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      Covid : cessons de voler leur jeunesse à nos enfants !

      Alain Goetzmann · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 04:30 · 3 minutes

    art contemporain

    Par Alain Goetzman.

    Faut-il préserver la santé des plus vieux au détriment des plus jeunes ? Si aujourd’hui je m’arroge le droit de poser cette question, c’est que je fais partie de la catégorie de la population la plus exposée au risque, celle qui compte près de 94 % des morts de la Covid-19, alors que les moins de 40 ans en représentent à peine 0,3%.

    Le complexe médico-technocratique, qui alimente des médias ravis de délivrer leur message anxiogène, dont l’effet dope leur audience, nous conduit tous à une vision biaisée des grands enjeux de notre société.

    Les pandémies en augmentation

    D’abord, les pandémies vont se multiplier dans l’avenir. Ce que les scientifiques appellent zoonoses virales, ces maladies infectieuses dont les agents pathogènes nous viennent du monde animal, virales comme la variole ou la rougeole , bactériennes comme la tuberculose ou la diphtérie, n’est pas fortuit.

    Elles ont émergé après le Néolithique lorsque la sédentarisation a accru la densité de la population et avec elle la proximité des animaux domestiques. Dans un rapport publié en 2020 , l’IPBES, qui est à la biodiversité ce que le GIEC est au réchauffement climatique, avertit l’humanité que si l’approche globale contre les maladies infectieuses n’est pas modifiée, des pandémies futures vont apparaître plus souvent, se propageront plus rapidement, causeront davantage de dommages à l’économie mondiale et tueront plus de personnes que la Covid-19, car le nombre d’espèces de virus encore inconnues parmi les mammifères et les oiseaux est estimé à 1,7 million dont la moitié pourrait être pathologique pour l’Homme.

    Il va donc falloir s’habituer aux pandémies et la réponse ne pourra pas être à chaque fois un arrêt de l’économie, sauf à accepter l’idée qu’au lieu, pour certains, de mourir de la pandémie, les gens meurent tous de faim.

    Un pays vieillissant

    Selon la banque mondiale, la part des plus de 65 ans dans le monde dépasse aujourd’hui 9 %, contre 5 % en 1961. En France, c’est 20 %.

    Nous ne sommes d’ailleurs pas les plus mal lotis, mais si on compare aux 2 % du Kenya ou du Mali, nous ne pouvons pas passer pour un pays jeune. Nous rencontrons d’ailleurs un problème de sauvegarde de nos retraites, car il ne faut pas omettre que le revenu des inactifs est une ponction de plus en plus lourde sur celui des actifs .

    Le taux des cotisations était, en 1967, de 8,5 % ; il est de plus de 15 % aujourd’hui. En 1958, le temps moyen à la retraite était d’environ 12 années. Si rien n’est fait, il sera d’environ 25 ans en 2050. Il y aura donc, dans notre pays, de plus en plus de vieux que de moins en moins de jeunes devront financer, sans compter que nous leur aurons alourdi la barque des centaines de milliards déversés sur l’économie au nom du « quoi qu’il en coûte » et qu’il faudra bien, au moins partiellement, rembourser un jour.

    Il n’y a pas de bonne solution, mais il faut cesser de voler leur jeunesse à nos enfants et nos petits-enfants, de les priver d’une éducation et d’une formation solide, d’alourdir leur avenir d’un endettement inconsidéré, de les empêcher de rire et de s’amuser.

    C’est leur monde qu’ils veulent construire et non préserver le nôtre. Si le souci des plus de 65 ans est de se protéger – on peut, bien sûr, les comprendre – qu’ils le fassent en se confinant volontairement, mais que les pouvoirs publics n’empêchent pas les autres de vivre , de travailler, d’entreprendre, de produire et de s’amuser, au nom d’une pseudo solidarité intergénérationnelle.

    Sur le web

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      Investissements, crise sanitaire : les finances de Paris sur la ligne de crête

      Estelle Marin · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 04:27 · 7 minutes

    Paris

    Par Estelle Marin.

    La crise sanitaire pèse lourdement sur les finances des collectivités territoriales et la Ville de Paris n’est pas épargnée. Pour la capitale, la facture du Covid est évaluée à quelque 800 millions d’euros en 2020.

    Une addition salée qui vient encore creuser la dette de la ville, laquelle dépasse désormais 7 milliards d’euros. Entre baisse des recettes et augmentation des dépenses, l’effet de ciseau est en effet redoutable et place la mairie sur une ligne de crête pour cette année 2021 dont le budget a été adopté en décembre 2020.

    Une équation budgétaire très compliquée

    La taxe de séjour est en chute libre avec l’effondrement de la fréquentation touristique. Les droits de mutation (frais de notaire) sont impactés par le ralentissement du marché immobilier. Le produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises est pénalisé par la baisse d’activité due à la pandémie. La billetterie des piscines ou des musées reste en berne…

    De nombreuses recettes diminuent significativement, alors que parallèlement les dotations de l’État se réduisent. En 2021, les recettes de la Ville devraient ainsi reculer de 1,4 %.

    De leur côté, les dépenses sont en forte augmentation. Achat de masques, soutien aux commerçants, aide aux plus démunis, équipes de renfort présentes dans les écoles, création et pérennisation des centres de dépistages Covid… Sous l’effet de la crise sanitaire, économique et sociale , les dépenses de gestion progresseraient de 2 % en 2021 .

    Le budget de la santé s’élève ainsi à 31 millions d’euros pour 2021, dont 7,5 millions affectés aux tests Covid, à la vaccination et à la prévention. L’exonération des droits de terrasses en faveur des commerçants est maintenue jusqu’à fin juin 2021, ce qui représente un manque à gagner de 17 millions d’euros. Parmi les priorités du budget 2021, figure également une augmentation de 23 millions d’euros des sommes allouées au financement du RSA pour faire face à l’accroissement du nombre d’allocataires.

    En 2021, la masse salariale de la Ville va également augmenter de 1 % avec le déploiement de la police municipale – auquel sera consacrée une enveloppe de 184 millions d’euros pour recruter 130 agents, les équiper et les former – et avec le programme de transformation et de végétalisation de l’espace public.

    L’équation budgétaire est donc très compliquée. D’autant que le gouvernement a décidé de ne pas autoriser Anne Hidalgo à augmenter certaines taxes immobilières comme elle le souhaitait. Pour renflouer les caisses de la ville, la maire de Paris voulait en effet majorer la taxe d’habitation sur les résidences secondaires et augmenter les droits de mutation.

    Mais le gouvernement ne veut pas modifier la législation qui plafonne la surtaxe sur les résidences secondaires à 60 % et les droits de mutation à 4,5 %, des maximas déjà pratiqués dans la capitale. En revanche, la mairie devrait pouvoir augmenter la taxe de séjour sur les plates-formes de location touristique comme Airbnb, si cette mesure est finalement votée dans le projet de loi de finances. Acceptée mi-novembre par l’Assemblée nationale, avec l’avis favorable du gouvernement, l’adoption de cette hausse est en effet actuellement retardée par le Sénat.

    Malgré cette situation budgétaire très délicate, la Ville souhaite maintenir son niveau d’investissement à 1,45 milliard d’euros, en finançant par l’emprunt la moitié de ces dépenses.

    Pour la mairie, l’adaptation de la ville à l’urgence climatique et la reprise économique sont à ce prix. D’autant que les alliés écologistes d’Anne Hidalgo ont mis la pression sur ce sujet en déposant un amendement budgétaire de 40 millions d’euros pour réussir la transition énergétique dans la capitale en orientant ces dépenses supplémentaires « vers des projets de rénovation énergétique du bâtiment, de débitumation de la voirie et d’accompagnement du plan climat »…

    Tandis qu’à l’inverse, l’opposition ne cesse de pointer le creusement de la dette et demande un audit indépendant des finances de la Ville, n’hésitant pas à évoquer « des dépenses hors de contrôle », « des investissements à fonds perdus » et même une prochaine « sortie de route ». L’effet de ciseau n’est donc pas seulement économique, il est aussi politique.

