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      18 janvier 1871 : la proclamation de l’Empire allemand

      Gérard-Michel Thermeau · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 18 January, 2021 - 03:35 · 8 minutes

    Par Gérard-Michel Thermeau.

    La Proclamation de l’Empire allemand est une peinture d’Anton von Werner. Vous connaissez certainement cette œuvre. C’est la plus représentée dans les livres d’histoire après La liberté guidant le peuple de Delacroix. Elle célèbre la principale conséquence de la guerre victorieuse contre la France et le couronnement de l’œuvre de Bismarck. Il y a 150 ans, dans la galerie des Glaces de Versailles, les princes et généraux allemands proclamaient Guillaume Ier empereur allemand.

    Anton Von Werner, Proclamation de l’Empire allemand, 1885 (Wikimedia Commons)

    Cette image a tellement été reproduite qu’elle ne nous étonne plus.

    Et pourtant.

    Quelle curieuse scène.

    Ce rituel, féodal par sa mise en scène, dans un décor de l’âge baroque, ne s’inscrit-il pas dans le siècle de l’industrie ?

    La proclamation de l’Empire allemand

    Au centre de la composition, mis en valeur par son uniforme blanc qui le détache du reste du groupe, Bismarck. C’est lui qui attire le regard et non celui qui est officiellement à l’honneur, l’empereur Guillaume. De même l’accent est mis sur les généraux, Moltke au premier plan, à la gauche de Bismarck et Roon, à sa droite, au pied de l’estrade. Derrière eux les autres généraux brandissent casques à pointe, épées et sabres.

    La posture de Bismarck est étrange. Ne parait-il pas porter un coussin sur lequel on s’attendrait à trouver une couronne. Pourtant point de coussin ni de couronne mais une sorte de tablette qu’il tient entre les mains.

    Sur une estrade, à gauche, Guillaume Ier, entouré de son gendre le grand-duc Frédéric de Bade et de son fils le Prince royal Frédéric, et des principaux princes allemands, paraît couronné par les drapeaux qui lui tiennent lieu de dais. Tous sont en uniforme, on chercherait en vain le moindre habit civil. Le grand-duc lance l’acclamation impériale à laquelle répondent les assistants.

    L’arrière-plan est aisément identifiable même si l’on ne voit que trois des miroirs de la galerie des Glaces.

    L’image d’une Allemagne militarisée

    Guillaume Ier n’a donc été ni sacré ni couronné. Il a été proclamé empereur par la noblesse allemande et de quelle martiale façon. Né de la guerre et de la victoire militaire, le deuxième Reich était-il donc voué à disparaître par la guerre et dans la défaite militaire ?

    La proclamation de l’Empire allemand , plus fameuse œuvre d’Anton von Werner, voulait transmettre pour la postérité la splendeur d’un nouveau Reich et d’une nouvelle ère. Pourtant, loin de l’image triomphale voulue par les commanditaires et l’artiste, cette scène a été réinterprétée, à la lumière des deux guerres mondiales, comme la représentation d’une Allemagne agressive et militarisée.

    Werner a réalisé non pas une fois mais cinq fois la proclamation de l’Empire allemand

    Anton von Werner a peint en fait quatre fois l’événement. La première toile, réalisée en 1877, est perdue : elle a disparu victime de la Seconde Guerre mondiale. La seconde en 1882 était une peinture marouflée ornant un mur de l’Arsenal (Zeughaus), sur l’avenue Unter den Linden, transformé en « temple de la gloire ». Elle formait un diptyque avec une autre œuvre représentant le couronnement de Frédéric III en 1701. Là aussi, l’effondrement du IIIe Reich a contribué à l’effacement de la proclamation du IIe Reich.

    C’est donc une troisième version, copie modifiée de la précédente, qui est reproduite dans tous les livres d’histoire. Elle a été réalisée en 1885 à l’occasion du 70e anniversaire de Bismarck.

    Napoléon avait imposé à David de placer sa mère absente, Letizia Bonaparte, sur la représentation du sacre. De même Guillaume fit rajouter Roon, ministre de la Guerre et ami de Bismarck, qui n’était pas là, sur cette troisième reconstitution de la proclamation.

