ce que l’on nomme l’ establishment , l’État profond, l’entre-soi, la bien-pensance, la conjonction et non la séparation des quatre pouvoirs, législatif, exécutif, judiciaire et médiatique.

    Notre époque est une confirmation assez saisissante de ce moment a-démocratique où la représentation populaire est devenue profondément minoritaire ; on le constate avec les dernières élections municipales françaises , pourtant un échelon de pouvoir se voulant le plus proche de ses électeurs.

    L’affaire du siècle, indécente et ringarde

    Dans une indifférence assez générale, l’ affaire du siècle continue cahin-caha son chemin au tribunal administratif de Paris suite à la plainte de quatre ONG (Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace, Oxfam, Notre affaire à tous).

    En lisant ces quelques lignes , j’ai trouvé cela à la fois indécent et ringard.

    Indécent, car tous ceux qui font partie de l’ élite de l’apocalypse climatique, élite au sens donné par Maffesoli, se retrouvent peu ou prou dans celle de l’apocalypse sanitaire du moment. Elles sont parties prenantes de l’ establishment .

    Indécent, car ceux-là veulent leur part de contrôle social sur la population : leur sac de bonbons leur semble trop maigre par rapport à celui de l’apocalypse sanitaire.

    Indécent, parce qu’ils veulent faire croire à une divergence idéologique au petit peuple inculte, c’est-à-dire nous, alors que la réalité est tout autre : il s’agit de se répartir les parts du gâteau, il s’agit véritablement d’un entre-soi avec ses jalousies, ses hypocrisies et ses médiocrités.

    Ringard, car l’affaire du siècle est sur son décours . La question qui subsiste est de savoir comment utiliser les oripeaux restants et atterrir en douceur.

    Ringard, parce que la grande lessiveuse sanitaire est passée par là et que le souci des gens n’est plus la poursuite de chimères climatiques, mais leur survie en jonglant au travers de toutes ces mesures liberticides prises au nom de la bien-pensance sanitaire.

    Car ne nous y trompons pas, cette tentative judiciaire est une imposture par beaucoup d’aspects. Le pouvoir judiciaire est devenu un outil indispensable du combat politique, on l’a vu lors de la dernière élection présidentielle (cf le livre de Régis de Castelnau).

    Et cette énième instrumentalisation n’est pas là pour libérer mais pour approfondir le contrôle social de la population par une soi-disant élite, une oligarchie, en imposant des comportements de plus en plus contraignants de la sphère publique mais aussi privée. Ce type de justice sort de son rôle de juger en toute équité ; et comment le pourrait-elle dans ce bras de fer politico-médiatique de l’entre-soi. Elle endosse un rôle politique quelle que soit la décision. Car il s’agit d’une instrumentalisation apparemment consentie et en tant que telle c’est préoccupant.

    Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, et aujourd’hui les recours en justice foisonnent contre les mesures gouvernementales de contrôle social avec, dans la plupart des cas, des décisions qui créent une jurisprudence validant un peu plus les actions de ceux-là. Comment pourrait-il en être autrement ?

    L’affaire du siècle : et la santé publique dans tout cela ?

    Car finalement les actions des élites sont réalisées au nom de celle-ci.

    Je ne reviendrai pas sur la bien-pensance sanitaire, un mensonge pour faire-valoir.

    Pourquoi l’opinion publiée en santé publique ne correspond plus à l’opinion publique dans ce domaine ? Pourquoi les recours judiciaires au nom de cette santé publique ne sont que des cache-sexe d’une évolution politique rapace et oligarchique, une certaine façon de corruption ?

    Les victimes sont sacralisées, non pas qu’elles aient droit de dire, mais elles sont l’instrument du pouvoir de dire et de faire , ainsi que du voile d’oubli jeté sur tous les autres.

    Pour comprendre, on peut certainement observer le mouvement des Gilets jaunes . Il y a les martyrs proclamés de la cause climatique ou sanitaire, mis systématiquement en avant pour justifier le dire et le faire d’un petit nombre. Combien de fois sur un plateau, le faux argument du « au nom des victimes » , devons-nous faire ceci ou cela.

    « Je sauve des vies » n’est-il pas devenu un slogan de la bien-pensance, clamé au travers des réseaux sociaux ? Nous sommes véritablement « pensés par les autres » nous explique Maffesoli. La victime sacralisée permet d’utiliser à plein rendement la compassion très réelle de tout un chacun pour le bénéfice de quelques-uns. Les plus riches n’ont d’ailleurs jamais été aussi riches qu’aujourd’hui, les trusts aussi bien- portants, il suffit d’observer les GAFA ; et la liberté d’entreprendre, d’échanger, de dire et de faire pour tous aussi mal en point.

    C’est bien à l’occasion d’une de ces mesures climatiques de la bien-pensance que cette révolte des Gilets jaunes est née. Ils nous disent : « et nous les oubliés, les utilisés, les broyés, vous pensez à nous ? » La répression a été d’ une très grande violence sur la longueur. De même pour les désobéissants des règlements sanitaires abscons, les images de violences policières, suivies d’un matraquage judiciaire dans bien des cas, sont édifiantes de l’entente et de la faillite des élites , mais élites quand même, un entre-soi loin du réel.

    Les victimes sacralisées

    C’est à ces excès que mène la notion de victime sacralisée. Et puis quelle aubaine pour les médias et pour les politiques en mal de consécration. On voit un phénomène similaire avec les experts du climat et du sanitaire : c’est au nom de la victime sacralisée et de la bien-pensance climatique ou sanitaire qu’ils agissent et s’imposent, loin des réalités.

    On perçoit ainsi convenablement le glissement de fonction de la santé publique. Elle se redéfinit non plus au nom de l’amélioration d’une santé collective, mais de plus en plus au nom de victimes sacralisées, instrumentalisées pour le bénéfice de quelques-uns, et peu importent les conséquences à côté, peu importent les conséquences sur le collectif pris dans son ensemble.

    Elle rencontre ainsi l’air du temps, celui des racialistes, des indigénistes , des antifas, etc., qui représentent autant de victimes sacralisées autoproclamées. Dès ce moment, la science peut être pliée dans le sens que l’on souhaite, elle est dévoyée . Et la santé publique aussi.

    On l’avait déjà vu avec l’affaire du siècle où la dissidence n’avait plus sa place, c’est tout aussi vrai avec l’affaire sanitaire où la censure s’est invitée et pas qu’un peu , aussi en santé publique. Les financements, qui sont généralement publics dans ce domaine, sont dirigés vers des objets adoubés par les élites. Il n’y a plus de place pour le penser et le chercher autrement. Mais à terme, c’est un assèchement des projets novateurs.

    Heureusement, la dissidence subsiste, persiste, grandit. Tout comme une vie souterraine qui se met pas-à-pas en place, avec une jeunesse de plus en plus réactive et révoltée contre l’appauvrissement de sa vie sociale et l’absence de perspective, ne fut-ce que d’un lendemain. On le voit par exemple avec les émeutes actuelles aux Pays-Bas .

    Nous voilà dans le solve avant le coagula des alchimistes. Un monde en devenir. De même une redéfinition de la santé publique se profile à l’abri des regards, imposée par les erreurs, les impasses, et parfois la forfaiture et les mensonges des élites de santé publique de nos pays, de connivence avec l’ establishment.

    Le procès ringard à Paris concernant l’affaire du siècle n’est finalement que les prémisses d’une volonté autoritaire qui se saisit toujours davantage, avec opportunité et gourmandise, dans la violence si nécessaire, du contrôle des comportements populaires.

    Face à cela, une jeunesse se nourrissant de contestations, agissant de plus en plus à l’abri des regards, dont la vie souterraine est croissante, qui exige un vrai lendemain ; et pour ma part, avec eux, l’espoir d’une réflexion approfondie, tant du contenu que des objectifs, d’une politique de santé pour tous, dans toutes ses dimensions.

