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      Larry Flynt : l’antidote contre la sexophobie

      Daniel Borrillo · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 13 February, 2021 - 04:40 · 4 minutes

    larry flynt

    Par Daniel Borillo.

    Larry Flynt nous a quittés et avec son départ l’Amérique perd l’un des plus grands défenseurs de la liberté d’expression mais aussi un redoutable homme d’affaires qui a fait fortune grâce à sa capacité de travail, son talent et son sens aigu du commerce.

    Connu surtout comme pornographe , il a combattu l’hypocrisie de la société américaine en engageant une lutte politique pour la liberté de caricaturer. Celle-ci l’a notamment mené en 1988 devant la Cour suprême contre le pasteur ultraconservateur Jerry Falwell pour l’avoir montré comme un ivrogne incestueux ou encore en critiquant fortement les médias américains qui ont refusé de publier les caricatures de Mahomet après les attentats de Paris en 2015.

    En France, le combat contre la liberté d’expression était jusqu’à récemment le monopole des associations religieuses. Il suffit pour ce faire de se souvenir de certaines affaires : la tentative de censure du film Je vous salue Marie de Godard en 1985, de La dernière tentation du Christ de Scorsese en 1988 ; ou les attaques à l’affiche du film Larry Flynt ; ou encore lorsque le tribunal de grande instance de Paris a donné raison à l’association Croyances et libertés (instrument de l’épiscopat) en ordonnant l’interdiction d’affichage d’une publicité pour une marque de vêtements mettant en scène sensuelle un groupe de femmes représentant La Cène de Léonard de Vinci.

    Une nouvelle forme de conservatisme contre la liberté d’expression

    Aujourd’hui, une nouvelle forme de conservatisme met en danger la liberté d’expression. En effet, depuis la fin des années 1970, le collectif américain Women Against Pornography demande l’interdiction de la pornographie au nom de la dignité et de l’égalité des femmes et quelques années plus tard, les principales figures féministes du collectif n’hésiteront pas à s’associer avec Ronald Reagan dans une croisade contre la pornographie en considérant cette pratique à l’origine des crimes sexuels et des comportements asociaux 1 .

    En France, à l’exception notable du Planning Familial, la majorité des associations féministes s’est mobilisée pour l’ abolition de la prostitution et la pénalisation des clients , cristallisée dans la loi de 2016.

    Les arguments du féminisme anti-libéral arrivent ainsi avec force en France également contre la pornographie. L’entreprise est d’autant plus redoutable que ce féminisme radical a permis de sortir les questions sexuelles du registre de la morale en fournissant des arguments considérés comme plus raisonnables surtout dans un État laïc. On est ainsi passé du harcèlement sexuel au harcèlement à la sexualité.

    C’est justement la sexualité telle qu’elle est et non pas telle elle devrait être qu’a voulu montrer Larry Flynt et, partant, il s’est attaqué au pouvoir au sens foucaldien du terme, c’est-à-dire non comme un instrument ou une propriété détenus par un appareil d’État ou par certains individus mais comme l’ensemble des relations stratégiques dont le but serait les actions sur les autres permettant ainsi de diriger et de modifier leurs conduites, ou encore de structurer leur champ d’actions possibles.

    Le pouvoir qui réprime la sexualité

    Pour cela, le pouvoir politique va s’imbriquer étroitement avec le savoir. Certes, le propre du pouvoir est de réprimer. Dans le domaine de la sexualité, il réprime le plaisir, les énergies inutiles, l’intensité des plaisirs, les conduites irrégulières.

    La pornographie est menacée et avec elle non seulement la liberté d’expression mais aussi le respect de la vie privée. Et cette menace provient non seulement des ennemis traditionnels tel le discours religieux, le conservatisme moral des bonnes mœurs ou l’hygiénisme sexuel (la psychiatrisation du désir pervers) mais aussi et surtout des ennemis émergents tels que la panique morale, le discours psychanalytique et le féminisme radical.

    Contre ces nouvelles formes de puritanisme et de sexophobie, les garants de la liberté sexuelle demeurent à la fois la protection de la privacy et de la liberté d’expression. Rappelons ce que la CEDH affirme dans le célèbre arrêt Handyside c./Royaume-Uni :

    « La liberté d’expression vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population ».

    En montrant la sexualité dans sa dimension inquiétante, Larry Flynt a rompu avec le sens univoque que les conservatismes de toute sorte souhaitent donner à la sexualité. Par son combat il a dit haut et fort que l’individu adulte dans ses relations librement consenties demeure le seul juge de sa sexualité et de ses fantasmes érotiques.

    1. Rapport Meese du nom du procureur général des USA sous la présidence Reagan.
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      Police : rétablir la confiance demande un retour au régalien

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 12 February, 2021 - 04:45 · 9 minutes

    police

    Par Nathalie MP Meyer.

    Pris en tenaille entre, d’un côté, la dénonciation récurrente des violences policières et l’opposition au projet de loi de Sécurité globale qui limite en son article 24 la possibilité de filmer la police en action, et de l’autre, le ras-le-bol de forces de l’ordre épuisées et dégoûtées d’être trop régulièrement la cible de violences, Emmanuel Macron a lancé un vaste Beauvau de la sécurité dans l’espoir « d’améliorer les conditions d’exercice » de la police tout en consolidant le « lien de confiance entre les Français et les forces de l’ordre. »

    Décliné en huit ateliers auxquels participeront jusqu’à fin mai des experts, des élus, des membres des forces de l’ordre et des représentants des syndicats de police, le Beauvau s’intéressera successivement à la relation police-population, à l’encadrement, à la formation, aux relations avec le judiciaire (thème ajouté à la demande du syndicat Alliance), au maintien de l’ordre, à la captation de vidéos, au contrôle interne avec projet de réforme de l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) et aux conditions matérielles d’exercice.

    Les résultats de ces travaux sont censés alimenter la future loi d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure (Lopsi) programmée pour 2022 et pourraient déboucher à court terme sur 1,5 milliard de crédits supplémentaires pour le ministère de l’Intérieur.

    Sachant que depuis 2015, année de la vague d’attentats islamistes, les recrutements et les revalorisations salariales n’ont pas cessé. L’évolution de ces dernières est même qualifiée de « ni soutenable ni maîtrisée » par le rapporteur du Sénat sur le Projet de loi de finances 2020 relatif aux forces de sécurité, tandis que les investissements dans les outils de fonctionnement se faisaient plus rares, au détriment du moral des troupes.

    La première réunion, celle des relations police-population, a eu lieu lundi 8 février dernier. À lire les divers commentaires de presse, il semblerait qu’elle n’ait pas débouché sur des décisions fracassantes.

    Pour commencer, on y cherchait vainement des policiers de terrain et des représentants des citoyens. Ensuite, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est contenté de gloser sur la société de l’image et sur la nécessité d’améliorer la communication de la police via les réseaux sociaux afin qu’elle puisse mieux faire connaître son travail, notamment auprès des jeunes et dans les quartiers populaires.

