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      Reconfinement : Emmanuel Macron face au défi de l’acceptabilité sociale

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 30 January, 2021 - 04:30 · 6 minutes

    Par Jonathan Frickert.

    Reconfinera ? Reconfinera pas ? La question semble désormais tranchée à quelques heures d’une probable nouvelle allocution présidentielle.

    Le chef de l’État envisageait jusqu’alors trois hypothèses : un confinement le week-end, un confinement dur comme au printemps ou un confinement souple comme à l’automne.

    Après une semaine d’incertitudes et de consultations, Emmanuel Macron devrait trancher ce week-end en faveur d’ un reconfinement préventif . Ces hésitations ajoutées à la fin de la mission d’information parlementaire sur la Covid-19 votée ce mercredi laisse apparaître une certaine panique au sommet de l’État.

    Alors que la contestation prend de l’ampleur partout dans le monde, le chef de l’État a-t-il enfin pris conscience de la colère sourde qui frappe le pays ?

    L’Élysée ménage l’opinion

    Ce week-end, le bruit d’un confinement annoncé dès cette semaine par le chef de l’État s’est fait de plus en plus sentir. En début de semaine, l’Élysée a pourtant joué l’apaisement en reportant ces annonces sine die , laissant à Olivier Véran le soin de préparer le terrain par un nouveau point de situation ce jeudi. Après un an de restrictions, le président de la République s‘est laissé le temps de la réflexion en reportant à ce week-end l’annonce d’un probable troisième confinement.

    Si, officiellement, ce report serait dû à l’évaluation du couvre-feu dont l’efficacité « s’estompe » , d’autres raisons semblent peser dans le choix de l’exécutif : les inconnues entourant les variants du virus, mais surtout l’acceptation d’un nouveau confinement par les Français.

    Emmanuel Macron a semble-t-il décidé de ne plus se laisser déborder par les médecins tirant la sonnette d’alarme depuis plusieurs semaines. Parmi eux, outre les propos hallucinants de Jean-François Delfraissy sur un virus « diabolique et beaucoup plus intelligent que ce qu’on pense », l’infectiologue Karine Lacombe a évoqué la semaine dernière un mois de mars « très dur » . Des éléments amenant l’idée d’un confinement préventif afin d’éviter une troisième vague.

    Seulement, là où le gouvernement avait l’habitude de s’interroger sur quels lieux fermer, il s’interroge aujourd’hui sur la meilleure manière de ménager une opinion désormais défavorable à 56 % à un nouveau confinement.

    Ces derniers jours, la détresse des PME s’est encore accentuée avec la double-peine de la fermeture contrainte et de la fin de la doctrine du « quoiqu’il en coûte ». À ce désespoir s’ajoute désormais l’exaspération des Français craignant aujourd’hui davantage le contre-coup social que le virus lui-même.

    Face à cela, la réticence de l’exécutif est d’autant plus justifiée que les manifestations commencent à se multiplier partout dans le monde et en Europe en particulier.

    Une flambée de violence dans plusieurs pays du monde

    Pour cause, plusieurs pays connaissent d’importantes manifestations pour protester contre les mesures prises par leurs gouvernements.

    Au Moyen-Orient, plusieurs pays connaissent une flambée de violence depuis lundi, en particulier au Liban ainsi qu’en Israël, où le troisième confinement en place depuis décembre dernier provoque ces derniers jours des échauffourées dans plusieurs quartiers de Jérusalem.

    L’Europe n’est pas épargnée, notamment en Espagne, mais également au nord de la région. Ainsi, le mouvement « Men In Black Danemark » né, comme les Gilets jaunes, sur Facebook, mène depuis le début du mois de janvier l’opposition à « la dictature du semi-confinement », alors que le pays connaît depuis décembre une fermeture des bars et des restaurants.

    L’escalade de violence est montée d’un cran ces derniers jours. Des poupées à l’effigie de la Première ministre du royaume arborant des menaces de mort ont été régulièrement incendiées ces derniers jours.

    Mais l’État le plus scruté est sans doute les Pays-Bas, revenu au calme mercredi après près de trois soirées d’émeutes où les pillages ont succédé aux affrontements dans les principales villes du pays.

    Ces derniers jours, la Hollande est devenue le symbole de la contestation contre les restrictions sanitaires.

    En cause : la mise en place d’un couvre-feu à compter du 23 janvier. Une première depuis 75 ans entraînant une flambée de violences que le Premier ministre peine à juguler, alors que le bourgmestre d’Eindhoven, réputée pour son club de football, n’a pas hésité dimanche à évoquer un risque de guerre civile .

    Difficile de ne pas voir dans ce qui se passe dans ce pays de longue tradition libérale l’expression d’un mécontentement. Le royaume hollandais n’est pourtant pas connu pour sa propension à la contestation, à l’inverse de la France.

    Une contestation qui monte

    L’Hexagone est étonnamment épargné par ces mouvements alors que le pays est soumis à des mesures similaires à celles que connaissent nos voisins et ce depuis un an.

    Les frictions semblent toutefois prendre de l’ampleur ces derniers jours, avec l’émergence du hashtag #JeNeMeReconfineraiPas puis de #DésobéissanceCivile depuis ce week-end.

    Loin des gazouillis twitterresques, c’est le secteur de la restauration qui a ouvert la voie, et en particulier Stéphane Turillon. Ce restaurateur a décidé de rouvrir son établissement à compter du 1er février pour dénoncer la surdité des autorités sur le malaise de la profession. Son appel devrait être suivi, alors que plusieurs réouvertures clandestines se multiplient partout dans le pays.

    Du côté du monde universitaire, dont la détresse a récemment été rappelée , ce sont les étudiants d’une trentaine de facultés qui envisagent désormais une occupation des amphithéâtres et appellent à reprendre au plus vite les cours en présentiel.

    Le pays des contestations égalitaires

    La France est un pays de contestations. Une réputation que les nombreux mouvements du quinquennat Macron n’ont guère démentie. Comment alors expliquer cette lenteur dans la contestation ? Un des arguments les plus probants est sans doute la question de l’égalité.

    Une propension que rappelait Tocqueville dès 1856 dans L’Ancien Régime et la Révolution :

    « [Les Français] veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. »

    Les Français sont davantage attachés à l’égalité qu’à leur liberté, de l’égalité devant la loi en 1789 à l’égalité fiscale des Gilets jaunes canal historique en passant par l’égalité sexuelle en mai 1968.

    L’Histoire aime les symboles. La nation qui a vu naître l’auteur du Discours de la Servitude Volontaire n’a pourtant contribué qu’à une infime partie de celui de La Désobéissance civile , Henry David Thoreau n’étant d’origine française que par son grand-père.

    Cette impression de passivité n’est toutefois que factice tant l’appréhension semble avoir frappé la macronie durant une semaine de tergiversations.

    Reste à savoir si le chef de l’État aura la décence d’en tenir compte.

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      Reconfinement : remettre la liberté au cœur de l’équation

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 30 January, 2021 - 04:00 · 10 minutes

    reconfinement

    Par Olivier Maurice.

    Folle journée que ce mercredi 27 janvier 2021, où tout a basculé en quelques heures.

    Pendant que se tenait un énième conseil de défense, infusaient un peu partout les échos de la colère d’un président de la République qui aurait été passablement énervé par la position du conseil scientifique et son manque de solution, ou plutôt son acharnement à vouloir imposer la seule et unique solution connue, à savoir un reconfinement dur pour combattre sa peur d’une nouvelle flambée épidémique .

    Il faut dire aussi que depuis la veille, les médias avaient commencé à évoquer les émeutes qui se produisent maintenant chaque soir depuis plusieurs jours dans toutes les villes des Pays-Bas, pour s’opposer, non pas à un confinement, mais à la mise en place d’un simple couvre-feu après 21 heures. Ces violences font écho à d’autres, au Danemark, en Espagne, en Italie, en Israël ou au Liban où les forces de l’ordre débordées ont fait usage de leurs armes.

    Toute la matinée, les réseaux sociaux ont bouillonné de déclarations comme #JeNeMeConfineraiPas, la petite moitié du pays opposée aux mesures sanitaires et au reconfinement voulant faire entendre sa voix.