    Nous en sommes tellement loin aujourd’hui.

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      On nous refait le « coup du diesel » avec les SUV

      IREF Europe · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 04:00 · 6 minutes

    les SUV

    Par Philbert Carbon
    Un article de l’Iref-Europe

    Le « coup du diesel », vous connaissez ? C’est une manœuvre de l’État qui consiste à accorder des avantages à un produit ou un service puis, une fois qu’une grande partie de la population a été convaincue de les adopter, à décréter leur caractère néfaste ou dangereux. Les consommateurs sont alors orientés vers de nouveaux produits ou services, qui sont à leur tour subventionnés, tandis que les anciens se voient davantage taxés, voire interdits.

    Le meilleur exemple en la matière est celui du diesel. Les automobilistes ont été longtemps encouragés à choisir cette motorisation. Les ventes de voitures diesel ont représenté 64 % du marché des véhicules particuliers en 2014 pour tomber à 34 % en 2019. Puis petit à petit, comme nous l’avons expliqué dans un article de février 2019 , de nouvelles réglementations sont venues rendre le diesel moins attractif, et les consommateurs sont désormais incités à acheter des véhicules électriques ou hybrides rechargeables.

    Cependant, comme nous l’avons montré dans un article de décembre 2020 , la fin des subventions à la voiture électrique est déjà programmée et il est probable que de nouvelles taxes sur l’électrique apparaissent prochainement, à l’instar de ce qui se passe en Australie.

    Haro sur les SUV

    Aujourd’hui, les SUV sont dans le collimateur des pouvoirs publics et des écologistes . La Convention citoyenne pour le climat a, par exemple, proposé de renforcer très fortement le malus sur les véhicules polluants et d’introduire le poids comme un des critères à prendre en compte. Le gouvernement a repris l’essentiel des propositions de la Convention, et les véhicules neufs de plus de 1,8 tonne seront soumis à un malus de 10 euros par kilogramme excédant ce seuil de 1800 kg à partir du 1er janvier 2022.

    Certains veulent même interdire purement et simplement les SUV des villes, comme David Belliard, candidat écologiste à la Mairie de Paris en mars 2020, et aujourd’hui adjoint au maire chargé « de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie ».

    Apparu dans les années 1990, ce Sport Utility Vehicule ressemble à un 4 x 4 de par sa carrosserie, mais n’est pas à proprement parler un véhicule tout-terrain (il n’est pas systématiquement équipé de quatre roues motrices par exemple). Il a rapidement eu les faveurs des automobilistes et ses ventes n’ont cessé de croître.

    Aujourd’hui, avec une part de marché de 40 % en France en 2020 (contre 6 % en 2009), les SUV grignotent celle de tous les autres types de véhicules (monospaces, berlines familiales, véhicules haut de gamme, et même citadines).

    Les SUV : Trop gros, trop polluants, trop chers

    La popularité du SUV ne le met pas à l’abri des critiques. Il serait d’abord trop gros pour la ville : plus haut, plus long (de 26 cm en moyenne par rapport à un véhicule standard), plus large (de 10 cm), plus lourd (de 205 kg), plus puissant (de 26 cv), le SUV représenterait un danger pour les piétons et les cyclistes. Selon l’European New Car Assessment Program (Euro NCAP), un organisme qui teste la sécurité des voitures, « plus l’avant du véhicule est haut et vertical, plus il sera dangereux pour les usagers vulnérables de la route ».

    Deux études, présentées par WWF France en fin d’année dernière, indiquent par ailleurs que les SUV sont une « catastrophe climatique » et un « gouffre pour le budget des ménages » . Pour l’association de défense de l’environnement, un SUV émet 20 % de CO2 de plus qu’un véhicule standard lorsqu‘il roule. Il pollue aussi fortement lors de sa fabrication puisque son « empreinte carbone » serait 1,3 fois supérieure à celle d’un véhicule standard. Pour le WWF , avec un marché des SUV en croissance, la France ne pourra respecter ses engagements climatiques. Même avec des SUV électriques.

    Les SUV sont également mauvais pour les ménages puisque, en moyenne, ils coûtent 30 % plus cher qu’une voiture de moyenne gamme et consomment 20 % de carburant de plus. Le WWF a calculé que les ménages modestes, qui s’équipent en automobiles essentiellement sur le marché de l’occasion, pourraient voir leur budget auto augmenter de 13 % (soit 408 euros par an). Et l’association de souligner que c’est trois fois plus que l’augmentation des prix des carburants qui, en 2018, a précipité les Gilets jaunes sur les ronds-points.

    Pour Isabelle Autissier, présidente du WWF France, « les SUV pourraient représenter deux tiers des ventes en 2030 et renforcer les fractures sociales et les inégalités d’accès à la mobilité » . Elle soutient donc les propositions de la Convention citoyenne pour le climat visant à détourner les Français de ce type de véhicules.

    Et tant pis si les Français, y compris les plus modestes, aiment les SUV !

    Pourquoi les SUV se vendent-ils autant ?

    Car, même si les constructeurs automobiles poussent à l’achat de SUV, concentrant leurs actions marketing et commerciales sur ces modèles, le boom des ventes s’explique avant tout parce que ces véhicules attirent les automobilistes. Ces derniers apprécient l’habitacle vaste et lumineux, la position de conduite haute qui fait dominer la route et permet d’anticiper les dangers, le sentiment de sécurité procuré par une voiture lourde voire imposante.

    Mais les pouvoirs publics, et plus particulièrement la Commission européenne, ne sont pas non plus étrangers à leur succès, comme l’explique Samuel Klebaner , maître de conférences en économie (Université Sorbonne Paris Nord). Les SUV ont, en effet, bénéficié d’un « terrain réglementaire favorable à leur développement ».

    Il y a d’abord le règlement (CE) n° 78/2009 du Parlement européen et du Conseil du 14 janvier 2009 « relatif à la réception par type des véhicules à moteur au regard de la protection des piétons et autres usagers vulnérables de la route », qui demande un rehaussement des pare-chocs et donc favorise les SUV.

    Par conséquent, il est curieux d’entendre l’Euro NCAP, cité plus haut, critiquer les SUV sur le plan de la sécurité des piétons. C’est au contraire parce qu’ils satisfaisaient aux nouvelles normes que les SUV ont été développés par tous les constructeurs.

    La prolifération des SUV les plus gros a également été aidée par les normes sur les gaz à effet de serre (NOx) et les particules qui, jusqu’en 2005, ne s’appliquaient pas aux véhicules de plus de 2,5 tonnes. Les constructeurs avaient donc intérêt à développer ces modèles. Depuis, de nouvelles normes de pollution (Euro 6) sur le diesel sont apparues qui favorisent le système SCR ( selective catalytic reduction ). Celui-ci consiste à injecter de l’ammoniac dans la ligne d’échappement pour créer une réaction chimique et transformer les NOx en azote et vapeur d’eau. Pour cela, il est nécessaire d’avoir un réservoir d’urée que seuls les véhicules les plus spacieux peuvent accueillir.

    Enfin, le mode de calcul des émissions de CO2 par les constructeurs favorise les véhicules lourds, autorisés à émettre davantage de CO2 que les petites voitures. Les constructeurs, pour tenir les objectifs qui leur sont assignés et éviter les conséquentes amendes prévues, ont donc intérêt à vendre leurs voitures les plus lourdes.

    L’alourdissement des véhicules et le développement des SUV ne sont donc pas que le fruit d’une stratégie commerciale des constructeurs et du désir des automobilistes. Ils sont aussi largement le fait des normes et règlements.

    En taxant davantage les SUV à partir du 1er janvier 2022, les gouvernants se comportent, une fois de plus, comme le sapeur Camember qui creuse un trou pour pouvoir reboucher celui qu’il avait précédemment formé.