    De leur côté, les syndicats sont arrivés à cette table ronde à reculons car ils estiment qu’il n’existe pas de problème majeur entre la police et la population, seulement des cas isolés qui sont traités. Du reste, à leurs yeux, le comportement des forces de l’ordre repose largement sur leur formation et sur le comportement de leur hiérarchie, sujets qui ne seront traités que plus tard dans le déroulé du Beauvau.

    Il leur semble beaucoup plus important de parler des conditions de travail dégradées et des suicides dans la police – points soulevés dans le rapport du Sénat cité plus haut (§ 4) – ainsi que de la réponse pénale qui ne suit pas toujours les efforts déployés en amont par les policiers et des attaques dont ceux-ci sont l’objet dans les cités ou au cours des manifestations.

    De fait, si l’on en croit un sondage IFOP réalisé fin janvier pour le JDD en prévision du Beauvau de la sécurité, 61 % des personnes interrogées expriment de la confiance ou de la sympathie pour les forces de l’ordre :

    Question : Que vous inspire spontanément la police ?

    Il est à noter cependant que les 27 % exprimant de l’inquiétude ou de l’hostilité représentent un bloc incompressible d’environ 10 millions de personnes une fois le résultat du sondage étendu à l’ensemble de la population, ainsi que l’a souligné le sondeur de l’IFOP Jérome Fourquet qui participait à la réunion.

    De plus, l’opinion publique est extrêmement sensible à certaines affaires de violences policières et de discrimination. Par exemple celle de Michel Zecler , ce producteur de rap frappé par quatre policiers dans le cadre d’un contrôle pour absence de masque à Paris en novembre 2020.

    Tombant au moment où le gouvernement tentait de faire passer un ajout restrictif à la loi de 1881 sur la liberté de la presse sous la forme de l’article 24 du projet de loi de Sécurité globale qui vise à réprimer la diffusion d’images des forces de l’ordre en action, avec le risque de permettre à des cas de violence policière de ne jamais apparaître au grand jour, elle a contribué à hisser la part des inquiets et hostiles à 41 % des personnes interrogées au mois de décembre 2020.

    Pour sa part, l’ONG Amnesty International dénonce des arrestations et des détentions arbitraires lors de la manifestation du 12 décembre dernier contre l’article 24. Gérald Darmanin s’est vanté sur twitter d’avoir protégé les commerçants des agissements des casseurs et/ou des membres du black bloc, mais au final, il s’avère que 80 % des interpellations n’ont donné lieu à aucune poursuite.

    Le gouvernement voudrait décourager le droit de manifester et non pas les casseurs qui resurgissent invaincus à chaque nouvelle manifestation qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

    On se rappellera également que le même Darmanin, tout imbu d’une fermeté policière qui s’évapore complètement dès lors qu’il s’agit de courir après les vrais fauteurs de troubles, était trop heureux d’énumérer complaisamment devant les caméras les milliers de contrôles et de PV que les policiers ont infligé aux Français sans raison sanitaire valable depuis le début de l’instauration du couvre-feu à 18 heures.

    Dans une démocratie libérale, les forces de l’ordre 1 sont censées assurer la protection des personnes et des biens conformément aux droits naturels des individus qui sont la liberté, la propriété et la sécurité. Elles sont donc en principe au service de la population, pas au service du pouvoir.

    Dès lors, la confiance des citoyens dans leur police ne peut exister que si ses actions semblent dictées par une juste répression des crimes et délits et non par une injuste répression des droits des individus, et si les plus hautes autorités de l’État régalien, le président de la République, le ministre de l’Intérieur, le garde des Sceaux, adoptent une politique en rapport.

    Or trop d’interventions policières concernent des crimes sans victime qui dépendent beaucoup de normes qui sont régulièrement durcies comme ont pu s’en apercevoir les automobilistes quand la limite de vitesse sur route est passée de 90 à 80 km/h.

    Trop d’interventions gouvernementales en matière de sécurité relèvent de l’affichage d’un semblant de fermeté qui érode considérablement les libertés publiques (la loi anti-casseurs de Castaner, heureusement retoquée par le Conseil constitutionnel, par exemple) et laissent de côté la juste répression des atteintes aux biens et aux personnes.

    Trop de discours politiques oscillent entre le soutien sans condition aux forces de l’ordre et la dénonciation permanente de leur racisme et de leur violence, le gouvernement n’étant pas le dernier à ce petit jeu qui brouille le message.

    Autant il est délirant et malfaisant de penser d’un côté que All cops are bastards , autant il est tout aussi délirant et malfaisant de penser de l’autre que l’institution policière forme un tout parfait qui n’a jamais tort et devant lequel les individus doivent plier.

    Peu avant de céder son poste à Darmanin, Christophe Castaner s’était justement illustré en imaginant un concept fleurant bon le « en même temps » cher à Emmanuel Macron, celui du « soupçon avéré » de racisme qui suffirait à ses yeux pour suspendre un policier.

    Quant au Président lui-même, il admettait récemment que les policiers pratiquaient les contrôles d’identité au faciès (d’où d’ailleurs la froideur des syndicats pour le Beauvau annoncé peu après).

    Et pourtant, dans le même temps, il était question de protéger les policiers via les dispositions de l’article 24 qui reviennent à limiter le droit d’informer et donc à empêcher les citoyens d’exercer un contrôle parfaitement légitime sur le service public de la police qui est rendu en leur nom.

    Que les policiers et gendarmes (ainsi que les pompiers et d’autres représentants des pouvoirs publics) soient la cible récurrente de violences, personne ne le nie. Mais la réponse ne consisterait-elle pas plutôt à se montrer intraitable sur le respect de la loi tant du côté des citoyens que des policiers, à veiller à l’application des peines décidées par la justice, à augmenter le nombre de places de prison, à redéployer les effectifs policiers vers les opérations de maintien de l’ordre public plutôt que vers la chasse aux automobilistes et aux citoyens qui, en cette période de pandémie, ont oublié leur masque ?

    Autrement dit, la confiance des citoyens dans la police dépend dans une très large mesure de la confiance qu’ils peuvent avoir en MM. Macron et Darmanin et plus généralement dans leurs dirigeants pour assurer sérieusement leur sécurité tout en garantissant leurs droits civils.

    C’est très loin d’être gagné. Si l’on en croit l’issue du Grenelle de l’éducation ou celle du Ségur de la santé, à quoi l’on peut maintenant ajouter l’intérêt limité de la première concertation du Beauvau, il y a fort à parier que ce dernier se soldera comme d’habitude par un regain de dépenses publiques sans amélioration notable du rôle régalien de l’État.

    1. La France dispose aujourd’hui de 150 000 agents de la police nationale et de 100 000 gendarmes auxquels il convient d’ajouter quelques 30 000 policiers et agents de surveillance municipaux, ce qui la place dans une honnête moyenne européenne de 4,2 membres des forces de l’ordre pour 1000 habitants.
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      Ces milliardaires qui font de la philanthropie autrement

      Guillaume Périgois · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 11 February, 2021 - 04:30 · 7 minutes

    milliardaires

    Par Guillaume Périgois.

