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      Coronavirus : l’urgence d’un changement de cap

      Paul Touboul · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 24 January, 2021 - 04:45 · 10 minutes

    coronavirus

    Par Paul Touboul.

    Pour commencer, des questions. Allons-nous installer définitivement dans nos pratiques le dénombrement quotidien de nos concitoyens atteints par tel ou tel virus ? Au même titre que le bulletin météo, chiffres et pourcentages des victimes s’afficheront-ils désormais sur nos téléphones, influant sur la coloration de nos journées ?

    La perspective d’un voisinage tendu avec le monde des virus se dessine-t-elle et avec elle celle d’une vie attentive aux moindres soubresauts de ce comparse réfractaire auxquels il conviendra de répondre sans tarder ? Un combat de longue haleine est-il entamé dans lequel se déploient, pour notre survie, toutes les ressources de l’intelligence humaine ?

    Entrons-nous dans une nouvelle ère, celle d’une humanité en croisade contre les nuisibles naturels qui la mettent en péril ? Est-ce le projet grandiose de l’avenir pour pérenniser notre existence sur Terre ?

    Notre humanité, dans sa relation à la nature qui l’environne, est peut-être à un tournant. Elle semble ne pas tolérer désormais ce qui autour d’elle échappe à son contrôle et, qui plus est, serait une menace.

    Une lutte ancestrale

    Mais, à bien y réfléchir, cette lutte est, au fond, ancestrale. L’Homme a de tous temps cherché à vaincre les obstacles à son développement, voire à les éliminer. Il s’agissait toujours de cibles à échelle humaine, appréhendées par nos sens, et à la portée de moyens adaptés, parfois violents. L’ avènement des vaccins puis des antibiotiques a offert la première opportunité de combattre nos ennemis du monde invisible que sont les agents infectieux.

    Vaincre ces organismes dangereux capables de nous exterminer a certainement marqué une date dans notre vie sur la planète Terre. Et l’amélioration aujourd’hui de nos conditions d’existence doit beaucoup à cette avancée.

    Depuis, la connaissance de l’univers vivant microscopique s’est considérablement développée. Une multitude d’espèces qui l’habitent a été identifiée. Des techniques de plus en plus fines ont pénétré leur intimité, offrant même des possibilités de manipulations.

    L’explosion de ce savoir se solde aussi de remises en cause incessantes, de questionnements supplémentaires, de théories nouvelles et de pratiques de plus en plus intrusives. Le champ de l’inconnu n’est pas pour autant réduit et se renouvelle même à l’infini. Si l’Homme a pu s’ériger en apprenti sorcier, il n’en reste pas moins fasciné par le mystère grandiose qu’est la vie. Et dans le cheminement du chercheur, la passion de connaître voisine avec l’humilité et la conscience de son ignorance.

    Coronavirus et mise à l’écart de la médecine

    Alors pourquoi ce préambule ? Parce que la gestion de la crise sanitaire actuelle a mis en lumière les illusions d’attitudes scientifiques dévoyées qui sont elles-mêmes le pendant d’une hubris contemporaine. Qu’avons-nous vu en l’occurrence ?

    Ont été écartés avec dédain les comportements traditionnellement requis en matière d’épidémie. Que chaque cas déclaré en réfère à son médecin, que ce dernier le prenne en charge et prescrive un traitement jugé approprié dont il assure le suivi, voilà ce qui se passait de tout temps quant telle ou telle virose faisait son apparition. La maladie restait personnalisée, avait un visage, se composait d’histoires individuelles, gardait une dimension humaine.

    Or cette pratique a été balayée. Le praticien n’était plus à la hauteur d’un combat jugé titanesque. Exit la médecine de proximité . Place à l’armada d’État que sont les hôpitaux publics. Ainsi en a décidé l’État français.

    La notion de pandémie donnait-elle sens à pareille mesure ? L’explosion des contaminations pouvait justifier au contraire le recours à l’ensemble du corps médical et la démultiplication de l’offre de soins. D’autant que la prise en charge initiale relevait à l’évidence de la compétence de généralistes.

    Pourtant il en a été décidé autrement. Et la manière a été brutale puisque certains médicaments recommandés initialement ont été contingentés et des praticiens sanctionnés par l’Ordre pour avoir contrevenu aux injonctions officielles. Un centralisme autoritaire en matière médical s’est donc instauré, l’État gérant unilatéralement l’épidémie, en comptabilisant l’étendue et décrétant les conduites . Une situation entièrement inédite et qui n’a fait que se renforcer avec le temps.

    Ce faisant, en l’absence des généralistes, on peut considérer que nombre de cas ont été livrés à une aggravation qui pouvait être évitable , contribuant éventuellement à la surmortalité de départ. L’autoritarisme d’État s’en est donné à cœur joie, s’abritant derrière une évidence qui ne souffrait pas la discussion.

    Un parfum de totalitarisme politique

    L’on a assisté à une politisation des prises de position et des commentaires sans commune mesure avec les contenus sanitaires et leur base scientifique. Il y avait désormais une vérité officielle, seule valable dans la prise en charge de l’épidémie.

    Il est bien sûr admissible que le pouvoir impose sa manière d’appréhender une crise et les solutions qui en découlent. Mais pas en instillant un contexte ambiant délétère, malsain, où les opposants sont livrés à la vindicte des bien-pensants. Et l’on n’a jamais autant mesuré le poids de la propagande par médias interposés à propos de sujets relevant simplement de controverses sur les connaissances. J’ose dire que l’ambiance a pris un parfum totalitaire .

    L’imposition des esprits liée à cette volonté de rester maitre du jeu et de régner sans partage s’est poursuivie depuis sans discontinuer. La flambée épidémique éteinte, le gouvernement s’est lancé dans la traque de virus perdurant ici ou là, auquels était assigné le dessein perfide de nous envahir de nouveau.

    Sur quels arguments s’étayait cette crainte ? À vrai dire l’affirmation était entourée de mystère, laissant penser qu’elle allait de soi. Par le fait prenait corps la représentation d’un adversaire hors du commun auquel serait livré une guerre sans merci.

    Un évènement, que rien au départ ne distinguait de ceux du passé, devenait ainsi unique, inouï, et, je dirais, à la mesure de l’ hubris contemporaine. On n’en était plus à traiter et isoler les cas contaminés, b-a-ba des stratégies traditionnelles, il fallait prendre à bras le corps un évènement planétaire et assurer à terme, avec les armes d’aujourd’hui, la victoire de l’Homme prométhéen.

    Car c’est bien de posture générationnelle qu’il s’agit. Et notre ministre de la Santé en est l’incarnation . Fils de ce monde-là, il a repoussé sans état d’âme l’avis de personnalités reconnues de l’infectiologie, aussi titrées et prestigieuses soient-elles, pour s’en remettre à des méthodes qui, à défaut d’être éprouvées, étaient innovantes.

    Experts, algorithmes et bureaucratie à la rescousse

    Force est de reconnaître qu’il suivait en cela les recommandations d’experts, plus hommes de laboratoire que de terrain. Ont été pris en compte des prédictions basées sur de savants calculs , des schémas explicatifs appuyés par de mystérieux algorithmes, une gestion de la crise effectuée depuis un centre de commande où se déployait une intelligence abstraite manipulant des données qu’elle enfantait.

    C’est peut-être la grande nouveauté de l’évènement, celle d’avoir inauguré une vision mondialiste, bureaucratique d’une épidémie, à l’image d’experts hors sol trônant du haut d’un savoir dématérialisé.

    Dans cette même optique il fallait que les mesures prises soient à l’échelle d’un combat de géants. Intervenir sur des populations entières, imposer confinement, port de masques, voire user si nécessaire de coercition, brasser des multitudes dans une joute sans merci contre le coronavirus, voilà bien une guerre digne de ce nom dans laquelle les ressources de l’intelligence humaine auront toute latitude de faire leurs preuves.

    Si dans le passé les virus paraissaient dicter leurs conditions, on pouvait aujourd’hui leur imposer d’autres règles du jeu. Il s’agissait, avec nos tests, de les débusquer à grande échelle, de traquer les foyers de multiplication, et en cas de danger, de calfeutrer le pays pour le soustraire à l’assaut des envahisseurs.

    Et on n’a pas lésiné sur les moyens, quitte à mettre à bas l’activité économique et sociale. L’homme contemporain défié s’est hissé à la hauteur d’un mal planétaire. Chaque jour ont été comptabilisées compulsivement les intrusions ennemies et les pertes subies sur ce champ de bataille informe et invisible.

