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      Emmanuel Macron : l’État, c’est moi

      Claude Robert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:45 · 5 minutes

    macron

    Par Claude Robert.

    Tout homme politique respectueux de la démocratie sait combien il lui est impératif de séparer l’exercice du pouvoir de ses intérêts personnels. Il sait également combien il doit s’attacher à ce que son indépendance ne soit jamais prise en défaut. Le temps des monarchies de droit divin est en effet révolu. Pas un seul homme politique avisé ne se risquerait à un retour à l’absolutisme . Surtout dans une démocratie, système par définition fragile exigeant une exemplarité de tous les instants.

    Il semble cependant que ces considérations éthiques n’étouffent pas spécialement le président Macron. La récente immixtion de son épouse dans les affaires gouvernementales, en matière de crise pandémique qui plus est, nous rappelle une nouvelle fois combien l’hôte actuel de l’Élysée paraît avoir fait sienne cette fameuse formule « L’État, c’est moi ».

    L’étrange affaire Benalla et consorts

    Recruté par l’Élysée sans que le ministre de l’Intérieur en soit informé (dixit Gérard Colomb lui-même), Alexandre Benalla est un proche du couple présidentiel qu’il accompagne « sur des déplacements publics, mais aussi lors d’escapades privées, comme une balade à vélo lors d’un week-end au Touquet ou juste après Noël pour des vacances au ski à La Mongie » (France Info – 20 juillet 2018).

    Bien après avoir été pris en flagrant délit de bastonnade et d’usurpation du statut de policier, bien après avoir été finalement licencié, Benalla continuera de servir l’Élysée pour des missions diplomatiques. Et c’est l’un de ses amis personnels, Christian Guédon, qui sera recruté de façon dérogatoire pour le remplacer, sur ses propres recommandations ( Médiapart / L’Express – 22 mars 2019).

    Cette succession d’agissements administrativement impossibles et moralement douteux confirme s’il en est besoin la prééminence des considérations relationnelles et privées sur le respect des procédures officielles. Ce qui, de la part du président lui-même, et donc au plus haut niveau de l’État constitue un sacré pied-de-nez à la démocratie et aux exigences minimales d’un État de droit.

    Après le cercle des proches, la belle-fille du président

    Qui n’a pas été choqué par la façon dont le Grand débat instauré suite à la révolte sociale des Gilets jaunes, et présenté comme une grande consultation publique, a été détourné de sa fonction et préempté par le gouvernement ? Entravé sur le fond, du fait de la limitation des sujets abordés, il s’est même vu dénaturé sur la forme par la participation contre nature du président lui-même ! Que Macron ait osé intervenir intuitu personae dans l’animation des réunions censées donner la parole au peuple est tout simplement grotesque.

    Ce mépris des mécanismes d’expression populaire s’est épanché à l’identique lorsque le président s’est permis d’ impliquer sa belle-fille dans le dispositif d’animation d’un débat , celui de Saint-Josse-sur-Mer. Peu importe que Tiphaine Auzière ait été payée ou pas pour cette prestation, elle dément d’ailleurs l’avoir été, son intervention était parfaitement illégitime.

    Ni le président, ni sa belle-fille ne sont bien évidemment indépendants et donc d’une quelconque légitimité pour représenter le peuple, encore moins pour l’aider à s’exprimer dans un processus qui se révèle cadenassé de toutes parts. Que ce Grand débat ait accouché d’une Convention pour le climat qui n’a rien à voir, et dont les recommandations sont en opposition diamétrale avec les récriminations des Gilets jaunes, signe la complète réussite de la manœuvre. Tel un monarque absolu, le président Macron s’est adjugé, à lui-même et à un membre de sa famille, le droit de parler à la place du peuple.

    Et maintenant son épouse

    Nouveau coup dur pour le respect du mécanisme démocratique, ne serait-ce que dans son apparence, Brigitte Macron déballe le 25 janvier sur les ondes tout le bien qu’elle pense de son mari et son efficacité en tant que président : « Il ne baisse jamais les bras, il travaille, il trouve des solutions » (RTL 25 janvier 2021). Quelques minutes plus tard, elle laisse supposer un « troisième confinement » et s’affiche particulièrement inquiète pour les prochains mois de la pandémie.

    Impossible de ne pas voir la main du président utilisant son épouse, non élue, pour préparer les mentalités à une troisième déception. On imagine sans forcer l’hôte de l’Élysée profiter de la personnalité plutôt sympathique de la première dame pour l’aider à faire passer des décisions de plus en plus controversées.

    La France, des libertés qui s’amenuisent peu à peu

    Les atteintes à la liberté sont légion depuis le gouvernement Macron. Que ces atteintes soient dirigées contre l’ indépendance des médias , contre la vitesse des voitures , qu’elles soient justifiées par l’insécurité, par la tentation de régenter Internet ou par la situation sanitaire pandémique, force est de constater que le mandat du président actuel arbore une coloration toute particulière.

    Mais ce qui est frappant dans les cas ici traités, c’est cette touche de népotisme derrière l’absence de scrupule d’un président qui semble s’être approprié le pouvoir à la façon d’un souverain ou d’un gouverneur de République bananière. Oser en effet interférer dans ce que le processus démocratique a de plus sacré, que ce soit directement ou par le biais de proches et de membres de sa famille constitue une véritable atteinte au symbole même de la démocratie.

    Est-ce par absence de culture humaniste, par absence de compassion pour le peuple, ou par un pur autoritarisme assumé ? Nous ne le saurons probablement jamais. Le fait est que l’individu ne s’en cache même pas, et c’est peut-être là l’espoir que d’ici les prochaines élections présidentielles, la majorité des électeurs en soit enfin devenue consciente.

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      Reconfinement : Emmanuel Macron face au défi de l’acceptabilité sociale

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 30 January, 2021 - 04:30 · 6 minutes

    Par Jonathan Frickert.

    Reconfinera ? Reconfinera pas ? La question semble désormais tranchée à quelques heures d’une probable nouvelle allocution présidentielle.

    Le chef de l’État envisageait jusqu’alors trois hypothèses : un confinement le week-end, un confinement dur comme au printemps ou un confinement souple comme à l’automne.

    Après une semaine d’incertitudes et de consultations, Emmanuel Macron devrait trancher ce week-end en faveur d’ un reconfinement préventif . Ces hésitations ajoutées à la fin de la mission d’information parlementaire sur la Covid-19 votée ce mercredi laisse apparaître une certaine panique au sommet de l’État.

    Alors que la contestation prend de l’ampleur partout dans le monde, le chef de l’État a-t-il enfin pris conscience de la colère sourde qui frappe le pays ?

    L’Élysée ménage l’opinion

    Ce week-end, le bruit d’un confinement annoncé dès cette semaine par le chef de l’État s’est fait de plus en plus sentir. En début de semaine, l’Élysée a pourtant joué l’apaisement en reportant ces annonces sine die , laissant à Olivier Véran le soin de préparer le terrain par un nouveau point de situation ce jeudi. Après un an de restrictions, le président de la République s‘est laissé le temps de la réflexion en reportant à ce week-end l’annonce d’un probable troisième confinement.

    Si, officiellement, ce report serait dû à l’évaluation du couvre-feu dont l’efficacité « s’estompe » , d’autres raisons semblent peser dans le choix de l’exécutif : les inconnues entourant les variants du virus, mais surtout l’acceptation d’un nouveau confinement par les Français.

    Emmanuel Macron a semble-t-il décidé de ne plus se laisser déborder par les médecins tirant la sonnette d’alarme depuis plusieurs semaines. Parmi eux, outre les propos hallucinants de Jean-François Delfraissy sur un virus « diabolique et beaucoup plus intelligent que ce qu’on pense », l’infectiologue Karine Lacombe a évoqué la semaine dernière un mois de mars « très dur » . Des éléments amenant l’idée d’un confinement préventif afin d’éviter une troisième vague.

    Seulement, là où le gouvernement avait l’habitude de s’interroger sur quels lieux fermer, il s’interroge aujourd’hui sur la meilleure manière de ménager une opinion désormais défavorable à 56 % à un nouveau confinement.

