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      Maîtriser les dépenses publiques demande d’enrayer l’inflation législative

      François Facchini · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 30 January, 2021 - 03:50 · 13 minutes

    vaccins

    Par François Facchini.
    Un article de l’Institut économique Molinari

    La dépense publique en France est un thème récurrent des campagnes électorales depuis la prise de position de Valéry Giscard d’Estaing , alors troisième président de la Cinquième République, qui affirmait qu’au-delà d’un ratio de 40 % de prélèvements publics obligatoires sur la production (produit intérieur brut), le régime économique pouvait être qualifié de socialiste.

    Elle a aussi été au cœur des débats de l’élection présidentielle de 2017 et indirectement au centre du mouvements des Gilets jaunes de novembre-décembre 2018 qui se plaignaient à la fois d’une trop forte pression fiscale et d’une dégradation des services publics.

    Comme la raison de l’impôt est la dépense, si la dépense est inutile, l’impôt ne se justifie plus. En mai 2018 1 et cela depuis 2014, une majorité de Français estime, de plus, qu’il faudrait réduire la dette publique en engageant une baisse significative des dépenses publiques. Le rapport des Français aux finances publiques : dépenses, impôts et dette apparaît ainsi extrêmement ambiguë voire contradictoire.

    Généralement, la sociologie des finances publiques développe l’idée que la croissance du secteur public et des dépenses en particulier est la conséquence de l’incapacité des marchés à s’autoréguler. La croissance des dépenses publiques et plus généralement de l’intervention de l’État dans l’économie aurait été rendue nécessaire par les défaillances du marché et le caractère nécessairement conflictuel des rapports sociaux en économie capitaliste. On trouve dans cette proposition deux traditions : le néo-keynésianisme et le marxisme.

    La théorie de la croissance endogène permet d’affirmer que pour avoir de hauts niveaux de croissance, il faut mettre à la disposition des entreprises des citoyens éduqués et en bonne santé, des routes, des palais de justice, des chercheurs, etc. La théorie de la régulation développe une idée similaire à partir de la théorie de la lutte des classes.

    Les dépenses publiques sont un moyen de produire de la cohésion sociale. L’État est l’organisation qui permet de produire tout ce qui n’est pas profitable. Il sert la reproduction du capitalisme . Il est une organisation au service du capital. Par exemple, par les dépenses sociales il abaisse les coûts de reproduction de la force de travail.

    Il retarde par son système éducatif et parfois son soutien aux religions la lutte finale et la chute du capitalisme. L’État est l’instance qui socialise les pertes pour permettre aux capitalistes de privatiser les profits. L’augmentation de la dépense publique participe de la forme structurelle de régulation du mode de production capitaliste et plus particulièrement de la gestion de la dévalorisation du capital.

    C’est parce que la consommation privée ne peut pas gérer seule le rapport salarial que l’État met en place des salaires différés qui permettent de mettre en phase l’accumulation du capital et la consommation, c’est-à-dire d’équilibrer une croissance par nature déséquilibrée dans un régime capitaliste sans État.

    Dans ces conditions, la croissance des dépenses publiques ne se fait pas contre le capitalisme, mais à cause de lui. La dépense publique pallie les défaillances du marché et pacifie les relations sociales. Elle achète la paix sociale.

    La conséquence analytique est que c’est dans la logique du capitalisme que de générer de la dépense, car sans ces dépenses le système serait inefficace ou trop conflictuel et ne pourrait pas survivre. On est proche de la loi de Wagner . Le capitalisme favorise le développement et ce dernier induit la dépense publique. Dans le même esprit, on pourrait citer la loi de Baumol .

    La dépense publique augmente relativement à la production parce que la productivité dans les services publics augmente moins vite que dans l’industrie. Là encore, les choix politiques n’ont pas leur place dans l’explication de la croissance de la taille du secteur public.

    Ce sont ces explications qui sont privilégiées par les publications officielles des gouvernements français à travers les Cahiers Français (documentation française) ou le site du ministère de l’Économie et des Finances 2 .

    Ces explications sont mécaniques et ignorent totalement le jeu des compromis politiques dans la formation des choix publics. Elles lavent de tout soupçon les classes politiques et administratives qui, au pire, sont obligées de dépenser plus pour éviter la révolution et au mieux sont dans la nécessité de le faire pour répondre aux besoins des populations en détresse en l’absence de toute intervention de l’État.

    Cette vision radicale et paternaliste de l’État et de la dépense publique n’est pourtant qu’une interprétation de l’Histoire. Elle ne repose ni sur une théorie individualiste des choix ni sur une méthodologie solide et de nature hypothétique comme peut le proposer le travail économétrique.

    Lorsque l’approche individualiste de la dépense publique est adoptée, la dépense publique n’est plus une nécessité, mais la conséquence d’un choix. Le choix est fondamentalement de nature paternaliste et intéressé. Le paternalisme justifie la production de lois et de règlements pour protéger les citoyens. Ce sont ces lois et ces règlements qui génèrent de la dépense.

    Les propos de Benjamin Constant sur l’État mettent sur la voie d’une telle explication. En effet, il identifie deux sources d’intervention de l’État : la redistribution et le danger. La redistribution est une raison parfaitement identifiée par la théorie économique contemporaine des choix publics . Le danger est aussi présent avec le thème de la sécurité et de la protection. On peut sur ces deux termes construire une explication.

    À l’origine, il y a un même constat. L’homme politique ne produit rien. Pour agir, il doit trouver de l’argent. Il agit pour lui-même ou au nom des autres afin de justifier son existence. La conséquence est qu’il est obligé de convaincre les citoyens de son utilité. Il est utile s’il permet aux citoyens d’externaliser les coûts de leurs choix sur les autres (redistribution) ou s’il protège d’un danger.