    Sourds à toute critique nos augures en sont venues à découvrir à leurs dépens que le virus a plus d’un tour dans son sac. Ils avaient pourtant été prévenus. Les virus respiratoires sont l’objet de mutations continuelles. L’avènement de variants avait déjà été signalé en juillet puis octobre 2020, responsable d’un regain d’activité virale.

    Du coup l’histoire a repris souffle et le combat est reparti de plus belle. Dépistage à marches forcées, maintien d’une chape de plomb sur la population, monopolisation de l’information par la virose, bref la folle épopée continue. Et il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Jusqu’alors on s’attaquait aux épidémies déclarées. Maintenant c’est au monde secret des virus que l’on s’en prend.

    Les mutations cachées qui les caractérisent sont la nouvelle cible. Ces variants qui pourraient devenir un jour épidémiques sont suivis à la trace. Mais jusqu’à quand ? La maitrise de l’échange, il faut le reconnaitre, appartient bel et bien au coronavirus qui nous impose son tempo et peut seul décider la fin de partie.

    Il est clair que la stratégie appliquée à cette virose est devenue démente. Les choix pris, y compris celui du vaccin , ne peuvent escompter un contrôle véritable de la situation, à savoir nous protéger tous durablement d’une contamination.

    Si l’on ne se contente pas d’une approche pragmatique, c’est-à-dire traiter, isoler les contaminés et protéger les plus vulnérables en attendant des jours meilleurs, l’issue risque d’être repoussée aux calendes face à un virus scruté en permanence et dont on ne tolère plus de vie secrète.

    Il y a bientôt un an que tout a commencé. Rien ne laisse entrevoir une issue prochaine . C’est du jamais vu en matière d’épidémie. Fallait-il que celle-ci déroge à toute règle et que nos connaissances tirées d’une expérience éprouvée soient battues en brèche ? Il est permis d’en douter et questionner la politique sanitaire actuelle s’impose plus que jamais aujourd’hui.

    On ne peut impunément mettre à l’arrêt un pays pour combattre un agent infectieux, certes contagieux mais dont la létalité n’excède pas celle de la grippe. Qu’on continue à le surveiller à l’abri de tout tapage médiatique, l’affaire est du ressort de toute nation chargée de protéger ses citoyens. Mais maintenir pour cela un état de guerre est un non-sens qui nous conduit à un naufrage collectif.

    Il est malheureusement à craindre que nos gouvernants renâclent à se remettre en cause. Sans compter que le sacro-saint principe de précaution et la peur des juges risquent de conforter pareille obstination. Pourtant l’urgence est là.

    La vie doit reprendre ses droits dans notre pays, toute latitude étant restituée à l’activité socio-économique et à la culture pour s’exprimer, l’individu retrouvant quant à lui dans son quotidien les ingrédients qui le motivent et le structurent.

    En somme une existence libre, sans peur et ouverte sur l’avenir. Garder un œil sur le virus, comme d’ailleurs sur toutes les menaces qui nous entourent, ne doit pas mettre en péril nos raisons de vivre.

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      Le « quoiqu’il en coûte » de Bruno Le Maire va précipiter notre faillite

      Simone Wapler · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 04:15 · 10 minutes

    contreparties black friday

    Par Simone Wapler.

    Nouvelles annonces de Bruno Le Maire jeudi 14 janvier 2021 et nouvelles aides publiques aux secteurs délibérément mis à l’arrêt par le gouvernement (hôtellerie, restauration, fournisseurs de ces activités) auquel s’ajoute désormais le secteur viticole touché par des sanctions douanières américaines.

    Un mois auparavant, Christine Lagarde, qui préside à la destinée de la Banque centrale européenne, avait averti :

    « Les conditions de financement resteront exceptionnellement favorables aussi longtemps que nécessaire ».

    Autrement dit : « dépensez sans compter », message que tous les gouvernements cigales reçoivent cinq sur cinq.

    Le programme d’achat d’urgence en cas de pandémie (PEPP) de 1350 milliards d’euros d’obligations prévu jusqu’en juin sera augmenté et il sera prolongé dans le temps. Les opérations de refinancement des banques à long terme (TLTRO) devraient aussi être reconduites.

    Puisque le robinet de l’argent gratuit reste ouvert en grand et pour très longtemps, pourquoi se gêner ?

    L’illusion de l’argent gratuit

    Rappelons trois grands principes économiques :

    1-  L’économie consiste à échanger quelque chose contre autre chose. La monnaie est une étape transitoire. L’échange n’est vraiment soldé que lorsque la monnaie reçue par le vendeur en échange de quelque chose a été transformée en autre chose par ce même vendeur. Il peut exister un décalage temporel plus ou moins long entre la vente et l’achat mais la monnaie seule ne solde pas l’échange.

    2-  Mettre davantage de monnaie ou de crédit dans le système ne multiplie pas les marchandises, biens ou services. Le croire reviendrait à penser que créer des emballages permet de créer de la marchandise.

    3-  Quand vous ne savez pas vraiment qui paye pour cet argent tombé du ciel, alors c’est vous, peut-être tôt ou peut-être plus tard, mais toujours VOUS, votre argent, vos économies…

    Que la monnaie soit des espèces sonnantes et trébuchantes comme autrefois ou un système de débit-crédit comme maintenant ne change rien à ces trois principes qui peuvent aussi se résumer par  : « l’argent gratuit n’existe pas » ou encore « le crédit gratuit n’existe pas ».

    Évidemment, le personnel politique aimerait faire croire que l’argent gratuit ou le crédit gratuit existent. C’est d’ailleurs le principe du recours à la dette publique : l’argent sans les impôts. Pourtant, si on présentait la facture immédiate aux contribuables, il est probable qu’ils diraient « non merci ».

    Le ministre de l’Économie multiplie les mesures censées compenser les pertes consécutives à des décisions administratives malheureuses. Dès le début de l’épidémie, l’exécutif a souscrit aux prévisions les plus alarmistes, celles du professeur Niel Ferguson , prévisions par la suite heureusement démenties. Personne au sein du gouvernement ne se soucie du coût et du financement d’aides rendues nécessaires par une mauvaise décision initiale. Il est acquis que le financement de la dette est la solution et qu’il sera toujours temps de se pencher sur la question quand les choses iront mieux.

    Jusqu’ici, tout va bien. Le 19 janvier, notre pays a emprunté 7 milliards d’euros sur 50 ans au taux d’intérêt de 0,59 % seulement. La France emprunte à taux négatifs jusqu’à 16 ans.

    Un « observatoire de la dette » vient d’être créé mais il ne s’agit que d’un bidule poudre aux yeux supplémentaire qui permet de recycler dix people en mal de mandat ou de renvoyer des ascenseurs.

    Le poids de la dette, le choc des intérêts ? Pas grave…

    Pour le moment, la pensée dominante se résume à « peu importe la dette, les taux d’intérêt resteront bas puisque les banques centrales s’y emploient » . Variante : « en période d’incertitude, rien de plus sûr qu’une dette d’un grand État dont les contribuables ne sont pas miséreux ».

    Voici d’autres arguments souvent avancés à l’appui de cette pensée dominante :

    1-  La dette peut grossir, les intérêts resteront supportables. Au pire, si la situation l’exigeait, on pourrait relancer la vieille lune de la « dette perpétuelle » : le principal ne sera jamais remboursé et remplacé par un intérêt versé à vie…

    2-  Au besoin, on cantonnera la dette du Covid dans une structure cache-poussière-sous-le-tapis, comme celle de la dette de la Sécurité sociale . Peu de gens s’intéressent au « hors bilan » des comptes publics. La France est un grand pays développé peuplé de riches contribuables et sa note de crédit reste excellente.

    3-  Oui, avec un taux de dette sur PIB similaire à celui de la France, la Grèce a fait faillite (défaut de paiement et effacement partiel de sa dette publique) mais le pays avait menti sur ses déficits, les Grecs ne payaient pas assez d’impôts et les taux étaient bien plus hauts.

    4-  Le Japon survit très bien avec un fort taux d’endettement , nettement supérieur à celui de la France.

    5-  Ce n’est pas grave, tout le monde doit quelque chose à tout le monde.