    Ces derniers jours, la détresse des PME s’est encore accentuée avec la double-peine de la fermeture contrainte et de la fin de la doctrine du « quoiqu’il en coûte ». À ce désespoir s’ajoute désormais l’exaspération des Français craignant aujourd’hui davantage le contre-coup social que le virus lui-même.

    Face à cela, la réticence de l’exécutif est d’autant plus justifiée que les manifestations commencent à se multiplier partout dans le monde et en Europe en particulier.

    Une flambée de violence dans plusieurs pays du monde

    Pour cause, plusieurs pays connaissent d’importantes manifestations pour protester contre les mesures prises par leurs gouvernements.

    Au Moyen-Orient, plusieurs pays connaissent une flambée de violence depuis lundi, en particulier au Liban ainsi qu’en Israël, où le troisième confinement en place depuis décembre dernier provoque ces derniers jours des échauffourées dans plusieurs quartiers de Jérusalem.

    L’Europe n’est pas épargnée, notamment en Espagne, mais également au nord de la région. Ainsi, le mouvement « Men In Black Danemark » né, comme les Gilets jaunes, sur Facebook, mène depuis le début du mois de janvier l’opposition à « la dictature du semi-confinement », alors que le pays connaît depuis décembre une fermeture des bars et des restaurants.

    L’escalade de violence est montée d’un cran ces derniers jours. Des poupées à l’effigie de la Première ministre du royaume arborant des menaces de mort ont été régulièrement incendiées ces derniers jours.

    Mais l’État le plus scruté est sans doute les Pays-Bas, revenu au calme mercredi après près de trois soirées d’émeutes où les pillages ont succédé aux affrontements dans les principales villes du pays.

    Ces derniers jours, la Hollande est devenue le symbole de la contestation contre les restrictions sanitaires.

    En cause : la mise en place d’un couvre-feu à compter du 23 janvier. Une première depuis 75 ans entraînant une flambée de violences que le Premier ministre peine à juguler, alors que le bourgmestre d’Eindhoven, réputée pour son club de football, n’a pas hésité dimanche à évoquer un risque de guerre civile .

    Difficile de ne pas voir dans ce qui se passe dans ce pays de longue tradition libérale l’expression d’un mécontentement. Le royaume hollandais n’est pourtant pas connu pour sa propension à la contestation, à l’inverse de la France.

    Une contestation qui monte

    L’Hexagone est étonnamment épargné par ces mouvements alors que le pays est soumis à des mesures similaires à celles que connaissent nos voisins et ce depuis un an.

    Les frictions semblent toutefois prendre de l’ampleur ces derniers jours, avec l’émergence du hashtag #JeNeMeReconfineraiPas puis de #DésobéissanceCivile depuis ce week-end.

    Loin des gazouillis twitterresques, c’est le secteur de la restauration qui a ouvert la voie, et en particulier Stéphane Turillon. Ce restaurateur a décidé de rouvrir son établissement à compter du 1er février pour dénoncer la surdité des autorités sur le malaise de la profession. Son appel devrait être suivi, alors que plusieurs réouvertures clandestines se multiplient partout dans le pays.

    Du côté du monde universitaire, dont la détresse a récemment été rappelée , ce sont les étudiants d’une trentaine de facultés qui envisagent désormais une occupation des amphithéâtres et appellent à reprendre au plus vite les cours en présentiel.

    Le pays des contestations égalitaires

    La France est un pays de contestations. Une réputation que les nombreux mouvements du quinquennat Macron n’ont guère démentie. Comment alors expliquer cette lenteur dans la contestation ? Un des arguments les plus probants est sans doute la question de l’égalité.

    Une propension que rappelait Tocqueville dès 1856 dans L’Ancien Régime et la Révolution :

    « [Les Français] veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. »

    Les Français sont davantage attachés à l’égalité qu’à leur liberté, de l’égalité devant la loi en 1789 à l’égalité fiscale des Gilets jaunes canal historique en passant par l’égalité sexuelle en mai 1968.

    L’Histoire aime les symboles. La nation qui a vu naître l’auteur du Discours de la Servitude Volontaire n’a pourtant contribué qu’à une infime partie de celui de La Désobéissance civile , Henry David Thoreau n’étant d’origine française que par son grand-père.

    Cette impression de passivité n’est toutefois que factice tant l’appréhension semble avoir frappé la macronie durant une semaine de tergiversations.

    Reste à savoir si le chef de l’État aura la décence d’en tenir compte.

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      Et maintenant, le confinement à titre préventif

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 04:30 · 7 minutes

    confinement

    Par Nathalie MP Meyer.

    Le porte-parole du gouvernement l’a confirmé hier 27 janvier 2021 à l’issue du Conseil de défense sanitaire, il est bel et bien question de confiner la France un peu, beaucoup, passionnément, à la folie – mais plutôt à la folie – pour la troisième fois depuis moins d’un an, le tout dans une cacophonie de « paroles d’experts » sur fond de variant anglais, de peur préventive et de principe de précaution qui n’éclaire pas vraiment la prise de décision.

    Le Président de la République a certes fait savoir qu’il attendait de disposer d’études sur les résultats de la mesure de couvre-feu avancé à 18 heures ainsi que sur l’impact des mutations du coronavirus avant de décider. Mais tout indique maintenant qu’à ce stade de la pandémie où la vaccination de la population est encore trop limitée pour contrarier son évolution, on s’avance à brève échéance vers des mesures restrictives supplémentaires qui pourraient même prendre la forme d’un « confinement très serré ».

    Confinement : faire le bilan, excellente idée

    Faire le bilan de ce qu’on a fait plutôt que de se lancer tête baissée dans une nouvelle couche de coercition sans savoir si c’est le moins du monde efficace : en voilà une bonne idée ! Car si vous vous rappelez, le couvre-feu à 18 heures a été appliqué dans certains départements à partir du 2 janvier 2021 puis étendu à quelques autres le 10 et le 12 et déployé sur la France entière le 16 sans aucune analyse préalable, si ce n’est par conformisme avec ce qui se faisait en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Israël au même moment. Confidence d’un proche d’Emmanuel Macron :

    On ne s’en sort pas si mal, mais on est à la merci d’un reconfinement : tout le monde ferme autour de nous.

    C’est l’un des drames du politicien – drame pour les citoyens, naturellement : il doit montrer qu’il « fait quelque chose », surtout si son concurrent s’agite de son côté, quitte à faire n’importe quoi, à l’aveuglette, à la va-vite et « quoi qu’il en coûte » . Avec l’argent des autres, cet argent des autres qui seul finance les idées géniales de nos dirigeants et fonctionnaires, rien de plus facile, rien de plus enivrant… et rien de plus illusoire et destructeur à terme.

    À quoi s’ajoute un second drame découlant du premier : à force de vouloir « faire quelque chose » pour ses concitoyens, à force de vouloir les aider, les protéger, bref, à force de vouloir baliser tous les instants de leur vie au nom de son sens tout personnel de ce que doit être la vie des autres, le voilà de plus en plus convaincu qu’il est investi d’une mission quasi divine qui ne souffre ni contestation ni exception.

    Si l’on applique ceci à la gestion du Covid-19, force est de constater que les décisions de confinement et autres couvre-feux sont loin de se limiter à répondre aux nécessités de la situation sanitaire. J’en veux pour preuve ce que déclarait la préfète des Hautes-Alpes, très professeur des écoles, alors que son département faisait partie du lot des quinze départements assignés à un couvre-feu dès 18 heures à partir du 2 janvier :

    Il s’agit d’une mesure permettant de freiner un peu plus la propagation virale, mais surtout de faire prendre conscience à chacun que ce sont nos comportements qui doivent faire inverser les courbes, en respectant le port du masque, les gestes barrière ou bien les consignes d’isolement qui, par leur non-respect, engendrent des contaminations multiples.