    Sur le web

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      Le confinement ciblé n’est pas discriminatoire

      Maxime Kristanek · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 03:50 · 5 minutes

    confinement ciblé

    Par Maxime Kristanek.

    La crise sanitaire place le gouvernement français entre le marteau et l’enclume : du côté du marteau sanitaire, il faut restreindre les activités économiques et les rapports sociaux ; du côté de l’enclume économique et sociale, il faut permettre aux entreprises de fonctionner et aux individus d’avoir un minimum de contacts sociaux. Est-il possible de limiter le nombre de morts du à la pandémie sans sacrifier nos entreprises et notre vie sociale ?

    Concernant les chiffres français, nous savons que 89 % des patients en réanimation présentent des co-morbidités et que 90 % de ceux qui décèdent ont plus de 65 ans, et/ou présentent des comorbidités. Nous ne sommes donc pas égaux face au virus : les individus âgés avec des co-morbidités sont beaucoup plus vulnérables que les autres.

    La mise en place d’un confinement ciblé

    L’infectiologue Odile Launay a suggéré de mettre en place un confinement ciblé . Il s’agit de confiner seulement les individus vulnérables, ce qui signifie que ceux en bonne santé pourraient reprendre leurs activités. Dans un tel cadre, les universités, les salles de sport, les stations de ski, les restaurants, les bars et les lieux culturels réouvriraient.

    L’argument en faveur du confinement ciblé est d’ordre utilitariste. L’ utilitarisme est la doctrine éthique selon laquelle nous avons le devoir de choisir les actions qui maximisent le bien-être du plus grand nombre. En adoptant ce confinement ciblé limité à certaines parties de la population, on maximise les intérêts du plus grand nombre : les individus non vulnérables travaillent et retrouvent une vie sociale et les individus fragiles sont protégés du virus en étant confinés.

    À plusieurs reprises, le président de la République et des membres du gouvernement ont écarté cette solution, jugée éthiquement problématique. Plus précisément, ce type de mesure serait discriminatoire : certains seraient confinés sur des critères d’âge et de santé, tandis que d’autres pourraient jouir de leurs libertés. La discrimination est moralement condamnée parce qu’elle est un traitement désavantageux injustifié visant un certain groupe. Elle constitue une violation du principe d’égalité, énonçant que les individus doivent être traités de la même manière.

    Un confinement ciblé serait-il discriminatoire ?

    L’argument du gouvernement consiste à énoncer que toute rupture du principe d’égalité constitue une discrimination. On peut pourtant douter de la vérité de cette affirmation car dans certaines situations, il n’est pas discriminant de traiter les individus de manière inégalitaire. Si la différence de traitement, même désavantageuse, repose sur des justifications valables, alors elle n’est pas considérée comme une discrimination.

    Par exemple, il ne paraît pas discriminatoire de taxer davantage ceux qui ont des revenus élevés. Il semble injuste qu’un milliardaire paye les mêmes impôts qu’un travailleur payé au salaire minimum. Le traitement différentiel désavantageux est justifié par l’écart de revenu.

    Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement français ne traite pas de la même manière les citoyens sans que cela apparaisse discriminatoire. Par exemple, les professionnels de discothèques ont l’interdiction de travailler, contrairement aux employés de supermarché. Cette différence de traitement est justifiée : les discothèques sont des lieux de forte contamination, et ne remplissent pas un rôle essentiel, contrairement aux supermarchés.

    On peut justifier le confinement des individus vulnérables car du fait de leur âge ou de leur état de santé ils ont davantage de risques de développer une forme grave de la maladie. Pour cette raison et afin d’être protégés, ils doivent être confinés. Il apparaît en revanche injustifié de confiner les personnes en bonne santé de moins de 65 ans qui ne développent pas de forme grave dans l’immense majorité des cas.

    Une deuxième raison de pratiquer un confinement ciblé est que la majorité des individus fragiles (retraités et personnes ayant de graves problèmes de santé) ne travaille pas, contrairement à la majorité en bonne santé. Rappelons que les hôpitaux et les retraites sont financés principalement par le travail des individus non vulnérables. Il est donc avantageux pour les plus fragiles que les autres continuent de travailler afin de financer leurs retraites.

    Critère biologique et critère économique

    On pourrait objecter que traiter de manière différente des individus sur la base de critères économiques ou professionnels n’est pas la même chose que traiter de manière différente à partir de critères biologiques, la vulnérabilité étant ici considérée comme la fragilité biologique d’un organisme humain pour se défendre face au virus. Le critère économique serait acceptable, contrairement au biologique, sur lequel on n’exerce aucune prise : on ne décide pas d’être âgé ou d’être diabétique.

    Pourtant, l’État traite déjà différemment les individus sur la base de critères biologiques. Par exemple, les personnes présentant des handicaps physiques ou mentaux importants perçoivent des aides publiques auxquelles n’ont pas accès les non-handicapés. On pourrait rétorquer qu’il ne s’agit pas là de discrimination, car le traitement différentiel est avantageux.

    Mais on pratique aussi des traitements différentiels désavantageux sur la base de critères biologiques sans que soit évoquée une discrimination.

    Par exemple, pour exercer certaines activités professionnelles (pompier, policier, pilote, etc.), il faut passer des épreuves physiques, et ceux qui échouent à cause d’un handicap biologique, inné ou acquis, sont disqualifiés.

    Autre exemple : les personnes non-voyantes ne peuvent détenir un permis de conduire. Si le traitement différentiel sur la base d’un critère biologique est justifié, alors il ne s’agit pas de discrimination. On voit mal ainsi pour quelle raison le critère de différenciation biologique serait, en soi, discriminatoire.

    Ainsi, en situation de crise sanitaire, il n’est pas discriminatoire de traiter différemment les individus avec un organisme vulnérable. Ainsi, il n’est pas discriminatoire de seulement confiner les personnes fragiles en vue de les protéger et permettre à celles en bonne santé de travailler et reprendre une vie sociale.

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      Énergie : le gouvernement lit-il les rapports de France Stratégie ?

      Michel Negynas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 03:40 · 12 minutes

    France Stratégie

    Par Michel Negynas.

    Le Premier ministre dispose d’un organisme de prospective, France stratégie .

    La dernière étude de France Stratégie

    France Stratégie définit ainsi ses missions :

    « France Stratégie contribue à l’action publique par ses analyses et ses propositions. Elle anime le débat public et éclaire les choix collectifs sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Elle produit également des évaluations de politiques publiques à la demande du gouvernement. Les résultats de ses travaux s’adressent aux pouvoirs publics, à la société civile et aux citoyens. »

    Elle succède au Commissariat général à la Stratégie et à la prospective, et elle est un lointain successeur au Commissariat général du Plan.

    Beaucoup de ses analyses tombent dans un écologisme parfois quasi radical. Il est d’autant plus remarquable qu’en matière d’énergie, elle tranche avec le politiquement correct. Elle vient de publier une note d’analyse sur la sécurité de l’approvisionnement électrique en Europe à l’horizon 2030 .

    Et ce n’est pas rassurant, surtout qu’en matière industrielle, 2030 c’est demain. Il y a donc peu de chances que la situation puisse être significativement améliorée d’ici là.

    Quelques extraits

    Dès les premières phrases :

    « Dans la prochaine décennie, les nombreux arrêts de centrales pilotables, au charbon ou nucléaires, actuellement programmés et dont les conséquences concrètes semblent assez peu intégrées dans le débat public, pourraient renforcer l’importance de cette question. »

    Et le diagramme introductif dit tout : au niveau européen, la demande en pointe est supposée rester constante à 400 GW ; de 50 GW de surcapacité en 2020 (à condition que tout fonctionne à 100 %,) on passe à 25GW de sous capacité en 2035. Ces chiffres sont en plus optimistes car les puissances par nature sont inégalement réparties géographiquement, comme par exemple l’hydraulique. Or, les distances et les capacités d’interconnexion ne permettent pas de faire n’importe quoi.