    Une gestion financière plus responsable de l’éclairage public ?

    Dans ce contexte, l’heure est donc à la prudence financière et l’équipe actuelle devra sans doute réaliser des économies sur les grands postes de dépenses et sur les marchés publics. À ce titre, l’appel d’offres en cours relatif à l’éclairage public et à la signalisation tricolore de la Ville devra répondre en particulier à des critères d’une gestion financière plus stricte.

    Il s’agit en effet du plus important marché public de la ville, avec un budget d’un milliard d’euros sur dix ans. Et à en croire les comptes publiés par le prestataire actuel Evesa, celui-ci jouit d’une marge nette très supérieure à ce qui se pratique habituellement dans le secteur.

    Une gestion plus rigoureuse semble donc possible et souhaitable dans ce domaine… Mais sans pour autant revoir les ambitions à la baisse. Avec le nouveau « Plan lumière » de la ville, il s’agit en effet de réduire la facture énergétique en misant sur l’éclairage LED, qui reste sous-utilisé à Paris, mais également de renforcer la sécurité et le bien-être des habitants dans l’espace public, de dessiner de nouveaux parcours lumineux sécurisés dédiés aux mobilités douces, et de mieux mettre en valeur le patrimoine exceptionnel de Paris, tout en luttant contre la pollution lumineuse.

    Un programme qui répond aux attentes des Parisiens comme l’ont montré récemment la large consultation et la conférence citoyenne lancées à la rentrée par la mairie pour préparer son nouveau Plan local d’urbanisme .

    La modernisation de l’éclairage public, la réduction de son empreinte écologique et la lutte contre la pollution lumineuse arrivent ainsi en tête de liste des mesures proposées, avec la création de nouveaux espaces verts et d’emplacements vélo supplémentaires.

    En matière d’éclairage public, l’objectif est donc de faire mieux tout en adoptant une gestion financière plus responsable encore. Une équation délicate vouée à s’appliquer à l’ensemble des secteurs d’une collectivité locale représentative de la situation économique et financière rencontrée par tous les acteurs publics.

    Un budget des JO 2024 scruté

    La préparation des Jeux Olympiques de 2024 va une nouvelle fois être passée au crible financier à trois ans du début des épreuves. Si le budget est conséquent (près de 4 milliards d’euros), 97 % sont issus de financements privés. Une donnée qui échappe souvent à la sagacité des commentateurs pensant que ce sont l’État, la région Ile-de-France, et la ville de Paris qui doivent supporter l’essentiel du fardeau.

    Reste que les 3 % engagés par les finances publiques sont particulièrement scrutés au moment où les capacités de financement de chacun des acteurs se complique.

    Le budget consacré aux Jeux Olympiques vient d’ailleurs d’augmenter de 2,5 % , mais là encore, il n’y a aucune dérive pour les finances locales dans la mesure où la centaine de millions supplémentaires est issue principalement d’une enveloppe du Comité International Olympique (CIO) en hausse.

    Les édiles parisiens devront toutefois veiller à ce qu’aucune mauvaise surprise ne vienne gâcher la fête, car les olympiades précédentes se sont révélées extrêmement coûteuses surtout en fin de parcours. Anticipations budgétaires trop optimistes, retards dans les travaux pour livrer à temps les infrastructures, exigences sécuritaires en hausse , les risques sont multiples et peuvent rapidement alourdir la facture de plusieurs dizaines de millions d’euros.

    Le cas échéant, ce sont bien les finances publiques qui devraient combler le trou au grand désarroi de contribuables pas toujours très enthousiastes à l’idée même d’accueillir un tel événement.

    L’incertitude quant aux financements privés planera encore plusieurs mois, car certains partenaires attendent d’évaluer les retombées des Jeux Olympiques de Tokyo finalement décalés d’un an (août 2021) à cause de la crise de la Covid-19 avant de se positionner.

    L’équation comprend donc encore plusieurs inconnues et la mairie de Paris prend soin de garder le contact avec le Comité d’organisation (COJO) afin de veiller au bon déroulement de Jeux Olympiques à la résonnance locale, nationale et internationale sans commune mesure avec d’autres événements sportifs. Le chemin est encore long et escarpé.

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      2021, l’année du grand bouleversement sanitaire

      Claude Sicard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 04:00 · 5 minutes

    covid II

    Par Claude Sicard.

    La pandémie de Covid-19 ne cesse de faire des dégâts considérables dans le monde, et nul n’est en mesure de faire le moindre pronostic sur la façon dont cet épisode tragique va s’achever. Dans notre pays, on s’attend à ce que le gouvernement ordonne un troisième confinement .

    Dans son discours du 16 mars 2020, Emmanuel Macron a déclaré que nous étions « en guerre contre un ennemi invisible, insaisissable » , un coronavirus venant de Chine.

    En attendant que toute la population puisse être immunisée par les nouveaux vaccins qui viennent d’être mis au point dans l’affolement le plus complet, la seule arme dont le gouvernement dispose est le confinement.

    Des vaccins qui arrivent enfin

    Plusieurs grands laboratoires sont fort heureusement parvenus dans des temps record à créer des vaccins . Les premiers arrivent maintenant sur le marché.

    En France, nous en sommes donc aux premières vaccinations, la campagne ayant démarré avec un certain retard par rapport au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Elle se déroule à un rythme plus lent qu’ailleurs, notamment qu’en Allemagne ou en Angleterre.

    Les pouvoirs publics s’organisent pour tenter de rattraper ce retard tout à fait incompréhensible bien que l’on sait que la difficulté majeure vient de la pénurie de doses de vaccins, les grandes firmes pharmaceutiques étant sollicitées de toute part. Il faut bien voir ce qui nous attend en France : en 2021, une suite de confinements et déconfinements successifs, car d’ici à la fin de l’année seulement 20 à 25 millions de personnes tout au plus auront pu être vaccinées. Le virus ne cesse de muter, ce qui interroge sur l’efficacité des nouveaux vaccins dans le temps. À chaque confinement la diffusion du virus ralentit, puis repart ensuite dans la phase de déconfinement, amenant les pouvoirs publics à reconfiner de nouveau la population.

    La situation ne va que pouvoir se dégrader inexorablement, tant sur le plan économique que psychologique.

    L’ iFRAP a chiffré à 16 milliards d’euros hebdomadaire le coût pour la nation d’un confinement dur . Selon cet institut, le premier confinement aurait coûté entre 100 et 125 milliards d’euros ; le second environ 50 milliards.

    Les dégâts psychologiques

    Les dégâts sont également importants au plan psychologique . Les risques croissants de dépression deviennent préoccupants pour les pouvoirs publics.

    Pour beaucoup de personnes il devient de plus en plus difficile de supporter les conséquences des confinements. La dégradation de la situation économique affecte leur sécurité matérielle, détruit leurs projets d’avenir et supprime de leur vie les satisfactions et activités de loisirs qui émaillaient leur existence : contacts sociaux, voyages, activités sportives, concerts, visites de musées, etc.

    À l’occasion de la journée mondiale de la santé le 10 octobre dernier, une enquête de l’OMS a montré que dans 93 % des pays étudiés les services de santé mentale des hôpitaux sont débordés.

    En France, Marion Leboyer , du département de psychiatrie du CHU Henri Mondor à Créteil, a déclaré :

    Nous nous attendons à une multiplication par trois des dépressions sur l’ensemble  de la pandémie.

