Ce matin sur FranceInfo :

    • dans les pays #riches, environ un-e adulte sur 25 est vacciné-e,
    • contre environ 1 sur 500 dans les pays pauvres.

    Soit 4% versus 0,2%.

    Soit 20× moins dans ces pays #pauvres, ceux qui généralement ne sont pas intégrés dans l'expression " #communauté internationale ".

    #xénophobie #Nord #paysDuNord #Sud #paysDuSud #covid19

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      Florida governor threatens to withhold vaccine from area that criticized him

      Beth Mole · news.movim.eu / ArsTechnica · Thursday, 18 February, 2021 - 20:15 · 1 minute

    Florida Gov. Ron DeSantis speaks during a press conference about the opening of a COVID-19 vaccination site at the Hard Rock Stadium on January 06, 2021, in Miami Gardens, Florida.

    Enlarge / Florida Gov. Ron DeSantis speaks during a press conference about the opening of a COVID-19 vaccination site at the Hard Rock Stadium on January 06, 2021, in Miami Gardens, Florida. (credit: Getty | Joe Raedle )

    As large swaths of the country face snags in COVID-19 vaccine distribution due to crippling snow and ice, some communities in Florida may face snags due to political windstorms from their governor, Ron DeSantis.

    DeSantis was criticized this week after the Sunshine State unveiled plans to open a “pop-up” clinic near Tampa that would offer vaccine doses only to residents in affluent, mostly white, mostly Republican areas of Manatee County. The clinic will vaccinate 3,000 residents of just two ZIP codes in the county, which were reportedly hand-selected by DeSantis and County Commissioner Vanessa Baugh—instead of being selected using the state’s vaccine lottery system.

    Plans for the clinic were born from a deal struck between DeSantis, Baugh, and real estate developer Rex Jensen, according to the Bradenton Herald. DeSantis reportedly reached out to Jenson, who agreed to host the clinic on his development, Lakewood Ranch. The master-planned community covers much of the two selected ZIP codes served by the clinic. The ZIP codes also overlap with Baugh’s district.

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      Passeport sanitaire : une idée liberticide et infantilisante

      Sabine Sultan Danino · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 6 February, 2021 - 04:45 · 5 minutes

    Par Sabine Sultan Danino.

    Face à la défiance de nombreux Français, le président de la République avait clairement précisé lors de son allocution que la vaccination contre la Covid-19 ne serait pas obligatoire.

    Elle ne sera pas obligatoire certes, mais probablement indispensable si cette vaccination conditionne légalement le retour à une vie normale.

    En effet, l’idée d’un passeport vert semble dans l’air du temps et défendue par l’opposition.

    Concrètement, un passeport sanitaire ou encore vaccinal attestera du fait qu’une personne a été vaccinée, et offrira un certain nombre d’avantages, comme une dispense de quatorzaine, l’accès à toutes sortes d’événements culturels, aux restaurants et ainsi de suite.

    Un « passeport » permettant aux Français ayant eu recours à la vaccination de se déplacer à nouveau librement, sur sa seule présentation, autrement dit un moyen détourné de rendre obligatoire un vaccin dont le gouvernement n’a pourtant cessé de répéter qu’il ne le serait pas.

    La sanction en cas de refus étant plus qu’insidieuse, puisqu’elle reviendrait à la promesse d’une vie ostracisée, un confinement social à peu près total pour ceux qui ont osé refuser le précieux sésame.

    Infantilisation du citoyen

    Au-delà du problème de libertés dont s’accommodera sans l’ombre d’un doute « l’état d’urgence sanitaire », c’est cette logique continue d’infantilisation du citoyen qui laisse perplexe. Indirectement des personnes a priori défiantes, seraient forcées de se faire injecter un vaccin non obligatoire, non pas pour préserver leur santé corporelle mais pour préserver leurs libertés .

    Sans aller sur le terrain scientifique, ou sur l’efficacité d’une telle exigence, la mesure n’est pas sans poser un problème du point de vue des libertés fondamentales, et aussi tout simplement du point de vue de l’intégrité physique.

    Il y aurait désormais, dans le monde du coronavirus, deux catégories de citoyens ne disposant pas des mêmes droits : les citoyens qui se font vacciner et les citoyens qui ne se font pas vacciner.

    L’idée fait son chemin dans un silence politique quasi absolu et la disparition de tout esprit critique.

    Ajoutés à cela la récolte et l’utilisation de ces données posent aussi des questions en termes de droits à la vie privée et de protection des données personnelles, sans parler des risques d’une potentielle discrimination sur des critères de santé. Si vous n’êtes pas vacciné, cela veut dire que vous êtes potentiellement dangereux, on vous écarte donc de la vie publique et sociale.

    Alors qu’en est-il du côté du droit français ? Une telle exigence serait-elle légale ?

    Ce que dit le droit français

    La vaccination obligatoire est déjà très présente dans notre arsenal législatif : pour être inscrits à l’école , les enfants doivent ainsi être vaccinés contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

    De même, la vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire pour se rendre ou pour vivre en Guyane. L’exercice de certaines professions médicales est également soumis à une obligation vaccinale pour l’hépatite B, la typhoïde, la diphtérie, le tétanos ou la poliomyélite .

    Dès lors, imposer une vaccination contre la Covid-19 pour permettre l’entrée à des ressortissants étrangers sur son territoire ne constituerait pas un précédent.

    Mais la question de la légalité de la vaccination n’est pas celle de la légalité du passeport sanitaire.

    Déjà, on voit mal comment un passeport sanitaire pourrait être instauré tant qu’il existe une inégalité des citoyens face à l’accès au vaccin, ce qui est le cas, au regard de la campagne de vaccination par tranche d’âge et qui pourrait s’étendre sur plusieurs mois… De fait, les plus jeunes, qui payent déjà un lourd tribut seraient discriminés car vaccinés en tout dernier.

    Et quid de ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner pour raison médicale ?

    Imbroglio juridique à prévoir

    Enfin, le principe étant que ce vaccin n’est pas obligatoire, il faudra plancher sur les sanctions en cas de défaut de passeport, ce qui ne sera pas sans constituer un véritable imbroglio juridique.

    Il ne suffit pas qu’une loi énonce que l’on peut exiger d’un usager ou d’un client qu’il présente la preuve de sa vaccination, encore faut-il un décret déterminant la liste précise des lieux et services autorisés à le faire. C’est-à-dire les administrations, les transports, tous les commerces essentiels comme non essentiels…

    En pratique, si les commerces essentiels sont visés, cela reviendrait à empêcher des individus de subvenir à des besoins fondamentaux, tel que celui de se nourrir.

    Si vraiment ce passeport était institué, alors il y a fort à parier que le Conseil d’État aura du travail. Il a d’ailleurs donné son avis sur un projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires :

    « Sans être par elle-même assimilable à une obligation de soins, une telle mesure peut, si notamment elle conditionne la possibilité de sortir de son domicile, avoir des effets équivalents et justifie, à ce titre, un strict examen préalable de nécessité et de proportionnalité, dans son principe comme dans son étendue et ses modalités de mise en œuvre, au vu des données scientifiques disponibles » .

    Et il invite « à préciser la nature des activités ou lieux concernés » , ainsi que les « catégories de personnes […] concernées » .

    Et il faudra aussi gérer la nouvelle « délinquance sanitaire », déjà plus ou moins présente puisqu’au lendemain de ce qui aurait pu être un réveillon, la presse semblait davantage scandalisée par le déroulement d’une rave party clandestine que par le nombre de voitures brulées (861 quand même). Les fêtards sont sanctionnés tandis que les voitures brûlent spontanément.

    Finalement cette histoire de passeport sanitaire est secondaire et vient simplement s’inscrire dans la liste des entraves à nos libertés dans cette interminable parenthèse à notre État de droit qu’est le monde du coronavirus.

    Article initialement publié en janvier 2021.

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      Politique de vaccination : l’inversion des priorités ?

      la Rédaction · news.movim.eu / LeVentSeLeve · Thursday, 4 February, 2021 - 15:12 · 11 minutes

    La France rencontre de nombreuses difficultés pour enclencher une véritable vaccination de masse. Une nouvelle fois, la pandémie de Covid-19 met en lumière les failles du gouvernement et les problèmes structurels qui empêchent la France de faire face à cette crise sanitaire. Plus qu’une pandémie de SARS-COV2, nous pouvons parler, à la suite de Richard Horton, de syndémie [1]. Ce concept signifie que les facteurs socio-économiques et l’état de santé des populations sont étroitement intriqués et qu’ils se renforcent mutuellement, aggravant ainsi les inégalités de santé et les conditions socio-économiques des classes sociales concernées. Par Frédérick Stambach, médecin généraliste rural à Ambazac , Julien Vernaudon, praticien hospitalier gériatre aux Hospices Civils de Lyon et Frédéric Pierru, politiste et sociologue, chercheur au CNRS.

