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      En 2021 : confiner l’étatisme, déconfiner la liberté d’expression

      Alain Laurent · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 12 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    étatisme

    Par Alain Laurent.

    À l’agenda de ce qu’un libéral de grande tradition peut souhaiter voir mis en état d’urgence pour 2021 devrait figurer en premier lieu la découverte d’un drastique vaccin intellectuel et politique immunisant contre le… statovirus qui achève de transformer notre nation en Étatistan : le pays où règne de manière absolue l’État de droit divin. Mais il devra également formuler des vœux (non pieux) en faveur d’un renforcement du combat contre les nouvelles menaces proliférantes qui pèsent désormais sur la liberté d’expression, un bien premier de l’esprit sans lequel la vie ne mérite pas d’être vécue.

    Derrière l’Absurdistan, l’Étatistan

    Il y a quelque temps, on s’en souvient, la presse allemande avait ironiquement qualifié la France d’Absurdistan , visant par là l’hyper-réglementation bureaucratique et courtelinesque (les attestations infantilisantes, la définition aberrante des commerces dits essentiels…) y caractérisant la gestion de la crise sanitaire.

    Constat clinique d’autant bien vu qu’il pointait un mal récurrent ainsi que l’a montré le récent nouveau ratage au sujet de la vaccination de masse , comme si la devise gouvernementale était : « Pourquoi faire simple et efficace quand on peut faire compliqué et contre-productif ? »

    Mais au-delà des symptômes, il faut remonter aux causes et poser un diagnostic, lequel n’a au demeurant rien d’original : l’emprise étouffante et stérilisante d’un État obèse et boulimique, à la fois omnipotent, capable de déverser tout à coup un torrent d’argent magique, et impotent, incapable de faire respecter un véritable État de droit ; impotent en raison même de sa prétention à une omnipotence – version ultra-centralisation monarchisante.

    Comment donc confiner l’État après l’avoir fait revenir à sa juste et nécessaire place (son confinement n’ayant d’intérêt que précédé de son refoulement !), et le contraindre à assurer la seule mission légitime qui devrait être la sienne : effectivement garantir la liberté, la propriété et la sûreté des citoyens ?

    Comment parvenir à guérir nos concitoyens de leur statolâtrie , eux qui se disent si majoritairement demandeurs d’une dépense et une fonction publiques en expansion indéfinie ?

    Mais pour continuer à filer la métaphore en forme de boutade d’un vaccin mental, celui-ci ne pourrait certes pas s’administrer aux étatistes invétérés, que l’on n’imagine pas renoncer volontairement  – respect de leur consentement oblige – à  leur projet d’étatisation totale de la société. Il devrait donc concerner tous ceux que commencent à ébranler les fiascos bureaucratiques à répétition, afin qu’ils sortent de leur aveuglement et comprennent d’où proviennent les maux qu’ils dénoncent, et soient gagnés par l’envie et la volonté d’en finir avec l’Étatistan.

    Pour y prédisposer, rien ne vaut sans doute la (re)lecture de L’Absolutisme inefficace (1992) où, il y a une trentaine d’années, Jean-François Revel , qu’on ne saurait soupçonner d’anti-étatisme primaire, avait pratiquement déjà tout dit des causes de ce dont nous souffrons tant actuellement…

    La liberté d’expression ne se négocie pas plus qu’elle ne doit s’autocensurer !

    Une quinzaine d’années avant L’Absolutisme inefficace , Jean-François Revel – toujours lui ! – avait dans La Nouvelle censure (1977) dénoncé l’apparition délétère en France d’une « forme non officielle de censure » . Non plus d’une classique censure d’État, mais d’une « censure élargie » , « idéologique » , visant à interdire de critiquer le communisme et à mettre à l’index ceux qui osaient le faire.

    En fait de  censure idéologique, nous y revoici présentement en plein, et en pire. Au nom d’ une chasse aux sorcières islamophobes et d’un antiracisme dévoyé doublé d’un néoféminisme hystérisé, il s’agit de museler, bâillonner la liberté normale d’expression et de critique : bel et bien d’une nouvelle censure sociétale. Si son inspiration n’est plus soviétique mais américaine (aux USA, la tradition libertarienne du free speech n’est plus qu’un souvenir, que ce soit dans la presse, l’université ou sur les réseaux sociaux) au sens woke et cancel culture , elle demeure d’extrême gauche.

    Et en France désormais, le libertaire « il est interdit d’interdire » tend lui aussi à n’être bientôt plus qu’un souvenir. Cette censure a pour moteur le narcissisme tyrannique de groupes de pression idéologiques dont les membres se disent blessés, offensés par la liberté de parole de qui ose professer une autre opinion ou critiquer leurs croyances.

    Et ça marche ! Soumis à une intimidation musclée, la moitié des enseignants s’autocensurent désormais, et dans les médias mainstream , on euphémise et pratique une pitoyable novlangue de bois – pour ne rien dire de réseaux sociaux totalement fliqués par les nouveaux inquisiteurs.

    Pour autant, la censure d’État n’est pas en reste, et prête éventuellement son concours à l’opération en prenant appui sur une législation mémorielle et bien-pensante qui enjoint aux tribunaux de déclarer recevables d’abusifs dépôts de plaintes ; rien de tel pour clouer au pilori et décourager les mal-pensants de librement s’exprimer.

    Dans ce contexte alarmant et insupportable, on ne peut se contenter de réaffirmer avec John Stuart Mill « la nécessité – pour le bien-être intellectuel de l’humanité (dont dépend son bien-être en général) – de la liberté de pensée et d’expression » ( On Liberty , 1859 ; ch.2). Il faut en effet aller au-delà de son plaidoyer n’intégrant que l’utilité collective du libre échange des idées.

    Car pour un libéral cohérent et fidèle à l’ADN historique de sa famille de pensée, ce qui doit être défendu, c’est une pleine liberté d’expression entendue comme un droit naturel inaliénable de l’individu. Dont les seules limites concevables ne peuvent qu’être de prohiber et sanctionner l’imputation fallacieuse à une personne d’actions répréhensibles qu’elle n’a pas commises (diffamation et dénonciations calomnieuses et, bien sûr, les incitations même implicites à la violence.).

    Il est donc infiniment souhaitable que les libéraux prennent offensivement la tête de ce combat. Sinon, il ne leur restera plus qu’à se mêler à la curée en exigeant qu’on cloue le bec et mette au pilori quiconque les… blesse et les offense en insultant et dénigrant leur religion de la liberté, soit le…libéralisme ! Bon courage, car il y aura fort à faire…

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      Julian Assange : le refus de l’extrader ne le sauvera pas

      Pierre Farge · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 12 January, 2021 - 04:15 · 3 minutes

    Julian Assange

    Par Pierre Farge.

    Saisie par les autorités américaines, la justice britannique a refusé la demande d’extradition de Julian Assange, le lanceur d’alerte des Wikileaks. Si ce refus semble heureux à l’opinion, il ne permet pas pour autant sa libération. Pierre Farge, avocat de lanceurs d’alerte, témoigne ici comment, en réalité, la situation s’aggrave.

    Début janvier 2021, onze ans après les premières révélations dites Wikileaks , un énième chapitre s’écrit pour Julian Assange, le lanceur d’alerte détenu dans une prison londonienne depuis deux ans et encourant 175 ans d’emprisonnement s’il est extradé.

    Ce n’est qu’à la faveur de fragilités psychiatriques que le refus d’extradition lui a été accordé ; le magistrat appréciant un risque de suicide élevé, plutôt qu’assumant la liberté d’expression ou encore le droit à l’information.

    Il est en effet malheureux que le refus d’extradition d’ un lanceur d’alerte ayant permis de révéler des pratiques gouvernementales nuisant à l’intérêt général, voire diplomatiquement scandaleuses, se fonde essentiellement sur un état mental fragilisé, plutôt que les droits à l’origine de ces troubles. C’est parce que Julian Assange s’est battu pour la liberté d’expression et le droit à l’information dans le cadre de son alerte (la cause) qu’il est aujourd’hui fragilisé physiquement et moralement (la conséquence), et pas l’inverse.

    Il est également malheureux que le magistrat ne se soit pas inspiré des travaux effectués pour la transposition de la directive relative à la protection des lanceurs d’alerte en droit interne, qui aurait dû être transposée au plus tard le 17 décembre prochain, s’il n’y avait pas eu le Brexit. Ce postulat va aux antipodes de pays comme le Danemark ayant annoncé ces jours-ci que cette transposition chez eux interviendrait largement pour s’appliquer à davantage de délits que ceux prévus par le texte européen.

    Cet état de fait pose donc quelques questions au regard de la protection des lanceurs d’alerte, leur laissant certes une possibilité théorique d’alerte, mais d’encourir toujours de lourdes peines ou un harcèlement procédural sur des décennies.