    Rétrospectivement, on s’aperçoit que dans les quinze départements concernés, la baisse des contaminations avait commencé avant la date où l’on pouvait espérer voir un effet de la mesure. On constate en outre, comme on pouvait le prévoir, que cette idée qui a consisté in fine à entasser les gens dans les magasins et les supermarchés entre 17 et 18 heures pour contrer ce que certains élus ont appelé de façon complètement hors-sol et méprisante « l’effet apéro » n’a finalement pas eu le résultat escompté.

    Mais peu importe puisque, comme le dit madame la Préfète, il s’agissait « surtout » d’enfoncer dans nos crânes de Gaulois réfractaires forcément irresponsables que notre santé est directement proportionnelle à notre obéissance aveugle à toute décision étatique, aussi absurde soit-elle. Et Dieu sait que si le monde entier applique des mesures de restrictions anti-Covid à plus ou moins grande échelle, le monde entier qualifie aussi la France d’Absurdistan en ce domaine.

    Gageons donc que dans le rapport qui sera remis à Emmanuel Macron, la mesure de couvre-feu à 18 heures sera jugée très insuffisante (le porte-parole du gouvernement l’a d’ailleurs déjà laissé entendre) alors qu’elle était surtout idiote. Mais qui dit « insuffisant » dit évidemment qu’il faut faire plus, plus haut, plus fort, d’où le « confinement très serré » qui nous pend au nez.

    Pourtant, on est loin du consensus médical

    On a d’abord l’inénarrable Delfraissy , alarmiste en chef et chef du Conseil scientifique. Qualifiant le variant britannique de « virus diabolique et plus intelligent qu’on ne le pense » , il préconise un confinement préventif séance tenante, autrement dit même si la situation à l’instant T ne le justifie pas. Oui, on est dans une situation de plateau avec une faible progression de l’épidémie, mais cette « impression de stabilité est trompeuse » , justifie-t-il. J’espère que vous voyez la force de l’argument.

    Devant l’agacement que ses propos ont réussi à susciter à l’Élysée, il a déclaré ensuite dans un entretien à Libération qu’on n’était pas « à une semaine près » . Mais cette idée du confinement préventif contre le variant anglais, confinement qui sera d’autant plus court qu’on le mettra en place rapidement, et éventuellement le « der des der » à condition que la vaccination suive, est néanmoins soutenue par de nombreux médecins. Par le professeur Philippe Juvin , chef de service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou et par ailleurs maire LR de La Garennes-Colombes, par exemple.

    Il faut certes que la vaccination avance, d’autant que les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna semblent efficaces contre les nouveaux variants, et pendant ce temps les gestes barrières restent de mise si les circonstances l’exigent.

    Mais quant au reconfinement préventif, d’autres médecins comme l’urgentiste Gérald Kierzek (voir ici) ou l’épidémiologiste Martin Blachier s’en inquiètent.

    Ce dernier fait remarquer (vidéo, 10′) qu’on en sait encore peu sur la contagiosité réelle du variant anglais, qu’il n’est pas forcément le seul facteur explicatif de la hausse des contaminations que le Royaume-Uni a connue et surtout qu’on voit mal comment on pourrait sortir un jour du confinement si l’on décidait de confiner en dehors de toute accélération significative de la pandémie, sans critère médical spécifique, mais juste parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait :

    C’est tellement grave un confinement que ça doit être justifié par des chiffres épidémiologiques et pas uniquement par l’hypothétique présence d’un variant.

    J’avoue que je suis très sensible à cet argument. Car oui, c’est grave, un confinement. Les répercutions psychologiques, économiques, sociales et familiales sont immenses. Après deux confinements et une flopée de mesures intermédiaires, nous sommes bien placés pour le savoir.

    Il est certain que si l’on ne sort, ni ne bouge, ni ne rencontre plus jamais personne, on ne tombera jamais de vélo, on n’aura jamais d’accident de voiture et on ne croisera probablement pas de coronavirus. Mais on ne vivra pas non plus ; on mourra à petit feu sans avenir ni perspective. L’Homme n’est pas fait pour rester dans sa caverne, éternellement paralysé par des éventualités. Il est fait pour répondre intelligemment à des réalités.

    On peut toujours espérer que dans ses évaluations, Emmanuel Macron prendra en compte l’ensemble des destructions liées directement ou administrativement au Covid-19, pas seulement la peur d’avoir à faire face, peut-être, au déjà célèbre variant anglais qui agit sur nos esprits comme un épouvantail.

    Mais à entendre le porte-parole du gouvernement, cela semble assez peu probable, sauf à ce que la lassitude croissante d’une part croissante de Français vis-à-vis d’une vie masquée, enfermée, fossilisée et destructrice ne parvienne à réorienter quelque peu la gestion anti-Covid du gouvernement.

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      Les finances publiques plombées par la politique gouvernementale

      Jean-Philippe Delsol · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    finances

    Par Jean-Philippe Delsol
    Un article de l’Iref-Europe

    C’est un peu moins mauvais que prévu dans la quatrième loi de finances rectificative , mais c’est néanmoins cauchemardesque. Le déficit du budget de l’État français en 2020 représentera environ 178 milliards d’euros. Il faudra y ajouter le déficit de la Sécurité sociale, y compris des caisses de retraite et de chômage, et les conséquences sur les collectivités locales, encore inconnues.

    Sachant que selon un rapport de la Cour des comptes d’octobre 2020 le déficit cumulé du régime général de la Sécurité sociale et du fonds de solidarité vieillesse devrait atteindre 44,4 milliards d’euros en 2020 (contre 1,9 milliard en 2019 et 28 milliards d’euros en 2010, à la suite de la crise financière), et que les régimes de retraite et d’assurance chômage devraient cumuler près de 45 milliards d’euros supplémentaires de déficit, le déficit global des finances publiques devrait en 2020 représenter plus de 100 % des recettes fiscales de l’État. Bien sûr il faut s’endetter toujours plus pour y faire face.

    Bruno Le Maire maintient qu’il ne faut pas augmenter les impôts et compte sur la croissance pour rembourser les dettes publiques qui s’accroissent démesurément, autour de 120 % du PIB en attendant pire en 2021, et qu’il faudra bien rembourser si l’on veut éviter que la France perde tout crédit. Il n’a pas tort sur le principe, sauf que sa politique entrave l’économie plutôt qu’il ne la libère, ce qui nuira à la croissance nécessaire. Carrefour en offre un exemple manifeste.

    Le mauvais exemple Carrefour

    À défaut de gérer ses affaires, le gouvernement s’occupe de celles des autres. Près de quarante ans après que Laurent Fabius a arrêté les magnétoscopes japonais à Poitiers, il s’ingère dans les affaires de Carrefour pour faire obstacle au Québécois Couche-tard qui voulait entrer dans son capital.

    Pourtant l’investisseur canadien était prêt à investir trois milliards d’euros dans Carrefour pour améliorer sa productivité et développer l’e-commerce de façon à réduire encore ses prix au profit des consommateurs sans peser sur les producteurs.

    Le veto public opposé à Carrefour est d’autant plus incompréhensible que sur le marché français, la concurrence est vive : Auchan, Casino, Intermarché, Leclerc… Qu’aurait dit monsieur Le Maire si les Canadiens avaient posé leur veto à l’achat de Bombardier par Alstom fin 2020 ?

    Bombardier, qui fabrique des matériels de transport collectif, est pourtant autrement stratégique pour le Canada que Carrefour pour la France. Le distributeur français est présent dans de très nombreux pays étrangers et il y est souvent le distributeur le plus important, ou l’un d’eux. Selon son dernier rapport financier annuel 2019, Carrefour comptait par exemple 789 magasins en Belgique, 1149 en Espagne, 1089 en Italie, 906 en Pologne, 464 au Brésil, 597 en Argentine…

    Si la France poursuit sa politique souverainiste, les autres pays prendront des mesures de rétorsion équivalentes et empêcheront le développement de nombreuses entreprises françaises à l’international. Pourtant les activités à l’étranger des grandes firmes françaises actives au niveau international comptent pour une part majoritaire de leur chiffre d’affaire et de leurs profits.