    La première leçon est qu’il faut raisonner :

    • au niveau européen, alors que chaque État décide de diminuer ses capacités en espérant se faire dépanner au besoin par les autres.
    • en capacités pilotables, car les producteurs intermittents et aléatoires ne peuvent assurer une quelconque fourniture à la pointe d’hiver. Le soi-disant foisonnement du vent et du solaire sur toute l’Europe est une légende urbaine.

    Mais France Stratégie enfonce le clou :

    En France, on est déjà limite, même en raisonnant en capacité moyenne ; et la pénurie à 2035 est concentrée sur l’Allemagne, la Belgique et la France, c’est-à-dire le cœur du réseau européen.

    RTE essaie de chiffrer les probabilités que l’on soit en situation tendue compte tenu des scenarii de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Elles sont loin d’être nulles. On peut donc s’attendre à des périodes d’extrêmes fragilités du réseau. Elles donneront lieu à des coupures coordonnées si tout se passe bien. Mais tout incident, même mineur, peut provoquer le black out en cascade dans une telle situation. La gravité  de cette éventualité est extrême. L’approche devrait donc être sécuritaire, et pas probabiliste.

    Mais ce n’est pas tout.

    « Par ailleurs de fortes proportions d’ENRi complexifient le pilotage des réseaux, comme l’a montré la première période de confinement. L’apparition de congestions de plus en plus fréquentes sur les réseaux, en particulier de distribution, oblige les GRT (les centres de contrôle)  à faire du « redispatching » et à déconnecter sélectivement un certain nombre d’installations (« écrêtement»). Ces opérations sont d’autant plus complexes que les ENR ont priorité d’injection sur le réseau, sont très réparties sur le territoire et peuvent connaître des variations de production très rapides. L’Observatoire Capgemini a rappelé dans son édition datée du 3 novembre 202029 que l’Allemagne et le Royaume-Uni ont subi pour ces raisons des quasi black-out respectivement les 21 avril et 23 mars 2020, en pleine crise de la Covid, les gestionnaires de réseau s’étant trouvés à court de moyens permettant de conserver l’équilibre du système. »

    Comme cela a été maintes fois signalé sur Contrepoints , l’éolien et le solaire , en plus de ne guère contribuer à la production, fragilisent le réseau.

    Sur le plan économique et ses conséquences sur l’investissement, France stratégie observe, comme tous les experts :

    « L’arrivée de quantités massives d’ENRi, avec des coûts marginaux quasi nuls, sans tenir compte des conditions d’intégration au système électrique, a entraîné une chute des prix de marché de gros, de plus en plus souvent négatifs. Ce marché ne permet plus de déclencher les investissements nécessaires à la transition énergétique, ou simplement au maintien d’un accès fiable à l’électricité. »

    Enfin, France stratégie met les pieds dans le plat :

    « Le nouveau cadre européen de gouvernance (de l’énergie) tend à valoriser les investissements vertueux d’un point de vue environnemental, en particulier avec la taxonomie verte. Cependant, pour assurer l’atteinte de ses objectifs, il est essentiel d’assumer ses implications politiques. »

    La taxinomie verte a fait l’objet d’un article ici .

    Traduite en langage clair, si l’Europe veut vraiment poursuivre sa fuite en avant vers les énergies éoliennes et solaires, il faudra dire aux citoyens qu’ils devront baisser leur consommation et au besoin, admettre des coupures d’électricité.

    En conclusion, parmi ses recommandations, France Stratégie ne peut que dire :

    « Les énergies renouvelables matures posent des problèmes spécifiques d’intégration au réseau alors même qu’elles devraient voir à court terme leur part en puissance dépasser celle des centrales conventionnelles. Au risque de rendre non pilotable le système électrique, elles doivent donc le plus rapidement possible être en mesure de contribuer à son équilibre technique (participation à la réserve, au traitement des congestions réseaux […] Au niveau européen, on observe qu’en contradiction avec les objectifs climatiques et d’indépendance énergétique, plusieurs pays européens ont décidé de compenser les fermetures de centrales au charbon ou nucléaires par la mise en service de centrales à gaz, un moyen de production flexible et peu capitalistique. Cela se fait dans l’urgence pour certains (Belgique), de façon plus planifiée pour d’autres (Italie, Allemagne, Espagne) ou de manière prévisionnelle pour d’autres encore (pays de l’est de l’Europe). »

    Il n’y a donc pas que sur Contrepoints qu’on peut lire ça.

    Il est possible que les propos alarmistes distillés depuis quelques mois soient consécutifs à cette étude, et que nos gouvernants découvrent le problème. Mais ce n’est pourtant pas la première fois que France Stratégie tire la sonnette d’alarme.

    Il y a des précédents

    En août 2017, elle a publié une étude sur la transition énergétique allemande , qui est le modèle de notre transition puisque comme eux, nous voulons atteindre plus de 90 GW d’énergie intermittente (ils en sont en fait, maintenant, à 110 GW)

    Une des conclusions est la suivante :

    « La facture présentée au consommateur est très élevée pour la montée en puissance des ENR déjà accomplie, environ 25 milliards d’euros par an sur une durée de vingt ans. Les ENR qui se développent aujourd’hui sont encore soutenues financièrement et des coûts annexes imprévus, mal quantifiés mais très importants, apparaissent pour la construction de lignes et le maintien de la sécurité du réseau. Mais le plus inquiétant à court terme est peut-être la sécurité d’approvisionnement, car le réseau est aujourd’hui fragilisé par des flux massifs non contrôlables et intermittents d’électrons lorsque le solaire et l’éolien tournent à plein. »

    C’était en 2017, peut-être faut-il du temps à un gouvernement pour réaliser… sauf que France Stratégie faisait déjà en 2014 les constatations suivantes dans une étude intitulée « La crise du système électrique européen ».

    Cette étude s’attache plutôt aux conditions de marché, qui sont elles aussi surréalistes. Mais on y trouve :

    « L’’intégration massive d’énergies renouvelables subventionnées et prioritaires sur le réseau conduit à une situation de surcapacité, déprime les prix de l’électricité sur le marché de gros (ils deviennent même parfois négatifs) et dégrade fortement la rentabilité des centrales thermiques à gaz : dans l’UE-27, près de 12 % des capacités thermiques fonctionnant au gaz pourraient fermer en l’espace de trois ans. Or ces centrales sont indispensables à l’équilibre du système qui doit faire face à l’afflux d’ENR intermittentes et aléatoires. Dans le même temps, d’importants investissements sont nécessaires au renouvellement des infrastructures vieillissantes. Plusieurs grands opérateurs, en graves difficultés financières – leur endettement net a doublé au cours des cinq dernières années –, auront du mal à y faire face .

    C’est-à-dire qu’à cause des caractéristiques des ENR, ces programmes de transition  sont tellement irréalistes qu’ils génèrent des conditions de marché qui éjectent les investissements nécessaires à la sécurisation du réseau ; en 2020, on en voit le résultat. On voyait déjà le problème dans les services du gouvernement en 2014.

    Et si on veut chercher les avis des vrais experts, il faut aller en 2012. En vue de préparer la Loi sur la transition écologique, une commission a été mise sur pied . Elle était dirigée par messieurs Grandil et Percebois, experts mondialement reconnus en collaboration avec France Stratégie.

    Elle a fait huit propositions dont la troisième :

    « Ne pas se fixer aujourd’hui d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit, mais s’abstenir de compromettre l’avenir et pour cela maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement de Gen-4. La prolongation de la durée de vie du parc actuel paraît donc la meilleure solution (sous la condition absolue que cela soit autorisé par l’ASN) »

    En fait, la loi de Transition énergétique a pris l’exact contrepied des huit propositions !