    L’année 2021 sera très fortement marquée par cette pandémie. Il faudra attendre le second semestre de l’année suivante pour que la situation soit vraiment maitrisée au plan sanitaire, pour autant que ne surviennent pas des évènements imprévisibles.

    L’économie commencera alors à se redresser mais la situation du pays sera particulièrement dégradée. Un très grand nombre d’entreprises auront disparu, nos positions à l’exportation seront fortement affaiblies, d’autant que la Chine semble avoir maitrisé la pandémie ; la dette extérieure sera devenue extrêmement préoccupante.

    La société va se transformer

    Au plan psychologique et sociologique des transformations importantes vont apparaître. Les individus vont modifier leur comportement et la société va se transformer.

    Dans Le Figaro du 27 janvier 2021, Hugues Lagrange, sociologue directeur de recherche au CNRS, interviewé par Alexandre Devecchio confie que « la crise pourrait être accoucheuse d’une profonde réorientation » . Il pense que les gens  vont davantage interroger le sens de leur vie. Alexandre Devecchio cite Houellebecq qui, dans son roman Sérotonine , accuse notre monde moderne d’être « une société qui soigne le corps en asphyxiant les âmes. »

    Tout naturellement, on pense à Voltaire . Dans sa jeunesse, l’écrivain était un joyeux épicurien. Il devient ensuite un philosophe humaniste et pessimiste, marqué par la catastrophe du tremblement de terre de Lisbonne en 1755.

    Candide , paru en 1759, est ainsi le conte philosophique de la maturité de Voltaire. Il se conclut sur la rencontre de Candide avec un vieillard turc qui lui enseigne que la sagesse consiste à « cultiver son jardin. » Cunégonde, fraiche, dodue et appétissante au début du conte finit « laide, acariâtre et insupportable ».

    Dans Essai sur les mœurs et l’esprit des nations Voltaire écrit : « Presque toute l’histoire est une suite d’atrocités inutiles. »

    Face aux dégâts extraordinaires générés par la pandémie actuelle, nombreux sont ceux qui vont changer de paradigme.

    Dans son numéro de septembre 2020 le mensuel L’Histoire titre « Comment une pandémie change le monde. »

    Le sociologue Remy Oudghiri, directeur de Sociovision (Ifop) écrit :

    Après le coronavirus notre société va changer et confirmer le développement de six tendances : santé, travail, vie connectée, soif de collectif, et écologie.

    Les enquêtes confirment effectivement que bon nombre de cadres citadins veulent s’installer à la campagne. L’exode de ces néo-ruraux est une tentation de l’après-covid.

    Les évènements auxquels nous sommes confrontés vont conduire les habitants des pays riches à prendre conscience que l’Homme doit limiter ses désirs à un bonheur relatif.

    Hugues Lagrange nous rassure :

    Une vie plus frugale, plus conviviale, plus attentive aux équilibres n’est pas forcément une moindre vie.

    Boris Cyrulnik nous annonce :

    Après chaque catastrophe, la société change.

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      Éviter le reconfinement en nous prenant nous-mêmes en charge

      Jean-Paul Laplace · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:45 · 8 minutes

    reconfinement

    Par Jean-Paul Laplace.

    Nous vivons une situation paradoxale, tiraillés entre des contraintes sanitaires de précaution, et un désir de plus en plus violent de retrouver la liberté . Les uns sont plus sensibles à la peur du virus et à la logique des médecins, et respectueux des règles ; les autres, pleins d’une espérance factice, narguent les risques et les recommandations, et sont oublieux des gestes barrière élémentaires.

    Réagissant de manières très diverses aux contraintes imposées par la pandémie, ou en son nom, les Français se répartissent selon des gradients où pèsent à l’évidence l’âge et la catégorie socio-professionnelle, mais sans tout expliquer.

    Le ras-le-bol gagne la rue

    Il a fallu du temps pour que le masque soit adopté, mais au final une large partie de la population s’est montrée très disciplinée. Les enfants et les jeunes sont remarquablement dociles face à cette contrainte, alors que bien des adultes rechignent à masquer leur nez, ne couvrant que le bas de leur visage.

    Mais, progressivement, les comportements ont évolué . L’agacement a conduit à la forfanterie et multiplié les actes ostentatoires d’indiscipline, masque autour du cou ou porté au poignet. Puis les incivilités se sont multipliées, entraînant la dispersion dans la nature de masques rageusement jetés au sol avec un mépris libérateur.

    À ces mouvements épidermiques ont succédé des actes plus réfléchis de contournement des mesures de couvre-feu. Les restaurateurs se sont beaucoup exprimés, de manière contenue ; certains ont évolué vers la préparation de plats à emporter ou à livrer, mais d’autres ont déverrouillé le désespoir ou la colère qui les ont conduits à la provocation, en ouvrant leur établissement , en cachette ou au grand jour.

    Enfin, certains ont choisi la désobéissance aux règles visant à limiter les rassemblements, et pris part à diverses formes de fêtes nocturnes , au mépris de leur propre santé, indifférents aux risques qu’ils imposaient aux autres.

    Ainsi des comportements de plus en plus transgressifs, attestés par des sondages, témoignent de la montée d’un rejet des contraintes sanitaires et de l’état d’urgence sanitaire renouvelé . L’idée même d’un troisième confinement devient source de détresse.

    Si l’acceptabilité du premier confinement était de 93 % (18 mars), elle n’était plus que de 67 % (29 octobre) pour le second , et n’atteint que 48 % pour la perspective d’un troisième confinement , selon le récent sondage L’Opinion en direct réalisé par l’institut Elabe pour BFMTV.

    La construction d’un consentement

    L’épidémie gonfle, lentement mais sûrement. L’hypothèse d’une troisième vague a été envisagée au vu de l’évolution dans certains pays. Puis on a constaté un plateau et l’on a cru éviter cette nouvelle vague. Mais au lieu d’une décrue, c’est un plateau régulièrement ascendant qui s’impose.

    Il n’est que d’écouter les différents médias pour constater qu’ils battent le tambour de guerre depuis deux semaines au moins. Il est urgent de restaurer du consentement à la perspective d’un troisième confinement.

    Il faut créer une situation de communication très asymétrique, dans laquelle les politiques pourront exprimer la force de décisions difficiles mais jugées nécessaires, à moins qu’ils ne soient eux-mêmes piégés par l’idée d’un troisième confinement assénée par les médias. Mais la rumeur enfle et prépare les Français inquiets à accepter comme inéluctables des décisions peut-être salvatrices mais très contraignantes.

    En quelque sorte une mise en condition des uns et des autres. La révélation de l’ existence de variants très contagieux, leur faculté de passer d’un pays à l’autre, ont ajouté à l’inquiétude ambiante. Le discours médiatique sur la détection de ces variants sur notre territoire est devenu omniprésent. On en vient à parler d’épidémies dans l’épidémie !

    Cette mise en condition prend toute son importance lorsqu’est annoncée une intervention du chef de l’État. Mais la date n’est pas arrêtée ; on le dit hésitant tant la difficulté est grande. Voilà qui en ajoute dans la montée de l’anxiété, d’autant qu’abondent les contradictions entre membres du gouvernement.

    Le 28 janvier, le ministre chargé de la Santé vient développer les raisons d’être inquiets .

    Dès le lendemain, le premier Ministre évoque quelques jours de délais . La préparation de l’opinion est à point, offrant une majorité de personnes favorables ou résignées à un troisième confinement considéré comme sans doute nécessaire.