    Quelques contre arguments :

    1-  La dette ne peut grossir éternellement car il deviendra un jour impossible de prétendre que le capital pourrait être remboursé. La dette perpétuelle constituerait dans les faits un défaut puisque le contrat initial (retour du capital) ne serait pas respecté. Notre pays ne trouverait donc plus de prêteurs étrangers à de bonnes conditions et l’État se trouverait rapidement en crise financière aiguë.

    2-  Il arrive toujours un moment où la situation du débiteur semblant devenir hors de contrôle, les prêteurs commencent à s’intéresser aussi au hors bilan et à réviser leur estimation du risque. Les contribuables français étant les plus taxés des pays développés, la France ne pourra augmenter sa pression sans déclencher une fuite des contribuables solvables. Ceci augmente le risque des prêteurs.

    3-  La Grèce avait certes menti et sa situation réelle était pire que celle qui était avouée. Mais c’est aussi le cas de notre pays qui multiplie les structures cache-dette (CADES, notamment) et dont le hors-bilan représente presque le double de la dette officielle .

    4-  La dette japonaise est presqu’intégralement entre les mains des Japonais. Le Japon est un pays vieillissant. Les Japonais ont décidé de mourir entre eux sur leur île en déflation et cela ne regarde qu’eux… Ce n’est pas le modèle français. Notre dette est entre des mains étrangères. La redistribution représente le gros des dépenses publiques. Elle sert à acheter la paix sociale pour compenser une immigration mal digérée.

    5-  Parmi les pays à finances publiques délabrées, il y a ceux dont la balance commerciale est aussi déficitaire depuis des années (ces pays importent plus de choses qu’ils n’en exportent). La France en fait partie. Nous devons de l’argent à des gens qui ne nous doivent rien en retour et nous sommes incapables de leur proposer en quantité suffisante des produits et services qu’ils souhaiteraient acheter.

    Lorsque tout le monde pense la même chose, personne ne pense

    Lorsque la pensée unique tient lieu de consensus, alors personne ne pense plus. La pensée unique est en réalité l’absence de pensée faute de débat. La dette est de l’impôt en devenir qui n’a donné lieu à aucune délibération publique, à aucun vote, si ce n’est année après année des lois de finance très techniques entérinant des déficits.

    La dette est préoccupante . Avec un peu de recul, les agissements des banques centrales pour la rendre indolore conduisent à de graves anomalies :

    1-  Les taux négatifs sont une monstruosité signalant que le système monétaire est très malade. Le temps est la limite de tout mortel. Un taux d’intérêt valorise le temps durant lequel un prêteur se prive de son argent. Personne, y compris une organisation humaine, ne peut nier la valeur du temps.

    2-  Dans tous les pays développés où la retraite par capitalisation prévaut, les taux nuls ou négatifs mettent à terme en danger le niveau de vie des retraités et futurs retraités. Les pays locomotives de l’Eurozone, qui n’ont pas de problème de gestion de finances publiques, voudront sortir de ce piège. On pourrait assister à un réflexe de fuite devant la monnaie des fonds de pension. La Banque centrale européenne qui en détient déjà 30 % deviendrait seule acheteuse des obligations souveraines émises par les pays nécessiteux. L’euro imploserait alors de lui-même.

    3-  Les durées d’emprunt dépassent deux générations (on lève de la dette à 50 ans, 75 ans, 100 ans). Or les démocraties ne sont pas éternelles et jamais une génération n’a accepté de payer les dettes de la génération précédente. Toutes les réparations de guerre trop importantes ont débouché sur une nouvelle guerre. Les successions ne s’acceptent que sous bénéfice d’inventaire et si le passif dépasse l’actif, les héritiers déclinent.

    4-  Enfin, on n’a jamais vu dans l’histoire de l’humanité un système monétaire crédit-dette sans limitation de la dette. Dès Sumer et l’empire babylonien, les Anciens avaient compris qu’un défaut de limite à l’endettement entraînait de graves crises sociales, des émeutes et des renversements de régimes.

    Le FMI s’inquiète pour la dette de la France

    Le mardi 19 janvier, le jour où la France plaçait de la dette à 50 ans, l’agence Reuters relayait cette dépêche :

    PARIS ( Reuters ) – « La France doit travailler dès maintenant à un plan qui lui permettra d’assainir ses finances publiques dès que l’économie aura surmonté la crise due au coronavirus, a déclaré mardi le Fonds monétaire international (FMI). […] La dette en France est élevée et nous pensons que le moment est venu d’élaborer et d’approuver un plan d’assainissement budgétaire crédible à moyen terme » , a déclaré le chef de la mission du FMI en France, Jeffrey Franks, lors d’une conférence téléphonique.

    Le « nous » de la dépêche est inquiétant, comme si le FMI était déjà partie prenante dans l’élaboration du plan. Le FMI aurait-il l’ambition d’apprendre à nos politiciens de compter avant de dépenser plutôt que de dépenser sans compter ?

    Toujours selon Reuters , Bruno Le Maire a indiqué lorgner du côté des retraites « au nom de l’assainissement des comptes publics et de la justice sociale ». Mais rien du côté des dépenses publiques !

    Les mythes ont toujours succombé aux faits

    Nous vivons en France bercé par des mythes et des croyances absurdes, notamment en ce qui concerne le pouvoir de l’État qui serait stratège, visionnaire, protecteur. Des gens incapables de gérer des masques, du gel, des lits d’hôpitaux et des vaccins seraient capables de soigner gratuitement, de gérer le climat, d’éradiquer la pauvreté et bien d’autres miracles encore.

    En réalité, l’État prend et donne. Il donne toujours moins que ce qu’il prend puisqu’il faut qu’il se serve au passage pour payer la bureaucratie . L’État ne doit donc prendre qu’à bon escient, parcimonieusement et ne donner que ce qui est utile et profite à tout le monde et non pas à tel ou tel groupe d’intérêt.

    La dette publique est seulement un moyen de maintenir le mythe de l’État protecteur et nourricier. Mais lorsque la facture sera présentée, il faudra se rendre à l’évidence : nous aurons été rackettés. Nous aurons payé pour des protections illusoires. Depuis bien longtemps L’État ne nous protège plus et il nous conduit à la ruine.

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      Macron est responsable de ses erreurs de gestion de crise

      Sébastien Leblet · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 03:30 · 4 minutes

    Macron

    Par Sébastien Leblet.

    Alors que le FMI vient manifestement de siffler pour la France la fin de la récréation et des chèques Covid sans provisions, les Français peuvent légitimement se demander comment leur pays se trouve désormais proche de la faillite, comme la Grèce en 2008 , alors qu’ en même temps , la France est l’un des pays qui connait le plus grand nombre de morts de la covid-19 par million d’habitants.

    D’ailleurs, dans une démocratie quasi-monarchique où tous les pouvoirs sont concentrés en une seule main, qui est responsable si ce n’est son président ?

    Mais non, Emmanuel Macron ne l’entend pas comme ça ! Dans son discours de présentation d’un plan d’investissement national de 1,8 milliard d’euros dans les technologies quantiques, par une incroyable inversion des rôles, il n’a pu s’empêcher de se plaindre une nouvelle fois des Français qui ne seraient pas assez bien pour lui, et non l’inverse.

    Il commence par « Nous sommes devenus une nation de 66 millions de procureurs » , oubliant que c’est à la seule faveur de son irresponsabilité pénale qu’il n’est pas actuellement poursuivi, par exemple pour la gestion de la crise sanitaire, à l’instar des ministres et anciens ministres perquisitionnés .

    Ensuite, il fustige la « traque incessante de l’erreur » de la part des Français qui sont simplement confrontés chaque jour à la stupidité ou à l’incohérence des mesures du gouvernement qu’il a choisi pour la France, Édouard Philippe puis Jean Castex ensuite : les fameux masques qui ne servent à rien, puis trop compliqués à mettre et commandés tardivement ; les fameux tests de dépistage longtemps introuvables ; ces confinements à répétition alors que l’OMS annonce qu’ils ne sont pas la bonne solution ; ces stations de ski ouvertes mais pas les remontées mécaniques , ces supermarchés bondés tandis que les petits commerces fermés n’accueillaient plus que quelques personnes en même temps ; ces restaurants fermés alors que les cantines d’école, les restaurants d’entreprise ou le restaurant de l’Assemblée nationale sont ouverts ; ces vaccins dont on parle sans cesse depuis le début de l’épidémie mais qui arrivent au compte-gouttes, etc.

