MOSELLE - Elle a été parmi les premières a expérimenter le couvre-feu à 18h et parmi les départements les plus durement touchés de France par le coronavirus. Désormais, la Moselle est également la plus touchée par ses variants . Le ministre de la Santé Olivier Véran s’est rendu ce vendredi 12 février sur place pour évoquer cette situation “plus inquiétante” de l’épidémie. De leur côté, face à cette nouvelle épreuve, les Mosellans semblent se résigner.
“Ces derniers temps, le nombre de nouveaux cas de variants est en train d’augmenter en flèche ici, alors oui, il y a un peu d’inquiétude”, nous explique Cécile*, la trentaine, infirmière à Metz-Sablon. La flambée des cas de variants, elle l’observe de très près depuis plusieurs jours. Et ce qu’elle constate est loin de la rassurer. “Dernièrement il y a eu une recrudescence incroyable de demandes de surveillance des cas de Covid, c’est en train d’exploser”, nous assure-t-elle. À tel point qu’elle a dû faire une croix sur certains jours de repos pour aider ses collègues à gérer le flux. Fatiguée et évoquant l’énorme pression qu’elle et ses collègues subissent, Cécile commence à se faire à l’idée d’un possible nouveau confinement, au niveau local. “Pourtant je n’en ai pas envie, je voudrais partir en vacances... mais vu ce qu’il se passe, c’est ce qu’il faudrait”, analyse-t-elle à regret.
“Que le gouvernement se décide!”
Cette augmentation soudaine, les autorités sanitaires l’ont bien constatée . Ces quatre derniers jours, 300 cas de mutations évocatrices des variants sud-africains et brésiliens ont été identifiés . “200 cas supplémentaires avaient déjà été identifiés les jours précédents. Cela ne correspond pas à des clusters, les personnes malades n’ont pas nécessairement voyagé et n’ont pas été en contact avec des personnes ayant voyagé”, a expliqué le ministre de la Santé Olivier Véran lors d’un point presse jeudi 11 février. La Moselle est aussi un territoire où l’incidence générale est plus élevée que la moyenne en France et que dans l’ensemble de la région Grand Est. Olivier Véran, assurant être “prêt à agir si nécessaire” dans un “territoire qui a déjà payé un lourd tribut à la pandémie” de Covid-19, rencontrait ce vendredi après-midi à Metz les responsables locaux, partagés sur les mesures à prendre. Il a annoncé que ni un confinement, ni une fermeture des écoles n’étaient décidés à ce stade .
Jeudi, sur la question du confinement du département, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait indiqué que l’hypothèse n’était pas exclue et qu’il fallait “prendre les mesure les plus appropriées”.
“Ils nous font chier avec leurs conneries, variants, pas variants, confinement, pas confinement, couvre-feu ou pas, qu’ils se décident!”, s’emporte un commerçant du centre-ville de Metz, tout proche de la Fnac et des grandes enseignes. Gérant d’un magasin de vêtement et en poste depuis 25 ans, notre interlocuteur est particulièrement remonté contre le gouvernement. Pour lui, le couvre-feu et la fermeture des restaurants ne sont pas efficaces et ruinent surtout les petites entreprises. Vu la situation, lui qui, en 30 ans de métier, n’a jamais eu “pire coup dur de sa vie”, exige un réponse ferme et concrète des autorités.
“Si on est reconfinés ça ne me dérange pas, au moins ça aura un réel impact sur la propagation des variants du coronavirus. Et ces derniers ne me font pas peur. J’ai l’impression que le gouvernement trouve toujours un nouveau truc pour créer la panique. Nous, on est ouverts depuis mai, on respecte les règles et on n’a jamais eu de problème. Avec le couvre-feu à 18h, depuis janvier j’ai en revanche perdu 50% de mon chiffre d’affaire. Alors qu’ils arrêtent de nous balader. Soit on se confine et on repart tous du bon pied, bars et restaurants compris, soit on reste dans cette situation intenable”, explique-t-il au HuffPost avec véhémence
Pour les résidents d’Ehpad, “on croise les doigts pour échapper au confinement”
Dès l’annonce jeudi soir de l’identification ces quatre derniers jours de plus de 300 cas suspectés d’être des variants sud-africain ou brésilien dans le département, le maire (LR) de Metz François Grosdidier s’est prononcé pour un reconfinement au niveau local.