    Le dilemme : le tout sanitaire ou la vie

    Toutes les raisons sanitaires ont été analysées qui incitent bien des experts à recommander un confinement long et sévère. Nul ne peut l’ignorer. Mais d’autres éléments seront nécessairement pris en compte dans le mix d’où sortira la décision.

    Le deuxième confinement a comporté quelques assouplissements, mais comment envisager un troisième confinement dur alors même que les effets délétères du premier m’avaient conduit à écrire dès le 19 juin 2020 qu’il n’était « pas envisageable d’imposer un nouveau confinement généralisé impliquant l’arrêt des activités économiques ».

    À ce jour la situation générale est à l’origine d’un grand désarroi : endettement de la France, licenciements de masse , fermetures d’entreprises, espoirs déçus par des vaccins qui peinent à être livrés, logistique incertaine opposant élus locaux et administration perçue comme un édredon, flambée boursière et stock options autour d’une grande société pharmaceutique, contre-performance dans la course au vaccin de Pasteur et Sanofi , assortie de licenciements de chercheurs.

    Ces difficultés économiques induisent des difficultés sociales, de la précarité, de la pauvreté, des problèmes de scolarité à tous les niveaux, des violences souvent intrafamiliales.

    Des oppositions intergénérationnelles se font jour. Pourtant les anciens se confinent spontanément et leur éviter l’hospitalisation par la vaccination vise davantage à délester les hôpitaux fragilisés qu’à prolonger des vies chancelantes.

    Aurions-nous oublié que la mort est inéluctable et que sa probabilité augmente avec l’âge ? Selon les données de Santé publique pour la période mars 2020 à janvier 2021 la Covid-19 change peu de chose à la règle : l’âge médian des décès est de 85 ans avec des co-morbidités dans 65 % des cas ; 92,6 % des décès surviennent à plus de 65 ans. À rapprocher de l’espérance de vie à la naissance (données INED) pour les personnes nées en 1950, soit 63,4 ans pour les hommes et 69,2 ans pour les femmes.

    En somme, rien d’extraordinaire. On assiste en fait à l’émergence d’une prise de conscience généralisée des effets désastreux des mesures sanitaires sur l’environnement socio-économique. Le remède ne serait-il pas pire que le mal ?

    Un mal-être profond a gagné toute la population, terreau d’une authentique souffrance morale qui conduit aux extrêmes du lâcher prise ou à l’inverse de la rébellion. Certes, le contexte ne se prête ni à une résurgence du mouvement des Gilets jaunes, ni à une ré-édition de mai 68.

    Il est impératif de préserver l’école, et il est urgent de rouvrir les universités. Je crois les étudiants plus proches de la désespérance que de la rébellion ; ils ont besoin de contacts humains, de transmission culturelle et d’enseignements motivants. Les suicides sont une alerte terrible. Faut-il rappeler la décision du 21 mars 2019 du Conseil constitutionnel (n° 2018-768 QPC) selon laquelle la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant est une obligation constitutionnelle ?

    Je crois les policiers plus affectés par la lassitude et le découragement. Mais ne seront-ils pas tentés à brève échéance de baisser les bras et laisser faire ? Verbaliser pour défaut de masque ou circulation pendant le couvre-feu n’est pas une raison d’être quand l’essentiel fout le camp pour eux comme pour tous les autres.

    Choisir la vie en sachant qu’elle inclut la mort

    Difficile de trancher devant ce télescopage des exigences sanitaires, économiques, sociologiques, psychologiques ! Nous sommes prisonniers d’un flipper géant. Ce jeu peut-il continuer encore longtemps, comme un jeu malsain d’étranglement : confiné, déconfiné, reconfiné… etc. ?

    L’autre solution est de reprendre pied, d’ évaluer son propre niveau de risque et ses exigences de précaution. Les variants sont très contagieux ? Peut-être, mais les armes restent les mêmes : masque, distanciation et hygiène des mains.

    Il serait idiot de détruire durablement notre société, son économie et sa culture, juste parce que nos mouvements d’humeur nous conduiraient à ne pas user de ces moyens simples. En d’autres termes il serait suicidaire de décréter un troisième confinement sévère, juste parce que les mesures barrière sont de moins en moins bien respectées, et que la facilité est de réclamer le vaccin comme des enfants gâtés devant le magicien.

    Pour une fois l’État doit accepter de rendre une part essentielle de la responsabilité aux individus. Dit autrement il faut que chacun ré-apprenne à se prendre en charge sans attendre des décisions qui  pourront être critiquées.

    Quant à la mort, pour les plus inquiets, relisons Sénèque ( Consolation à Marcia , titre XX) :

    Rien de plus inégal que la mesure des destinées ; nul ne meurt trop tôt, dès qu’il n’était pas créé pour vivre plus. Le terme à chacun est fixé : il restera toujours au même point ; il n’est soins ni faveur qui puissent le reculer.

    Rien n’a changé depuis 2000 ans.

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      Covid-19 : apprenons à vivre avec pour avancer

      Rafael Guenoun · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 30 January, 2021 - 03:40 · 4 minutes

    Par Rafael Guenoun.

    Aujourd’hui, alors que j’allais acheter des planches de bois à mon magasin de bricolage local afin de réparer des étagères, j’ai été frappé par les produits placés en tête de gondole dès le premier rayon : des masques de différentes tailles, couleurs, design, ainsi que du gel hydroalcoolique et d’autres produits utiles dans la période actuelle ; au cas où vous auriez été plongés dans un coma il y a un an et venez à peine de vous réveiller, nous entrons bientôt dans la deuxième année d’une pandémie tout droit venue de chez nos amis communistes chinois .

    Sur le chemin du retour, petit arrêt dans une épicerie pour y acheter du lait pour mon fils. Masques obligatoires et disponibles à l’entrée pour les personnes n’en possédant pas, distributeurs automatiques de gel hydroalcoolique dernier cri, et joli balisage au sol pour rappeler aux clients les distances socialement appropriées.

    Pizzeria et ordre spontané

    À trois minutes de la maison, j’ai l’opportunité de voir la toute nouvelle fenêtre de ramassage installée par la pizzeria locale sur la façade est de l’établissement, qui permet aux clients de récupérer leur repas commandé par téléphone, depuis leur voiture, en quelques secondes à peine. Dans le silence de l’habitacle de ma Jeep, je bénis le capitalisme et ce que Hayek a nommé l’ordre spontané .

    En effet, ici, tous ces établissements privés ont recueilli une information de terrain (qu’attendent d’eux les consommateurs pour continuer à venir acheter leurs produits) et l’ont utilisée pour trouver des solutions à la frilosité des clients, en pleine pandémie.

    Certes, là où j’habite, le port de masque en espace clos est obligatoire. Cependant, toutes ces entreprises ont effectué des investissements durables, dont la fenêtre de pick-up est la plus parlante, et qui dépassent largement les obligations réglementaires.

    Pourquoi ? Hé bien, simplement parce que, d’une certaine manière, l’absence de visibilité économique actuelle est une forme de visibilité. Les hommes politiques feraient d’ailleurs bien de s’en inspirer. Pour faire simple : nous pouvons parler d’un monde d’avant le Covid, mais pas du monde d’après, car le monde d’après est le monde de maintenant .

    Ce qu’a compris Mélenchon

    Alors que Bruno Le Maire claironne depuis l’année dernière que reviendront les beaux jours et la croissance après la crise, il est triste de voir que seul un Jean-Luc Mélenchon semble avoir compris que le virus est là pour rester et qu’il s’agit maintenant d’apprendre à vivre en parallèle de lui.

    Au passage, il profite de l’occasion pour nous vendre une sorte de planisme sous stéroïdes, la « société de roulement », qui ferait sans doute pâlir d’envie les mêmes gouvernants chinois qui nous ont mis dans cette panade.