    Est-ce que ça va changer ?

    Visiblement, les décideurs ont pris peur. Mais c’est juste pour 2023 ! Après ça ira mieux, on pourra arrêter 14 centrales nucléaires ! Pour l’instant, envers et contre tout, on en reste à la stratégie initiale décidée à des fins purement électorales. Contre l’avis de la Cour des comptes, de l’Académie des technologies, de France Stratégie…Un KW d’éolien et de solaire est toujours censé être équivalent à un KW gaz ou nucléaire !

    Évidemment, d’autres organismes gouvernementaux sèment le trouble : l’ADEME s’aligne plus ou moins sur Greenpeace, et RTE reste dans l’ambiguïté.

    RTE vient de publier, en liaison avec l’agence internationale de l’Energie, un rapport  faussement intitulé dans la presse : 100 % d’électricité renouvelable c’est possible.

    En réalité, les aspects économiques et sociaux ne sont pas abordés, et pour cause. Mais que dit le rapport ?

    « Ce nouveau rapport, Conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l’horizon 2050, met en avant quatre ensembles de conditions techniques strictes, qui devront être remplies pour permettre, avec une sécurité d’approvisionnement assurée, l’intégration d’une proportion très élevée d’énergies renouvelables variables dans un système électrique de grande échelle, comme celui de la France :

    • Même si elles doivent encore faire l’objet d’une démonstration à grande échelle, il existe un consensus scientifique sur l’existence de solutions technologiques permettant de maintenir la stabilité du système électrique sans production conventionnelle. Des difficultés spécifiques pourraient concerner les systèmes comportant une part importante de photovoltaïque distribué pour lesquels il est nécessaire de poursuivre l’évaluation des impacts sur le réseau de distribution et la sûreté du système électrique.
    • La sécurité d’alimentation en électricité (adéquation des ressources) — la capacité d’un système électrique à approvisionner la consommation en permanence — peut être garantie, même dans un système reposant en majorité sur des énergies à profil de production variable comme l’éolien et le photovoltaïque, si les sources de flexibilité sont développées de manière importante, notamment le pilotage de la demande, le stockage à grande échelle, les centrales de pointe, et avec des réseaux de transport d’interconnexion transfrontalière bien développés. La maturité, la disponibilité et le coût de ces flexibilités doivent être pris en compte dans les choix publics.
    • Le dimensionnement des réserves opérationnelles et le cadre réglementaire définissant les responsabilités d’équilibrage et la constitution des réserves opérationnelles devront être sensiblement révisés, et les méthodes de prévision de la production renouvelable variable continuellement améliorées.
    • Des efforts substantiels devront être consacrés au développement des réseaux d’électricité à compter de 2030, tant au niveau du transport que de la distribution. Cela nécessite une forte anticipation et un engagement public en matière de planification à long terme, d’évaluation des coûts et de concertation avec les citoyens pour favoriser l’acceptation des nouvelles infrastructures. Ces efforts peuvent néanmoins être partiellement intégrés au renouvellement des actifs de réseau vieillissants. »

    Autrement dit, c’est presque possible, à condition de résoudre des impasses technologiques et économiques dont tous les experts disent qu’elles ne seront jamais opérationnelles, en tout cas pas à l’horizon 2050.

    Avec des avis comme ça, on n’est pas prêts de changer de stratégie ! Sauf après un black out ?

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      Pour un marché libre du cannabis en France

      GenerationLibre · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 03:30 · 1 minute

    marché libre

    Par Edouard Hesse et Kevin Brookes
    Un article de GénérationLibre

    La lutte contre le cannabis en France est un échec sanitaire et sécuritaire. Si la répression ne détourne personne de son usage, elle met les consommateurs aux prises avec un système criminel.

    À l’inverse, la légalisation permet de réduire le crime, ne provoque pas d’augmentation significative de la consommation et favorise la protection des plus vulnérables.

    Un tour d’horizon des différentes expériences menées à l’étranger (Uruguay, États-Unis, Canada) fait apparaître la supériorité des modèles fondés sur un libre marché régulé du cannabis pour assécher le marché noir.

    Nous prônons une libéralisation de la production, de la distribution et de la consommation du cannabis en France.

    Nous proposons une production par le secteur privé via un système de licence soumise à une règlementation pour assurer le respect de certaines normes sanitaires.

    La distribution est librement assurée par tous les détenteurs d’une licence, aussi accessible à certains anciens dealers afin de faciliter leur reconversion.

    Enfin, la vente est interdite aux mineurs, la consommation restreinte dans certains lieux recevant du public comme pour le tabac, et la publicité réglementée comme pour l’alcool.

    Les recettes fiscales issues de la légalisation du cannabis financent des programmes de prévention et d’accompagnement pour les personnes vulnérables et souffrant d’addiction.


    Découvrez ICI le volume I – Légaliser le cannabis ; Arguments légaux et médicaux en faveur d’un changement de modèle. (mai 2018)

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      Les finances publiques plombées par la politique gouvernementale

      Jean-Philippe Delsol · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    finances

    Par Jean-Philippe Delsol
    Un article de l’Iref-Europe

    C’est un peu moins mauvais que prévu dans la quatrième loi de finances rectificative , mais c’est néanmoins cauchemardesque. Le déficit du budget de l’État français en 2020 représentera environ 178 milliards d’euros. Il faudra y ajouter le déficit de la Sécurité sociale, y compris des caisses de retraite et de chômage, et les conséquences sur les collectivités locales, encore inconnues.

    Sachant que selon un rapport de la Cour des comptes d’octobre 2020 le déficit cumulé du régime général de la Sécurité sociale et du fonds de solidarité vieillesse devrait atteindre 44,4 milliards d’euros en 2020 (contre 1,9 milliard en 2019 et 28 milliards d’euros en 2010, à la suite de la crise financière), et que les régimes de retraite et d’assurance chômage devraient cumuler près de 45 milliards d’euros supplémentaires de déficit, le déficit global des finances publiques devrait en 2020 représenter plus de 100 % des recettes fiscales de l’État. Bien sûr il faut s’endetter toujours plus pour y faire face.

    Bruno Le Maire maintient qu’il ne faut pas augmenter les impôts et compte sur la croissance pour rembourser les dettes publiques qui s’accroissent démesurément, autour de 120 % du PIB en attendant pire en 2021, et qu’il faudra bien rembourser si l’on veut éviter que la France perde tout crédit. Il n’a pas tort sur le principe, sauf que sa politique entrave l’économie plutôt qu’il ne la libère, ce qui nuira à la croissance nécessaire. Carrefour en offre un exemple manifeste.

    Le mauvais exemple Carrefour

    À défaut de gérer ses affaires, le gouvernement s’occupe de celles des autres. Près de quarante ans après que Laurent Fabius a arrêté les magnétoscopes japonais à Poitiers, il s’ingère dans les affaires de Carrefour pour faire obstacle au Québécois Couche-tard qui voulait entrer dans son capital.

    Pourtant l’investisseur canadien était prêt à investir trois milliards d’euros dans Carrefour pour améliorer sa productivité et développer l’e-commerce de façon à réduire encore ses prix au profit des consommateurs sans peser sur les producteurs.

    Le veto public opposé à Carrefour est d’autant plus incompréhensible que sur le marché français, la concurrence est vive : Auchan, Casino, Intermarché, Leclerc… Qu’aurait dit monsieur Le Maire si les Canadiens avaient posé leur veto à l’achat de Bombardier par Alstom fin 2020 ?

