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      Pierre Larrouturou explique son combat pour taxer les transactions financières

      Lauren Provost · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 13 February, 2021 - 02:07 · 1 minute

    FINANCE - Sa grève de la faim pour le climat, tenue 18 jours à l’automne, a fait de lui l’eurodéputé français le plus “buzz” de 2020.

    “En bon Béarnais” comme il le dit, l’élu socialiste de 56 ans, Pierre Larrouturou , a aujourd’hui repris les kilos perdus dans son combat pour réclamer un renforcement du budget de l’UE en faveur du climat et de la santé. Il semble aussi avoir retrouvé toute la ferveur de son engagement contre le réchauffement climatique, la spéculation financière et l’état des hôpitaux.

    Sa participation à notre conférence sur les Futurs de la finance avec Boma, ce jeudi 11 février, nous a permis de le constater : malgré la bataille perdue en 2020 son combat continue. Et les conséquences économiques de la crise Covid n’y change rien. L’élu français n’est pas lassé de brandir ses graphiques et images de maisons en feu à ses interlocuteurs pour expliquer son souhait de faire voter une taxe sur les transactions financières.

    Ce que défend l’élu Nouvelle Donne : une taxe sur les transactions financières (TTF) avec l’assiette large définie dans une proposition de la Commission européenne dès 2011, qui rapporterait jusqu’à 57 milliards d’euros par an, de quoi soutenir le climat et le “Pacte vert” européen.

    L’ingénieur agronome passé par Sciences Po nous explique tout cela dans la vidéo en tête d’article.

    L’intégralité de la conférence “Les futurs de la Finance” avec Boma France est disponible ci-dessous. Vous y retrouverez l’entrepreneur Cyril Paglino, spécialiste des cryptomonnaies ainsi que la ministre Olivia Grégoire qui met en garde contre les conséquences d’une annulation de la dette Covid .

    Vous pouvez également continuer de réfléchir à l’avenir avec les podcasts “Les futurs de...” . Notre prochaine conférence aura lieu le 18 mars en direct sur notre page Facebook et sur le site de Boma. Elle aura pour thème l’exploration des futurs du Travail.

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      Haut-Commissariat au Plan : farce néolibérale ou retour de l’État-stratège ?

      Hugo Michel-Biallet · news.movim.eu / LeVentSeLeve · Friday, 12 February, 2021 - 22:33 · 21 minutes

    Le 22 septembre 2020, François Bayrou a tenu un discours devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en tant que nouveau Haut-commissaire au Plan. C’est sur le constat d’un pays dépendant de l’étranger concernant son approvisionnement pharmaceutique qu’il pose les problématiques de « souveraineté et de responsabilité sociale ». Après avoir « découvert » le phénomène de délocalisation de productions dites stratégiques, le gouvernement a expliqué avoir pris en considération la gravité de la situation. Lors du discours de politique générale de juillet 2020, le Premier ministre Jean Castex a suggéré le rétablissement d’une force de prospection au service de l’État, à même « d’éclairer les pouvoirs publics au regard des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux, sanitaires, technologiques et culturels ». La (re)création de cette institution étatique, dont la mission est l’orientation du développement économique, conformément aux intérêts que le pays, questionne sur les réelles motivations d’un exécutif néolibéral à se saisir des enjeux stratégiques de long terme.

    L’idée d’une institution qui organise le développement économique n’est pas nouvelle. En 1936, le Front populaire crée le ministère de l’Économie nationale afin « d’assurer l’unité de la direction des initiatives du gouvernement dans le domaine économique » 1 . Il entreprend des grands projets d’infrastructures et d’équipements des villes et des campagnes tout en contrôlant les prix des denrées alimentaires pour que l’inflation ne desserve ni les producteurs ni les consommateurs. Le Commissariat Général au Plan de De Gaulle poursuit ce même objectif de penser l’orientation du développement économique et industriel selon les besoins, les ressources et les ambitions du pays. Si le Haut-Commissariat au Plan de François Bayrou est sensiblement différent sur le fond par rapport à son ancêtre, il n’en reste pas moins sujet aux logiques dominantes de l’action publique. Le gouvernement s’inscrit dans une politique néolibérale dont les fondements reposent sur la compétitivité des entreprises et l’offre d’un point de vue économique, l’individualisme et le mérite d’un point de vue social. Il rejette, par principe, toute politique qui viserait à planifier l’économie, préférant inciter financièrement au développement de certains secteurs qualifiés « d’innovants ».

    Pourquoi penser une politique industrielle ?

    Pour Guy Lemarchand 2 , les premières formes de politiques industrielles en France remontent à Colbert. D’inspiration mercantiliste, il développe les manufactures royales à travers des incitations financières publiques. Dès le XVIIIe siècle émerge un clivage entre hauts fonctionnaires concernant la nature de l’intervention publique. Ils se partagent entre la vision d’un État qui intervient directement dans la sphère économique et celle d’un État qui favorise des conditions réglementaires optimales au développement des marchés. Si le libéralisme économique se développe à partir de l’ouvrage de référence d’Adam Smith 3 , le libéralisme politique anglais commence déjà à se diffuser au sein des administrations de l’Ancien Régime en charge de la bonne tenue des manufactures. Aujourd’hui, il s’agit de l’opposition entre les politiques industrielles verticales de soutien direct et ciblé à des entreprises, secteurs, technologies ou produits ciblées et horizontales qui visent à créer un « environnement favorable au développement de l’ensemble des entreprises » 4 . France Stratégie résume la politique industrielle comme « l’ensemble des interventions publiques ciblant les activités économiques au sens large, pour en améliorer la performance, pour des raisons stratégiques ou encore pour maintenir la cohésion sociale et territoriale ». L’enjeu est de concilier ces deux approches à travers le Commissariat au Plan en vue de produire des synergies dans l’élaboration de la politique industrielle. Stimulant l’environnement économique de manière générale et sans orientation, la politique gouvernementale menée jusque-là s’inscrit dans le cadre d’une politique de l’offre d’inspiration néolibérale.

    Deux situations justifient l’intervention publique : lorsque le fonctionnement optimal d’un marché n’est pas assuré mais qu’il peut l’être grâce à l’intervention publique ou lorsque le fonctionnement optimal d’un marché n’est pas souhaitable pour la collectivité.

    L’intervention de l’État dans la sphère économique trouve de solides fondements économiques, bien qu’ils ne soient pas acceptés par tous aujourd’hui. Les défaillances de marché (rendements d’échelle croissants, asymétries d’informations, externalités et biens publics) provoquent de forts déséquilibres ce qui conduit à une situation sous-optimale, justifiant l’intervention publique. Selon le rapport de Gallon et al (2005), aux orientations libérales, deux situations justifient l’intervention publique : lorsque le fonctionnement optimal d’un marché n’est pas assuré mais qu’il peut l’être grâce à l’intervention publique ou lorsque le fonctionnement optimal d’un marché n’est pas souhaitable pour la collectivité. On comprend alors que pour élaborer une politique industrielle permettant de contrecarrer les défaillances de marché, l’intelligence économique se pose comme un outil majeur d’aide à la décision.