    Dès lors, comparaison n’est pas raison. Toutefois, le cas de Snowden mérite d’être rappelé pour témoigner de la différence de traitement avec Julian Assange. L’un et l’autre font l’objet de poursuites des autorités américaines pour avoir divulgué des informations confidentielles. L’un et l’autre se sont réfugiés dans un État différent de celui dont ils sont originaires. L’un et l’autre font l’objet d’une demande d’extradition des États-Unis.

    Pourtant, la Russie, accueillant Snowden, a refusé de l’extrader, sans jamais le placer en détention ; il a même successivement obtenu l’asile temporaire, un permis de séjour, un droit d’asile, et peut aujourd’hui librement se déplacer sur ce territoire.

    Julian Assange, quant à lui, limite ses déplacements depuis bientôt deux ans à 9 m2. Quand bien même son extradition a été refusée, cet atlantisme britannique fait donc honte à l’État de droit, et une protection mondialisée du droit d’alerte.

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      Covid-19 : Macronus à Versailles, le retour de Molière

      Gérard-Michel Thermeau · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 12 January, 2021 - 03:50 · 6 minutes

    macronus

    Par Gérard-Michel Thermeau.

    La scène se passe à Versailles dans la salle du Bon Plaisir. Le roi Macronus est entouré à sa droite de Castanus, son Contrôleur général des Bourdes publiques et, à sa gauche, de Veranus, son secrétaire d’État aux Petites Maisons. Divers médecins sont installés de part et d’autre de la table.

    MACRONUS : Nous voilà assemblés en Conseil de guerre, cette guerre que nous menons depuis si longtemps contre un ennemi aussi impitoyable qu’invisible. Nous connaissons notre ennemi, l’abominable Coronavirus pandemicus . Il est de votre devoir de bons sujets de nous apporter les lumières de vos avis éclairés puisés à la source de la science la plus pure et de l’entendement le plus aiguisé. Savants docteurs, professeurs de médecine, chirurgiens et apothicaires, vous êtes les meilleurs, tirés au sort parmi tous les innombrables disciples d’Hippocrate. Voyons, quel est votre avis monsieur Théophraste ?

    THEOPHRASTE : Hippocrate nous enseigne que l’expérience est périlleuse et le jugement difficile. Parfois le mal est plus fort que l’art docte. Aussi…

    MACRONUS : Aussi nous en resterons là, merci de cette intervention. (Tout bas à Castanus) La peste soit de cet animal. Encore une de vos bourdes, Castanus. (Tout haut) Eh bien, votre avis, monsieur Bahys ?

    BAHYS : La pandémie résulte d’un excès d’activité économique. La saignée me paraît tout indiquée. Il faut saigner l’économie.

    MACRONUS : N’est-ce pas là une mesure un peu extrême ?

    BAHYS : Extrême, point du tout. Qu’est-ce qu’une pandémie ? Aristote nous dit qu’il s’agit d’une épidémie qui touche tout le monde. Et pourquoi je vous prie ? Par la circulation, les vapeurs malignes se propagent en toute liberté. Or qu’est-ce que l’économie ? Une circulation continue des biens, des services, des idées. Seule l’immobilité la plus absolue peut donc nous garantir de ce terrible fléau.

    L’idéal serait de ne plus respirer du tout. Certes, tout le monde mourrait mais du moins en bonne santé. La perfection n’étant pas de ce monde, je préconise pour le moins de suspendre tout mouvement économique. Une bonne médecine corroborative vaut mieux qu’une économie florissante. Devons-nous privilégier les profits de messieurs les financiers, gens d’affaires et autres négociants ? La santé n’est-elle pas le bien le plus précieux ?

    CASTANUS : (à part) Ce que c’est tout de même que la robe et le bonnet. L’on n’a qu’à parler avec ces attributs et toute sottise devient raison.

    DIAFOIRUS : Une saignée sera inutile. Les symptômes du mal qui nous frappe sont indicatifs d’une vapeur limpide et mordicante. M’est avis qu’une bonne purge conviendrait davantage. Purgeons, purgeons encore, purgeons toujours, il en restera bien quelque chose. Purgeons et pour cela masquons. Cette vapeur nous l’appelons en grec atmos , ce qui souligne combien elle flotte dans l’atmosphère. Aussi convient-il d’obliger vos sujets à porter un masque en toute circonstance, et plus particulièrement en extérieur.

    BAHYS : Une mascarade, cher confrère, est-ce bien sérieux ? Purgez et le mal prospérera.

    DIAFOIRUS : Saignez et la pandémie triomphera.

    MACRONUS : Qu’en pensez-vous, Veranus ?

    VERANUS : Saigner l’économie ne peut faire de mal. Purger serait un bien supplémentaire. J’ajouterais cependant un couvre-feu.

    MACRONUS : Un couvre-feu et pourquoi ?

    VERANUS : Aristote a démontré que les corps lourds retombent vers le sol et les corps légers s’élèvent vers le ciel. Comme chacun sait, le froid de la nuit favorise l’évaporation. Or qu’est-ce qu’une vapeur, sinon un corps léger. Les vapeurs malignes sont donc particulièrement dangereuses la nuit.

    MACRONUS : Voilà qui est fort bien raisonné. Mais quelle heure vous semble la plus propice ?

    BAHYS : La sixième heure assure Hippocrate.

    DIAFOIRUS : La huitième heure affirme Gallien.

    MACRONUS : Eh bien, nous fixerons en même temps le couvre-feu à la sixième heure pour les uns et à la huitième pour les autres.

    MACRONUS : Et vous, monsieur Sganarelle, opinez-vous à l’opinion de vos confrères ?

    SGANARELLE : Sire, aux grands rois, les grands remèdes.

    MACRONUS : (tout bas) Voilà un homme selon mon cœur.

    SGANARELLE : Sire, saignée et purgation ont leurs vertus reconnues mais ne sont rien sans le remède suprême, la raison ultime des rois, le confinement.

    MACRONUS : Le confinement ?

    SGANARELLE : Confinez, sire, confinez. La santé ne dépend ni des remèdes, ni du savoir des médecins. Elle relève du Prince. Qu’est-ce que la pandémie ? La manifestation du mal-être dans le corps social. Or le médecin du corps social est le Prince. Confiner est faire acte de majesté. C’est dire au mal : tu ne passeras pas. C’est manifester votre puissance. Sire, vos sujets se sont trop longtemps crus des hommes libres. Ils doivent comprendre qu’ils sont soumis à votre volonté bienfaisante, souveraine et solidaire.

    MACRONUS : Voilà la médecine comme je la comprends.

    SGANARELLE : Le confinement offre un autre avantage. Il rend les hommes tristes et moroses. Vous le remarquerez, la mélancolie est ennemie de la joie et la bile qui se répand dans le corps est le meilleur vaccin contre le mal qui nous frappe. Un homme de bonne humeur nous paraît bien-portant. Or que sont les gens bien-portants ?

    MACRONUS : Des malades qui s’ignorent ?

    SGANARELLE : Votre Majesté est trop savante.

    MACRONUS : Cela m’est venu tout seul, sans y penser.

    BAHYS : Votre Majesté serait digne de porter le bonnet et la robe.

    SGANARELLE : La bonne humeur est contagieuse. Or la bonne humeur est une humeur. Si nous laissons les humeurs s’accumuler, elles deviendront putrides, tenaces et malignes. Ne permettons pas à la bonne humeur de se répandre. Hippocrate dit, et Gallien par vives raisons persuade, qu’une personne qui se porte trop bien est malade. Or, quelles sont les foyers infectieux par essence ? Les lieux propices à la bonne humeur, tavernes, auberges et cabarets où la joie se communique trop aisément. Tout rassemblement festif doit ainsi être absolument prohibé. L’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice. Vos sujets pourront ainsi méditer leurs malheurs.

    MACRONUS : Et votre conclusion, Doctissimae Facultatis ?

    Les médecins se concertent.

    SGANARELLE  : Après avoir bien consulté…

    BAHYS : Primo Saignare.

    DIAFOIRUS : Postea Purgare.

    SGANARELLE : Ensuitta Confinerare.

    MACRONUS : Et si le mal persiste, s’opiniâtre et ne veut point se laisser faire ?

    SGANARELLE : Re-Saignare, Re-Purgare, Re-confinerare !

    MACRONUS : Que voilà de savants médecins. Ce qui me plait surtout est de pouvoir faire tout cela en même temps .

    VERANUS : Et mon couvre-feu, Sire ?

    MACRONUS : Nous y songerons entre deux confinements.

    BALLET FINAL

    CHŒUR DES JOURNALISTES :

    Publions en tous lieux

    Du plus grand des héros la valeur triomphante.

    Que la terre et les Cieux

    Retentissent du bruit de sa gloire éclatante.

    EMMANUEL, par ses faits inouïs, exauce nos vœux

    Du récit de ses exploits assurons nos ventes.

    La comédie se termine par le ballet des Trivelins, Scaramouches, valets et autres journalistes.

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      Covid-19 : du totalitarisme à la liberté (2/2)

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 30 December, 2020 - 04:30 · 14 minutes

    liberté

    Par Patrick de Casanove.