    Une stratégie changeante

    Le plan de vaccination initial élaboré par le gouvernement français, semble avoir progressivement monté en charge pour rentrer dans la vaccination de masse mi-février [2]. C’était d’ailleurs les éléments de langage qui circulaient début janvier : le « retard » français n’en étant pas un, mais bien la stratégie prévue [3].

    Les disparités européennes ont rendu intenable cette position. Nos voisins italiens, espagnols et allemands, dépendant eux aussi de l’accord de l’Agence Européenne du Médicament (EMA), ont commencé à vacciner en masse dès l’autorisation de l’EMA obtenue le 21 décembre [4]. Les médias créent pour l’occasion une sorte d’«Eurovision» de la vaccination, mettant en lumière la singularité du cas français, bon dernier du classement des personnes ayant reçu au moins une dose du vaccin Pfizer-BioNTech. Sous pression médiatique et médicale, le gouvernement change brutalement de stratégie mais sans en avoir les moyens [5].

    Sur le terrain, l’impression est désastreuse. Les centres de vaccinations sont montés dans la précipitation depuis début janvier, mais les doses de vaccins n’étant pas bien calibrées, les patients éligibles à la vaccination ne peuvent obtenir de rendez-vous dans des délais raisonnables. Pire, ce  cafouillage pourrait obliger à décaler voire à abandonner la deuxième injection, pourtant indispensable selon les essais cliniques. Pour les soignants, il est difficile de soulager l’angoisse des patients et leur sensation d’être une fois de plus abandonnés. Les initiatives des professionnels de santé et des élus locaux fleurissent, mais les Agences régionales de santé (ARS) ne peuvent réaliser l’impossible en l’absence de vaccins suffisants. L’argument selon lequel il faudrait faire les comptes « à la fin » pour dénombrer les personnes vaccinées ne résiste pas dans le cadre d’une syndémie mondiale, qui plus est avec l’apparition des différents variants. Dans ce cas, précisément, c’est le nombre de patients vaccinés dès les premières semaines qui est crucial et pourrait éviter une nouvelle catastrophe.

    Pour les soignants, il est difficile de soulager l’angoisse des patients et leur sensation d’être une fois de plus abandonnés.

    La situation ressemble étrangement à l’épisode des masques au mois de mars 2020, lorsque le gouvernement incitait les Français à aller chercher des masques en pharmacie, alors que les pharmaciens n’en avaient pas, créant ainsi une pagaille et une tension bien inutiles dans les officines.

    Un manque d’anticipation des contraintes

    Depuis presque une année, nous savions que l’un des piliers de la sortie de crise serait la vaccination de masse. Or, nous savions également depuis plusieurs mois que les deux premiers vaccins disponibles seraient ceux de Pfizer-BioNTech et Moderna. Nous en connaissions les conditions de conservation et d’administration. La stratégie logique aurait donc été de monter les centres de vaccination courant décembre, pour pouvoir commencer à vacciner massivement dès l’autorisation de l’EMA fin décembre, ce que semblent avoir fait les pays voisins de la France.

    Cette stratégie impliquait évidemment d’avoir anticipé, en commandant suffisamment de doses de vaccin dès le départ car, sinon, il est effectivement inutile d’ouvrir des centres de vaccination en nombre. Il existe un facteur limitant lié aux capacités maximales de fabrication et de livraison du laboratoire. Cependant, nous ne pouvons qu’être frappés par les différences entre pays : plus que le manque de doses c’est bien l’inégale répartition entre les pays et/ou la capacité des pays à les utiliser rapidement qui est en cause. Le calendrier de livraisons communiqué par le ministère indique qu’au 18 janvier plus de 2 millions de doses sont théoriquement sur le territoire français [6], pour 480 000 personnes ayant officiellement reçu au moins une dose à cette date. Un hiatus de 1,5 millions de vaccins [7].

    Il est également troublant de constater que, dans le même temps, certains pays ont manifestement réussi à obtenir des millions de doses : les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël. Lorsque l’on se penche sur les différents tarifs, les pays qui ont reçu le plus de doses, et donc vacciné le plus de personnes, sont ceux qui payent le plus cher la dose de vaccin. Les pays de l’Union européenne payent entre 12 et 15,50 euros l’unité, contre environ 16 euros pour les États-Unis et la Grande-Bretagne et plus de 22 euros pour Israël [8].

    Une question se pose immédiatement : le laboratoire priorise-t-il les livraisons en fonction du prix qu’il reçoit pour chaque dose ? Le marché du médicament étant un marché comme un autre, le contexte de libre-échange et de concurrence maximale entre les différents acteurs du secteur expliquerait cette priorisation, logique du point de vue d’un laboratoire privé. Cette problématique  aurait été absente si nous disposions d’un pôle public du médicament efficace.

    De plus, les surenchères risquent de s’aggraver avec les tensions concernant l’approvisionnement [9]. Quoiqu’il en soit, il est parfaitement anormal que la puissance publique n’ait pas anticipé cette situation. Les responsables sont donc à rechercher au niveau de la Commission européenne pour la négociation, dont les contrats sont inaccessibles dans leur intégralité, et au niveau du gouvernement français.

    Des causes structurelles profondes

    Le gouvernement français, dans le droit fil de ses prédécesseurs, est probablement celui qui porte la plus lourde responsabilité pour au moins trois raisons. La première est qu’il peut être estimé responsable de nous laisser enferrés dans des traités européens qui empêchent toute réponse économique, sociale et environnementale d’ampleur et nous laisse désemparés face aux puissances financières et industrielles. Certains pays, comme l’Allemagne, s’en extirpent lorsque la situation et leurs intérêts l’exigent par exemple en commandant directement auprès du laboratoire [10].

    De plus, le gouvernement est resté sourd aux protestations sociales contre sa politique économique, inscrite dans les traités européens, qui a accompagné, sinon accéléré, la désindustrialisation de notre pays. La France est ainsi le seul grand pays à ne pas avoir de vaccin « national », Sanofi ayant sacrifié sa recherche pour des raisons de rentabilité immédiate [11]. Si la France avait disposé d’un pôle public du médicament, nous aurions pu nous appuyer sur une recherche de pointe et des moyens de production rapidement réquisitionnables. Notre réponse à cette syndémie aurait été bien plus efficace, et moins anxiogène pour les citoyens.

    Enfin, la communication du gouvernement continue d’être erratique et opaque – comme tout au long de la crise –, n’assumant jamais les multiples erreurs, pourtant manifestes sur le terrain : tests, masques, gel hydro alcoolique. Cela rend le gouvernement dorénavant inaudible et complique grandement la tâche des soignants. Le summum a probablement été atteint avec le « Ségur » qui fait actuellement l’objet d’une colère justifiée [12], puis la divulgation récente par la presse du recours à des officines privées, payées à prix d’or, pour élaborer la stratégie de vaccination au mépris des agences gouvernementales, avec un succès plus que discutable [13].

    Un renversement des priorités

    Lorsque l’on regarde attentivement la séquence politique des dernières semaines, nous ne pouvons qu’être frappés par la concomitance de deux événements.

    Tout d’abord, le manque d’anticipation concernant la vaccination, alors qu’il aurait été possible de préparer toute la logistique (transports, conservation, centres de vaccination) dès le mois de décembre, mais également de participer à la production du vaccin en réquisitionnant certains sites nationaux de production (comme cela est proposé par la CGT Sanofi [14]) puisqu’il était évident que des tensions allaient apparaître, là encore dès la fin 2020.

    Le gouvernement semble préférer se protéger de sa population au moment-même où la priorité serait précisément de la protéger.

    Mais cette impréparation est contemporaine d’un autre projet, qui semble avoir accaparé toutes les énergies gouvernementales : la loi sécurité globale. Ainsi, au lieu de prendre la mesure de la syndémie et d’en discuter démocratiquement avec les réponses appropriées (protectionnisme, relance, souveraineté, bifurcation de notre mode de consommation et de production), le gouvernement a utilisé les derniers mois de l’année 2020 pour faire passer une loi dont l’aspect sécuritaire n’est plus à démontrer et qui est bien éloignée des préoccupations immédiates des Français, et plus encore, de l’intérêt général. Cette loi paraît préparer l’arsenal législatif pour une répression policière inédite, comme pour se protéger d’une population que le gouvernement sait être très en colère et actuellement muselée, probablement pour anticiper un débordement social dans les mois à venir qu’il compte bien maîtriser, par la force s’il le faut [15]. Cette inversion complète des priorités est révélatrice des préoccupations qui règnent actuellement au sommet de l’État.