    L’ombre du en même temps flottait sur le pouvoir, et le pronostic était clairement au statu quo.

    Quand soudain, le vent s’est mis à souffler dans l’autre sens. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, annonçait en effet, à la sortie dudit conseil, que différents scénarios étaient désormais à l’étude, allant du maintien du couvre-feu à celui d’un reconfinement très serré.

    Le signal était très clair : le gouvernement allait essayer de verrouiller le maximum de soutiens en tout genre et il se donnait juste le temps de préparer le discours qui viendrait annoncer les modalités d’un nouveau ruissellement d’interdits et de formulaires.

    C’est ce moment-là qu’a choisi un restaurateur de Nice pour signifier son ras-le bol de la situation en décidant tout simplement de braver les interdits et d’ouvrir son restaurant, sous les applaudissements et les cris de « liberté, liberté » d’un bon nombre de clients venus l’encourager.

    La réaction a été immédiate. Sur les réseaux, #JeNeMeConfineraiPas à fait place à #DesobeissanceCivile.

    Le restaurateur a été mis en garde à vue . Son cuisinier, étranger, va être expulsé. La machine médiatique s’est tout de suite efforcée de sortir les énergumènes les plus folkloriques pour expliquer que ce que l’on pouvait prendre pour une bouffée de révolte citoyenne était en fait un phénomène isolé provenant de la mouvance complotiste des adorateurs du grand spaghetti volant avec des casques à cornes.

    Pendant ce temps-là, à l’Assemblée nationale, le gouvernement poussait sa majorité à dissoudre purement et simplement la commission d’enquête parlementaire sur la Covid le concernant, provoquant la fureur de l’opposition.

    Pendant que le ministre de la Santé, Olivier Véran, tentait d’expliquer aux parlementaires que si les rapports du conseil scientifique n’étaient pas rendus publics, c’est qu’ils étaient trop techniques pour eux .

    Devant un tel flottement au plus haut niveau de l’État, la question n’est plus de savoir s’il y aura un reconfinement, ni de savoir si celui-ci sera suivi d’une explosion de colère.

    La question est de savoir quelle ampleur l’un et l’autre vont prendre. Il reste en effet très peu de chance que l’on évite le scénario du pire, économiquement, socialement et politiquement.

    Reconfinement : la montée des oppositions

    La France est clairement coupée en deux et cette fracture montre les limites du et-de droite-et-de-gauche qui tient lieu de politique gouvernementale et qui, plutôt que de réconcilier le pays, n’a fait que le diviser encore plus profondément.

    De folklorique qu’elle a pu paraître au début de la crise, l’opposition à la réponse politique et sociale au problème médical et surtout organisationnel de l’État français n’a fait qu’enfler, pour être maintenant quasiment à jeu égal avec le parti de la peur et de l’interdiction.

    De plus en plus de voix se font entendre pour dénoncer la fausse évidence d’une solution présentée comme étant la seule possible. Malgré le lynchage moral permanent et l’avalanche de qualificatifs dégradants dont sont systématiquement affublés les moindres opposants à la sainte parole, ce message commence malgré tout à être compris et porté par de plus en plus de Français.

    Nous sommes passés en quelques mois de Didier Raoult à François de Closets … en quelques jours de Francis Lalanne à Laurent Ruquier .

    En parallèle au débat d’idées, l’ineptie des mesures, la désorganisation manifeste des autorités et l’arrogance des responsables politiques, des experts et des médias sont de plus en plus mal supportées par toute une partie de la population qui se voit de plus en plus touchée par les mesures de restrictions.

    Le couvre-feu ciblé ne marche pas ? Il faut instaurer un couvre-feu national. Le couvre-feu à 20 heures ne marche pas ? Il faut instaurer un couvre-feu à 18 heures. Le couvre-feu à 18 heures ne marche pas ? Il faut confiner.

    Quelle sera donc la prochaine étape de cette escalade dans l’absurdité ?

    Un dialogue de sourds

    Cela dit, il semble que la population accepte cette rhétorique ridicule depuis quarante ans : le socialisme ne marche pas , il faut davantage de socialisme et c’est forcément la faute du libéralisme. Il n’est que trop évident qu’en termes de politique sanitaire, nous avons droit exactement au même sophisme : si les restrictions ne marchent pas, c’est parce que les Français ne respectent pas les restrictions . Il faut donc davantage de restrictions.

    Un réel bras de fer s’est engagé entre l’appareil d’État et une partie de la population, cette dernière de plus en plus exaspérée par le manque d’effets malgré les efforts consentis et l’État incapable de se remettre en cause et rejetant le manque de résultats sur les supposés mauvais comportements des citoyens .

    Combien de temps encore les Français vont-ils accepter d’être tenus responsables des défaillances d’un système qui est supposé les servir et non l’inverse ?

    Depuis le début de la crise, le gouvernement cumule les erreurs et ce qui pouvait à l’époque paraître des choix ou des décisions malencontreuses prises devant l’urgence de la situation s’est révélé avec le temps de totales absurdités dont de plus en plus de personnes voient maintenant l’évidence.

    Remettre de la raison dans ce chaos de peurs

    On ne soigne pas les malades en punissant les bien-portants.

    Ce n’est pourtant pas très compliqué comme principe ! Il n’y a aucun calcul, aucun égoïsme ignoble à déclarer une telle banalité !

    Ce serait plutôt l’inverse : les irresponsables, les nuisibles qu’il faudrait mettre sous contrôle, ce sont les politiciens, les experts et les anonymes qui nous expliquent du matin au soir que leur comportement est irréprochable, mais que ce sont les autres qui leur voudraient du mal en faisant n’importe quoi.

    Bien sûr, ces angoissés maladifs sont de bons clients pour le spectacle de l’information. Mais on ne combat pas une épidémie avec des émotions et des leçons de morale.

    C’est cette musique qu’il faut faire taire de toute urgence en remettant les choses à leur place, en contredisant non seulement les politiciens qui en font l’écho, mais surtout tous ces donneurs de leçons du quotidien qui ont clairement besoin qu’on leur remette les pendules à l’heure et qu’on leur dise les yeux dans les yeux qu’il y en a assez de leur narcissisme exacerbé qui les pousse à blâmer les autres en permanence et sans aucun complexe.

    L’excuse de la sidération ne fonctionne plus : cela fait maintenant un an que nous vivons dans cette situation. Cette psychologie inversée sonne de plus en plus faux…

    Il est vraiment temps de prendre les choses au sérieux : apporter une réponse concrète et non pas émotionnelle au problème que la surréaction et la surévaluation ont largement contribué à exacerber.

    L’impasse du reconfinement

    Les innombrables ratés dans la communication, la stratégie, l’organisation, sur les masques, les tests, l’équipement des hôpitaux, puis maintenant sur les vaccins ne font en fait que cacher le fond du problème et celui-ci est d’un ordre bien plus grave.

    Pour quels résultats sommes-nous en train de sacrifier le pays tout entier, la jeunesse et les entrepreneurs en premier lieu ?

    Clairement pas pour investir dans le futur. Le monstrueux coût économique , budgétaire et social est tout entier consacré au colmatage du navire qui fuit de partout et en premier lieu sert à honorer un contrat dont toute une partie de la population est exclue.

    Plus grave, il paraît de plus en plus évident que le poids des défaillances du système de santé est justement supporté par ceux n’y ayant pas accès ou qui ne l’utilisent pas : les lycéens, les étudiants, les indépendants, les précaires, les commerçants…

    Le pays découvre dans la douleur que la solidarité nationale ressemble en réalité à une distribution savante de privilèges destinés à certaines catégories : les salariés des grosses entreprises, les retraités aisés, les fonctionnaires, voire les écoliers… tous ceux pour qui la question de la fin du mois ou de l’avenir n’est pas une source d’angoisse permanente. Les mêmes qui réclament à tue-tête un reconfinement, car quatre semaines de reconfinement, ce sont quatre semaines de vacances payées aux frais de la princesse.