    Le texte signe l’extension continue de l’État

    L’extension de l’État, l’augmentation faramineuse de dépenses et l’accroissement de l’oppression sont indissociables. Nous le vivons.

    « Le pouvoir, vaste corps organisé et vivant, tend naturellement à s’agrandir. Il se trouve à l’étroit dans sa mission de surveillance. Or, il n’y a pas pour lui d’agrandissement possibles en dehors d’empiétements successifs sur le domaine des facultés individuelles. […] Et veuillez remarquer, messieurs, que le pouvoir devient coûteux à mesure qu’il devient oppressif. » Frédéric Bastiat Profession de foi électorale de 1846

    Tous les prétextes lui sont bons. La covid-19 est pain bénit parce qu’elle lui a permis d’ engendrer la peur . Cette panique profite à l’État. Une grande partie de la population réclame sa soumission, son enfermement. Pour un régime totalitaire, des gens qui réclament la suppression de leurs libertés et leur mise en esclavage, c’est le Graal.

    Nombreux sont ceux qui oublient que c’est l’État le responsable de cette tragédie et de ce désastre. Il a confisqué la prise en charge de l’épidémie. Il en a fait une affaire politique alors qu’il s’agit d’un problème médical. Il a utilisé des moyens politiques comme le confinement destructeur de la liberté, la propriété et la personnalité pour prendre en charge une maladie et a interdit certains moyens médicaux, tels que Hydroxychloroquine/Azithromycine en phase précoce.

    Même s’il est réclamé par certains médecins, le confinement n’a rien de médical. Ce qui est médical c’est que « La lutte moderne contre les épidémies repose sur quelques principes simples, protéger les plus faibles – dépister les malades – les mettre à l’écart et les soigner. » Cette méthode vaut pour tous les germes. La peur panique a perturbé et embrouillé beaucoup de Français, y compris des médecins.

    Depuis le début le bon sens a disparu. Il est question d’un troisième confinement ce qui voudrait dire que l’État a choisi la théorie de stop and go préconisée par Ferguson . Cette théorie n’a rien de médical. Elle fait alterner confinement et prétendu déconfinement. Elle devient mécaniquement du stop et pas go. Parce que plus on stoppe, plus on détruit, moins il y a de ressources et d’énergie pour le go . L’aboutissement inéluctable est le stop total, donc la mort.

    La décision purement politique de gérer l’épidémie principalement par des confinements a été prise alors que nous sommes au XXIe siècle. Pour la première fois de son Histoire, l’humanité n’est pas démunie face aux épidémies. Elle dispose d’innovations technologiques, de moyens scientifiques, médicaux, matériels, puissants et soutenus par une prospérité jamais atteinte. De plus, l’épidémie que nous vivons est peu grave quand elle est bien prise en charge.

    Dans ce contexte, il faut se demander pourquoi l’État ne conçoit la prise en charge de l’épidémie que de manière centralisée, administrative et attentatoire aux libertés, au point qu’il juge nécessaire et urgent de tenter de légaliser et rendre pérennes État de crise et état d’urgence sanitaires ; État de crise et état d’urgence sanitaires permanents qui permettent l’arbitraire et confirment le régime totalitaire qui s’instaure. Les conséquences en sont infiniment plus dramatiques et meurtrières que l’épidémie elle-même.

    Il faut se demander pourquoi l’État n’a pas choisi « le prendre soin » des Français. Il faut se demander pourquoi il ne libère pas la médecine générale, médecine de terrain, de première ligne, faite pour encaisser le premier choc. Il faut se demander pourquoi, pour assumer sa fonction régalienne de sécurité, il n’a pas choisi de donner simplement souplesse et liberté au système de santé pour une meilleure résilience, puisque le prétexte aux confinements est son absence de capacité à encaisser les chocs.

    Cette précipitation à pérenniser le totalitarisme comme seul moyen de faire face à une épidémie est très significatif de l’état d’esprit et des desseins des gouvernants. Persister dans l’erreur est une faute. Persister dans la faute dévoile une préméditation et un but : bâtir une société nouvelle et un Homme nouveau. Pour certains c’est commencé : The Great Reset .

    Depuis des dizaines d’années, nous ne vivons pas dans une société de confiance mais de défiance avec la lutte de tous contre tous, pour échapper à la spoliation légale ou en profiter. Avec la covid et la peur créée par les gouvernements, nous sommes entrés dans une société de panique ou l’autre devient un danger mortel car il pourrait transmettre le coronavirus. Même quand il n’est pas malade, parce qu’il pourrait être porteur sain et vecteur. Ce qui veut dire que « n’importe qui pourrait être involontairement coupable » et justifie le totalitarisme.

    Nous assistons à la destruction d’une société, d’une civilisation, et à la création d’un monde totalitaire et de délation ; un monde d’individus désocialisés, isolés, masqués, à qui tout contact, tout lien social, affectif est interdit. Au cours de l’Histoire, la désagrégation des civilisations avait des causes endogènes, mais les coups venaient de l’extérieur. L’originalité de ce qui nous est imposé, c’est que si les causes sont toujours endogènes, les coups viennent de l’intérieur. Ils viennent de ceux-là même qui devraient veiller sur nous.

    Ce texte est l’aboutissement d’une logique

    Ce n’est pas un hasard si la politique suivie jusqu’à aujourd’hui dans cette gestion de la covid-19 est totalement irrationnelle. Cette irrationalité détruit le sens critique, entraîne la perte des repères, du juste et de l’injuste, du bien et du mal, de l’important et de l’accessoire.

    « Si la spoliation arme la force contre la faiblesse, elle ne tourne pas moins l’intelligence contre la crédulité. […] réalisant ce qui semble irréalisable : l’esclavage mental. » Frédéric Bastiat, Conclusion de la première édition des Harmonies Économiques (1850)

    Ce n’est pas un hasard si l’État rend ou présente l’épidémie comme plus grave qu’elle n’est.

    Ce n’est pas un hasard si l’État a confisqué le gestion de l’épidémie et en a exclu les médecins de terrain, en particulier les généralistes.

    Ce n’est pas un hasard si l’État fait tout pour que les Français ne voient pas la fin de l’épidémie . Plus la situation dure plus les Français en oublient l’origine : une décision politique annoncée les 12 et 16 mars 2020. Ils ne retiennent plus que « la crise sanitaire due au coronavirus. » Peu à peu l’État se dédouane : ceux qui ne respectent pas les gestes barrière, ni la distanciation sociale, sont la cause de la poursuite de l’épidémie. Il espère ainsi échapper aux sanctions.

    La panique et la confusion lui profitent tellement que nous assistons à un véritable syndrome de Stockholm. Plus la crise dure, plus les Français apeurés se terrent et demandent le secours de l’État, plus ils défendent un État qui n’aurait pas eu d’autre choix et ferait le job, plus ils rejettent et dénigrent toute autre solution que le confinement. Il n’est qu’à considérer la popularité d’Édouard Philippe, pourtant au pouvoir lors du ratage initial et du premier confinement.

    Ce n’est pas un hasard si l’État profite de la covid pour détruire les familles et rompre le lien social. Sans ces piliers les gens n’auront d’autre solution que de chercher son soutien et sa protection.

    Ce n’est pas un hasard si l’État s’est attaqué aux forces vives du pays, c’est-à-dire au secteur privé, au secteur marchand : petits commerces, entreprises, restaurants, hôtels, monde de la nuit… (pour ceux qui ont subi un préjudice et ne veulent pas se laisser faire : un réseau international et un groupe facebook )

    Une fois détruites ces forces créatrices de richesses et indépendantes de l’État, les victimes ne devront leur salut qu’aux subsides de l’État « protecteur ». Ils se soumettront et rentreront dans le rang.

    Ce n’est pas un hasard si l’État s’est attaqué au monde de la culture. L’a-culturation, la destruction de la libre pensée, de la culture générale, la remise en cause de la transmission des savoirs sont ses chevaux de bataille depuis des décennies.

    Ce n’est pas un hasard si depuis des années l’ennemi commun des politiciens est le libéralisme, accusé de tous les maux. Libéralisme dont Frédéric Bastiat est une des références. Libéralisme, aujourd’hui seule école de pensée qui s’oppose au totalitarisme et pour qui la liberté est, avec la propriété et la personnalité, un principe intangible et sacré. Le libéralisme est le seul espoir. L’État le sait.

    Liberté j’écris ton nom

    Pour sortir de la crise sanitaire une loi telle que proposée dans ce « Projet de loi nº 3714 instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires. » est non seulement inutile mais nocive. Elle pérennise la crise.

    Une bonne gestion comprend une épidémie contenue, une économie prospère et une société harmonieuse. Pour y parvenir nul besoin de coercition, d’oppression, de spoliation. Au contraire, il faut respecter la liberté, la propriété et la personnalité. D’ailleurs les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont le plus préservé ces droits naturels.