    Le tableau général est peu reluisant : le gouvernement semble préférer se protéger de sa population au moment-même où la priorité serait précisément de la protéger, dans un contexte d’angoisse bien légitime. Pour terminer nous nous appuierons de nouveau sur les propos de Richard Horton [16] : les citoyens français ont besoin d’espoir. Pour cela, il faut poser le bon diagnostic : cette syndémie est le symptôme palpable qu’un cran a été franchi dans la dégradation de notre écosystème, du fait de notre mode de production et de consommation [17]. À partir de là, nous devons nous y préparer avec calme en mobilisant toute l’intelligence et l’audace dont regorgent ce pays. Toutes les solutions sont déjà à disposition mais, pour cela, il faudra travailler à changer de cadre de pensée et d’action.

    Notes :

    [1] Une syndémie se caractérise par des interactions biologiques et sociales très étroites entre conditions socio-économiques et état de santé, interactions qui s’intriquent et se renforcent mutuellement pour augmenter le risque pour certains groupes sociaux de voir leur état de santé et/ou leurs conditions socio-économiques se dégrader. Par exemple, dans le cas du SARS-COV2, les formes graves seront plus fréquentes chez les patients issus des classes sociales défavorisées, puisque cette population concentre les co-morbidités, appelées également maladies non transmissibles, comme le diabète, l’obésité, l’hypertension artérielle, les pathologies cardio-vasculaires ou respiratoires. Cela entraîne en retour une aggravation de l’état de santé initial (même après la « guérison clinique » de la COVID), ET de la situation socio-économique de départ. Cette réaction en chaîne rend les classes sociales concernées encore plus fragiles, renforçant ainsi le risque de développer de nouvelles pathologies qui viendront à leur tour accentuer les difficultés socio-économiques et la vulnérabilité aux prochains pathogènes, et ainsi de suite. Un cercle vicieux de la triple peine en somme. En conséquence la réponse à une syndémie ne peut être que globale: en prenant des mesures biomédicales et socio-économiques de grande envergure pour lutter contre les inégalités à l’intérieur des pays mais également entre pays.

    https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32000-6/fulltext

    [2] https://www.mediapart.fr/journal/france/210121/vaccination-la-grande-pagaille

    [3] https://www.liberation.fr/france/2021/01/02/vaccins-le-gouvernement-en-mode-auto-defense-perpetuelle_1810195

    [4] https://www.ema.europa.eu/en/news/ema-recommends-first-covid-19-vaccine-authorisation-eu

    [5] https://www.mediapart.fr/journal/france/210121/vaccination-la-grande-pagaille

    [6] ibid.

    [7] https://fr.statista.com/infographie/23953/course-vaccination-europe-pays-nombre-personnes-vaccinees-doses-administrees/

    [8] https://www.bfmtv.com/economie/vaccins-anti-covid-pourquoi-tous-les-etats-ne-paient-pas-le-meme-prix_AV-202101060316.html

    [9] https://www.humanite.fr/le-scandale-de-la-penurie-de-vaccins-et-comment-sanofi-pourrait-aider-y-remedier-698778

    [10] Ibid.

    [11] https://www.leprogres.fr/sante/2021/01/13/covid-19-pas-de-moyens-pas-de-vaccin-regrette-la-cgt-sanofi-a-lyon

    [12] https://twitter.com/InterUrg/status/1352677379408343041?s=20

    [13] https://www.nouvelobs.com/vaccination-anti-covid-19/20210108.OBS38591/mckinsey-qui-conseille-le-gouvernement-sur-la-strategie-vaccinale-serait-paye-2-millions-d-euros-par-mois.html

    [14] https://www.sudouest.fr/2021/01/13/covid-19-la-cgt-pour-la-requisition-des-outils-de-production-de-sanofi-pour-le-vaccin-8282034-3224.php

    [15] https://www.mediapart.fr/journal/france/071220/securite-globale-une-vision-totalisante-de-la-securite

    [16] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32000-6/fulltext

    [17] Coriat Benjamin , La pandémie, l’anthropocène, et le bien commun , Les liens qui libèrent, novembre 2020

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      Vaccins Covid : Macron doit miser sur l’innovation

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 10:17 · 4 minutes

    vaccins

    Par Frédéric Mas.

    La dernière prise de parole d’ Emmanuel Macron sur les vaccins contre la covid-19, ce mardi sur TF1, a été remarqué pour sa discrétion. D’habitude, Jupiter met en scène la « verticalité » de son pouvoir pour mieux asseoir son autorité.

    Ici, le rappel pédagogique sur le possible reconfinement et la campagne vaccinale s’est faite de manière assez simple. Elle visait essentiellement à éteindre la contestation anti-confinement qui gronde et la déception face aux cafouillages communicationnelle et logistique sur la vaccination.

    Le triomphe des vaccins russes

    Presqu’à contre-cœur, Emmanuel Macron a déclaré qu’il n’était pas opposé à l’utilisation des vaccins russes Spoutnik V, qu’une étude récente a crédité de 91% d’efficacité contre la covid, pour accélérer la vaccination en France. On est aujourd’hui assez loin des mises en garde politique franco-françaises contre les effets d’annonce de Vladimir Poutine.

    Le chef de l’Etat a rappelé toutefois que « Pour qu’un vaccin soit autorisé, il doit déposer une autorisation de mise sur le marché » .

    Emmanuel Macron n’ignore sans doute pas que les autorités russes ont adressé une telle demande devant l’Agence européenne du médicament le 19 janvier 2021, au même titre que Pfizer/BioTech, Moderna et AstraZeneca.

    Après la déconfiture de l’Institut Pasteur et de Sanofi, distancés par ses concurrents européens, l’arrivée sur le marché des vaccins russe et chinois témoigne de l’effacement des entreprises françaises sur le marché international, ce qui met le président de la République dans une position politique difficile.

    Face à un peuple français dont le sentiment de déclassement se traduit par une hostilité généralisée envers la classe politique et ses initiatives, Emmanuel Macron n’a pas de message rassurant à délivrer.

    Les raisons de cet effacement français ? Un écosystème économique, fiscal et politique national hostile à l’innovation et à la recherche, et un soupçon systématique de conflits d’intérêts porté sur la coopération entre le public et le privé, les entreprises et les centres de recherches.

    Le principe de précaution dans les têtes

    Le principe de précaution en France n’est pas seulement dans la constitution, il est aussi dans les têtes. Il concrétise tous les conservatismes, les décroissantismes et les utopies réactionnaires anti-tech. Parmi les idées qui pourraient aider la recherche à relever la tête en France, et plus généralement les entreprises qui créent de la richesse et de l’innovation, il y a celle défendue par l’Institut Molinari , qui est d’en finir avec les impôts de production qui étouffent les entreprises françaises.

    Dans un rapport de juin 2020 , le think tank estime que ce type de fiscalité pénalise les secteurs les plus tournés vers la concurrence internationale et qu’il agit comme une taxe sur les exportations et une subvention aux importations.

    Source Institut Molinari, Les impôts de production, un mal français.

    Le volet fiscalité des entreprises est essentiel pour gagner en compétitivité, mais la crise sanitaire s’est faite révélatrice d’une crise plus profonde du modèle français. Rien ne semble avoir été pensé au sommet de l’Etat pour adapter les institutions du pays à une concurrence internationale qui s’est accrue en 50 ans.

    La recherche et le développement mis à part certains secteurs comme le nucléaire ou l’électricité, font figure de parent pauvre comparés aux sommes colossales englouties par notre système de sécurité sociale ultraprotecteur.

    Comme le rappelait récemment Jean-Baptiste Noé :

    « La partie de la population employée dans le secteur soumis à la concurrence internationale passe de 47.5 % en 1975 à 35% en 2009. Dans le même temps, la population employée dans la fonction publique et le secteur nationalisé passe de 18% à 31%. Et cela au moment même où l’économie française ne cesse de s’ouvrir au monde extérieur. En 2000, le marché intérieur français ne représente que 3% du revenu brut mondial. Pourtant, les politiques le considèrent encore et toujours comme le débouché de l’industrie française.»

    Il est encore temps pour Emmanuel Macron de mettre en place les réformes nécessaires pour que la France regagne en compétitivité. La crise sanitaire ne s’effacera pas par plus de socialisme, mais par plus de libertés, d’initiatives locales, individuelles et moins d’administration.

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      Et maintenant, le confinement à titre préventif

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 04:30 · 7 minutes

    confinement

    Par Nathalie MP Meyer.