    Le meilleur argument pour se rendre utile aux yeux de ses concitoyens est de les convaincre qu’il peut les protéger contre les dangers de la vie. Qui dit danger dit demande de protection. Le danger rend l’intervention de l’homme politique utile.

    Historiquement, le principal danger avancé par les hommes politiques fût la menace d’invasion. L’impôt était légitime parce que la guerre était imminente. Ensuite, tous les types de danger ont été avancés pour justifier l’intervention de l’État : la tyrannie du père, l’aliénation religieuse, l’exploitation seigneuriale, la spoliation patronale, la malhonnêteté des marchands, la toxicité de certaines marchandises, l’addiction (alcool, sexe, jeu, drogue, etc.), le crime, la pollution, la pauvreté, le réchauffement climatique, etc. Le danger est lié au risque, mais il ne relève pas d’un calcul.

    Le danger fait peur et la peur justifie le vote de règlements qui, une fois votés, doivent être appliqués. Leur mise application crée une pente glissante qui conduit à la dépense publique et à l’impôt.

    La loi et les règlements induisent deux types de coûts : des coûts publics et des coûts privés de mise en conformité. Ce sont ces coûts qui expliquent le lien très étroit qui existe entre production de lois et de règlements et dépenses publiques.

    Il y a, tout d’abord, les coûts de production de la loi proprement dit qui conduit à une augmentation du budget affecté au Parlement.

    Il y a, ensuite, les coûts d’application de la réglementation. Ces coûts d’application correspondent aux coûts d’administration, aux coûts des délais de réponse des administrations et aux coûts de contrôle. Ils sont initialement à la charge des agents qui sont censés respecter la réglementation et des administrations publiques. Chacun cherche cependant à les faire supporter par la collectivité, à transformer ces coûts en dépenses publiques financées par l’impôt.

    Les coûts d’administration correspondent à l’ensemble des ressources affectées par les administrations publiques et privées pour mettre en œuvre les lois et les règlements. Ils sont associés au concept de paperasserie ( red tape ). Les coûts de celles-ci peuvent être nommés des coûts jumeaux. Les coûts supportés par les agents le sont aussi par l’administration publique.

    Les agents affectent du temps pour :

    • connaître la loi ;
    • remplir des formulaires administratifs ;
    • suivre la procédure ;
    • stocker ces documents ;
    • les faire parvenir à l’administration.

    L’administration publique reçoit ces documents. Elle doit les viser, les stocker et les retourner à l’envoyeur s’ils ne sont pas conformes. Lorsque tout semble en règle, l’administration publique donne son accord.

    Aux coûts administratifs s’ajoutent les coûts des délais réglementaires. Ces coûts correspondent aux coûts induits par les délais d’approbation et/ou les délais de traitement des demandes de permis. Moins il y a d’agents publics et plus ces coûts sont élevés.

    Les entreprises arbitrent entre baisser les coûts de mise en conformité ou baisser les coûts d’administration. De hauts coûts d’administration accélèrent la mise en conformité, car il y a beaucoup d’agents publics et cela accélère les délais d’approbation.

    Moins les agents publics sont compétents et nombreux et plus les délais sont longs. Là encore des agents publics mieux payés peuvent favoriser l’embauche d’individus plus talentueux et capables de réduire les délais d’approbation. Les entreprises sont prêtes à payer davantage pour réduire les délais d’autorisation et de mise en conformité, car sans l’approbation de l’État, ils n’ont pas l’autorisation de commercer ou de reprendre la production ou sont obligés dans certains cas de payer des amendes. Ce qui s’ajoute aux coûts de mise en conformité et aux coûts administratifs.

    Les coûts de contrôle sont les plus visibles. Ils correspondent à l’ensemble des agents publics qui sanctionnent les agents qui ne respectent pas la règle, qui fraudent.

    Par exemple, l’obligation légale de porter une ceinture de sécurité dans une voiture impose l’embauche de gendarmes pour contrôler l’application de la règle. Le gendarme doit s’assurer que les conducteurs attachent leur ceinture. Si les règles se multiplient, il doit aussi s’assurer qu’ils ne téléphonent pas au volant, placent leurs enfants dans des sièges adaptés, possèdent un certificat attestant que leur véhicule a passé le contrôle technique, etc. Plus le nombre des règles est élevé, plus celui des contrôleurs est grand.

    Réglementer n’est donc pas sans coût budgétaire. Réglementer s’apparente, de plus, à une forme d’impôt déguisé qui provoque des stratégies d’évitement.

    La réglementation est une extension de l’impôt.

    Lorsque l’État oblige la scolarisation des enfants, cela n’est pas sans coût pour les familles qui doivent se priver d’une part du travail domestique de leurs enfants. Cela a d’autant plus de conséquences que les familles sont pauvres.

    Imposer l’école conduit logiquement à rendre l’école gratuite, mais cette gratuité n’est qu’apparente, elle exige de lever l’impôt pour financer la nouvelle dépense d’éducation. L’impôt et la réglementation sont ainsi deux manières de financer l’obligation légale, le goût du pouvoir pour certaines pratiques.

    L’école obligatoire et payante fait supporter le coût de l’obligation aux familles. L’école obligatoire et gratuite met les frais de scolarité à la charge des contribuables et ouvre la voie à toutes les formes de marchandages politiques, chacun cherchant à faire peser la charge de la dépense, de l’obligation sur les autres.

    Comme pour l’impôt, les agents vont tenter d’éviter les coûts de l’obligation légale, de cet impôt déguisé qu’est la loi et le règlement. L’obligation légale a donc un coût de même nature que l’impôt que les ménages cherchent à éviter. Cela les conduit à investir en politique, ces ressources investies en politique sont improductives. Elles limitent la progression des revenus et rendent le financement public de la mise en conformité au règlement encore plus nécessaire.