    Elon Musk, Bill et Melinda Gates, Bidzina Ivanishvili, MacKenzie Scott, Min Kao et Charles Feeney prouvent qu’il existe de multiples façons de mettre sa fortune au service de l’amélioration du monde et de la condition de son prochain.

    Elon Musk : de la Terre à Mars

    L’une des premières choses que le fondateur de Tesla a faite lorsqu’ il est devenu l’homme le plus riche du monde le mois dernier a été de demander conseil sur la façon d’être un meilleur philanthrope.

    Mais le nouveau Texan semble avoir une idée claire sur la façon dont il veut dépenser sa fortune. Il a déjà esquissé les deux principaux bénéficiaires de sa richesse : la Terre et Mars.

    « Environ la moitié de mon argent est destinée à résoudre des problèmes sur Terre ; l’autre moitié vise à établir une ville autonome sur Mars pour assurer la continuité de la vie. »

    Quoi de plus normal qu’ un ingénieur milliardaire rêvant de mourir sur Mars appartienne lui aussi au club des philanthropes originaux.

    Bill et Melinda Gates : donner… pour que d’autres donnent

    On ne présente plus les époux Gates , à la tête de la plus grande fondation privée au monde, principalement dévouée à l’amélioration des soins de santé et à la réduction de la pauvreté.

    Pourtant, en cette période de pandémie, de crise économique et de montée du chômage, la cible philanthropique la plus surprenante de la Fondation Gates est un groupe souvent négligé par les mécènes : les milliardaires eux-mêmes.

    En octobre 2020, la Fondation Bill et Melinda Gates a ainsi donné 5 millions de dollars à la Fondation TED pour « surmonter les obstacles aux dons massifs par des donateurs très fortunés » . Donner pour mieux persuader les autres de donner.

    Au total, la Fondation Gates a investi près de 18 millions de dollars dans des programmes visant à encourager les dons des particuliers très fortunés au cours des cinq dernières années.

    Bidzina Ivanishvili : donner pour tirer tout un pays vers le haut

    Lorsque l’ancien Premier ministre géorgien s’est retiré de la vie politique en janvier, il en a profité pour annoncer qu’il ferait don de 90 % de ses biens, soit 1,5 milliard de dollars, à sa fondation familiale, le faisant donc entrer dans la même catégorie que les philanthropes les plus connus tels que Bill Gates ou Warren Buffet.

    Depuis sa création en 1995, la Fondation Cartu a ainsi distribué plus de 3,2 milliards de dollars. Là encore, ni strass, ni paillettes, mais plutôt une générosité au service du développement de cette république du Caucase : 400 écoles secondaires ont été construites, réhabilitées et équipées dans toute la Géorgie et plus de 100 000 élèves ont reçu de nouveaux équipements scolaires.

    Une toute nouvelle université dans la ville de Kutaisi, financée à hauteur de près d’un milliard de dollars, vise à développer les compétences techniques de la prochaine génération de Géorgiens et à améliorer les réseaux de recherche internationaux pour les scientifiques du pays. L’université de Munich a déjà signé un accord de partenariat et d’autres suivront certainement.

    Mais l’éducation n’est pas le seul secteur concerné. L’agriculture, la santé et les infrastructures sont aussi activement soutenues. La Fondation Cartu a ainsi financé le lancement de pépinières, de serres modernes, d’entrepôts frigorifiques et de laboratoires. Le centre médical de Sachkhere a permis à 46 000 Géorgiens de recevoir des services médicaux et plus de 1200 médecins ont reçu une formation pratique aux soins d’urgence. Plus de 300 km de routes et 554 km de conduites de gaz naturel ont aussi été construits et réhabilités.

    Bidzina Ivanishvili a également joué un rôle de premier plan dans la restauration du patrimoine culturel du pays, telle que la ville thermale de Tskaltubo. Le projet contribuera à la création de 20 000 emplois pour les habitants de la région, entraînant un développement économique durable et une prospérité renouvelée pour toute la région d’Imereti, qui a été touchée par la pandémie Covid-19.

    La Fondation Cartu contribue aussi à la protection de l’environnement et à la lutte contre le changement climatique. Au début de l’année, la Fondation Cartu a annoncé que 700 hectares de forêt au cœur de Tbilissi, la capitale géorgienne, seraient restaurés au cours des quatre prochaines années.

    Enfin, la Fondation Cartu a financé l’arboretum de Shekvetili, l’un des plus prestigieux jardins botaniques au monde, protégeant sur 60 hectares de nombreuses espèces d’arbres et d’animaux menacés d’extinction.

    MacKenzie Scott : investir dans l’éducation, sans paillettes

    La plupart des actions philanthropiques dans le domaine de l’éducation profitent autant aux donateurs qu’aux institutions bénéficiaires.

    Les dotations de chaires, les bâtiments financés et les programmes parrainés semblent souvent profiter d’une niche fiscale, garantir une future admission à la progéniture du donateur ou profiter du prestige de l’université bénéficiaire.

    MacKenzie Scott , auteur et ex épouse de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon , a choisi une autre voie. Elle a ainsi versé plus de 800 millions de dollars à l’enseignement supérieur en seulement une année. Mais ses récipiendaires sont loin d’être des institutions qui pourraient être considérées comme élitistes ou prestigieuses.

    Au contraire, elle a préféré investir dans des universités et institutions locales qui ne reçoivent habituellement pas de dons aussi élevés. Cette injection de fonds servira comme moteur de croissance économique et de mobilité sociale pour les étudiants qui en bénéficieront.

    Min Kao : l’humilité au service de l’ingénierie

    Originaire de Taïwan, Min Kao a cofondé la société Garmin aux États-Unis en 1989, mettant au point le logiciel qui permet à des millions de personnes de se déplacer partout dans le monde grâce à la technologie GPS.

    Il y a une bonne raison pour laquelle vous n’avez pas entendu parler de ce milliardaire aujourd’hui à la retraite. Il refuse la plupart des interviews et détourne tous les éloges qui lui sont adressés, préférant féliciter le travail de ses anciens collaborateurs.

    Ce qui ne l’empêche pas d’être le loyal mécène de l’université du Tennessee où il a obtenu son doctorat en génie électrique. Sa motivation ? Attirer de jeunes ingénieurs dans cette discipline, tout simplement.

    Charles Feeney : tout donner de son vivant

    Charles Chuck Feeney , qui a cofondé la chaîne de commerce d’aéroport Duty Free Shoppers, est l’un des pionniers de la philanthropie alternative, ouvrant la voie à tous les autres. Il est connu comme le « James Bond de la philanthropie » en raison de ses succès et de sa discrétion.

    En 1982, il a créé et commencé à financer Atlantic Philanthropies. En 2011, il a rejoint The Giving Pledge, un groupe de personnes et de familles parmi les plus riches du monde promettant de distribuer la majorité de leur patrimoine.

    « Je ne peux imaginer une utilisation plus gratifiante et plus appropriée de sa richesse que de donner de son vivant et de se consacrer personnellement à améliorer significativement la condition humaine. »

    Au total, ce sont plus de 8 milliards de dollars de sa fortune qu’il aura donnés sur 40 ans.