    Le porte-parole du gouvernement l’a confirmé hier 27 janvier 2021 à l’issue du Conseil de défense sanitaire, il est bel et bien question de confiner la France un peu, beaucoup, passionnément, à la folie – mais plutôt à la folie – pour la troisième fois depuis moins d’un an, le tout dans une cacophonie de « paroles d’experts » sur fond de variant anglais, de peur préventive et de principe de précaution qui n’éclaire pas vraiment la prise de décision.

    Le Président de la République a certes fait savoir qu’il attendait de disposer d’études sur les résultats de la mesure de couvre-feu avancé à 18 heures ainsi que sur l’impact des mutations du coronavirus avant de décider. Mais tout indique maintenant qu’à ce stade de la pandémie où la vaccination de la population est encore trop limitée pour contrarier son évolution, on s’avance à brève échéance vers des mesures restrictives supplémentaires qui pourraient même prendre la forme d’un « confinement très serré ».

    Confinement : faire le bilan, excellente idée

    Faire le bilan de ce qu’on a fait plutôt que de se lancer tête baissée dans une nouvelle couche de coercition sans savoir si c’est le moins du monde efficace : en voilà une bonne idée ! Car si vous vous rappelez, le couvre-feu à 18 heures a été appliqué dans certains départements à partir du 2 janvier 2021 puis étendu à quelques autres le 10 et le 12 et déployé sur la France entière le 16 sans aucune analyse préalable, si ce n’est par conformisme avec ce qui se faisait en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Israël au même moment. Confidence d’un proche d’Emmanuel Macron :

    On ne s’en sort pas si mal, mais on est à la merci d’un reconfinement : tout le monde ferme autour de nous.

    C’est l’un des drames du politicien – drame pour les citoyens, naturellement : il doit montrer qu’il « fait quelque chose », surtout si son concurrent s’agite de son côté, quitte à faire n’importe quoi, à l’aveuglette, à la va-vite et « quoi qu’il en coûte » . Avec l’argent des autres, cet argent des autres qui seul finance les idées géniales de nos dirigeants et fonctionnaires, rien de plus facile, rien de plus enivrant… et rien de plus illusoire et destructeur à terme.

    À quoi s’ajoute un second drame découlant du premier : à force de vouloir « faire quelque chose » pour ses concitoyens, à force de vouloir les aider, les protéger, bref, à force de vouloir baliser tous les instants de leur vie au nom de son sens tout personnel de ce que doit être la vie des autres, le voilà de plus en plus convaincu qu’il est investi d’une mission quasi divine qui ne souffre ni contestation ni exception.

    Si l’on applique ceci à la gestion du Covid-19, force est de constater que les décisions de confinement et autres couvre-feux sont loin de se limiter à répondre aux nécessités de la situation sanitaire. J’en veux pour preuve ce que déclarait la préfète des Hautes-Alpes, très professeur des écoles, alors que son département faisait partie du lot des quinze départements assignés à un couvre-feu dès 18 heures à partir du 2 janvier :

    Il s’agit d’une mesure permettant de freiner un peu plus la propagation virale, mais surtout de faire prendre conscience à chacun que ce sont nos comportements qui doivent faire inverser les courbes, en respectant le port du masque, les gestes barrière ou bien les consignes d’isolement qui, par leur non-respect, engendrent des contaminations multiples.

    Rétrospectivement, on s’aperçoit que dans les quinze départements concernés, la baisse des contaminations avait commencé avant la date où l’on pouvait espérer voir un effet de la mesure. On constate en outre, comme on pouvait le prévoir, que cette idée qui a consisté in fine à entasser les gens dans les magasins et les supermarchés entre 17 et 18 heures pour contrer ce que certains élus ont appelé de façon complètement hors-sol et méprisante « l’effet apéro » n’a finalement pas eu le résultat escompté.

    Mais peu importe puisque, comme le dit madame la Préfète, il s’agissait « surtout » d’enfoncer dans nos crânes de Gaulois réfractaires forcément irresponsables que notre santé est directement proportionnelle à notre obéissance aveugle à toute décision étatique, aussi absurde soit-elle. Et Dieu sait que si le monde entier applique des mesures de restrictions anti-Covid à plus ou moins grande échelle, le monde entier qualifie aussi la France d’Absurdistan en ce domaine.

    Gageons donc que dans le rapport qui sera remis à Emmanuel Macron, la mesure de couvre-feu à 18 heures sera jugée très insuffisante (le porte-parole du gouvernement l’a d’ailleurs déjà laissé entendre) alors qu’elle était surtout idiote. Mais qui dit « insuffisant » dit évidemment qu’il faut faire plus, plus haut, plus fort, d’où le « confinement très serré » qui nous pend au nez.

    Pourtant, on est loin du consensus médical

    On a d’abord l’inénarrable Delfraissy , alarmiste en chef et chef du Conseil scientifique. Qualifiant le variant britannique de « virus diabolique et plus intelligent qu’on ne le pense » , il préconise un confinement préventif séance tenante, autrement dit même si la situation à l’instant T ne le justifie pas. Oui, on est dans une situation de plateau avec une faible progression de l’épidémie, mais cette « impression de stabilité est trompeuse » , justifie-t-il. J’espère que vous voyez la force de l’argument.

    Devant l’agacement que ses propos ont réussi à susciter à l’Élysée, il a déclaré ensuite dans un entretien à Libération qu’on n’était pas « à une semaine près » . Mais cette idée du confinement préventif contre le variant anglais, confinement qui sera d’autant plus court qu’on le mettra en place rapidement, et éventuellement le « der des der » à condition que la vaccination suive, est néanmoins soutenue par de nombreux médecins. Par le professeur Philippe Juvin , chef de service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou et par ailleurs maire LR de La Garennes-Colombes, par exemple.

    Il faut certes que la vaccination avance, d’autant que les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna semblent efficaces contre les nouveaux variants, et pendant ce temps les gestes barrières restent de mise si les circonstances l’exigent.

    Mais quant au reconfinement préventif, d’autres médecins comme l’urgentiste Gérald Kierzek (voir ici) ou l’épidémiologiste Martin Blachier s’en inquiètent.

    Ce dernier fait remarquer (vidéo, 10′) qu’on en sait encore peu sur la contagiosité réelle du variant anglais, qu’il n’est pas forcément le seul facteur explicatif de la hausse des contaminations que le Royaume-Uni a connue et surtout qu’on voit mal comment on pourrait sortir un jour du confinement si l’on décidait de confiner en dehors de toute accélération significative de la pandémie, sans critère médical spécifique, mais juste parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait :

    C’est tellement grave un confinement que ça doit être justifié par des chiffres épidémiologiques et pas uniquement par l’hypothétique présence d’un variant.

    J’avoue que je suis très sensible à cet argument. Car oui, c’est grave, un confinement. Les répercutions psychologiques, économiques, sociales et familiales sont immenses. Après deux confinements et une flopée de mesures intermédiaires, nous sommes bien placés pour le savoir.

    Il est certain que si l’on ne sort, ni ne bouge, ni ne rencontre plus jamais personne, on ne tombera jamais de vélo, on n’aura jamais d’accident de voiture et on ne croisera probablement pas de coronavirus. Mais on ne vivra pas non plus ; on mourra à petit feu sans avenir ni perspective. L’Homme n’est pas fait pour rester dans sa caverne, éternellement paralysé par des éventualités. Il est fait pour répondre intelligemment à des réalités.

    On peut toujours espérer que dans ses évaluations, Emmanuel Macron prendra en compte l’ensemble des destructions liées directement ou administrativement au Covid-19, pas seulement la peur d’avoir à faire face, peut-être, au déjà célèbre variant anglais qui agit sur nos esprits comme un épouvantail.

    Mais à entendre le porte-parole du gouvernement, cela semble assez peu probable, sauf à ce que la lassitude croissante d’une part croissante de Français vis-à-vis d’une vie masquée, enfermée, fossilisée et destructrice ne parvienne à réorienter quelque peu la gestion anti-Covid du gouvernement.

    Sur le web

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      Covid-19 : évaluation des stratégies contre la pandémie

      Gabriel Lacoste · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 03:30 · 10 minutes

    stratégies

    Par Gabriel Lacoste

    Le 5 janvier 2021, le Journal de Montréal diffuse la nouvelle suivante :

    Submergés par des cas de Covid-19 qui battent des records depuis plusieurs semaines, les services d’urgence de Los Angeles ont commencé à rationner l’oxygène et les lits.