    La précarité des autres trouvait jusqu’à présent sa compensation dans la liberté : la liberté d’être son propre patron, de diriger son travail comme on le veut, celle de pouvoir découvrir le monde à l’adolescence, de choisir son avenir, celle de réaliser ses passions, de créer, de vivre…

    Que reste-t-il de ces libertés ? Quel avenir ont-ils devant eux ? Quand tout cela s’arrêtera-t-il ?

    Ceux-là sont en train de se demander si vraiment tout cela pourra s’arrêter un jour sans qu’ils ne fassent entendre leur voix. Et dans ce pays, on a énormément de mal à exprimer son désaccord calmement…

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      Pandémie : l’échec des États, pas de la liberté

      Diego Taboada · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 04:15 · 6 minutes

    pandémie

    Par Diego Taboada
    Un article de Podcast Liber-thé

    Dès les premières semaines de la pandémie, il y a bientôt un an, bon nombre de commentateurs, par conviction ou intérêt, ont vu dans ce virus la manifestation des « excès du néolibéralisme ». La croissance et le libre-échange auraient engendré le Covid, les frontières ouvertes favorisé sa prolifération et les coupes budgétaires et les politiques « d’austérité » mis à nu les systèmes de santé.

    Un regard rapide en arrière confirme que les épidémies n’ont pas attendu la mondialisation pour sévir. Si un monde globalisé accélère la propagation d’un virus, il ne faut pas oublier qu’il a surtout rendu les sociétés plus résilientes à travers la création de richesses qui a permis l’amélioration des systèmes de santé dans le monde entier.

    De plus, la circulation de l’information a par exemple catalysé le développement de tests et de vaccins à une vitesse record . Les pourfendeurs de la liberté et de l’échange se trompent sur les causes, mais ont toutefois raison quand ils affirment que cette crise met en évidence les limites du système. Non pas celles du libéralisme, mais celles des États, en particulier en Occident.

    L’échec des États, pas de la liberté

    Une année après le début de l’épidémie le constat est clair : les États ont échoué. Tant l’absence de stocks de masques , l’échec systématique du traçage de contacts et les difficultés à mettre en place un processus de vaccination massif ont dévoilé les failles de l’État au grand jour.

    Les confinements généralisés, qui ont été présentés comme une décision courageuse d’un « État qui protège », sont en fait la matérialisation de ses limites . Ils s’imposent comme solution de dernier recours quand on a perdu le contrôle de l’épidémie. C’est un aveu d’impuissance majeur.

    C’est bien la faillite des États comme institution à laquelle nous assistons depuis bientôt une année. Bien qu’ils interviennent dans de plus en plus de domaines de notre vie, ils n’ont manifestement pas été à la hauteur de ce qu’on attendait d’eux. En effet, un État tentaculaire qui croit devoir s’occuper de tout, ne finit par s’occuper de rien. Cet échec met alors en exergue l’impossibilité structurelle pour une seule institution, aussi puissante et monopolistique soit-elle, de prévoir et d’organiser une société de manière centralisée.

    Cet échec est encore plus frappant si l’on considère, à l’instar des mouvements collectivistes, que l’État serait capable de prévoir le temps long, car il serait indépendant des contraintes de court terme qui paralysent les individus et les entreprises. Il n’en est rien.

    Par ailleurs, cette crise a permis de rappeler un problème de fond : les citoyens placent des attentes démesurées en l’État , alors que celui-ci est par essence incapable de remplir les missions en question, ou du moins pas de façon plus efficace qu’une entité privée. En mettant les différents aspects de leur vie (éducation, retraites ou encore santé) dans les mains de l’État, les citoyens ne peuvent qu’être déçus.

    Dans sa critique du projet socialiste et centralisateur, Hayek mettait déjà en cause le principe de planification d’une société . Non pas seulement pour des aspects moraux ou politiques qui vont de soi pour toute personne attachée à la liberté, mais à cause des limites cognitives humaines.

    Peut-on vraiment attendre qu’une poignée de hauts-fonctionnaires ou de ministres anticipe et planifie chaque événement qui pourrait potentiellement surgir ? Comment prétendre être capable d’appréhender l’information dans toute sa complexité ?

    Après tout, les responsables politiques ne sont pas des surhommes éclairés, mais des individus comme les autres. Cette incapacité à réunir les informations nécessaires et représentatives des désirs individuels explique à elle seule pourquoi la préférence pour des solutions centralisées est une approche vouée à l’échec.

    Ainsi, les limites de l’État sont avant tout des limites humaines ; l’arrogance de croire qu’un groupe d’individus est capable de rassembler tout le savoir et l’information qui circulent dans nos sociétés afin de pouvoir la diriger n’est que rarement pointé du doigt.

    Or, comme l’explique Pierre Bentata dans un récent pamphlet , avec la débandade à laquelle on assiste, c’est le mythe de l’État omnipotent et protecteur qui s’effondre. Les responsables politiques ont échoué, car l’État ne peut pas tout.

    La liberté a de beaux jours devant elle

    À première vue, il serait légitime de craindre que la liberté soit toujours davantage remise en question à la suite de cette crise. Elle a en effet beaucoup été restreinte , noyée dans des états d’urgence exceptionnels qui semblent se prolonger sine die . Il est d’ailleurs frappant d’observer comment la liberté est désormais considérée comme un obstacle à la bonne gestion de crise, plutôt que comme la valeur cardinale de nos sociétés.

    Nous subissons probablement les frais de notre lâcheté collective qui a consisté à abandonner la liberté comme projet et comme tradition durant les dernières décennies, comme le dit si bien François Sureau.

    Toutefois, la liberté a de beaux jours devant elle, n’en déplaise à ses critiques. Il y a d’une part fort à parier qu’après avoir été privé de presque toutes nos libertés, nous assistions à un sursaut du désir de liberté que nous chérirons à nouveau à sa juste valeur.

    Par ailleurs, l’événement qui était censé sonner le glas de la mondialisation et du « néolibéralisme », a prouvé son efficacité.

    La course aux vaccins en est un exemple parlant : la mondialisation des échanges a accéléré la transmission des savoirs et la mobilisation des intelligences pour développer un vaccin en moins d’une année. C’est aussi la recherche du profit qui a poussé les entreprises à développer ce vaccin. Une belle illustration de la main invisible : des acteurs privés qui, en cherchant leur propre intérêt, agissent pour le bien de tous.

    Il est alors essentiel de tirer les bonnes conclusions de cette crise. La liberté est au fondement des échanges et de l’esprit d’entreprise. Le « monde d’après » ne doit donc pas consacrer la subordination des individus au service du collectif. Ceux-ci doivent cesser de chercher le salut dans l’action de l’État, car la stratégie du plus d’État est vouée à l’échec.

    Les États modernes doivent au contraire réapprendre à se recentrer sur leurs tâches essentielles de garants des libertés individuelles. Seul un État agile sera capable de faire face aux défis du XXIe siècle.

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      À quoi bon la Constitution aujourd’hui ?

      Gérard-Michel Thermeau · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 25 January, 2021 - 04:45 · 3 minutes

    constitution

    Par Gérard-Michel Thermeau.

    À quoi sert la Constitution ? La question mérite d’être posée en nos temps covidiens.

    Autrefois, la Constitution servait à limiter le pouvoir arbitraire des Princes . Depuis quelque temps, elle était au service des Princes pour mieux étendre leur périmètre d’intervention. Aujourd’hui, la Constitution n’est plus qu’un chiffon de papier.

    En effet, en dépit de tous les changements apportés au texte par des Congrès successifs tenus à Versailles, la charte constitutionnelle apporte trop d’entraves à l’action sans frein des gouvernements. Même le fameux article 16, qui faisait tant peur autrefois par ses pleins pouvoirs exceptionnels, imposait la réunion du Parlement de plein droit et limitait à 30 jours d’exercice la situation d’exception .

    Cela impose trop de contraintes visiblement pour l’exécutif à l’heure actuelle.

    Aussi, vivons-nous, depuis le premier confinement, sous le régime de l’arbitraire. Le Parlement s’est dépossédé de toutes ses prérogatives au profit de l’exécutif qui agit à sa guise. Dès lors à quoi bon maintenir la fiction constitutionnelle ?