    L’État n’a pas vocation à gérer l’économie

    Nous vivons dans une économie mondialisée qui a permis le développement exceptionnel de ces cinquante dernières années aussi bien dans les pays les plus pauvres que dans les pays riches. Mais si nous commençons à fermer nos frontières aux échanges de capitaux et bientôt de services et marchandises, nous en pâtirons tous. Et nous serons incapables de redresser la situation après la crise sanitaire qui nous aura plombés.

    Les agriculteurs qui se sont félicités du veto du gouvernement opposé à Couche-tard n’ont pas compris qu’au contraire, cet investissement aurait favorisé les ventes de Carrefour en France et à l’étranger et donc la production agricole française et ses échanges, notamment avec le Canada.

    Le rôle de l’État n’est pas de gérer les entreprises et de décider de la qualité de leurs actionnaires. L’État est mauvais gestionnaire ; il n’a pas les qualités appropriées et il n’en a pas la responsabilité. Sa gestion excessivement centralisée et tout entière administrée de la crise du Covid démontre son incapacité en la matière. On ne gère pas une crise en multipliant des circulaires aussi détaillées qu’un règlement de caserne.

    L’économie a moins besoin d’être suradministrée que libérée de trop de règlements, de contrôles, de sanctions, d’interdictions, d’obligations… Pire, en s’immisçant dans la vie des entreprises, l’État altère le juste équilibre des relations de marché.

    Certes, les mesures fiscales retenues dans la dernière loi de finances, pour atténuer les impôts de production et poursuivre doucement la baisse de taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, sont favorables à l’économie française.

    Mais si parallèlement les réglementations se multiplient au prétexte de satisfaire les revendications populistes et gauchistes, écologiques ou protectionnistes, ce qui a été donné d’une main sera repris de l’autre. Et l’apaisement fiscal ne sera alors qu’une parenthèse provisoire, parce que les entreprises gavées d’emprunts garantis par l’État ne pourront pas faire face à leur remboursement, parce que le déficit budgétaire public sera si lourd qu’il faudra en appeler au contribuable pour remédier à la faillite de l’État . Ce qui ajoutera encore au désastre.

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      La France libérale ? Une inversion du sens des mots et des valeurs

      Claude Goudron · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    la France

    Par Claude Goudron.

    « L’inversion du sens des mots et des valeurs » : une perversion dénoncée par Mathieu Bock-Coté dans un de ses articles publiés par Le Figaro .

    Cela s’applique parfaitement au détournement, en France, du sens du mot libéralisme.

    La France serait un pays libéral

    Selon le dictionnaire , le libéralisme est « l’ attitude de ceux qui s’attachent à la défense des libertés individuelles des citoyens, doctrine hostile à l’intervention de l’État dans la vie économique et respect de la liberté d’autrui, tolérance ».

    C’est-à-dire l’inverse de ce que fait notre pays.

    Selon Valéry Giscard d’Estaing , au-delà de 40 % de prélèvements obligatoires, un pays devient socialiste.

    Avec un taux de prélèvements obligatoires de 46 % en 2018, nous ne pouvons pas nous considérer en économie libérale. C’est 7 points au-dessus de l’Allemagne, et 17,5 points d’écart avec la Suisse.

    Les dépenses publiques sont là encore en totale contradiction avec cette hostilité à l’intervention de l’État : avec 56 % du PIB (64,3 % en 2020 à cause du Covid) la France est championne du monde (OCDE) des dépenses publiques. L’Allemagne est à 43,9 % et la Suisse 32 %.

    Dans un pays libéral, le budget serait en équilibre, les impôts seraient faibles ainsi que les dépenses publiques et la dette.

    Il s’agit donc une utilisation abusive du mot libéral. Et lorsque cette affirmation est utilisée à tort dans une campagne électorale, ça devient une malhonnêteté.

    Il est urgent de redonner son vrai sens au mot « libéral »

    Vaste programme, comme aurait dit le général de Gaulle, répondant à un ministre qui voulait « s’occuper des cons » . En effet, on peut discuter des heures, arguments à l’appui, une majorité de Français pense toujours que la France est un pays libéral voire ultra-libéral.

    Avec raison, Albert Camus a écrit que « m al nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ». En l’occurrence ici, c’est le malheur de la France.

    Une majorité de nos enseignants se déclarent de gauche et sont assez souvent d’extrême gauche, ce que j’ai pu constater lors de mes études ; ils ont donc une grande responsabilité dans la confusion plus ou moins orchestrée du dénigrement du libéralisme.

    Il est impératif que l’Éducation nationale prenne le sujet à bras-le-corps et révise son approche du libéralisme.

    « Le plus pressé, ce n’est pas que l’État enseigne, mais qu’il laisse enseigner ». Frédéric Bastiat

    En attendant il nous faut réagir vite.

    Dénoncer la malhonnêteté intellectuelle de nos responsables politiques

    Lorsqu’un dysfonctionnement flagrant apparaît, il est facile pour nos hommes politiques de se dédouaner de toute responsabilité en rejetant la faute sur un autre, par exemple l’Europe.

    En France, le libéralisme est accusé de tous les maux , il est devenu une forme de dédouanement de ses propres erreurs : pour la gauche, le centre mais malheureusement aussi trop souvent la droite , le libéralisme est un putching ball bien pratique. Et l’extrême droite en fait son tabou absolu.

    La France est un pays étatique, à l’opposé du libéralisme, ce que nous devons rappeler régulièrement et dénoncer, comme l’affirmait Frédéric Bastiat : « L’État c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ».

    La France est un pays socialiste voire même communiste par certains côtés, tout le mal provient de là. Elle est l’un des rares pays à ne pas l’avoir admis en s’enfermant dans cette fausse certitude que notre malheur viendrait d’ailleurs.

    « Puissent-ils [les hommes politiques] se préserver longtemps de cette peste du socialisme ». Frédéric Bastiat

    C’était il y a bientôt 200 ans, pourquoi ne l’avons-nous pas écouté ?

    Il faut le crier haut et fort : ce n’est pas le libéralisme qui mettra la France en faillite mais bien le socialisme .

    La France et son « libéralisme » vus de l’étranger

    Voici un témoignage qui résume bien nos contradictions. Il s’agit d’un article du journaliste suisse Fathi Derder rédacteur en chef du quotidien économique romand l’ Agefi :

    « D’accord, d’accord…

    Nos amis Français sont venus lundi à Bern. Une délégation du Sénat en visite, on s’attendait à du lourd : on a été servi, la totale. Ce ton, ce style inimitable : Ne jamais parler, toujours expliquer.

    Au repas déjà, chez l’ambassadeur, une sénatrice explique à ma table que la France est un pays ultralibéral. Oui, Madame nous raconte les us et coutumes des habitants de cette terre lointaine, inconnue. Je lui fais remarquer que si la France est un pays ultralibéral, la Suisse est alors un club d’échangistes sous ecsta.

    Quelques minutes plus tard, en séance, un sénateur nous explique que nous ne connaissons pas la France et sa fiscalité. Il faut savoir que, pour un élu français en tournée en province, si on n’est pas d’accord c’est qu’on ne l’a pas compris. Alors il réexplique plus lentement, il articule. C’est inintéressant mais joli à entendre.

    Puis devant notre lenteur toute helvétique, une sénatrice admet alors que, dans le fond, nous ne pouvons pas comprendre la question fiscale française, car la Suisse est, je cite, en retard en matière de dépense publique. La preuve : les crèches. Je n’invente rien.

    Désarmante France, quarante ans de déficit, une dette abyssale, mais qui fait la leçon. Elle donne un cours de gestion de faillite au pays le plus riche du monde, le cancre fait la nique au premier de classe. Le panache laisse coi, admirable encore.

    Moralité, la crise française est plus grave que prévu. On se trompe complètement sur sa cause. La France ne souffre ni de son chômage ni de sa dette : elle est malade de son aveuglement, incapable de remettre en question le fameux déni : L’Allemagne a tort, la Suisse a tort, tout le monde a tort.

    Et la France, elle, a raison, d’accord, d’accord et pendant ce temps elle coule, encore et encore, c’est que le début d’accord, d’accord… »

    Tout est dit.

    Conclusion

    Cet article a été écrit il y a deux ans et la France coule , encore et encore.