    Si la gestion de l’épidémie de Covid 19 par Emmanuel Macron et ses gouvernements n’est qu’une suite d’erreurs, les Français ont-ils tort de le remarquer ?

    « C’est pas comme ça que l’on fait face aux crises et que l’on avance » dit ensuite le chef courageux à ses troupes qu’il a lui-même mises dans le pétrin.

    « Celui qui ne fait pas d’erreur, c’est celui qui ne cherche pas ou qui ne fait rien » ajoute encore ce président qui n’a justement rien fait – ou fait faire – et c’est bien cela que les Français lui reprochent : pas de commandes de masques ; pas de fabrication de masques ; pas de tests aux frontières, pas de tests massifs ; pas d’études sérieuses sur l’hydrochloroquine ou sur l’ivermectine ; pas d’ouverture de lits d’hôpitaux ; pas d’approvisionnement en vaccins…

    « Nous avons besoin d’avoir des femmes et des hommes qui cherchent, qui ont la capacité à inventer ce qui n’est pas encore perceptible et à se tromper » ajoute enfin celui qui, s’il est d’ores et déjà entouré de celles et ceux qui se trompent, n’a par contre rien inventé.

    En quoi a-t-il été innovant dans sa gestion de la crise sanitaire ? Les Français n’ont vu qu’un ancien inspecteur général des finances empêtré avec son administration dans de nouvelles lignes Maginot inopérantes pour contrer la propagation d’un virus. De quel toupet fait-il preuve pour tenter d’endosser à nouveau le costume trop grand de l’entrepreneur de la start-up Nation, lui qui n’a jamais créé de sa vie une entreprise qui fonctionne, une recette de cuisine qui plait, une équation de Schrödinger qui permette d’expliquer des phénomènes physiques jugés antinomiques ?

    Et il conclut que « l’un des problèmes de la France, c’est la défiance. »

    Alors, déni ou mépris ? Comment celui qui n’a cessé d’échouer et qui est toujours incapable de le reconnaitre voudrait-il qu’on lui fasse encore confiance ? Par quelle magie ? Il faudrait croire en son intelligence supérieure même quand la réalité la dénie ?

    La confiance ne se décrète pas, elle se mérite. Emmanuel Macron n’a aucune excuse car, enfin, il dispose de tous les pouvoirs : ceux que lui donne la Constitution et ceux qu’il s’octroie allègrement à la faveur de la crise sanitaire. Pouvons-nous imaginer le dictateur Kim Jong-un reprocher aux Nord-Coréens la pauvreté de leur pays ?

    Alors, quand il nous fait la morale après avoir géré de manière calamiteuse la crise sanitaire, Emmanuel Macron est-il simplement suffisant ou bien se moque-t-il ouvertement de nous ?

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      66 millions de procureurs ? Non, une demande de démocratie insatisfaite

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 22 January, 2021 - 10:09 · 6 minutes

    procureurs

    Par Frédéric Mas.

    Ce jeudi 21 janvier, Emmanuel Macron en déplacement à Saclay a fait état de son exaspération devant les critiques permanentes adressées à l’action publique concernant la gestion de la crise sanitaire . Réclamant un peu d’indulgence face aux tâtonnements d’un gouvernement confronté à une situation sans précédent, il a déploré que la France soit devenue une nation de « procureurs ».

    Plutôt que de traquer de manière incessante l’erreur, la France, selon les mots du président, aurait besoin d’hommes et de femmes qui apprennent de leurs erreurs.

    Célébrer la méthode rationnelle devant un parterre de scientifiques réunis à l’occasion du lancement d’un plan quantique à 1, 8 milliard d’euros paraissait acceptable sur le plan de la stratégie rhétorique.

    Seulement, Emmanuel Macron aurait dû penser, avant de s’exprimer, qu’il n’était pas seulement comptable devant ses pairs et ses experts, mais aussi devant les électeurs et les citoyens qui l’ont mandaté. Malheureusement pour lui, la critique des gouvernés aux gouvernants est non seulement légitime, mais nécessaire au bon fonctionnement du gouvernement démocratique.

    Les gouvernés en démocratie sont constamment sous surveillance

    Que le citoyen demande des comptes aux gouvernants en démocratie est normal. Il existe comme un paradoxe dans le fonctionnement de la démocratie moderne : il y a égalité politique entre gouvernants et gouvernés, ce qui suppose le contrôle des seconds sur les premiers, et la possibilité pour les premiers d’être remplacés par les seconds 1 .

    Seulement pour que la démocratie fonctionne de manière raisonnable, ses élites politiques sont élues, et doublées d’un personnel de bureaucrates dédiés au « service public » : la sélection des plus compétents, que ça soit par la compétition électorale ou le concours, est un principe aristocratique de sélection plus que de cooptation entre citoyens égaux, qui lui suppose le tirage au sort 2 .

    De ce fait, les « plus compétents » sont jugés par l’ensemble d’un corps politique majoritairement pas constitué de « non compétents ». Ces « plus compétents » tendent toutefois à oublier une fois aux manettes qu’il n’y a pas de citoyenneté passive, et que la surveillance de l’action publique tout comme la dénonciation des travers politiques des gouvernants fait partie du travail de citoyen tant qu’il est gouverné.

    Les « plus compétents » ne font pas face à de purs administrés formatés à obéir, mais à des individus compétents pour juger d’une politique qu’ils doivent adouber en termes acceptables.

    Juger des erreurs politiques des gouvernants

    Juger les gouvernants est donc normal. Ce qui n’est pas normal par contre, et qui provoque la défiance, c’est le décalage entre le discours public, qui crée certaines attentes, et les résultats sur le terrain.

    Depuis l’annonce de la création des vaccins contre la covid-19 , les pouvoirs publics n’ont eu de cesse d’en faire en parole une priorité nationale. Olivier Véran a même conditionné ce jeudi le retour à l’état de droit à la vaccination des personnes les plus vulnérables, ce qui devrait nous maintenir en état d’exception encore un bon moment.

    En plus de se faire changeante semaine après semaine, la communication au sommet de l’État s’est appuyée sur la peur pour asseoir son autoritarisme bureaucratique et ses restrictions aux libertés publiques.

    Suscitant la panique à la base, elle a créé une attente extrêmement forte des gouvernés en termes de campagne vaccinale. Sa réalisation s’est révélée à la fois catastrophique et humiliante comparée aux performances de nos voisins allemands et britanniques.

    Il fallait s’y attendre.

    Ajoutons que le décalage entre le coût enduré par les citoyens pour surmonter la crise et les résultats promis par l’équipe dirigeante n’est pas anecdotique, c’est une faute politique majeure.

    Que le citoyen, même le plus ordinaire, le relève, n’est pas une preuve de défiance mais plutôt de bon sens. Aujourd’hui, selon un sondage BVA-Orange-RTL , deux tiers des Français jugent mauiaise la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement ; 31 % la jugent même très mauvaise ; 70% considèrent par ailleurs que le gouvernement explique mal les choses.

    La faute des gouvernants

    Si les citoyens français se font critiques de Macron, c’est aussi que les gouvernants ont systématisé les stratégies d’évitement concernant leur responsabilité démocratique. Et que ça commence à se voir. Plutôt que de reconnaître ses erreurs, et particulièrement cette erreur d’appréciation, le gouvernement s’est employé à délégitimer toutes les critiques qui lui ont été adressées jusqu’à présent, entretenant par la défiance qu’il prétend voir dans les comportements des gouvernés.

    Face à la crise des Gilets jaunes , le gouvernement, après avoir tenté de réduire le mouvement à des émeutiers d’extrême droite, a finalement créé une consultation dont les résultats se sont perdus dans la nature.

    Plutôt que de s’appuyer sur les organes élus et les administrations déjà en place, le gouvernement Macron a préféré créer des entités pseudo-démocratiques pour légiférer en matière climatique et énergétique, s’est attaché à appliquer les mesures autoritaires d’un « conseil scientifique » non élu et à tenter de bâillonner l’opinion publique via la loi Avia (qu’il est en train de défendre au niveau européen, malgré son inconstitutionnalité).

    Plutôt que de faire vivre les lieux de critiques légitimes de l’action de l’exécutif, à savoir les contre-pouvoirs, le gouvernement a fait le choix de suspendre l’État de droit, et de prolonger l’état d’urgence sanitaire pour avoir les coudées franches afin d’appliquer ses solutions qui malgré tout, ne marchent pas.