    « Liberté ! voilà, en définitive, le principe harmonique. Oppression ! voilà le principe dissonant ; la lutte de ces deux puissances remplit les annales du genre humain. » Frédéric Bastiat – Conclusion de la première édition des Harmonies Économiques – 1850

    Nous devons faire en sorte que la liberté l’emporte. L’Humanité a connu d’autres épidémies et en connaîtra d’autres, des moindres et des pires. Il faut être prêts. La liberté permet des réactions rapides, souples et adaptées. Elle libère les incitations de chacun à rendre le meilleur service à autrui. Elle libère le génie créateur de l’être humain, ouvrant la porte à toutes les innovations ; cela a été flagrant en début d’épidémie, et c’est d’autant plus important que l’époque est troublée.

    La liberté permet la concurrence, qui est le libre choix, et la responsabilité individuelle qui sont à la fois d’excellents stimulants et garde-fous. La liberté des échanges permet l’harmonie car il n’y a ni spoliation ni oppression.

    Pour Frédéric Bastiat l’État doit se limiter à garantir les droits naturels individuels que sont la liberté, la propriété et la personnalité. Pour cela il se concentre sur ses fonctions régaliennes , dont la sécurité.

    « Pour moi, je pense que lorsque le pouvoir a garanti à chacun le libre exercice et le produit de ses facultés, réprimé l’abus qu’on en peut faire, maintenu l’ordre, assuré l’indépendance nationale et exécuté certains travaux d’utilité publique au-dessus des forces individuelles, il a rempli à peu près toute sa tâche. » Frédéric Bastiat À MM. les électeurs de l’arrondissement de Saint-Sever – 1846.

    Une partie de la lutte contre la covid pourrait être un travail « d ’utilité publique au dessus des forces individuelles » ; travail que l’on peut rattacher à la fonction régalienne de sécurité.

    Ce travail serait de recréer pour le quotidien les marges de manœuvre que l’État a détruites et qui ont fait défaut. En particulier en lits de réanimation avec le personnel, mais aussi en amont, grâce à une prise en soin et un traitement précoces pour éviter les séjours à l’hôpital ou en réanimation. Il faut savoir que, même non-validés, des traitements précoces sont connus et sont efficaces : Hydroxychloroquine, Ivermectine, Azythromicine pour ne citer qu’eux.

    Au delà de ces marges de manœuvres du quotidien, il convient de prévoir et préparer l’exceptionnel, l’inattendu, comme une épidémie sévère ou une grande catastrophe. Il faut donc créer des réserves pour encaisser les coups durs. Ce serait alors une tâche dévolue à un puissant service de santé des armées.

    Il n’existe aujourd’hui qu’un régiment médical et un régiment d’ appui nucléaire, radiologique, biologique et chimique (ou NRBC). Le rôle des armées est précisément de disposer de moyens matériels et humains suffisants pour assumer leurs missions pouvant être résumées en prévoir et se préparer jusqu’à être prêtes face à l’improbable, afin de défendre le pays quel que soit le danger.

    Pour Bastiat :

    « La propriété, le droit de jouir du fruit de son travail, le droit de travailler, de se développer, d’exercer ses facultés, comme on l’entend, sans que l’État intervienne autrement que par son action protectrice, c’est la liberté » Propriété et loi – 1848.

    L’action protectrice fait référence à la protection des droits naturels et non à la notion d’État protecteur au sens État nounou que nous avons aujourd’hui.

    La catastrophe est due à une décision politique

    Nul ne sait quand le politique y mettra fin car pour l’instant il a intérêt à ce que cela dure. Cela veut dire aussi qu’une décision politique peut le faire, demain et sans condition. Par contre, réparer les dégâts prendra du temps. Plus on tarde, plus il en faudra.

    L’année 2021 sera probablement pire que 2020. Il ne peut en être autrement. Il n’est pas certain que se tienne l’élection présidentielle en 2022, ni plus tard d’ailleurs.

    Une partie importante de la population a renoncé à vivre et s’est soumise à l’État, en qui elle a toute confiance. Elle est persuadée qu’il agit pour son bien. Elle ne peut croire qu’il agisse par malice.

    Comme souvent l’espoir réside dans un petit nombre d’hommes et de femmes qui veulent se battre pour vivre et rester libre.

    Il faut rétablir la confiance, redonner l’espoir aux Français . Pour cela il faut leur rendre la liberté économique, la liberté de choisir et la liberté de poursuivre leur projet de vie.

    Il faut cesser de gérer uniquement en fonction de la covid, cesser de gouverner par la peur. Celle-ci est mauvais conseillère car dans la panique nous faisons n’importe quoi, surtout des erreurs qui deviennent des fautes lorsqu’elles sont répétées.

    Il faut protéger les plus fragiles avec leur accord et laisser les autres vivre leur vie, ce qui permet de travailler naturellement sur l’immunité collective. L’État doit cesser d’infantiliser les individus et les traiter comme des personnes rationnelles capables de choisir. Les Français prendront leurs responsabilités, agiront de manière bien plus pertinente et efficace.

    Le politique doit cesser de vouloir s’occuper de la partie médicale d’une épidémie. Il faut rendre aux médecins la liberté de soins et de prescription.

    « Leur écueil naturel est dans le déplacement de la responsabilité. Ce n’est jamais sans créer pour l’avenir de grands dangers et de grandes difficultés qu’on soustrait l’individu aux conséquences de ses propres actes. » Frédéric Bastiat, Des Salaires – 1850

    La liberté est un droit naturel et un principe

    Il ne faut pas reculer sur un principe. Il ne faut pas reculer sur la liberté. Les conséquences délétères sont incommensurables, sociales, économiques, humaines.

    Il faut le vrai courage : dire non à la soumission, non au confinement, ne jamais cesser de se battre pour la liberté.

    « Quand la force intervient légitimement, ce n’est pas pour sacrifier la liberté, mais pour la faire respecter. » Frédéric Bastiat Services privés, service public – 1850

    « Le droit de celui dont on attaque la liberté, ou, ce qui revient au même, la propriété, les facultés, le travail, est de les défendre même par la force; et c’est ce que font tous les hommes, partout et toujours quand ils le peuvent.

    De là découle, pour un nombre d’hommes quelconque, le droit de se concerter, de s’associer, pour défendre, même par la force commune, les libertés et les propriétés individuelles. » Frédéric Bastiat Services privés, service public – 1850

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      État d’urgence sanitaire : l’autorité centrale est totalitariste (1/2)

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 29 December, 2020 - 04:30 · 9 minutes

    état d

    Par Patrick de Casanove.

    Il est important de différencier deux choses qui sont souvent confondues :

    • la covid-19 qui est une épidémie d’infections virales à SARS-coV2 ; une épidémie relève de la médecine ;
    • la crise sanitaire, qui est la catastrophe planétaire et en particulier française, liée au traitement politique de l’épidémie ; en France, elle a commencé les 12 mars et 16 mars : nos libertés se sont trouvées réduites de manière pire qu’en temps de guerre.

    Une fois enclenchée, cette dynamique ne s’arrête plus. Le lundi 21 décembre était présenté au Conseil des ministres le projet de loi nº3714 instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires.

    La levée de boucliers

    Suite à une levée de boucliers, le mardi 22 décembre sur TF1 Olivier Véran décidait de ne pas présenter ce projet de loi au Parlement avant plusieurs mois. Cela dit, il faut bien l’écouter . Il précise que « ce projet n’est pas retiré » . Il est plus que probable qu’il revienne à un moment ou à un autre, sous une forme ou sous une autre.

    Comme raison, il évoque l’incompréhension de la politique de vaccination contre la covid. Les autres atteintes à la liberté ne sont pas abordées et encore moins remises en cause.

    Cette levée de boucliers est partielle car beaucoup de députés y sont favorables (LREM n’a pas protesté) ou partisans de l’obligation sournoise de la vaccination.

    Cette idée de « passeport santé », qui n’est en aucun cas une incitation mais une contrainte, est d’ailleurs souvent reprise depuis le début de l’épidémie.

    Elle est limitée car elle ne concerne que l’atteinte aux libertés par l’article L. 3131-9. 6, qui rend la vaccination obligatoire dans la vraie vie . Les autres atteintes aux libertés ne choquent aucun politicien, quoi qu’ils en disent.

    Ceux qui protestent ne contestent que la forme et pas le fond.

    La forme consiste à exclure le Parlement du processus de privation de libertés . Quand on connaît l’autonomie plus que réduite, et l’esprit godillot qui règnent sur les chambres d’enregistrement que l’on nomme Parlement , on est rassuré.

    À la vérité, il devrait être impossible à quiconque de priver quelqu’un de liberté, hors décision de justice pour sanctionner une atteinte à un des droits naturels d’autrui ( « Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. » – Frédéric Bastiat, La Loi, 1850) .

    Elle consiste également à créer une inégalité entre les citoyens, tarte à la crème française.