    Comme malgré tout, les apparences sont primordiales, je propose de remplacer le texte actuel, devenu de plus en plus verbeux au fil du temps, par une nouvelle mouture. On pourrait l’appeler la Constitution de l’an I de l’État d’exception permanent. Je l’offre gratuitement au gouvernement.

    Il y a, comme chacun sait, dans chaque Français un constitutionaliste qui sommeille. Ma Constitution offre cependant un avantage sur tant d’autres textes : elle est déjà en partie appliquée.

    Art 1 : La France est une république démocratique, sociale, solidaire et écologiste. Tous les citoyens sans distinction de genre, d’ethnie, de religion sont égaux en charges, devoirs et obligations.

    Art 2 : Les droits humains étant incompatibles avec les droits de la Nature sont irrévocablement abolis.

    Art 3 : L’état d’exception devient la norme de la République pour répondre aux défis environnementaux, sanitaires et terroristes.

    Art 4 : Le président de la République sera élu tous les cinq ans au suffrage universel direct.

    Art 5 : Pour bénéficier du droit de vote, les Français devront être munis d’un passeport sanitaire, d’un bilan carbone répondant aux normes en vigueur et d’un certificat de civisme établis par le préfet de leur lieu de résidence.

    Art 6 : La société française ayant cessé d’être une société d’individus libres mais une société solidaire, toutes les autres élections sont abolies.

    Art 7 : Le président de la République nommera à sa discrétion un Premier ministre et des ministres pour la gestion des affaires courantes. Il pourra les renvoyer à sa guise.

    Art 8 : Le président de la République nommera un Conseil de défense qui sera chargé de prendre les mesures nécessaires à la protection et à la santé des Français.

    Art 9 : Chaque année, un Comité citoyen sera tiré au sort sur des listes établis par les Comités de surveillance écologique, responsable, solidaire et sanitaire. Ces listes devront refléter fidèlement les différentes catégories représentatives de la société. Ce comité, après après pris connaissance des avis des experts gouvernementaux, votera le budget tel qu’il est présenté.

    Art 10 : Chaque année, le président pourra faire désigner un Comité Citoyen, selon les modalités précisés à l’article 8, pour se prononcer sur le sujet de son choix. Ce Comité approuvera les propositions préparées par les experts gouvernementaux.

    Art 11 : Dans le cas où le Comité citoyen refuserait d’approuver les textes gouvernementaux, ceux-ci seraient transmis à la Commission des libertés de l’Union européenne pour les faire approuver par le Comité citoyen européen.

    Art 12 : La gestion des affaires locales sera confiée à des Comités de citoyens tirés au sort sur les listes établis par les Comités de surveillance écologique, responsable, solidaire et sanitaire. Ces Comités locaux seront soumis à l’étroite tutelle des préfets.

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      État d’urgence sanitaire : l’état d’exception s’est substitué à l’État de droit

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    état d

    Par Jonathan Frickert.

    Après les « Gaulois réfractaires », voici les « 66 millions de procureurs » .

    Prononcée le jour de la commémoration de la mort de Louis XVI, cette phrase du président de la République durant un déplacement à l’université Paris-Saclay a une saveur particulière.

    La veille, l’Assemblée nationale a voté ni plus ni moins que la prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 1er juin . L’exécutif donne-t-il le bâton pour se faire battre ?

    Après presque un an d’état d’urgence sanitaire, cette prorogation laisse songeur sur un retour des libertés perdues , alors que les Français supportent de moins en moins les restrictions qui leur sont imposées.

    Prolongation de l’état d’urgence sanitaire : pas de retour aux « droits ordinaires »

    Le 20 janvier a ainsi commencé l’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 1er juin prochain.

    Voté selon la désormais habituelle procédure accélérée, le texte semble toutefois avoir un peu plus fragilisé les rangs de la majorité. Cette dernière a en effet validé le texte non sans une certaine résignation. Mieux encore : certaines langues se délient au sein même de La République En Marche. Le député des Hauts-de-Seine Jacques Maire estime ainsi que le gouvernement devrait « gérer [la situation sanitaire] en revenant aux droits ordinaires » , c’est-à-dire ni plus ni moins de rendre aux Français leurs libertés inutilement perdues.

    Il faut dire que ce nouvel allongement fait suite à une année particulièrement éprouvante pour l’État de droit dans ce pays .

    Un an de restrictions

    Né le 23 mars dernier en pleine crise sanitaire, la logique de l’état d’urgence sanitaire est simple : un décret en Conseil des ministres déclare l’état d’urgence pour une durée maximale d’un mois. Au-delà de ce délai, la prorogation doit se faire uniquement par un vote au Parlement. L’état d’urgence peut ensuite être arrêté à tout moment avant la date initiale par un nouveau décret en Conseil des ministres.

    Cette logique explique la mécanique à l’œuvre. La loi du 23 mars crée l’état d’urgence et l’instaure pour une durée de deux mois. Le 11 mai, une loi prolonge l’état d’exception pour deux mois supplémentaires jusqu’au 11 juillet suivant. Le 9 juillet, une nouvelle loi est votée pour organiser la sortie de l’état d’urgence.

    Le 17 octobre, la procédure est rodée et sa logique normale se met en route. Un décret en Conseil des ministres instaure l’état d’urgence pour une durée d’un mois. Quelques jours avant l’échéance, le 14 novembre, l’Assemblée nationale vote la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 16 février, le 13 janvier suivant est présenté en Conseil des ministres la nouvelle prolongation votée mercredi.

    Au moment où nous écrivons ces lignes, sur les 10 derniers mois, les Français en ont vécu sept sous un régime d’exception, s’ajoutant à l’état d’urgence antiterroriste entré dans le droit commun fin 2017 .

    L’état d’urgence sanitaire pour tous

    L’état d’urgence sanitaire s’inspire largement de l’état d’urgence né en 1955. Il existe cependant une différence notable rappelée par le vice-président du Conseil d’État Bruno Lasserre : l’état d’urgence de 1955 « a toujours été dirigé contre un nombre très réduit de personnes suspectées de représenter une menace pour l’ordre public », là où le texte de 2020 vise l’ensemble de la population, amenant le gouvernement a restreindre progressivement plusieurs libertés fondamentales et en particulier les libertés de circulation et du travail. Deux libertés considérablement amputées depuis un an où les couvre-feux ont succédé aux confinements.

    Un malaise français

    Cette situation aura touché en plein cœur ce qui fait l’identité française. Le pays de la gastronomie, du tourisme et de la culture pleure aujourd’hui ses restaurateurs, hôteliers et artistes. Au report de la date de reprise de leur activité s’ajoute désormais la fin annoncée du « quoiqu’il en coûte » , destiné à compenser maigrement les restrictions imposées. Au milieu, le contribuable ne peut que payer et anticiper les inévitables hausses d’impôts à venir.

    Récemment, le monde universitaire a rejoint la grogne avec la lettre adressée au chef de l’État par Heidi Soupault, étudiante à Science Po Strasbourg. Dénonçant la fermeture des universités et le mal-être estudiantin, le texte a mis à jour l’incroyable fossé générationnel que l’état d’urgence sanitaire ne cesse de creuser entre la protection de la vie des plus fragiles et l’interruption de celle des plus jeunes. Les bacheliers sont ainsi désormais contraints à passer leurs examens en contrôle continu pour la deuxième année consécutive.

    Pourtant, cela n’a pas empêché le gouvernement de tenter, à l’aube des fêtes de fin d’année, de faire entrer dans le droit commun certains éléments de l’état d’urgence sanitaire , au mépris des inquiétudes notamment formulées par le Conseil d’État.

    Face à la polémique initiée d’abord sur les réseaux sociaux, le gouvernement a été contraint de retirer son projet dès le lendemain même de sa publication.

    Une crise persistante

    Malgré cette situation ubuesque, la crise sanitaire semble loin d’être terminée. Les espoirs déchus de campagne de vaccination se sont heurtés à l’habituel pouvoir de nuisance de la bureaucratie française avec l’imbroglio des prises de rendez-vous sur Doctolib . Depuis un mois, les autorités se sont ainsi montrées incapables de gérer convenablement les flux de vaccins et de patients désormais de plus en plus nombreux à être convaincus par le procédé .