    Le réflexe de la majorité ? « Il faut respecter les mesures. »

    Pourtant… Voici, chronologiquement, l’histoire des infections en Californie :

    • du 3 au 25 novembre 2020 : croissance modérée des infections.
    • le 14 novembre 2020 : l’État de la Californie décrète un couvre-feu.
    • du 25 novembre au 2 décembre 2020 : les infections atteignent un plateau.
    • le 3 décembre 2020 : l’État de la Californie ordonne un confinement dans les zones les plus touchées.
    • du 3 au 21 décembre 2020 : les infections explosent.
    • du 21 décembre 2020 au 14 janvier 2021 : deuxième plateau.
    • après le 14 janvier : baisse des infections.

    Un esprit observateur peut en conclure que les restrictions gouvernementales ne fonctionnent pas. En effet, même s’il existe un temps d’incubation de sept jours avant d’en voir les effets, entre le 3 et le 21 décembre, il y a 18 jours. Ensuite, aucune mesure gouvernementale ne peut expliquer la baisse du 14 janvier. Une autre variable est donc clairement en jeu. Manifestement, le couvre-feu du 14 novembre n’a pas empêché le drame des hôpitaux.

    Ce dernier ne suffit pas à justifier les mesures, il faut démontrer leur efficacité. Or, le cas de la Californie nous donne des raisons d’en douter. De telles observations, il y en a d’autres :

    • Durant le printemps et maintenant depuis le 10 janvier, la Suède a réussi à courber les infections sans jamais ordonner de restrictions comparables aux autres pays européens.
    • À partir du 4 novembre, les infections en Espagne ont baissé de façon comparable à la France, en suivant sensiblement la stratégie modérée de la Suède. Elles sont reparties à la hausse depuis le 6 janvier ; mais en général, les pays d’Europe suivent tous une évolution en trois vagues.
    • Le Japon et la Corée du Sud n’ont pas adopté nos restrictions, ni éradiqué le virus et ne vivent aucun drame sanitaire.

    Ce sont les « cygnes noirs » de la pandémie ; c’est-à-dire ces faits qui falsifient nos hypothèses . Que devons-nous en penser ?

    Les stratégies disponibles

    Nos choix sont confus. Ils ne se résument pas à « tout ce que le gouvernement nous demande » ou « vivre comme avant ». En fait, les stratégies suivantes peuvent être distinguées, avec un code couleur indiquant leur sévérité :

    stratégies Éradication du virus par des moyens non-pharmaceutiques

    Tuer le virus avec des restrictions, ça se fait ? Un groupe de chercheurs hautement évalué par les médias le pense. Leurs études s’appuient sur les cas de l’Australie, de la Chine et de la Nouvelle-Zélande . Si eux l’ont fait, nous pouvons le faire.

    Le « risque » associé à cette stratégie n’est pourtant jamais questionné. Tenter de tuer le virus, échouer, s’acharner à essayer plus fort, échouer de nouveau, se justifier devant des médias qui s’impatientent, etc. est dangereux.

    Une étude détaillée de la stratégie chinoise , publiée dans Science , nous permet d’illustrer les limites de ce raisonnement. Ils ont retracé les contacts de 1178 personnes avec 15 000 autres, ils les ont testés, puis les personnes infectées ont été contraintes à l’isolement en milieu hospitalier.

    De façon surprenante, les mesures de confinement ont augmenté les infections au domicile, alors qu’il est, de loin, le principal facteur de contagion (7,2 % de risque vs 0,9 % pour nos amis). Des chercheurs ont suggéré que durant les confinements les plus stricts,une telle dynamique peut avoir causé les clusters dans les établissements pour personnes âgées .

    Ma conclusion ? C’est le traçage des cas contact et l’isolement contraint des personnes exposées qui a fonctionné en Chine, pas le confinement généralisé. Or, cette stratégie ne peut être répétée que si le ratio infectés/population ne dépasse pas un certain seuil , que nous avons dépassé. Voilà pourquoi citer la Chine, la Nouvelle-Zélande et l’Australie comme modèles mérite le scepticisme.

    Les stratégies d’atténuation non-pharmaceutiques

    L’étude la plus citée pour démontrer l’efficacité des interventions non-pharmaceutiques compare les infections dans un monde alternatif où rien n’est fait avec le monde réel, pour conclure que des millions de vies ont été sauvées. Elle contient de nombreux problèmes de méthode . Elle s’oppose aussi à des études qui préfèrent calculer les corrélations entre les taux de mortalité et différentes variables, pour en conclure que la sévérité des mesures n’a pas d’impact observable ( ici et ici ).

    L’amalgame « interventions non-pharmaceutiques » embrouille la réflexion. Ce n’est peut-être qu’une partie de nos changements de comportements qui est responsable de la majeure partie de la diminution des infections. Les défenseurs de cette stratégie vont donc évaluer la contribution d’interventions séparément ( ici et ici ), pour montrer que les politiques les plus brutales ajoutent peu d’efficacité face à celles qui encadrent simplement la vie normale.

    Les cas hautement controversés de la Suède , puis maintenant de l’Espagne , ainsi que de différents États américains, mais aussi du Japon et de la Corée du Sud constituent les contre-exemples empiriques déployés contre la stratégie sévère dominante. La Suède a connu une deuxième vague particulièrement intense, mais ses infections baissent et le pays a donc réussi deux fois à les courber. L’Espagne a réussi à le faire après le temps des fêtes. Les cas sont maintenant en hausse, mais la situation va peut-être se re-stabiliser sans resserrement. Cela reste à voir.

    Jay Bhattacharya et John Ioannidis ont produit récemment une étude sur cette question . Ils ont observé que les populations européennes ont modifié leurs comportements au printemps avant que leur gouvernement le leur ordonne. Donc, la menace d’amendes et l’intervention policière comptent peu. Ensuite, il y a un impact observable entre le taux de reproduction, au début de la crise, puis après les changements de comportements initiés par les populations. Cependant, la sévérité gouvernementale n’aurait contribué que pour 5-10 % de cette réduction, ce que les auteurs estiment « ne pas être significatif ».

    Cette étude porte sur le printemps. Pour en avoir une meilleure idée, il faudra voir comment l’Espagne et la Suède performeront d’ici à la fin de cet hiver.

    La protection focalisée

    Pouvons-nous construire une bulle autour des personnes à risque pendant que le reste de la population s’expose ? Les politiciens et les experts de la méthode fortes disent que non . Deux arguments sont invoqués. Premièrement, l’observation nous montre que les infections passent rapidement des jeunes aux populations fragiles . Ensuite, il est difficile de distinguer les groupes .

    Pourtant, intuitivement, cette stratégie m’apparaît être la stratégie naturelle des populations informées en situation de liberté . Une personne à risque et son environnement vont la déployer indépendamment des directives gouvernementales, car ils y sont motivés à titre personnel. Ils vont porter méticuleusement des équipements de protection, respecter les deux mètres de distance physique, installer une trajectoire libre d’infection, etc. Le rôle de l’État se réduit alors à la simplifier. Cette hypothèse mérite d’être testée plus rigoureusement.

    En fait, les succès de la Suède et de l’Espagne s’expliquent peut-être par le fait que les personnes fragiles et leur environnement s’adaptent spontanément à la situation, lorsqu’elles sont adéquatement informées, indépendamment des directives de leur gouvernement. Combiné aux facteurs saisonniers , il se peut même que cela fonde scientifiquement la structure en trois vagues de la pandémie.

    Les interventions pharmaceutiques

    La vaccination a été largement comprise comme la stratégie ultime qui mettra fin à toute cette affaire. Pourtant, rien n’est encore acquis. Des chercheurs s’inquiètent du variant sud-africain , qui résistera peut-être à notre vaccin. Un groupe de travail Israélien redoute que la vaccination puisse favoriser des mutations qui y résisteront. Le variant britannique, qui se transmet de 30 à 70 % plus facilement , serait vulnérable au vaccin. Cependant, il risque de se diffuser au sein de la population bien avant que le vaccin soit disponible, rendant ce dernier inutile.

    Et le pire ? La méthode utilisée pour tester l’efficacité du vaccin était insuffisante , car le nombre de personnes de l’échantillon susceptible de développer des formes sévères était trop petit.

    De plus, pour évaluer correctement cette stratégie, il faut considérer les souffrances endurées à l’attendre, ainsi que la déstabilisation subséquente de nos sociétés comme étant ses effets secondaires, par opposition à l’acquisition rapide de l’immunité naturelle.

    La non-intervention

    Elle est l’épouvantail agité par les autorités pour taire la critique. C’est la position la plus controversée. Elle est mise en avant par la mouvance Qanon et aurait été pratiquée par les habitants de Manaus, selon une autre étude .