    La conclusion que l’on peut en tirer est que les politiciens n’ont pas confiance dans le vaccin, l’idée qu’il pourrait être obligatoire les fait bondir, mais les atteintes aux libertés sont partie intégrante de leur fonctionnement intellectuel.

    Les atteintes aux libertés de ce texte

    « Mais ils ne font guère mieux ceux d’aujourd’hui qui, avant de commettre leurs crimes les plus graves, les font toujours précéder de quelques jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux. »
    – Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire (1576)

    Ce projet de loi fait référence à la santé. Avant toute chose, il est utile de rappeler ce qu’est la santé. Pour l’OMS :

    La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

    Dans le cas de la covid-19, la santé ce n’est pas être « non mort », exempt de SARS-coV2, dans un milieu asocial, aseptisé, stérile. La santé est gravement mise à mal par les atteintes aux libertés induites par l’état d’urgence sanitaire, le confinement, le couvre-feu. Elle est donc gravement compromise par ce projet de loi supposé la protéger.

    Leurs motivations sont floues

    « Art. L. 3131-5. – L’état d’urgence sanitaire peut être déclaré sur tout ou partie du territoire […] en cas de catastrophe sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa gravité, la santé de la population. »

    Il y a de quoi s’inquiéter quand on voit par quels artifices (litanie des morts dits du covid, puis litanie des positifs, avec confusion volontaire entre tests positifs, cas, malades, etc., chiffres non fiables, projections fantasques), une épidémie somme toute peu grave et gérable a été transformée par les politiciens en catastrophe sanitaire, sociale, économique et humaine d’un niveau planétaire.

    Il y a de quoi s’inquiéter car une fois que la machine est lancée, sa nature et sa  gravité sont jugées à l’aune des mesures gouvernementales. Le gouvernement prend des mesures sévères, donc l’épidémie est grave. Plus les mesures sont sévères, plus l’épidémie est grave.

    « L’état d’urgence sanitaire est déclaré par décret en conseil des ministres pris sur le rapport du ministre chargé de la Santé. […] Les données scientifiques disponibles sur la situation sanitaire qui ont motivé la décision sont rendues publiques. »

    Jusqu’à ce jour, les données scientifiques rendues publiques étaient orientées afin de créer la panique et justifier la dérive totalitaire de l’État .

    Les Art. L. 3131-6. et L. 3131-7 donnent un rôle majeur à un Comité de scientifiques. Quand on connaît les remarquables performances du Conseil scientifique et du CARE, nous sommes encore plus rassurés.

    Leur domaine d’action n’a pas de limite

    « La section 3 transforme le cadre juridique applicable aux systèmes d’information, […] Compte tenu de cet objectif, les dispositions proposées ne fixent pas les caractéristiques essentielles d’un ou plusieurs systèmes d’information mais donnent compétence aux autorités sanitaires pour créer des traitements de données à caractère personnel pouvant déroger au secret médical. »

    « Art. L. 3131-2. – … « 1° Le Premier ministre peut, par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la santé :

    « a) Prendre des mesures temporaires de contrôle des prix…

    « b) Prendre des mesures de réquisition…

    « Art. L. 3131-9. … Le Premier ministre peut également, par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la Santé, prendre aux seules fins de garantir la santé publique les mesures suivantes :

    « 1° Réglementer ou interdire la circulation des personnes et des véhicules et réglementer l’accès aux moyens de transport et les conditions de leur usage ;

    « 2° Interdire aux personnes de sortir de leur domicile, sous réserve des déplacements strictement indispensables aux besoins familiaux ou de santé ;

    « 3° Ordonner la fermeture provisoire et réglementer l’ouverture, y compris les conditions d’accès et de présence, d’une ou plusieurs catégories d’établissements recevant du public ainsi que des lieux de réunion, en garantissant l’accès des personnes aux biens et services de première nécessité ;

    « 4° Limiter ou interdire les rassemblements sur la voie publique ou dans un lieu ouvert au public ainsi que les réunions de toute nature, à l’exclusion de toute réglementation des conditions de présence ou d’accès aux locaux à usage d’habitation ;

    « 5° En tant que de besoin, prendre toute autre mesure limitant la liberté d’entreprendre.

    « 6° Le Premier ministre peut, le cas échéant dans le cadre des mesures prévues aux 1° à 5°, subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transports ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif. »

    « Art. L. 3131-12. – I. – Les mesures individuelles ayant pour objet la mise en quarantaine ou le placement et le maintien en isolement mentionnées au a du 2° de l’article L. 3131-4 sont prononcées par décision individuelle motivée du représentant de l’État dans le département sur proposition du directeur général de l’agence régionale de santé. »

    « Le texte n’est pas là du tout pour créer des pouvoirs exceptionnels pour le gouvernement ni pour pérenniser l’état d’urgence, il est là pour renforcer notre gestion de crise », a soutenu la ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin . Elle n’a pas dû lire le texte, ou n’est pas choquée par les atteintes aux libertés conçues comme seuls instruments de gestion de la crise.

    Ce texte montre que les politiciens français sont étatistes. Ils croient en la nécessité d’une autorité centrale pour contrôler les rapports entre les êtres humains. Ils ne croient pas en la libre entreprise. Ils considèrent leurs concitoyens comme des enfants incapables de gérer leur vie, inaptes à affronter l’inattendu. Ils considèrent les êtres humains comme des rouages d’une mécanique sociale dont ils sont les mécaniciens.

    L’État se mêle de tout et intervient partout. Il n’y a plus de domaine privé. L’autorité centrale est totalitaire par essence.

    « L’action gouvernementale se généralise par la contrainte. Elle invoque nécessairement le compelle intrare. Elle procède en vertu d’une loi, et il faut que tout le monde se soumette, car loi implique sanction. »
    – Frédéric Bastiat, Services privés, service public (1850)

    Toutes ces mesures de restrictions de déplacement, de circulation, de réunion, de rassemblements, d’ouverture de lieux y compris privés, de limitation de la liberté d’entreprendre, le contrôle des prix, la fin du secret médical, portent atteinte aux droits naturels individuels mais ne soulèvent aucun tollé. Seul le paragraphe 6 entraîne des protestations, comme nous l’avons vu.

    « Un peuple qui souffre ne peut s’en prendre qu’à son gouvernement ; et son seul remède comme sa seule politique est de le renverser. De là un inévitable enchaînement de révolutions. »
    – Frédéric Bastiat, Services privés service public (1850)

    L’État en est conscient, il prend ses précautions. Ces restrictions enlèvent de fait des moyens de contestation légaux à la population (manifestations, rassemblements), ne lui laissant, in fine , que des moyens illégaux. Dans nos pays de vieille civilisation, pour les braves gens, il y a une barrière psychologique à les utiliser. S’ils l’étaient, l’État pourrait alors réprimer sans retenue.

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      Socrate : guide d’autodéfense contre l’idéologie sanitaire

      Gabriel Lacoste · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 29 December, 2020 - 04:00 · 9 minutes

    socrate

    Par Gabriel Lacoste.

    Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de santé a lancé une vaste campagne de lutte contre la Covid-19. Depuis, autorités sanitaires et journalistes appellent à réduire nos contacts sociaux et à obliger la fermeture de commerces. En tant que citoyens, nous sommes bombardés d’histoires dramatiques accompagnées de déclaration d’ experts nous communiquant l’urgence de modifier radicalement nos habitudes de vie.

    Face à cette situation, nous pouvons nous sentir dans l’inconfort. Imposer à autant de gens le chômage, créer une énorme dette publique pour subvenir à leurs besoins, isoler des personnes vulnérables, culpabiliser la jeunesse pour sa vie sociale normale et perturber leur année scolaire nous semblent brutal. Nous doutons. Cependant, nous n’avons pas étudié le sujet. Qui sommes-nous pour en juger ? En nous exprimant ouvertement, nous nous exposons à des humiliations publiques.

    Voilà un moment opportun pour revenir aux sources de la sagesse en Occident : Socrate .

    Le questionnement socratique

    Socrate ne prétendait pas à la connaissance. Il entendait discourir sur le beau, le bien et le vrai sur la place publique d’Athènes. Comme nous, il avait ses doutes. Sa stratégie ? Il se présentait comme un élève désireux d’en apprendre davantage.

    En agissant ainsi, il dévoilait ironiquement au public l’ignorance des élites intellectuelles de son temps. À la fin, c’est lui qui apparaissait comme le plus sage d’entre tous. Cette tactique lui a valu un procès et la peine de mort . Pourtant, l’idée qu’il incarnait lui a survécu en donnant naissance à la philosophie.

    Dans ce qui suit, je vous proposerai des moyens d’utiliser cette technique envers vos protagonistes dans le contexte de la pandémie.

    La surcharge des hôpitaux

    Les journaux sont remplis de nouvelles du genre « les hôpitaux fonctionnent à x de leur capacité » , « les infirmières sont à bout de souffle » ou « monsieur Y, gestionnaire du réseau, a peur d’une catastrophe. »

    En quoi consiste la capacité d’un hôpital ? Jusqu’à quel point est-elle flexible ? Les surcharges se présentent-elles dans toutes les unités de chaque hôpital ou seulement à certains endroits ?