    Bombardier, qui fabrique des matériels de transport collectif, est pourtant autrement stratégique pour le Canada que Carrefour pour la France. Le distributeur français est présent dans de très nombreux pays étrangers et il y est souvent le distributeur le plus important, ou l’un d’eux. Selon son dernier rapport financier annuel 2019, Carrefour comptait par exemple 789 magasins en Belgique, 1149 en Espagne, 1089 en Italie, 906 en Pologne, 464 au Brésil, 597 en Argentine…

    Si la France poursuit sa politique souverainiste, les autres pays prendront des mesures de rétorsion équivalentes et empêcheront le développement de nombreuses entreprises françaises à l’international. Pourtant les activités à l’étranger des grandes firmes françaises actives au niveau international comptent pour une part majoritaire de leur chiffre d’affaire et de leurs profits.

    L’État n’a pas vocation à gérer l’économie

    Nous vivons dans une économie mondialisée qui a permis le développement exceptionnel de ces cinquante dernières années aussi bien dans les pays les plus pauvres que dans les pays riches. Mais si nous commençons à fermer nos frontières aux échanges de capitaux et bientôt de services et marchandises, nous en pâtirons tous. Et nous serons incapables de redresser la situation après la crise sanitaire qui nous aura plombés.

    Les agriculteurs qui se sont félicités du veto du gouvernement opposé à Couche-tard n’ont pas compris qu’au contraire, cet investissement aurait favorisé les ventes de Carrefour en France et à l’étranger et donc la production agricole française et ses échanges, notamment avec le Canada.

    Le rôle de l’État n’est pas de gérer les entreprises et de décider de la qualité de leurs actionnaires. L’État est mauvais gestionnaire ; il n’a pas les qualités appropriées et il n’en a pas la responsabilité. Sa gestion excessivement centralisée et tout entière administrée de la crise du Covid démontre son incapacité en la matière. On ne gère pas une crise en multipliant des circulaires aussi détaillées qu’un règlement de caserne.

    L’économie a moins besoin d’être suradministrée que libérée de trop de règlements, de contrôles, de sanctions, d’interdictions, d’obligations… Pire, en s’immisçant dans la vie des entreprises, l’État altère le juste équilibre des relations de marché.

    Certes, les mesures fiscales retenues dans la dernière loi de finances, pour atténuer les impôts de production et poursuivre doucement la baisse de taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, sont favorables à l’économie française.

    Mais si parallèlement les réglementations se multiplient au prétexte de satisfaire les revendications populistes et gauchistes, écologiques ou protectionnistes, ce qui a été donné d’une main sera repris de l’autre. Et l’apaisement fiscal ne sera alors qu’une parenthèse provisoire, parce que les entreprises gavées d’emprunts garantis par l’État ne pourront pas faire face à leur remboursement, parce que le déficit budgétaire public sera si lourd qu’il faudra en appeler au contribuable pour remédier à la faillite de l’État . Ce qui ajoutera encore au désastre.

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      Pandémie : l’échec des États, pas de la liberté

      Diego Taboada · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 04:15 · 6 minutes

    pandémie

    Par Diego Taboada
    Un article de Podcast Liber-thé

    Dès les premières semaines de la pandémie, il y a bientôt un an, bon nombre de commentateurs, par conviction ou intérêt, ont vu dans ce virus la manifestation des « excès du néolibéralisme ». La croissance et le libre-échange auraient engendré le Covid, les frontières ouvertes favorisé sa prolifération et les coupes budgétaires et les politiques « d’austérité » mis à nu les systèmes de santé.

    Un regard rapide en arrière confirme que les épidémies n’ont pas attendu la mondialisation pour sévir. Si un monde globalisé accélère la propagation d’un virus, il ne faut pas oublier qu’il a surtout rendu les sociétés plus résilientes à travers la création de richesses qui a permis l’amélioration des systèmes de santé dans le monde entier.

    De plus, la circulation de l’information a par exemple catalysé le développement de tests et de vaccins à une vitesse record . Les pourfendeurs de la liberté et de l’échange se trompent sur les causes, mais ont toutefois raison quand ils affirment que cette crise met en évidence les limites du système. Non pas celles du libéralisme, mais celles des États, en particulier en Occident.

    L’échec des États, pas de la liberté

    Une année après le début de l’épidémie le constat est clair : les États ont échoué. Tant l’absence de stocks de masques , l’échec systématique du traçage de contacts et les difficultés à mettre en place un processus de vaccination massif ont dévoilé les failles de l’État au grand jour.

    Les confinements généralisés, qui ont été présentés comme une décision courageuse d’un « État qui protège », sont en fait la matérialisation de ses limites . Ils s’imposent comme solution de dernier recours quand on a perdu le contrôle de l’épidémie. C’est un aveu d’impuissance majeur.

    C’est bien la faillite des États comme institution à laquelle nous assistons depuis bientôt une année. Bien qu’ils interviennent dans de plus en plus de domaines de notre vie, ils n’ont manifestement pas été à la hauteur de ce qu’on attendait d’eux. En effet, un État tentaculaire qui croit devoir s’occuper de tout, ne finit par s’occuper de rien. Cet échec met alors en exergue l’impossibilité structurelle pour une seule institution, aussi puissante et monopolistique soit-elle, de prévoir et d’organiser une société de manière centralisée.

    Cet échec est encore plus frappant si l’on considère, à l’instar des mouvements collectivistes, que l’État serait capable de prévoir le temps long, car il serait indépendant des contraintes de court terme qui paralysent les individus et les entreprises. Il n’en est rien.

    Par ailleurs, cette crise a permis de rappeler un problème de fond : les citoyens placent des attentes démesurées en l’État , alors que celui-ci est par essence incapable de remplir les missions en question, ou du moins pas de façon plus efficace qu’une entité privée. En mettant les différents aspects de leur vie (éducation, retraites ou encore santé) dans les mains de l’État, les citoyens ne peuvent qu’être déçus.

    Dans sa critique du projet socialiste et centralisateur, Hayek mettait déjà en cause le principe de planification d’une société . Non pas seulement pour des aspects moraux ou politiques qui vont de soi pour toute personne attachée à la liberté, mais à cause des limites cognitives humaines.

    Peut-on vraiment attendre qu’une poignée de hauts-fonctionnaires ou de ministres anticipe et planifie chaque événement qui pourrait potentiellement surgir ? Comment prétendre être capable d’appréhender l’information dans toute sa complexité ?

    Après tout, les responsables politiques ne sont pas des surhommes éclairés, mais des individus comme les autres. Cette incapacité à réunir les informations nécessaires et représentatives des désirs individuels explique à elle seule pourquoi la préférence pour des solutions centralisées est une approche vouée à l’échec.

    Ainsi, les limites de l’État sont avant tout des limites humaines ; l’arrogance de croire qu’un groupe d’individus est capable de rassembler tout le savoir et l’information qui circulent dans nos sociétés afin de pouvoir la diriger n’est que rarement pointé du doigt.

    Or, comme l’explique Pierre Bentata dans un récent pamphlet , avec la débandade à laquelle on assiste, c’est le mythe de l’État omnipotent et protecteur qui s’effondre. Les responsables politiques ont échoué, car l’État ne peut pas tout.

    La liberté a de beaux jours devant elle

    À première vue, il serait légitime de craindre que la liberté soit toujours davantage remise en question à la suite de cette crise. Elle a en effet beaucoup été restreinte , noyée dans des états d’urgence exceptionnels qui semblent se prolonger sine die . Il est d’ailleurs frappant d’observer comment la liberté est désormais considérée comme un obstacle à la bonne gestion de crise, plutôt que comme la valeur cardinale de nos sociétés.

    Nous subissons probablement les frais de notre lâcheté collective qui a consisté à abandonner la liberté comme projet et comme tradition durant les dernières décennies, comme le dit si bien François Sureau.

    Toutefois, la liberté a de beaux jours devant elle, n’en déplaise à ses critiques. Il y a d’une part fort à parier qu’après avoir été privé de presque toutes nos libertés, nous assistions à un sursaut du désir de liberté que nous chérirons à nouveau à sa juste valeur.