    C’est le calcul des coûts et bénéfices de l’intervention, par rapport à la non-intervention, qui supporte cette approche . Il y a différentes façons de résumer ce calcul :

    1. Le Covid-19 n’est pas aussi dangereux que les médias nous le présentent.
    2. Les conséquences des interventions sont et seront beaucoup plus graves que nous le pensons.
    3. Bien que le Covid-19 soit réellement dangereux, les interventions valorisées pour le combattre échoueront, elles constitueront donc un mal sans bénéfices.

    La mouvance Qanon invoque le premier argument. Selon moi, les meilleurs arguments pour la non-intervention sont une combinaison du second et du troisième.

    À partir du cas de Manaus, certains extrapolent que 400 000 personnes mourraient en France sans interventions . Est-ce que ces morts en valent la peine, si c’est pour sauver la normalité de la vie des 66 millions autres humains ? La question elle-même est moralement odieuse. L’idée de réduire la vie de personnes à un simple moyen de veiller au bien-être des autres est répugnante.

    Il faut nuancer. Dans l’histoire de l’humanité, il y a régulièrement eu des appels à risquer sa vie pour la liberté, la démocratie ou des principes supérieurs. Certains le faisaient volontairement, par sens du devoir. De plus, une personne âgée peut parfois préférer mourir que d’être un fardeau pour ses proches. Les individus ne sont pas seulement motivés par leur propre survie.

    Si la menace qui pèse sur la normalité de nos vies jouissait d’une couverture médiatique aussi généreuse que celle du Covid-19, une partie des personnes à risque accepterait peut-être l’éventualité de mourir de ce virus. Elles le feraient par sens du devoir. Le respect n’exige pas de sauver leur vie, mais de leur présenter le dilemme de façon transparente et complète, puis de les impliquer dans la décision.

    L’efficacité de la stratégie d’atténuation légère et de la protection focalisée constituent un argument contre cette position. S’il est possible de ralentir la progression du virus et de vacciner les personnes fragiles à temps, tout en préservant l’essentiel de la normalité de la vie et protéger les personnes fragiles, ce choix tragique est un faux dilemme.

    Cependant, plus le virus devient contagieux, moins il semble contrôlable et plus les doutes entourent la vaccination, plus la non-intervention devient une stratégie envisageable. Plus la stratégie de mitigation sévère s’éternise, plus elle devient oppressante. Si la stratégie de vaccination qui l’accompagne échoue, les autorités pourraient bien être confrontées à des troubles civils de plus en plus difficiles à contenir.

    Je finirai cet article en attirant le lecteur sur mon intention : défendre rigoureusement la stratégie de mitigation légère contre le conspirationnisme ET le radicalisme sanitaire.

    Si vous ne l’avez pas compris, relisez-moi plus attentivement.

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      66 millions de procureurs ? Non, une demande de démocratie insatisfaite

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 22 January, 2021 - 10:09 · 6 minutes

    procureurs

    Par Frédéric Mas.

    Ce jeudi 21 janvier, Emmanuel Macron en déplacement à Saclay a fait état de son exaspération devant les critiques permanentes adressées à l’action publique concernant la gestion de la crise sanitaire . Réclamant un peu d’indulgence face aux tâtonnements d’un gouvernement confronté à une situation sans précédent, il a déploré que la France soit devenue une nation de « procureurs ».

    Plutôt que de traquer de manière incessante l’erreur, la France, selon les mots du président, aurait besoin d’hommes et de femmes qui apprennent de leurs erreurs.

    Célébrer la méthode rationnelle devant un parterre de scientifiques réunis à l’occasion du lancement d’un plan quantique à 1, 8 milliard d’euros paraissait acceptable sur le plan de la stratégie rhétorique.

    Seulement, Emmanuel Macron aurait dû penser, avant de s’exprimer, qu’il n’était pas seulement comptable devant ses pairs et ses experts, mais aussi devant les électeurs et les citoyens qui l’ont mandaté. Malheureusement pour lui, la critique des gouvernés aux gouvernants est non seulement légitime, mais nécessaire au bon fonctionnement du gouvernement démocratique.

    Les gouvernés en démocratie sont constamment sous surveillance

    Que le citoyen demande des comptes aux gouvernants en démocratie est normal. Il existe comme un paradoxe dans le fonctionnement de la démocratie moderne : il y a égalité politique entre gouvernants et gouvernés, ce qui suppose le contrôle des seconds sur les premiers, et la possibilité pour les premiers d’être remplacés par les seconds 1 .

    Seulement pour que la démocratie fonctionne de manière raisonnable, ses élites politiques sont élues, et doublées d’un personnel de bureaucrates dédiés au « service public » : la sélection des plus compétents, que ça soit par la compétition électorale ou le concours, est un principe aristocratique de sélection plus que de cooptation entre citoyens égaux, qui lui suppose le tirage au sort 2 .

    De ce fait, les « plus compétents » sont jugés par l’ensemble d’un corps politique majoritairement pas constitué de « non compétents ». Ces « plus compétents » tendent toutefois à oublier une fois aux manettes qu’il n’y a pas de citoyenneté passive, et que la surveillance de l’action publique tout comme la dénonciation des travers politiques des gouvernants fait partie du travail de citoyen tant qu’il est gouverné.

    Les « plus compétents » ne font pas face à de purs administrés formatés à obéir, mais à des individus compétents pour juger d’une politique qu’ils doivent adouber en termes acceptables.

    Juger des erreurs politiques des gouvernants

    Juger les gouvernants est donc normal. Ce qui n’est pas normal par contre, et qui provoque la défiance, c’est le décalage entre le discours public, qui crée certaines attentes, et les résultats sur le terrain.

    Depuis l’annonce de la création des vaccins contre la covid-19 , les pouvoirs publics n’ont eu de cesse d’en faire en parole une priorité nationale. Olivier Véran a même conditionné ce jeudi le retour à l’état de droit à la vaccination des personnes les plus vulnérables, ce qui devrait nous maintenir en état d’exception encore un bon moment.

    En plus de se faire changeante semaine après semaine, la communication au sommet de l’État s’est appuyée sur la peur pour asseoir son autoritarisme bureaucratique et ses restrictions aux libertés publiques.

    Suscitant la panique à la base, elle a créé une attente extrêmement forte des gouvernés en termes de campagne vaccinale. Sa réalisation s’est révélée à la fois catastrophique et humiliante comparée aux performances de nos voisins allemands et britanniques.

    Il fallait s’y attendre.

    Ajoutons que le décalage entre le coût enduré par les citoyens pour surmonter la crise et les résultats promis par l’équipe dirigeante n’est pas anecdotique, c’est une faute politique majeure.

    Que le citoyen, même le plus ordinaire, le relève, n’est pas une preuve de défiance mais plutôt de bon sens. Aujourd’hui, selon un sondage BVA-Orange-RTL , deux tiers des Français jugent mauiaise la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement ; 31 % la jugent même très mauvaise ; 70% considèrent par ailleurs que le gouvernement explique mal les choses.

    La faute des gouvernants

    Si les citoyens français se font critiques de Macron, c’est aussi que les gouvernants ont systématisé les stratégies d’évitement concernant leur responsabilité démocratique. Et que ça commence à se voir. Plutôt que de reconnaître ses erreurs, et particulièrement cette erreur d’appréciation, le gouvernement s’est employé à délégitimer toutes les critiques qui lui ont été adressées jusqu’à présent, entretenant par la défiance qu’il prétend voir dans les comportements des gouvernés.

    Face à la crise des Gilets jaunes , le gouvernement, après avoir tenté de réduire le mouvement à des émeutiers d’extrême droite, a finalement créé une consultation dont les résultats se sont perdus dans la nature.

    Plutôt que de s’appuyer sur les organes élus et les administrations déjà en place, le gouvernement Macron a préféré créer des entités pseudo-démocratiques pour légiférer en matière climatique et énergétique, s’est attaché à appliquer les mesures autoritaires d’un « conseil scientifique » non élu et à tenter de bâillonner l’opinion publique via la loi Avia (qu’il est en train de défendre au niveau européen, malgré son inconstitutionnalité).

    Plutôt que de faire vivre les lieux de critiques légitimes de l’action de l’exécutif, à savoir les contre-pouvoirs, le gouvernement a fait le choix de suspendre l’État de droit, et de prolonger l’état d’urgence sanitaire pour avoir les coudées franches afin d’appliquer ses solutions qui malgré tout, ne marchent pas.

    Pourtant, les « 66 millions de procureurs » dont se plaint le président de la République sont étonnamment dociles. Ils se plaignent mais endurent toutes les restrictions liberticides défendues par le gouvernement, toutes les stupidités de sa bureaucratie autoritaire, toutes les erreurs d’appréciation tragique de son État stratège à la fois myope et incompétent.