    Allons-nous attendre le naufrage les yeux fermés ou allons-nous nous réveiller et enfin faire les réformes indispensables connues de nos gouvernants ?

    La France devra devenir rapidement libérale ou elle ne sera plus.

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      Coronavirus : l’urgence d’un changement de cap

      Paul Touboul · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 24 January, 2021 - 04:45 · 10 minutes

    coronavirus

    Par Paul Touboul.

    Pour commencer, des questions. Allons-nous installer définitivement dans nos pratiques le dénombrement quotidien de nos concitoyens atteints par tel ou tel virus ? Au même titre que le bulletin météo, chiffres et pourcentages des victimes s’afficheront-ils désormais sur nos téléphones, influant sur la coloration de nos journées ?

    La perspective d’un voisinage tendu avec le monde des virus se dessine-t-elle et avec elle celle d’une vie attentive aux moindres soubresauts de ce comparse réfractaire auxquels il conviendra de répondre sans tarder ? Un combat de longue haleine est-il entamé dans lequel se déploient, pour notre survie, toutes les ressources de l’intelligence humaine ?

    Entrons-nous dans une nouvelle ère, celle d’une humanité en croisade contre les nuisibles naturels qui la mettent en péril ? Est-ce le projet grandiose de l’avenir pour pérenniser notre existence sur Terre ?

    Notre humanité, dans sa relation à la nature qui l’environne, est peut-être à un tournant. Elle semble ne pas tolérer désormais ce qui autour d’elle échappe à son contrôle et, qui plus est, serait une menace.

    Une lutte ancestrale

    Mais, à bien y réfléchir, cette lutte est, au fond, ancestrale. L’Homme a de tous temps cherché à vaincre les obstacles à son développement, voire à les éliminer. Il s’agissait toujours de cibles à échelle humaine, appréhendées par nos sens, et à la portée de moyens adaptés, parfois violents. L’ avènement des vaccins puis des antibiotiques a offert la première opportunité de combattre nos ennemis du monde invisible que sont les agents infectieux.

    Vaincre ces organismes dangereux capables de nous exterminer a certainement marqué une date dans notre vie sur la planète Terre. Et l’amélioration aujourd’hui de nos conditions d’existence doit beaucoup à cette avancée.

    Depuis, la connaissance de l’univers vivant microscopique s’est considérablement développée. Une multitude d’espèces qui l’habitent a été identifiée. Des techniques de plus en plus fines ont pénétré leur intimité, offrant même des possibilités de manipulations.

    L’explosion de ce savoir se solde aussi de remises en cause incessantes, de questionnements supplémentaires, de théories nouvelles et de pratiques de plus en plus intrusives. Le champ de l’inconnu n’est pas pour autant réduit et se renouvelle même à l’infini. Si l’Homme a pu s’ériger en apprenti sorcier, il n’en reste pas moins fasciné par le mystère grandiose qu’est la vie. Et dans le cheminement du chercheur, la passion de connaître voisine avec l’humilité et la conscience de son ignorance.

    Coronavirus et mise à l’écart de la médecine

    Alors pourquoi ce préambule ? Parce que la gestion de la crise sanitaire actuelle a mis en lumière les illusions d’attitudes scientifiques dévoyées qui sont elles-mêmes le pendant d’une hubris contemporaine. Qu’avons-nous vu en l’occurrence ?

    Ont été écartés avec dédain les comportements traditionnellement requis en matière d’épidémie. Que chaque cas déclaré en réfère à son médecin, que ce dernier le prenne en charge et prescrive un traitement jugé approprié dont il assure le suivi, voilà ce qui se passait de tout temps quant telle ou telle virose faisait son apparition. La maladie restait personnalisée, avait un visage, se composait d’histoires individuelles, gardait une dimension humaine.

    Or cette pratique a été balayée. Le praticien n’était plus à la hauteur d’un combat jugé titanesque. Exit la médecine de proximité . Place à l’armada d’État que sont les hôpitaux publics. Ainsi en a décidé l’État français.

    La notion de pandémie donnait-elle sens à pareille mesure ? L’explosion des contaminations pouvait justifier au contraire le recours à l’ensemble du corps médical et la démultiplication de l’offre de soins. D’autant que la prise en charge initiale relevait à l’évidence de la compétence de généralistes.

    Pourtant il en a été décidé autrement. Et la manière a été brutale puisque certains médicaments recommandés initialement ont été contingentés et des praticiens sanctionnés par l’Ordre pour avoir contrevenu aux injonctions officielles. Un centralisme autoritaire en matière médical s’est donc instauré, l’État gérant unilatéralement l’épidémie, en comptabilisant l’étendue et décrétant les conduites . Une situation entièrement inédite et qui n’a fait que se renforcer avec le temps.

    Ce faisant, en l’absence des généralistes, on peut considérer que nombre de cas ont été livrés à une aggravation qui pouvait être évitable , contribuant éventuellement à la surmortalité de départ. L’autoritarisme d’État s’en est donné à cœur joie, s’abritant derrière une évidence qui ne souffrait pas la discussion.

    Un parfum de totalitarisme politique

    L’on a assisté à une politisation des prises de position et des commentaires sans commune mesure avec les contenus sanitaires et leur base scientifique. Il y avait désormais une vérité officielle, seule valable dans la prise en charge de l’épidémie.

    Il est bien sûr admissible que le pouvoir impose sa manière d’appréhender une crise et les solutions qui en découlent. Mais pas en instillant un contexte ambiant délétère, malsain, où les opposants sont livrés à la vindicte des bien-pensants. Et l’on n’a jamais autant mesuré le poids de la propagande par médias interposés à propos de sujets relevant simplement de controverses sur les connaissances. J’ose dire que l’ambiance a pris un parfum totalitaire .

    L’imposition des esprits liée à cette volonté de rester maitre du jeu et de régner sans partage s’est poursuivie depuis sans discontinuer. La flambée épidémique éteinte, le gouvernement s’est lancé dans la traque de virus perdurant ici ou là, auquels était assigné le dessein perfide de nous envahir de nouveau.

    Sur quels arguments s’étayait cette crainte ? À vrai dire l’affirmation était entourée de mystère, laissant penser qu’elle allait de soi. Par le fait prenait corps la représentation d’un adversaire hors du commun auquel serait livré une guerre sans merci.

    Un évènement, que rien au départ ne distinguait de ceux du passé, devenait ainsi unique, inouï, et, je dirais, à la mesure de l’ hubris contemporaine. On n’en était plus à traiter et isoler les cas contaminés, b-a-ba des stratégies traditionnelles, il fallait prendre à bras le corps un évènement planétaire et assurer à terme, avec les armes d’aujourd’hui, la victoire de l’Homme prométhéen.

    Car c’est bien de posture générationnelle qu’il s’agit. Et notre ministre de la Santé en est l’incarnation . Fils de ce monde-là, il a repoussé sans état d’âme l’avis de personnalités reconnues de l’infectiologie, aussi titrées et prestigieuses soient-elles, pour s’en remettre à des méthodes qui, à défaut d’être éprouvées, étaient innovantes.

    Experts, algorithmes et bureaucratie à la rescousse

    Force est de reconnaître qu’il suivait en cela les recommandations d’experts, plus hommes de laboratoire que de terrain. Ont été pris en compte des prédictions basées sur de savants calculs , des schémas explicatifs appuyés par de mystérieux algorithmes, une gestion de la crise effectuée depuis un centre de commande où se déployait une intelligence abstraite manipulant des données qu’elle enfantait.

    C’est peut-être la grande nouveauté de l’évènement, celle d’avoir inauguré une vision mondialiste, bureaucratique d’une épidémie, à l’image d’experts hors sol trônant du haut d’un savoir dématérialisé.

    Dans cette même optique il fallait que les mesures prises soient à l’échelle d’un combat de géants. Intervenir sur des populations entières, imposer confinement, port de masques, voire user si nécessaire de coercition, brasser des multitudes dans une joute sans merci contre le coronavirus, voilà bien une guerre digne de ce nom dans laquelle les ressources de l’intelligence humaine auront toute latitude de faire leurs preuves.