    Lorsque l’impôt est utilisé pour mettre en œuvre la loi, il engage de plus de nouveaux coûts, les fameux coûts de perception de l’impôt. Ceux-ci sont d’autant plus grands que la hausse des impôts favorise aussi des stratégies d’évitement de l’impôt (répercussion sur les prix, fraude et évasion fiscale) qui sont coûteuses pour les contribuables et l’administration fiscale.

    On peut en conclure que le fait générateur de la dynamique des dépenses publiques en France est l’instrumentalisation des dangers par les hommes politiques et la classe administrative qui se proposent de protéger la population contre elle-même par des mesures d’interdiction et/ou des contraintes légales. Une telle décision place alors les finances publiques sur une pente glissante, elle génère des dépenses publiques et un processus d’auto-renforcement loi-dépense.

    C’est d’ailleurs ce que l’on observe en France sur longue période (1871-2015 Figure 1). La dépense publique n’est ni une nécessité sociale ni la réponse aux défaillances du marché. Elle participe d’une chaîne de décision politique fondée sur une forme ou une autre de paternalisme. Elle débute par la croyance en la capacité des hommes politiques à protéger l’homme contre les dangers de la vie.

    Cette croyance acquise, l’homme politique utilise tous les instruments dont il s’est arrogé les droits (la loi, la dépense, la monnaie et l’impôt) pour les gérer. Si rien ne vient contester la bienveillance et l’omniscience paternelle de l’État, la dépense n’a plus de limites. Si on souhaite sur le long terme limiter la dépense publique, il faut donc s’attaquer à sa racine, l’inflation législative.

    Source: François Facchini, Elena Seghezza 2020. Legislative production and public spending in France. Public Choice , Springer Verlag, In press, ⟨10.1007/s11127-020-00858-7⟩ . ⟨hal-03051879⟩ et Facchini, F., 2021. Les dépenses publiques en France , Bruxelles, de Boeck (consulté le 29/01/2021).

    Sur le web

    1. ELABE : site consulté en décembre 2018.
    2. La direction de l’information légale et administrative reprend largement les travaux de l’école de la régulation et les explications données par André et Delorme, mais aussi Pierre Rosanvallon, de la croissance des dépenses publiques et de la crise de l’État-providence débutée à la fin des années 1970. Voir le site Vie publique , les entrées dépenses publiques et État-providence par exemple.
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      La France libérale ? Une inversion du sens des mots et des valeurs

      Claude Goudron · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    la France

    Par Claude Goudron.

    « L’inversion du sens des mots et des valeurs » : une perversion dénoncée par Mathieu Bock-Coté dans un de ses articles publiés par Le Figaro .

    Cela s’applique parfaitement au détournement, en France, du sens du mot libéralisme.

    La France serait un pays libéral

    Selon le dictionnaire , le libéralisme est « l’ attitude de ceux qui s’attachent à la défense des libertés individuelles des citoyens, doctrine hostile à l’intervention de l’État dans la vie économique et respect de la liberté d’autrui, tolérance ».

    C’est-à-dire l’inverse de ce que fait notre pays.

    Selon Valéry Giscard d’Estaing , au-delà de 40 % de prélèvements obligatoires, un pays devient socialiste.

    Avec un taux de prélèvements obligatoires de 46 % en 2018, nous ne pouvons pas nous considérer en économie libérale. C’est 7 points au-dessus de l’Allemagne, et 17,5 points d’écart avec la Suisse.

    Les dépenses publiques sont là encore en totale contradiction avec cette hostilité à l’intervention de l’État : avec 56 % du PIB (64,3 % en 2020 à cause du Covid) la France est championne du monde (OCDE) des dépenses publiques. L’Allemagne est à 43,9 % et la Suisse 32 %.

    Dans un pays libéral, le budget serait en équilibre, les impôts seraient faibles ainsi que les dépenses publiques et la dette.

    Il s’agit donc une utilisation abusive du mot libéral. Et lorsque cette affirmation est utilisée à tort dans une campagne électorale, ça devient une malhonnêteté.

    Il est urgent de redonner son vrai sens au mot « libéral »

    Vaste programme, comme aurait dit le général de Gaulle, répondant à un ministre qui voulait « s’occuper des cons » . En effet, on peut discuter des heures, arguments à l’appui, une majorité de Français pense toujours que la France est un pays libéral voire ultra-libéral.

    Avec raison, Albert Camus a écrit que « m al nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ». En l’occurrence ici, c’est le malheur de la France.

    Une majorité de nos enseignants se déclarent de gauche et sont assez souvent d’extrême gauche, ce que j’ai pu constater lors de mes études ; ils ont donc une grande responsabilité dans la confusion plus ou moins orchestrée du dénigrement du libéralisme.

    Il est impératif que l’Éducation nationale prenne le sujet à bras-le-corps et révise son approche du libéralisme.

    « Le plus pressé, ce n’est pas que l’État enseigne, mais qu’il laisse enseigner ». Frédéric Bastiat

    En attendant il nous faut réagir vite.

    Dénoncer la malhonnêteté intellectuelle de nos responsables politiques

    Lorsqu’un dysfonctionnement flagrant apparaît, il est facile pour nos hommes politiques de se dédouaner de toute responsabilité en rejetant la faute sur un autre, par exemple l’Europe.

    En France, le libéralisme est accusé de tous les maux , il est devenu une forme de dédouanement de ses propres erreurs : pour la gauche, le centre mais malheureusement aussi trop souvent la droite , le libéralisme est un putching ball bien pratique. Et l’extrême droite en fait son tabou absolu.

    La France est un pays étatique, à l’opposé du libéralisme, ce que nous devons rappeler régulièrement et dénoncer, comme l’affirmait Frédéric Bastiat : « L’État c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ».