    L’État est en train d’achever le secteur indépendant, de socialiser l’ensemble de l’économie et de placer l’ensemble de sa société sous la tutelle politico-administrative d’experts qui ont démontré leur nullité. Et Emmanuel Macron se plaint que les Français soient un peu défiants ?

    1. La vertu du citoyen, on le sait depuis la Politique d’Aristote, se forme à partir de l’alternance entre commandement et obéissance.
    2. Bernard Manin, Les principes du gouvernement représentatif , Calmann Levy, 1995.
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      Vaccins : pour convaincre de se laisser soigner, il ne faut pas humilier

      Gabriel Lacoste · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 21 January, 2021 - 03:30 · 15 minutes

    la vaccination

    Par Gabriel Lacoste.

    Jusqu’à maintenant, l’histoire de cette pandémie a été largement écrite comme un grand effort de privation collectif en l’attente d’un vaccin miraculeux.

    Ses principaux héros ont été les personnels médicaux risquant leur vie au front. Ils étaient conseillés par des scientifiques regroupés autour d’un consensus . Ils étaient dirigés par des gens courageusement capables de frustrer la population pour un bien supérieur.

    Qui en étaient les vilains ? Ils étaient les anti-masques , les conspirationnistes , les covidiots ou les touristatas . Ils continuaient de faire la fête ou d’aller se faire bronzer sur une plage, dans le Sud. Lorsqu’ils s’exprimaient, sur les réseaux sociaux, ils faisaient circuler des rumeurs sans fondement : la Covid-19 est juste une grippe, elle a été inventée en laboratoire , il n’y a pas de surcharge dans les hôpitaux, le masque ne sert à rien, la Suède est un modèle à suivre, puis tout cela est planifié par Bill Gates pour réinitialiser la population mondiale.

    Les journalistes se sont eux-mêmes classés parmi les héros. Ils ont lutté sans relâche contre cette désinformation en y opposant des témoignages d’experts , des études sérieuses et des faits.

    Cette histoire arrive à son terme. C’est maintenant le temps du dernier chapitre, celui de la vaccination . C’est alors que moi, le philosophe inspiré par Socrate , intervient auprès de vous, journalistes et lecteurs, pour vous poser la question qui tue :

    Les antivax sont-ils des personnes ?

    L’un et le multiple

    Si je la pose, vous l’aurez deviné, c’est parce que je soupçonne qu’ils ne le sont pas, à vos yeux. Voilà qui me préoccupe. J’ai cette vague impression que toute cette histoire que je viens de vous résumer est une fable que vous chérissez. Elle est faite d’ombres sur les murs de votre caverne . Derrière, il y a autre chose. Je dirais le reflet de notre profond manque de respect pour autrui. Ma question nous sert de miroir, le temps d’une profonde méditation.

    Actuellement, l’antivax est la figure la plus actuelle de la résistance à la narration dominante. Lorsque le masque était dans l’air du temps, c’était un « anti-masque ». Maintenant que le vaccin est presque arrivé, c’est devenu un « antivax ». Dans l’inconscient collectif , cette figure évoque la peur des sorcières. Pendant une crise sociale, ces gens ne suivent pas les élites du moment, puis ils forment un culte.

    Quiconque pose trop de questions aux autorités est soupçonné d’en faire partie. Durant l’inquisition, mon pamphlet se serait intitulé « les sorcières sont-elles des personnes ? »

    Si vous adhérez à la narration dominante, vous serez contrariés par cette analogie. Vous la trouverez trompeuse, voire vicieuse. Un raisonnement par analogie . Je vous comprends. Pourtant, je suis étonné d’observer comment, au cours de l’histoire humaine, les classes raconteuses ont répété les mêmes schémas, en changeant les mots. Les prêtres étaient convaincus d’être plus éclairés que les druides, les oracles ou les pharisiens. Ils se trompaient.

    Aujourd’hui, est-ce que c’est le même pattern qui se reproduit, tel un long virus de la pensée ? Est-il possible que les professeurs et les journalistes d’aujourd’hui soient les prêtres d’hier, incarnant l’archétype jungien de « l’ombre » ? Cette question vous fait-elle peur ? Si vous êtes comme moi, je doute que oui.

    Les sages antiques, qu’ils venaient de Grèce ou d’Inde, se posaient aussi la question. Eux aussi le faisaient, habités d’une profonde inquiétude. Est-ce que le changement est une illusion, une ombre sur le mur d’une caverne ou un rêve ? Comprenez, alors, que ma question se veut philosophique. Elle transcende l’instant présent et vise l’universel. Il serait malencontreux que vous la réduisiez à un sophisme…

    La notion de personne

    La notion de personne a été l’objet de mon mémoire , plus précisément les illusions qui l’accompagnent. Elle a accompagné également ma pratique professionnelle. Elle m’obsède depuis des années. En quoi est-ce qu’elle consiste ?

    Emmanuel Kant s’en était fait une idée pertinente . Contrairement aux choses, elle est digne de notre respect. Puisque nous en sommes une, nous avons le devoir de la traiter en nous-mêmes et chez les autres comme une fin en soi, jamais comme un simple instrument.

    Elle s’étend à tous les êtres capables de raison ou, comme dirait John Locke, aptes à « se représenter lui-même comme étant la même, à différent temps et à différents lieux » .

    En matière de relation d’aide, cette idée a une application concrète : la communication non-violente . Les relations toxiques ont ceci de commun qu’elles s’appuient sur une violence psychologique. Plutôt que de chercher à comprendre son « adversaire », nous avons le réflexe de l’insulter, en faire une caricature, lui prêter des intentions vicieuses, le déclarer inapte à entendre raison et donc à mettre en avant des stratégies de contrôle et d’intimidation.

    En résumé, nous cessons de le traiter comme une « personne », puis le réduisons au statut d’animal dangereux, de serpent muni d’un langage.

    À cet effet, le sens commun nous indique que le résultat est le contraire de nos intentions. Cette forme de communication génère une réponse tout aussi violente, qu’elle soit passive agressive ou plus évidente. Pour l’éviter, le sage prendra d’abord le temps de bien comprendre les motivations et les croyances de son adversaire en se gardant de les juger. Il stimulera une réflexion cordiale sur ses pour et ses contre. Ce n’est qu’à la fin de cette démarche qu’il lui mettra des limites, si nécessaire, dans une logique d’autodéfense.

    La violence de nos communications actuelles

    Avant de décréter que les antivax sont des reptiliens sophistiqués plutôt que des personnes, rappelons-nous quelques évidences concernant la manière dont la résistance aux mesures sanitaires a été traitée depuis le début de cette crise. Il y a matière à en faire un examen de conscience.

    À titre d’illustration, un entrepreneur a suscité récemment la controverse au Québec en diffusant sous un ton cordial une vidéo où il utilise des chiffres sur les hospitalisations pour demander une discussion ouverte sur nos choix publics. Il y combine des remarques sur la faible dangerosité du virus pour une large portion de la population. Son message est devenu viral, mais vous ne pouvez plus la trouver sur YouTube.

    Le média du gouvernement, Radio-Canada, s’est efforcé d’y répondre . Comment ? D’abord, par cette image :

    L’avertissement en gros plan « Attention » sert à vous mettre dans un état de vigilance. Déjà, l’auteur risque de ne pas être traité comme une personne qui mérite d’être écoutée, mais comme une menace que vous devez combattre. D’ailleurs, l’article de Radio-Canada ne référence pas la vidéo et ne vous permet donc pas de vous en faire une idée par vous-mêmes. YouTube ne permet pas non plus de la trouver.

    Ensuite, le lexique-clé de l’article est parlant. La « preuve » est mise entre guillemets. La situation est « loin d’être aussi simple », donc le contenu est déjà étiqueté de « simpliste ». La comparaison est « douteuse ». Bizarrement, la suite donne raison à l’auteur de la vidéo lorsque le ton du journaliste de l’État devient plus posé, mais il revient à la charge avec un autre langage injurieux : « ce type de comparaison est trompeuse » .

    Tromper est un acte vicieux. Il y a là un procès d’intention. Le reste du texte met des nuances et explique assez professionnellement comment les chiffres sur les hospitalisations varient en ce moment, par rapport aux années précédentes.

    Pour finir, notre entrepreneur n’aura pas son dialogue et la pertinence de ces obstacles administratifs au traitement de la Covid-19 ne sera jamais questionnée. Cette forme de communication est violente. La cible n’est pas prise en considération, son questionnement est balayé, étouffé, puis des étiquettes relatives au danger ou à la tromperie lui sont apposées.