    C’est sur ce constat de défaillances des marchés ne conduisant pas à un optimum souhaitable que reposait le Commissariat Général au Plan. D’inspiration économique keynésienne, l’intervention de l’État garantit la coordination du développement de l’économie au service des objectifs économiques et sociaux du pays. Le contexte de reconstruction du capital productif national et le volontarisme de l’État ont fait passer le pays de la pénurie et de la misère généralisée à une société d’abondance (et de grande consommation), au taux de chômage bas. Les Trente Glorieuses font ainsi de la France l’une des premières puissances économiques du monde. L’orientation économique du Plan est à la source des programmes d’envergure qui ont fait la renommée de son économie : TGV, aéronautique et spatial, maillages autoroutiers, indépendance énergétique, automobile, etc. L’État finance le développement de filières qu’il juge stratégique aux côtés des industriels tout en finançant l’aménagement des régions en équipements et en services publics : barrages, routes et autoroutes, irrigation, universités ou hôpitaux. Le Plan permettait ainsi de coordonner et de mettre en cohérence les différentes politiques économiques et sociales. C’est l’un des outils par lequel l’État se donnait les moyens de ses ambitions.

    Le contexte géo-économique de notre époque n’a rien à voir avec celui des années 60. Le renforcement du phénomène de globalisation suite à l’effondrement du bloc soviétique marque l’avènement du capitalisme financier et dérégulé sur le plan économique mais aussi la domination des politiques publiques néolibérales aux niveaux nationaux et européens. Le cadre réglementaire de l’Union européenne contraint et limite les possibilités d’intervention publique, tandis que la multiplication des accords de libre-échange renforce la concurrence sur les ressources et les tensions sur les modèles sociaux. Le contexte actuel produit donc des problématiques similaires en termes d’orientation du développement économique selon une vision stratégique de long terme afin de répondre aux enjeux de notre époque.

    Depuis le rapport Martre de 1994 5 , élaboré pour l’ancien Commissariat Général au Plan sous le second septennat de Mitterrand établissant les fondements de l’intelligence économique en France, l’État a peiné à se saisir du concept et à le mobiliser dans le cadre de politiques économiques. Cela se traduit par une succession d’institutions ayant connu des appellations et un périmètre d’action différent. Depuis 2016, le Service de l’information stratégique et de la sécurité économique (SISSE) est l’organe de pilotage de l’intelligence économique à la française 6 . Le décret du 29 janvier 2016 instituant le SISSE précise le périmètre de son action, participant à l’élaboration d’une « politique publique en matière de protection et de promotion des intérêts économiques de la Nation ». Il s’agit ici d’une approche défensive de l’intelligence économique fondée sur l’identification des risques et menaces pouvant affecter des secteurs dont dépendrait la stabilité du pays. Cette approche correspond au passage d’une politique industrielle volontariste vers une politique industrielle plus modeste et défensive. Il manque alors une vision offensive et anticipante de l’intelligence économique comme un outil de diagnostic en vue de proposer une orientation structurelle du développement économique du pays conformément à ses priorités.

    Lire sur LVSL l’entretien de Nicolas Moinet au sujet des défis posés à la France en matière d’intelligence économique : « Nicolas Moinet : Nous sommes en guerre économique. On ne peut pas répondre aux dynamiques de réseaux par une logique de bureau ».

    Anaïs Voy-Gillis, lors d’un entretien donné pour Le Vent Se Lève 7 , analyse les effets de la crise financière de 2008 comme un premier électrochoc venant questionner la « dépendance de la France, la façon de recréer de la valeur en France, et le fait que le modèle d’une économie post-industrielle n’avait pas apporté la prospérité espérée ». Le passage d’Arnaud Montebourg au ministère du Redressement productif en 2014 illustre ainsi la prise de conscience concernant l’importance d’avoir une base productive nationale d’une part, mais aussi de l’orienter dans un sens permettant d’atteindre un meilleur équilibre. Cela nécessite alors de mobiliser l’information créée par les services d’intelligence économique afin d’assurer le succès de la politique industrielle. Après le départ de Montebourg, remplacé par Emmanuel Macron, l’ambition en matière de politique industrielle s’est simplifiée pour ne devenir qu’une liste d’objectifs lointains associés à une politique en faveur de l’offre par des avantages fiscaux pour la recherche et le développement. Il semble que ce soit la crise sanitaire actuelle qui vienne questionner, au sein même du gouvernement, la pertinence de penser une politique industrielle nationale plus ambitieuse. Qu’en est-il avec la renaissance du Haut-Commissariat au Plan ?

    Quelle vision étatique pour une institution devant planifier ?

    Lors du discours de présentation du 22 septembre devant le CESE, François Bayrou a clarifié les fondements politiques et économiques sur lesquels repose le Haut-Commissariat au Plan. Essentiellement, il a pour ambition de proposer des orientations « pour que la vie économique ne compromette pas l’existence et l’efficacité » des domaines stratégiques bien que la définition et les caractéristiques d’un secteur stratégique soient encore source de débat. Dans une perspective plus large, il s’agirait de penser aux questions stratégiques de long terme et de les traiter « dans une démarche de dialogue entre toutes les forces, professionnelles, scientifiques, techniques, sociales, associations et civiques qui la composent, et proposer aussi simplement que possible des options cohérentes pour y répondre ». Les « questions stratégiques » touchent à des domaines variés, définis de manière arbitraire tant leur définition est encore source de débat aujourd’hui. Ainsi, un secteur ou un bien est défini comme stratégique s’il assure la sécurité ou la continuité de la vie de la Nation en cas de crise brutale mais également s’il assure la souveraineté de la Nation au regard des objectifs prioritaires qu’elle se fixe 8 . On trouve ainsi listés la défense nationale, la cybersécurité et le numérique, l’industrie aéronautique et spatiale, l’eau, l’énergie, les télécommunications, l’agroalimentaire et les produits pharmaceutiques. On retrouve l’approche défensive de l’intelligence économique, dont la mission relève déjà du SISSE.  On ne sait par exemple rien de la coordination entre le nébuleux et technocratique Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), chargé de la politique d’investissement de l’État dans les filières d’avenir, et le Haut-Commissariat au Plan. Le SGPI représente pourtant un outil majeur de l’action publique, en charge de 57 milliards d’euros sur le quinquennat actuel pour financier la transition écologique, la « société de la connaissance », la compétitivité et l’innovation ainsi que « l’État numérique ».

    Si l’État souhaite orienter la politique économique et industrielle conformément à ses objectifs économiques, environnementaux, sanitaires et sociaux, il ne peut se contenter de ne compter que sur la coopération bienveillante des entreprises.

    François Bayrou laisse transparaître son changement de paradigme d’analyse de cette situation d’urgence. Ce n’est pas par « l’obligation », qui serait considérée comme un « ordre abusif », mais en « fédérant les efforts » que l’on peut établir un consensus sur l’intérêt général et les points qui font débat. Or, si l’État souhaite orienter la politique économique et industrielle conformément à ses objectifs économiques, environnementaux, sanitaires et sociaux, il ne peut se contenter de ne compter que sur la coopération bienveillante des entreprises. S’il existe des entreprises qui respectent des logiques et finalités différentes que l’optimisation du profit, dans l’économie sociale et solidaire par exemple, elles restent relativement marginales. Par conséquent, l’État doit nécessairement intervenir, c’est un investissement, afin de corriger les effets négatifs que les entreprises peuvent produire et n’internalisent pas à leurs coûts de production comme la pollution par exemple. Or, le Haut-Commissariat au Plan s’attachera à définir des incitations afin que, peut-être, les agents économiques les suivent.