    Citons, enfin, pour mémoire une dernière et tardive version en 1913 pour un lycée de Francfort également disparue après la Seconde Guerre mondiale.

    Il faudrait aussi ajouter une gravure sur bois, qui n’est donc pas une peinture, datée de 1880. Cette vision frontale met au centre l’empereur avec un Bismarck respectueusement en contrebas, sur la droite de la composition.

    La proclamation de l’empire allemand porte bien son âge

    Même si toutes ces peintures ont été réalisées par un témoin oculaire, elles ne représentent en rien des « photographies » de l’événement. En 1882, comme en 1885, les personnages ont l’âge de la représentation et non de l’événement. Bismarck et les autres protagonistes sont ainsi peints plus âgés qu’ils ne devraient être.

    Werner immortalise le « chancelier de fer » de l’Empire et non le ministre-président de Prusse. L’uniforme blanc et la décoration de l’ordre du Mérite, attribuée en 1884, sont ainsi « anachroniques » .

    L’empereur Guillaume devait justifier la liberté prise par l’artiste : « Vous avez eu raison, il n’avait pas une tenue appropriée ».

    Les différences sont significatives avec la première représentation de 1877. L’empereur et le chancelier étaient perdus dans la masse des participants avec une vue en perspective de la galerie. Ici les deux principaux protagonistes sont nettement mis en valeur. Les simples soldats, nombreux dans la première peinture, ont disparu à l’exception d’un seul cuirassier figé au garde-à-vous. Les 140 et quelques portraits individualisés de 1877 se réduisent à moins d’une trentaine de figures visibles en 1882 et 1885.

    Les symboliques d’une proclamation

    Dans la première peinture de Werner, l’endroit choisi pour la proclamation de l’Empire se dégageait plus clairement. Une fresque à la gloire du Roi-Soleil y décrivait le « Passage du Rhin en présence des ennemis, 1672 ». Dans l’esprit des vainqueurs de 1871, il s’agissait bien d’une revanche sur Louis XIV, le conquérant de Strasbourg, dont les troupes avaient ravagé le Palatinat.

    La date choisie est toute aussi symbolique. Le 18 janvier 1701 le premier roi de Prusse avait été couronné à Königsberg. Le nouvel empire s’affirme ainsi prussien par sa date de naissance.

    Mais quel titre donner à Guillaume ? Le vieux roi de Prusse aurait souhaité être « empereur d’Allemagne ». Son fils le Kronprinz Frédéric, et ses amis libéraux, penchait pour « empereur des Allemands ». Mais Bismarck impose une formule quelque peu étrange, « empereur allemand ». Le ministre-président a le souci de ménager l’amour-propre des princes allemands. Aucun des trois autres rois, Saxe, Bavière et Wurtemberg, n’est d’ailleurs présent à Versailles. Il ne s’agit donc pas de faire voler en éclats l’édifice en les subordonnant de façon trop visible au Hohenzollern. L’empire doit être une fédération d’États monarchiques.

    Quand au titre « empereur des Allemands », il ne saurait en être question. Frédéric-Guillaume IV avait rejetté la couronne impériale offerte par le parlement de Francfort en 1849 ne voulant pas d’une couronne ramassée dans le ruisseau. Sur ce point, son frère Guillaume, le « prince-mitraille » qui avait liquidé les révolutionnaires et républicains en 1849, n’avait pas varié d’un pouce.

    La proclamation dans une atmosphère tendue

    Le monarque, qui se veut roi de Prusse avant tout, ne s’imagine pourtant guère en nouveau Charlemagne ni même en Frédéric Barberousse. Les relations avec son Premier ministre sont donc loin d’être au beau fixe. Ce 18 janvier, la cérémonie se déroule dans une ambiance tendue.

    L’aumônier de la Cour, Bernhard Rogge, beau-frère du ministre Roon, prononce un étonnant sermon : « Bénis Seigneur, le Reich allemand, tous ses princes et tous ses peuples . »

    Le nouveau Reich y est assimilé au royaume de Dieu. Puis tous chantent le choral Maintenant remercions tous Dieu !