    Il suffit de lire ensuite les commentaires sur l’article pour saisir comment une partie du lectorat y réagit en redoublant d’insultes. Ce geste est posé par un journaliste qui occupe une position de pouvoir dans la société. Son propos peut conduire à des mesures de répressions concrètes : isolement des gens, pertes d’emploi et destructions de commerces . Voilà qui est, oui, violent.

    Or, j’ai pris ce cas comme une illustration, mais quiconque me lit peut facilement trouver d’autres exemples, tellement ce fut la norme durant cette crise.

    Le danger est-il une excuse ?

    La croyance au cœur de cette réaction est que, en situation de danger, certaines personnes peuvent être traitées comme des serpents. Elles ne peuvent pas entendre raison, il faut donc les contrôler, que ce soit en les insultant ou en envoyant la police .

    Est-ce que cette croyance est raisonnable ? Nietzsche y répond, lorsqu’il écrit

    « Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi. »

    C’est précisément en situation d’urgence que la notion de personne prend de sa valeur. Dans un contexte où nous sommes tous faillibles, nous ne sommes jamais sûrs de qui est le plus grand danger. Peut-être nous-mêmes, qui sait ? Traiter l’autre comme une personne devient une affaire de prudence. C’est la sagesse de Yoda, dans la saga Star Wars .

    La majorité pense qu’une science solide les informe de ce danger. Donc, ce n’est plus le temps de la discussion, mais de l’action . Pourtant, la majorité scientifique n’a que tardivement conseillé la stratégie actuelle de se priver radicalement jusqu’à un vaccin. Au début, il était question d’aplatir la courbe le temps que les hôpitaux s’organisent. Ils ne l’ont pas fait assez efficacement . Ensuite deux courants d’opinions se sont formés. L’un d’eux espérait supprimer le virus avec des mesures sévères, mais courtes, de confinements combinés à un traçage agressif des contacts en prenant comme exemple la Nouvelle-Zélande. L’autre n’y croyait pas, craignait les effets secondaires de ces mesures, puis préconisait de focaliser nos ressources sur les personnes à risque le temps de développer une immunité, naturelle ou artificielle.

    Ce n’est que lorsque ni l’une, ni l’autre des stratégies n’a réussi qu’il est devenu question d’enfermer les gens chez eux en l’attente d’un vaccin. Bref, la « science » n’a pas géré toute l’affaire. Elle a improvisé.

    Actuellement, le bilan de ces mesures n’est même pas commencé. Il est possible que l’histoire retienne qu’au final, les journalistes prompts à « combattre la désinformation », ont causé en réalité beaucoup de tort aux gens. Ne pas écouter respectueusement un entrepreneur qui diffuse un vidéo sur les hospitalisations pour stimuler un dialogue aura peut-être été une grave erreur.

    Une science autistique

    D’un point de vue épistémologique, la lecture des études en épidémiologie me donne cette vague impression d’avoir affaire à des autistes enfermés dans des laboratoires et socialement idiots. J’en prends comme exemple une étude sérieuse, publiée dans Nature en juin 2020 et qui vise à mesurer l’efficacité des mesures gouvernementales.

    Je résume le raisonnement. Les chercheurs postulent que le taux de reproduction croît de façon exponentielle et constante sauf si une intervention gouvernementale la modère. Ils calculent donc le nombre de personnes qui mourraient dans le monde fictif où rien n’est fait. Ils en soustraient le nombre de ceux qui sont morts réellement, puis, paf, ils en concluent que la somme est le nombre de vies sauvées.

    Cette étude mériterait d’être utilisée par les épistémologues du futur comme le modèle à ne pas suivre durant une crise hautement médiatisée. Oui, les auteurs étaient conscients des limites de leur méthode, mais ils ne faisaient pas attention à la manière dont les autorités en feraient usage.

    La réalité est que les personnes ne sont pas des figures que les autorités déplacent sur un jeu d’échec. Elles réagissent aux mesures et leurs réactions peuvent être pires que le mal à prévenir. Après coup, des experts disent que leurs conseils étaient bons, mais que la population ne les a pas suivies . Ok, mais l’intelligence sociale nous permettait de le prédire dès le début.

    Cette mentalité se montre également dans cette manie de harceler le public d’un tableau de bord chiffré sur le nombre d’infectés, de testés, de morts, d’hospitalisés et de vaccinés . Une pression à performer est exercée sur les décideurs. Or, tous ces chiffres ne tiennent pas compte des personnes concernées. Est-ce que les vaccinés sont ceux qui sont à risque ? Est-ce que les tests sont faits sur des individus réellement en danger ? Est-ce que le focus est perdu ? Vacciner une personne infectée, est-ce du gaspillage ou un manque de priorité ? C’est en plaçant la personne au cœur de ces chiffres que leur utilisation peut devenir intelligente.

    C’est maintenant le temps de faire le lien plus directement avec les antivax. Le chercheur habitué à la « méthode scientifique » aura tendance à les percevoir comme des êtres animés d’une méthodologie ridicule . Ils réduisent leur réalité à ce qu’ils maîtrisent.

    La vraie logique d’un antivax

    Le raisonnement d’un antivax n’est pas scientifique, mais sociale et éthique. Il mérite plutôt d’être rangé dans la catégorie « résister à l’imposition d’un style vestimentaire » . Il y en a pour dire que « c’est juste un vêtement » . Non, c’est une question de dignité. Si quelqu’un nous force, par exemple, à porter le logo d’une cause que nous désapprouvons, notre résistance ne résulte pas d’une expérience en laboratoire sur les effets dommageables de ce logo. Nous résistons parce que nous sommes humiliés . L’enjeu n’est pas notre santé, mais la façon dont nous sommes traités.

    Si nous nous représentons la société qui nous entoure comme étant dominée par des lobbies puissants menaçant nos libertés, nous ne sommes pas fous. Nous pouvons être maladroits dans notre manière de défendre cette vision en public, surtout devant des « experts » qui possèdent davantage de moyens que nous, mais nous avons un point qui mérite d’être pris en considération.

    Si, finalement, vous pensez nous contraindre à prendre le vaccin, sous peine d’être banni des lieux publics, vous nous humiliez. Si, au contraire, vous aviez choisi de nous en présenter la démarche dans un contexte où notre opposition à l’urgence sanitaire avait été traitée avec respect, nous l’aurions probablement accepté volontairement.

    À ce titre, je suggère aux chercheurs en devenir de construire un indice de non-violence dans les communications publiques, puis d’observer les corrélations avec le respect des mesures sanitaires. Le résultat, je pense, nous surprendra.

    Personnellement, je ne suis pas un antivax. Le vaccin m’apparaît être une façon utile de protéger les plus vulnérables. Je le leur conseille donc de surmonter leur sentiment d’humiliation.

    Cependant, moi qui ne fais pas partie des individus à risque, j’estime que me laisser attraper le virus, ne pas fréquenter des sujets à risque pendant ce temps-là, porter une visière, un masque, des gants et une jaquette au travail, puis m’isoler après le premier test positif (en résumé, les recommandations de Jay Bhattacharya, de Sunetra Gupta et de Michael Kulldorff ) aurait été plus efficace que de m’embarquer dans toute cette aventure de frustrations et d’incertitudes. J’aurais également mieux protégé les autres, les malades mais aussi les entrepreneurs et les jeunes qui ont besoin d’une année scolaire.

    Cependant, si vous ne pensez pas comme moi et avez franchement peur du vaccin, pour des raisons sérieuses ou pas, je vous comprends. Vous êtes humiliés. C’est en vous traitant de cette manière que je peux prétendre vous traiter comme des personnes.

    Et si vous êtes une personne à risque et refusez de vous faire vacciner ? C’est votre choix. Vous en mourrez ? Ce sera également votre choix. Je ne le prendrai pas à votre place. Cependant, vous respecter demeure à mon avis la meilleure manière de vous convaincre autrement.

    Le rôle de la philosophie

    Lorsque j’étudiais en philosophie, nous nous opposions aux positivistes qui préconisaient de laisser tomber notre discipline, puis de se consacrer à la science . La majorité des étudiants en étaient révoltés. Pourtant, ironiquement, ceux que je connais aujourd’hui sont les pires positivistes de la pandémie. Ils ont accompli la prophétie de Nietzsche, cité précédemment et sont passés du côté obscur.

    Dans ce texte, j’ai abondamment fait usage de mon savoir philosophique. Si j’avais à nommer mon opposant principal, ce n’est pas l’État, ni la médecine, ni l’épidémiologie. C’est le positivisme , qui est une philosophie. Il est temps que la philosophie reprenne le leadership de la pensée humaine.