    L’annonce de la renaissance du Commissariat au Plan a suscité interrogations et scepticismes parmi les médias et économistes. Ils soulignent la coexistence de différentes institutions, comités et conseils dont les périmètres d’action se superposent. Le président de l’un des comités souligne cependant que ce pourrait être l’occasion de redéfinir l’organisation de ces structures. Certains questionnent le bien-fondé d’un « colbertisme 2.0 » pouvant s’incarner à travers le Haut-Commissariat au Plan. L’économiste libéral Élie Cohen préfère ainsi « orienter les fonds publics vers des projets de développement en partenariat avec le privé » 9 . Dans une tribune 10 , un collectif de personnalités explique la conception d’un Haut-Commissariat au Plan moderne qui articulerait son action en lien avec ses partenaires européens et avec les collectivités territoriales. Ils insistent sur l’urgence climatique et les limites de la mondialisation comme variables essentielles à ne pas mettre de côté. Ils proposent des « assises territoriales » qui rassembleraient les acteurs concernés par les problématiques de développement économique. « L’ensemble de ces travaux servirait de socle à une planification d’un nouveau type élaborée par le Haut-Commissariat au Plan, à l’écoute des dynamiques locales comme des réalités de la mondialisation, flexible et adaptable, soucieuse de répondre aux impératifs environnementaux et sociaux. Un tel exercice permettrait une appropriation par le plus grand nombre des orientations prises et marquerait une nouvelle méthode d’instruction des choix stratégiques au sein de l’État ».  L’ancien Commissariat Général au Plan fonctionnait avec cette démarche de concertation entre les ministères, les collectivités territoriales, les partenaires sociaux et autres parties prenantes. Les commissions réunissaient ces acteurs et le Commissariat harmonisait ces différents travaux. Si cette dimension inclusive est présentée par François Bayrou, elle reste encore à prouver car n’est pas instituée par les textes officiels Le Haut-Commissariat au Plan semble, au contraire, être placé à côté des circuits de décision.

    Trois approches sont présentées et permettent d’appréhender la nature des questions stratégiques envisagées par François Bayrou. Il évoque les questions qui touchent à la « vitalité » du pays (rapport au vivant et à la nature, enjeux climatiques, démographie, économie, innovation, etc.) et à « l’indépendance » vis-à-vis des importations étrangères de produits stratégiques – ainsi que la nécessité de relocaliser ces activités. Il évoque aussi le « projet de société » centré sur la justice sociale à travers l’éducation et la santé par l’aménagement des régions en vue de réduire les inégalités. C’est un programme ambitieux, qui touche à un grand nombre de questionnements stratégiques mais présentant un risque de dispersion 11 tant les thématiques sont nombreuses et larges. Il pourrait aussi ne pas trouver d’écoute auprès d’un gouvernement imperméable à tout changement de cap idéologique. Par son rattachement à Matignon, le Haut-Commissariat au Plan se trouve dans une situation ambivalente. Si cette position lui permet, en principe, de pouvoir mener ses missions de coordination entre les ministères, il se place également au service du chef du gouvernement et donc de son influence politique. En répondant aux critiques de l’opposition concernant l’approvisionnement en médicament (symbole d’une politique industrielle erratique), en créant le Haut-Commissariat, et en nommant François Bayrou à sa tête, l’exécutif espère probablement éteindre la polémique en recyclant cet outil.

    Comment en faire un outil pertinent d’orientation industrielle ?

    Anaïs Voy-Gillis évoque le fondement qui doit animer le Haut-Commissariat au Plan : décorréler le temps de la politique industrielle du temps de la politique électorale. « Cela peut donner une stabilité et une vision aux industriels, avec l’idée que chaque mandature ne va pas changer en profondeur la politique publique ou fiscale. Ce commissariat peut également avoir un rôle prospectif en identifiant les technologies de demain. En revanche, il doit être agile, pragmatique, voire opportuniste. Les changements se font sur un temps très rapide et il faut être capable de s’adapter à ces évolutions rapides ». Cela questionne la légitimité du Haut-Commissariat au Plan, dont les membres sont non élus, à élaborer une politique industrielle que les gouvernements successifs ne pourraient remettre en question à chacune des mandatures. La coordination entre les institutions existantes devrait être approfondie afin d’éviter les cumuls de missions. Le ministère de l’Industrie et le Conseil national de l’industrie participent déjà activement à l’identification des filières d’avenir. Leur travail devrait ainsi être mieux coordonné à celui du Haut-Commissariat au Plan pour amplifier la qualité des analyses.

    « Les aspirations sociales et les considérations environnementales poussent à imaginer de nouveaux processus industriels en cohérence avec les engagements du pays en matière environnementale et sociale, tout en ce qu’ils sont viables économiquement. »

    Les problématiques que rencontrent les industries françaises aujourd’hui touchent à leur nécessaire modernisation dans un objectif de compétitivité, certes, mais aussi à la sécurité (des données, des réseaux), la dynamique technologique, le recyclage, la réduction de la consommation d’énergies, des polluants ou le mal-être au travail. Les aspirations sociales et les considérations environnementales poussent à imaginer de nouveaux processus industriels en cohérence avec les engagements du pays en matière environnementale et sociale, tout en ce qu’ils sont viables économiquement. C’est en mobilisant l’intelligence économique de manière offensive, de manière à élaborer une politique industrielle au long terme en orientant le développement des activités par sa force de proposition auprès du législateur que le Commissariat peut honorer sa charge de « mettre l’avenir au cœur du présent ».

    L’ambition affichée par François Bayrou est louable mais manque pour l’instant cruellement de consistance. Une volonté politique forte d’affirmer cette ambition de prospective et d’orientation a besoin de s’émanciper des dogmes néolibéraux aujourd’hui dominants dans les logiques de l’action publique. On sait que c’est principalement la formation des élites politiques, fondée sur des programmes dispensés par les grands établissements , qui se révèle être un terreau fertile au développement d’une culture particulière de l’action publique, néolibérale. Mayntz et Derlien évoquent la « politisation fonctionnelle » pour qualifier l’idée que les hauts fonctionnaires sont partie intégrante de la construction et de la définition des politiques publiques. Ils montrent le brouillage permanent des frontières entre les élus et l’administration. Ainsi ils participent à l’élaboration des politiques publiques certes, mais surtout à les légitimer. Nécessairement, leur paradigme et leurs logiques d’actions néolibérales s’inscrivent et transpirent à travers les politiques publiques qu’ils façonnent. On peut légitimement craindre que cette institution ne reste qu’à l’état de « coquille vide » sans réelles raisons d’être. Seul le rattachement de France Stratégie et de ses nombreux rapports au Commissariat au Plan lui donne de la consistance. Il est peu probable qu’il amène à remettre en question cette approche de l’action publique qui est la source principale des maux du pays : insuffisance des politiques environnementales et sociales ; concurrence fiscale et sociale régionale, européenne et mondiale, source de délocalisation et de pertes de recettes fiscales, difficulté à élaborer une politique économique et sociale de long terme, etc.