    Par ailleurs, l’événement qui était censé sonner le glas de la mondialisation et du « néolibéralisme », a prouvé son efficacité.

    La course aux vaccins en est un exemple parlant : la mondialisation des échanges a accéléré la transmission des savoirs et la mobilisation des intelligences pour développer un vaccin en moins d’une année. C’est aussi la recherche du profit qui a poussé les entreprises à développer ce vaccin. Une belle illustration de la main invisible : des acteurs privés qui, en cherchant leur propre intérêt, agissent pour le bien de tous.

    Il est alors essentiel de tirer les bonnes conclusions de cette crise. La liberté est au fondement des échanges et de l’esprit d’entreprise. Le « monde d’après » ne doit donc pas consacrer la subordination des individus au service du collectif. Ceux-ci doivent cesser de chercher le salut dans l’action de l’État, car la stratégie du plus d’État est vouée à l’échec.

    Les États modernes doivent au contraire réapprendre à se recentrer sur leurs tâches essentielles de garants des libertés individuelles. Seul un État agile sera capable de faire face aux défis du XXIe siècle.

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      Le socialiste d’aujourd’hui n’est pas le socialiste d’antan

      Finn Andreen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 04:00 · 9 minutes

    le socialiste

    Par Finn Andreen.

    Les libertariens se demandent souvent pourquoi le socialisme continue à être si populaire, alors qu’il s’est avéré être un tel échec en tant qu’idéologie politique et système économique. Bien que l’idéologie de l’éducation publique et des médias traditionnels soient des raisons importantes qui expliquent cela, la persévérance obstinée du socialisme est aussi quelque peu fictive, car le socialisme a évolué : le socialiste d’aujourd’hui n’est pas le socialiste d’antan.

    Cette distinction est importante à garder en tête lors de l’élaboration d’une éducation libertarienne pour contrer cette évolution.

    La différence entre le socialiste traditionnel et le socialiste moderne

    La différence entre le socialiste traditionnel et le socialiste moderne correspond à la distinction que Ludwig von Mises a proposée entre le socialisme et l’intervention de l’État dans le libre marché. Les socialistes traditionnels, d’influence marxiste directe, ont presque disparu, en même temps que les expériences socialistes ont échoué, l’une après l’autre, au cours du XXe siècle. Personne se qualifiant aujourd’hui de socialiste ou de gauche ne pense que la nationalisation des moyens de production est la meilleure façon d’organiser la société. Aucun socialiste moderne ne justifie l’oppression politique et l’étouffement économique typiques de l’État socialiste.

    Cependant, les socialistes modernes ferment toujours les yeux sur les preuves, maintenant irréfutables, montrant que le marché libre est le plus grand créateur de richesse de l’ histoire , même quand il est entravé par l’intervention de l’État. Ils refusent toujours d’accepter que des milliards de personnes ont été sauvées de la pauvreté par le capitalisme – en version dégradée – et que des centaines de millions de personnes aient rejoint la classe moyenne grâce à la libéralisation du commerce international et à l’ouverture de larges pans des économies des pays en développement.

    Le socialiste moderne est donc une créature paradoxale

    Il accepte le libre marché et en même temps le rejette. Croire au libre marché dans certains cas mais pas dans d’autres est une position idéologique pour le moins ambiguë, qui semble intellectuellement intenable et qui devrait au moins être défendue. Mais les socialistes modernes n’ont généralement pas cette incohérence intellectuelle. Ils considèrent plutôt, souvent sans donner de précisions, que le libre marché fonctionne dans une certaine mesure et qu’il doit être limité et contrôlé.

    Ils sont convaincus que l’État doit jouer un rôle fondamental dans la société, pour protéger les travailleurs contre le capitalisme sauvage, qui autrement non seulement continuera à les opprimer, mais détruira la civilisation elle-même.

    Parmi les socialistes modernes on trouve évidemment la gauche radicale et les sociaux-démocrates, ainsi que les élites libérales et la droite, mais aussi tous les conservateurs ayant abandonné le libéralisme classique pour s’adapter au temps. Les socialistes modernes représentent donc une grande et hétérogène majorité, mais ils ont une chose en commun : leur confiance dans l’État.

    Suivant la dichotomie de Mises ci-dessus, les socialistes modernes peuvent donc aussi être appelés étatistes . Comme le nom l’indique, les étatistes estiment que l’État doit intervenir sur le marché pour corriger ses nombreux excès imaginés et fournir un cadre réglementaire sans lequel, ils sont convaincus, il partirait en vrille. De vastes secteurs de l’économie (comme l’éducation ou la santé) doivent être placés sous le contrôle de l’État, s’ils ne le sont pas déjà.

    Les secteurs qui peuvent, selon eux, rester dans le domaine privé, doivent néanmoins être réglementés par l’État et protégés, si nécessaire, par des subventions, des tarifs , et d’autres types de redistribution . Les étatistes aimeraient souvent, même s’ils ne l’admettent pas toujours ouvertement, que les valeurs sociales et culturelles considérées comme inappropriées, comme le consumérisme ou le conservatisme, soient étouffées par l’État.

    La popularité de ces idées a eu de graves conséquences économiques, politiques et sociales au cours des dernières décennies, en France comme ailleurs. La plupart des étatistes ont de bonnes intentions, mais ils ont été éduqués avec une idéologie souvent basée sur des convictions erronées, des malentendus, et franchement, de l’ignorance.

    Le socialiste moderne et le capitalisme

    L’erreur la plus fondamentale que font les étatistes, et qui trahit leur manque de connaissance libertarienne, est peut-être la façon dont ils définissent le capitalisme. Ce qu’ils nomment capitalisme est en fait capitalisme d’État . C’est le capitalisme en tant que corporatisme, avec ses abus de pouvoir, ses monopoles artificiels, ses stratégies industrielles, et sa capture réglementaire.

    Les libertariens ont depuis longtemps dénoncé ces pratiques injustes et précisé qu’elles sont inévitables lorsque l’État s’immisce dans la vie économique de la société. En d’autres termes, ce que beaucoup d’étatistes pensent confusément être du capitalisme débridé, est en fait l’économie de marché bridée par l’État. Ils confondent cause et effet, puisque c’est l’implémentation de leurs propres idées étatiques qui ont créé les conditions politiques et économiques qu’ils critiquent aujourd’hui.

    Autrement dit, ils sont convaincus que l’État doit intervenir dans la société pour corriger les problèmes dont il est lui-même largement responsable.

    La plupart des étatistes ne sont pas conscients de cette contradiction, ni des conséquences néfastes de leurs convictions politiques. Ceci n’est pas surprenant, car ils n’ont pas appris comment fonctionne réellement l’économie de marché et les nombreuses façons dont l’intervention de l’État la déforme. Ils adhèrent simplement aux idées et valeurs étatistes qu’ils ont reçues dès leur très jeune âge par l’éducation publique, les média s, et souvent involontairement, par la famille et les amis.

    L’écrasante majorité de la population n’a malheureusement jamais été initiée au libertarianisme, et ne possède donc pas les outils conceptuels pour comprendre pourquoi cette doctrine étatiste de la société est erronée.

    Un besoin urgent d’éducation libertarienne

    Il y a donc un besoin criant pour un autre type d’éducation – une éducation aux piliers économiques et politiques du libertarianisme ; respectivement, l’ économie autrichienne et le droit naturel . Il peut sembler présomptueux, voire condescendant, de suggérer que les socialistes modernes ont besoin d’être éduqués. Il serait en effet présomptueux de proposer une éducation alternative à celle que reçoit la grande majorité si la société moderne était libre, pacifique, harmonieuse et riche. Mais ceci n’est pas le cas, comme la plupart des étatistes le reconnaissent immédiatement.