    Si dans le passé les virus paraissaient dicter leurs conditions, on pouvait aujourd’hui leur imposer d’autres règles du jeu. Il s’agissait, avec nos tests, de les débusquer à grande échelle, de traquer les foyers de multiplication, et en cas de danger, de calfeutrer le pays pour le soustraire à l’assaut des envahisseurs.

    Et on n’a pas lésiné sur les moyens, quitte à mettre à bas l’activité économique et sociale. L’homme contemporain défié s’est hissé à la hauteur d’un mal planétaire. Chaque jour ont été comptabilisées compulsivement les intrusions ennemies et les pertes subies sur ce champ de bataille informe et invisible.

    Sourds à toute critique nos augures en sont venues à découvrir à leurs dépens que le virus a plus d’un tour dans son sac. Ils avaient pourtant été prévenus. Les virus respiratoires sont l’objet de mutations continuelles. L’avènement de variants avait déjà été signalé en juillet puis octobre 2020, responsable d’un regain d’activité virale.

    Du coup l’histoire a repris souffle et le combat est reparti de plus belle. Dépistage à marches forcées, maintien d’une chape de plomb sur la population, monopolisation de l’information par la virose, bref la folle épopée continue. Et il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Jusqu’alors on s’attaquait aux épidémies déclarées. Maintenant c’est au monde secret des virus que l’on s’en prend.

    Les mutations cachées qui les caractérisent sont la nouvelle cible. Ces variants qui pourraient devenir un jour épidémiques sont suivis à la trace. Mais jusqu’à quand ? La maitrise de l’échange, il faut le reconnaitre, appartient bel et bien au coronavirus qui nous impose son tempo et peut seul décider la fin de partie.

    Il est clair que la stratégie appliquée à cette virose est devenue démente. Les choix pris, y compris celui du vaccin , ne peuvent escompter un contrôle véritable de la situation, à savoir nous protéger tous durablement d’une contamination.

    Si l’on ne se contente pas d’une approche pragmatique, c’est-à-dire traiter, isoler les contaminés et protéger les plus vulnérables en attendant des jours meilleurs, l’issue risque d’être repoussée aux calendes face à un virus scruté en permanence et dont on ne tolère plus de vie secrète.

    Il y a bientôt un an que tout a commencé. Rien ne laisse entrevoir une issue prochaine . C’est du jamais vu en matière d’épidémie. Fallait-il que celle-ci déroge à toute règle et que nos connaissances tirées d’une expérience éprouvée soient battues en brèche ? Il est permis d’en douter et questionner la politique sanitaire actuelle s’impose plus que jamais aujourd’hui.

    On ne peut impunément mettre à l’arrêt un pays pour combattre un agent infectieux, certes contagieux mais dont la létalité n’excède pas celle de la grippe. Qu’on continue à le surveiller à l’abri de tout tapage médiatique, l’affaire est du ressort de toute nation chargée de protéger ses citoyens. Mais maintenir pour cela un état de guerre est un non-sens qui nous conduit à un naufrage collectif.

    Il est malheureusement à craindre que nos gouvernants renâclent à se remettre en cause. Sans compter que le sacro-saint principe de précaution et la peur des juges risquent de conforter pareille obstination. Pourtant l’urgence est là.

    La vie doit reprendre ses droits dans notre pays, toute latitude étant restituée à l’activité socio-économique et à la culture pour s’exprimer, l’individu retrouvant quant à lui dans son quotidien les ingrédients qui le motivent et le structurent.

    En somme une existence libre, sans peur et ouverte sur l’avenir. Garder un œil sur le virus, comme d’ailleurs sur toutes les menaces qui nous entourent, ne doit pas mettre en péril nos raisons de vivre.

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      État d’urgence sanitaire : l’état d’exception s’est substitué à l’État de droit

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 04:30 · 5 minutes

    état d

    Par Jonathan Frickert.

    Après les « Gaulois réfractaires », voici les « 66 millions de procureurs » .

    Prononcée le jour de la commémoration de la mort de Louis XVI, cette phrase du président de la République durant un déplacement à l’université Paris-Saclay a une saveur particulière.

    La veille, l’Assemblée nationale a voté ni plus ni moins que la prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 1er juin . L’exécutif donne-t-il le bâton pour se faire battre ?

    Après presque un an d’état d’urgence sanitaire, cette prorogation laisse songeur sur un retour des libertés perdues , alors que les Français supportent de moins en moins les restrictions qui leur sont imposées.

    Prolongation de l’état d’urgence sanitaire : pas de retour aux « droits ordinaires »

    Le 20 janvier a ainsi commencé l’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 1er juin prochain.

    Voté selon la désormais habituelle procédure accélérée, le texte semble toutefois avoir un peu plus fragilisé les rangs de la majorité. Cette dernière a en effet validé le texte non sans une certaine résignation. Mieux encore : certaines langues se délient au sein même de La République En Marche. Le député des Hauts-de-Seine Jacques Maire estime ainsi que le gouvernement devrait « gérer [la situation sanitaire] en revenant aux droits ordinaires » , c’est-à-dire ni plus ni moins de rendre aux Français leurs libertés inutilement perdues.

    Il faut dire que ce nouvel allongement fait suite à une année particulièrement éprouvante pour l’État de droit dans ce pays .

    Un an de restrictions

    Né le 23 mars dernier en pleine crise sanitaire, la logique de l’état d’urgence sanitaire est simple : un décret en Conseil des ministres déclare l’état d’urgence pour une durée maximale d’un mois. Au-delà de ce délai, la prorogation doit se faire uniquement par un vote au Parlement. L’état d’urgence peut ensuite être arrêté à tout moment avant la date initiale par un nouveau décret en Conseil des ministres.

    Cette logique explique la mécanique à l’œuvre. La loi du 23 mars crée l’état d’urgence et l’instaure pour une durée de deux mois. Le 11 mai, une loi prolonge l’état d’exception pour deux mois supplémentaires jusqu’au 11 juillet suivant. Le 9 juillet, une nouvelle loi est votée pour organiser la sortie de l’état d’urgence.

    Le 17 octobre, la procédure est rodée et sa logique normale se met en route. Un décret en Conseil des ministres instaure l’état d’urgence pour une durée d’un mois. Quelques jours avant l’échéance, le 14 novembre, l’Assemblée nationale vote la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 16 février, le 13 janvier suivant est présenté en Conseil des ministres la nouvelle prolongation votée mercredi.

    Au moment où nous écrivons ces lignes, sur les 10 derniers mois, les Français en ont vécu sept sous un régime d’exception, s’ajoutant à l’état d’urgence antiterroriste entré dans le droit commun fin 2017 .

    L’état d’urgence sanitaire pour tous

    L’état d’urgence sanitaire s’inspire largement de l’état d’urgence né en 1955. Il existe cependant une différence notable rappelée par le vice-président du Conseil d’État Bruno Lasserre : l’état d’urgence de 1955 « a toujours été dirigé contre un nombre très réduit de personnes suspectées de représenter une menace pour l’ordre public », là où le texte de 2020 vise l’ensemble de la population, amenant le gouvernement a restreindre progressivement plusieurs libertés fondamentales et en particulier les libertés de circulation et du travail. Deux libertés considérablement amputées depuis un an où les couvre-feux ont succédé aux confinements.

    Un malaise français

    Cette situation aura touché en plein cœur ce qui fait l’identité française. Le pays de la gastronomie, du tourisme et de la culture pleure aujourd’hui ses restaurateurs, hôteliers et artistes. Au report de la date de reprise de leur activité s’ajoute désormais la fin annoncée du « quoiqu’il en coûte » , destiné à compenser maigrement les restrictions imposées. Au milieu, le contribuable ne peut que payer et anticiper les inévitables hausses d’impôts à venir.

    Récemment, le monde universitaire a rejoint la grogne avec la lettre adressée au chef de l’État par Heidi Soupault, étudiante à Science Po Strasbourg. Dénonçant la fermeture des universités et le mal-être estudiantin, le texte a mis à jour l’incroyable fossé générationnel que l’état d’urgence sanitaire ne cesse de creuser entre la protection de la vie des plus fragiles et l’interruption de celle des plus jeunes. Les bacheliers sont ainsi désormais contraints à passer leurs examens en contrôle continu pour la deuxième année consécutive.