    Imaginez un instant vivre dans un monde où vous pouvez vous rendre chez le boulanger de 16 h 15 à 16 h 30, mais que les portes vous seraient fermées dès 16 h 31. Et quid du petit, qui avait école de 15 h 12 à 17 h 27, mais que vous n’avez pas pu récupérer, car vous n’avez pas le droit de circuler en voiture, sauf entre 15 h 32 et 16 h 08… Je caricature, mais vous comprendrez que l’idée, mise en pratique, tend à une imbuvable expansion des pouvoirs publics. Si le confinement est une prison, la société par roulement est une prison plus grande encore, et à ciel ouvert.

    Cela étant dit, même Stéphane Bancel, le PDG de Moderna, l’admet : ce virus est là pour longtemps (voire pour toujours), et l’inéluctable apparition de variants successifs doit nous amener à penser la vie avec le Covid, plutôt que cachés de ce dernier. Le prochain confinement, qui semble arriver à grands pas, sera vraisemblablement le dernier, car – je reconnais à Mélenchon ce point – on ne peut pas continuer à vivre en stop-and-go .

    Comme je le précisais dans mon dernier billet , je fais partie des personnes les plus précautionneuses en temps de pandémie, et je m’auto-confine volontiers, notamment du fait de comorbidités dans ma petite famille.

    Pourtant, je reconnais aux autres l’envie de sortir le bout de leur nez, et je pense qu’il serait dès à présent préférable que nous apprenions à vivre maintenant, peut-être masqués, de préférence vaccinés, certes à distance, mais – en tout état de cause – que nous nous adaptions à la nouvelle situation, plutôt que d’attendre une résolution magique ou providentielle du problème.

    Comme le dit Stéphane Bancel (peut-être aussi pour prêcher pour sa paroisse) : nous allons « vivre avec ce virus comme on vit avec la grippe » . Une fois la vaccination mise en place efficacement, il faudra multiplier les rappels, en fonction des nouvelles souches, chaque année. Oubliez donc l’après-Covid.

    Bref, il est temps pour toutes et tous de construire sa propre fenêtre à pizza.

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      Et maintenant, le confinement à titre préventif

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 04:30 · 7 minutes

    confinement

    Par Nathalie MP Meyer.

    Le porte-parole du gouvernement l’a confirmé hier 27 janvier 2021 à l’issue du Conseil de défense sanitaire, il est bel et bien question de confiner la France un peu, beaucoup, passionnément, à la folie – mais plutôt à la folie – pour la troisième fois depuis moins d’un an, le tout dans une cacophonie de « paroles d’experts » sur fond de variant anglais, de peur préventive et de principe de précaution qui n’éclaire pas vraiment la prise de décision.

    Le Président de la République a certes fait savoir qu’il attendait de disposer d’études sur les résultats de la mesure de couvre-feu avancé à 18 heures ainsi que sur l’impact des mutations du coronavirus avant de décider. Mais tout indique maintenant qu’à ce stade de la pandémie où la vaccination de la population est encore trop limitée pour contrarier son évolution, on s’avance à brève échéance vers des mesures restrictives supplémentaires qui pourraient même prendre la forme d’un « confinement très serré ».

    Confinement : faire le bilan, excellente idée

    Faire le bilan de ce qu’on a fait plutôt que de se lancer tête baissée dans une nouvelle couche de coercition sans savoir si c’est le moins du monde efficace : en voilà une bonne idée ! Car si vous vous rappelez, le couvre-feu à 18 heures a été appliqué dans certains départements à partir du 2 janvier 2021 puis étendu à quelques autres le 10 et le 12 et déployé sur la France entière le 16 sans aucune analyse préalable, si ce n’est par conformisme avec ce qui se faisait en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Israël au même moment. Confidence d’un proche d’Emmanuel Macron :

    On ne s’en sort pas si mal, mais on est à la merci d’un reconfinement : tout le monde ferme autour de nous.

    C’est l’un des drames du politicien – drame pour les citoyens, naturellement : il doit montrer qu’il « fait quelque chose », surtout si son concurrent s’agite de son côté, quitte à faire n’importe quoi, à l’aveuglette, à la va-vite et « quoi qu’il en coûte » . Avec l’argent des autres, cet argent des autres qui seul finance les idées géniales de nos dirigeants et fonctionnaires, rien de plus facile, rien de plus enivrant… et rien de plus illusoire et destructeur à terme.

    À quoi s’ajoute un second drame découlant du premier : à force de vouloir « faire quelque chose » pour ses concitoyens, à force de vouloir les aider, les protéger, bref, à force de vouloir baliser tous les instants de leur vie au nom de son sens tout personnel de ce que doit être la vie des autres, le voilà de plus en plus convaincu qu’il est investi d’une mission quasi divine qui ne souffre ni contestation ni exception.

    Si l’on applique ceci à la gestion du Covid-19, force est de constater que les décisions de confinement et autres couvre-feux sont loin de se limiter à répondre aux nécessités de la situation sanitaire. J’en veux pour preuve ce que déclarait la préfète des Hautes-Alpes, très professeur des écoles, alors que son département faisait partie du lot des quinze départements assignés à un couvre-feu dès 18 heures à partir du 2 janvier :

    Il s’agit d’une mesure permettant de freiner un peu plus la propagation virale, mais surtout de faire prendre conscience à chacun que ce sont nos comportements qui doivent faire inverser les courbes, en respectant le port du masque, les gestes barrière ou bien les consignes d’isolement qui, par leur non-respect, engendrent des contaminations multiples.

    Rétrospectivement, on s’aperçoit que dans les quinze départements concernés, la baisse des contaminations avait commencé avant la date où l’on pouvait espérer voir un effet de la mesure. On constate en outre, comme on pouvait le prévoir, que cette idée qui a consisté in fine à entasser les gens dans les magasins et les supermarchés entre 17 et 18 heures pour contrer ce que certains élus ont appelé de façon complètement hors-sol et méprisante « l’effet apéro » n’a finalement pas eu le résultat escompté.

    Mais peu importe puisque, comme le dit madame la Préfète, il s’agissait « surtout » d’enfoncer dans nos crânes de Gaulois réfractaires forcément irresponsables que notre santé est directement proportionnelle à notre obéissance aveugle à toute décision étatique, aussi absurde soit-elle. Et Dieu sait que si le monde entier applique des mesures de restrictions anti-Covid à plus ou moins grande échelle, le monde entier qualifie aussi la France d’Absurdistan en ce domaine.

    Gageons donc que dans le rapport qui sera remis à Emmanuel Macron, la mesure de couvre-feu à 18 heures sera jugée très insuffisante (le porte-parole du gouvernement l’a d’ailleurs déjà laissé entendre) alors qu’elle était surtout idiote. Mais qui dit « insuffisant » dit évidemment qu’il faut faire plus, plus haut, plus fort, d’où le « confinement très serré » qui nous pend au nez.

    Pourtant, on est loin du consensus médical

    On a d’abord l’inénarrable Delfraissy , alarmiste en chef et chef du Conseil scientifique. Qualifiant le variant britannique de « virus diabolique et plus intelligent qu’on ne le pense » , il préconise un confinement préventif séance tenante, autrement dit même si la situation à l’instant T ne le justifie pas. Oui, on est dans une situation de plateau avec une faible progression de l’épidémie, mais cette « impression de stabilité est trompeuse » , justifie-t-il. J’espère que vous voyez la force de l’argument.