    Existe-t-il des moyens de déplacer des ressources sans supprimer 15 321 chirurgies par million d’habitants ? Si vous répondez Non, avez-vous usé suffisamment d’imagination ? Quels sont les scénarios que vous avez imaginés, puis rejetés et pour quelles raisons ? L’épuisement des infirmières est-il une variable ou une constante ? Est-ce que nous pourrions les compenser d’une prime au lieu de nous priver aussi radicalement ?

    La dangerosité du virus

    Différentes variantes nous sont proposées sous le thème d’un virus très dangereux, dont il faut avoir peur. Monsieur ou madame Z, 40 ans, a perdu un être cher, éprouve de la difficulté à respirer depuis qu’il/elle a contracté le virus. L’expert nous présente un modèle savant , fondé sur une formule mathématique. Il nous montre deux courbes, l’une avec restriction, et l’autre sans. Le résultat est l’équivalent d’un génocide dans un cas, mais pas dans l’autre.

    Combien sont morts hier de consommation d’alcool ou de tabac , du cancer, de suicides, d’accidents de la route, de malnutrition ? Estimez-vous que la Covid-19 est en ce moment et comparativement le plus grand défi médical ? Maintenant que vous êtes résolu à interdire des comportements médicalement risqués pour autrui, avez-vous l’intention d’interdire la vente d’alcool, de cigarettes et de malbouffe, de réduire la circulation routière ? Si vous estimez que la liberté individuelle justifie de tolérer ces comportements, pourquoi avez-vous tracé la ligne aussi fermement sur ce virus ?

    Qu’est-ce qui a tué le plus cette année ? Les erreurs médicales ou la Covid-19 ? Dans quelle proportion l’un par rapport à l’autre ? Avez-vous envisagé que la stratégie mondiale de lutte contre la pandémie en soit une, en la diagnostiquant trop tard ?

    Que pensez-vous du cas des habitants de Manaus ? Ils n’ont pas suivi vos conseils et ont maintenant 70 % de personnes infectées. Leur mortalité est plus élevée (1193 par million d’habitants), mais est-ce dans les proportions que vous avez présentées au public (9310 par million d’habitants : voir le graphique qui suit) ? D’ici au vaccin, est-ce que nous les rattraperons, prenant en compte qu’ils ont maintenant une immunité dont nous ne bénéficions pas ?

    Que disent de votre science ces graphiques du gouvernement canadien datant du 9 avril 2020 ?

    Pourriez-vous chiffrer plus précisément les effets durables de la Covid-19 sur la santé au lieu de nous présenter des témoignages émouvants ?

    L’efficacité des mesures

    Lorsque les autorités annoncent une restriction au public, elles présument qu’elles vont influencer significativement les infections. Comment se comportent les pays avec plus ou moins de restrictions ? Dans ce débat, ma suggestion est très simple : montrez ce tableau à votre ami qui pense que la Suède est une catastrophe :

    Demandez-lui ensuite de classer ces cinq pays du plus sévère au moins sévère en devinant lequel est la Suède. Le pays moins sévère n’est pas la Suède, il correspond à la courbe d’infection la plus basse, celle du Japon. Les autres sont la France, l’Espagne et les États-Unis.

    Cet exercice peut ne pas suffire, car la majorité pense que l’efficacité des restrictions est une évidence. Dans ce cas, présentez-lui le graphique suivant, qui vient de l’institut national de la statistique du Québec et qui rapporte des observations sur les contacts sociaux des Québécois dans le temps.

    Demandez-lui, ensuite, s’il est évident que c’est en s’attaquant principalement aux rectangles bleu-verts et bleus que le gouvernement fera une différence ?

    Le calcul des utilités

    Les journaux décrivent des problèmes sociaux et médicaux autour du virus. Cependant, ils en attribuent la cause à la pandémie et non à des choix politiques et journalistiques. S’il est question de faire un calcul des partisans et des opposants, la vie a la priorité sur l’économie.

    Combien sont mort chez eux de peur d’attraper la Covid-19 en allant à l’hôpital ? Dans quelle mesure les activités de dépistage du cancer ont été affectées par cette peur ? La crainte mutuelle des patients et des médecins tue combien de gens annuellement ? Quelle est la part de responsabilité des choix éditoriaux des médias ?

    Est-ce que la seule chose qui compte, c’est la vie ? Combien vivront du chômage chronique ? Parmi eux, combien de jeunes ? Le drame des entrepreneurs qui voient leur projet partir en fumée, ça compte ? Le sort des personnes isolées pendant plus de 18 mois mérite-t-il d’être considéré ? Et celui d’un jeune qui voit son année scolaire détruite, qui ne peut se faire des amis dans une période importante de son développement ? Comment allons-nous faire avec une économie fragilisée pour financer le système de santé sur le long terme ? Et la démocratie ? Est-ce que la vie est plus importante ? Si oui, qui décide ? Les médecins ?

    Les alternatives

    Le débat prend rapidement la forme d’une opposition entre « ne rien faire » et « ce que le gouvernement demande ». Entre ceux qui pensent que la Covid-19 est une grippe et ceux qui veulent nous isoler jusqu’à un vaccin , quel est le spectre des nuances ?

    La pandémie fonctionne par vagues. Un quadragénaire a 6 risques sur 1000 d’en mourir. Est-ce qu’il aurait été plus utile d’encourager les bien-portants ne présentant pas de risque à s’infecter pendant le creux de la vague afin de favoriser l’immunité collective ? En quoi ce sens du sacrifice serait-il moins altruiste que nos efforts actuels ?

    L’expertise

    Dans les années 1960, l’ expérience de Milgram a permis de démontrer qu’une majorité peut se plier à l’injonction d’un homme en blouse blanche. L’actualité s’apparente à cette expérience. Régulièrement, les journalistes nous raconte : « M. Z nous dit que…. » ou « les experts affirment que… » La demande n’est pas d’administrer des chocs électriques, mais de séquestrer des populations, puis de détruire des commerces. Comment y répondre ?

    L’expert invité sur les plateaux de télévision a-t-il étudié abondamment la pandémie sous toutes ses facettes politiques, économiques, morales, médicales et philosophiques ou ne fait-il juste qu’exprimer l’intérêt stratégique de sa corporation ou son opinion de citoyen ?

    S’il exprime qu’il existe un consensus, peut-il me montrer la revue de littérature ou la méta-analyse sur laquelle il s’est appuyé ?

    Actuellement, dans quelle mesure les attentes du public exercent-elles une pression sur la science, nuisible à l’objectivité et à la discussion rationnelle entre points de vue divergents ?

    Lorsque cet expert dit être obligé de faire quelque chose, est-ce qu’il informe le public ou bien défend-il son image et sa position ? S’il demande autant de restrictions, à qui appartient le fardeau de la preuve : les citoyens qui en doutent ou lui ? Dans quelle mesure la désinformation et les théories délirantes circulant sur les réseaux sont-elles causées par son comportement qui inspire légitimement la méfiance du public ?

    L’éthique

    Les défenseurs des restrictions sanitaires se perçoivent comme moralement supérieurs à leurs opposants . De plus, ils valorisent la prudence dans la situation.

    Quel est le scénario le plus prudent ?

    Imaginer le pire, pousser des populations entières à chômer et à s’isoler plus d’un an en attente d’un vaccin inconnu pour prévenir le mal inconnu d’un virus imprévisible ?

    Continuer de travailler et de rencontrer nos amis en prenant des précautions ? La prudence, est-ce agir dès que nous imaginons le pire, en ignorant les conséquences de nos actes ?

    Est-ce que ceux que vous essayez de sauver valent plus que ceux que vous tuez avec vos restrictions et votre discours ?

    Une personne âgée risquant de mourir de la Covid-19 peut-elle perturber le développement des jeunes en interrompant leurs activités scolaires, en les isolant de leurs amis et en créant un environnement économique qui rendra difficile leur entrée sur le marché du travail ? Est-ce que son instinct de survie et son envie de vivre plus longtemps lui donnent ce droit ? Aurait-elle aimé que sa jeunesse soit à la merci de la santé de ses grands-parents ? Ne peut-elle s’isoler si elle le souhaite et laisser les autres prendre leur décision ?

    Si vous êtes un journaliste, un chercheur et/ou un intellectuel qui enseignez dans nos écoles et traitez avec condescendance un opposant moins éduqué que vous, car il échoue à se référer à des études pour se défendre, êtes-vous à la hauteur de vos valeurs égalitaires ou êtes-vous devenu votre propre ennemi ?

    Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même. Si tu plonges dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi.
    Nietzsche

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      Un projet de loi liberticide vient d’être déposé par le Premier ministre

      Gérard Maudrux · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 26 December, 2020 - 04:40 · 5 minutes

    projet de loi

    Par Gérard Maudrux.