    Pourtant, les « 66 millions de procureurs » dont se plaint le président de la République sont étonnamment dociles. Ils se plaignent mais endurent toutes les restrictions liberticides défendues par le gouvernement, toutes les stupidités de sa bureaucratie autoritaire, toutes les erreurs d’appréciation tragique de son État stratège à la fois myope et incompétent.

    L’État est en train d’achever le secteur indépendant, de socialiser l’ensemble de l’économie et de placer l’ensemble de sa société sous la tutelle politico-administrative d’experts qui ont démontré leur nullité. Et Emmanuel Macron se plaint que les Français soient un peu défiants ?

    1. La vertu du citoyen, on le sait depuis la Politique d’Aristote, se forme à partir de l’alternance entre commandement et obéissance.
    2. Bernard Manin, Les principes du gouvernement représentatif , Calmann Levy, 1995.
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      Véran estime les députés incapables de comprendre le Conseil scientifique

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 22 January, 2021 - 04:45 · 3 minutes

    confinement véran

    Par Frédéric Mas.

    Les discussions du conseil scientifique sont-elles trop techniques pour être évaluées par les parlementaires ? C’est ce que semble penser Olivier Véran , et avec lui le gouvernement Macron.

    Lors de la discussion qui s’est tenue à l’Assemblée nationale dans le cadre de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire, Olivier Véran a estimé publiquement qu’il n’était pas du rôle des parlementaires d’évaluer les prises de décision du conseil scientifique, dont les décisions « trop techniques » échapperaient à l’entendement ordinaire de nos élus.

    Le député Julien Aubert (LR) s’en est ému et a fait plusieurs observations qui méritent d’être citées. Le travail ordinaire des parlementaires est toujours assez technique, puisqu’ils participent à des commissions en charge de sujets aussi compliqués que l’éolien ou la politique énergétique du pays.

    Sur les sujets touchant à la santé publique, il existe parmi les députés des médecins qui ne sont pas totalement étrangers aux questions sanitaires, et qui pourraient très bien servir de référents pour les élus. Enfin, le conseil scientifique est une création politique ad hoc d’Emmanuel Macron, ses décisions sont totalement opaques, il n’a de compte à rendre qu’à l’exécutif et ses décisions ont un impact direct sur les libertés publiques qui nous ont été confisquées depuis mars dernier.

    Julien Aubert ajoute à juste titre que son président s’exprime sur les plateaux de télévision sans que l’on sache exactement si c’est en son nom ou en celui de président du conseil.

    Les députés sont-ils débiles ?

    On se souvient qu’Emmanuel Macron s’est fait élire en promettant de remettre à plat l’hyperprofessionnalisation de la vie politique française. En Marche ! – qui deviendra rapidement La République en Marche – choisit ses candidatures pour les élections législatives de 2017 par inscription sur internet en fonction du CV. Une grosse majorité de ses candidats est issue de la société civile, et n’a pas d’expérience politique en dehors de celle toute nouvelle de LREM.

    Depuis, les années ont passé et les crises successives, des Gilets jaunes aux retraites en passant par la pandémie, ont changé le visage du macronisme : la société civile célébrée contre le vieux personnel politique est désormais sous tutelle des experts de la bureaucratie sanitaire.

    En tout cas les députés sont considérés moins compétents que les citoyens tirés au sort pour évaluer la politique nationale sur le climat ou la couverture vaccinale.

    L’exécutif ne juge pas bon de rendre publiques les délibérations du conseil scientifique, mais s’attache à créer des comités de citoyens tirés au sort pour orienter des politiques publiques tout aussi complexes. Là encore, les procédures de désignation des citoyens randomisés laissent aussi à désirer, mais tout le monde au sein du monde médiatico-politique semble se satisfaire de cette démocratie Potemkine.

    D’un côté, l’exécutif ignore la représentation élue, ce qui est inquiétant en démocratie, et de l’autre, il crée des comités sur mesure, d’apparence démocratique, pour légitimer ses entreprises sans concertation aucune. Le macronisme, sous régime d’exception, est donc un régime d’experts cooptés soustrait au contrôle des assemblées. Et ce n’est pas près de finir : l’état d’urgence sanitaire a été reconduit mercredi dernier dans l’indifférence générale.

    La démocratie libérale est pourtant aussi un exercice d’humilité : elle exige que ses experts se soumettent au scrutin des élus qui matérialisent le consentement aux institutions. Rappeler une telle évidence n’est pas superflu par temps d’état d’exception sanitaire.

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      Bilan INSEE de la mortalité en France en 2020

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 20 January, 2021 - 03:40 · 7 minutes

    Par Nathalie MP Meyer.

    Ce n’est pas une statistique qui captivait les foules ou moi-même ces dernières années, mais avec la pandémie de Covid-19 et ses déclinaisons médiatiques obsédantes en nombre de contaminations, hospitalisations, réanimations et morts, l’étude du nombre de décès en France en 2020 comparativement aux années précédentes est pratiquement devenue aujourd’hui un incontournable de l’analyse politique au même titre que le suivi des comptes publics ou du chômage pour rendre compte de la situation socio-économique du pays.

    Cela me semble d’autant plus justifié que les confinements et autres couvre-feux, synonymes de mise à l’arrêt plus ou moins totale des activités économiques, sportives et culturelles, qui ne sont pas sans produire leur lot de pauvreté, chômage et déclassement social et/ou psychique dans la population, ainsi que la dangereuse fuite en avant dans le « quoi qu’il en coûte » qui les accompagne, ont été décidés par le fait que la maladie est non seulement contagieuse, mais, dans bien des cas, mortelle.

    D’où l’importance d’avoir une image exacte de cette surmortalité dont on cherche à se protéger. Or c’est précisément ce que l’INSEE vient de nous fournir dans son rapport ( ici et ici ) sur les décès en France en 2020 publié vendredi 15 janvier dernier.

    Avant d’entrer plus avant dans la lecture dudit rapport, quelques remarques :

    · Il s’agit d’un bilan provisoire qui sera légèrement revu à la hausse car les décès de fin d’année n’ont pas encore été tous transmis par les mairies à l’Institut de la statistique.
    · Gardons également à l’esprit qu’avec l’accroissement et le vieillissement de la population, il est naturel que le nombre de décès augmente tendanciellement chaque année (+0,6 % entre 2019 et 2018 par exemple).
    · Notons enfin que l’INSEE recense les décès toutes causes confondues. Ce sont les écarts entre les années qui permettent d’évaluer l’impact de telle ou telle cause sur la mortalité finale.

    Le graphique ci-dessous récapitule le nombre de décès quotidiens en France en 2003 (jaune) puis de 2015 (marron) à 2020 (rouge) et en moyenne sur 2015-2019 (noir). L’INSEE a indiqué en outre les causes des principaux pics observés, à savoir les épidémies de grippe saisonnière et les canicules. On remarque nettement l’impact bref mais foudroyant de la canicule de l’été 2003 et on note également un petit pic de cette nature en 2019 puis en 2020.

    L’Institut a également borné les périodes de confinement de l’année 2020 (printemps et automne) et on voit qu’elles coïncident avec des pics de surmortalité attribuables à la pandémie de Covid-19 significativement hauts en nombres quotidiens (par rapport aux décès de la même période des années précédentes) et larges en durée :

    Au total, le nombre de décès s’est monté à 667 400 en 2020, soit presque 54 000 de plus que l’année précédente, ce qui représente une croissance de 9 % par rapport à 2019 se répartissant entre 8 % pour les femmes et 10 % pour les hommes. Du jamais vu dans les périodes récentes :

    C’est cependant moins que les 66 000 décès attribués au Covid-19 en 2020 par Santé publique France, et ceci pour deux raisons principales :

    · La grippe saisonnière n’a pas eu d’incidence particulière sur la mortalité au début de l’année 2020, contrairement aux années précédentes. On observe des pics significatifs en février 2015, janvier 2017 et mars 2018. L’épidémie de grippe 2018-2019 qui culmine en février 2019 se situe en dessous des années précédentes et celle de 2020 encore en dessous de la mortalité de 2019. De ce fait, on compte 7500 décès en moins en janvier et février 2020 par rapport à la même période de 2019.

    · Les confinements semblent avoir eu un effet « protecteur » sur les jeunes de moins de 25 ans. Leur mortalité est inférieure de 6 % en 2020 par rapport à 2019, notamment du fait d’un moindre nombre d’accidents de la circulation à partir de mars 2020.