    Pour ceux qui n’ont pas peur de sortir des sentiers battus, ces quelques exemples montrent qu’il est possible aux mécènes milliardaires d’abandonner les projets clinquants pour mieux améliorer la vie de leurs prochains, en toute originalité.

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      Passeport sanitaire : une idée liberticide et infantilisante

      Sabine Sultan Danino · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 6 February, 2021 - 04:45 · 5 minutes

    Par Sabine Sultan Danino.

    Face à la défiance de nombreux Français, le président de la République avait clairement précisé lors de son allocution que la vaccination contre la Covid-19 ne serait pas obligatoire.

    Elle ne sera pas obligatoire certes, mais probablement indispensable si cette vaccination conditionne légalement le retour à une vie normale.

    En effet, l’idée d’un passeport vert semble dans l’air du temps et défendue par l’opposition.

    Concrètement, un passeport sanitaire ou encore vaccinal attestera du fait qu’une personne a été vaccinée, et offrira un certain nombre d’avantages, comme une dispense de quatorzaine, l’accès à toutes sortes d’événements culturels, aux restaurants et ainsi de suite.

    Un « passeport » permettant aux Français ayant eu recours à la vaccination de se déplacer à nouveau librement, sur sa seule présentation, autrement dit un moyen détourné de rendre obligatoire un vaccin dont le gouvernement n’a pourtant cessé de répéter qu’il ne le serait pas.

    La sanction en cas de refus étant plus qu’insidieuse, puisqu’elle reviendrait à la promesse d’une vie ostracisée, un confinement social à peu près total pour ceux qui ont osé refuser le précieux sésame.

    Infantilisation du citoyen

    Au-delà du problème de libertés dont s’accommodera sans l’ombre d’un doute « l’état d’urgence sanitaire », c’est cette logique continue d’infantilisation du citoyen qui laisse perplexe. Indirectement des personnes a priori défiantes, seraient forcées de se faire injecter un vaccin non obligatoire, non pas pour préserver leur santé corporelle mais pour préserver leurs libertés .

    Sans aller sur le terrain scientifique, ou sur l’efficacité d’une telle exigence, la mesure n’est pas sans poser un problème du point de vue des libertés fondamentales, et aussi tout simplement du point de vue de l’intégrité physique.

    Il y aurait désormais, dans le monde du coronavirus, deux catégories de citoyens ne disposant pas des mêmes droits : les citoyens qui se font vacciner et les citoyens qui ne se font pas vacciner.

    L’idée fait son chemin dans un silence politique quasi absolu et la disparition de tout esprit critique.

    Ajoutés à cela la récolte et l’utilisation de ces données posent aussi des questions en termes de droits à la vie privée et de protection des données personnelles, sans parler des risques d’une potentielle discrimination sur des critères de santé. Si vous n’êtes pas vacciné, cela veut dire que vous êtes potentiellement dangereux, on vous écarte donc de la vie publique et sociale.

    Alors qu’en est-il du côté du droit français ? Une telle exigence serait-elle légale ?

    Ce que dit le droit français

    La vaccination obligatoire est déjà très présente dans notre arsenal législatif : pour être inscrits à l’école , les enfants doivent ainsi être vaccinés contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

    De même, la vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire pour se rendre ou pour vivre en Guyane. L’exercice de certaines professions médicales est également soumis à une obligation vaccinale pour l’hépatite B, la typhoïde, la diphtérie, le tétanos ou la poliomyélite .

    Dès lors, imposer une vaccination contre la Covid-19 pour permettre l’entrée à des ressortissants étrangers sur son territoire ne constituerait pas un précédent.

    Mais la question de la légalité de la vaccination n’est pas celle de la légalité du passeport sanitaire.

    Déjà, on voit mal comment un passeport sanitaire pourrait être instauré tant qu’il existe une inégalité des citoyens face à l’accès au vaccin, ce qui est le cas, au regard de la campagne de vaccination par tranche d’âge et qui pourrait s’étendre sur plusieurs mois… De fait, les plus jeunes, qui payent déjà un lourd tribut seraient discriminés car vaccinés en tout dernier.

    Et quid de ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner pour raison médicale ?

    Imbroglio juridique à prévoir

    Enfin, le principe étant que ce vaccin n’est pas obligatoire, il faudra plancher sur les sanctions en cas de défaut de passeport, ce qui ne sera pas sans constituer un véritable imbroglio juridique.

    Il ne suffit pas qu’une loi énonce que l’on peut exiger d’un usager ou d’un client qu’il présente la preuve de sa vaccination, encore faut-il un décret déterminant la liste précise des lieux et services autorisés à le faire. C’est-à-dire les administrations, les transports, tous les commerces essentiels comme non essentiels…

    En pratique, si les commerces essentiels sont visés, cela reviendrait à empêcher des individus de subvenir à des besoins fondamentaux, tel que celui de se nourrir.

    Si vraiment ce passeport était institué, alors il y a fort à parier que le Conseil d’État aura du travail. Il a d’ailleurs donné son avis sur un projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires :

    « Sans être par elle-même assimilable à une obligation de soins, une telle mesure peut, si notamment elle conditionne la possibilité de sortir de son domicile, avoir des effets équivalents et justifie, à ce titre, un strict examen préalable de nécessité et de proportionnalité, dans son principe comme dans son étendue et ses modalités de mise en œuvre, au vu des données scientifiques disponibles » .

    Et il invite « à préciser la nature des activités ou lieux concernés » , ainsi que les « catégories de personnes […] concernées » .

    Et il faudra aussi gérer la nouvelle « délinquance sanitaire », déjà plus ou moins présente puisqu’au lendemain de ce qui aurait pu être un réveillon, la presse semblait davantage scandalisée par le déroulement d’une rave party clandestine que par le nombre de voitures brulées (861 quand même). Les fêtards sont sanctionnés tandis que les voitures brûlent spontanément.

    Finalement cette histoire de passeport sanitaire est secondaire et vient simplement s’inscrire dans la liste des entraves à nos libertés dans cette interminable parenthèse à notre État de droit qu’est le monde du coronavirus.

    Article initialement publié en janvier 2021.

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      Nord Stream 2, l’Allemagne face à ses contradictions

      François Jolain · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 February, 2021 - 04:45 · 1 minute

    Par François Jolain.

    Contradictions sur les partenaires commerciaux

    En pleine crise de Crimée, l’Allemagne faisait pression sur la France pour annuler la livraison de deux porte-hélicoptères Mistral à la Russie. Aujourd’hui, les rôles s’inversent. Suite à l’affaire Navalny, la France demande officiellement à l’Allemagne d’arrêter Nord Stream 2 , son projet de gazoduc russe.

    Or, le gouvernement d’Angela Merkel, si prompt à pointer du doigt les partenaires français peu fréquentables comme la Russie ou l’Arabie Saoudite , semble se contredire sur son propre partenariat russe.