    Un projet de loi liberticide vient d’être déposé par le Premier ministre, dans le cadre d’une procédure accélérée et en pleines fêtes de Noël . Depuis des décennies, les pires textes pour les citoyens sortent toujours en période de vacances, été et Noël.

    Celui-ci ne fait pas exception, ayant pour but d’échapper au contrôle du Parlement en cas de crise sanitaire, donnant tous pouvoirs au ministre de la Santé et au Premier ministre ; pouvoirs très étendus, administratifs, de police et de choix des traitements.

    Un projet de loi qui différencie état de crise sanitaire et état d’urgence

    Ce texte fait d’abord une distinction entre « état de crise sanitaire », et « état d’urgence sanitaire », pouvant « être déclarés sur tout ou partie du territoire ». Qui définit cette notion ? Le ministre de la Santé, qui va être juge et partie.

    En cas de « crise sanitaire », le ministre aura tous pouvoirs pendant deux mois, renouvable deux mois. Au-delà cela doit être prolongé par décret en conseil des ministres, après avis du Haut conseil de la Santé publique. Au-delà de 6 mois, le gouvernement doit aller devant le Parlement pour expliquer les raisons du maintien. Il n’a pas à lui demander son accord ni avant, ni après, l’article L.3131-2 ne prévoit qu’une « présentation ».

    Le Premier ministre, « sur avis du ministre de la Santé », peut :

    • pratiquer un contrôle des prix de certains produits (il n’est pas précisé médicaux ou non) ;
    • réquisitionner toute personne, tout bien, tout service.

    Le ministre de la Santé peut :

    • ordonner placement, isolement ou mise en quarantaine ;
    • prendre toute mesure permettant la mise à disposition de produits de santé.

    C’est le ministre qui prescrit ! Il va définir ce qui est autorisé ou non, commercialisé ou pas.

    En cas d’« urgence sanitaire », déclarée par le Conseil des ministres, sur rapport du ministre de la Santé, il est créé un « comité scientifique » (modalités Art. L.3131-6) qui rend périodiquement des avis et propositions. Les dispositions de l’état d’urgence sont valables un mois, prolongeable par une loi.

    Le Premier ministre peut (Art.L.3131-9) :

    • règlementer ou interdire la circulation des personnes et des véhicules ;
    • interdire la sortie du domicile ;
    • fermer toutes sortes d’établissements ;
    • limiter ou interdire les rassemblements ;
    • prendre toute autre mesure limitant la liberté d’entreprendre ;
    • subordonner les déplacements, les accès et l’exercice de certaines activités « à la présentation d’un test de dépistage, au suivi d’un traitement préventif, y compris un vaccin ».

    Quand on voit toutes ces prérogatives accordées au ministre de la Santé, et quand on voit de quoi il est capable, avec sa gestion des masques (gestion des commandes, discours de girouette sur l’utilité), les commandes de respirateurs (10 000, passés où ?), la multiplications des lits de réanimation (12 000, où ?), le mépris du secteur libéral en première ligne, le fait qu’avec ses Hauts Conseils il ne semble pas lire et interpréter les publications médicales (cf Mehra, Remdesivir, Plaquénil dangereux…), des vaccins commandés sur communiqués de presse sans articles scientifiques… il y a de quoi être très, très inquiets pour notre santé et nos libertés lors des prochaines crises.

    Les dispositions qui suivent dans « Section dispositions communes » ne sont pas plus réjouissantes. La rédaction évoque davantage une mise en détention qu’une quarantaine, « prononcée par le représentant de l’État dans le département (préfet) » , avec « voies et délais de recours ainsi que modalités de saisine du juge des libertés et de la détention », ce « juge des libertés et de détention pouvant être saisi par le procureur de la république » (Art.L.3131-12).

    La « section 3, système d’information », écorne un peu la protection des données : « Les caisses d’assurance maladie peuvent, par dérogation et pour la durée strictement nécessaire à leur réalisation, mettre en œuvre des traitements de données à caractère personnel concernant la santé des personnes , le cas échéant sans leur consentement » et autorise le directeur de la caisse nationale à rémunérer les professionnels de santé pour obtenir ces données (Art. L. 33124).

    Certains crieront au scandale, mais je ne suis personnellement pas choqué compte tenu du contexte, si cela relève de l’intérêt général et que le traitement des données personnelles respecte l’anonymat et le secret médical.

    Véran reporte le débat

    Coup de théâtre il y a 48 heures : monsieur Véran annonce à des journalistes que le débat sur ce texte est clos sans avoir commencé, et qu’il n’aurait pas lieu avant des mois. Il faudrait que ces messieurs accordent leurs violons, ce texte étant déposé en urgence, dans le cadre d’une procédure accélérée, comme écrit en première ligne du texte ! Eux qui prétendent gérer l’urgence avec carte blanche ? Grave. Belle démonstration de leur capacité à gérer l’urgence !

    J’ai quand même ma petite idée concernant ce revirement, connaissant les rouages de nos institutions. Il y a un peu plus d’un an, un haut fonctionnaire à qui on disait à propos de la réforme des retraites : « Êtes-vous sûr que les députés voteront cela ? » , réponse : « Les députés voteront ce qu’on leur dira de voter » (sous-entendu, s’ils veulent conserver leur poste). Il semble que cette fois quelques députés LaREM ont fait savoir qu’ils ne le voteraient pas. À suivre…

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      Nouvelles limites de la liberté d’expression : le progrès à reculons

      Jérémie Bongiovanni · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 26 December, 2020 - 04:25 · 8 minutes

    liberté d

    Par Jérémie Bongiovanni.
    Un article du Podcast Liber-thé

    La liberté d’expression est une composante indispensable du progrès, car elle permet une constante remise en question du statu quo. Ses pourfendeurs, qui souhaitent aujourd’hui la limiter en interdisant l’offense, se revendiquent eux-mêmes du camp progressiste. Qu’en est-il en réalité ? Comment définir les limites de la liberté d’expression ?

    La liberté d’expression comme conquête historique

    Au cours des deux derniers siècles, la liberté d’expression a permis le progrès dans de nombreux domaines. En politique, les régimes monarchiques et autoritaires ont tout d’abord été critiqués puis évincés. En sciences, l’hégémonie du clergé a été remise en question et rationalisée, permettant des révolutions coperniciennes, l’expression n’est pas galvaudée.

    Dans la société, la domination de communautés ethniques a été thématisée et la dignité de chaque être humain a été reconnue. C’est ainsi que l’esclavage fut notamment aboli.

    C’est un truisme que de décrire ces progrès comme résultats de la liberté d’expression. Les remises en question qu’elle a permis ont rendu notre monde plus compréhensible et meilleur. C’est bien en raison de cette perspective du progrès, lui-même dépendant de la libre expression, que nous chérissons cette dernière.

    La censure a-t-elle été abolie ?

    Nous nous voyons bien souvent comme supérieurs aux sociétés antérieures. Nous nous convainquons que notre liberté d’expression est aussi libre qu’elle puisse l’être et que la censure appartient au passé. Nous pensons qu’elle a uniquement été le fait des rois et du clergé et qu’elle a disparu avec eux, pour laisser place à la modernité et au progrès. Nous croyons que la censure est exclusivement liée à des institutions qui centralisent le pouvoir et qui procèdent de manière autoritaire, car la censure y est explicite, organisée et légitimée. Notre observation est pourtant incomplète.

    Dans nos sociétés démocratiques la censure ne s’annonce pas comme telle. Elle se déguise sous le poids du nombre et de la conscience collective – comme l’avaient annoncé Alexis de Tocqueville puis John Stuart Mill. Ainsi le nombre, comme jadis nos gouvernements et l’Église, nous empêche de nous exprimer sans contrainte. La mobilisation d’exemples récents nous permet d’illustrer cette censure moderne.

    En 2019, le New York Times décide de ne plus publier de caricatures dans son édition internationale après un dessin jugé antisémite . C’est ainsi que sous la pression d’un emportement du public, la publication de dessins qui incarne la liberté d’expression a été interrompue.

    L’été dernier, l’éditeur des romans d’Agatha Christie a annoncé rebaptiser le roman policier Dix petits nègres en Ils étaient dix . Dans ce cas, nous préférons modifier la réalité, l’adapter, plutôt que de l’accepter et de la comprendre. Le mot négritude a en effet été à la base du combat d’Aimé Césaire contre le colonialisme ; bannir ces termes c’est faire table rase du passé.

    Cette peur d’offenser régit désormais l’expression publique et conduit à l’intériorisation de la censure, c’est en cela que celle-ci est loin d’être abolie. Nous le voyons dans les deux exemples précédents, la liberté d’expression n’est pas limitée par une institution autoritaire, mais par les masses d’individus qui forment la société . Cette nouvelle censure, qui ne dit pas son nom, menace alors par sa conquête de nos consciences.