    Devant l’agacement que ses propos ont réussi à susciter à l’Élysée, il a déclaré ensuite dans un entretien à Libération qu’on n’était pas « à une semaine près » . Mais cette idée du confinement préventif contre le variant anglais, confinement qui sera d’autant plus court qu’on le mettra en place rapidement, et éventuellement le « der des der » à condition que la vaccination suive, est néanmoins soutenue par de nombreux médecins. Par le professeur Philippe Juvin , chef de service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou et par ailleurs maire LR de La Garennes-Colombes, par exemple.

    Il faut certes que la vaccination avance, d’autant que les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna semblent efficaces contre les nouveaux variants, et pendant ce temps les gestes barrières restent de mise si les circonstances l’exigent.

    Mais quant au reconfinement préventif, d’autres médecins comme l’urgentiste Gérald Kierzek (voir ici) ou l’épidémiologiste Martin Blachier s’en inquiètent.

    Ce dernier fait remarquer (vidéo, 10′) qu’on en sait encore peu sur la contagiosité réelle du variant anglais, qu’il n’est pas forcément le seul facteur explicatif de la hausse des contaminations que le Royaume-Uni a connue et surtout qu’on voit mal comment on pourrait sortir un jour du confinement si l’on décidait de confiner en dehors de toute accélération significative de la pandémie, sans critère médical spécifique, mais juste parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait :

    C’est tellement grave un confinement que ça doit être justifié par des chiffres épidémiologiques et pas uniquement par l’hypothétique présence d’un variant.

    J’avoue que je suis très sensible à cet argument. Car oui, c’est grave, un confinement. Les répercutions psychologiques, économiques, sociales et familiales sont immenses. Après deux confinements et une flopée de mesures intermédiaires, nous sommes bien placés pour le savoir.

    Il est certain que si l’on ne sort, ni ne bouge, ni ne rencontre plus jamais personne, on ne tombera jamais de vélo, on n’aura jamais d’accident de voiture et on ne croisera probablement pas de coronavirus. Mais on ne vivra pas non plus ; on mourra à petit feu sans avenir ni perspective. L’Homme n’est pas fait pour rester dans sa caverne, éternellement paralysé par des éventualités. Il est fait pour répondre intelligemment à des réalités.

    On peut toujours espérer que dans ses évaluations, Emmanuel Macron prendra en compte l’ensemble des destructions liées directement ou administrativement au Covid-19, pas seulement la peur d’avoir à faire face, peut-être, au déjà célèbre variant anglais qui agit sur nos esprits comme un épouvantail.

    Mais à entendre le porte-parole du gouvernement, cela semble assez peu probable, sauf à ce que la lassitude croissante d’une part croissante de Français vis-à-vis d’une vie masquée, enfermée, fossilisée et destructrice ne parvienne à réorienter quelque peu la gestion anti-Covid du gouvernement.

    Sur le web

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      Le confinement ciblé n’est pas discriminatoire

      Maxime Kristanek · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 03:50 · 5 minutes

    confinement ciblé

    Par Maxime Kristanek.

    La crise sanitaire place le gouvernement français entre le marteau et l’enclume : du côté du marteau sanitaire, il faut restreindre les activités économiques et les rapports sociaux ; du côté de l’enclume économique et sociale, il faut permettre aux entreprises de fonctionner et aux individus d’avoir un minimum de contacts sociaux. Est-il possible de limiter le nombre de morts du à la pandémie sans sacrifier nos entreprises et notre vie sociale ?

    Concernant les chiffres français, nous savons que 89 % des patients en réanimation présentent des co-morbidités et que 90 % de ceux qui décèdent ont plus de 65 ans, et/ou présentent des comorbidités. Nous ne sommes donc pas égaux face au virus : les individus âgés avec des co-morbidités sont beaucoup plus vulnérables que les autres.

    La mise en place d’un confinement ciblé

    L’infectiologue Odile Launay a suggéré de mettre en place un confinement ciblé . Il s’agit de confiner seulement les individus vulnérables, ce qui signifie que ceux en bonne santé pourraient reprendre leurs activités. Dans un tel cadre, les universités, les salles de sport, les stations de ski, les restaurants, les bars et les lieux culturels réouvriraient.

    L’argument en faveur du confinement ciblé est d’ordre utilitariste. L’ utilitarisme est la doctrine éthique selon laquelle nous avons le devoir de choisir les actions qui maximisent le bien-être du plus grand nombre. En adoptant ce confinement ciblé limité à certaines parties de la population, on maximise les intérêts du plus grand nombre : les individus non vulnérables travaillent et retrouvent une vie sociale et les individus fragiles sont protégés du virus en étant confinés.

    À plusieurs reprises, le président de la République et des membres du gouvernement ont écarté cette solution, jugée éthiquement problématique. Plus précisément, ce type de mesure serait discriminatoire : certains seraient confinés sur des critères d’âge et de santé, tandis que d’autres pourraient jouir de leurs libertés. La discrimination est moralement condamnée parce qu’elle est un traitement désavantageux injustifié visant un certain groupe. Elle constitue une violation du principe d’égalité, énonçant que les individus doivent être traités de la même manière.

    Un confinement ciblé serait-il discriminatoire ?

    L’argument du gouvernement consiste à énoncer que toute rupture du principe d’égalité constitue une discrimination. On peut pourtant douter de la vérité de cette affirmation car dans certaines situations, il n’est pas discriminant de traiter les individus de manière inégalitaire. Si la différence de traitement, même désavantageuse, repose sur des justifications valables, alors elle n’est pas considérée comme une discrimination.

    Par exemple, il ne paraît pas discriminatoire de taxer davantage ceux qui ont des revenus élevés. Il semble injuste qu’un milliardaire paye les mêmes impôts qu’un travailleur payé au salaire minimum. Le traitement différentiel désavantageux est justifié par l’écart de revenu.

    Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement français ne traite pas de la même manière les citoyens sans que cela apparaisse discriminatoire. Par exemple, les professionnels de discothèques ont l’interdiction de travailler, contrairement aux employés de supermarché. Cette différence de traitement est justifiée : les discothèques sont des lieux de forte contamination, et ne remplissent pas un rôle essentiel, contrairement aux supermarchés.

    On peut justifier le confinement des individus vulnérables car du fait de leur âge ou de leur état de santé ils ont davantage de risques de développer une forme grave de la maladie. Pour cette raison et afin d’être protégés, ils doivent être confinés. Il apparaît en revanche injustifié de confiner les personnes en bonne santé de moins de 65 ans qui ne développent pas de forme grave dans l’immense majorité des cas.

    Une deuxième raison de pratiquer un confinement ciblé est que la majorité des individus fragiles (retraités et personnes ayant de graves problèmes de santé) ne travaille pas, contrairement à la majorité en bonne santé. Rappelons que les hôpitaux et les retraites sont financés principalement par le travail des individus non vulnérables. Il est donc avantageux pour les plus fragiles que les autres continuent de travailler afin de financer leurs retraites.

    Critère biologique et critère économique

    On pourrait objecter que traiter de manière différente des individus sur la base de critères économiques ou professionnels n’est pas la même chose que traiter de manière différente à partir de critères biologiques, la vulnérabilité étant ici considérée comme la fragilité biologique d’un organisme humain pour se défendre face au virus. Le critère économique serait acceptable, contrairement au biologique, sur lequel on n’exerce aucune prise : on ne décide pas d’être âgé ou d’être diabétique.

    Pourtant, l’État traite déjà différemment les individus sur la base de critères biologiques. Par exemple, les personnes présentant des handicaps physiques ou mentaux importants perçoivent des aides publiques auxquelles n’ont pas accès les non-handicapés. On pourrait rétorquer qu’il ne s’agit pas là de discrimination, car le traitement différentiel est avantageux.

    Mais on pratique aussi des traitements différentiels désavantageux sur la base de critères biologiques sans que soit évoquée une discrimination.