    La volonté de l’État de se doter d’un outil d’orientation et de planification industrielle a minima peut s’expliquer en partie par les engagements de la France et la conformité de son droit à la législation européenne. C’est un point critiquable car les directives européennes préconisent justement une politique industrielle fondée sur la compétitivité des entreprises à travers des politiques en faveur de l’offre et non une politique d’orientation de long terme répondant aux objectifs que l’Union européenne se fixe. Le changement de paradigme de l’action publique concernant la politique industrielle ne peut se faire légalement qu’au regard du droit européen, et c’est une difficulté majeure aujourd’hui à l’élaboration d’une politique industrielle nationale. En réalité, l’interdépendance entre les secteurs de production, entre et dans les pays, oblige à ce que la stratégie pensée nationalement soit en cohérence avec celle de nos voisins afin de ne provoquer de défaillances de marché supplémentaires. Elle doit tenir compte tant du dynamisme de la conjoncture économique mondiale que de l’évolution des économies de nos partenaires commerciaux pour ne pas être biaisée et contre-productive. Pour autant, on ne peut nier les stratégies concurrentielles de ces mêmes voisins peuvent déployer sur d’autres secteurs.

    La cohérence et la complémentarité d’une politique industrielle nationale avec celle de nos voisins sont vitales afin de coordonner une croissance respectueuse des pays et répondant aux défis actuels. L’objectif de cette coordination est double, elle doit permettre à ce que les pays puissent penser leur développement économique selon leurs propres ambitions mais aussi selon leurs engagements internationaux concernant les enjeux environnementaux et sociaux. Finalement, le Haut-Commissariat au Plan est directement confronté aux paradigmes idéologiques néolibéraux qui l’animent. Entre le respect des réglementations européennes de la concurrence et les logiques d’actions propres aux hauts fonctionnaires qui y travaillent, il est peu probable que l’institution incite à l’élaboration d’une politique industrielle ambitieuse et de long terme à même de répondre aux défis auxquels la France est confrontée. Considérer les effets de la décentralisation des compétences, notamment en matière de développement économique, sur la coordination entre une politique industrielle nationale et son application locale est une clé de succès à sa réussite. Le temps nous dira comment ce Haut-Commissariat au Plan aborde concrètement les problématiques liées à la mobilisation de l’intelligence économique au service de l’élaboration d’une politique industrielle de long terme coordonnée à une échelle supranationale mais aussi locale.

    Notes :

    1 Décret du 19 juin 1936

    2 LEMARCHAND, G. La politique industrielle sous l’Ancien Régime : MINARD, P. La fortune du Colbertisme. État et industrie dans la France des Lumières. Annales de Normandie, 50ᵉ année, n°1, 2000

    3 LEMARCHAND, G. La politique industrielle sous l’Ancien Régime : MINARD, P. La fortune du Colbertisme. État et industrie dans la France des Lumières. Annales de Normandie, 50ᵉ année, n°1, 2000

    4 Rapport « Les politiques industrielles en France – Evolutions et comparaisons internationales », France Stratégie, novembre 2020

    5 Rapport Martre « Intelligence économique et stratégie des entreprises », Commissariat Général au Plan, La Documentation Française, 1994

    6 ROUSSEAU, E. BOUCHAUD, N. « La création du SISSE, nouveau chapitre dans l’histoire mouvementée de l’État et de l’intelligence économique », Portail de l’intelligence économique , 2016

    7 VRIGNAUD, N. « Nous risquons de subir une nouvelle vague de désindustrialisation – entretien avec Anaïs Voy-Gillis », Le Vent Se Lève , septembre 2020

    8 Note d’ouverture n°2, « Produits vitaux et secteurs stratégiques : comment garantir notre indépendance ? », Haut-Commissariat au Plan, décembre 2020

    9 DE CALIGNON, G. « L’intérêt d’un retour du Commissariat au Plan fait débat », Les Echos , août 2020

    10 Collectif. « Ce que doit faire le nouveau Haut-Commissariat au Plan », Les Echos , septembre 2020

    11 SICARD, C. «  François Bayrou : un Commissaire au Plan en apesanteur ? », Contrepoints , janvier 2021

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      Les soldes d'hiver 2021 prolongés de deux semaines

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 16:59

    CONSOMMATION - Un peu plus de temps pour profiter des bonnes affaires. Les soldes d’hiver 2021 vont être prolongés de deux semaines jusqu’au 2 mars 2021, a annoncé Bercy ce vendredi 12 février.

    Plus d’informations à venir...

    À voir également sur Le HuffPost: Ne pas faire les soldes en soutien aux Ouïghours? Pas si facile pour ces consommatrices

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      Faillites: ce texte qui réduirait la protection des salariés critiqué jusqu'au Medef

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 16:53 · 2 minutes

    Ce texte qui réduirait la protection des salariés en cas de faillite critiqué jusqu

    POLITIQUE - Tirs croisés sur le gouvernement. Le Medef et les syndicats CFDT et FO se disent opposés à un projet d’ordonnance qui ferait passer le paiement des salaires après celui des administrateurs et mandataires judiciaires en cas de procédure collective.

    Les ressources du régime de garantie des salaires, l’AGS, qui assure le paiement des salaires de ces entreprises insolvables , proviennent d’une part de cotisations patronales et de l’autre de la réalisation des actifs des sociétés en liquidation.

    Dans le cadre de cette réalisation, le projet d’ordonnance rétrograde le paiement des salaires, qui bénéficient actuellement d’un “super-privilège”, au profit du paiement prioritaire d’autres créances, dont les honoraires des administrateurs. “On est très demandeurs que le super-privilège de l’AGS ne soit pas rétrogradé”, a ainsi expliqué le président délégué du Medef Patrick Martin ce vendredi 12 février à l’AFP , craignant “des effets de bord très importants pour la paix sociale”.

    “Des milliers de salariés en situation de détresse financière”

    Même opposition du côté du secrétaire général de Force Ouvrière Yves Veyrier. Le syndicaliste souligne, dans une lettre adressée le 3 février au Premier ministre Jean Castex, que l’AGS “remplit un rôle d’amortisseur social”. “Une rétrogradation de rang mettrait d’une part, le régime AGS -aujourd’hui vertueux- en difficulté et d’autre part, conduirait des milliers de salariés en situation de détresse financière et ce, dans un contexte économique dégradé”, selon lui.

    Dans un communiqué diffusé lundi, la CFDT de son côté “demande le retrait de ce projet d’ordonnance, inopportun et inapproprié dans la période”.

    Si les ressources de l’AGS sont amputées, il n’y a que “deux solutions pour équilibrer l’AGS”, explique pour sa part Patrick Martin. “Soit on dégrade la prise en charge des salaires par l’AGS, et ça c’est vraiment pour nous la dernière extrémité et on fera tout pour l’éviter, soit on augmente les cotisations versées par les entreprises” et pour ça “c’est vraiment pas le moment”.

    Donc, “on s’y oppose” poursuit le président délégué du Medef qui demande aux administrateurs et mandataires judiciaires “plus de transparence et plus de concertation” sur la partie non réglementée de leurs prestations. Le ministère de la Justice explique sur son site internet que son projet d’ordonnance, sur lequel il a engagé une consultation jusqu’au 15 février, vise à transposer la directive européenne “restructuration et insolvabilité”.

    “On a regardé cette directive européenne de très près et on ne voit pas en quoi elle fonderait cette modification de la hiérarchie des créanciers”, a répliqué Patrick Martin sur ce point.