“Si ça se confirme avec ces centaines de cas et en plus avec ces variants africains, brésiliens sur lesquels le vaccin est manifestement inopérant, oui il faut prendre ces mesures, a-t-il insisté. Même sur un plan économique, social et moral, il vaut mieux des mesures fortes mais courtes que des mesures qui se prolongent dans le temps mais sont sans effets”.
Si le reconfinement apparaît comme une solution, certains s’inquiètent des effets qu’il pourrait avoir, notamment sur les personnes âgées isolées ou en Ehpad . “Je crains qu’un reconfinement soit désastreux pour la situation psychologique des résidents et de leur famille”, avertit un responsable d’Ehpad en Moselle, même s’il admet que cette solution serait probablement la plus adéquate face à la flambée des cas. En effet, il s’est avéré pendant le premier confinement que l’isolement et le manque de stimulation des personnes âgées avaient participé à la dégradation de leur état de santé , mentale et physique.
“Aujourd’hui face à ces variants, on subit la situation plus qu’autre chose. On prend toutes les mesures possibles et imaginables pour qu’il n’y ait pas de cas dans notre établissement et pour l’instant ça marche. Alors maintenant on croise les doigts pour que ça reste comme ça et qu’on échappe au reconfinement pour nos résidents, qui sont d’ailleurs presque tous vaccinés”, précise-t-il.
Fermer les écoles plutôt que de confiner tout le monde?
Si le confinement semble de plus en plus se profiler, pour certain il n’est même pas sûr que ses effets soient probants. “Je ne suis pas convaincu que le confinement total (dans le département, ndlr) donne des résultats définitifs”, a contesté ce vendredi sur BFMTV le président (UDI) du conseil départemental, Patrick Weiten. “Il y a différentes options” sur la table, a-t-il noté. “La première proposition est de fermer les écoles à partir de ce soir, élémentaires, collèges et lycées (...). La deuxième disposition est de mettre en place un couvre-feu le week-end, samedi vers 16h et dimanche”.
Le “monsieur vaccin” nommé par le gouvernement, Alain Fisher, a lui noté qu’il fallait être prudent sur l’interprétation des chiffres. “Les conséquences ne sont pas du tout les mêmes s’il s’agit d’un rééquilibrage dans la compétition entre les variants (sans que ça s’accompagne d’un excès de cas, ndlr), ou d’une poussée de la maladie”, a-t-il indiqué sur franceinfo .
Pour freiner la propagation des variants, la fermeture des ”écoles primaires, les collèges et les lycées” à partir de vendredi soir est donc à l’étude, avait affirmé Patrick Weiten, le président du département de la Moselle jeudi à l’antenne de BFMTV .
Une hypothèse finalement pas retenue par le gouvernement mais qui trouvait grâce aux yeux de Cécile, l’infirmière. Cette dernière explique au HuffPost avoir constaté que les nouveaux cas qu’elle constate sont souvent chez les enfants: “Et ils les transmettent à leurs parents. Clairement les plus jeunes sont très touchés par les variants, donc il y aurait probablement une décision à prendre de ce côté-là”.
Pierre Cuny, maire (Divers Centre) de la commune de Thionville, qui a participé à la réunion qui s’est tenue jeudi soir avec la préfecture, abonde également en ce sens. Selon lui, plusieurs mesures avaient bien été évoquées en vue d’enrayer l’épidémie, dont l’avancement d’une semaine des vacances scolaires (qui sont censées débuter samedi 21 février).
* le prénom a été modifié
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