    Il faut dire que là où la France pouvait se permettre de ne pas livrer les bâtiments militaires, l’Allemagne se retrouve coincée dans une dépendance énergétique au gaz russe.

    Contradiction sur son mix énergétique

    Tout a commencé par l’arrêt du nucléaire en 2011, puis par un investissement massif des énergies renouvelables. Or, le renouvelable n’a pas remplacé les anciennes centrales à charbon , elles restent toujours disponibles pour pallier la volatilité des productions éoliennes ou solaires.

    C’est ainsi que la capacité de production d’énergie verte est arrivée au même niveau que la capacité de productions d’énergies fossiles ou nucléaires, sans la remplacer. Si l’on installe 1 GW d’éolien, il faut aussi 1 GW de gaz pour sécuriser la production lors de vent calme. Ainsi, les deux infrastructures marchent de concert par intermittence. À la fin il y a même davantage de production par énergie fossile que par énergie renouvelable.

    Avec l’abandon des centrales au charbon trop polluantes pour des centrales au gaz, le mix énergétique allemand dépend plus que jamais du gaz russe. Les mêmes qui protestaient contre le nucléaire puis le charbon, se retrouvent à protester impuissants contre Nord Stream 2.

    L’Allemagne s’enfonce dans une dépendance au gaz russe. Un partenariat bien plus nocif que la vente de deux Mistrals…

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      Le Pen-Macron, le retour de blanc bonnet et bonnet blanc

      Michel Faure · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 04:30 · 7 minutes

    Le Pen

    Par Michel Faure.

    Marine Le Pen pourrait-elle être notre prochaine présidente de la République ? C’est une hypothèse qui n’a plus rien d’invraisemblable aujourd’hui si l’on en croit l es sondages. Le plus récent d’entre eux, le Harris Interactive des 19 et 20 janvier 2021, donne au second tour 52 % des intentions de vote au président de la République Emmanuel Macron et 48 % à Marine Le Pen. Avec seulement quatre points d’écart, nous sommes dans la marge d’erreur, donc rien n’est certain.

    Bien sûr, il reste encore un peu plus d’une année avant le prochain scrutin présidentiel et d’autres candidats peuvent encore apparaître et séduire l’opinion au point qu’il leur serait possible de franchir avec succès l’étape du premier tour. Mais pour l’instant, nous ne voyons personne à l’horizon et nous nous retrouverons alors en 2022 face à la perspective de ce navrant replay du second tour de 2017 . Comment est-ce possible ? Et pourquoi Marine Le Pen pourrait bien, cette fois-ci, l’emporter ?

    Le Pen-Macron : droite et gauche se sont auto-détruites

    Pour répondre à la première question, rappelons que nous pensions qu’avec sa victoire de 2017 le président Emmanuel Macron avait pulvérisé la droite et la gauche traditionnelles. En réalité, l’une et l’autre se sont auto-détruites dans les jours précédant le scrutin. La désolante présidence de François Hollande a laissé une triste impression de vide et d’impuissance et a divisé la gauche en multiples groupuscules.

    La droite n’était pas trop mal partie pour gagner sous la houlette de François Fillon qui avait déclaré la France en faillite et l’urgence de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires. Ce programme radical a bien sûr inquiété la fonction publique. Conséquence ou coïncidence, l’histoire nous le dira, le Parquet national financier s’intéressa soudain à l’épouse du candidat et à son travail, réel ou fictif, mais rémunéré, auprès de son mari. Ce népotisme désolant, mais banal, parait-il, a révélé le zèle et la vélocité des juges et mis Fillon hors jeu.

    Face aux Républicains assommés et au PS en miettes, il ne restait plus que deux personnages sur la piste, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La première avait entrepris de « dédiaboliser » le parti de Papa, mais continuait dans sa lignée à détester l’Europe, l’euro et les migrants ; le second et nouveau jeune premier du moment, fringant et prometteur, nous annonçait un monde d’après meilleur que celui d’avant. Macron l’emporta haut la main (43,6 % des voix contre 22,3 pour son adversaire) après un débat entre les deux tours où Marine Le Pen fut agressive et confuse.

    Pourquoi, quatre ans après cette très lamentable performance, Marine Le Pen revient-elle, et pourquoi les Français, en 2022, pourraient peut-être la préférer à Emmanuel Macron ?

    La paupérisation et la colère

    Deux raisons répondent à cette deuxième question.

    La première est la paupérisation de nombreux foyers et leur colère face au peu d’intérêt que leur situation suscite en haut lieu. Le mouvement des Gilets jaunes en a été l’expression. En 2019, 9,3 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté, et un million d’autres les ont rejoint fin 2020, estime Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre, dans une interview à France Culture le 7 octobre 2020 .

    Il ajoute :

    Concrètement, aujourd’hui, pour une personne seule, c’est un peu moins de 1060 euros par mois. Ça fait pas mal de monde, presque 15 % de la population française.

    La Covid joue son rôle, bien sûr, dans cette montée de la pauvreté, malgré les mesures de soutien et les aides sociales importantes.

    Cette crise de la pauvreté a été entendue par Macron, mais n’a pas pu être résolue car elle est le résultat d’ une lente désindustrialisation de notre pays depuis 1975 , de la baisse du niveau d’éducation des jeunes et de la montée du chômage. Pendant ce temps, le nombre de fonctionnaires grandit (en 2019, il a augmenté de 17 400 pour dépasser les 5,66 millions), les dépenses publiques aussi, nos déficits et notre dette également.

    La part des dépenses publiques dans le PIB est passé de 54 % en 2019 à 62,8 % en 2020, selon le site Statista qui estime qu’elles redescendront à 58,5 cette année. Bref, le secteur public continue à lentement asphyxier le secteur productif et marchand, c’est-à-dire le secteur privé.

    Emmanuel le flou

    La deuxième raison est lié à l’effondrement du naïf enthousiasme qui avait accompagné l’élection d’Emmanuel Macron, président bonapartiste élu plus pour sa jeunesse et sa promesse de renouveau que pour son programme, si léger et flou que nous en avons perdu la trace.

    En ce début de 2021, nous savons que notre République est dirigée par un politicien assez amateur et très autoritaire. Certains ont cru voir chez lui le libéral d’un monde nouveau alors qu’il s’avère l’étatiste du monde ancien. Il n’a pas su réformer la France, ni gérer la crise sanitaire, et a mis à mal notre Parlement, l’économie de notre pays, et nos libertés.

    Prudence et sympathie

    Ce triste bilan macronien pourrait annoncer une éventuelle préférence pour Marine Le Pen. Elle a eu l’intelligence de rester quasiment muette pendant quelque temps après l’élection d’Emmanuel Macron. Son débat raté est sans doute l’une des causes de cette discrétion. Elle fait aussi moins peur, ne brandit plus l’hypothèse d’un Frexit imminent, ni la menace de l’abandon de l’euro. On l’imagine devenue raisonnable.

    Par ailleurs, il est indéniable qu’elle suscite la sympathie de nombreux Français. Elle est dans le paysage politique depuis longtemps et l’occupe de façon singulière. Quand elle promet de « parler au nom du peuple » , ce n’est pas faux si l’on considère que par ce mot elle entend les classes populaires. En 2017, un sondage montrait déjà que plus on est pauvre, plus on vote pour elle.