    À voir également sur Le HuffPost : Au Medef, cette jeune militante écolo imperturbable face aux ricanements

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      “À l’heure des Victoires de la musique, c’est tout notre secteur qui est en deuil”

      Olivier Simenhaus · news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 12 February, 2021 - 10:10 · 5 minutes

    L

    Monsieur le Président de la République,

    Le poids de la culture a jusqu’à présent été rarement perçu à sa juste mesure: en 2017, la valeur ajoutée des branches culturelles à notre économie représentait 47,5 milliards d’euros, soit 2,3% du PIB national. Dans son ensemble, l’apport direct de la culture à la richesse nationale est comparable à celui de l’industrie agroalimentaire et 1,9 fois celle de l’industrie automobile.

    Au total, 1,3 million de personnes vivent en France, de façon directe ou indirecte, d’une activité culturelle ou créative.

    La culture est en danger, Mr le président, et tout particulièrement le spectacle vivant.

    Nos métiers à l’arrêt, notre secteur en deuil

    Aujourd’hui, à l’heure des Victoires de la musique, c’est tout notre secteur qui est en deuil.

    Nos métiers ont été les premiers à être touchés par cette crise et depuis le 4 mars 2020, nos sommes tous à l’arrêt et dans l’impossibilité de travailler.

    Nous, les concepteurs de spectacle, les producteurs, les chorégraphes, les metteurs en scène, tous les techniciens, les constructeurs de décors, les sociétés de location d’instruments de musique, de son, de lumière, de vidéo et d’effets spéciaux, les chauffeurs des camions, les chauffeurs de tourbus, les cuisiniers, les bureaux de production, les tourneurs, les créateurs de costumes, les maquilleuses, les coiffeurs et les accessoiristes, le personnel d’accueil, les agents de sécurité, le personnel permanent des salles, les... et oui la liste est longue et non exhaustive.

    Nous tous vivons en apnée depuis un an maintenant, sans espoir de reprise malgré tous les efforts consentis par l’ensemble des professionnels pour accueillir notre public dans les meilleures conditions.

    Arrêtons toute cette hypocrisie! Nous savons qu’une salle de spectacle ou un festival sont moins dangereux qu’un grand hypermarché, et nous vous avons proposé des protocoles sanitaires efficaces, dont vous avez connaissance depuis fin août 2020 par le biais de nos collègues l’Association des Artisans des spectacles.

    Depuis un an nous attendons tous les jours, de savoir quand nous pourrons recommencer à travailler, à vivre, et respirer!

    Non essentiels, nous?

    Les musiciens d’orchestre, les acteurs de théâtre, les danseurs, les techniciens, les attachés de presse, les tourneurs, les directeurs de salles, les producteurs, les prestataires de services?

    Non essentiels pour qui? Pourquoi?

    Qui décide et au nom de quoi la culture est un bien non essentiel?

    Il aura fallu la fronde d’une grande partie du pays pour que les libraires puissent rouvrir. Mais pas les théâtres, pas les salles de spectacle, pas les festivals. Au nom de quoi?

    Dans un pays où l’exception culturelle est respectée dans le monde entier. On parle en mètres carrés, on parle en année blanche, on parle en pourcentage, on parle en variants. Mais quand parlera-t-on en humanité, en plaisir, en culture, en partage, en responsabilité?

    Comme les étudiants, comme les restaurateurs, nous les gens du spectacle, nous sommes soumis depuis presque un an à des mesures qui nous étouffent et portent un grave préjudice à notre avenir et à celui de la culture.

    Mr le Président vous avez promulgué l’année blanche jusqu’au 31 août 2021 pour la majorité des professionnels du spectacle vivant qui sont sous le régime de l’intermittence.

    Aujourd’hui malgré cette année blanche, nous vivons avec la moitié de nos revenus, d’autres uniquement avec le RSA, et pour les plus en difficultés encore avec 0 euro.

    Une année blanche transformée en année noire

    Alors cette année blanche Mr Macron, elle s’est transformée en année noire pour tous ces professionnels!

    Nous n’en voyons plus le bout: aucune perspective, aucune reprise, le brouillard complet. Nous ne pouvons même plus préparer notre futur et celui de nos familles.

    • 82.9% des intermittents ne pourront pas ouvrir leur droit à la fin août 2021 et 55.6% des 280.000 intermittents du spectacle ne peuvent pas subvenir à leurs charges avec uniquement 50% de leurs revenus;
    • 20.258 personnes “primo entrants” n’ont que pour seul revenu le RSA, et pour ceux qui ont moins de 25 ans, rien ne leur est alloué;
    • Les artistes, les comédiens, les musiciens, les producteurs de spectacles, les salles, les festivals, les prestataires sont perpétuellement confrontés à l’incertitude d’une hypothétique réouverture, ne cessant d’être repoussée. Dernier exemple ces derniers jours avec l’annulation d’un festival majeur comme Solidays, ainsi que de nombreuses tournées et concert.

    LGDS, les gens du spectacle, a engagé diverses actions et propositions avec l’objectif de fédérer l’ensemble du secteur pour traverser cette crise majeure.

    Nous avons pu réaliser un sondage, nous donnant un état des lieux concernant les différentes professions du Spectacle vivant.

    Nous sommes en relation avec les différents acteurs: ministère de la Culture, Organisations Syndicale, Collectifs, Députés, afin de pouvoir être force de proposition dans cette période.

    Sans les gens du spectacle, il n’y a plus de spectacle!

    À la vue de la situation catastrophique, nous demandons de toute urgence la sauvegarde de nos métiers et de nos professions!

    L’année blanche décrétée ne pourra et ne saurait en l’état répondre à l’ampleur d’une crise longue affectant tout un secteur essentiel à l’économie.

    Nous vous demandons d’aller beaucoup plus loin, de respecter tous ces métiers, tous ces savoir-faire, toutes ces compétences afin que nous puissions encore exister dans l’avenir. Il faudra prendre enfin la mesure d’un secteur gravement touché! Et ce depuis le premier jour de cette pandémie.

    Nous espérons une fois de plus vous avoir alerté sur l’urgence de nos situations et le danger de voir disparaître le spectacle vivant.

    Sans les gens du spectacle, il n’y a plus de spectacle!

    ___________________________________________________

    Le groupe “Les gens du spectacle”, formé en mai 2020, rassemble 16.000 intermittents, indépendants, musiciens, danseurs, artistes, chauffeurs, circassiens, techs, catering, attachés presse, producteur Live ou phono, prestataires, salles de spectacle, festivals...

    À voir également sur Le HuffPost: “On parle d’un secteur qui est en train de crever”, le coup de gueule de François Ruffin en écho aux manifestations des professionnels de la culture

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      Annuler la dette Covid : la ministre Olivia Grégoire met en garde contre les conséquences

      Lauren Provost · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 11 February, 2021 - 16:56 · 1 minute

    ÉCONOMIE - Est-il responsable de ne pas annuler la dette Covid ? C’est la question que Le HuffPost a posée à Olivia Grégoire, secrétaire d’Etat chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable.

    Invitée de la conférence HuffPost x Boma pour donner sa vision des Futurs de la finance ce jeudi 11 février, la ministre a retourné la question. “Est-ce que ça serait utile à moyen et long terme?”, demande-t-elle en faisant le parallèle avec le crédit pour l’achat d’un appartement et en mettant largement en garde contre les conséquences d’une telle démarche, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article .