    Pourtant, cela n’a pas empêché le gouvernement de tenter, à l’aube des fêtes de fin d’année, de faire entrer dans le droit commun certains éléments de l’état d’urgence sanitaire , au mépris des inquiétudes notamment formulées par le Conseil d’État.

    Face à la polémique initiée d’abord sur les réseaux sociaux, le gouvernement a été contraint de retirer son projet dès le lendemain même de sa publication.

    Une crise persistante

    Malgré cette situation ubuesque, la crise sanitaire semble loin d’être terminée. Les espoirs déchus de campagne de vaccination se sont heurtés à l’habituel pouvoir de nuisance de la bureaucratie française avec l’imbroglio des prises de rendez-vous sur Doctolib . Depuis un mois, les autorités se sont ainsi montrées incapables de gérer convenablement les flux de vaccins et de patients désormais de plus en plus nombreux à être convaincus par le procédé .

    S’ajoute à cela une troisième vague prévue pour le mois de mars et l’émergence de mutations de plus en plus fréquentes du virus.

    Un échec bureaucratique

    L’absence d’anticipation de la crise par les autorités, le bourbier bureaucratique en matière de gestion de la pandémie puis de la campagne vaccinale auront donc eu raison d’un système de santé vanté depuis des décennies comme un des meilleurs au monde.

    Au chaos administratif français, l’exécutif répond donc par ce qu’il sait faire de mieux : l’éternelle paralysie de notre État de droit.

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      Véran estime les députés incapables de comprendre le Conseil scientifique

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 22 January, 2021 - 04:45 · 3 minutes

    confinement véran

    Par Frédéric Mas.

    Les discussions du conseil scientifique sont-elles trop techniques pour être évaluées par les parlementaires ? C’est ce que semble penser Olivier Véran , et avec lui le gouvernement Macron.

    Lors de la discussion qui s’est tenue à l’Assemblée nationale dans le cadre de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire, Olivier Véran a estimé publiquement qu’il n’était pas du rôle des parlementaires d’évaluer les prises de décision du conseil scientifique, dont les décisions « trop techniques » échapperaient à l’entendement ordinaire de nos élus.

    Le député Julien Aubert (LR) s’en est ému et a fait plusieurs observations qui méritent d’être citées. Le travail ordinaire des parlementaires est toujours assez technique, puisqu’ils participent à des commissions en charge de sujets aussi compliqués que l’éolien ou la politique énergétique du pays.

    Sur les sujets touchant à la santé publique, il existe parmi les députés des médecins qui ne sont pas totalement étrangers aux questions sanitaires, et qui pourraient très bien servir de référents pour les élus. Enfin, le conseil scientifique est une création politique ad hoc d’Emmanuel Macron, ses décisions sont totalement opaques, il n’a de compte à rendre qu’à l’exécutif et ses décisions ont un impact direct sur les libertés publiques qui nous ont été confisquées depuis mars dernier.

    Julien Aubert ajoute à juste titre que son président s’exprime sur les plateaux de télévision sans que l’on sache exactement si c’est en son nom ou en celui de président du conseil.

    Les députés sont-ils débiles ?

    On se souvient qu’Emmanuel Macron s’est fait élire en promettant de remettre à plat l’hyperprofessionnalisation de la vie politique française. En Marche ! – qui deviendra rapidement La République en Marche – choisit ses candidatures pour les élections législatives de 2017 par inscription sur internet en fonction du CV. Une grosse majorité de ses candidats est issue de la société civile, et n’a pas d’expérience politique en dehors de celle toute nouvelle de LREM.

    Depuis, les années ont passé et les crises successives, des Gilets jaunes aux retraites en passant par la pandémie, ont changé le visage du macronisme : la société civile célébrée contre le vieux personnel politique est désormais sous tutelle des experts de la bureaucratie sanitaire.

    En tout cas les députés sont considérés moins compétents que les citoyens tirés au sort pour évaluer la politique nationale sur le climat ou la couverture vaccinale.

    L’exécutif ne juge pas bon de rendre publiques les délibérations du conseil scientifique, mais s’attache à créer des comités de citoyens tirés au sort pour orienter des politiques publiques tout aussi complexes. Là encore, les procédures de désignation des citoyens randomisés laissent aussi à désirer, mais tout le monde au sein du monde médiatico-politique semble se satisfaire de cette démocratie Potemkine.

    D’un côté, l’exécutif ignore la représentation élue, ce qui est inquiétant en démocratie, et de l’autre, il crée des comités sur mesure, d’apparence démocratique, pour légitimer ses entreprises sans concertation aucune. Le macronisme, sous régime d’exception, est donc un régime d’experts cooptés soustrait au contrôle des assemblées. Et ce n’est pas près de finir : l’état d’urgence sanitaire a été reconduit mercredi dernier dans l’indifférence générale.

    La démocratie libérale est pourtant aussi un exercice d’humilité : elle exige que ses experts se soumettent au scrutin des élus qui matérialisent le consentement aux institutions. Rappeler une telle évidence n’est pas superflu par temps d’état d’exception sanitaire.

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      Personnalité, liberté, propriété : ces principes piétinés par l’urgence sanitaire

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 21 January, 2021 - 04:30 · 10 minutes

    liberté

    Par Patrick de Casanove.

    Nous avons récemment abordé le fait que dans la gestion de la Covid, la France et l’Europe tournaient une nouvelle fois le dos à leurs valeurs.

    Les valeurs : dignité et liberté

    Les textes fondateurs français ou européens citent plusieurs valeurs, mais la liberté et, pour les plus récents, la dignité, ressortent.

    En France, il s’agit de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 à laquelle il est fait référence dans le préambule de la Constitution (Art 1,2,4). L’ article 16 du Code civil précise :

    La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie.

    En Europe, la Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne (Préambule, Chapitre 1 Art 1, chapitre 2 Art 6) fait référence à des valeurs universelles. Elles sont dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée Générale des Nations Unies . (Préambule, Art 1, 2 et 3)

    La liberté est la possibilité de pouvoir agir selon sa propre volonté, dans le cadre d’un système politique ou social, dans la mesure où l’on ne porte pas atteinte aux droits des autres et à la sécurité publique. La liberté individuelle est « le droit de chacun d’agir librement sans encourir de mesures arbitraires (emprisonnement, astreinte à résidence, interdiction de se déplacer, etc.). »

    La dignité est le « sentiment de la valeur intrinsèque d’une personne ou d’une chose, et qui commande le respect d’autrui. »

    L’ état d’urgence sanitaire annihile ces valeurs et crée l’injustice.

    L’injustice

    L’état d’urgence sanitaire et les mesures liberticides qu’il rend légales méprisent ces valeurs fondatrices. Elles détruisent les droits naturels individuels :

    « Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. » Frédéric Bastiat, La Loi (1850)

    La destruction légale de ces droits est ce que Bastiat nomme la spoliation légale .

    Elle est injuste, et comme toute injustice elle ne peut engendrer que le malheur ; justice entendue au sens de « rendre à chacun le sien » et de « principe moral qui exige le respect du droit et de l’équité. Qualité morale qui invite à respecter les droits d’autrui. »

    Sacrifier les uns au profit des autres est une injustice. Enfermer les gens est une injustice. Les assigner à résidence, fermer les activités économiques, restreindre les déplacements sont des injustices. Intervenir dans la vie privée, la vie familiale, la vie intime est une injustice.

    L’autorité centrale anéantit le libre choix, la responsabilité individuelle. Elle traite les citoyens en objet, elle leur retire toute dignité, toute humanité. C’est une injustice.

    Le problème révélé par la prise en charge de la Covid n’est pas seulement un problème paramétrique, de matériel, ni de logistique, ni de stratégie.