    En outre, les libertariens gardent souvent une certaine humilité, car la plupart étaient eux-mêmes étatistes avant de recevoir cette même éducation de la liberté. D’ailleurs, c’est peut-être pour cela que les libertariens comprennent si bien les étatistes, alors que l’inverse n’est presque jamais le cas.

    La distinction entre les socialistes traditionnels et modernes est pertinente pour l’élaboration d’une telle éducation libertarienne. Puisque les socialistes modernes interprètent et expriment le socialisme différemment des socialistes traditionnels, l’éducation nécessaire pour convaincre les étatistes de la folie de leurs idées politiques et économiques ne peut pas être la même que celle utilisée dans le passé.

    Les socialistes traditionnels devaient être sensibilisés avant tout à la définition de la liberté, aux conséquences désastreuses de la planification centralisée, et au rôle essentiel des prix dans la société. C’est pourquoi ils devaient apprendre la critique du marxisme de Böhm-Bawerk, la critique de Mises sur le calcul en économie socialiste, l ’avertissement de Hayek contre le collectivisme, ainsi que sa théorie non moins connue sur l’ utilisation de la connaissance dans la société.

    Cette éducation, bien que toujours fondamentale, n’est plus aussi importante qu’elle ne l’était autrefois, car les socialistes modernes ont déjà implicitement appris ces leçons. Ils se rendent compte que la théorie de la plus-value de Marx est erronée, qu’une économie planifiée et la tentative d’abolir la propriété privée conduisent à l’effondrement de la société. Les étatistes ont plutôt besoin de recevoir une éducation aux causes et conséquences de l’intervention de l’État dans une société libre.

    L’éducation du socialiste moderne devrait donc contenir des concepts clés tels que l’ effet Cantillon, la loi de Say, le sophisme de la vitre cassée de Bastiat, l’ analyse de l’État par Rothbard, et la critique de la taxation par Hoppe.

    Ces lois économiques et ces principes libertariens sont essentiels pour comprendre pourquoi une société basée sur le capitalisme d’État devient insoutenable et instable à long terme. Une telle société ne peut plus s’améliorer et s’engage alors inévitablement dans un déclin économique, social et culturel.

    L’éducation libertarienne est fondamentale pour renverser cette tendance, pour apprendre aux jeunes générations que le socialisme moderne est intrinsèquement décadent, car elle génère une diminution de l’épargne individuelle, un affaiblissement des liens familiaux, une disparition de la responsabilité personnelle, et une crise de confiance dans le système politique. Ce sont des conséquences prévisibles du socialisme moderne.

    La faillite morale et économique du système politique actuel, et avec celle-ci la réalisation que ce système arrive maintenant au bout du rouleau, pourrait rendre de nombreux étatistes plus réceptifs qu’avant aux réponses que le libertarianisme propose. L’éducation du socialiste moderne devrait aussi être plus simple que la conversion d’un socialiste traditionnel au libertarianisme.

    Ce dernier était souvent armé d’une dialectique solide basée sur les textes de Hegel, Marx, Engels et Lénine. Mais la plupart des socialistes modernes n’ont jamais lu ces auteurs et ne connaissent au mieux que vaguement leurs idées, aussi erronées et dangereuses soient-elles. Les étatistes n’ont pas réellement d’idéologie à proprement parler ; leurs convictions politiques sont souvent basées davantage sur des émotions que sur des principes. Un exemple typique est celui où payer ses impôts est fièrement considéré comme un acte de solidarité.

    L’éducation du socialiste moderne doit donc aussi inclure la moralité. Les étatistes ont besoin d’être convaincus que l’adoption des idées libertariennes fera d’eux de meilleures personnes. S’ils s’embarquent dans cette éducation avec un esprit ouvert, s’ils prennent le temps de vraiment comprendre les arguments politiques et économiques du libertarianisme, ils verront que le capitalisme, correctement définie, conduit à la société la plus pacifique, stable et juste.

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      L’État français, à des années-lumière du citoyen

      Jean Kircher · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 03:45 · 3 minutes

    état français

    Par Jean Kircher

    Pour nos sociétés modernes et démocratiques l’un des objectifs prioritaires devrait être le bien-être et le confort des citoyens afin qu’ils puissent vérifier et utiliser quotidiennement les progrès que nos gouvernements mettent en œuvre.

    En voyageant régulièrement dans toute l’Europe on se rend compte que pour la France et les Français le compte n’y est pas.

    L’État français très éloignés du citoyen, à bien des niveaux

    Ainsi le téléphone et les connections internet dont le réseau est supposé couvrir tout le territoire. Les zones blanches sont innombrables et il est courant que les services en cause répondent que nous sommes en bout de ligne. En dehors des grandes agglomérations c’est le cas partout. Dans le petit Luxembourg le moindre ménage dispose d’une connexion de 80 gigas. Pour avoir la même chose en France il faut passer par les grands opérateurs contre paiement supplémentaire.

    Ainsi les routes. En dehors du réseau autoroutier privé un tiers des autres routes sont en mauvais état . En période de neige les sableuses sont notoirement en sous-effectifs. Le seul service qui fonctionne remarquablement c’est le contrôle des vitesses.

    Sur les 800 000 ronds-points installés en Europe, 600 000 se trouvent en France . C’est la solution économique que notre grand pays a trouvé pour éviter de construire ponts, tunnels et contournements. L’automobiliste, lui, se démène dans des bouchons interminables et polluants.

    Rares sont les villes contournées. En Allemagne, toutes les grandes villes le sont et les villes moyennes sont traversées par des tunnels. La Suisse a voté un budget de 250 milliards sur dix ans pour relier toutes les grandes villes par des tunnels souterrains .

    Sur les autoroutes , les aires dédiées aux camions sont minuscules, les entrées en station deviennent donc de vrais parcours de combattant afin d’éviter que les poids-lourds n’encombrent le passage. Aménager de grands « Lorry-center » à l’allemande n’est pas prévu.

    Ainsi les voies navigables. Le gouvernement Jospin a définitivement enterré le projet Rhin-Rhône qui aurait pu devenir l’axe majeur européen de circulation des marchandises. Tant pis pour la pollution économisée et les routes dégagées.

    N’abordons même pas la monstrueuse désindustrialisation de la France dont nous n’avons pas fini de payer le prix.

    Nos villes deviennent tabou pour les automobilistes mais on ne construit pas pour autant les parkings de dégagement. Il s’agit juste de contenter les écologistes. Contourner définitivement la région parisienne ne fait pas partie des projets de nos penseurs.

    Tout se fait à l’économie car l’État n’a plus les budgets nécessaires pour ce genre d’investissements. Il s’agit prioritairement de payer les six millions de fonctionnaires dirigés par une oligarchie généreusement entretenue et très éloignée des réalités au-delà du périphérique parisien.

    Donc les besoins du peuple, on s’en moque. On embarque la populace dans de grands projets prestigieux qui font la grandeur de la France.

    Ainsi le Centre Pompidou qui fut en son temps un phare de la culture moderne française n’a jamais été entretenu pendant plus de 15 ans. Aujourd’hui il est fermé pour près de quatre années de rénovation . C’est typiquement français : on inaugure en grande pompe mais on ne prévoit plus les budgets d’entretien pour finalement recommencer à zéro. Pour beaucoup plus cher.

    Nous vivons de plus en plus dans une société virtuelle ou l’on confond webinars et télétravail avec efficacité et avenir, santé avec économie en berne, distantiel avec  présentiel pour finir avec un peuple appauvri et  méprisé.

    À force de prioriser le social assisté, les revendications des minorités bruyantes, le bien-être animal, celui des citoyens finit par être méprisé. Avec un niveau de vie en baisse, un chômage en hausse, un déficit désespérément chronique et un endettement sans fin, nous ne sommes pas prêts de voir notre quotidien s’améliorer.

    Mais le coq sur son tas de fumier continue de chanter…