    La France est un pays socialiste voire même communiste par certains côtés, tout le mal provient de là. Elle est l’un des rares pays à ne pas l’avoir admis en s’enfermant dans cette fausse certitude que notre malheur viendrait d’ailleurs.

    « Puissent-ils [les hommes politiques] se préserver longtemps de cette peste du socialisme ». Frédéric Bastiat

    C’était il y a bientôt 200 ans, pourquoi ne l’avons-nous pas écouté ?

    Il faut le crier haut et fort : ce n’est pas le libéralisme qui mettra la France en faillite mais bien le socialisme .

    La France et son « libéralisme » vus de l’étranger

    Voici un témoignage qui résume bien nos contradictions. Il s’agit d’un article du journaliste suisse Fathi Derder rédacteur en chef du quotidien économique romand l’ Agefi :

    « D’accord, d’accord…

    Nos amis Français sont venus lundi à Bern. Une délégation du Sénat en visite, on s’attendait à du lourd : on a été servi, la totale. Ce ton, ce style inimitable : Ne jamais parler, toujours expliquer.

    Au repas déjà, chez l’ambassadeur, une sénatrice explique à ma table que la France est un pays ultralibéral. Oui, Madame nous raconte les us et coutumes des habitants de cette terre lointaine, inconnue. Je lui fais remarquer que si la France est un pays ultralibéral, la Suisse est alors un club d’échangistes sous ecsta.

    Quelques minutes plus tard, en séance, un sénateur nous explique que nous ne connaissons pas la France et sa fiscalité. Il faut savoir que, pour un élu français en tournée en province, si on n’est pas d’accord c’est qu’on ne l’a pas compris. Alors il réexplique plus lentement, il articule. C’est inintéressant mais joli à entendre.

    Puis devant notre lenteur toute helvétique, une sénatrice admet alors que, dans le fond, nous ne pouvons pas comprendre la question fiscale française, car la Suisse est, je cite, en retard en matière de dépense publique. La preuve : les crèches. Je n’invente rien.

    Désarmante France, quarante ans de déficit, une dette abyssale, mais qui fait la leçon. Elle donne un cours de gestion de faillite au pays le plus riche du monde, le cancre fait la nique au premier de classe. Le panache laisse coi, admirable encore.

    Moralité, la crise française est plus grave que prévu. On se trompe complètement sur sa cause. La France ne souffre ni de son chômage ni de sa dette : elle est malade de son aveuglement, incapable de remettre en question le fameux déni : L’Allemagne a tort, la Suisse a tort, tout le monde a tort.

    Et la France, elle, a raison, d’accord, d’accord et pendant ce temps elle coule, encore et encore, c’est que le début d’accord, d’accord… »

    Tout est dit.

    Conclusion

    Cet article a été écrit il y a deux ans et la France coule , encore et encore.

    Allons-nous attendre le naufrage les yeux fermés ou allons-nous nous réveiller et enfin faire les réformes indispensables connues de nos gouvernants ?

    La France devra devenir rapidement libérale ou elle ne sera plus.

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      « 40 ans d’égarements économiques » de Jacques de Larosière

      Johan Rivalland · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 24 January, 2021 - 04:30 · 8 minutes

    égarements économiques

    Par Johan Rivalland.

    Pour la petite anecdote, il se trouve qu’à la veille du premier confinement j’achevais presque la lecture du précédent ouvrage de Jacques de Larosière, intitulé Les 10 préjugés qui nous mènent au désastre économique et financier .

    égarements économiques Un ouvrage très bien fait, très pertinent et documenté, que j’ai regretté de ne pas avoir finalement présenté, l’actualité s’étant centrée quasi-exclusivement sur la terrible crise du moment, laissant peu de place à des sujets qui auraient alors peu intéressé sur l’instant (mais j’en recommande vivement la lecture).

    Près d’un an après, le moment est venu de le présenter. Il établit un diagnostic éclairé sur la situation très dégradée de l’économie française après quarante années d’errements liés en bonne partie à la démagogie et au manque de courage politiques, puis propose des voies pour tenter de nous en sortir.

    Un sombre constat

    Le constat établi par Jacques de Larosière – homme rappelons-le au parcours absolument exceptionnel (qui a notamment dirigé tour à tour le FMI, puis la Banque de France, puis la BERD) – est sans appel. Celui d’ un pays profondément désindustrialisé , qui n’a cessé de glisser au bas des classements internationaux pour ses performances économiques. Tout en ayant massivement augmenté l’appareil d’État, les dépenses et les prélèvements publics.

    Une situation encore aggravée, comme on le sait, par la crise du coronavirus, pour laquelle l’économie française partait avec de lourds handicaps, vu le montant de ses déficits et dettes et la résistance aux réformes structurelles, que beaucoup d’autres pays avaient su quant à eux engager bien avant. Facteurs qui l’ont rendue plus vulnérable que beaucoup d’autres.

    Or, la fuite en avant dans la monétisation systématique, servie par les bas taux d’intérêt, nous fait vivre dans un leurre. Qui ne peut que nous rattraper.

    Nous vivions dans l’illusion que, malgré nos déficiences, nous finissions toujours par nous en sortir et que, par mauvais temps, nous étions mieux protégés que les autres par un système social efficace. L’histoire récente ne corrobore pas cette vue des choses. Les pays qui se sont attachés à maîtriser leurs dépenses publiques et leurs soldes budgétaires apparaissent comme les gagnants : ils ont plus de marges pour réagir et s’apprêtent à conquérir de nouveaux marchés et à reprendre leur croissance. En revanche, les pays qui se sont habitués à la facilité, au keynésianisme mal compris, en prétendant que c’était « socialement juste », tout en dissimulant le coût social lié à l’insuffisance des réformes de structure, pourtant seules à même de faire repartir l’économie, se révèlent les perdants en matière de pouvoir d’achat et d’emploi.