    Enfin l’assistance se déplace vers l’estrade où les princes allemands entourent Guillaume. Bismarck qui porte l’uniforme bleu des cuirassiers de Magdebourg, et non un uniforme blanc, se tient aussi droit que lui permet la goutte qui le fait souffrir. De sa voix haut perchée qui jure avec son physique, il lit la proclamation Au peuple allemand . La musique joue Salut à toi, couronné de lauriers . Le grand-duc de Bade lance le triple vivat : « Vive l’empereur ». Voilà, c’est terminé.

    Guillaume descend de l’estrade et passe devant Bismarck en l’ignorant totalement. Il reste et demeure roi de Prusse.

    La politique du fer du sang

    En 1882-1885, toutes ces questions de susceptibilité étaient bien oubliées. Guillaume a toujours eu l’intelligence de céder à son Premier ministre : « Bismarck est plus important que moi . » Le tableau de Werner porte ainsi un témoignage éclatant de la place centrale que tient dès lors le chancelier de fer.

    À côté des centaines d’officiers en uniforme rutilant présents à Versailles, seuls quelques députés du Reichstag représentent l’élément civil. Ils ont été mis à l’écart et ne figurent pas sur le tableau. Le peuple n’a décidément rien à voir dans cette affaire.

    « C’est la politique du fer et du sang qui célèbre à Versailles sa grand-messe » note Joseph Rovan dans son Histoire de l’Allemagne .

    Le lendemain de cette cérémonie, le 19 janvier, Trochu s’est résigné à tenter la « sortie torrentielle ». Elle était réclamée par Gambetta et l’extrême gauche qui dénonce depuis des semaines les « généraux capitulards ». Pour Gambetta à Bordeaux c’est simple : « Il faut sortir, sortir tout de suite, sortir à tout prix, sortir aussi nombreux que possible, sortir sans espoir de retour . »

    Le général Trochu a pris lui-même la tête des 60 000 hommes qui se dirigent sur Buzenval et Montretout. L’officier prussien Verdy note avec satisfaction dans son journal : « Le nouvel empire allemand a reçu aujourd’hui son baptême du sang… » Les Français perdent 4000 hommes sans pouvoir entamer les retranchements prussiens.

    Cet échec sanglant signe la fin de tout espoir pour Paris. Dix jours plus tard, l’armistice est signé entre le gouvernement provisoire et Bismarck. La guerre est virtuellement terminée.

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      Noël en 1870 : une lugubre célébration pour Paris assiégé

      Gérard-Michel Thermeau · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 25 December, 2020 - 04:37 · 9 minutes

    Noël

    Par Gérard-Michel Thermeau.

    Noël en 1870 tombe un dimanche. Paris est assiégé par l’armée allemande depuis 100 jours. Il fait excessivement froid. Ce froid exceptionnel dure depuis plusieurs semaines. Au 25 décembre le sol est tellement dur que le travail des tranchées est arrêté.

    Finalement, Noël 2020 n’est peut-être pas le pire qu’ait connu notre pays. Il y a 150 ans, nos compatriotes avaient bien des sujets de se lamenter.

    Noël en 1870 : pas une priorité

    Pour les journaux parisiens, en tout cas, Noël n’est guère la priorité. Ce 25 décembre n’est jamais qu’un jour de guerre parmi d’autres. « Qui songe aux brimborions à l’heure qu’il est » lit-on dans Le Siècle (27 décembre 1870).

    Les colonnes de la presse sont presque entièrement occupées par les informations militaires. Paris connait seulement depuis peu les détails des opérations militaires du début du mois de décembre. Depuis que la France a perdu ses deux armées organisées, l’une encerclée à Sedan avec Napoléon III et l’autre livrée par Bazaine à Metz, les Français ont tenté d’éviter l’inévitable.

    Paris, qui subit depuis le 20 septembre 1870 un siège, est devenu le pôle central de la guerre.

    Paris assiégé depuis 100 jours

    Le gouvernement provisoire, aux mains des républicains, a tenté de lever des milices armées dans l’esprit de l’an II. Gambetta n’a cessé de payer de sa personne. Tous ses efforts tendant vers le même but, secourir la capitale. À la surprise des Allemands, une armée de la Loire s’est constituée, marchant sur Orléans qui est libérée le 10 novembre.