    Par exemple, pour exercer certaines activités professionnelles (pompier, policier, pilote, etc.), il faut passer des épreuves physiques, et ceux qui échouent à cause d’un handicap biologique, inné ou acquis, sont disqualifiés.

    Autre exemple : les personnes non-voyantes ne peuvent détenir un permis de conduire. Si le traitement différentiel sur la base d’un critère biologique est justifié, alors il ne s’agit pas de discrimination. On voit mal ainsi pour quelle raison le critère de différenciation biologique serait, en soi, discriminatoire.

    Ainsi, en situation de crise sanitaire, il n’est pas discriminatoire de traiter différemment les individus avec un organisme vulnérable. Ainsi, il n’est pas discriminatoire de seulement confiner les personnes fragiles en vue de les protéger et permettre à celles en bonne santé de travailler et reprendre une vie sociale.

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      Covid-19 : évaluation des stratégies contre la pandémie

      Gabriel Lacoste · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 03:30 · 10 minutes

    stratégies

    Par Gabriel Lacoste

    Le 5 janvier 2021, le Journal de Montréal diffuse la nouvelle suivante :

    Submergés par des cas de Covid-19 qui battent des records depuis plusieurs semaines, les services d’urgence de Los Angeles ont commencé à rationner l’oxygène et les lits.

    Le réflexe de la majorité ? « Il faut respecter les mesures. »

    Pourtant… Voici, chronologiquement, l’histoire des infections en Californie :

    • du 3 au 25 novembre 2020 : croissance modérée des infections.
    • le 14 novembre 2020 : l’État de la Californie décrète un couvre-feu.
    • du 25 novembre au 2 décembre 2020 : les infections atteignent un plateau.
    • le 3 décembre 2020 : l’État de la Californie ordonne un confinement dans les zones les plus touchées.
    • du 3 au 21 décembre 2020 : les infections explosent.
    • du 21 décembre 2020 au 14 janvier 2021 : deuxième plateau.
    • après le 14 janvier : baisse des infections.

    Un esprit observateur peut en conclure que les restrictions gouvernementales ne fonctionnent pas. En effet, même s’il existe un temps d’incubation de sept jours avant d’en voir les effets, entre le 3 et le 21 décembre, il y a 18 jours. Ensuite, aucune mesure gouvernementale ne peut expliquer la baisse du 14 janvier. Une autre variable est donc clairement en jeu. Manifestement, le couvre-feu du 14 novembre n’a pas empêché le drame des hôpitaux.

    Ce dernier ne suffit pas à justifier les mesures, il faut démontrer leur efficacité. Or, le cas de la Californie nous donne des raisons d’en douter. De telles observations, il y en a d’autres :

    • Durant le printemps et maintenant depuis le 10 janvier, la Suède a réussi à courber les infections sans jamais ordonner de restrictions comparables aux autres pays européens.
    • À partir du 4 novembre, les infections en Espagne ont baissé de façon comparable à la France, en suivant sensiblement la stratégie modérée de la Suède. Elles sont reparties à la hausse depuis le 6 janvier ; mais en général, les pays d’Europe suivent tous une évolution en trois vagues.
    • Le Japon et la Corée du Sud n’ont pas adopté nos restrictions, ni éradiqué le virus et ne vivent aucun drame sanitaire.

    Ce sont les « cygnes noirs » de la pandémie ; c’est-à-dire ces faits qui falsifient nos hypothèses . Que devons-nous en penser ?

    Les stratégies disponibles

    Nos choix sont confus. Ils ne se résument pas à « tout ce que le gouvernement nous demande » ou « vivre comme avant ». En fait, les stratégies suivantes peuvent être distinguées, avec un code couleur indiquant leur sévérité :

    stratégies Éradication du virus par des moyens non-pharmaceutiques

    Tuer le virus avec des restrictions, ça se fait ? Un groupe de chercheurs hautement évalué par les médias le pense. Leurs études s’appuient sur les cas de l’Australie, de la Chine et de la Nouvelle-Zélande . Si eux l’ont fait, nous pouvons le faire.

    Le « risque » associé à cette stratégie n’est pourtant jamais questionné. Tenter de tuer le virus, échouer, s’acharner à essayer plus fort, échouer de nouveau, se justifier devant des médias qui s’impatientent, etc. est dangereux.

    Une étude détaillée de la stratégie chinoise , publiée dans Science , nous permet d’illustrer les limites de ce raisonnement. Ils ont retracé les contacts de 1178 personnes avec 15 000 autres, ils les ont testés, puis les personnes infectées ont été contraintes à l’isolement en milieu hospitalier.

    De façon surprenante, les mesures de confinement ont augmenté les infections au domicile, alors qu’il est, de loin, le principal facteur de contagion (7,2 % de risque vs 0,9 % pour nos amis). Des chercheurs ont suggéré que durant les confinements les plus stricts,une telle dynamique peut avoir causé les clusters dans les établissements pour personnes âgées .

    Ma conclusion ? C’est le traçage des cas contact et l’isolement contraint des personnes exposées qui a fonctionné en Chine, pas le confinement généralisé. Or, cette stratégie ne peut être répétée que si le ratio infectés/population ne dépasse pas un certain seuil , que nous avons dépassé. Voilà pourquoi citer la Chine, la Nouvelle-Zélande et l’Australie comme modèles mérite le scepticisme.

    Les stratégies d’atténuation non-pharmaceutiques

    L’étude la plus citée pour démontrer l’efficacité des interventions non-pharmaceutiques compare les infections dans un monde alternatif où rien n’est fait avec le monde réel, pour conclure que des millions de vies ont été sauvées. Elle contient de nombreux problèmes de méthode . Elle s’oppose aussi à des études qui préfèrent calculer les corrélations entre les taux de mortalité et différentes variables, pour en conclure que la sévérité des mesures n’a pas d’impact observable ( ici et ici ).

    L’amalgame « interventions non-pharmaceutiques » embrouille la réflexion. Ce n’est peut-être qu’une partie de nos changements de comportements qui est responsable de la majeure partie de la diminution des infections. Les défenseurs de cette stratégie vont donc évaluer la contribution d’interventions séparément ( ici et ici ), pour montrer que les politiques les plus brutales ajoutent peu d’efficacité face à celles qui encadrent simplement la vie normale.

    Les cas hautement controversés de la Suède , puis maintenant de l’Espagne , ainsi que de différents États américains, mais aussi du Japon et de la Corée du Sud constituent les contre-exemples empiriques déployés contre la stratégie sévère dominante. La Suède a connu une deuxième vague particulièrement intense, mais ses infections baissent et le pays a donc réussi deux fois à les courber. L’Espagne a réussi à le faire après le temps des fêtes. Les cas sont maintenant en hausse, mais la situation va peut-être se re-stabiliser sans resserrement. Cela reste à voir.

    Jay Bhattacharya et John Ioannidis ont produit récemment une étude sur cette question . Ils ont observé que les populations européennes ont modifié leurs comportements au printemps avant que leur gouvernement le leur ordonne. Donc, la menace d’amendes et l’intervention policière comptent peu. Ensuite, il y a un impact observable entre le taux de reproduction, au début de la crise, puis après les changements de comportements initiés par les populations. Cependant, la sévérité gouvernementale n’aurait contribué que pour 5-10 % de cette réduction, ce que les auteurs estiment « ne pas être significatif ».

    Cette étude porte sur le printemps. Pour en avoir une meilleure idée, il faudra voir comment l’Espagne et la Suède performeront d’ici à la fin de cet hiver.

    La protection focalisée

    Pouvons-nous construire une bulle autour des personnes à risque pendant que le reste de la population s’expose ? Les politiciens et les experts de la méthode fortes disent que non . Deux arguments sont invoqués. Premièrement, l’observation nous montre que les infections passent rapidement des jeunes aux populations fragiles . Ensuite, il est difficile de distinguer les groupes .