    Dans cet essai, Jacques de Larosière met ainsi en avant de manière méthodique et documentée les nombreux retards accumulés depuis 45 ans par notre économie, tout en suggérant les voies qui permettraient de les combler.

    Croissance, Revenu par tête, Investissement, Niveau de vie par habitant, Taux d’activité, Productivité (avec notamment les 35 heures et la précocité de l’âge de départ à la retraite par rapport à nos voisins), Taux d’emploi, Balance commerciale, Balance des paiements courants, Endettement public, Taux de marge des entreprises : tous ces indicateurs sont au rouge si on les compare à leur évolution chez nos voisins.

    Et pourtant, la France bénéficie d’ une démographie qui s’est renversée au cours du dernier siècle et est devenue très favorable comparativement à ses voisins. Ce qui en fait une opportunité à saisir pour engager la voie de l’avenir, pour peu qu’on se lance enfin dans les réformes en mesure de le permettre. Et c’est tout le propos du livre.

    Encore faut-il que l’on s’attaque au premier des problèmes, lancinant en France, celui qui est à la base de tout : l’éducation . Non seulement, là encore, la France n’a cessé de régresser , mais malgré les sommes très importantes consacrées à l’Éducation nationale, les résultats sont médiocres et, qui plus est, producteurs d’inégalités .

    Égarements économiques et record du monde des dépenses publiques

    Quant aux dépenses publiques, non seulement elles ont atteint le record du monde en pourcentage du PIB, mais surtout elles n’ont servi qu’à financer essentiellement les opérations courantes, et non l’investissement, ce qui est encore pire au regard de la préparation de l’avenir. Et les effectifs de la fonction publique ont progressé près de deux fois plus vite que la population active, sans que l’on parvienne jamais à les diminuer.

    Jacques de Larosière établit beaucoup de comparaisons notamment avec l’Allemagne , permettant ainsi de mettre en évidence les écarts qui se sont creusés entre les deux. À ce titre, un point a attiré mon attention, révélant bien la différence fondamentale d’état d’esprit :

    En France, le ministère des Finances arrête le montant des dépenses publiques (c’est là la « stratégie » du gouvernement) et, compte tenu des recettes fiscales attendues, le déficit en découle. Les dépenses ont leur propre dynamisme (par exemple le poids des intouchables « services votés » et les négociations du point d’indice des traitements de la fonction publique). En Allemagne, c’est au contraire la recette qui commande le processus. Une fois la recette arrêtée (à législation constante dans une perspective à cinq ans), la dépense doit s’ajuster aux ressources attendues, en vertu des dispositions constitutionnelles relatives au principe d’équilibre.

    Une différence d’approche fondamentale, surtout quand on sait (et c’est ce qu’il démontre abondamment dans cet ouvrage) à quel point l’endettement grève la croissance économique et la compétitivité des entreprises d’un pays.

    Des solutions sont possibles

    À chaque chapitre, et donc sur chaque question, y compris celle-ci en s’appuyant par exemple sur l’expérience suédoise ou, dans une moindre mesure portugaise d’avant crise, Jacques de Larosière propose une série de solutions. Tout en mettant en garde au passage contre les fausses recettes (du type « nouvelle théorie monétaire » ou effacement partiel des dettes), dont il démontre l’inanité.

    En matière de marché du travail (taux de chômage, chômage des jeunes, productivité, coûts salariaux, salaires réels, poids des charges, question du salaire minimum, qualifications, indemnisations chômage, précarité, etc.), la comparaison avec l’Allemagne est, là encore peu flatteuse. Et grâce à l’analyse, propice à en tirer de nombreux enseignements.

    Quant aux retraites, enjeu majeur de société, Jacques de Larosière montre comment la compréhension des données essentielles, notamment démographiques, a été mal appréhendée, aboutissant à un coût faramineux pour des résultats catastrophiques. En la matière, nous sommes dans le déni, ce qui débouche sur des tentatives de réformes mal orientées et mal menées.

    Revenant en détail sur les différentes données et sur les faiblesses des différents scénarios privilégiés, il suggère à la fois une hausse de l’âge de départ à la retraite, solution de loin la moins indolore et la plus facile et rapide à mettre en œuvre (plutôt que l’unification, qui est source de divisions), dans le cadre du système par répartition (qu’il se garde de remettre en cause radicalement), accompagnée d’un encouragement au développement beaucoup plus significatif de l’épargne retraite complémentaire, notamment fonds de pension, pour ouvrir la voie à une part croissante de capitalisation .

    Par ailleurs, le système de redistribution français fait de la France l’un des pays les moins inégalitaires, au prix d’un accroissement du taux de pauvreté et d’une économie insuffisamment productive, qui pèse sur l’évolution du revenu par habitant.

    Avant redistribution, la France est au contraire l’un des pays les plus inégalitaires, en grande partie du fait de son taux de chômage. Et la situation depuis le Covid-19 accentue très nettement les clivages.

    Excès de centralisme et de dépenses publiques

    En conclusion, Jacques de Larosière montre que le retard français provient essentiellement du centralisme administratif et politique. Là où le principe de subsidiarité , à la base de tout régime fédéral, se montre bien plus efficace.

    À quoi s’ajoutent l’excès de dépenses publiques, les sureffectifs de notre fonction publique et le fonctionnement de notre système de retraites. Le tout gangréné par l’incapacité des politiques à mener les réformes structurelles qui s’imposent, par excès de facilité et de démagogie , mais aussi en raison du poids de la bureaucratie .

    Sans oublier la responsabilité des médias, au sujet desquels Jacques de Larosière écrit ceci :

    Quant aux médias, ils sont, sauf exceptions, assez mal informés des questions économiques, et surtout de leurs perspectives d’ensemble. À quelques exceptions près, ils sont souvent tentés de privilégier les « petites phrases », le « microcosme », les scandales, par rapport aux problèmes de fond. À l’opposé, certains grands quotidiens économiques anglo-saxons sont d’une qualité remarquable et nourrissent le débat public.