    L’actualité joue en sa faveur avec les Gilets jaunes, les attentats islamistes et la crise migratoire. Elle n’oublie pas une part de son héritage familial , le poujadisme, auquel son père fut lié, et elle prend souvent la défense des PME et des petits commerçants, lesquels ont quelques bonnes raisons de ne pas voter pour Macron qui a fermé leurs magasins dès que les hôpitaux risquaient d’être saturés.

    Quoi qu’on en pense, Marine Le Pen reste la même nationaliste et souverainiste de toujours. Elle apporte son soutien à Donald Trump, admire Vladimir Poutine, approuve l’intervention russe en Syrie et va jusqu’à proposer une alliance de la France avec Bashar El Assad contre l’État islamiste. En matière économique, elle se montre tout aussi calamiteuse pour rester rétive aux échanges internationaux et pour sa promesse de « défendre les services publics ».

    Comme Macron avant elle, elle veut un « État stratège ». Nous en voyons déjà les dégâts avec notre actuel président. Ce serait probablement pire encore avec Le Pen. Enfin, l’Europe les sépare. L’une la déteste, l’autre serait ravi de la dominer.

    Le Pen-Macron et l’envie d’une sortie de secours

    De même qu’il n’était pas raisonnable en 2017 de s’emballer pour le jeune politicien fougueux, mais sans expérience, qu’était alors Emmanuel Macron, de même il serait périlleux de penser que Marine Le Pen ne serait plus aujourd’hui celle que l’on croyait. Son élection nous confinerait dans une autarcie patriotique, un autoritarisme désordonné, le recul de nos libertés et un nouvel affaiblissement de la France sur les plans politique, économique et sur la scène européenne et internationale.

    Nous revoici donc, peut-être, devant ce triste et impossible choix : deux personnages autoritaires et adeptes de l’étatisme. À chacun de choisir le moindre mal tant que personne, ni à droite ni à gauche, n’émerge pour nous offrir enfin une sortie de secours. Franchement, nous méritons mieux.

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      PMA pour toutes : une liberté nouvelle

      Patrick Aulnas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 February, 2021 - 03:25 · 5 minutes

    PMA

    Par Patrick Aulnas.

    L’Assemblée nationale a voté le 29 juillet 2020, en deuxième lecture, l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes , mesure phare du projet de loi bioéthique examiné en deuxième lecture. Malgré une vive opposition de la droite, le texte a désormais toutes les chances de devenir loi.

    PMA : situation actuelle

    La PMA n’est possible aujourd’hui que pour les couples hétérosexuels mariés ou vivant ensemble et diagnostiqués infertiles. Différentes techniques (fécondation in vitro, insémination artificielle) peuvent être utilisées.

    Statistiquement, la question concerne un nombre réduit de couples : en 2015, 24 839 grossesses par PMA sont arrivées à leur terme, soit environ 3 % des naissances.

    Les couples de lesbiennes et les femmes seules ne peuvent donc pas bénéficier aujourd’hui de la PMA en France. La législation française apparaît sur ce point particulièrement restrictive.

    L’Espagne, le Portugal, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Finlande, le Luxembourg admettent la PMA pour les couples lesbiens et les femmes seules. L’Autriche l’admet seulement pour les couples lesbiens et certains pays comme la Hongrie, la Bulgarie ou la Grèce l’acceptent pour les femmes seules mais pas pour les couples lesbiens.

    Cette diversité législative résulte évidemment de l’emprise des morales traditionnelles à caractère religieux sur le sujet. Le recul des monothéismes en Europe conduit à une libéralisation progressive dans tous les pays.

    L’article 1er du projet de loi bioéthique

    Le projet de loi relatif à la bioéthique traite de plusieurs sujets (filiation, dons d’organes et de tissus, recherches sur l’embryon, etc.) mais c’est sur son article 1er que médias et opposants se sont focalisés. Il ouvre en effet l’accès à la PMA à toutes les femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle et leur statut civil. Les couples lesbiens et les femmes seules pourront donc recourir à la PMA.

    L’article 1er a été voté dans les mêmes termes que celui adopté en octobre 2019 en première lecture. Les députés ont à nouveau rejeté la PMA post-mortem, avec les gamètes d’un conjoint décédé, et l’ouverture de la PMA aux hommes transgenres.

    La technique dite de la ROPA (don d’ovocytes dans un couple de femmes), a également été rejetée. La droite y voit « un glissement vers une gestation pour autrui » (GPA, recours à une mère porteuse). La position de la droite est en effet constante sur les questions sociétales depuis les années 1960 : refus de toute libéralisation.

    Les conservateurs ont toujours eu peur des évolutions sociétales

    Les conservateurs se sont ainsi opposés à la légalisation de la contraception orale  dans les années 1960, à l’interruption volontaire de grossesse dans les années 1970, au pacte civil de solidarité (PACS) dans les années 1990 et au mariage homosexuel en 2013. La sociologie politique, par le biais des sondages, montre que l’électorat de droite évolue a posteriori .

    Qui est aujourd’hui opposé par principe moral à la contraception orale ? Très peu de monde.

    De même, pour l’IVG, alors que 48 % des Français y étaient favorables en 1974, ils sont désormais 75 %. Le mariage pour tous suit la même évolution : les sondages montrent que les personnes souhaitant abroger la loi Taubira de 2013 sont de moins en moins nombreuses.

    Chez les conservateurs, l’extension du domaine des libertés sociétales se heurte à de très anciennes normes éthiques d’origine religieuse, considérées comme le stade ultime de l’Histoire. Mais lorsque la société a évolué et que l’expérience montre que leur crainte de l’avenir est infondée, un phénomène de résilience se produit.

    Au lieu de chercher à imposer à tous leurs principes moraux au nom d’une vérité qui n’est que leur vérité, nombre de conservateurs s’adaptent à une liberté nouvelle qui ne remet pas en cause leurs croyances particulières.

    La famille traditionnelle n’est nullement menacée par la PMA

    Il en ira de même pour la PMA, qui ne concerne, en pratique, qu’un nombre réduit de personnes. Le modèle familial traditionnel restera la norme. Les objections simplistes concernant la structure de la famille (nécessairement un père, une mère, des enfants) sont parfois considérées par certains analystes comme découlant du droit naturel. Piètre argumentation.

    Le droit naturel était invoqué au XVIIIe siècle par les philosophes des Lumières  pour s’opposer à la toute-puissance du pouvoir politique des anciennes monarchies. Il s’agissait d’un ensemble normatif intermédiaire entre le droit positif et la morale, destiné à asseoir la liberté sur un socle de niveau supérieur aux règles élaborées par le pouvoir politique.

    Ainsi, la liberté d’aller et venir, le droit de propriété étaient censés relever du droit naturel. Une règle du droit positif contrevenant à ces libertés était donc analysée comme illégitime. Le droit naturel se situait donc du côté des libertés et en opposition frontale au despotisme, qu’il vienne du pouvoir politique ou des religions officielles, souvent alliés.