    L’intégralité de la conférence “Les futurs de la Finance” avec Boma France est disponible ci-dessous. Vous y retrouverez l’entrepreneur Cyril Paglino, spécialiste des cryptomonnaies ainsi que l’eurodéputé français Pierre Larrouturou qui réclame une taxe sur les transactions financières.

    Vous pouvez également continuer de réfléchir à l’avenir avec les podcasts “Les futurs de...” . Notre prochaine conférence aura lieu le 18 mars en direct sur notre page Facebook et sur le site de Boma. Elle aura pour thème l’exploration des futurs du Travail.

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      Cette députée veut un "passeport sanitaire" pour relancer le tourisme

      Lucie Hennequin · news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 11 February, 2021 - 09:39 · 5 minutes

    TOURISME - Aurons-nous besoin pour nous déplacer, voyager, aller au restaurant ou au musée, d’un passeport vaccinal ? Pascale Fontenel-Personne veut lancer le débat. Dans un courrier adressé au gouvernement, cette députée MoDem de la Sarthe appelle à la création d’un “passeport sanitaire” en France.

    “Le Covid est une ultime contrainte, explique celle qui, avant de siéger au Palais Bourbon gérait une entreprise de voyages (voir la vidéo ci-dessus) . Pour en sortir, il faut trouver des arguments et des options, et le passeport sanitaire en est une.”

    Son objectif: préparer “une relance rapide et sécurisée de notre économie” et surtout du secteur touristique. “Je suis sollicitée par beaucoup d’opérateurs aujourd’hui pour avoir une vision de la reprise, affirme la co-présidente du groupe “tourisme” de l’ Assemblée nationale . Et je pense que se sécuriser avec un passeport sanitaire en fait partie.”

    Pas de vaccin obligatoire

    Pas question pour autant de rendre le vaccin obligatoire. “Je crois qu’on peut élaborer d’autres critères que le vaccin, développe-t-elle. Un PCR négatif peut être un critère acceptable, ou bien des gens qui ont déjà eu le Covid et ont encore des anticorps. C’est pour cela que je parle de passeport sanitaire et pas vaccinal.”

    L’idée, qui fait débat, serait de conditionner l’accès à certains pays, ou certains lieux, à la réalisation d’un vaccin ou d’un test, par exemple. Pour le moment, la députée, soutenue par François Bayrou, souhaite l’utiliser pour les déplacements des personnes entre la France et l’étranger. “Quand vous voulez en Afrique, vous avez des vaccins qui sont obligatoires, et cela ne pose pas de problème”, donne-t-elle comme exemple.

    Le patron de la compagnie aérienne australienne Qantas avait le premier évoqué dès novembre la “nécessité” que les voyageurs internationaux soient vaccinés contre le Covid-19 pour embarquer.

    La Suède et la Grèce lancent le débat

    En Europe, l’idée fait son chemin. Le 4 février, la Suède a annoncé qu’elle allait développer un certificat électronique de vaccination contre le Covid-19 destiné à voyager et d’autres usages, après une décision similaire du Danemark.

    En discussion avec des députés israéliens, espagnols, danois, Pascale Fontenel-Personne souhaite que la France s’inscrive dans un processus plus global. “N’arrivons pas trop tard. Fin juillet ou fin août, si on a suffisamment vacciné, on ne pourrait peut-être pas aller à l’étranger,” prévient-elle.

    Au niveau européen, le débat a été lancé mi-janvier sur un certificat de vaccination européen, proposé par la Grèce mais qui suscite les réticences de certains pays face aux risques de discriminations envers les personnes qui ne seraient pas vaccinées.

    Mais les incertitudes sur le virus et les vaccins sont nombreuses: efficacité des vaccins, durée de l’immunité, émergence de nouveaux variants... Des “inconnues fondamentales” qui ont poussé les experts de l’OMS à s’opposer mi-janvier “pour le moment” à conditionner l’entrée d’un pays à une preuve de vaccination.

    “Prématuré” pour le gouvernement

    Les partisans du passeport vaccinal, nombreux dans les secteurs du tourisme et des loisirs, y voient aussi un moyen de “revenir à la vie d’avant”, avec un accès sécurisé aux salles de spectacle, aux restaurants ou aux stades de football.

    Décriée par certains comme une atteinte aux libertés, l’idée est pour l’instant jugée prématurée par le gouvernement. Emmanuel Macron avait déclaré, le 22 janvier, qu’il fallait traiter cette question avec “une grande prudence”.

    “Nous n’en sommes pas là , avait également indiqué de son côté ministre de la Santé Olivier Véran. Nous sommes seulement dans le démarrage de cette aventure de la campagne de vaccination. ” “Si on parle d’un papier, un document qui vous autorise à voyager en Europe, je crois que c’est très prématuré ”, avait aussi déclaré le 17 janvier dernier Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes.

    D’autant que dans un contexte où le nombre de doses de vaccins disponibles dans le monde reste contraint, imposer ce document serait discriminatoire pour tous ceux qui n’y ont pas encore accès.

    Atteinte aux libertés?

    Autre écueil, le tollé suscité en France par un projet de loi qui envisageait de restreindre l’accès à certains lieux à une vaccination. Il montre que l’acceptabilité d’une telle mesure est problématique. Pour une raison soulevée le 10 février par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a été claire . “Je reste opposée au passeport vaccinal qui me semble une atteinte à nos libertés. L’amoureuse des libertés que je suis a du mal à l’imaginer! Si on en arrivait-là, ce serait un recul”, a souligné la ministre, interrogée dans Télématin sur France 2.

    “On a toujours un peu de mal avec l’inconnu, reconnait Pascale Fontenel-Personne. Donc j’envisage qu’il y ait un peu de mal et une adhésion après.”

    Plusieurs sondages suggèrent qu’une majorité de la population y serait favorable pour prendre l’avion ou pour les visites à l’hôpital et dans les Ehpad, mais est beaucoup plus partagée pour des situations de la vie quotidienne (transports en commun, accès aux établissements scolaires, aux cinémas ou à son lieu de travail).

    “Dans notre pays de liberté et d’expression, je ne suis pas spécialement pour une obligation de rentrer dans les clubs et restaurants, affirme Pascale Fontenel-Personne. Mais si des opérateurs et des acteurs avaient envie de jouer cette partition-là, ils auraient le loisir de le faire.”

    À voir également sur Le HuffPost : Le désarroi de cette station de ski familiale face à la fermeture

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      Commerces fermés, emplois menacés

      Damien Barré · news.movim.eu / LeVentSeLeve · Saturday, 6 February, 2021 - 23:41 · 11 minutes

    Alors que semblait se profiler un troisième confinement, les bars et restaurants restent désespérément clos. Comme tant d’autres, ces professionnels se retrouvent donc sans perspective stable après presque un an de fermeture. Cette mesure, catastrophique pour les petits commerces, ne repose pourtant sur aucun fondement scientifique, notamment dans les zones peu denses. Dès lors, elle est apparue comme une distorsion de concurrence au profit de la grande distribution et de la vente en ligne. La portée des conséquences pour les 600.000 entreprises et les 1,3 millions d’actifs potentiellement menacés est loin d’être pleinement mesurée par le pouvoir politique.