    À propos de l’évolution des décès selon la tranche d’âge, justement, l’INSEE considère qu’en 2020, la surmortalité des moins de 65 ans est négligeable : en plus de la sous-mortalité des moins de 25 ans (-6 % comme on vient de le voir), il convient de noter que la tranche des 25-49 ans a enregistré un recul de mortalité de 1 % par rapport à l’année précédente et celle des 50-64 ans une petite augmentation de 2 %.

    En revanche, la surmortalité des 65 ans et plus a atteint 10 % sur l’année pour toutes les classes d’âges concernées (65-74 ans, 75-84 ans et 85 ans et plus) mais a augmenté avec l’âge pendant les vagues de Covid :

    « Au cours des deux vagues de Covid-19 du printemps et de l’automne, l’excédent de mortalité des personnes de 65 ans et plus a été d’autant plus important que les personnes étaient plus âgées. Ce n’est pas le cas sur l’ensemble de l’année 2020 (10 % pour les 65-74 ans comme pour les 75-84 ans et les 85 ans et plus). »

    Sur le plan de la répartition géographique, la façade Est de la France a été la plus touchée par l’excédent de mortalité, notamment les régions Île-de-France (+ 18 %), Auvergne-Rhône-Alpes (+ 14 %) et Grand-Est (+ 13 %). Dans ces trois régions, six départements ont dépassé les 20 % de surmortalité en 2020. On peut leur rajouter Mayotte qui culmine à +24 % :

    Muni de tous ces éléments factuels détaillés dans les publications de l’INSEE, chacun peut tenter de se forger son idée sur la gravité de la pandémie et sur la nécessité de prolonger, accentuer ou au contraire alléger voire lever les mesures de restriction de déplacement et d’activité en vigueur actuellement.

    Je pense pour ma part que le Covid-19 n’a rien d’une « petite grippette » comme on l’entend dire assez souvent. Ce qui est déplorable dans la façon dont le gouvernement a pris en main cette pandémie, ce n’est pas tant qu’il ait voulu prendre des mesures de limitation de la circulation du virus – tous les pays l’ont fait d’une façon ou d’une autre et on lui aurait évidemment reproché de ne pas le faire – que le mélange asphyxiant de mensonges, approximations, incompétences, insuffisances hospitalières criantes et autoritarisme qu’il a pulvérisé et continue de pulvériser sur les citoyens jusqu’à l’absurde .

    Mais attendu que l’on commence à bien prendre la mesure des destructions massives liées aux confinements, attendu que le risque de mortalité est concentré sur les personnes les plus âgées, attendu que les vaccins arrivent et sont déployés en priorité chez ces personnes et attendu que leur montée en puissance permettra aussi de prendre de court les virus variants – il me semble qu’il ne serait pas farfelu d’envisager prochainement non pas un troisième confinement mais un allégement progressif des contraintes, une reprise des activités mises à l’arrêt et la fin de l’état d’urgence sanitaire.

    Sauf que nous sommes en France : après avoir instauré un couvre-feu avancé à 18 heures dans toute le pays sans savoir le moins du monde si cette mesure mise en place dix jours auparavant dans une vingtaine de départements était bénéfique ou non, le gouvernement semble décidé à prolonger la fermeture des stations de ski pendant les vacances de février et l’on constate sans surprise qu’il a bien du mal à faire décoller la campagne de vaccination.

    Mais là, on ne parle plus vraiment de la pandémie de Covid-19. On parle de la France et du poids toujours croissant de son État pourtant célèbre pour ses ratés retentissants, ce qui ne l’empêche pas de considérer que la responsabilité individuelle des personnes est quantité négligeable voire dommageable – à la grande satisfaction de la vaste majorité des dirigeants et des citoyens, il faut bien le dire.

    Les désordres de l’État, le « quoi qu’il en coûte » et la culture opportune du principe de précaution vont nous tuer plus sûrement que le virus. Ça promet.

    Sur le web

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      Santé.fr ou le nouveau raté de l’État providence français

      Jean-Philippe Feldman · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 19 January, 2021 - 04:00 · 3 minutes

    Santé.fr

    Par Jean-Philippe Feldman.

    Alors que le tourisme français est en berne, notre État providence préféré a eu la bonne idée de promouvoir cette charmante ville d’Auxerre pour s’y faire vacciner.

    La mésaventure est arrivée en fin de semaine dernière à l’un de mes proches, une personne âgée (on ne dit plus « vieux » selon le politiquement correct) de plus de 75 ans. Seul hic, cette personne est parisienne et après de nombreuses tentatives infructueuses pour s’y connecter le site déjà proverbial Sante.fr l’a envoyée se faire vacciner à 169 kilomètres de Paris, soit à peu près plus de deux heures de la capitale par la route ou par le train.

    Le désastre de Sante.fr

    Ce cas n’est manifestement pas isolé puisque le journal télévisé de samedi soir sur une chaîne nationale, dont l’antimacronisme n’est pourtant pas la caractéristique la plus notable, contait la même mésaventure arrivée à moult personnes.

    Rappelons que le site Sante.fr a pour objet de trouver le centre de vaccination le plus proche de chez soi et de prendre rendez-vous en ligne. Paris doit être une modeste ville pour ne disposer d’aucun centre de vaccination… À moins que le vaccin bourguignon soit plus efficace arrosé de chablis ? Je vois déjà les heureux élus trinquer à votre bonne santé.fr !

    L’anecdote incite à l’humour, mais elle est aussi révélatrice de gouvernements qui ne maîtrisent rien depuis l’origine de la pandémie . Initialement, on pouvait encore trouver l’excuse ou l’explication de la sidération ou du fait que la sphère publique n’avait comme de bien entendu rien anticipé.

    Mais, depuis lors, tant la centralisation extrême que la bureaucratie galopante ont provoqué ratage sur ratage. Après les masques, les appareils de réanimation, les super-réfrigérateurs, voici l’épisode des prises de rendez-vous pour se faire vacciner… ce qui suppose qu’il y ait des vaccins et rien n’est moins sûr !

    Le boulet de l’État providence

    On aurait envie de faire preuve d’indulgence car si la critique est aisée, l’art est difficile. Mais ce n’est pas une question de personne pour l’essentiel. Ce sont les caractéristiques mêmes de l’« exception française » qui expliquent les atermoiements et en définitif les échecs des gouvernants.

    Avec un système aussi centralisé et bureaucratique qu’est l’État français, de deux choses l’une. Soit les décisions centrales sont en elles-mêmes « bonnes » à l’origine, peut-être par hasard, mais leur exécution pâtit de ce centralisme exacerbé. Soit les décisions centrales sont mauvaises car elles ne prennent pas en compte la « complexité » du monde contemporain.

    Dans les deux cas, la bureaucratie, le fonctionnarisme, les lourds prélèvements obligatoires, l’écrasement de la société civile font de l’État providence français non pas un modèle, mais un repoussoir.

    Si la pandémie a une vertu, c’est au moins que les discours sur le « système social que le monde entier nous envie » ont presque disparu. Il reste malheureusement celui selon lequel « il faut lui donner des fonds supplémentaires car il a été victime de la rigueur budgétaire ». Faut-il rappeler que le socialisme ne se réforme pas, il se supprime ?

    Jean-Philippe Feldman vient de publier Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron , Odile Jacob, 2020.

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      Économie française : la grande glaciation

      Pierre Robert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 18 January, 2021 - 04:30 · 9 minutes

    Par Pierre Robert.

    Il n’y a pas que les doses de vaccin que l’on stocke dans des congélateurs. On y a aussi mis notre économie qui s’y engourdit dangereusement et, en France plus qu’ailleurs, risque d’avoir bien du mal à en sortir.

    Le 14 janvier 2021, les annonces de Jean Castex ont encore fait descendre la température de quelques degrés.

    Il n’y a pas que les personnes en surpoids qui sont affectées par la Covid. Elle frappe aussi nos administrations obèses en révélant une fois de plus leur prodigieuse inefficience. La crise a agi comme un scanner montrant que des pans entiers de l’action publique sont défaillants, minés par un excès de bureaucratie, « ce mécanisme par lequel une personne est confortablement coupée des conséquences de ces actes » selon la définition de Nassim Nicholas Taieb ( Jouer sa peau , éd. Les Belles Lettres, 2017).