    Pourtant, intuitivement, cette stratégie m’apparaît être la stratégie naturelle des populations informées en situation de liberté . Une personne à risque et son environnement vont la déployer indépendamment des directives gouvernementales, car ils y sont motivés à titre personnel. Ils vont porter méticuleusement des équipements de protection, respecter les deux mètres de distance physique, installer une trajectoire libre d’infection, etc. Le rôle de l’État se réduit alors à la simplifier. Cette hypothèse mérite d’être testée plus rigoureusement.

    En fait, les succès de la Suède et de l’Espagne s’expliquent peut-être par le fait que les personnes fragiles et leur environnement s’adaptent spontanément à la situation, lorsqu’elles sont adéquatement informées, indépendamment des directives de leur gouvernement. Combiné aux facteurs saisonniers , il se peut même que cela fonde scientifiquement la structure en trois vagues de la pandémie.

    Les interventions pharmaceutiques

    La vaccination a été largement comprise comme la stratégie ultime qui mettra fin à toute cette affaire. Pourtant, rien n’est encore acquis. Des chercheurs s’inquiètent du variant sud-africain , qui résistera peut-être à notre vaccin. Un groupe de travail Israélien redoute que la vaccination puisse favoriser des mutations qui y résisteront. Le variant britannique, qui se transmet de 30 à 70 % plus facilement , serait vulnérable au vaccin. Cependant, il risque de se diffuser au sein de la population bien avant que le vaccin soit disponible, rendant ce dernier inutile.

    Et le pire ? La méthode utilisée pour tester l’efficacité du vaccin était insuffisante , car le nombre de personnes de l’échantillon susceptible de développer des formes sévères était trop petit.

    De plus, pour évaluer correctement cette stratégie, il faut considérer les souffrances endurées à l’attendre, ainsi que la déstabilisation subséquente de nos sociétés comme étant ses effets secondaires, par opposition à l’acquisition rapide de l’immunité naturelle.

    La non-intervention

    Elle est l’épouvantail agité par les autorités pour taire la critique. C’est la position la plus controversée. Elle est mise en avant par la mouvance Qanon et aurait été pratiquée par les habitants de Manaus, selon une autre étude .

    C’est le calcul des coûts et bénéfices de l’intervention, par rapport à la non-intervention, qui supporte cette approche . Il y a différentes façons de résumer ce calcul :

    1. Le Covid-19 n’est pas aussi dangereux que les médias nous le présentent.
    2. Les conséquences des interventions sont et seront beaucoup plus graves que nous le pensons.
    3. Bien que le Covid-19 soit réellement dangereux, les interventions valorisées pour le combattre échoueront, elles constitueront donc un mal sans bénéfices.

    La mouvance Qanon invoque le premier argument. Selon moi, les meilleurs arguments pour la non-intervention sont une combinaison du second et du troisième.

    À partir du cas de Manaus, certains extrapolent que 400 000 personnes mourraient en France sans interventions . Est-ce que ces morts en valent la peine, si c’est pour sauver la normalité de la vie des 66 millions autres humains ? La question elle-même est moralement odieuse. L’idée de réduire la vie de personnes à un simple moyen de veiller au bien-être des autres est répugnante.

    Il faut nuancer. Dans l’histoire de l’humanité, il y a régulièrement eu des appels à risquer sa vie pour la liberté, la démocratie ou des principes supérieurs. Certains le faisaient volontairement, par sens du devoir. De plus, une personne âgée peut parfois préférer mourir que d’être un fardeau pour ses proches. Les individus ne sont pas seulement motivés par leur propre survie.

    Si la menace qui pèse sur la normalité de nos vies jouissait d’une couverture médiatique aussi généreuse que celle du Covid-19, une partie des personnes à risque accepterait peut-être l’éventualité de mourir de ce virus. Elles le feraient par sens du devoir. Le respect n’exige pas de sauver leur vie, mais de leur présenter le dilemme de façon transparente et complète, puis de les impliquer dans la décision.

    L’efficacité de la stratégie d’atténuation légère et de la protection focalisée constituent un argument contre cette position. S’il est possible de ralentir la progression du virus et de vacciner les personnes fragiles à temps, tout en préservant l’essentiel de la normalité de la vie et protéger les personnes fragiles, ce choix tragique est un faux dilemme.

    Cependant, plus le virus devient contagieux, moins il semble contrôlable et plus les doutes entourent la vaccination, plus la non-intervention devient une stratégie envisageable. Plus la stratégie de mitigation sévère s’éternise, plus elle devient oppressante. Si la stratégie de vaccination qui l’accompagne échoue, les autorités pourraient bien être confrontées à des troubles civils de plus en plus difficiles à contenir.

    Je finirai cet article en attirant le lecteur sur mon intention : défendre rigoureusement la stratégie de mitigation légère contre le conspirationnisme ET le radicalisme sanitaire.

    Si vous ne l’avez pas compris, relisez-moi plus attentivement.

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      Un troisième confinement politiquement risqué pour Emmanuel Macron

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 25 January, 2021 - 10:01 · 2 minutes

    confinement

    Par Frédéric Mas.

    Les Français seront-ils reconfinés cette semaine ? C’est la question à laquelle Emmanuel Macron répondra ce mercredi 27 janvier à l’issue d’un conseil de défense. Dimanche soir, le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy a sonné l’alarme : les variants du virus, en particulier celui britannique, pourrait être « l’équivalent d’une deuxième pandémie » . C’est au politique de décider, mais pour M. Delfraissy les indicateurs sont suffisamment inquiétants pour envisager de nouvelles mesures sanitaires.

    La pression sur le gouvernement est à son comble : les sondages montrent que les Français estiment que la gestion de la crise sanitaire est mauvaise, et que la communication du gouvernement n’a rien arrangé. Pire, l’élection présidentielle 2022 se profile à l’horizon, et dans tous les cas de figure, Emmanuel Macron serait devancé par Marine Le Pen au premier tour, selon un sondage CommStrat/L’opinion .

    La défiance grandit

    L’épisode catastrophique de la campagne vaccinale n’a rien arrangé. Après la lenteur et à la désorganisation de l’État pour vacciner les catégories de population à risque, c’est la pénurie de vaccins qui réapparaît. Elle rappelle pour beaucoup la pénurie de masques, de gel et tests du début de la crise sanitaire : les mêmes méthodes et la même organisation bureaucratique centralisée engendrent les mêmes résultats sur le terrain. Et la défiance grandit.

    Face au retour de la menace sanitaire, les Français semblent résignés à un nouveau confinement, même s’ils ne le souhaitent pas, toujours selon les sondages. Ils préfèrent même le confinement au couvre-feu , qui désorganise les vies et appauvrit les commerces autorisés à rouvrir pour des résultats totalement aléatoires.

    Faudra-t-il, à chaque fois qu’apparaît une nouvelle édition du virus, appliquer le principe de précaution en politique, et restreindre les libertés publiques jusqu’au collectivisme total ? Le gouvernement, réduit aujourd’hui à un dialogue entre conseil scientifique et conseil de défense, s’est enfermé dans une chambre d’écho totalement hermétique.

    Après avoir sacrifié la démocratie libérale sur l’autel de l’état d’urgence sanitaire éternel, l’avenir de la jeunesse sur celui de la protection des plus vulnérables « quoiqu’il en coûte », l’économie nationale sur celui des exigences de la bureaucratie sanitaire, peut-on espérer que l’État change de logiciel ? C’est aux citoyens de lui signifier maintenant que sa politique verticale, infantilisante et anxiogène doit changer.