    S’ajoute à cela une troisième vague prévue pour le mois de mars et l’émergence de mutations de plus en plus fréquentes du virus.

    Un échec bureaucratique

    L’absence d’anticipation de la crise par les autorités, le bourbier bureaucratique en matière de gestion de la pandémie puis de la campagne vaccinale auront donc eu raison d’un système de santé vanté depuis des décennies comme un des meilleurs au monde.

    Au chaos administratif français, l’exécutif répond donc par ce qu’il sait faire de mieux : l’éternelle paralysie de notre État de droit.

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      Confinement 3 : la crise sanitaire révélatrice du mal français

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 03:50 · 9 minutes

    confinement 3

    Par Olivier Maurice.

    La France vit donc son troisième confinement. Car il n’est pas la peine de se demander si la bouteille est à moitié pleine ou à moitié vide, nous sommes confinés 12 heures par jour , de 6 heures du soir au lendemain matin 6 heures et en régime de semi-liberté les 12 autres heures de la journée.

    En régime carcéral, cela s’appelle le placement à l’extérieur : un aménagement de peine qui permet au détenu de travailler, mais l’oblige à revenir dormir en prison.

    Après 6 heures, tout redevient comme avant, entendez par là comme pendant le vrai confinement, celui qui osait dire son nom. Les mêmes attestations de sortie dérogatoire à compléter soi-même, les même exceptions pour promener son chien, les mêmes prunes à 135 euros et la même déprime dans les rues abandonnées aux rongeurs nuisibles, les muridés et les autres.

    Qui se souvient encore du monde d’avant ? Du vrai monde d’avant, celui des discussion au café et des films au cinéma ? Espérons-nous encore un monde d’après ? Est-ce qu’il existera et à quoi pourra-t-il bien ressembler quand l’inondation de folies redescendra enfin ? Si elle descend un jour !

    Un an maintenant que l’on n’entend plus parler que de Coronavirus, de contaminations, de covid, de maladie, d’hospitalisations, de réanimations, de décès, de restrictions de libertés, de contrevenants, de comportement incivique et de comportement inconséquent des uns et des autres.

    Un an que la France vit en régime carcéral.

    Mais qu’avons-nous donc fait pour mériter une telle punition ?

    On aura beau râler sur, au choix : les politiciens, le système, la mondialisation, les pays étrangers, les Américains, les Chinois, les Russes ou le monde de la finance, le constat est cependant bien plus clair que cela : nous récoltons aujourd’hui ce que nous avons semé hier.

    L’analyse des disparités et des incohérences qu’un an de régime de tyrannie sanitaire aura révélée nous permet assez clairement de voir ce qui ne va pas dans notre pays.

    La dépendance à l’État

    Le premier point est la dépendance à l’État. Dépendance devenue si flagrante qu’elle relève presque du syndrome de Stockholm. Depuis un an, le pays vit au rythme effréné des déclarations gouvernementales hebdomadaires, des fameux points de presse du jeudi que la population attend désormais comme on attend le briefing du matin au boulot ou l’emploi du temps de la semaine à l’école.

    Le rapport des Français avec l’État a fondamentalement changé. D’un conglomérat assez obscur de services publics, l’État est devenu le patron. Pas le grand patron qu’on ne voit jamais, mais le petit patron, le petit chef, celui qui est chaque jour sur votre dos, qui surveille vos moindres faits et gestes et qui vous fait des réflexions à la moindre occasion.

    On connait tous les ravages que font ces rapports conflictuels dans les entreprises.

    En plus de la dépendance hiérarchique, une réelle dépendance économique s’est créée entre des milliers d’entreprises, d’indépendants, de secteurs qui ne survivent pour l’instant que parce que l’État perfuse ces secteurs qu’il a délibérément mis en sommeil. Comment se passera le sevrage d’argent public et qu’adviendra-t-il de ces entreprises zombies ?

    Sans compter en plus de tout cela sur l’effet délétère d’avoir maintenu en vie des acteurs qui aurait dû disparaître, non pas à cause de la crise, mais à cause de leur mauvaise stratégie, de leurs problèmes structurels, du manque de valeur ajoutée ou de différenciation, et que le marché aurait éliminé.

    Quel poids ces entreprises inadaptées ou dépassées, maintenues en survie artificiellement vont-elles faire peser sur la reprise ?

    La mauvaise santé de la population

    Que l’on évalue ou non l’impact des mesures sanitaires sur le bilan humain de l’épidémie, celui-ci est loin d’être fameux. Il est certes bien plus facile d’ accuser le virus ou surtout les mauvais comportements de la population, mais ce n’est que détourner le regard pour éviter de constater une évidence : si le bilan humain est si lourd, c’est que quelque chose ne fonctionne pas du tout dans le couple patient-soignant.

    La santé repose à la fois sur la condition physique des individus et sur l’accès aux soins. Et malgré le matraquage quotidien effectué depuis des années sur les ravages des mauvaises habitudes et l’incroyable importance donnée à la nourriture, malgré la gigantesque montagne d’argent investi dans les services sanitaires, ni l’un, ni l’autre n’ont permis d’éviter les hécatombes dans les maisons de retraite et certaines couches de la population, ni l’engorgement misérable des services hospitaliers.

    Le constat est sans appel : la population française est en mauvaise santé, autant parce que le pourcentage de personnes à risque est très élevé que parce que les services sanitaires ne sont plus à même d’assurer la couverture de cette population.

    Au-delà de la notion de protection sociale, c’est toute notre vision de la santé qui est remise en question, en passant par le sport et l’entretien physique : alimentations, addictions, soins bénins… et en terminant par la vieillesse.

    Le bilan catastrophique de cette épidémie et l’effondrement du système de santé sont la directe conséquence du « Je fais ce qu’il me plait, je ne crains rien, j’ai gratuitement accès au meilleur service de santé du monde ».

    La santé ne peut être gérée ni comme un centre de coût, ni comme un argument électoral ; elle est un sujet bien trop important pour être laissée aux mains de fonctionnaires, de corporations ou de politiciens.

    La France perdue des villes

    Cette crise a également relevé les incroyables disparités territoriales de notre pays. Elle a surtout montré l’incapacité d’une organisation centralisée à gérer cette diversité.

    Si la France est globalement restée si tranquille pendant toute cette crise, c’est que les Gaulois réfractaires, ceux qui sortent au besoin les gilets jaunes ou les bonnets rouges et qui biberonnent de la potion magique au premier coup de sang, en grande majorité ceux qui vivent dans la France périphérique , sont tranquillement restés dans leur village.

    Il faut dire que les mesures sanitaires ont majoritairement frappé les citadins, dans leurs effets mais aussi dans leur philosophie.

    Ce sont les citadins qui vont au restaurant trois soirs par semaine, au cinéma et au théâtre et dans les salles de sport. À la campagne et dans les petites villes, on va au restaurant pour les anniversaires, on a un home cinéma dans son salon et on fait du sport dans les associations, ou entre amis. De toute façon, on ne manque pas d’exercice physique.

    À la campagne, tant que le centre commercial est ouvert, qu’il y a de l’électricité et de l’essence, on se débrouille. Ce sont les citadins qui s’entassent dans les transports en commun et qui restent cloîtrés dans 20 mètres carrés par personne.

    Quel impact peuvent donc avoir des mesures ayant majoritairement consisté à interdire des activités qu’une partie importante de la population ne pratiquaient déjà pas, par faute de temps, de moyens, d’intérêt ou tout simplement d’accès ?

    Beaucoup d’élus locaux, moins coupés de la réalité, ont compris cette incohérence et se sont senti pousser des ailes, voire des griffes.

    L’État jacobin commence enfin à être soumis à concurrence. Certes une concurrence bien timide quand les présidents de région organisaient des distributions de masques ou quand les acteurs industriels se mettaient à fabriquer du gel hydroalcoolique, mais le mouvement est lancé et le state-bashing est passé au stade du sketch télévisé et aux banalités sorties quotidiennement par les élus locaux.

    Le vrai changement

    Il faudra sans doute attendre 2027 pour voir le vrai changement se produire. L’élection présidentielle de 2022 sera trop proche de l’impact pour que des solutions politiques nouvelles qui vont forcément émerger de cette crise ne voient le jour en si peu de temps.