    Ce succès éphémère se révèle vite illusoire. Les combats de Patay et Loigny, le 2 décembre 1870, remettent les pendules à l’heure. Dès le 5 décembre, Orléans est de nouveau aux mains des Allemands. L’armée des mobiles s’est brisée sur la puissance de feu d’une armée de métier.

    La délégation du gouvernement provisoire, d’abord réfugié à Tours, a du gagner Bordeaux plus sûr. Six cents kilomètres séparent les deux capitales, une bien longue distance pour des pigeons voyageurs saisis par le froid.

    Tout espoir de libérer Paris s’est évanoui. Les Prussiens ont choisi d’abord l’usure comptant sur la famine pour réduire la ville. Trochu se révèle parfaitement passif, l’armée de Paris se contentant de quelques sorties totalement inutiles. Le général ne croit pas à la réussite d’une percée et considère la capitulation inévitable. Mais il garde cette pensée pour lui et tient en public un discours de fermeté.

    Fêter Noël en 1870 : 25 grammes de beurre par tête

    Depuis le début du mois de décembre, la situation s’est beaucoup dégradée pour les Parisiens avec la hausse des produits alimentaires. Sans doute les boucheries ont-elles délivré le jour de Noël un peu de viande de bœuf, et non de cheval, et un peu de beurre demi-sel, 25 grammes par tête. Un luxe par les temps qui courent.

    Le Figaro du 27 décembre, bien loin de ses anciennes préoccupations mondaines, s’intéresse à la « chasse aux aliments » : « Pour tout le monde, la halle est déserte. […] le céleri lui-même est devenu une rareté […] la volaille de plus en plus rare est aussi de plus en plus cher. Les oies et les dindons atteignent des prix fabuleux : de 80 à 90 fr. et ils sont mauvais. »

    Et ce n’est pas le confinement mais le dénuement généralisé qui tue le secteur de la restauration : « Le nombre de restaurants diminue chaque jour et les meilleures maisons se demandent le jour si elles ouvriront le lendemain. »

    L’Univers (26 décembre) sous la plume du farouche polémiste catholique Louis Veuillot, ironise : « Dans les dix ou douze articles dictés par la sanglante Noël de 1870, il apparaît surtout un vif regret de tant de boustifailles supprimées. »

    Non seulement on ne peut plus bouffer mais on se gèle. Il n’y a plus ni gaz, ni charbon et le bois se vend à prix d’or.

    Noël en 1870 : le Noël de César

    Le Journal des Débats constate amèrement dans son numéro du 26 décembre sous la plume de Louis Ratisbonne :

    « Aujourd’hui est né Celui que le monde a appelé le Sauveur du monde, et qui devait réunir les hommes dans un fraternel embrassement. Quel rêve et quelle distance du rêve à la réalité ! […] Il a dit deux paroles : « Charité et fraternité » qui sont tombées sur la terre comme deux gouttes de lait ; mais elles sont tombées sur la pierre dure, et le sang a continué de couler. Depuis le premier Noël, il faut même citer à l’actif de la civilisation un merveilleux progrès dans l’art de le verser par torrents. »

    On se console comme on peut. Le républicain radical Camille Pelletan dans Le Rappel du 26 décembre écrit :

    « Noël ! Pour les chrétiens, c’est une nouvelle année qui s’ouvre. Pour huit cent mille Allemands, elle nait froide, sur une terre gelée, sans abri, loin du pays, au milieu des balles qui sifflent et des obus qui éclatent. »

    Eh bien, il sera gai leur réveillon

    Le royaliste Francisque Sarcey dans Le Gaulois du même jour est dans la même tonalité. Pour lui, Noël en 1870 doit être le « Noël de la patrie ressuscitée » :

    « La voilà donc arrivée cette fête de Noël que les Allemands avaient marquée comme le dernier terme de la guerre. Ils avaient d’abord parlé de la célébrer chez eux, dans leur famille : ils avaient ensuite rabattu de leurs prétentions. C’était chez nous, à Paris, qu’ils se promettaient de faire réveillon, en joyeux réveillon, disent les chansons soldatesques que nous avons confisquées dans la giberne des morts.