    Le 30 octobre, le président annonçait une deuxième vague de confinement en France. Dès le lendemain, les commerces « non essentiels » devaient baisser leur rideau. Depuis, la fronde autour de cette définition floue a traversé tout le pays. L’opinion a en particulier perçu la situation de concurrence déloyale induite par la possibilité pour d’autres canaux de distribution de continuer à vendre. Cette mesure est subie d’autant plus durement que les efforts et investissements consentis par ces « commerces non essentiels » pour se conformer aux nouvelles contraintes ont été importants. En tout état de cause, la définition du protocole après la fermeture administrative plutôt qu’avant laisse songeur.

    La brutalité de cette mesure, annoncée la veille pour le lendemain, sans concertation et sans alternative, est symptomatique de la gestion de crise. La grande distribution avait pourtant bénéficié de quelques jours pour faire fermer ses rayons non essentiels, suscitant la ruée sur les jouets de Noël. In fine, cette dernière mesure s’est révélé parfaitement inique : elle n’a bénéficié qu’aux géants de la vente en ligne, comme l’ont déjà fait remarquer associations et élus .

    La brutalité de cette mesure, annoncée la veille pour le lendemain, sans concertation et sans alternative, est symptomatique de la gestion de crise.

    Les déclarations – uniquement symboliques – du gouvernement à propos d’Amazon révèlent un rapport de force largement défavorable. Visiblement, l’intérêt général ne permet pas d’envisager des mesures limitatives à l’égard de la vente en ligne, alors qu’il s’agit de la justification qui a présidé à la fermeture des commerces. Et ce malgré la distorsion de concurrence induite par le virus et les risques existants sur les plateformes logistiques. En parallèle, les propos de la start-up nation invitant les commerces traditionnels à se numériser et les aides proposées font l’impasse sur la relation humaine au cœur de leur activité.

    En outre, le passage à la vente en ligne relève d’une véritable stratégie , et ne constitue en rien une solution de crise. Les villes qui ont permis d’effectuer ce passage l’avaient préparé dès le premier confinement. Aussi, l’État aurait eu davantage intérêt à nationaliser l’une des start-ups qui interviennent dans le domaine. En créant un véritable service public pour ces entreprises, il aurait offert une aide concrète et immédiate. En l’absence de stratégie coordonnée pour engager ce virage, les initiatives ont essaimé dans tous les sens. Bien que proche du terrain, cette effusion a beaucoup coûté en énergie et en temps, et elle désoriente le consommateur.

    Un tissu économique vital très fragilisé

    Depuis le premier confinement, les commerces physiques se trouvent fragilisés. En effet, malgré les aides existantes , les commerces ont dû investir pour rouvrir en mai mais sont encore confrontés à des évolutions du protocole sanitaire. En parallèle, suite aux restrictions, ces établissements se voient contraints de fonctionner en sous régime par rapport à leurs capacités. En conséquence, ils se retrouvent face au dilemme suivant : ou bien rester fermés et ne plus avoir de revenus pour assumer leurs charges, ou bien rester ouverts en fonctionnant à perte.

    La première variable d’ajustement sera logiquement l’emploi, malgré les mécanismes mis en place pour le soutenir. Les aides apportées, notamment sous forme de prêts ou de reports de charges, se sont vite avérées insuffisantes. Si elles répondent à un besoin temporaire de trésorerie, elles ne compensent pas les pertes liées au manque d’activité. Et ce d’autant que l’endettement des entreprises avait déjà augmenté ces dernières années. Les montants consentis dans le cadre du plan de relance en septembre, entre 10 et 20 milliard d’euros, apparaissent déjà bien en deçà des besoins.

    Aujourd’hui encore c’est l’incertitude qui menace les perspectives de ces employeurs.

    Aujourd’hui encore c’est l’incertitude qui menace les perspectives de ces employeurs. Les tergiversations permanentes du gouvernement depuis les fêtes ont conduit de nombreux français à renoncer ou à reporter leurs dépenses, d’où une gestion particulièrement complexe des stocks, notamment dans le secteur de la restauration. Les restaurateurs, s’appuyant par ailleurs sur une date de réouverture aussi lointaine que provisoire, souffrent, à l’égal des dirigeants d’entreprise, d’un manque de visibilité sur la perspective d’une vraie reprise d’activité qui les empêche de prendre les mesures nécessaires pour « tenir ». Nous avons recensé ci-dessous le niveau de menace sur l’emploi dans les principaux secteurs concernés :


    Tableau de synthèse du niveau de risque pour les principales activités touchées par le confinement.

    Des chiffres encore parcellaires

    Pourtant, l’ensemble des mesures consenties pour soutenir les entreprises a amorti les effets de la crise. De nombreux facteurs s’alignent pour repousser les faillites d’entreprises. En premier lieu, le moratoire sur les dettes bancaires a permis de gagner plusieurs mois. En outre, de nombreux professionnels ont cherché à limiter leurs pertes au moment du déconfinement. Le temps du bilan est attendu avec la clôture comptable, au 31 décembre ou au 31 mars, pour l’essentiel des entreprises. Enfin, les procédures de liquidation ont également pris du retard, même si, pour l’heure, l’activité des tribunaux de commerce reste limitée.

    Le nombre d’entreprises en difficulté pourrait en revanche faire gonfler le volume des fermetures très prochainement.

    A ce titre, les données de leur activité 2019 et les statistiques de 2020 (à fin novembre), sont éloquentes. Si le bilan est globalement positif, l’impact sur les créations d’entreprise est déjà visible – en baisse de 4 %. Toutefois, une forte concentration est observée sur le début d’année (20 % des créations sur janvier-février). Le nombre d’entreprises en difficulté (procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire, ou liquidation judiciaire) pourrait en revanche faire gonfler le volume des fermetures très prochainement. Les annonces successives de plans sociaux ajoutées à celles de ces fermetures laissent présager une année noire pour l’économie et l’emploi.

    Dynamiques de création d’entreprises en 2019 et 2020 (source : Observatoire statistique des greffiers des tribunaux de commerce).

    En outre, de nombreuses entreprises se trouvent fragilisées en termes de trésorerie. Elles y ont largement puisé pour assumer leurs charges au cours du premier confinement, mais le deuxième et le troisième pourraient s’avérer fatal. Ainsi, selon l’observatoire BPI France des PME , 50 % d’entre elles déclaraient déjà rencontrer des difficultés de trésorerie à la veille du reconfinement. Or, c’est une double crise qui menace ces établissements. Tout d’abord, une crise d’insolvabilité, compte-tenu de l’activité non réalisée et non récupérable. À ce titre, les seules mesures de prêts ou de reports se révèlent insuffisantes, comme évoqué précédemment. En second lieu, c’est une crise de rentabilité qui s’annonce. En effet, même avec des comptes positifs, de nombreux dirigeants d’entreprise estimeront que les revenus tirés de leur activité récompensent péniblement leurs efforts et le risque associé.