    Ce qui est désormais en jeu, c’est la survie même de notre économie qu’un empilement de décisions administratives prises sur la base d’une erreur initiale d’appréciation a plongé dans un état de plus en plus préoccupant.

    Un étrange mimétisme

    À la fin de l’hiver dernier, une époque qui parait déjà si lointaine, le surgissement de l’épidémie a fait entrer le monde dans une période de radicale incertitude. L’avenir proche est devenu subitement illisible pour ceux qui doivent prendre des décisions. La théorie économique montre que dans ce cas le plus sûr est d’observer ce que font les autres et de les copier.

    Conformément à ce schéma la plupart des gouvernements ont adopté une stratégie de confinement, poussés par les conclusions alarmistes d’une étude menée au sein de l’Imperial College de Londres par l’équipe du professeur Neil Ferguson estimant que le virus pourrait infecter 80 % de la population et tuer entre 2 et 3 % des personnes contaminées

    À cela s’ajoute le fait qu’en France plus encore qu’ailleurs sévit le principe de précaution dont les retombées judiciaires poussent les décideurs à privilégier le scénario le plus pessimiste. C’est ce que s’est empressé de faire le Conseil scientifique mis en place par notre gouvernement pour éclairer ses décisions. Il craignait que le virus ne provoque une hécatombe hexagonale faisant en quelques mois de 300 000 à 500 000 morts.

    Une stratégie mortifère

    Toute la stratégie adoptée découle de cette analyse initiale. Elle n’est dictée que par un seul objectif, éviter l’engorgement de notre fragile système de soins, elle ne se réfère en dernier ressort qu’à un seul indicateur, le nombre de décès directement dus au virus.

    Tout a donc été subordonné aux impératifs sanitaires sans prendre en compte les dommages collatéraux engendrés. Or ceux-ci sont énormes, en France plus qu’ailleurs pour des raisons spécifiques à notre pays et tenant à l’inefficience de ses administrations et à la spécialisation de son économie dans des secteurs très vulnérables à la propagation du virus (tourisme, automobile, aéronautique).

    Ce qui rend la situation plus tragique encore est qu’on a réagi à l’excès sur la base de données erronées et qu’en dépit des dégâts provoqués par cette stratégie, la logique que suit le gouvernement le conduit à ne pas la remettre en question.

    Le maître du désastre

    C’est ainsi que certains de ses collègues épidémiologistes ont surnommé le professeur Neil Ferguson.

    En 2002, son modèle annonçait qu’au Royaume- Uni 150 000 personnes pourraient mourir de la maladie de la vache folle ; il y en a eu 177.

    En 2005, il prévoyait que la grippe aviaire pourrait faire jusqu’à 150 millions de morts dans le monde ; il y en a eu 282.

    Selon les spécialistes le modèle dont sont issues ses prévisions de 2020 est basé sur un code non divulgué de sorte que d’autres scientifiques n’ont pu à l’époque en vérifier les résultats.

    Pour la Suède il envisageait qu’en juin 2020 100 000 personnes seraient mortes du SARS-CoV-2 ; à ce jour on y a enregistré 9834 décès.

    Les limites manifestes de cette modélisation sont qu’elle se fonde sur des hypothèses exagérément alarmantes. Avant d’atteindre l’immunité collective qui limitera la transmission, ce sont entre 20 et 40 % de la population, et non 80 %, qui devraient être contaminés avec un taux moyen de mortalité par infection d’environ 0,25 %, dix fois inférieur à ce qui était annoncé.

    Dans une atmosphère de panique générale , cette étude n’en a pas moins eu un impact considérable sur les décisions prises. De fait, elle était en phase avec les angoisses et les peurs du moment et par effet de rétroaction les a puissamment catalysées. Au printemps dernier, c’est le scénario le plus pessimiste qui a paru le plus crédible et qui l’a emporté en provoquant d’énormes dommages collatéraux.

    Des dommages collatéraux très importants

    Par décisions administratives, nous ne pouvons plus depuis des mois aller ni au restaurant, ni au café, ni au cinéma, ni au théâtre, ni au concert, ni au musée, ni dans les salles de sports ; les voyages prévus ont dû être annulés, les mariages ont dû être reportés, les enterrements se font à la sauvette.

    Les fontaines à gel hydro alcoolique sont partout, les files d’attente s’allongent devant les magasins quand ils sont ouverts et nous ne croisons plus dans l’espace public que des personnes masquées. Dans cet environnement anxiogène on ne peut plus faire de projets, ce qui est un handicap majeur pour les chefs d’entreprise quand ils peuvent encore exercer leur activité.

    Outre le coût social très lourd qu’elle engendre la situation a un impact de plus en plus violent sur notre économie. Privée d’oxygène, elle fonctionne au ralenti avec des performances encore plus mauvaises en France qu’ailleurs.

    En 2020 le PIB est en recul de 4,2 % dans le monde, de 7,5 % dans la zone euro mais de plus de 9% en France selon l’OCDE. En 2021 des emplois y seront détruits en grand nombre, l’avenir des secteurs les plus touchés par les mesures de confinement et de couvre-feu paraitra de plus en plus incertain et les nuages s’accumuleront sur les étudiants en formation dont l’employabilité ne peut que se dégrader s’ils restent trop longtemps éloignés du marché du travail.

    En revanche, la victoire de l’économie de plateforme (celle que régissent Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft ou encore Zoom et autres Netflix,) est écrasante alors que les acteurs européens et singulièrement français en sont dramatiquement absents. De cette économie digitale dont les maîtres deviennent plus influents que les États nous ne détenons pas les clés.

    Nous devrons donc en subir la domination, faute d’avoir investi à temps dans les secteurs d’avenir. Reste seulement à espérer ne pas rater la prochaine révolution technologique, celle qui avec la 5G et les objets connectés devrait s’ordonner autour de la santé, de l’éducation, de la culture et de l’environnement. Mais pour y parvenir notre pays cumule des handicaps aggravés par la crise sanitaire.

    Quand on en verra la fin, son économie en sortira écrasée par la dette publique , une dette qui depuis 40 ans finance non des investissements porteurs d’avenir mais les dépenses courantes. En 2020 elle a servi à compenser les pertes de revenus des agents empêchés d’exercer par décision administrative. Elle a donc financé la chute du niveau de vie et l’appauvrissement du pays. Une fois l’épidémie jugulée, pour le malade le risque est désormais de mourir guéri.

    Réévaluer le dispositif

    Ce qui se passe depuis le printemps dernier est entièrement subordonné à des mécanismes politiques. La viabilité des firmes est directement conditionnée par des mesures administratives les autorisant ou non à fonctionner normalement. Leur multiplication a plongé notre économie dans une sorte de coma.

    Il est urgent de rectifier le tir en faisant quelque chose que nos administrations détestent faire par-dessus tout : évaluer l’efficacité des dispositifs qu’elles ont imposés à tous. Le bon sens voudrait pourtant que soit dressé le plus vite possible un bilan de leurs coûts et de leurs avantages. D’ores et déjà on peut en prédire la seule conclusion raisonnable : les dégâts de toute nature provoqués par cette stratégie de verrouillage sont infiniment supérieurs à ses avantages.

    Il ne s’agit pas pour autant de ne rien faire mais de cibler les mesures de protection, qui par définition ont un aspect coercitif, sur les 10 à 12 millions de personnes vulnérables face au virus en raison de leur âge, de leur poids ou de certaines pathologies. Cela permettrait de délivrer les 55 millions d’autres du carcan qui les étouffe sans pour autant les exposer à un risque significatif.

    Quant à la couverture vaccinale , il faut l’établir de la manière la plus large et la plus rapide que possible, ce que la France a les moyens de faire si on parvient à neutraliser les excès de sa bureaucratie.

    Remonter la pente ?

    Selon Robert Boyer se référant aux enseignements de l’histoire il faut beaucoup de temps pour effacer les traces d’une grande pandémie ( Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie , Ed. La Découverte, 2020). Mais ce délai varie selon les pays en fonction du degré plus ou moins élevé de réactivité de leur appareil industriel. À cet égard on retrouve le vieux clivage entre le nord et le sud de l’Europe. En passant du sixième au 26ème rang pour ce qui est du revenu par habitant, notre pays a depuis 40 ans dangereusement tendance à basculer du mauvais côté.