    Il est particulièrement piquant que certains intellectuels invoquent aujourd’hui le droit naturel pour s’opposer à la liberté. Il s’agit bien en effet pour eux de ne pas permettre une extension de la PMA au prétexte qu’elle aboutirait à ne pas respecter la famille naturelle. Il n’en est rien.

    Cette structure familiale ne sera en rien remise en cause. Il s’agit seulement d’accorder une liberté nouvelle à certaines minorités.

    Cet étrange retournement de l’Histoire – le droit naturel désormais invoqué contre la liberté – est le propre de la politique. Pour certains esprits, tout argument est bon, aussi pauvre soit-il, lorsqu’il s’agit d’imposer par la violence légale sa vision du monde à la société entière.

    Un article publié initialement en août 2020.

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      Covid : cessons de voler leur jeunesse à nos enfants !

      Alain Goetzmann · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 04:30 · 3 minutes

    art contemporain

    Par Alain Goetzman.

    Faut-il préserver la santé des plus vieux au détriment des plus jeunes ? Si aujourd’hui je m’arroge le droit de poser cette question, c’est que je fais partie de la catégorie de la population la plus exposée au risque, celle qui compte près de 94 % des morts de la Covid-19, alors que les moins de 40 ans en représentent à peine 0,3%.

    Le complexe médico-technocratique, qui alimente des médias ravis de délivrer leur message anxiogène, dont l’effet dope leur audience, nous conduit tous à une vision biaisée des grands enjeux de notre société.

    Les pandémies en augmentation

    D’abord, les pandémies vont se multiplier dans l’avenir. Ce que les scientifiques appellent zoonoses virales, ces maladies infectieuses dont les agents pathogènes nous viennent du monde animal, virales comme la variole ou la rougeole , bactériennes comme la tuberculose ou la diphtérie, n’est pas fortuit.

    Elles ont émergé après le Néolithique lorsque la sédentarisation a accru la densité de la population et avec elle la proximité des animaux domestiques. Dans un rapport publié en 2020 , l’IPBES, qui est à la biodiversité ce que le GIEC est au réchauffement climatique, avertit l’humanité que si l’approche globale contre les maladies infectieuses n’est pas modifiée, des pandémies futures vont apparaître plus souvent, se propageront plus rapidement, causeront davantage de dommages à l’économie mondiale et tueront plus de personnes que la Covid-19, car le nombre d’espèces de virus encore inconnues parmi les mammifères et les oiseaux est estimé à 1,7 million dont la moitié pourrait être pathologique pour l’Homme.

    Il va donc falloir s’habituer aux pandémies et la réponse ne pourra pas être à chaque fois un arrêt de l’économie, sauf à accepter l’idée qu’au lieu, pour certains, de mourir de la pandémie, les gens meurent tous de faim.

    Un pays vieillissant

    Selon la banque mondiale, la part des plus de 65 ans dans le monde dépasse aujourd’hui 9 %, contre 5 % en 1961. En France, c’est 20 %.

    Nous ne sommes d’ailleurs pas les plus mal lotis, mais si on compare aux 2 % du Kenya ou du Mali, nous ne pouvons pas passer pour un pays jeune. Nous rencontrons d’ailleurs un problème de sauvegarde de nos retraites, car il ne faut pas omettre que le revenu des inactifs est une ponction de plus en plus lourde sur celui des actifs .

    Le taux des cotisations était, en 1967, de 8,5 % ; il est de plus de 15 % aujourd’hui. En 1958, le temps moyen à la retraite était d’environ 12 années. Si rien n’est fait, il sera d’environ 25 ans en 2050. Il y aura donc, dans notre pays, de plus en plus de vieux que de moins en moins de jeunes devront financer, sans compter que nous leur aurons alourdi la barque des centaines de milliards déversés sur l’économie au nom du « quoi qu’il en coûte » et qu’il faudra bien, au moins partiellement, rembourser un jour.

    Il n’y a pas de bonne solution, mais il faut cesser de voler leur jeunesse à nos enfants et nos petits-enfants, de les priver d’une éducation et d’une formation solide, d’alourdir leur avenir d’un endettement inconsidéré, de les empêcher de rire et de s’amuser.

    C’est leur monde qu’ils veulent construire et non préserver le nôtre. Si le souci des plus de 65 ans est de se protéger – on peut, bien sûr, les comprendre – qu’ils le fassent en se confinant volontairement, mais que les pouvoirs publics n’empêchent pas les autres de vivre , de travailler, d’entreprendre, de produire et de s’amuser, au nom d’une pseudo solidarité intergénérationnelle.

    Sur le web

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      Éviter le reconfinement en nous prenant nous-mêmes en charge

      Jean-Paul Laplace · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:45 · 8 minutes

    reconfinement

    Par Jean-Paul Laplace.

    Nous vivons une situation paradoxale, tiraillés entre des contraintes sanitaires de précaution, et un désir de plus en plus violent de retrouver la liberté . Les uns sont plus sensibles à la peur du virus et à la logique des médecins, et respectueux des règles ; les autres, pleins d’une espérance factice, narguent les risques et les recommandations, et sont oublieux des gestes barrière élémentaires.

    Réagissant de manières très diverses aux contraintes imposées par la pandémie, ou en son nom, les Français se répartissent selon des gradients où pèsent à l’évidence l’âge et la catégorie socio-professionnelle, mais sans tout expliquer.

    Le ras-le-bol gagne la rue

    Il a fallu du temps pour que le masque soit adopté, mais au final une large partie de la population s’est montrée très disciplinée. Les enfants et les jeunes sont remarquablement dociles face à cette contrainte, alors que bien des adultes rechignent à masquer leur nez, ne couvrant que le bas de leur visage.

    Mais, progressivement, les comportements ont évolué . L’agacement a conduit à la forfanterie et multiplié les actes ostentatoires d’indiscipline, masque autour du cou ou porté au poignet. Puis les incivilités se sont multipliées, entraînant la dispersion dans la nature de masques rageusement jetés au sol avec un mépris libérateur.

    À ces mouvements épidermiques ont succédé des actes plus réfléchis de contournement des mesures de couvre-feu. Les restaurateurs se sont beaucoup exprimés, de manière contenue ; certains ont évolué vers la préparation de plats à emporter ou à livrer, mais d’autres ont déverrouillé le désespoir ou la colère qui les ont conduits à la provocation, en ouvrant leur établissement , en cachette ou au grand jour.

    Enfin, certains ont choisi la désobéissance aux règles visant à limiter les rassemblements, et pris part à diverses formes de fêtes nocturnes , au mépris de leur propre santé, indifférents aux risques qu’ils imposaient aux autres.

    Ainsi des comportements de plus en plus transgressifs, attestés par des sondages, témoignent de la montée d’un rejet des contraintes sanitaires et de l’état d’urgence sanitaire renouvelé . L’idée même d’un troisième confinement devient source de détresse.