    De lourdes conséquences à venir

    Ce contexte risque d’avoir des conséquences durables, en particulier dans les villes moyennes et certaines zones rurales, où le petit commerce représente l’essentiel de l’activité et de l’emploi. Ainsi, le commerce en ville moyenne représente 12 % du nombre total de commerces en France . Pourtant, avant d’être jugés « non essentiels » ceux-ci avaient fait l’objet d’une attention particulière des pouvoirs publics. Le programme Cœur de ville prévoyait 5 milliards d’euros d’aides sur un programme pluriannuel. Et 5 millions d’euros avaient déjà été mobilisés en soutien aux boutiques impactées par les manifestations des Gilets jaunes.

    Le soutien aux commerces et artisans a pu être jugé excessif au regard d’autres dispositifs d’aides. Il faut toutefois prendre en compte le fait qu’il agit pour contrer un risque impondérable et global ; comme pour l’emploi au travers du chômage partiel, il est légitime que la collectivité prenne sa part de l’effort. Mais malgré cela, la protection face à la perte d’activité des indépendants reste limitée. Il faut également considérer qu’il s’agit d’un moment économique inédit, celui d’un arrêt complet de l’activité. On ne peut le comparer à la « destruction créatrice » chère aux économistes libéraux. Ici, le coût de la destruction économique a d’autres répercussions : l’effondrement simultané de plusieurs secteurs sans possibilité de transfert, le découragement des entrepreneurs, des coûts liés à la liquidation des entreprises.

    Il convient par ailleurs de relativiser la pertinence de ce soutien. En effet, de nombreuses entreprises n’ont pas encore accédé à ces dispositifs, du fait de la complexité des dossiers et de l’engorgement des services chargés de les traiter. Pour étayer ce point, il suffit de relever que l’administration compte 1.923 types d’aides différents pour les entreprises, cela ne contribue guère à leur lisibilité. En outre, les 402.000 entreprises créées cette année sont exclues d’office des aides directes.

    La conséquence la plus spectaculaire devrait être un renforcement de la concentration du capital.

    La conséquence la plus spectaculaire devrait être un renforcement de la concentration du capital. Or, l’économie française est déjà particulièrement hiérarchisée. Selon les données de l’INSEE sur les entreprises, 50 grandes entreprises emploient 27 % des salariés, réalisent 33 % de la valeur ajoutée totale et portent 46 % du total de bilan des sociétés. L’accroissement du patrimoine des grandes fortunes en est un symptôme. En parallèle, tandis que l’économie n’a cessé de croître, le nombre des indépendants (artisans, commerçants et chefs d’entreprise) a baissé de façon spectaculaire sur des décennies.

    Ceci implique qu’un nombre croissant d’entreprises se retrouve entre les mains d’un nombre de plus en plus restreint d’individus, expliquant pour partie la croissance des inégalités. La concurrence exacerbée tendra inexorablement à amplifier cette concentration ; on l’observe sur de nombreux marchés, les grandes entreprises finissent par avoir les moyens de racheter ou de faire disparaître les plus petites. Les données de l’INSEE montrent ainsi que le poids des artisans, commerçants et chefs d’entreprise dans la population totale a diminué de deux tiers depuis 1954 et encore de moitié depuis 1982 .

    Part des indépendants dans la population active (source : INSEE).

    Cette baisse n’est pas continue, elle s’est stabilisée dans les années 2000 peu avant une remontée liée au statut d’auto-entrepreneur, remontée qui ne traduit toutefois pas véritablement un regain de « l’esprit d’entreprise » si l’on s’en tient au profil et aux activités des créateurs concernés. En effet, pour une part significative d’entre eux, l’autoentreprise représente principalement une alternative au chômage. Ainsi 25 % des 400.000 nouveaux auto-entrepreneurs de 2019 étaient chômeurs au lancement de leur activité . En complément, il ne faut pas négliger le phénomène « d’uberisation » – d’externalisation du salariat –, plus avancé qu’il n’y paraît. Ainsi, les chauffeurs représentent une part non négligeable de la croissance des microentreprises, dont près de 10 % sont actives dans les transports . Le secteur du BTP est également bien représenté, où il s’agit aussi en grande partie d’un salariat déguisé.

    Par conséquent, ce coup d’arrêt forcé pourrait plus que jamais mettre à mal le modèle concurrentiel fondé sur l’entreprise individuelle, modèle déjà progressivement rongé par les privilèges exorbitants que peuvent se faire attribuer les grandes entreprises. Il faut également garder à l’esprit que l’entreprise, et plus précisément le commerce, a permis à des générations entières d’accéder à une promotion sociale en dehors du cursus scolaire classique. Il reste dès lors à prendre la mesure des conséquences morales et politiques de cette période. En effet, un tiers des artisans est âgé de plus de 50 ans, et nombre d’entre eux pourraient se montrer complètement découragés, menaçant l’extinction d’une grande partie de notre savoir-faire en matière d’artisanat, de gastronomie, d’hospitalité et de tant d’autres domaines.

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      À Cuba, les entreprises privées vont pouvoir investir la quasi-totalité de l'économie

      Le HuffPost avec AFP · news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 6 February, 2021 - 20:32 · 2 minutes

    À Cuba, où l

    ÉCONOMIE - Cuba a annoncé ce samedi 6 février que l’activité privée serait désormais autorisée dans la majorité des secteurs, une réforme majeure dans ce pays socialiste où l’État et ses entreprises dominent l’activité économique.

    La mesure, qui avait été dévoilée en août dernier par la ministre du Travail, Marta Elena Feito, a été approuvée vendredi lors d’une réunion du Conseil des ministres, selon le quotidien officiel Granma , du Parti communiste au pouvoir.

    Jusqu’à présent, l’activité privée, autorisée à Cuba depuis 2010, mais dont le véritable essor date du réchauffement historique entre Cuba et les États-Unis initié fin 2014 sous Barack Obama , était limitée à une liste de secteurs fixée par l’État. “La liste antérieure des 127 activités (autorisées) est éliminée”, a indiqué la ministre du Travail.

    Moins d’un Cubain sur six travaille actuellement dans le privé

    À l’inverse, désormais une liste fixera les secteurs réservés à l’État, qui ne seront qu’une minorité: “sur les plus de 2.000 activités dans lesquelles est permis l’exercice de travail privé (...), ne seront limitées, de façon partielle ou totale, que 124”, a-t-elle expliqué, sans plus de détails.

    “Que le travail privé continue à se développer, c’est l’objectif de cette réforme de perfectionnement” du secteur, a assuré la ministre, soulignant que cela “va permettre de libérer les forces productives” du privé.

    Actuellement, plus de 600.000 Cubains travaillent dans le privé, soit 14,5% de la population active, dans cette île de 11,2 millions d’habitants. Ils sont employés essentiellement dans la gastronomie, les transports (taxis) et la location de chambres aux touristes.

    Mais ce secteur “a été durement touché par le renforcement de l’embargo” américain sous l’administration de Donald Trump et “aussi par les effets de la pandémie” de coronavirus, qui a poussé nombre d’entre eux à suspendre leur licence. La réforme est “une étape importante pour augmenter l’emploi”, a souligné sur Twitter le ministre de l’Economie Alejandro Gil.

    C’est “une bonne nouvelle” et “véritablement un pas dans la bonne direction”, même si, “malheureusement, cela a pris trop de temps” à être approuvé, a estimé sur Twitter l’économiste Ricardo Torres, de l’université de La Havane.

    À voir également sur le HuffPost : Elle porte une maison en carton sur les épaules pour se protéger du coronavirus à Cuba