    La crise sanitaire peut être l’occasion de corriger le tir en rectifiant ce qui ne fonctionne pas ou mal.

    Cela veut dire réduire les dépenses publiques qui financent des administrations qui ont fait une fois de plus la preuve de leur inefficience. La France consacre à ses dépenses publiques l’équivalent de 56 % de son PIB, douze points de plus que l’Allemagne dont la population est pourtant plutôt mieux administrée, mieux soignée et mieux éduquée. Rien ne justifie un tel écart .

    Cela veut dire aussi stimuler l’investissement productif privé par des mesures fiscales d’allègement et non en les subordonnant aux oukases d’une superposition de comités Théodule qui tels le canard sans tête n’ont ni boussole ni direction.

    Le mieux que puisse faire aujourd’hui l’État c’est de favoriser et d’accélérer le plus tôt possible le retour du marché. Le danger fatal serait qu’il prétende réparer lui-même ce qu’il a détruit. Ce sont au contraire les forces du marché qu’il faut réactiver après qu’elles ont été trop longtemps étouffées.

    Pierre Robert est l’auteur de Fâché comme un Français avec l’économie , ed. Larousse, 2019.

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      Certains vaccins Covid font appel au génie génétique ? Excellente nouvelle !

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 15 January, 2021 - 04:40 · 6 minutes

    vaccins

    Par Mark Lynas.
    Un article de Cornell Alliance for Science

    Nous avons tous subi les théories conspirationnistes sur la Covid-19 . Aujourd’hui une nouvelle vague de même nature est en train de se former à propos des vaccins et de se propager de manière aussi virulente que la pandémie qu’ils sont censés contrôler.

    Même si les instances de santé publique ont tendance à se montrer rassurantes sur certaines des appréhensions les plus raisonnables – oui, les vaccins ont été développés incroyablement rapidement et des effets secondaires à court terme peuvent se produire – ce billet se propose d’aborder le sujet sous un autre angle.

    Nous allons droit au cœur du problème. Donc non, les vaccins Covid-19 ne sont pas des vecteurs de distribution de puces gouvernementales. Ils ne sont pas contaminés par du matériel provenant de fœtus avortés. Et ils ne nous transformeront pas en OGM – bien que certains d’entre eux utilisent le génie génétique, et que tous utilisent la génétique de manière plus générale.

    Nous pensons que c’est vraiment super – quelque chose à célébrer , et dont il ne faut pas avoir honte. Nous tenons donc à dépeindre en profondeur la façon dont la génétique et les biotechnologies ont été au cœur de l’effort de recherche sur ces vaccins. Parce que nous savons que les conspirateurs ne se soucient pas des preuves, de toute façon.

    ARNm – vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna

    Premier point : l’ARNm. Il ne reprogrammera pas votre cerveau. Mais il reprogramme certaines de vos cellules, en quelque sorte. Et ce n’est pas un défaut, c’est intentionnel.

    Pour comprendre cela, vous devez savoir à quoi sert l’ARNm. En gros, c’est une molécule d’acide nucléique simple brin qui transporte une séquence génétique de l’ADN, du noyau de la cellule vers les usines à protéines – appelées ribosomes – qui se trouvent à l’extérieur du noyau dans le cytoplasme cellulaire.

    C’est ce que signifie le « m » d’ARNm : messager. L’ARN messager ne fait que transmettre les instructions pour l’assemblage des protéines de la matrice d’ADN aux ribosomes. (Les protéines font presque tout ce qui compte dans l’organisme.) C’est tout.

    C’est utile pour les vaccins car les scientifiques peuvent facilement reconstruire des séquences génétiques spécifiques qui codent pour des protéines distinctives du virus envahissant. Dans le cas du Covid, il s’agit de la protéine de pointe bien connue qui permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules humaines.

    Les vaccins à ARNm obligent quelques cellules proches du site d’injection à produire la protéine de pointe. Celle-ci prépare ainsi votre système immunitaire à fabriquer les anticorps et les lymphocytes T qui combattront la véritable infection par le coronavirus lorsqu’elle se produira.

    Ce n’est pas très différent de la façon dont les vaccins traditionnels fonctionnent. Mais au lieu d’injecter un virus vivant affaibli ou éteint, l’approche par ARNm entraîne directement votre système immunitaire avec une seule protéine.

    Contrairement aux affirmations des plus fous, il ne vous transformera pas, vous ni personne d’autre, en OGM. L’ARNm reste dans le cytoplasme, là où se trouvent les ribosomes. Il n’entre pas dans le noyau et ne peut pas interagir avec votre ADN ni provoquer de modifications du génome. Pas de « Frankencure » ici non plus.

    Une variante de l’approche ARNm consiste à reculer d’un pas dans le processus et à la place, de construire une plateforme de vaccin à partir d’ADN. Ce modèle d’ADN – construit par les scientifiques pour coder la protéine de pointe du coronavirus – est introduit dans les cellules où il est lu dans l’ARNm et… eh bien, le reste est identique.

    Vous vous demandez peut-être si cet ADN peut modifier génétiquement vos cellules. Encore une fois, la réponse est non. L’ADN est injecté en petits morceaux circulaires appelés « plasmides » – à ne pas confondre avec les plastiques – et si ceux-ci entrent bien dans le noyau, le nouvel ADN lui ne s’intègre pas dans votre génome cellulaire. Vous y êtes ?

    Adénovirus – le vaccin d’Oxford

    Celui-ci est vraiment génétiquement modifié. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?

    Le vaccin d’Oxford utilise ce que l’on appelle une approche par « vecteur viral ». L’équipe scientifique a pris un adénovirus – un type d’agent pathogène qui provoque un rhume commun – et l’a couplé à la même séquence génétique de protéine de pointe que celle du coronavirus.

    L’adénovirus sert simplement de véhicule pour faire entrer la séquence génétique dans vos cellules. Voilà pourquoi il est appelé « vecteur viral ». Après tout, les virus ont été conçus par des milliards d’années d’évolution, précisément pour trouver des moyens de se faufiler dans les cellules hôtes.

    Notez que le génie génétique est une partie essentielle du processus de développement. Tout d’abord, les virus vecteurs sont dépouillés de tous les gènes qui pourraient vous nuire et provoquer une maladie. Les gènes qui provoquent la réplication sont également supprimés, de sorte que le virus est inoffensif et ne peut pas se répliquer.

    Ensuite, les gènes de la protéine de pointe du coronavirus sont ajoutés – une utilisation classique de l’ADN recombinant. Donc oui, l’emploi du vaccin Oxford/AstraZeneca signifie bien qu’un virus génétiquement modifié est injecté dans votre corps.

    Et c’est une bonne chose. Dans le passé, par exemple avec le vaccin contre la poliomyélite, les virus vivants contenus dans le vaccin pouvaient parfois muter et redevenir pathogènes, provoquant une polio dérivée du vaccin. Vous pouvez voir qu’il est de loin préférable d’utiliser un virus génétiquement modifié qui ne peut pas causer de tels dommages !

    L’alarmisme OGM

    Comme nous l’avons déjà signalé à l’Alliance pour la Science, les mouvements anti-OGM et anti-vaccins se chevauchent considérablement. Ces groupes ont tendance à partager une idéologie qui se méfie de la science moderne et fétichisent plutôt les approches « naturelles ». Quoi qu’on puisse entendre par « naturel » .

    Notez que ces groupes ne sont pas toujours relégués à la frange à laquelle ils appartiennent. En Europe, les réglementations anti-OGM ont bloqué toute utilisation substantielle de la biotechnologie des cultures pendant près de deux décennies, entravant les efforts visant à rendre l’agriculture plus durable.

    Et en juillet dernier, le Parlement européen a dû suspendre les règles anti-OGM de l’UE afin de permettre le développement sans entrave des vaccins COVID. Très embarrassant pour Bruxelles !

    Les mouvements anti-OGM et anti-vaccin vont-ils utiliser leurs tactiques habituelles d’alarmisme pour susciter la peur, accroître le doute sur les vaccins, et prolonger ainsi l’enfer de la pandémie de Covid-19 ? Cela reste à voir. S’ils y parviennent, alors, tragiquement beaucoup plus de personnes mourront et nos économies continueront de souffrir. C’est à nous tous – le mouvement populaire en faveur de la science – de les arrêter.

    Traduction de Yes, some COVID vaccines use genetic engineering. Get over it par Alain Cohen-Dumouchel pour Contrepoints .