    En définitive, écrit-il, on pourrait dire que la France a appliqué en négatif tout l’inverse de ce que décrit Edmund Phelps dans La Prospérité de masse .

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      Le « quoiqu’il en coûte » de Bruno Le Maire va précipiter notre faillite

      Simone Wapler · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 04:15 · 10 minutes

    contreparties black friday

    Par Simone Wapler.

    Nouvelles annonces de Bruno Le Maire jeudi 14 janvier 2021 et nouvelles aides publiques aux secteurs délibérément mis à l’arrêt par le gouvernement (hôtellerie, restauration, fournisseurs de ces activités) auquel s’ajoute désormais le secteur viticole touché par des sanctions douanières américaines.

    Un mois auparavant, Christine Lagarde, qui préside à la destinée de la Banque centrale européenne, avait averti :

    « Les conditions de financement resteront exceptionnellement favorables aussi longtemps que nécessaire ».

    Autrement dit : « dépensez sans compter », message que tous les gouvernements cigales reçoivent cinq sur cinq.

    Le programme d’achat d’urgence en cas de pandémie (PEPP) de 1350 milliards d’euros d’obligations prévu jusqu’en juin sera augmenté et il sera prolongé dans le temps. Les opérations de refinancement des banques à long terme (TLTRO) devraient aussi être reconduites.

    Puisque le robinet de l’argent gratuit reste ouvert en grand et pour très longtemps, pourquoi se gêner ?

    L’illusion de l’argent gratuit

    Rappelons trois grands principes économiques :

    1-  L’économie consiste à échanger quelque chose contre autre chose. La monnaie est une étape transitoire. L’échange n’est vraiment soldé que lorsque la monnaie reçue par le vendeur en échange de quelque chose a été transformée en autre chose par ce même vendeur. Il peut exister un décalage temporel plus ou moins long entre la vente et l’achat mais la monnaie seule ne solde pas l’échange.

    2-  Mettre davantage de monnaie ou de crédit dans le système ne multiplie pas les marchandises, biens ou services. Le croire reviendrait à penser que créer des emballages permet de créer de la marchandise.

    3-  Quand vous ne savez pas vraiment qui paye pour cet argent tombé du ciel, alors c’est vous, peut-être tôt ou peut-être plus tard, mais toujours VOUS, votre argent, vos économies…

    Que la monnaie soit des espèces sonnantes et trébuchantes comme autrefois ou un système de débit-crédit comme maintenant ne change rien à ces trois principes qui peuvent aussi se résumer par  : « l’argent gratuit n’existe pas » ou encore « le crédit gratuit n’existe pas ».

    Évidemment, le personnel politique aimerait faire croire que l’argent gratuit ou le crédit gratuit existent. C’est d’ailleurs le principe du recours à la dette publique : l’argent sans les impôts. Pourtant, si on présentait la facture immédiate aux contribuables, il est probable qu’ils diraient « non merci ».

    Le ministre de l’Économie multiplie les mesures censées compenser les pertes consécutives à des décisions administratives malheureuses. Dès le début de l’épidémie, l’exécutif a souscrit aux prévisions les plus alarmistes, celles du professeur Niel Ferguson , prévisions par la suite heureusement démenties. Personne au sein du gouvernement ne se soucie du coût et du financement d’aides rendues nécessaires par une mauvaise décision initiale. Il est acquis que le financement de la dette est la solution et qu’il sera toujours temps de se pencher sur la question quand les choses iront mieux.

    Jusqu’ici, tout va bien. Le 19 janvier, notre pays a emprunté 7 milliards d’euros sur 50 ans au taux d’intérêt de 0,59 % seulement. La France emprunte à taux négatifs jusqu’à 16 ans.

    Un « observatoire de la dette » vient d’être créé mais il ne s’agit que d’un bidule poudre aux yeux supplémentaire qui permet de recycler dix people en mal de mandat ou de renvoyer des ascenseurs.

    Le poids de la dette, le choc des intérêts ? Pas grave…

    Pour le moment, la pensée dominante se résume à « peu importe la dette, les taux d’intérêt resteront bas puisque les banques centrales s’y emploient » . Variante : « en période d’incertitude, rien de plus sûr qu’une dette d’un grand État dont les contribuables ne sont pas miséreux ».

    Voici d’autres arguments souvent avancés à l’appui de cette pensée dominante :

    1-  La dette peut grossir, les intérêts resteront supportables. Au pire, si la situation l’exigeait, on pourrait relancer la vieille lune de la « dette perpétuelle » : le principal ne sera jamais remboursé et remplacé par un intérêt versé à vie…

    2-  Au besoin, on cantonnera la dette du Covid dans une structure cache-poussière-sous-le-tapis, comme celle de la dette de la Sécurité sociale . Peu de gens s’intéressent au « hors bilan » des comptes publics. La France est un grand pays développé peuplé de riches contribuables et sa note de crédit reste excellente.

    3-  Oui, avec un taux de dette sur PIB similaire à celui de la France, la Grèce a fait faillite (défaut de paiement et effacement partiel de sa dette publique) mais le pays avait menti sur ses déficits, les Grecs ne payaient pas assez d’impôts et les taux étaient bien plus hauts.

    4-  Le Japon survit très bien avec un fort taux d’endettement , nettement supérieur à celui de la France.

    5-  Ce n’est pas grave, tout le monde doit quelque chose à tout le monde.

    Quelques contre arguments :

    1-  La dette ne peut grossir éternellement car il deviendra un jour impossible de prétendre que le capital pourrait être remboursé. La dette perpétuelle constituerait dans les faits un défaut puisque le contrat initial (retour du capital) ne serait pas respecté. Notre pays ne trouverait donc plus de prêteurs étrangers à de bonnes conditions et l’État se trouverait rapidement en crise financière aiguë.