    Le problème c’est l’existence d’une autorité centrale , composée d’une poignée d’individus qui décident de tout. Le problème c’est la place étouffante, dévastatrice d’un État qui s’étend indéfiniment. Cette extension infinie a trouvé avec la Covid l’alibi parfait pour un magistral coup d’accélérateur.

    L’outil de l’État est la peur, quitte pour la majorer à aggraver l’épidémie ou à la faire passer pour plus grave qu’elle n’est. La peur permet de contrôler et soumettre les populations.

    Quelles que soient les circonstances et quels que soient les problèmes, une prise en charge politique ne peut être que coercitive. L’État n’agit que de manière répressive, oppressive, centralisée et bureaucratique. Il ne sait que dépenser l’argent des autres.

    Il est donc irrationnel de laisser les politiques se mêler de tout, ici d’un problème médical. Cela ne peut qu’entraîner une atteinte gravissime aux droits fondamentaux de l’être humain.

    L’aboutissement est le totalitarisme.

    Personnalité, liberté, propriété : voilà l’Homme

    Il faut mettre fin à l’injustice.

    La pensée de Frédéric Bastiat repose sur les droits naturels individuels :

    Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. La Loi (1850)

    La liberté

    « La propriété, le droit de jouir du fruit de son travail, le droit de travailler, de se développer, d’exercer ses facultés, comme on l’entend, sans que l’État intervienne autrement que par son action protectrice, c’est la liberté » Propriété et loi (1848)

    L’action protectrice étant la protection des droits naturels et non pas la notion d’État protecteur au sens État nounou que nous avons aujourd’hui.

    La propriété

    « J’entends par propriété le droit qu’a le travailleur sur la valeur qu’il a créée par son travail. […] Dans la force du mot, l’homme naît propriétaire, […] la propriété n’est que le prolongement des facultés. Séparer l’homme de ses facultés, c’est le faire mourir ; séparer l’homme du produit de ses facultés, c’est encore le faire mourir. » Propriété et loi (1848)

    « Nous disons, nous : l’homme est propriétaire de lui-même, par conséquent de ses facultés, et, par suite, du produit de ses facultés. » Baccalauréat et socialisme (1850)

    Personnalité

    La personnalité inclut la dignité. Chaque individu est une personne naturellement libre, responsable de ses actes, apte à choisir, à décider pour elle-même, avec des projets de vie, des rêves.

    Elle est unique, elle possède une identité, une culture et un honneur. La personnalité est inhérente à l’Homme. Comme la dignité , il ne la perd jamais, même malade, même infirme, même handicapé etc. C’est parce qu’il a une personnalité que tout être humain mérite le respect. La personne humaine est sacrée, n’a pas de prix et sa valeur est incommensurable.

    Voilà l’Homme

    « Et même, les mots propriété, liberté n’expriment que deux aspects de la même idée. […] Et puisque la valeur a sa raison d’être dans l’acte humain, on peut dire que la liberté implique et comprend la propriété. Il en est de même de l’oppression à l’égard de la spoliation. » Frédéric Bastiat, Conclusion de l’édition originale des Harmonies Économiques (1850)

    En réalité ces trois droits ne font qu’un. Ils font l’Homme. C’est une trinité libérale. La liberté est la propriété qui est la personnalité. Pour Bastiat, les trois droits naturels sont indissociables. Porter atteinte à l’un détruit les autres. Ils sont consubstantiels à la nature humaine. Les détruire chosifie.

    La souffrance d’autrui engendrée par la coercition gouvernementale ne saurait se réduire à sa partie physique, à ses dommages matériels qu’ une compensation matérielle effacerait en totalité ou en partie. C’est une vision matérialiste, utilitariste, économique au sens moderne et réduit. Ce n’est pas une vision libérale. Cette approche strictement matérielle méconnaît la nature humaine qui est chair et os, mais est aussi esprit, intellect, culture et espoir. Elle fait fi de la personne humaine.

    La personne humaine inaliénable et sacrée

    Avec la peur créée par le gouvernement bien des Français pensent que la fin justifie les moyens .

    En particulier une fin dite d’intérêt collectif, la fin de l’état d’urgence sanitaire, justifierait le sacrifice d’intérêts particuliers. On parle beaucoup, et c’est compréhensible, de la souffrance des personnes développant des formes graves de la Covid, de la souffrance de leur famille et de leurs proches en cas d’issue fatale. Essayer d’éviter ces souffrances ne justifie en rien que l’on fasse souffrir d’autres personnes. Le seul sacrifice qui vaille est volontaire.

    L’intérêt collectif ne justifie pas l’usage de tous les moyens et n’exige pas que l’individu soit sacrifié à la communauté. Celle-ci ne peut pas disposer d’un individu quel qu’il soit, et encore moins pratiquer son sacrifice. Derrière les intérêts particuliers se trouvent des êtres humains.

    Les êtres humains ont des projets de vie. Humanité et projet de vie sont indissociables. Le projet de vie donne un sens à la vie. La vie se différencie alors de la non-mort indemne de la Covid. Le projet de vie consiste à mener sa vie comme on l’entend, en conformité avec sa culture, ses désirs et sa personnalité, en respectant les droits naturels individuels d’autrui.

    Pour concevoir et mener un projet de vie il faut avoir des conditions d’existence décentes. Le confinement, l’assignation à résidence, le couvre feu… détruisent aussi les conditions matérielles favorables à l’éclosion d’un projet de vie, donc à l’épanouissement personnel. Un projet de vie ne peut être dicté, ni détruit, par d’autres, même au nom d’un prétendu bien collectif qui ne peut résulter de la destruction d’un bien individuel.

    La logique politique qui sous-tend la stratégie française consiste à sacrifier la population, l’économie, la société, pour ne pas surcharger les hôpitaux et les services de réanimation. Sacrifier les uns au profit des autres est une politique de rationnement, ici des soins. Il s’agit d’un tri qui ne dit pas son nom.

    Sacrifier des êtres humains à la santé, en réalité sacrifier des êtres humains à d’autres êtres humains, les vieux aux jeunes revient à donner des valeurs différentes à la vie des personnes. La qualité d’une civilisation se juge à la manière dont elle traite les plus faibles, à la manière dont elle traite sa plus petite unité de base, sa plus petite minorité, qui est l’individu.

    Chaque être humain a l’obligation morale de traiter dignement tous les autres. Partant de là il est du devoir de l’État de respecter tous les êtres humains et de veiller à ce que chacun respecte son prochain. Ce respect particulier est dû car chacun est une personne.

    Ce respect dû ne disparaît pas avec la mort. C’est pourquoi la manière dont l’État contraint les familles, les parents, amis et alliés, à accompagner leurs défunts est indigne .

    Le salut et l’harmonie

    Attenter aux droits naturels détruit l’Homme. Rien ne justifie cette atteinte, même pas le consentement. Les droits naturels sont inaliénables. Il n’est pas dans le pouvoir d’un individu de consentir à leur abandon. Il peut toutefois déléguer une partie de ses droits, de manière réversible, à une organisation collective choisie.

    La soumission n’est pas conforme à l’honneur qui veut que l’être humain puisse faire face courageusement à l’adversité et défendre ses droit naturels.

    La liberté est un droit naturel, mais elle se conquiert et se mérite. Des forces terribles se liguent pour la détruire. Les plus dangereuses sont celles issues des États car elles se parent de légalité.

    L’épidémie de SARS-coV2 et ses variants, peu grave si bien prise en charge, ne justifie absolument pas les mesures coercitives adoptées par les gouvernements.

    Le salut et l’harmonie passent par le respect de la personne humaine. Cela se traduit par la confiance qui lui est accordée. Un vie normale repose sur la confiance, il ne peut en être autrement : confiance des individus entre eux, de l’État envers les individus et des individus envers l’État. Pour cela l’État doit avoir pour seul rôle de défendre les droits naturels individuels universels.

    En pratique, l’État doit cesser de gouverner par la peur. Il ne doit plus mentir. Il doit mettre fin au régime d’exception que constitue l’état d’urgence sanitaire. Il doit laisser les individus accomplir leur projet de vie.

    La vie doit reprendre ses droits.

    Ainsi l’espoir reviendra et la France renaîtra.