    La grande question reste quand même celle du dégel. Que se passera-t-il quand le spectre de la troisième vague de printemps sera passé, qu’il y ait ou non d’ailleurs répétition de la flambée du printemps 2020 ?

    La radicalisation d’une partie importante de la population est en tout cas une certitude. Il semble raisonnable de dire qu’à part un petit noyau protégé, les Français ont été sévèrement secoués par la crise, que ce soit par les décisions arbitraires, la défaillance du système de santé, ou les errements du pouvoir central.

    Dans quelle population plus durement touchée par la crise se produira ou ne se produira pas l’étincelle que tout le monde redoute ? Chez les étudiants sacrifiés et cloitrés en isolement, chez les indépendants qui ont vu leur business fondre et disparaître, chez les salariés mis en chômage partiel et dont le sursis prendra fin avec les subventions, chez les ruraux ou les citadins, chez les jeunes ou les vieux qui ont payé un très lourd tribut à un État qui n’a absolument pas été à la hauteur de ses promesses.

    Que font les professionnels de la révolution d’habitude si prompts à faire un barrouf géant au moindre sourcil de travers ? Où sont passés les syndicats d’étudiants, les associations de commerçants, les syndicats, les associations, les collectifs et autres people engagés ?

    La liberté est la clef. Nous le savons et nous avons des propositions claires, précises, efficaces et réalistes pour sortir de cette impasse dans laquelle les politiques étatistes ont mené le pays. C’est le moment de faire entendre nos voix et de diffuser notre message.

    Si ce ne sont pas les libéraux qui le font, personne ne le fera, il ne faut pas compter sur les ex-révolutionnaires d’après-guerre et leurs héritiers. Ce sont eux qui envahissent quotidiennement les plateaux télé pour accabler la jeunesse de reproches, demander chaque jour davantage de restrictions et nous faire la morale.

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      État d’urgence sanitaire : l’Assemblée nationale réduite à néant

      Francis Richard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 03:40 · 4 minutes

    état d

    Par Francis Richard.

    Le 20 janvier 2021, à l’Assemblée nationale, avait lieu l’examen par les députés de la demande de prorogation par le gouvernement de l’état d’urgence sanitaire .

    L’état d’urgence sanitaire a été voté une première fois pour la période du 24 mars 2020 au 10 juillet 2020. Il a été renouvelé à partir du 17 octobre 2020 et prorogé une première fois, le 14 novembre 2020, jusqu’au 16 février 2021.

    L’état d’urgence sanitaire

    L’état d’urgence sanitaire est une mesure exceptionnelle que peut prendre le conseil des ministres en cas de catastrophe sanitaire, due, par exemple, à une épidémie, qui mettrait en péril la santé de la population.

    Encore faut-il qu’il y ait sans conteste catastrophe sanitaire… Pour cela, le gouvernement s’est révélé maître dans l’art de transformer une épidémie , qu’il ne fallait certes pas sous-estimer, en catastrophe sanitaire.

    En effet, pour masquer son impéritie et son imprévoyance, il a délibérément tenu sur cette épidémie des propos alarmistes et pour ce faire, a utilisé, au fil du temps, les indicateurs qui semblaient les justifier.

    L’interdiction de prescrire et de traiter

    La stratégie qu’il a adoptée était une stratégie perdante puisqu’il a formellement interdit aux médecins de prescrire des remèdes, c’est-à-dire de traiter les malades, et, compte tenu de la calamité qui en est résulté, a pris les mesures calamiteuses que l’on sait.

    Cet état d’urgence sanitaire lui a permis en toute légalité de porter atteinte à des libertés individuelles fondamentales (celle de se déplacer, d’entreprendre ou de se réunir) et de réquisitionner des biens et services portant là atteinte aux droits de propriété.

    Les mesures prises lors d’un état d’urgence sanitaire doivent en principe être proportionnées aux risques encourus. Or ce n’a pas été le cas puisque les catastrophes économiques et sociales qui se profilent seront certainement plus sévères que le mal qu’il fallait combattre.

    État d’urgence : les crises d’autorité d’Olivier Véran

    Lors des débats de la première séance du 20 janvier 2021 , dans l’après-midi, le ministre des Solidarités et de la Santé, le socialiste Olivier Véran s’est une nouvelle fois distingué par le mépris dans lequel il tient les députés qui osent le contredire ou demander des comptes.

    Le 3 novembre 2020, le ministre, faisant une crise d’autorité, avait demandé aux députés qui le chahutaient et qui ne voulaient pas l’entendre de sortir de l’hémicycle … Cette fois, il a dit à ses contradicteurs que la place d’un député est dans l’hémicycle et pas ailleurs…

    Très naturellement, puisque les membres du Conseil scientifique, aussi éminents soient-ils, ont été nommés et n’ont pas été élus, des députés ont eu l’outrecuidance de vouloir les contrôler et avoir accès à leurs discussions.

    État d’urgence : des discussions trop techniques pour les députés

    Ces discussions sont d’une grande importance puisqu’en découlent des avis sur lesquels se base le gouvernement pour prendre ses décisions calamiteuses. Mais, pour le ministre socialiste, ces discussions sont trop techniques pour les députés.

    Le ministre socialiste expose que sa dernière saisine du Conseil scientifique portait sur la question suivante :

    Disposez-vous d’éléments quant aux probabilités d’efficacité des vaccins par ARN messager sur des variants engageant des mutations de la protéine S du coronavirus, notamment sur le VOC 20201/01 ?

    Le député Julien Aubert a eu beau jeu de lui dire qu’ on peut supposer que [des députés] pourraient – en particulier ceux d’entre eux qui sont médecins – parfaitement siéger au Conseil scientifique. Cela permettrait de savoir si les membres de cette instance sont toujours unanimes, surtout sur des sujets qui touchent aux libertés publiques et fondamentales .

    Les députés ne servent qu’à enregistrer

    Mais l’opacité est la règle pour cette instance ad hoc, qui a été créée par la seule volonté du Président de la République . Julien Aubert a pourtant rappelé que sa composition n’a fait l’objet d’aucun débat, que ses décisions ne font l’objet d’aucune publicité et qu’elle échappe donc aux règles de la CADA, la Commission d’accès aux documents administratifs .

    À ce moment-là, à quoi servent donc les députés ? À enregistrer, comme dans une république bananière. Lors de la deuxième séance du 20 janvier 2021, l’Assemblée nationale a d’ailleurs prorogé l’état d’urgence jusqu’au 1er juin 2021 par 113 voix contre 43. Il n’y avait en effet que 160 votants sur un total de 577 députés…

    Où se terraient les autres députés, notamment ceux de la République en marche vers l’autoritarisme technocratique ? Peut-être se confinaient-ils déjà, par avance… En tout cas, ils n’étaient même pas dans l’hémicycle où Olivier Véran voudrait qu’ils se cantonnent et enregistrent sans discuter ce qui leur est demandé d’entériner.

    Sur le web

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      Personnalité, liberté, propriété : ces principes piétinés par l’urgence sanitaire

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 21 January, 2021 - 04:30 · 10 minutes

    liberté

    Par Patrick de Casanove.

    Nous avons récemment abordé le fait que dans la gestion de la Covid, la France et l’Europe tournaient une nouvelle fois le dos à leurs valeurs.

    Les valeurs : dignité et liberté

    Les textes fondateurs français ou européens citent plusieurs valeurs, mais la liberté et, pour les plus récents, la dignité, ressortent.

    En France, il s’agit de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 à laquelle il est fait référence dans le préambule de la Constitution (Art 1,2,4). L’ article 16 du Code civil précise :

    La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie.

    En Europe, la Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne (Préambule, Chapitre 1 Art 1, chapitre 2 Art 6) fait référence à des valeurs universelles. Elles sont dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée Générale des Nations Unies . (Préambule, Art 1, 2 et 3)

    La liberté est la possibilité de pouvoir agir selon sa propre volonté, dans le cadre d’un système politique ou social, dans la mesure où l’on ne porte pas atteinte aux droits des autres et à la sécurité publique. La liberté individuelle est « le droit de chacun d’agir librement sans encourir de mesures arbitraires (emprisonnement, astreinte à résidence, interdiction de se déplacer, etc.). »

    La dignité est le « sentiment de la valeur intrinsèque d’une personne ou d’une chose, et qui commande le respect d’autrui. »

    L’ état d’urgence sanitaire annihile ces valeurs et crée l’injustice.