    2-  Il arrive toujours un moment où la situation du débiteur semblant devenir hors de contrôle, les prêteurs commencent à s’intéresser aussi au hors bilan et à réviser leur estimation du risque. Les contribuables français étant les plus taxés des pays développés, la France ne pourra augmenter sa pression sans déclencher une fuite des contribuables solvables. Ceci augmente le risque des prêteurs.

    3-  La Grèce avait certes menti et sa situation réelle était pire que celle qui était avouée. Mais c’est aussi le cas de notre pays qui multiplie les structures cache-dette (CADES, notamment) et dont le hors-bilan représente presque le double de la dette officielle .

    4-  La dette japonaise est presqu’intégralement entre les mains des Japonais. Le Japon est un pays vieillissant. Les Japonais ont décidé de mourir entre eux sur leur île en déflation et cela ne regarde qu’eux… Ce n’est pas le modèle français. Notre dette est entre des mains étrangères. La redistribution représente le gros des dépenses publiques. Elle sert à acheter la paix sociale pour compenser une immigration mal digérée.

    5-  Parmi les pays à finances publiques délabrées, il y a ceux dont la balance commerciale est aussi déficitaire depuis des années (ces pays importent plus de choses qu’ils n’en exportent). La France en fait partie. Nous devons de l’argent à des gens qui ne nous doivent rien en retour et nous sommes incapables de leur proposer en quantité suffisante des produits et services qu’ils souhaiteraient acheter.

    Lorsque tout le monde pense la même chose, personne ne pense

    Lorsque la pensée unique tient lieu de consensus, alors personne ne pense plus. La pensée unique est en réalité l’absence de pensée faute de débat. La dette est de l’impôt en devenir qui n’a donné lieu à aucune délibération publique, à aucun vote, si ce n’est année après année des lois de finance très techniques entérinant des déficits.

    La dette est préoccupante . Avec un peu de recul, les agissements des banques centrales pour la rendre indolore conduisent à de graves anomalies :

    1-  Les taux négatifs sont une monstruosité signalant que le système monétaire est très malade. Le temps est la limite de tout mortel. Un taux d’intérêt valorise le temps durant lequel un prêteur se prive de son argent. Personne, y compris une organisation humaine, ne peut nier la valeur du temps.

    2-  Dans tous les pays développés où la retraite par capitalisation prévaut, les taux nuls ou négatifs mettent à terme en danger le niveau de vie des retraités et futurs retraités. Les pays locomotives de l’Eurozone, qui n’ont pas de problème de gestion de finances publiques, voudront sortir de ce piège. On pourrait assister à un réflexe de fuite devant la monnaie des fonds de pension. La Banque centrale européenne qui en détient déjà 30 % deviendrait seule acheteuse des obligations souveraines émises par les pays nécessiteux. L’euro imploserait alors de lui-même.

    3-  Les durées d’emprunt dépassent deux générations (on lève de la dette à 50 ans, 75 ans, 100 ans). Or les démocraties ne sont pas éternelles et jamais une génération n’a accepté de payer les dettes de la génération précédente. Toutes les réparations de guerre trop importantes ont débouché sur une nouvelle guerre. Les successions ne s’acceptent que sous bénéfice d’inventaire et si le passif dépasse l’actif, les héritiers déclinent.

    4-  Enfin, on n’a jamais vu dans l’histoire de l’humanité un système monétaire crédit-dette sans limitation de la dette. Dès Sumer et l’empire babylonien, les Anciens avaient compris qu’un défaut de limite à l’endettement entraînait de graves crises sociales, des émeutes et des renversements de régimes.

    Le FMI s’inquiète pour la dette de la France

    Le mardi 19 janvier, le jour où la France plaçait de la dette à 50 ans, l’agence Reuters relayait cette dépêche :

    PARIS ( Reuters ) – « La France doit travailler dès maintenant à un plan qui lui permettra d’assainir ses finances publiques dès que l’économie aura surmonté la crise due au coronavirus, a déclaré mardi le Fonds monétaire international (FMI). […] La dette en France est élevée et nous pensons que le moment est venu d’élaborer et d’approuver un plan d’assainissement budgétaire crédible à moyen terme » , a déclaré le chef de la mission du FMI en France, Jeffrey Franks, lors d’une conférence téléphonique.

    Le « nous » de la dépêche est inquiétant, comme si le FMI était déjà partie prenante dans l’élaboration du plan. Le FMI aurait-il l’ambition d’apprendre à nos politiciens de compter avant de dépenser plutôt que de dépenser sans compter ?

    Toujours selon Reuters , Bruno Le Maire a indiqué lorgner du côté des retraites « au nom de l’assainissement des comptes publics et de la justice sociale ». Mais rien du côté des dépenses publiques !

    Les mythes ont toujours succombé aux faits

    Nous vivons en France bercé par des mythes et des croyances absurdes, notamment en ce qui concerne le pouvoir de l’État qui serait stratège, visionnaire, protecteur. Des gens incapables de gérer des masques, du gel, des lits d’hôpitaux et des vaccins seraient capables de soigner gratuitement, de gérer le climat, d’éradiquer la pauvreté et bien d’autres miracles encore.

    En réalité, l’État prend et donne. Il donne toujours moins que ce qu’il prend puisqu’il faut qu’il se serve au passage pour payer la bureaucratie . L’État ne doit donc prendre qu’à bon escient, parcimonieusement et ne donner que ce qui est utile et profite à tout le monde et non pas à tel ou tel groupe d’intérêt.

    La dette publique est seulement un moyen de maintenir le mythe de l’État protecteur et nourricier. Mais lorsque la facture sera présentée, il faudra se rendre à l’évidence : nous aurons été rackettés. Nous aurons payé pour des protections illusoires. Depuis bien longtemps L’État ne nous protège plus et il nous conduit à la ruine.