    Si l’acceptabilité du premier confinement était de 93 % (18 mars), elle n’était plus que de 67 % (29 octobre) pour le second , et n’atteint que 48 % pour la perspective d’un troisième confinement , selon le récent sondage L’Opinion en direct réalisé par l’institut Elabe pour BFMTV.

    La construction d’un consentement

    L’épidémie gonfle, lentement mais sûrement. L’hypothèse d’une troisième vague a été envisagée au vu de l’évolution dans certains pays. Puis on a constaté un plateau et l’on a cru éviter cette nouvelle vague. Mais au lieu d’une décrue, c’est un plateau régulièrement ascendant qui s’impose.

    Il n’est que d’écouter les différents médias pour constater qu’ils battent le tambour de guerre depuis deux semaines au moins. Il est urgent de restaurer du consentement à la perspective d’un troisième confinement.

    Il faut créer une situation de communication très asymétrique, dans laquelle les politiques pourront exprimer la force de décisions difficiles mais jugées nécessaires, à moins qu’ils ne soient eux-mêmes piégés par l’idée d’un troisième confinement assénée par les médias. Mais la rumeur enfle et prépare les Français inquiets à accepter comme inéluctables des décisions peut-être salvatrices mais très contraignantes.

    En quelque sorte une mise en condition des uns et des autres. La révélation de l’ existence de variants très contagieux, leur faculté de passer d’un pays à l’autre, ont ajouté à l’inquiétude ambiante. Le discours médiatique sur la détection de ces variants sur notre territoire est devenu omniprésent. On en vient à parler d’épidémies dans l’épidémie !

    Cette mise en condition prend toute son importance lorsqu’est annoncée une intervention du chef de l’État. Mais la date n’est pas arrêtée ; on le dit hésitant tant la difficulté est grande. Voilà qui en ajoute dans la montée de l’anxiété, d’autant qu’abondent les contradictions entre membres du gouvernement.

    Le 28 janvier, le ministre chargé de la Santé vient développer les raisons d’être inquiets .

    Dès le lendemain, le premier Ministre évoque quelques jours de délais . La préparation de l’opinion est à point, offrant une majorité de personnes favorables ou résignées à un troisième confinement considéré comme sans doute nécessaire.

    Le dilemme : le tout sanitaire ou la vie

    Toutes les raisons sanitaires ont été analysées qui incitent bien des experts à recommander un confinement long et sévère. Nul ne peut l’ignorer. Mais d’autres éléments seront nécessairement pris en compte dans le mix d’où sortira la décision.

    Le deuxième confinement a comporté quelques assouplissements, mais comment envisager un troisième confinement dur alors même que les effets délétères du premier m’avaient conduit à écrire dès le 19 juin 2020 qu’il n’était « pas envisageable d’imposer un nouveau confinement généralisé impliquant l’arrêt des activités économiques ».

    À ce jour la situation générale est à l’origine d’un grand désarroi : endettement de la France, licenciements de masse , fermetures d’entreprises, espoirs déçus par des vaccins qui peinent à être livrés, logistique incertaine opposant élus locaux et administration perçue comme un édredon, flambée boursière et stock options autour d’une grande société pharmaceutique, contre-performance dans la course au vaccin de Pasteur et Sanofi , assortie de licenciements de chercheurs.

    Ces difficultés économiques induisent des difficultés sociales, de la précarité, de la pauvreté, des problèmes de scolarité à tous les niveaux, des violences souvent intrafamiliales.

    Des oppositions intergénérationnelles se font jour. Pourtant les anciens se confinent spontanément et leur éviter l’hospitalisation par la vaccination vise davantage à délester les hôpitaux fragilisés qu’à prolonger des vies chancelantes.

    Aurions-nous oublié que la mort est inéluctable et que sa probabilité augmente avec l’âge ? Selon les données de Santé publique pour la période mars 2020 à janvier 2021 la Covid-19 change peu de chose à la règle : l’âge médian des décès est de 85 ans avec des co-morbidités dans 65 % des cas ; 92,6 % des décès surviennent à plus de 65 ans. À rapprocher de l’espérance de vie à la naissance (données INED) pour les personnes nées en 1950, soit 63,4 ans pour les hommes et 69,2 ans pour les femmes.

    En somme, rien d’extraordinaire. On assiste en fait à l’émergence d’une prise de conscience généralisée des effets désastreux des mesures sanitaires sur l’environnement socio-économique. Le remède ne serait-il pas pire que le mal ?

    Un mal-être profond a gagné toute la population, terreau d’une authentique souffrance morale qui conduit aux extrêmes du lâcher prise ou à l’inverse de la rébellion. Certes, le contexte ne se prête ni à une résurgence du mouvement des Gilets jaunes, ni à une ré-édition de mai 68.

    Il est impératif de préserver l’école, et il est urgent de rouvrir les universités. Je crois les étudiants plus proches de la désespérance que de la rébellion ; ils ont besoin de contacts humains, de transmission culturelle et d’enseignements motivants. Les suicides sont une alerte terrible. Faut-il rappeler la décision du 21 mars 2019 du Conseil constitutionnel (n° 2018-768 QPC) selon laquelle la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant est une obligation constitutionnelle ?

    Je crois les policiers plus affectés par la lassitude et le découragement. Mais ne seront-ils pas tentés à brève échéance de baisser les bras et laisser faire ? Verbaliser pour défaut de masque ou circulation pendant le couvre-feu n’est pas une raison d’être quand l’essentiel fout le camp pour eux comme pour tous les autres.

    Choisir la vie en sachant qu’elle inclut la mort

    Difficile de trancher devant ce télescopage des exigences sanitaires, économiques, sociologiques, psychologiques ! Nous sommes prisonniers d’un flipper géant. Ce jeu peut-il continuer encore longtemps, comme un jeu malsain d’étranglement : confiné, déconfiné, reconfiné… etc. ?

    L’autre solution est de reprendre pied, d’ évaluer son propre niveau de risque et ses exigences de précaution. Les variants sont très contagieux ? Peut-être, mais les armes restent les mêmes : masque, distanciation et hygiène des mains.

    Il serait idiot de détruire durablement notre société, son économie et sa culture, juste parce que nos mouvements d’humeur nous conduiraient à ne pas user de ces moyens simples. En d’autres termes il serait suicidaire de décréter un troisième confinement sévère, juste parce que les mesures barrière sont de moins en moins bien respectées, et que la facilité est de réclamer le vaccin comme des enfants gâtés devant le magicien.

    Pour une fois l’État doit accepter de rendre une part essentielle de la responsabilité aux individus. Dit autrement il faut que chacun ré-apprenne à se prendre en charge sans attendre des décisions qui  pourront être critiquées.

    Quant à la mort, pour les plus inquiets, relisons Sénèque ( Consolation à Marcia , titre XX) :

    Rien de plus inégal que la mesure des destinées ; nul ne meurt trop tôt, dès qu’il n’était pas créé pour vivre plus. Le terme à chacun est fixé : il restera toujours au même point ; il n’est soins ni faveur qui puissent le reculer.

    Rien n’a changé depuis 2000 ans.