    L’injustice

    L’état d’urgence sanitaire et les mesures liberticides qu’il rend légales méprisent ces valeurs fondatrices. Elles détruisent les droits naturels individuels :

    « Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. » Frédéric Bastiat, La Loi (1850)

    La destruction légale de ces droits est ce que Bastiat nomme la spoliation légale .

    Elle est injuste, et comme toute injustice elle ne peut engendrer que le malheur ; justice entendue au sens de « rendre à chacun le sien » et de « principe moral qui exige le respect du droit et de l’équité. Qualité morale qui invite à respecter les droits d’autrui. »

    Sacrifier les uns au profit des autres est une injustice. Enfermer les gens est une injustice. Les assigner à résidence, fermer les activités économiques, restreindre les déplacements sont des injustices. Intervenir dans la vie privée, la vie familiale, la vie intime est une injustice.

    L’autorité centrale anéantit le libre choix, la responsabilité individuelle. Elle traite les citoyens en objet, elle leur retire toute dignité, toute humanité. C’est une injustice.

    Le problème révélé par la prise en charge de la Covid n’est pas seulement un problème paramétrique, de matériel, ni de logistique, ni de stratégie.

    Le problème c’est l’existence d’une autorité centrale , composée d’une poignée d’individus qui décident de tout. Le problème c’est la place étouffante, dévastatrice d’un État qui s’étend indéfiniment. Cette extension infinie a trouvé avec la Covid l’alibi parfait pour un magistral coup d’accélérateur.

    L’outil de l’État est la peur, quitte pour la majorer à aggraver l’épidémie ou à la faire passer pour plus grave qu’elle n’est. La peur permet de contrôler et soumettre les populations.

    Quelles que soient les circonstances et quels que soient les problèmes, une prise en charge politique ne peut être que coercitive. L’État n’agit que de manière répressive, oppressive, centralisée et bureaucratique. Il ne sait que dépenser l’argent des autres.

    Il est donc irrationnel de laisser les politiques se mêler de tout, ici d’un problème médical. Cela ne peut qu’entraîner une atteinte gravissime aux droits fondamentaux de l’être humain.

    L’aboutissement est le totalitarisme.

    Personnalité, liberté, propriété : voilà l’Homme

    Il faut mettre fin à l’injustice.

    La pensée de Frédéric Bastiat repose sur les droits naturels individuels :

    Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. La Loi (1850)

    La liberté

    « La propriété, le droit de jouir du fruit de son travail, le droit de travailler, de se développer, d’exercer ses facultés, comme on l’entend, sans que l’État intervienne autrement que par son action protectrice, c’est la liberté » Propriété et loi (1848)

    L’action protectrice étant la protection des droits naturels et non pas la notion d’État protecteur au sens État nounou que nous avons aujourd’hui.

    La propriété

    « J’entends par propriété le droit qu’a le travailleur sur la valeur qu’il a créée par son travail. […] Dans la force du mot, l’homme naît propriétaire, […] la propriété n’est que le prolongement des facultés. Séparer l’homme de ses facultés, c’est le faire mourir ; séparer l’homme du produit de ses facultés, c’est encore le faire mourir. » Propriété et loi (1848)

    « Nous disons, nous : l’homme est propriétaire de lui-même, par conséquent de ses facultés, et, par suite, du produit de ses facultés. » Baccalauréat et socialisme (1850)

    Personnalité

    La personnalité inclut la dignité. Chaque individu est une personne naturellement libre, responsable de ses actes, apte à choisir, à décider pour elle-même, avec des projets de vie, des rêves.

    Elle est unique, elle possède une identité, une culture et un honneur. La personnalité est inhérente à l’Homme. Comme la dignité , il ne la perd jamais, même malade, même infirme, même handicapé etc. C’est parce qu’il a une personnalité que tout être humain mérite le respect. La personne humaine est sacrée, n’a pas de prix et sa valeur est incommensurable.

    Voilà l’Homme

    « Et même, les mots propriété, liberté n’expriment que deux aspects de la même idée. […] Et puisque la valeur a sa raison d’être dans l’acte humain, on peut dire que la liberté implique et comprend la propriété. Il en est de même de l’oppression à l’égard de la spoliation. » Frédéric Bastiat, Conclusion de l’édition originale des Harmonies Économiques (1850)

    En réalité ces trois droits ne font qu’un. Ils font l’Homme. C’est une trinité libérale. La liberté est la propriété qui est la personnalité. Pour Bastiat, les trois droits naturels sont indissociables. Porter atteinte à l’un détruit les autres. Ils sont consubstantiels à la nature humaine. Les détruire chosifie.

    La souffrance d’autrui engendrée par la coercition gouvernementale ne saurait se réduire à sa partie physique, à ses dommages matériels qu’ une compensation matérielle effacerait en totalité ou en partie. C’est une vision matérialiste, utilitariste, économique au sens moderne et réduit. Ce n’est pas une vision libérale. Cette approche strictement matérielle méconnaît la nature humaine qui est chair et os, mais est aussi esprit, intellect, culture et espoir. Elle fait fi de la personne humaine.

    La personne humaine inaliénable et sacrée

    Avec la peur créée par le gouvernement bien des Français pensent que la fin justifie les moyens .

    En particulier une fin dite d’intérêt collectif, la fin de l’état d’urgence sanitaire, justifierait le sacrifice d’intérêts particuliers. On parle beaucoup, et c’est compréhensible, de la souffrance des personnes développant des formes graves de la Covid, de la souffrance de leur famille et de leurs proches en cas d’issue fatale. Essayer d’éviter ces souffrances ne justifie en rien que l’on fasse souffrir d’autres personnes. Le seul sacrifice qui vaille est volontaire.

    L’intérêt collectif ne justifie pas l’usage de tous les moyens et n’exige pas que l’individu soit sacrifié à la communauté. Celle-ci ne peut pas disposer d’un individu quel qu’il soit, et encore moins pratiquer son sacrifice. Derrière les intérêts particuliers se trouvent des êtres humains.

    Les êtres humains ont des projets de vie. Humanité et projet de vie sont indissociables. Le projet de vie donne un sens à la vie. La vie se différencie alors de la non-mort indemne de la Covid. Le projet de vie consiste à mener sa vie comme on l’entend, en conformité avec sa culture, ses désirs et sa personnalité, en respectant les droits naturels individuels d’autrui.

    Pour concevoir et mener un projet de vie il faut avoir des conditions d’existence décentes. Le confinement, l’assignation à résidence, le couvre feu… détruisent aussi les conditions matérielles favorables à l’éclosion d’un projet de vie, donc à l’épanouissement personnel. Un projet de vie ne peut être dicté, ni détruit, par d’autres, même au nom d’un prétendu bien collectif qui ne peut résulter de la destruction d’un bien individuel.

    La logique politique qui sous-tend la stratégie française consiste à sacrifier la population, l’économie, la société, pour ne pas surcharger les hôpitaux et les services de réanimation. Sacrifier les uns au profit des autres est une politique de rationnement, ici des soins. Il s’agit d’un tri qui ne dit pas son nom.

    Sacrifier des êtres humains à la santé, en réalité sacrifier des êtres humains à d’autres êtres humains, les vieux aux jeunes revient à donner des valeurs différentes à la vie des personnes. La qualité d’une civilisation se juge à la manière dont elle traite les plus faibles, à la manière dont elle traite sa plus petite unité de base, sa plus petite minorité, qui est l’individu.

    Chaque être humain a l’obligation morale de traiter dignement tous les autres. Partant de là il est du devoir de l’État de respecter tous les êtres humains et de veiller à ce que chacun respecte son prochain. Ce respect particulier est dû car chacun est une personne.

    Ce respect dû ne disparaît pas avec la mort. C’est pourquoi la manière dont l’État contraint les familles, les parents, amis et alliés, à accompagner leurs défunts est indigne .