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      Pour 2021, il faut réduire de 30 % le nombre de fonctionnaires

      Claude Goudron · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 12 January, 2021 - 03:40 · 4 minutes

    fonctionnaires

    Par Claude Goudron.

    En ces temps bouleversés de l’économie, principalement en France, nos dirigeants ne doivent pas se tromper dans les mesures à prendre pour relever notre économie en 2021.

    Au préalable, il est indispensable de faire un état des lieux sans concession de notre situation, principalement de notre industrie. Je connais bien ce domaine pour en avoir subi les délires fiscaux et administratifs en créant en 1972, ULTRALU, une entreprise maintenant référente dans la fabrication de matériel d’accès en hauteur en aluminium.

    Le plus crédible est de nous comparer, sur une période suffisamment longue, à des pays qui ont réussi, en l’occurrence l’Allemagne et les États-Unis.

    Un constat évident

    En premier lieu, faisons la comparaison, souvent occultée, de l’évolution des valeurs boursières sur le long terme, disons de 2000 à 2020 avec la valeur du CAC 40 qui représente les quarante premières entreprises françaises.

    En 2000 nous étions à environ 7000 points (j’arrondis volontairement à la centaine), le DAX pour l’Allemagne à 8100 points et le Dow Jones aux États-Unis avec 12 000 points.

    Nous constatons que proportionnellement à notre positionnement mondial nous étions dans les clous.

    En 2016, à 4400 points nous avons perdu, par rapport à 2000, -37 % alors que le DAX augmentait de +21 % à 9800 points (les réformes Schroeder étant passées par là), et le Dow Jones de +34 % à 16 000 points : donc un delta de 58 % avec l’Allemagne et 71 % avec les États-Unis !

    Nous pouvions déjà constater un décrochage inquiétant.

    En 2020, avec 5500 points, nous avons repris un peu de couleur en réduisant la perte, toujours par rapport à 2000, à -21 %.

    Mais là où le décrochage devient catastrophique, c’est en continuant la comparaison du delta. En effet nous passons à 86 % d’écart avec le DAX (13 300 points) et 170 % avec le Dow Jones (29800 points).

    La raison de cette Bérézina est évidente : faute de compétitivité la part de l’industrie dans le PIB a été divisée par plus de deux, passant de 22 % à 10 %.

    Un résultat prévisible

    Autre comparaison, financière cette fois-ci, celle de la valeur du PIB par habitant ; elle est là aussi sans concession :

    France 40 494 dollars, Allemagne 48 196 dollars (+19 %), États-Unis 62 641 dollars (+55 %)

    À qualification égale, cela nous amène à avoir un salarié allemand qui gagne 25 % de plus qu’en France dans un pays où le coût de la vie est de 15 à 20 % moins élevé !

    Une analyse assurée

    Ces deux comparaisons nous prouvent que nous n’avons pas fait le bon choix économique. Vouloir privilégier l’embauche de fonctionnaires à la mise en place d’un environnement pro entreprise, c’est a minima une méconnaissance de l’économie, voire de la lâcheté.

    Cela aboutit à ce que malheureusement l’on constate aujourd’hui, une pléthore d’administratifs d’une inefficacité indéniable et, hélas, pas uniquement dans les services de santé.

    En privilégiant le nombre de fonctionnaires, dont on peut affirmer aujourd’hui qu’il est plutôt signe de désorganisation, à un investissement dans les moyens mis à leur service (moins coûteux, plus efficaces et limité dans le temps), nous sommes arrivés à en créer six millions, soit un sureffectif de deux millions qui, pour se protéger et se rendre indispensables, s’inventent de nouvelles fonctions. Déjà Georges Pompidou, avec alors seulement trois millions de fonctionnaires, disait devant la prolifération des créations administratives : « Mais arrêtez donc d’emmerder les Français ! »

    Un gaspillage monstrueux

    Il est reconnu que de son embauche à sa mort, un fonctionnaire coûte 3,5 millions d’euros. Avec deux millions de fonctionnaires en trop sur les  cinquante dernières  années, nous avons donc gaspillé 7000 milliards d’euros, un pactole que nous aimerions bien avoir aujourd’hui pour soutenir notre économie durant la crise du Covid-19 et réduire de moitié les charges sur les entreprises pour retrouver notre compétitivité et damer le pion à nos amis allemands en retrouvant le rang qui devrait être le nôtre.

    Cette somme peut paraître colossale mais elle est en dessous de la réalité car selon l’adage reconnu, « un fonctionnaire en plus, c’est la perte de deux emplois privés » . Inverser la tendance ferait baisser de deux millions le nombre des chômeurs et donnerait du travail pour le reclassement des deux millions fonctionnaires remerciés.

    Nous comptabiliserions alors moins de 5 % de chômeurs, c’est-à-dire un gain annuel sur les indemnisations de 25 milliards d’euros, et pratiquement 10 % de rentrées de cotisations sociales supplémentaires soit… une centaine de milliards par an.

    Ces chiffres pourront vous sembler ahurissants, mais c’est la stricte réalité. Ceci démontre bien l’absence totale de culture économique de nos dirigeants, à moins que ce ne soit la concrétisation de notre dernière place européenne en mathématiques dénoncée dans la dernière enquête TIMSS !

    Une décision plus qu’urgente

    Pour 2021 l’alternative est claire : réduire rapidement de 30 % le nombre de fonctionnaires afin de se donner les moyens de baisser charges et contraintes sur nos entreprises, ou continuer notre inexorable descente aux enfers.

    L’entreprise industrielle française est capable d’exploits… mais pas de miracles !

    Sources : Indices boursiers officiels 2000, 2016 et 2020 et inpots.gouv.fr