    Les conséquences de ces limites à la liberté d’expression

    Nos deux exemples démontrent l’existence de limites à la liberté d’expression dans notre société. Les groupes qui imposent ces limites souhaitent ainsi lutter contre l’antisémitisme ou le racisme. Mais cet objectif peut-il être ainsi atteint ?

    Cette pratique qui veut effacer les mots et les avis choquants souhaite rendre la société plus vertueuse. Seulement, on ne fait jamais complètement taire une opinion. Si on la comprime, elle s’échappe du côté et siffle de manière stridente. Ainsi, en interdisant à un complotiste d’exprimer ses théories, on ne fait qu’accroître sa passion pour sa vision du monde et le rejet organisé qu’il est persuadé de discerner.

    Lorsque nous interdisons une blague sur les Juifs, sur les homosexuels, sur une minorité ethnique ou sur tout autre groupe, nous faisons deux erreurs. Premièrement, notre société qui se veut l’héritière des Lumières devrait contrer ces avis avec la raison. Deuxièmement, nous ne pouvons pas définir l’offense comme limite de la liberté d’expression, nous y reviendrons plus loin.

    Interdire les discours contemporains parfois choquants, modifier les titres de livres écrits il y a plusieurs décennies, détruire les statues , c’est vouloir créer une société non pas plus vertueuse mais aseptisée et amnésique.

    Dans la dystopie Le meilleur des mondes , le personnage principal découvre soudain la Bible et un livre de Shakespeare, dissimulés par le gouvernement. Ce dernier souhaite ainsi préserver les citoyens des valeurs véhiculées par ces deux ouvrages, car elles sont contraires à celles de la civilisation établie. Le protagoniste se passionne alors pour leur lecture et reproche à sa civilisation de se débarrasser de tout ce qui est désagréable au lieu d’apprendre à s’en accommoder. C’est bien le mal de nos sociétés contemporaines.

    À celui qui remet en question le fait que la Terre soit ronde il faut opposer la raison pour expliquer et le convaincre du contraire. Aussi triste que cela puisse être, rien d’autre, même pas la censure, ne le fera changer d’avis. Si celui que l’on tente de convaincre est foncièrement obstiné et refuse de donner du crédit à nos arguments, alors nous ne pouvons rien faire, si ce n’est lui laisser du temps et convaincre les autres. Mais une société qui se définit comme éclairée ne peut se priver d’un processus de discussion contradictoire !

    Si elle le fait, alors elle est, elle-même, qui se veut inclusive et diverse, la cause des effets qu’elle souhaite combattre. Elle génère l’exclusion, l’injustice, la haine et la violence. L’exclusion, car elle marginalise des avis qui selon son propre arbitraire ne méritent pas d’être entendus et débattus. L’injustice, car ce muselage de citoyens par leurs semblables ne résulte que de la domination du nombre et pas de la raison. Et enfin la violence comme résultante de l’injustice. Ces limites à la liberté d’expression et leurs conséquences font in fine régresser nos sociétés.

    Ceux qui limitent la liberté d’expression se définissent pourtant comme progressistes . Mais il n’en est rien. Nous l’avons vu, le progrès humain a jusqu’ici été permis par l’offense, que ce soit de l’État, de l’Église ou des normes morales. Le progrès dont se revendiquent les censeurs modernes est en réalité celui de l’obscurantisme.

    Du droit d’offenser

    Ce que notre civilisation définit comme vérité n’est finalement qu’un consensus. Pour l’atteindre il faut échanger, discuter, sans arrêt se remettre en question et parfois choquer ou être choqué. Nous ne pouvons pas accepter d’avoir des tabous et de ne pas pouvoir en parler. Accepter qu’on ne peut pas tout dire c’est entrer dans la relativité arbitraire choisie par les ennemis de la démocratie et de la pluralité des idées.

    En Chine, il est interdit de critiquer le gouvernement ce qui nous paraît être la caractéristique d’une civilisation primitive. Qu’en est-il de nos propres tabous ? La négation de l’Holocauste est bien interdite sous nos latitudes. Où doit-on définir une juste limite à la liberté d’expression ? Ambitieux projet.

    Selon la Cour européenne des droits de l’Homme la liberté d’expression « vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de société démocratique. »

    Cette compréhension de la liberté d’expression que nos sociétés ont jadis choisie, disparaît progressivement sous les griffes d’une législation qui tente de juguler cette liberté et qui interdit le blasphème – comme c’est le cas en Suisse – ou des avis selon elle choquants, souvent dits « de haine ».

    Quelles limites à la liberté d’expression ?

    Peut-on tout dire de tout ? Question difficile. Chaque personne doit avoir un honneur et un nom protégés. Au-delà, les limites ne peuvent qu’être propres à chacun. Elles doivent cependant aller de pair avec la civilité et l’empathie.

    Tout ceci s’acquiert avec l’éducation en amont, qui requiert l’implication de chaque individu, plutôt que la condamnation en aval, qui se contente d’imposer des lois et de se réfugier derrière le pouvoir de répression de l’État, son aveu de faiblesse.

    Le média Liber-thé a organisé un concours pour les étudiants sur la thématique « Existe-t-il des limites à la liberté d’expression ? » Retrouvez les textes des gagnants sur le site.

    Participer au concours jusqu’au 5 janvier 2021 pour gagner le livre Le socialisme de l’excellence , de Jean-Marc Daniel.

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      Consommation de drogue : si on sortait du tout répressif ?

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 24 December, 2020 - 10:46 · 3 minutes

    Consommation de drogue

    Par Frédéric Mas.

    Depuis ce mardi 1er septembre, les fumeurs de cannabis pris sur le fait seront passibles d’une amende forfaitaire de 200 euros. Si l’amende est réglée dans les 15 jours, elle est ramenée à 150 euros. Si, au contraire, le consommateur attend au-delà de 45 jours, son amende s’envole à 450 euros.

    La décision a été prise par Jean Castex courant juillet pour lutter « contre les points de revente qui gangrènent les quartiers » . L’exécutif a donc adopté la législation la plus répressive d’Europe afin de décourager la consommation de stupéfiants, après avoir testé la méthode dans plusieurs grandes villes comme Rennes ou Créteil.

    Une politique conservatrice

    Rien de révolutionnaire dans ce nouveau geste du gouvernement, qui ne fait au final que suivre la voie tracée par Nicolas Sarkozy depuis 2002, reprise par Gérard Collomb quelques années après. Pour combattre la consommation de drogue en France, il ne faut rien laisser passer. Seulement, jusqu’à présent, cette politique s’est révélée inefficace, et la France se situe en tête des pays les plus consommateurs de cannabis de l’Union européenne.

    Une autre politique est toutefois possible, même si elle est moins populaire chez nos édiles, car assez contre-intuitive. Plutôt que de réprimer et pénaliser les consommateurs, la légalisation du cannabis pourrait participer à assécher le marché, l’assainir et surtout le retirer des mains des mafias qui en vivent.

    La politique de répression en matière de drogue est extrêmement élevée en termes d’argent public comme de capital humain. L’État multiplie les interventions pour en rendre l’activité prohibée, que ce soit en mobilisant les agences de santé publique, les administrations et les forces de l’ordre, le tout sans que son efficacité puisse être évaluée.

    Aux États-Unis, la « guerre contre la drogue » a même participé à la militarisation de la police et la transformation de l’État-providence en une immense machine répressive 1 . Si d’aventure les multiples interdictions touchant à la drogue disparaissaient, l’appareil répressif pourrait se concentrer sur ses missions essentielles, à savoir maintenir l’ordre public et protéger les droits des individus. L’argent public pourrait être réinvesti ailleurs, par exemple dans l’amélioration du fonctionnement de la justice ou l’alourdissement des peines touchant aux atteintes à la propriété et aux personnes.

    Sortir des cartels mafieux

    En cantonnant la vente de drogue au marché noir, l’interdiction rend l’accès à l’information sur le sujet plus difficile 2 , y compris pour combattre ses aspects les plus dommageables en termes de santé. Elle transforme le marché en rentes que se partagent des mafias que la répression arrange. Celles-ci peuvent imposer leurs prix au consommateur tout comme la médiocre qualité de leurs produits.

    La légalisation de la vente et de la consommation de cannabis permettrait l’entrée sur le marché de nouveaux acteurs permettant une amélioration de l’offre et un meilleur contrôle légal des produits mis sur le marché. Même en matière de santé publique, la légalisation permettrait donc d’avoir une vision globale de l’activité plutôt qu’un suivi purement répressif.

    Plus fondamentalement, c’est l’esprit paternaliste des politiques publiques répressives qui pose problème, au-delà de l’inefficacité de l’appareil bureaucratique. Dans le domaine, c’est l’intégralité du logiciel étatique français qui est à revoir pour le rendre plus favorable à la liberté individuelle.

    Article publié initialement le 1er septembre.

    1. Sur le sujet, voire notamment Christopher Caldwell, The Age of Entitlement. America since the Sixties , Simon & Schulster, 2020.
    2. Mark Thornton, The Economics of Prohibition , Univ. of Utah Press, 1991.