    Eh bien ! Il sera gai leur réveillon.

    Tandis que leurs femmes pareront mélancoliquement l’arbre de Noël, en l’absence du père, du mari, du fiancé ou du frère, et que les enfants tout tristes demanderont à la mère : Où est donc papa ? Et que fait-il ?

    […] Nous non plus notre réveillon ne sera pas, cette année, animé de la joie bruyante qui en est la compagne ordinaire. Le dindon traditionnel manquera sur nos tables, et les chants des soupers n’éveilleront point le deuil de la nuit.

    […] En ce jour où naquit celui qui devait enseigner au monde que tous les hommes sont frères, nous pouvons, nous du moins, nous rendre ce témoignage que nous subissons une guerre aussi injuste qu’elle est cruelle ; que nous avons désiré, la paix ; que nous l’avons même demandée, et que nous ne continuons de nous battre que parce qu’un ennemi impitoyable nous a fait des conditions incompatibles avec notre honneur. »

    Noël en 1870 : l’arbre de Noël est allemand

    Il est vrai que, côté allemand, l’enthousiasme est bien retombé avec cette guerre qui n’en finit pas. Noël en 1870 est bien triste pour les centaines de milliers de soldats allemands qui ne bénéficient pas du menu réservé à leurs officiers. Le siège de Paris et la levée par Gambetta d’armées peu efficaces mais bien irritantes, au nord, à l’est, au sud de la Loire, ont assombri Moltke.

    Le siège de la capitale française n’avait pas été prévu par l’état-major allemand. Pour pouvoir bombarder cette ville défendue par des fortifications, il faut acheminer difficilement et de loin d’énormes canons. Le bombardement n’aura pas lieu avant le début du mois de janvier.

    Le Constitutionnel du 25 décembre 1870 nous rappelle combien Noël, tel que nous le célébrons aujourd’hui, était à l’époque une particularité allemande ou alsacienne :

    « C’est ce soir la Weinachten, dit l’Avenir national, la fête si chère à l’Allemagne. Cette nuit, l’arbre de noël, resplendissant de lumières, orné de devises, de rubans, de fruits, de bonbons, de toutes les joies de l’enfance, abritera sous ses branches les cadeaux, les surprises que parents, enfants, amis, se ménagent les uns les autres avec un soin jaloux ; mais un voile de tristesse assombrira cette fête du foyer domestique, cette véritable fête nationale de l’Allemand, qui malgré son origine religieuse, confond dans un même sentiment les chrétiens de toutes sectes et jusqu’aux juifs eux-mêmes. »

    Dieu est décidément allemand

    Le même  journal ajoute :

    « Parisiens, devenus soldats, fêtons aussi Noël à la façon qui nous sied aujourd’hui, c’est-à-dire en prenant l’anniversaire de la naissance du Christ pour la date de notre résurrection de patriotes, de citoyens et d’hommes libres ! Que le ciel exauce ce vœu qui doit être le vœu de tous : dans les sabots de Noël du Paris de 1870, que Dieu mette la victoire ! »

    Mais le Ciel resta sourd aux prières des Français. Ce diable de Bismarck avait mis tout le monde dans sa poche, y compris le Bon Dieu.

    Soutenons le petit commerce

    Pour sa part, Le Petit Journal du 26 décembre 1870 se veut digne en ces temps difficiles :

    « Que Paris célèbre dignement la fête de Noël en s’inspirant de la gravité des circonstances. Donnons aux nécessiteux, consolons les affligés, soignons les malades et prions pour tous. »

    Pratique, le même journal consacre un entrefilet aux étrennes :

    « Ne privons pas les enfants et les serviteurs de leurs étrennes. On donne du travail aux ouvriers et aux ouvrières qui fabriquent des jouets, on fait faire de petits bénéfices aux marchands déjà très éprouvés, et on ne prive pas les enfants de leurs joies habituelles et les serviteurs et les employés d’un supplément de ressources bien nécessaires en ce moment. »

    Voilà qui sonne bien d’actualité en ce Noël 2020 . Et relativise nos petits malheurs actuels.

    Joyeux Noël, malgré tout…