    Le salut et l’harmonie

    Attenter aux droits naturels détruit l’Homme. Rien ne justifie cette atteinte, même pas le consentement. Les droits naturels sont inaliénables. Il n’est pas dans le pouvoir d’un individu de consentir à leur abandon. Il peut toutefois déléguer une partie de ses droits, de manière réversible, à une organisation collective choisie.

    La soumission n’est pas conforme à l’honneur qui veut que l’être humain puisse faire face courageusement à l’adversité et défendre ses droit naturels.

    La liberté est un droit naturel, mais elle se conquiert et se mérite. Des forces terribles se liguent pour la détruire. Les plus dangereuses sont celles issues des États car elles se parent de légalité.

    L’épidémie de SARS-coV2 et ses variants, peu grave si bien prise en charge, ne justifie absolument pas les mesures coercitives adoptées par les gouvernements.

    Le salut et l’harmonie passent par le respect de la personne humaine. Cela se traduit par la confiance qui lui est accordée. Un vie normale repose sur la confiance, il ne peut en être autrement : confiance des individus entre eux, de l’État envers les individus et des individus envers l’État. Pour cela l’État doit avoir pour seul rôle de défendre les droits naturels individuels universels.

    En pratique, l’État doit cesser de gouverner par la peur. Il ne doit plus mentir. Il doit mettre fin au régime d’exception que constitue l’état d’urgence sanitaire. Il doit laisser les individus accomplir leur projet de vie.

    La vie doit reprendre ses droits.

    Ainsi l’espoir reviendra et la France renaîtra.

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      Anonymat sur les réseaux sociaux : le faux débat

      Yannick Chatelain · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 19 January, 2021 - 03:50 · 6 minutes

    anonymat

    Par Yannick Chatelain.

    « Pour moi l’anonymat pratiqué sur les réseaux sociaux est une régression » déclarait Emmanuel de Wasqueriel , sur France Inter, précisant « qu’une démocratie, c’est avancer à visage découvert… » et « plutôt que de restreindre la liberté d’expression sur les réseaux sociaux, il faudrait obliger à la suppression de l’anonymat » ajoutant ainsi sa voix à un faux débat régulièrement relancé : la fin de l’usage du pseudonyme.

    Pour rappel, cette thématique avait resurgi en octobre 2020  portée par des élus de premier plan dont Xavier Bertrand et Valérie Pécresse suite au tragique assassinat du professeur Samuel Paty .

    La fin des pseudos : la porte ouverte à l’autocensure

    Pour que ce genre de faux débat prenne fin, encore faudrait-il que ceux qui s’expriment sur le sujet intègrent une bonne fois pour toutes que l’anonymat sur les réseaux sociaux n’existe pas, à moins de faire partie de l’élite hacker et de disposer de compétence technologique hors norme rendant le traçage de l’émetteur particulièrement complexe, voire quasi-impossible.

    La liberté d’expression a des limites et elle est d’ores et déjà encadrée en France par la loi. Dans la réalité du net, si une plainte est déposée derrière un pseudonyme, les forces de l’ordre disposent de tous les moyens nécessaires pour remonter à la source. Il serait d’ailleurs à ce titre plus juste de parler de P seudo A nonyme que de pseudonyme et de vulgariser cette appellation. Ce faux débat serait alors peut-être définitivement clos.

    Ceux qui militent pour la levée de ce PseudoAnonymat le font peut-être par ignorance technologique. S’ils se pensent de bonne foi, il ne peut dès lors leur en être tenu rigueur. Ils pourront alors éventuellement repenser leur position antérieure. A contrario si tel n’est pas le cas, si ce combat est mené en connaissance, alors il s’agit d’un argument fallacieux utilisé de façon délibérée pour justifier l’interventionnisme de l’État et un encadrement potentiellement outrancier de la liberté d’expression en postulant la méconnaissance technologique d’une partie de la population.

    La fin de ce PseudoAnonymat serait la porte ouverte à l’autocensure. Le mal serait, in fine , bien pire que le bien supposé apporté à notre démocratie. La fin de ce PseudoAnonymat porterait insidieusement un coup fatal à la libre expression de chacun…

    Que dire alors et qu’écrire ? Hormis exprimer des platitudes insipides s’inscrivant dans telle ou telle pensée dominante pour ne surtout pas prendre le risque de tomber dans ce qui peut rapidement se révéler être une effroyable machine à broyer des vies.

    Le PseudoAnonyme est avant tout une protection de l’usager et de sa libre expression

    Comme évoqué précédemment, l’anonymat sur Internet est parfaitement relatif lorsque les autorités compétentes sont mandatées par les autorités judiciaires pour remonter à l’émetteur. Ces dernières disposent des outils et des savoir-faire et elles le trouvent.

    A contrario un usager lambda contrarié par un propos, une idée, et souhaitant en découdre aura beaucoup plus de difficulté à remonter à la source pour régler ses comptes.

    Dès lors que le propos ne tombe pas sous le coup de la loi, l’usage de pseudonymes – contrairement à ce qu’avance l’historien Emmanuel de Wasqueriel et d’autres qui partagent son avis –  c’est avant tout la garantie pour chacun d’exercer son droit à une libre parole sans crainte de représailles disproportionnées, sans avoir à redouter  – si le propos ne convient pas à d’autres usagers – que la machine à détruire ne s’emballe.

    Il faut garder à l’esprit que sans le garde-fou d’un PseudoAnonyma t , pour un propos qui déplait sans contrevenir à la loi, tout usager s’exposerait à devenir la cible des formes de harcèlement les plus courantes recensées par le blog du hacker , à savoir    :

    Remember Justine Sacco

    Le lynchage en ligne peut toucher tout le monde. Nul n’est à l’abri de voir sa vie ruinée pour quelques mots très maladroits comme le révèle le cas de Justine Sacco dont j’avais fait l’analyse .

    En 2013 et cette professionnelle de la communication avait eu la bien mauvaise idée de tweeter à ses 170 abonnées :

    « Going to Africa. Hope I don’t get AIDS. Just kidding. I’m white ! »

    Il y avait deux façons d’interpréter ce tweet ambigu : soit une dénonciation d’une prise en charge du Sida non équitable en Afrique du Sud selon sa couleur de peau,  soit un racisme des plus arrogants. Le réseau aura interprété le tweet de la jeune femme comme un tweet raciste. Il aura alors suffi de onze heures de vol pour que la jeune femme voie sa vie ruinée , la toile étant remplie de justiciers auto-proclamés qui se font ainsi des bourreaux plus cruels que les cibles qu’ils clouent au pilori de l’internet.

    Pensez-vous qu’il en aurait été de même du destin de cette jeune femme si elle avait tweeté sous un pseudonyme ? Ce tweet aurait tout simplement pu être signalé par les utilisateurs en ayant eu une lecture raciste… des plaintes déposées… et la jeune femme aurait alors, éventuellement, eu à en répondre à la justice de son pays qui aurait alors tranché.

    En tout état de cause elle ne serait pas devenue une cible à abattre ni la victime d’un massacre en bande de lâches organisés. Un massacre intégrant des tweets, eux, sans la moindre ambiguïté et passibles de poursuites.

    Pour conclure ce faux débat de l’anonymat

    Au temps de la cancel culture , les réseaux et les hommes étant ce qu’ils sont, parfois moins sophistiqués que les machines qu’ils inventent et utilisent, le PseudoAnonymat est indispensable pour permettre à chacun de pouvoir s’exprimer librement sur la toile sans risquer des représailles qui peuvent se révéler totalement disproportionnées.

    Ce PseudoAnonymat – s’il est nécessaire de le réécrire – n’empêchant nullement la justice, la vraie –  pas celle d’une meute – de faire son travail s’il y a lieu. S’exprimer librement est un droit constitutionnel reconnu à tout citoyen français. Dans son article 10, la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ne précise-t-elle pas :

    « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. »

    Dans son article 11, cette même déclaration n’insiste-t-elle pas :

    « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

    L’anonymat sur la toile n’étant majoritairement qu’une Arlésienne, longue vie au PseudoAnonymat et fin de ce faux débat.

    « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. » George Orwell